Le divorce
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Le divorce
Christèle CLEMENT Fiche de niveau 2. Droit de la famille / Février 2007 Le divorce Le divorce constitue, avec le décès, l'une des causes de dissolution du mariage. Il se présente plus précisément comme un mode de rupture pratiquée du vivant des époux, par voie de décision judiciaire rendue à la demande de l'un d'eux ou des deux. Son prononcé met fin à l'union conjugale pour l'avenir. A cet égard, il se distingue de l'annulation du mariage, qui anéantit rétroactivement le lien matrimonial, et de la séparation de corps, réduite à n'opérer qu'un relâchement des obligations conjugales. Plusieurs causes légalement définies justifient le prononcé du divorce en droit français. Elles révèlent que l'institution s'y conçoit tantôt comme un remède à l'échec de l'union, tantôt comme la sanction d'un manquement conjugal. I. Historique Interdit dans l'Ancien Droit, le divorce apparaît en France à l'époque révolutionnaire (1792). Il y est alors régi par une législation libérale en admettant le prononcé pour faute mais aussi sur le fondement d'un commun accord des époux et, dans ce cas, par simple déclaration à l'officier d'état civil. Tout en le conservant, le Code civil (1804) le soumet à un régime plus strict. Il définit ainsi la faute comme recouvrant des faits rigoureusement déterminés (adultère, condamnation à une peine afflictive ou infâmante, excès, sévices ou injures graves) et entoure le divorce par consentement mutuel de sévères exigences. En 1816, le divorce est aboli pour des raisons religieuses. Il n'est rétabli qu'en 1884 sous la seule forme du divorce pour faute. Il ne subit guère de modifications jusqu'en 1975, date à laquelle il est réformé en profondeur. Le divorce s'ouvre alors à d'autres causes que la faute. Il peut ainsi être prononcé sur requête conjointe des époux, sur demande de l'un acceptée par l'autre et pour rupture de la vie commune. Réformant ce dispositif, la loi du 26 mai 2004 opère une redéfinition des cas de divorce. Aux côtés du divorce pour faute qu'elle maintient, elle admet ainsi le divorce par consentement mutuel, le divorce pour acceptation du principe de la rupture du mariage et le divorce pour altération définitive du lien conjugal. Au-delà, elle s'efforce de simplifier et d'accélérer la procédure, de favoriser les accords entre époux et de dissocier la détermination des effets du divorce de l'attribution des torts. II. Procédure Tout divorce relève de la compétence d'un juge unique, le juge aux affaires familiales (JAF). Exceptionnellement, son prononcé est renvoyé au tribunal de grande instance en sa formation collégiale. Seul le divorce par consentement mutuel obéit à une procédure particulière. Les autres se soumettent à cet égard à un régime unifié, dit tronc commun procédural. A tout moment de la procédure, les époux peuvent passer d'un divorce contentieux à un divorce accepté ou par consentement mutuel. III. Effets Le divorce met fin au mariage et aux devoirs qui en découlent. Diverses conséquences en résultent : au plan personnel, les époux peuvent se remarier, chacun d'eux perd en principe l'usage du nom de son conjoint et exerce l'autorité parentale selon des modalités réaménagées pour tenir compte de leur séparation. Au plan pécuniaire, il y a lieu à liquidation du régime matrimonial des époux, à révocation de certains des avantages matrimoniaux et donations entre eux consentis, à attribution du logement familial, à prestation compensatoire si la rupture du mariage provoque une disparité dans les conditions de vie respectives des conjoints, à indemnisation si elle engendre pour l'un d'eux un préjudice d'une particulière gravité. La loi française incite les époux à organiser eux-mêmes ces suites. A défaut d'entente entre eux, elle laisse le juge en décider d'après l'équité, sauf dans le cadre du divorce par consentement mutuel où un tel accord est obligatoire. En pratique, cette exigence risque de retarder le divorce des époux, tenus de préparer l'après-divorce dans tous ses détails avant saisine du JAF, au mépris des vœux du législateur. Bibliographie - A. BENABENT, La réforme du divorce article par article, éd. Defrenois 2004 - G. CORNU, Droit civil – La famille, éd. Montchrestien Précis Domat Droit privé 9ème éd. 2006, n°310 à 319 p.487 et s. - V. LARRIBAU TERNEYRE, Divorce - Présentation de la réforme du divorce, in Jurisclasseur civil art.228 à 310 Fasc.20 (éd.2004) - P. MALAURIE et H. FULCHIRON, Droit civil – La famille, Defrenois 2ème éd. 2006, n°520 à 599 p.223 et s. - J. HAUSER, Cas de divorce - Généralités, in Jurisclasseur civil art.229 Fasc. 40 (éd.2005) - N. FRICERO, Procédure de divorce, in Jurisclasseur civil art.228 Fasc. 35 (éd.2005) - F. TERRE et D. FENOUILLET, Droit civil – Les personnes, la famille, les incapacités, Précis Dalloz 7ème éd. 2005, n°477 à 564 p.408 et s. - Les nouveaux divorces, AJF 2004 Dossier spécial p.204 et s.