Appel à communication Colloque international Le cadavre préservé

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Appel à communication Colloque international Le cadavre préservé
Appel à communication
Colloque international
Le cadavre préservé. Savoirs et pratiques autour de la conservation et l’exposition du
corps mort (XVIe-XXe siècle)
Lieu : Université Paris 1, Panthéon-Sorbonne
Dates : 19-20 septembre 2014
Organisation : Diego Carnevale (Aix-Marseille Université, LabexMed)
Vincent Denis (Université Paris 1, IUF, LabEx HASTEC)
Résumé
Ce colloque est destiné au public des chercheurs intéressés par l’histoire du corps mort. L’objectif est de
réunir des spécialistes reconnus et des jeunes chercheurs autour d’un problème spécifique : les savoirs et les
pratiques concernant la conservation et l’exposition des cadavres. En raison des résultats de l’historiographie
récente, nous avons choisi de fixer un cadre chronologique assez ample. En effet, la Renaissance et la
seconde moitié du XIXe siècle sont désormais considérées comme deux étapes décisives dans le long
processus de « médicalisation » du corps, c’est-à-dire du parcours qui a conduit le savoir médical à gagner
une position prééminente par rapport aux autres savoirs, notamment religieux, qui interviennent dans la
définition du statut du corps. Toutefois, la manipulation du corps mort reste une activité au carrefour entre
les savoirs et les techniques scientifiques, religieux et sociaux. L’anthropologie historique nous présente le
cadavre comme un pôle d’attraction affective mais aussi de répulsion, à cause du pouvoir de contamination
qui lui est attribué par les sociétés européennes. Cette condition ambivalente, très ancienne, a dû se concilier
avec la conception chrétienne du corps mort, voué à la résurrection à la fin des temps. A ce socle, les savoirs
scientifiques, ainsi que ceux liés à l’artisanat et aux métiers, superposent leur conception du cadavre, en
créant une tension permanente entre différentes pôles, que le colloque envisage d’analyser et de
problématiser.
Argumentaire
Le colloque est destiné à un public de chercheurs intéressé par l’histoire du corps, notamment des savoirs
et des pratiques autour du cadavre. Depuis une dizaine d’années, en effet, l’histoire du corps mort est entrée
dans l’historiographie européenne et anglo-américaine. Parmi les différents aspects examinés, les
manipulations du cadavre pour des raisons scientifiques ont été certainement le sujet le plus considéré par les
historiens, notamment les dissections anatomiques et les autopsies judiciaires à partir de la fin du MoyenÂge. Il s’agit, dans les deux cas, des techniques découlant essentiellement de la science médicale et de la
pratique chirurgicale, mais qui impliquent en même temps plusieurs formes de savoirs : religieuses, sociales,
juridiques. Ces savoirs ne sont pas toujours en accord avec les exigences exprimées par la médecine. Par
conséquent, les recherches les plus récentes ont vérifié au fil du temps les divers niveaux d’interaction entre
ces différentes dimensions et leurs retombées sur les techniques de manipulation.
Les manipulations concernant la conservation et la préservation du corps mort ont, quant à elles, suscité
une moindre attention. En effet, il est bien connu que les sociétés anciennes ont inventé des techniques pour
préserver les cadavres de la décomposition. Cependant, les savoirs qui ont participé à ce développement,
comme les techniques elles-mêmes constituent un angle mort de la recherche historique. Parfois, les raisons
pour lesquelles le corps mort était conservé ont échappé au regard des historiens : si l’exigence d’exposer le
cadavre du roi lors des cérémonies funèbres a fait l’objet de plusieurs enquêtes, on a en revanche consacré
très peu d’attention à la conservation des corps pour l’identification judiciaire. Les techniques
d’embaumement et leur retombées sociales demeurent très peu étudiées, notamment pour la période de leur
apogée, au cours du XIXe siècle. Les méthodes d’analyse sur la conservation naturelle des corps morts,
favorisées surtout par l’Église catholique pour vérifier la condition miraculeuse des cadavres réputés saints,
ont également été négligées.
La manipulation du corps mort est une activité au carrefour entre les savoirs (et les techniques)
scientifiques, religieux et sociaux. L’anthropologie historique nous a présenté le cadavre comme un pôle
d’attraction affective mais aussi de répulsion, à cause du pouvoir de contamination qui lui est attribué par les
sociétés européennes. Cette condition ambivalente, très ancienne, a dû se concilier avec la conception
chrétienne du corps mort, destiné à la résurrection après la fin des temps. Sur ce socle, les savoirs
scientifiques, ainsi que ceux liés à l’artisanat et aux métiers, superposent leur conception du cadavre, en
créant une tension permanente entre les trois pôles.
L’objectif est donc de réunir, autour d’un problème spécifique de l’histoire du corps un groupe composé
de spécialistes du domaine et de jeunes chercheurs qui s’y sont intéressés. Parmi les propositions possibles,
on privilégiera particulièrement celles portant sur les sujets suivants :
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
théorie et pratique de l’embaumement
méthodes de conservation de parties de l’anatomie humaine
la médecine légale
les analyses médicales lors des procédures de canonisation
les croyances et les savoirs traditionnels autour de la manipulation du cadavre
les figures impliquées dans ces opérations et les espaces physiques où elles avaient lieu
Une dimension européenne du colloque s’impose pour apprécier la circulation des modèles et des
pratiques dans l’espace continental. Il ne s’agit pas seulement de comprendre les liens entre un savoir produit
dans un contexte spécifique et un savoir construit ailleurs selon d’autres modalités, mais aussi de comprendre
s’il y a eu une réflexion commune à l’échelle européenne autour de la thématique considérée.
Le colloque se déroulera en français et en anglais.
La date limite pour la présentation des propositions de communications (pas plus de 500 mots) est le 10
avril 2014.
Les propositions doivent être envoyées sous format électronique aux adresses suivantes :
Diego Carnevale ([email protected])
Vincent Denis ([email protected])
En partenariat avec
Call for proposals
International conference
Preserving the corpse. Knowledge and practices on the preservation and exhibition
of the dead body (16th-20th century)
Place : Université Paris 1, Panthéon-Sorbonne
Dates : 19th-20th September 2014
Organization : Diego Carnevale (Aix-Marseille Université, LabexMed)
Vincent Denis (Université Paris 1, IUF, LabEx HASTEC)
Summary
This conference is intended for scholars interested in the history of the dead body. The objective is to
bring together recognized experts and young researchers in the field around a specific problem: the
knowledge and practices concerning the preservation and exhibition of the corpse. Following recent
historiography, we have selected a relatively wide time frame. In fact, the Renaissance and the nineteenth
century are now considered as two critical periods in the long process of the «medicalization» of the body,
namely the way in which medical knowledge came to gain a leading position compared to other knowledge –
especially religious – in the definition of the status of the body. However, handling the dead body is an
activity that lies at the intersections of scientific, religious, and social knowledge and techniques. Historical
Anthropology presents the dead body as simultaneously attractive and repulsive, primarily due to the
contaminative features assigned to the rotting corpse by European societies. This ambivalent condition, very
ancient in its lineage, had to be reconciled with the Christian conception of the dead body, which focused on
the resurrection at the end of time. From this point, scientific knowledge as well as knowledge related to
crafts and trades overlap in their conceptions of the corpse, creating a permanent tension between different
dimensions that the conference intends to analyze and problematize.
Argument and Main Themes
This conference is intended for scholars interested in the history of the dead body, specifically the
knowledge and practices concerning the preservation and exhibition of the corpse. During the last ten years,
the history of the dead body has officially entered into European and Anglo-American historiography.
Among the various aspects considered, the manipulation of the corpse for scientific reasons has certainly
been the subject most considered by scholars, including anatomical dissections and forensic autopsies from
the Medieval to Modern ages. In both cases, the techniques result primarily from medical science and
surgical practice, but they also involve religious, social and legal knowledges, producing conflict especially
between medical and non-medical knowledge. Therefore, the most recent research verifies the various levels
of interaction between these dimensions and their impact on manipulation techniques over time.
Manipulations concerning the conservation and preservation of dead bodies have attracted less attention.
It is well known that ancient societies invented techniques to preserve bodies from decomposition. However,
the knowledge that aided in these developments, in addition to the practices themselves, are a blind spot of
historical research. It is not always clear to historians why dead bodies were conserved: although there have
been several investigations into the bodily presentations of kings during their funerals, very little attention
has been given to the process of preserving corpses for the purposes of forensic identification. Embalming
techniques and their social effects remain little explored, especially during their peak in the nineteenth
century. Methods for analyzing the natural preservation of corpses, especially those deployed by the Catholic
Church to verify the supposed miraculous bodies of saints, have also been neglected.
The handling of dead bodies is an activity at the intersections of scientific, religious and social knowledge
and techniques. Within the realm of Historical Anthropology, the dead body is at once attractive and
repulsive. This ambivalence speaks to the perception of the rotting corpse as contaminative within the
context of European society. Furthermore, these opposing views needed to be reconciled with a Christian
notion of the dead body, which was closely tied to the concept of the Resurrection. Permanent tension was
created by the differing conceptions of the corpse furnished by the scientific and skilled labor fields.
Therefore, our objective is to bring together recognized experts and young researchers around a specific
problem of the history of the body. We invite submissions that investigate the following problems:
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theory and practice of embalming;
methods for conserving parts of the human anatomy;
forensics medicine;
medical tests during canonization procedures;
beliefs and traditional knowledge about the manipulation of the corpse;
actors involved in these manipulations and the physical spaces where they operated;
The pan-European focus of this conference underscores the circulation of methods and practices
throughout the continental area. This is not only a way to understand the links between knowledge produced
in a specific context and knowledge elaborated elsewhere, but also the possibility of whether or not common
reflection around this topic were sought.
The official languages of the conference will be French and English.
The deadline for submitting proposals is 10 April 2014.
Proposals (not more than 500 words) may be submitted to:
Diego Carnevale ([email protected])
Vincent Denis ([email protected])
In partnership with

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