Synthèse de la journée partenariale du 3 juillet 2015 Réforme de la
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Synthèse de la journée partenariale du 3 juillet 2015 Réforme de la
La réforme de la demande : mise en œuvre en Provence-Alpes-Côte d’Azur Synthèse de la journée partenariale régionale du vendredi 3 juillet 2015 Aix-en-Provence Les Milles - CEREMA Amphithéâtre des 13 vents Cette journée partenariale a réuni les trois principales parties prenantes de la réforme de la demande de logement social en Provence-Alpes-Côte d’Azur : services de l’Etat, EPCI et organismes HLM, ainsi que les ADIL des Alpes-Maritimes, des Bouches-du-Rhône et du Var, en raison de leur mission d’information en direction du grand public. Point de départ d’une démarche régionale visant à dégager une vision technique partagée des éléments de mise en œuvre de la réforme, la journée a permis de pointer les principaux enjeux et points de vue des participants, et de dégager quelques lignes de force retracées dans la présente synthèse. L’Etat (DREAL) a introduit les débats en présentant les modifications issues des trois décrets de 2015 relatifs à la loi ALUR et leur impact : gestion de la demande et des attributions et information des demandeurs, puis déploiement du dossier unique. L’Association Régionale Hlm a exprimé le point de vue des bailleurs sociaux en le situant dans le contexte régional. Un dossier comprenant les supports utilisés par les intervenants est disponible sur le site www.arhlmpacacorse.com dans l’espace adhérent rubrique publications « gestion locative et sociale ». Ces documents expliquent de façon précise et détaillée les différents aspects de la réforme et leur impact à l’échelle intercommunale. Pour illustrer les points de vue des acteurs, sept intervenants ont présenté leurs pratiques et leurs questionnements pour mettre en œuvre la réforme : pour les services de l’Etat, Amandine Martin (DDCS du Var) et Stéphane Liautaud (DDCS des Alpes-Maritimes) ; pour les EPCI, Mallory Reveau (Communauté d’Agglomération de Sophia Antipolis) et Annabelle Maurel (Toulon Provence Méditerranée) ; pour les bailleurs sociaux, Bruno Regazzoni et Philippe Coll (Var Habitat) et André-Yves Lacombe (Erilia). La r éf or m e d e l a d e ma nd e : mi se en œu vr e en P ro v en c e -Al pe s- Cô t e d ’ Az ur Synthèse de la journée partenariale régionale du 3 juillet 2015 – Aix-en-Provence Rendre le système d’attribution des logements sociaux plus lisible, transparent et équitable : telle est l’ambition de la réforme. Cela implique que les dispositions de portée nationale de la réforme soient traduites au niveau intercommunal. Les orientations et les outils mis en œuvre devront permettre aux demandeurs comme aux partenaires de comprendre le contexte et le marché sur chaque territoire, puis de suivre les évolutions des dossiers tout au long du parcours. Des outils de connaissance et d’observation simples et fiables Dans une région caractérisée par des tensions fortes et une offre sociale réduite, les trois décrets d’application publiés en mai 20151 traduisent avant tout l’attention qui doit être portée aux demandeurs toujours plus nombreux et plus fragiles (144 000 demandes actives en mai 2015, dont un tiers ont des revenus inférieurs à 1000 € mensuels). Le nombre de demandes rapporté à la rotation du parc indique qu’il faudrait 5,6 années pour satisfaire ce besoin à son niveau actuel… et ce chiffre élevé ne doit pas faire oublier les fortes disparités régionales qui amènent certains EPCI à franchir la barre des 10 ans d’attente. Les bases de connaissance de la demande et de l’offre de logement social restent à parfaire mais sont de plus en plus fiables : le Répertoire National du Parc Locatif Social (RPLS) et le Système National d’Enregistrement de la demande (SNE) sont les principaux supports permettant de renseigner le portail grand public (PGP) qui, sur internet, indique notamment pour chaque commune les caractéristiques du parc social existant et le niveau de satisfaction des demandes. Malgré des améliorations notables et la montée en régime progressive du SNE, les bailleurs regrettent l’impossibilité pour le demandeur d’affiner certains critères de la demande. Ainsi, l’impossibilité pour le demandeur de saisir le quartier souhaité ne facilitera pas la construction d’une politique d’attribution dans le cadre des futures conventions de mixité sociale annexées aux contrats de ville. De même, l’accès à des données récapitulatives à l’échelle de l’EPCI et du département est un développement souhaité, le système actuel du SNE étant jugé trop « fermé » sur la commune. Par ailleurs, aujourd’hui, les statistiques sont envoyées aux seuls services enregistreurs : les EPCI qui, comme la CASA, enregistrent la demande étant rares, il serait souhaitable que les collectivités (EPCI ? communes ?) puissent y accéder. La fiabilité des données issues du SNE – portail grand public ou guichets d’enregistrement- dépendent bien entendu de la qualité de la saisie. Dans la région, ce sont dans leur très grande majorité des organismes HLM qui font ce travail (116 guichets sur les 166 habilités à renseigner le SNE, représentant 86% des enregistrements). Par ailleurs, à la suite du Comité Interministériel « égalité et citoyenneté » de mars et dans la perspective d’améliorer les politiques de peuplement, le gouvernement a sollicité l’L’Union Sociale pour l’Habitat pour élaborer la maquette d’une cartographie à l’immeuble de l’occupation actuelle des logements sociaux. Ce travail d’étude aboutira à des propositions en fin d’année. Il se limitera volontairement à « quelques indicateurs réduits mais significatifs », dont le choix devra bien entendu être validé par la CNIL. La région PACA a la chance de disposer d’un cadre homogène pour gérer la demande. Les six départements utilisent le SNE, dont le développement est assuré directement par le GIP SNE : pas de problème de compatibilité avec des outils locaux, et pas de coût d’adaptation de ces outils pour mettre en œuvre la réforme. L’autre atout de la région est l’existence d’un gestionnaire unique aux six départements, Aatiko actuellement. Enfin, le comité de pilotage du SNE est régional et réunit une 1 Décret n°2015-522 du 12 mai 2015 portant diverses dispositions modifiant le CCH en matière de demande de logement social - Décret n°2015-523 du 12 mai 2015 relatif au dispositif de gestion partagée de la demande et à l’information du demandeur – Décret n°2015-524 du 12 mai 2015 relatif au plan partenarial de gestion de la demande de logement social et d’information des demandeurs. -2- juillet 2015 AR Hlm PACA & Corse / DREAL PACA La r éf or m e d e l a d e ma nd e : mi se en œu vr e en P ro v en c e -Al pe s- Cô t e d ’ Az ur Synthèse de la journée partenariale régionale du 3 juillet 2015 – Aix-en-Provence représentation des guichets d’enregistrement dont l’Association Régionale Hlm et six bailleurs sociaux. Il aborde notamment l’amélioration de la fiabilité des données. Mais si l’information existe et se fiabilise, elle est parfois sous-exploitée. C’est le cas des « photographies » de la demande régionale diffusées régulièrement par Aatiko, qui permettent de cerner le volume et le profil des demandeurs, donc de mieux adapter l’offre et les services à produire pour y répondre. L’Association Régionale Hlm note en particulier que 27% de la demande exprimée émane de ménages déjà locataires Hlm. Cette réalité invite à travailler la question de la mobilité au sein du parc. Pour Stéphane Liautaud, de la DDCS des Alpes-Maritimes, trois facteurs conditionnent la réussite de la réforme : - Mobiliser les services de l’Etat, et montrer que les projets s’enclenchent, malgré un calendrier qu’il estime « intenables » ; - Intégrer le nouvel acteur que sont les EPCI, en trouvant les moyens et les outils de la collaboration ; - Rendre compte, au Préfet, mais aussi aux instances régionales et nationales des avancées locales. Dans un département longtemps considéré comme « le vilain petit canard » du logement social : 30 000 demandes actives pour 2 500 attributions par an, il s’est agi pour commencer de réunir les services enregistreurs pour améliorer la qualité des données saisies dans le SNE : « pas de requête fiable sans une base fiable » martèle Stéphane Liautaud, qui estime que les bailleurs ont fait « des efforts considérables » et ont obtenu de vrais résultats. Selon lui, ce travail est le « terreau » pour préparer l’ensemble de la réforme. Il compte également s’appuyer sur un « club des volontaires » auquel participent notamment la métropole Nice Côte d’Azur et la CASA pour faire de la pédagogie vis-àvis des quatre autres EPCI locaux devant intégrer la réforme. Enfin, l’accent est mis dans le débat sur la cohérence à rechercher entre les sources de connaissance et les documents de programmation, afin de tirer parti notamment des données et des actions territorialisées inscrites dans les futurs Plans Locaux d’Accès au Logement et à l’Hébergement des Personnes Défavorisées. Ces plans doivent notamment définir les moyens dévolus par les financeurs (conseils départementaux et DDCS) aux mesures d’accompagnement permettant de mieux prendre en compte la demande des publics les plus fragiles. Un droit à l’information qui doit reposer sur tous les acteurs Le droit à l’information des demandeurs est un point capital pour garantir la bonne compréhension de la loi et des droits, mais aussi des contraintes et délais d’attente qui sont source de représentations négatives, voire de suspicion sur la transparence des attributions. Son premier objectif est d’informer les demandeurs sur le contexte et sur l’état d’avancement de leur demande ; mais il contribue aussi à les rendre actifs dans leur démarche, puisqu’ils peuvent apporter des éléments fiabilisant la connaissance de leur situation, et à les responsabiliser sur les conséquences de leurs choix, en retraçant leurs refus d’offre et limiter ainsi les demandes dites « de confort ». Le portail grand public est le premier outil de communication. Il permet au demandeur non seulement de faire une demande (depuis avril 2015) ou de la renouveler, mais aussi de connaître le niveau de rotation du parc dans la commune de son choix et le délai moyen d’attente pour y obtenir un logement. L’enregistrement de la demande en ligne est encore peu connu. Pourtant, sa montée en charge est rapide, et pour Erilia, qui pratique la demande en ligne sur son site internet depuis 2012, ce sont aujourd’hui 50% des demandes qui se font par ce biais. AR Hlm PACA & Corse /DREAL PACA juillet 2015 -3- La r éf or m e d e l a d e ma nd e : mi se en œu vr e en P ro v en c e -Al pe s- Cô t e d ’ Az ur Synthèse de la journée partenariale régionale du 3 juillet 2015 – Aix-en-Provence Pour les personnes n’ayant pas de connexion internet, il est préconisé que les lieux d’accueil et d’information ainsi que les guichets enregistreurs puissent délivrer ces informations. Mais pour cela, une réflexion plus globale sur le partage de la charge de l’enregistrement, de l’accueil physique et de l’information des demandeurs doit être un préalable. Les rôles devront être définis clairement pour que tous les partenaires impliqués connaissent leur place et leurs responsabilités dans le dispositif. Cette réflexion s’inscrira dans l’élaboration de chaque plan partenarial par les EPCI concernés, mais au plan régional, une approche de type « cahier des charges » des lieux d’accueil par exemple permettrait de répondre aux principales questions posées par les participants : que fait-on dans les lieux d’accueil, qui les porte, qui y intervient, quelle information de base doit-on donner aux demandeurs, quelles démarches doit-on faire avec eux/pour eux, etc. Thierry Moallic, directeur de l’ADIL des Bouches-du-Rhône, évoque la réflexion en cours dans le réseau des ADIL quant à leur place dans le dispositif, et leur intérêt à s’impliquer dans l’information des demandeurs. « Le droit au logement passe par le droit à l’information », dit-il, et c’est le rôle central des ADIL, qui ne prennent pas part aux attributions, mais ont une expertise qui leur permet de parfaitement connaître le panel des offres sur leur territoire, donc le cas échéant d’orienter les demandeurs en fonction de leur situation. Ce lien avec le marché locatif privé, envisagé par la loi et susceptible de faire baisser la tension qui pèse sur le parc locatif social, comme le rappelle Pascal Gallard, est un des domaines de compétences privilégié des ADIL. Un groupe de travail national composé d’une vingtaine d’ADIL travaille sur les propositions que fera le réseau, qui a d’ores et déjà commencé à prendre l’attache des EPCI. Un calendrier court… trop court ! Les craintes exprimées par les participants sont de plusieurs ordres, mais les délais imposés (publication d’un premier plan partenarial de gestion de la demande de logement social et d’information des demandeurs avant le 31 décembre 2015 pour les EPCI dotés d’un PLH approuvé, et fin 2016 pour la métropole d’Aix-Marseille-Provence) fédèrent contre eux l’ensemble des participants. De l’aveu même des représentants de l’Etat à la tribune, le délai fixé pourrait être difficile à tenir… et les services s’attacheront avant tout à vérifier que les processus aient partout démarré concrètement. Si les EPCI ont délibéré sur la création des conférences intercommunales du logement (CIL), si les consultations sont lancées pour l’élaboration des plans partenariaux de gestion de la demande, alors l’objectif des services de l’Etat sera d’accompagner cette mutation en s’attachant aux évolutions de fond, et non de sanctionner sur la forme. Amandine Martin, pour la DDCS du Var, brosse à grands traits les enjeux de son département : avec plus d’un million d’habitants et une croissance démographique très forte, le Var a vu augmenter sa demande de logement social de 33% en deux ans. 27 000 demandes actives étaient enregistrées fin 2014, dont la moitié sur la communauté d’agglomération TPM. Mais le département ne compte que 10.3% de logements sociaux, y compris le parc privé conventionné, et 71% de la population est éligible au logement social, (30% au PLAI). 2700 ménages reconnus prioritaires et urgents DALO sont en attente de relogement. 9 des 13 intercommunalités du département sont couvertes par un PLH et concernées par la création d’une conférence intercommunale du logement (CIL) dont 4 y sont obligées par la loi. A ce jour, un travail a débuté avec TPM et la CAVEM (Var Estérel Méditerranée). Face à cette situation, depuis 2013 l’Etat a lancé un processus de travail accéléré qui a permis de : - clarifier la gestion du contingent préfectoral et la traduire dans des conventions avec les bailleurs sociaux ; - améliorer l’image du logement social auprès des élus et de l’opinion publique pour lever les réticences au développement de l’offre ; - faire circuler l’information entre les acteurs, qui en détiennent chacun une part ; -4- juillet 2015 AR Hlm PACA & Corse / DREAL PACA La r éf or m e d e l a d e ma nd e : mi se en œu vr e en P ro v en c e -Al pe s- Cô t e d ’ Az ur Synthèse de la journée partenariale régionale du 3 juillet 2015 – Aix-en-Provence - définir une jurisprudence commune en matière de refus d’offre par le candidat sur le contingent de l’Etat, en particulier pour le DALO ; - mobiliser les bailleurs sociaux pour améliorer le suivi des radiations pour attribution dans le SNE. Deux points de blocage demeurent et constituent un frein à l’accès : les mutations, et le logement des personnes en difficulté et des précaires, qui « ne sont pas des publics Etat, mais des Varois à reloger ». A ce sujet, Amandine Martin précise que la mixité sociale sur les territoires devra être conciliée avec le relogement des ménages DALO, et que ce point « n’est pas négociable ». Dans ce contexte, les services de la DDCS « attendent une nouvelle méthode de travail entre les partenaires ». Il s’agit de « dépasser les frontières communales » pour engager une véritable démarche partenariale qui aboutisse à des solutions territoriales adaptées aux particularités locales, et à plus de mixité. Pour l’Etat, « la finalité n’est pas que de gérer la file active actuelle, mais surtout de réorienter durablement les interventions des partenaires pour une gestion partagée ». Pour enclencher ce travail, un état des lieux partagé doit porter sur l’offre, la demande, mais aussi sur l’occupation actuelle du parc. « Nous serons attentifs au fait que les territoires avancent de manière cohérente, même si ce n’est pas au même rythme. Nous prendrons des libertés avec les délais pour un travail de qualité » dit Amandine Martin. Les services déconcentrés accompagneront les collectivités et les partenaires qui avancent, et « iront chercher les plus réticents » prévient-elle en souriant. « Nous sommes condamnés à trouver une organisation pertinente, utile, pour ne pas subir la réforme », conclut-elle. Des procédures simples et efficaces La réforme est destinée à simplifier les procédures pour les demandeurs… et les participants aimeraient eux aussi bénéficier de cette simplification ! Traduire concrètement le contenu des trois décrets est source de beaucoup de questionnements et d’un peu d’inquiétude. Les guides publiés ou à venir par le Ministère du Logement et par l’Union Sociale pour l’Habitat illustrent la complexité et l’ampleur de ce qui est vécu par certains comme une révolution culturelle, et qui mettra sans doute du temps à se décliner au plus près des pratiques. Pour André-Yves Lacombe, directeur de la clientèle, le changement est à l’œuvre depuis longtemps chez Erilia : depuis 1999, la demande est scannée, et fait l’objet d’un traitement centralisé par une équipe dédiée. Depuis 2012, la demande peut se faire en ligne sur le site d’Erilia, et cette option est utilisée par 50% des demandeurs. Persuadé qu’un outil unique est une chance, André-Yves Lacombe estime que le SNE « marche bien » et qu’il faut absolument le conserver. Erilia, implanté dans 38 départements, juge que les fichiers partagés « présentent beaucoup d’inconvénients » et estime qu’il faut « rester pragmatique » pour privilégier la relation avec les demandeurs au traitement administratif des dossiers. Pour cela, dans un souci de simplification, la demande est traitée sans aucune pièce justificative. Les candidatures sont examinées sur la seule base déclarative (données du formulaire Cerfa saisies et fiabilisées dans le SNE), et un rendez-vous est donné aux ménages qui présentent des difficultés particulières. Le dossier complet est demandé uniquement au candidat positionné en premier rang en commission d’attribution. Ce parti pris, qui fait murmurer la salle, est défendu par Erilia avec les arguments suivants : - les préavis étant de plus en plus souvent réduits à un mois, la préoccupation du bailleur est de trouver des locataires rapidement, d’autant que les délais de désignation de certains réservataires sont parfois trop longs ; - pour simplifier les démarches des demandeurs, il ne faut pas les compliquer par des choix d’organisation complexes ; - le passage en CAL est plus rapide, et les déceptions liées à l’effet « projection » sont réduites ; AR Hlm PACA & Corse /DREAL PACA juillet 2015 -5- La r éf or m e d e l a d e ma nd e : mi se en œu vr e en P ro v en c e -Al pe s- Cô t e d ’ Az ur Synthèse de la journée partenariale régionale du 3 juillet 2015 – Aix-en-Provence - avec 8 ans de recul, le constat est que cela fonctionne très bien, et que les «découvertes après coup » sont très rares (de l’ordre d’un dossier sur 100). Pour ces raisons, Erilia ne voit pas l’utilité du dossier unique pour gérer la demande, posture qui fait débat, puisque pour certains organismes un dossier « incomplet » vaut refus d’attribution en CAL… Bruno Regazzoni et Philippe Coll, pour Var Habitat, se montrent plus réservés sur le SNE : certes l’outil s’améliore, mais pour l’office, qui gère sa demande via son logiciel interne connecté au SNE en mode asynchrone, la recherche d’un compromis entre la qualité de service et de saisie et le respect des délais et des contraintes réglementaires ou techniques reste d’actualité. Ils considèrent que le SNE a été lourd à gérer, et demande des adaptations constantes de la part des équipes pour faire évoluer les procédures et les outils. Cela implique un professionnalisme renforcé et une vigilance accrue pour repérer et réparer les anomalies. Par ailleurs, pour Bruno Regazzoni, le portail grand public « répond pleinement à ce qu’on a besoin de savoir », et il estime que les demandeurs vont très vite y aller, faisant disparaître de ce fait l’enjeu du « qui fait quoi » en matière d’enregistrement. Pourtant, pour lui, le service aux demandeurs reste à améliorer de plusieurs points de vue : - en éliminant la diversité des discours et des pratiques des différents guichets enregistreurs, qui diminue la fiabilité du système et surtout sa crédibilité auprès des demandeurs ; - en rappelant aux demandeurs qu’il est inutile d’envoyer des pièces spontanément lorsqu’elles ne sont pas exigées, de faire des demandes multiples, en leur rappelant le bon modèle de formulaire à utiliser… - en harmonisant les pratiques diverses des réservataires, génératrices de délais pour le bailleur, qu’elles obligent à des gestions différenciées ; Face à ces difficultés, Var Habitat confirme l’intérêt de l’outil SNE et la nécessité de mettre à jour les données du formulaire à chaque échange d’information avec le demandeur, et livre trois propositions au débat : - permettre aux collectivités réservataires d’avoir un accès au SNE en mode consultation, en particulier pour prendre la mesure de la demande sur leur territoire ; - réserver la saisie et la mise à jour de la demande de logement aux seuls bailleurs, pour fiabiliser les données renseignées et les informations fournies au demandeur ; - instruire la demande en se limitant aux seules pièces réglementaires (Cerfa et pièce d’identité du demandeur principal voire avis d’imposition) si le formulaire Cerfa est à jour. Ce n’est pas la pratique actuelle de Var Habitat, mais la question est ouverte. Des pratiques inspirantes, des réflexions à conduire collectivement De la connaissance des demandeurs à la gestion d’un dispositif Dans la région, quelques EPCI ont déjà mutualisé la gestion de la demande de logement social des communes adhérentes. C’est le cas de la Communauté d’Agglomération de Sophia Antipolis, comme l’explique sa directrice Habitat Logement, Mallory Reveau. Les élus, dans une approche qu’elle qualifie « d’aide à la personne », ont commencé par acter dès 2004 la création d’un observatoire de la demande de logement et d’une commission dite « commission communautaire d’attribution », qui « fait en réalité des propositions aux commissions d’attributions des bailleurs » pour les logements dont elle est réservataire, rectifie-t-elle dans un sourire. En 2006, un service logement communautaire voit le jour grâce au transfert de personnel des communes d’Antibes et de Vallauris vers la CASA. Des guichets communaux de proximité permettent de conserver le lien avec les habitants des communes, et les règles du partenariat avec le service communautaire sont fixées dans un guide de procédures. Le bilan de cette première étape montre que la connaissance de la demande de logement, via un logiciel mis à disposition par l’Etat, a permis aux élus de mieux calibrer les programmes, en inversant -6- juillet 2015 AR Hlm PACA & Corse / DREAL PACA La r éf or m e d e l a d e ma nd e : mi se en œu vr e en P ro v en c e -Al pe s- Cô t e d ’ Az ur Synthèse de la journée partenariale régionale du 3 juillet 2015 – Aix-en-Provence par exemple dans la programmation du PLH les parts du PLS (70% au départ) et du PLAI/PLUS, et en rendant transparentes les attributions sur le contingent communautaire. En 2011, le besoin d’un outil plus performant amène la CASA à se doter d’un nouveau logiciel… et à être lieu d’enregistrement au titre du nouveau SNE pour le compte des 16 communes. Les agents des services d’enregistrement, qu’ils soient dans les communes qui ont souhaité garder la saisie ou à la CASA, ont été formés. Des commissions communautaires de désignation, où siègent également un représentant de l’Etat et un des associations, sont un lieu de débat pour les élus, qui sont désormais très sensibles aux niveaux de loyers, à travers l’analyse notamment du reste à vivre et du taux d’effort des candidats. Cet exercice se traduit par une conscience forte de l’incidence du foncier sur l’ensemble de la chaîne de production, une grande attention portée au poids des charges dans les différentes opérations, etc. Grâce à cette politique fortement tournée vers la gestion partagée, la CASA est aujourd’hui en capacité de lancer l’élaboration de son plan de gestion de la demande et d’information du demandeur, procédure actée par le conseil communautaire dès juin dernier. Les délais incompressibles contraignent fortement le calendrier d’élaboration, mais les bases de l’expérience acquise et les rendez-vous d’ores et déjà prévus avec l’ensemble des partenaires devraient permettre de créer la Conférence Intercommunale du Logement (CIL) avant la fin de l’année. La CIL : un nouvel espace de dialogue et un lieu d’apprentissage Pour Toulon Provence Méditerranée (TPM) communauté d’agglomération regroupant 12 communes, le renforcement législatif des EPCI comme chefs de file des politiques locales d’urbanisme et d’habitat est un atout pour organiser la réforme de la demande. Cela favorise également la structuration du pilotage de cette réforme, démarche partenariale complexe et de longue haleine. Pour Annabelle Maurel, du service Habitat de TPM, le premier travail technique a consisté à « traduire » les enjeux et les obligations de la réforme aux élus, afin qu’ils appréhendent clairement l’articulation des mesures applicables au niveau intercommunal. La mise en place administrative de la CIL s’est déroulée en juin (délibération, formation des collèges). Le choix a été fait de trois collèges, en y associant des « experts » tels que la CAF ou l’ADIL, et la mise en place technique débute, en lien étroit avec la DDCS (rédaction du règlement intérieur, rôle du comité technique). En septembre 2015, la CIL se réunira pour voter son règlement intérieur, et travaillera à partir des éléments de connaissance partagée. Les premiers constats donnent du relief aux données du SNE : - un déficit de connaissance sur l’occupation du parc social : « comment avancer si l’on n’a pas la base de données d’occupation ?» s’interroge Annabelle Maurel, rejoignant d’autres interventions de la matinée ; - autant de politiques d’attribution que de bailleurs ; - des publics « mal servis », les jeunes notamment ; - une durée d’occupation du parc social de 14 ans en moyenne. Ces éléments devront également orienter le contenu du plan partenarial à partir d’une question centrale : « en quoi les décisions que nous allons prendre faciliteront-elles la vie du demandeur ? ». Ce fil directeur doit permettre d’harmoniser les pratiques, de favoriser l’acculturation, de limiter les idées reçues, et de redonner leur place aux personnes, en particulier les demandeurs trop peu pris en compte aujourd’hui. Le plan partenarial devra traduire cette ambition, pour un territoire qui a vocation à se métropoliser et doit pour ce faire créer des outils innovants et rester productif. AR Hlm PACA & Corse /DREAL PACA juillet 2015 -7- La r éf or m e d e l a d e ma nd e : mi se en œu vr e en P ro v en c e -Al pe s- Cô t e d ’ Az ur Synthèse de la journée partenariale régionale du 3 juillet 2015 – Aix-en-Provence Le dossier unique : l’enjeu d’un formulaire à jour La mise en place du dossier unique suscite des interrogations, dont l’essentiel vient des organismes Hlm, traditionnellement en première ligne pour gérer la demande. Ces questions peuvent sembler techniques, mais soulèvent des débats éminemment stratégiques, voire politiques. Si le « qui fait quoi ? » entre le demandeur, le lieu d’accueil et le service enregistreur devra être approfondi en groupe de travail et partir des contextes locaux, le « quand ? » ramène à la délicate question de la collecte des pièces justificatives. Les pratiques en la matière, on l’a vu plus haut, divergent d’un organisme à l’autre, et les choix faits ne peuvent s’expliquer par le seul prisme de la réglementation. En effet, la seule obligation faite au demandeur pour examiner sa demande en commission d’attribution du bailleur est d’avoir un formulaire renseigné (sur le PGP ou auprès d’un guichet enregistreur) et d’avoir fourni une copie de la pièce d’identité ou du titre de séjour du demandeur principal. La question des pièces justificatives est la véritable question « culturelle » qui anime le débat. Faut-il produire ces pièces en amont de la CAL pour étayer l’instruction faite par les services, ou peut-on attribuer sur la foi du seul formulaire et réserver la vérification des pièces à un temps ultérieur ? Comment traiter équitablement la demande si chaque organisme applique sa règle propre ? La masse des demandeurs est l’un des éléments de réponse à cette question : si la demande est forte, le rapprochement offre/demande devrait pouvoir se faire plus efficacement sans pièces justificatives. Il s’agit essentiellement d’identifier les principaux candidats et de télécharger leur dossier (l’importation ne pouvant se faire que dossier par dossier). Le message qui ressort des débats, mais reste à creuser avec les partenaires pourrait se résumer à « pas de justificatifs stockés tant qu’une offre n’est pas envisagée ». L’enjeu est donc avant tout d’avoir un formulaire à jour dans le fichier SNE. Ce point interroge la responsabilité de chacun des acteurs pour corriger les données du formulaire au vu des justificatifs fournis lorsque le demandeur ne le fait pas lui-même. Un chantier régional à poursuivre : harmoniser les approches et rechercher la cohérence dans la mise en œuvre de la réforme Les services de l’Etat mettent progressivement en place ce qu’Hervé Watteau appelle « une assistance à tous les niveaux ». Au plan national, la DHUP anime un groupe de 9 EPCI volontaires. Un « club des acteurs de la réforme » réunit des EPCI, des services de l’Etat et des bailleurs ; en font partie, outre la DREAL, la CASA et NCA, ainsi que la DDCS 06. Les candidatures pour ce groupe de travail sont encore ouvertes. A l’échelon régional, en qualité de chef de projet en DREAL, Hervé Watteau s’attachera particulièrement à la mise en œuvre effective de la réforme, tandis que Pascal Gallard, chef de projet pour l’AR Hlm PACA et Corse aura pour mission d’accompagner les organismes Hlm dans cette mise en œuvre. Pour l’Association Régionale Hlm, qui l’avait écrit dans sa feuille de route dès juin 2014, l’homogénéité de l’organisation actuelle doit être préservée, tout en respectant les compétences des EPCI, exercice qui semble parfaitement conciliable aux participants. Pour ce faire, la DREAL et l’Association Régionale proposent de définir les modalités de travail d’un groupe régional restreint, tripartite, pour ébaucher les principes communs de mise en œuvre de la réforme sur lesquels s’accorderaient les partenaires de la région. -8- juillet 2015 AR Hlm PACA & Corse / DREAL PACA La r éf or m e d e l a d e ma nd e : mi se en œu vr e en P ro v en c e -Al pe s- Cô t e d ’ Az ur Synthèse de la journée partenariale régionale du 3 juillet 2015 – Aix-en-Provence Des précisions concernant les thèmes abordés et les conditions d’inscription seront envoyées avec les documents retraçant le contenu de la journée. Ce groupe d’une dizaine de personnes reprendrait les questionnements retracés ci-dessus, pour rechercher une cohérence d’ensemble de la mise en œuvre de la réforme. Il serait attentif à préserver l’autonomie de décision de chacun, mais rechercherait l’harmonie régionale garante des trois principes évoqués en introduction : lisibilité, transparence et équité de traitement… auxquels les participants ont ajouté « simplicité » ! Synthèse réalisée par Véronique Marciquet (Cabinet Panama Conseil) pour le compte de l’AR Hlm PACA & Corse AR Hlm PACA & Corse /DREAL PACA juillet 2015 -9-