L`ARTICULATION DU SOIN TECHNIQUE ET DU SOIN

Transcription

L`ARTICULATION DU SOIN TECHNIQUE ET DU SOIN
Institut de Formation de Professions de Santé
Formation infirmière
44 chemin du Sanatorium
25030 BESANCON CEDEX
L’ARTICULATION DU SOIN TECHNIQUE ET DU SOIN RELATIONNEL,
UNE HISTOIRE DE REPRESENTATIONS…
UE 3.4 : Initiation à la démarche de recherche
UE 5.6 : Analyse de la qualité et traitement des données scientifiques
UE 6.2 : Anglais rédaction de l’abstract du travail de fin d’études
Présenté par :
BONVALOT Marie-Charlotte
BRUN Jonathan
GAVIGNET Stéphanie
GENESTIER Baptiste
Promotion 2011 / 2014
Formatrice de guidance
JUNG Danièle
Nous tenons à remercier :
Madame Danièle JUNG, notre formatrice de guidance, pour nous avoir conseillé de façon
pertinente lors de cette initiation à la recherche,
Monsieur Jean-Marie REVILLOT, pour avoir su nous accompagner avec prévenance dans
les différentes étapes de ce travail,
Nos futurs collègues pour nous avoir consacré un temps précieux qui nous a permis d’étayer
notre recherche, ce serait avec plaisir que nous travaillerions à leurs côtés,
Nos familles et amis pour leur soutien durant ces trois années de formation,
Enfin, ce travail de fin d’études nous a permis, pour certains, de se retrouver, et pour
d’autres de se rencontrer.
Au gré de nos rencontres et moments d’échanges, une véritable équipe s’est créée et nous
avons pu enrichir nos connaissances sur un thème important à nos yeux et en accord avec
nos valeurs.
Merci pour l’investissement et la bonne humeur de chacun des membres du groupe !
SOMMAIRE
Introduction ............................................................................................................................ 2
Situation d’appel .................................................................................................................... 4
Questionnement .................................................................................................................... 7
Question de départ ................................................................................................................ 7
Cadre conceptuel................................................................................................................... 9
Soin ................................................................................................................................ 9
Soin technique ................................................................................................................ 9
Soin relationnel ............................................................................................................. 11
Représentation ............................................................................................................. 12
Exploration ........................................................................................................................... 16
Détail de l’outil méthodologique .................................................................................... 16
Analyse ................................................................................................................................ 18
Association du soin relationnel et du soin technique ..................................................... 18
Les pansements complexes ......................................................................................... 19
Le soin relationnel......................................................................................................... 20
Freins et facteurs favorisants à l’articulation des soins relationnel et technique ............ 21
Problématique...................................................................................................................... 25
Conclusion ........................................................................................................................... 27
Bibliographie ........................................................................................................................ 29
Annexe n°1 : Trame d’entretien ........................................................................................... 32
Annexe n°2 : Tableau d’exploitation des entretiens.............................................................. 35
INTRODUCTION
2
INTRODUCTION
Au cours de notre formation, nous nous sommes tous imaginés quels soignants nous
voudrions être. Au sein de notre groupe, nous avons quatre projets professionnels différents
mais nos interpellations se rejoignent. En effet, notre réflexion individuelle ainsi que notre
intérêt et notre attention à l’égard du soin relationnel ont été de réels points de rencontre.
Cela s’est notamment ressenti dans chacune de nos situations d’appel et s’est révélé être
pour nous une évidence et une envie commune de pouvoir chercher des réponses à nos
interrogations.
Nos réflexions autour du soin relationnel - vaste sujet régulièrement traité dans les
ouvrages professionnels et au cours de la formation initiale – nous ont amenés à nous
questionner sur notre identité professionnelle et à réfléchir sur notre pratique actuelle et
future. Bien que futurs diplômés, il nous reste de nombreuses compétences à élargir, de
technicités à développer et d’expériences à vivre dans les multiples domaines du soin. Au
travers des différents stages, nos représentations du métier, des différentes spécialités et du
soin ont évoluées. Et ce qui, au début de notre formation semblait évident, a pu se modifier
dans nos esprits. Ceux qui ne voyaient que l’aspect technique du métier ont appréhendé le
relationnel afin de pouvoir améliorer leur prise en soin du patient et, a contrario, ceux qui
pensaient ne voir que l’aspect relationnel, se sont aperçus de l’utilité de la maîtrise du
technique pour le bien-être de la personne soignée.
Voici pourquoi ce mémoire traite de ce sujet. Tout d’abord, nous développerons le
concept de soin, incluant le soin technique et le soin relationnel puis le concept de
représentation. Ensuite, à partir de deux entretiens réalisés auprès de professionnels
infirmiers pour tenter de repérer l’articulation entre le soin technique et le relationnel, nous
analyserons les données recueillies pour étayer notre problématique de recherche.
Par ce travail, nous vous invitons à partager nos réflexions et notre questionnement
et pourquoi pas, à en soulever de nouveaux.
Nous vous souhaitons une agréable lecture.
SITUATION D’APPEL
4
SITUATION D’APPEL
Lors de notre première rencontre, nous avons pu exposer aux membres du groupe
nos situations d’appel respectives. Après plusieurs discussions autour de celles-ci, notre
choix s’est unanimement orienté vers celle que nous présentons ci-dessous. En effet, elle
nous a conduits à nous interroger sur la manière d’appréhender notre future profession, ainsi
que sur l’ensemble des dimensions du soin.
La situation d’appel retenue est une réfection de pansement complexe de type VAC®
(Vacuum Assisted Closure : pansement hermétique par pression négative) effectué sous
MEOPA (gaz analgésiant et relaxant : mélange équimolaire oxygène-protoxyde d'azote).
Le soin se déroule dans un service de chirurgie, en début d’après-midi. La patiente
est âgée de 37 ans, elle est à J1 de son admission à l’hôpital. Elle a été hospitalisée dans un
contexte d’urgence suite à un accident domestique : son fils de 6 ans a démarré un tracteur,
qui, en reculant, lui a écrasé les jambes. Cet événement a créé un fort sentiment de
culpabilité chez elle.
Le soin en question, d’une durée de trente minutes se fait sous MEOPA en raison de
la douleur qu’il peut engendrer. Le service est en surcharge de travail ce jour, le soin est
donc réalisé l’après-midi. L’infirmière est accompagnée d’un étudiant infirmier de troisième
année qui découvre le soin pour la première fois. Il sera chargé de maintenir en place le
masque du MEOPA (en effet, pour une efficacité optimale du médicament, il est nécessaire
de garder une bonne étanchéité). L’infirmière et l’étudiant collaborent ensemble pour la
première fois. L’IDE se présente à la patiente et l’informe qu’elle va refaire son pansement.
Puis, tout en lui tournant le dos, elle lui explique succinctement qu’il s’agit d’un soin
extrêmement douloureux et commence à préparer son matériel. L’étudiant se rapproche
alors de la patiente : il se présente et lui demande son consentement quant à sa présence
durant le soin. La patiente exprimant de l’appréhension, il tente de la rassurer par ses
paroles. Une fois son matériel préparé, l’infirmière demande à l’étudiant de mettre en place
le masque et elle commence le soin. La patiente manifeste son anxiété et verse quelques
larmes, en exprimant sa souffrance de façon verbale et non verbale. En effet, elle se débat,
crie, pleure, et tente d’enlever le masque en repoussant le bras de l’étudiant à plusieurs
reprises. L’infirmière lui demande fermement de se calmer et de cesser ses plaintes.
L’étudiant propose alors à la patiente de lui donner la main qu’elle saisit avec empressement
et qu’elle serre fort jusqu'à la fin du soin. Quant à l’IDE, elle continue son soin avec des
mouvements rapides et brusques. Le pansement ne se met pas en place correctement suite
à une fuite d’air, l’infirmière exprime alors de l’agacement. Une fois le soin terminé, l’IDE
range son matériel et sort de la chambre. L’ESI exprime alors à la patiente qu’il est désolé du
déroulement douloureux du soin. Il lui propose d’en reparler mais elle décline la proposition
5
car elle se sent trop fatiguée à ce moment-là. Néanmoins, elle le remercie du soutien et de la
présence rassurante qu’il lui a procurés. L’étudiant réinstalle la patiente et lui propose de se
reposer avant de sortir à son tour.
QUESTIONNEMENT,
QUESTION DE DEPART
7
QUESTIONNEMENT
Cette situation nous a permis de nous interroger sur l’organisation du soin, son
influence possible sur sa qualité, sur son déroulement et sur le vécu de la patiente. Nous
nous sommes alors demandés si la maîtrise de ce soin par la soignante et les
représentations qu’elle en a, peuvent avoir un impact sur le vécu de la patiente. Et si, par
ailleurs, d’éventuelles expériences de la patiente, ses conditions d’hospitalisation, son
contexte familial et émotionnel, peuvent influencer ce vécu. Mais également, si l’absence
d’expérience de ce type de soin peut influencer les représentations de la patiente.
Nous nous sommes aussi demandés en quoi le contexte personnel, le discours du
soignant et son attitude lors du soin vont avoir une incidence sur le vécu de la patiente. En
d’autres termes, comment l’organisation, la maîtrise du soin et l’attitude du soignant peuvent
impacter la perception de la patiente ?
D’un point de vue technique, une autre question s’est posée : en quoi la durée d’un
soin et sa technicité, peuvent-elles limiter le soin relationnel durant un soin potentiellement
douloureux ?
QUESTION DE DEPART
Ainsi, après avoir mis en évidence des concepts qui nous semblent importants, nous
avons déterminé notre question de départ :
Au sein d’un service de chirurgie adulte, en quoi les représentations d’un soin
technique, de type pansement complexe, peuvent-elles influencer le soin relationnel ?
CADRE CONCEPTUEL
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CADRE CONCEPTUEL
Nous commençons par définir le concept de soins.
Soin
Le soin infirmier est défini par l’article R4311-2 du Code de la santé publique et
précisé dans le référentiel d'activités relatif au diplôme d'Etat d'infirmier (Annexe 1 de l'arrêté
du 31 juillet 2009), il est stipulé que « les soins infirmiers, préventifs, curatifs ou palliatifs,
intègrent qualité technique et qualité des relations avec le malade ». [1, p.163]
Le dictionnaire Larousse décrit le concept de soins comme des « actes de
thérapeutiques qui visent à la santé de quelqu’un, de son corps » mais également comme
étant des « actes par lesquels on veille au bien-être de quelqu’un » [2]. Le soin implique
donc la réalisation d’actes mais ne s’arrête pas là. En effet, selon Hesbeen, docteur en santé
publique et responsable pédagogique du GEFERS, le soin infirmier est « (…) composé d’une
multitude d’actions qui sont surtout, malgré la place prise par les gestes techniques, une
multitude de « petites choses » qui offrent la possibilité de témoigner d’une « grande
attention » à la personne soignée et à ses proches (…) ». [3, p.45]
On comprend donc que le soin infirmier est un ensemble alliant actes techniques
mais également un ensemble d’éléments qui vise à améliorer la qualité du soin. Cependant
ces « petites choses » ne sont pas forcément quantifiables et évaluables, même si elles sont
essentielles à la prise en soin de la personne dans sa complexité.
Selon Hesbeen, le soin infirmier n’est pas forcément compliqué mais il est toujours
complexe dans le sens où il lie de nombreuses facettes [2]. En effet, l’auteur décrit le soin
technique comme pouvant être compliqué du fait de l’importance du nombre de paramètres
techniques et biologiques à maîtriser. En revanche, l’articulation entre le soin technique et le
soin relationnel, dans tout contexte de soin, est quelque chose de complexe. C’est cet
ensemble d’actes complexes qui définit le soin infirmier et qui, même si chaque pratique
infirmière a ses spécificités, lui donne son unité.
Le soin est donc un ensemble indissociable de technique et de relationnel.
Soin technique
Selon la fiche relative au métier d’infirmier, le ministère des affaires sociales décrit le
soin technique par des actes tels que les pansements, les prélèvements, les prises de
constantes ou encore les injections. [4]
Le législateur, dans l’article R4311-2 du Code de la santé publique, liste l’ensemble
des actes dont l’infirmier diplômé d’Etat est habilité à exercer. [1, p.164] Cependant, bien
10
qu’il évoque à plusieurs reprises le terme technique, il ne donne pas une définition réelle du
soin technique.
Selon le dictionnaire Le Petit Larousse illustré, le soin est une « attention, application
portée à quelque chose ». [5, p.946] Dans ce même ouvrage, la technique « a trait à la
pratique, au savoir-faire dans une activité, une discipline », elle « concerne les applications
de la connaissance scientifique » ; c’est « l’ensemble des procédés et des méthodes d’un
art, d’un métier, d’une industrie ». [5, p.994]
Au cours de son travail de fin d’études, Rouat, infirmier, définit le soin technique
comme
« invariable » : après apprentissage et acquisition d’expérience, il devient
systématique, maitrisé, sa technique est reproductible à l’infini. Il s’agit de l’application d’un
protocole (…). C’est un soin objectif. Il prend moins de temps que le soin relationnel et ne
nécessite aucune capacité d’écoute particulière. Il permet une facilité organisationnelle car le
temps nécessaire au soin est évaluable. » [6, p.20]
Nous constatons qu’il y a, concernant le soin technique, des « invariants », c’est-àdire, des éléments acquis et reproductibles, reposant sur des bases stables qui autorisent
l’évolution par l’expérience.
Le pansement complexe est défini par l’organisation nationale des syndicats
d’infirmiers libéraux sous la forme d’une liste d’actes spécifiques, cotés dans la nomenclature
générale des actes professionnels. Ainsi, est considéré comme pansement complexe tout :
« pansement de brûlure étendue ou de plaie chimique ou thermique étendue, sur une
surface supérieure à 5% de la surface corporelle », « pansement d'ulcère étendu ou de
greffe cutanée, sur une surface supérieure à 60 cm2 », « pansement d'amputation
nécessitant détersion, épluchage et régularisation », « pansement de fistule digestive »,
« pansement pour pertes de substance traumatique ou néoplasique, avec lésions profondes,
sous aponévrotiques musculaires, tendineuses ou osseuses », « pansement chirurgical
nécessitant un méchage ou une irrigation », « pansement d'escarre profonde et étendue
atteignant les muscles ou les tendons », ou encore « pansement chirurgical avec matériel
d'ostéosynthèse extériorisé ». [7]
Aborder le soin technique amène à évoquer le modèle de santé biomédical. Selon
Brunner, Smeltzer, Suddarth et Brane, « le modèle biomédical, ou modèle scientifique, (…)
prévaut dans la plupart des milieux de santé ; c’est aussi celui qu’adoptent la plupart des
infirmières et des autres professionnels de santé. Il repose sur des hypothèses
fondamentales, (…), et tout ce qui appartient à la réalité peut être observé et mesuré (…) »
[8, p.153]. Si ce modèle est centré sur la maladie et ses symptômes, il ne s’oppose pas au
soin relationnel pour autant.
11
Soin relationnel
D'un point de vue législatif, la dimension relationnelle du soin se retrouve au niveau
de plusieurs actes du décret du Code de la Santé Publique qui régit la profession infirmière
(livre III Auxiliaires Médicaux – Profession d'infirmier, chapitre 1er, section 1, Actes
professionnels ou décret n°2004-802 du 29 juillet 2004). Le soin relationnel apparaît d’une
façon générale dans le cadre du rôle propre de l’infirmier, que l’on retrouve au travers de
quatre actes qui sont : « L'entretien d'accueil privilégiant l'écoute de la personne avec
orientation si nécessaire » (Art. R4311-5-40°), « Aide et soutien psychologique» (Art. R43115-41°), « L'entretien d'accueil du patient et de son entourage » (Art. R4311-6-1°), « Activités
à visée sociothérapeutique individuelle ou de groupe » (Art. R4311-6-2°), et d’une façon plus
spécifique dans l’acte relevant de la prescription médicale : « L'entretien individuel et
utilisation au sein d'une équipe pluridisciplinaire de technique de médiation à visée
thérapeutique ou psychothérapeutique » (Art. R4311-7-42°). [1, p.167]
Selon le dictionnaire Le Petit Robert le relationnel « concerne les relations entre les
personnes », et renvoie au « lien de dépendance ou d'influence réciproque (…) » [9, p.2175].
Cette définition de la relation peut être complétée en faisant référence à « une activité
ou une situation dans laquelle plusieurs personnes sont susceptibles d'agir mutuellement les
unes sur les autres » [10]. Le soin étant une de ces activités, il présente également cet
aspect d’interdépendance.
Le concept de soin relationnel est apparu dans les années 1950/1960 par le biais de
la psychanalyse et du courant de psychologie humaniste. Rogers, psychologue, a œuvré
dans le champ de la psychologie clinique centrée sur la personne, ainsi que dans celui de la
relation d'aide et de l'éducation.
On parle alors de relation « soignant-soigné » qui est
« considérée comme porteuse de soins ou susceptible de favoriser la guérison ». [11, p.64].
Cette relation soignant-soigné peut être complétée et renforcée par l’alliance
thérapeutique qui met en avant un engagement réciproque entre le patient et le thérapeute.
La naissance de cette alliance repose sur certains éléments tels que : « un lien relationnel,
(…) une motivation commune et (…) une relation de confiance ». Selon Hesbeen, ce
sentiment de confiance se construit et est permis par un soignant qui fait preuve de qualités
telles que « la chaleur, l’écoute, la disponibilité, la simplicité, l’humilité, l’authenticité,
l’humour et la compassion ». [11, p.75]
Hazen, médecin psychiatre au Centre hospitalier de Saint-Anne à Paris définit le soin
relationnel comme étant « un ensemble de moyens et d’outils utilisés dans un cadre
méthodologique spécifique, mis en œuvre par un soignant formé, avec pour objectif premier
de réduire au maximum la souffrance psychologique afin de faciliter la progression du
malade vers un mieux-être ». [11, p.64].
12
Quant à Salome, psychosociologue et formateur aux relations humaines, il voit le soin
relationnel comme un « ensemble de gestes, de paroles, d'attitudes, d'actes et de
propositions relationnelles [...] » [10].
Dans la pratique des soins infirmiers, il s'agit alors d'aborder la personne soignée
d'un point de vue holistique. Cette pratique de soin fait référence au modèle de santé biopsycho-social. Le patient est un être humain qui évolue au sein d’un environnement dans
lequel les différentes dimensions sont en constante interaction. Engel qui est à l’origine de ce
modèle de santé pense que les dimensions personnelles et sociales doivent être mises sur
un même pied d’égalité par rapport à la dimension biologique. Ce modèle permet « une
meilleure compréhension du patient, mais aussi (…) la mise en place de stratégies de soins
(…) plus adaptées (…) ». [12]. Bien que la terminologie de « soin relationnel » n'apparaisse
pas dans les textes officiels, elle est pourtant présente dans les pratiques. On la retrouve, en
effet, sous les termes de « relation d’aide » et de « relation d’aide thérapeutique ». Ce soin
s'est tout d'abord développé en psychiatrie avant de s'élargir dans les autres domaines.
Depuis le nouveau référentiel de formation de 2009, il apparaît comme essentiel puisqu'il est
nommé et enseigné dans l'unité d'enseignement « sciences et techniques infirmières,
interventions » et intègre la compétence 6 : « communiquer et conduire une relation dans un
contexte de soins ». Ce soin est alors évalué comme une « posture professionnelle dans la
relation soignant soigné » [1, pp.94-96].
Le dictionnaire des soins infirmiers complète notre approche en définissant le soin
relationnel comme « une intervention verbale ou non verbale, visant à établir une
communication en vue d'apporter aide et soutien psychologiques à une personne ou à un
groupe ». [13]. Argenty, cadre formateur, surenchérit en affirmant que « tous les soins sont,
par nature, relationnels » [14].
Le soin relationnel a été largement développé par de nombreux auteurs ce qui nous a
imposé de choisir avec tout ce que cela peut impliquer d’arbitraire. Malgré le fait qu’il relève
principalement du rôle propre de l’infirmier, et par là même est exempt de protocoles, qui
respecte un cadre thérapeutique. Les professionnels qui le mettent en pratique à l’aide de
méthodes et d’outils doivent être formés. Nous parlerons alors d'une posture à adopter et à
adapter à la personne à laquelle l’infirmier prodigue des soins. En effet, le soin fait référence
non seulement à des savoir-faire mais également à des savoir-être. Les postures infirmières
dans le soin relationnel varient car ces savoir-être diffèrent d’un soignant à un autre. Ce point
pourrait être expliqué par les représentations que ces soignants ont du soin.
Représentation
La représentation est définie par le dictionnaire Larousse comme étant, du point de
vue de la philosophie : la « connaissance fournie à l’esprit par les sens ou par la mémoire »,
et du point de vue de la psychologie : une « perception, image mentale, etc., dont le contenu
13
se rapporte à un objet, à une situation, à une scène, etc., du monde dans lequel vit le
sujet. ». [15]
On peut relever ici l’aspect à la fois non-inné et subjectif de la représentation ainsi
que son ancrage au sein du monde qui l’entoure.
Le concept de représentation a été inventé par Durkheim, sociologue, en 1898. [16] Il
distingue alors les représentations collectives des représentations individuelles. Il explique
que les représentations collectives sont propres à chaque société et qu’elles sont
corroborées par les représentations individuelles des membres qui la composent. Dans un
même temps, les représentations sociales imposent aux individus des manières de penser et
d’agir, cela se manifeste alors par des règles sociales, morales et juridiques. De ce
mécanisme peut découler un élément important : en effet, il peut alors devenir un frein au
développement d’individus qui composent ce groupe.
C’est avec Moscovici, psychosociologue, que le terme de représentation sociale a
véritablement été développé (sur les bases du travail de Durkheim). Selon lui, les
représentations sont « des formes de savoirs naïfs, destinées à organiser des conduites et
orienter les communications ». [17, p.39]
Nous retenons dans ces idées que les représentations d’un groupe participent à la
construction de sa propre identité et qu’elles influencent les comportements des individus qui
le composent.
Abric, professeur en psychologie sociale, développe la représentation sociale comme
étant « le produit et le processus d’une activité mentale par laquelle un individu ou un
groupe, reconstitue le réel auquel il est confronté et lui attribue une signification spécifique ».
[18, p.64]
Il ajoute que les représentations comportent une part d’interprétation et que leur rôle
est de permettre à un individu et/ou à un groupe de mieux comprendre le monde qui
l’entoure.
Jodelet, psychosociologue, définit les représentations sociales comme « des
systèmes d’interprétation régissant notre relation au monde et aux autres, qui orientent et
organisent les conduites et les communications sociales. Les représentations sociales sont
des
phénomènes
cognitifs
engageant
l’appartenance
sociale
des
individus
par
l’intériorisation de pratiques et d’expériences, de modèles de conduites et de pensée ». [19,
p.53].
Nous comprenons ici que le fait qu’un individu face partie d’un groupe est en partie
induit par les représentations sociales qu’il a pu s’approprier. Il a donc pris sa place au sein
d’un groupe, a apporté ses expériences, son vécu, et dans un même temps le groupe lui a
induit des façons de voir, de vivre, d’interpréter le monde dans lequel il vit.
14
En regard de notre questionnement de départ, étayé par notre trame d’entretien, il
devient alors intéressant de relever certains points importants. Nous savons maintenant que
les représentations peuvent être endogènes ou exogènes, c’est-à-dire qu'elles peuvent être
construites par l’individu lui-même ou émaner du groupe auquel il choisit ou non d’adhérer
(nous parlons ici du groupe “professionnel“ : établissement, spécialité, service...). Nous
avons également conscience qu’une partie de ces représentations peuvent être amenées à
évoluer, du fait de nouvelles expériences individuelles ou groupales par exemple. Ayant
désormais connaissance de ces interactions groupe-individu et de leur impact potentiel sur
une pratique ou des comportements, induits ou innés (c’est-à-dire non encore confrontés au
milieu de travail effectif), la question de l’influence des représentations prend alors tout son
sens. Il sera intéressant de discerner l’évolution des représentations des soignants
interrogés concernant les pansements complexes et le soin relationnel ainsi que la place
qu’ils accordent à chacun et la façon dont ces deux soins s’articulent dans leurs pratiques.
Concernant la possible évolution de ces représentations, il nous parait pertinent
d’apporter une variante à ce terme. En effet, Revillot, docteur en sciences de l’éducation et
formateur, à partir des travaux de Pastré et de Blumer, apporte une nuance aux
représentations : les conceptions. Il explique que les « représentations constituent le savoir
que nous avons sur la réalité ». Nous comprenons ici qu’elles permettent une
compréhension de la réalité, avec ses potentielles approximations et inexactitudes. C’est par
la contextualisation, l’expérience et la confrontation de ces représentations qu’elles
dépassent leur fonction « d’aide pour percevoir » pour devenir « une façon de concevoir »,
autrement dit, par ce processus, elles deviennent des conceptions inhérentes à un individu.
[20, p.157-159]
A ce stade de la recherche, nous pouvons supposer que la pratique réflexive pourrait
être une piste exploitable dans le but d’analyser nos comportements et postures soignantes.
De plus, dans ce contexte, avoir conscience des influences des représentations du groupe
sur l’individu semble être un élément essentiel qui faciliterait une prise de recul efficiente.
EXPLORATION
16
EXPLORATION
Détail de l’outil méthodologique
Nous avons choisi l'entretien semi-directif comme support pour mener nos différents
entretiens. La trame1 traite de nos thèmes présents dans notre question de départ. Le choix
du semi-directif permet de laisser s'exprimer les professionnels sur les thèmes abordés.
Celui-ci oriente l'entretien et permet aux professionnels, par la réflexion induite, à la fois
d'enrichir nos thèmes, d'apporter des savoirs supplémentaires à notre travail de recherche et
de confronter des points de vue.
Pour traiter notre sujet, nous avons choisi d'interroger deux professionnels de santé
aux carrières diverses : un IDE en service de chirurgie digestive et une IDE exerçant au pool
de chirurgie. En effet, il nous semblait important d'orienter notre choix sur ces professionnels,
habitués à ce type de soin, mais ayant potentiellement des regards, des formations et des
expériences professionnelles différentes.
Cet outil méthodologique est basé sur des objectifs de recherche qualitatifs. Tout
d'abord, nous avons cherché à identifier les représentations des IDE concernant le
pansement complexe, le soin relationnel et leurs articulations. Dans un second temps, nous
avons orienté nos questions sur les freins et facteurs favorisants au soin relationnel lors d'un
soin technique.
Nous analyserons les données recueillies des entretiens de façon chronologique et
en regard du champ conceptuel2.
1
2
cf. annexe n°1
cf. annexe n°2
ANALYSE
18
ANALYSE
Nous avons mené 2 entretiens semi-directifs, le premier auprès d’un infirmier que
nous appellerons Mathieu et le second auprès d’une infirmière que nous nommerons Sophie.
Nous les présentons ici de façon succincte sous forme de tableau.
Mathieu
Age
Ancienneté du
Diplôme

32 ans.

25 ans.

7 ans.

2 ans.

Il a travaillé 1 an en tant

Elle a toujours été dans le
qu’intérimaire dans divers
Expérience en
tant
qu’infirmier(ère)
Sophie
services

même service.
Puis a choisi un service alliant
chirurgie digestive et soins
intensifs.

Il explique :

Choix de service
travailler au pool car elle
qu’il lui « faut autant de soin
relationnel
que
trouvait cela « intéressant de
de
pouvoir bouger sur tous les
technique »,

qu’il « aime être toujours dans
l‘action, avec beaucoup de
réactivité
rapides ».
et
des
résultats
Elle exprime sa volonté de
services »,

Celui
de
chirurgie
en
particulier car elle souhaitait
des services « carrés » pour
avoir des résultats.
Association du soin relationnel et du soin technique
Mathieu a conscience que l’association du soin relationnel et du soin technique est
« cruciale » car elle permet d’optimiser la prise en soin du patient et impacte positivement le
pronostic. Du début à la fin de l’entretien, ce va-et-vient entre le soin relationnel et le soin
technique est constant. Effectivement, quels que soient les sujets abordés, il ne les a jamais
dissociés ni opposés. Le soignant semblait réellement authentique, impression validée par
des réponses claires et majoritairement sans hésitations. Nous en avons déduit que les
sujets abordés durant l’entretien étaient déjà ancrés dans sa posture professionnelle et qu’il
n’a fait que restituer des réflexions menées plusieurs années auparavant.
19
Pour Sophie, son choix de service semble avoir été influencé par une volonté de
résultat évaluable. En effet, dans sa pratique professionnelle, son objectif est lié à une notion
de rendement des soins avec comme but la sortie des patients. Pour elle, la satisfaction du
patient s’évaluerait donc prioritairement par la fin plutôt que par les moyens. Cet aspect
objectivable paraît important et peut s’avérer rassurant dans sa pratique quotidienne. Ce
besoin d’être rassurée transparait dans sa posture durant l’entretien : elle a sollicité à de
nombreuses reprises nos avis concernant ses réponses afin que nous les validions, et par
conséquent, elle semblait soucieuse d’apporter la réponse idéale, soit celle qui
correspondrait à nos attentes. Dans ce contexte, on peut alors se poser la question de
l’authenticité de ses réponses.
Les pansements complexes
Au sujet des pansements complexes, les deux professionnels ont eu des difficultés à
le définir ce qui a nécessité un temps de réflexion. Leurs descriptions se sont faites par
déduction, en regard de ce qu’ils connaissaient d’un pansement simple. Mathieu voit un
pansement complexe comme étant « technique » et « hors protocole ». Quant à Sophie,
elle évoque la notion de « temps », d’« organisation », de « douleur » et également de
« technique ».
On s’aperçoit que les soignants n’ont que des notions vagues à exposer et qu’ils ont
besoin de les relier à des notions plus concrètes (évocation du pansement simple), à des
connaissances qu’ils jugent plus accessibles. Durant nos différents stages, nous avons
constaté que les professionnels ont également rencontré cette difficulté lors de l’évaluation
de l’item du portfolio « pansement complexe/drainage ». En effet, chaque service rencontré
semble établir sa propre définition de ce soin selon ses représentations. Cependant, le
discours de l’infirmier exprime un paradoxe : il lui est difficile de définir un pansement
complexe alors que dans sa pratique sa réalisation est très simple voire anodine. Nous
remarquons qu’il est capable de se détacher du côté formalisé de la technique et qu’il
priorise l’accompagnement global du patient. Si l’on fait référence à Hesbeen, il est donc
capable de se distancer de l’aspect compliqué du pansement pour se focaliser sur la
complexité de la prise en soin. Cela nous permet de constater que sa représentation place la
réfection de pansement complexe comme n’étant qu’une partie de la prise en soin du
patient. L’infirmière utilise des mots qui peuvent représenter des contraintes. En effet, elle
emploie les termes « temps », « organisation » et « douleur » qu’elle semble vivre comme
des éléments à gérer. De surcroît, le terme « technique » représente ici un frein dans la
mesure où elle exprime avoir eu besoin de participer à une formation hospitalière sur la
réfection de pansements. Ce dernier point est révélateur d’une volonté de bien faire et d’être
efficace auprès des patients. Ainsi, elle a conscience que dans sa pratique, la maîtrise d’un
tel soin est une étape nécessaire pour aller plus loin dans la prise en soin des patients.
20
Selon les deux soignants, si les patients abordent le sujet de leurs pansements
complexes avec eux, ils évoquent une appréhension voire parfois de l’anxiété, le plus
souvent liées à la douleur. On peut en déduire un besoin d’être rassuré. Les patients dans
cette situation invitent donc les soignants, consciemment ou non, à la relation. L’infirmier
souligne le fait que la première réfection de pansement complexe chez un patient sera
déterminante dans la représentation qu’il en gardera. Ceci explique l’attention qu’il porte au
patient et à son accompagnement lors de ce soin. Il dit que « les patients lui donnent des
pistes (…), ce sont ces choses-là qui sont très enrichissantes ». Nous relevons qu’il prend en
compte le besoin du patient et sa demande. Il révèle aussi que la relation se vit comme un
bénéfice réciproque. Ces éléments sont les prémices de l’alliance thérapeutique, que l’on
peut définir comme étant une relation de confiance entre le patient et le soignant.
Lorsque nous avons évoqué le sujet de la douleur, les soignants nous ont répondu
qu’elle n’était « pas forcément » associée aux pansements complexes. Mathieu, dont le
modèle de santé correspondrait plus au modèle bio-psycho-social, met en avant la douleur
morale qui serait prédominante par rapport à la douleur physique. Selon lui, cela vient de la
durée de réfection du pansement et de cicatrisation de la plaie. Nous constatons qu’il relève
principalement l’aspect émotionnel de la douleur. Par conséquent, sa représentation de la
douleur durant ce soin semble l’amener à prendre en considération plus particulièrement
l’aspect relationnel, ce qui est encore en adéquation avec sa réflexion professionnelle.
Sophie, quant à elle, explique que la douleur peut être palliée par l’anticipation
médicamenteuse. Nous remarquons que sa représentation de la gestion de la douleur,
relative au pansement complexe, implique une anticipation, et donc une organisation du
professionnel de santé, nécessaire à un soin de qualité. Aux vues de ces éléments, nous
constatons que son approche correspond davantage à un modèle de la santé biomédical.
Dans ce contexte, la gestion de la douleur correspondrait alors plus à un rapport de
causalité, c’est-à-dire à une suite d’événements prévisibles (en raison de l’action chimique
du médicament) débouchant à un résultat attendu : le patient n’a pas de douleur durant le
soin.
Le soin relationnel
Concernant le soin relationnel, Mathieu a exposé son point de vue de façon
spontanée, il semble à l’aise avec nos questions. Il exprime les idées « d’écoute »,
« d’adaptation », de « réassurance » et de « respect ». Nous notons que les termes
choisis reflètent là encore l’attention qu’il porte à l’alliance thérapeutique ainsi que ses
compétences relationnelles. Le plus important pour lui est d’être à l’écoute, il ne dissocie pas
le temps nécessaire au soin relationnel et au pansement complexe. En effet, il dit « le
relationnel continue même après le pansement parce qu’il y a toujours un avant, un pendant
et un après ». Nous notons que pour lui, le soin relationnel est présent à chaque étape du
21
soin, il lui permet de rester vigilant à l’aspect émotionnel induit par le soin que ce soit avant
(les appréhensions), pendant (la douleur psychique), et après (les ressentis et vécus). Il
exprime également : « Je ne suis pas sûr que ça soit quelque chose qui s’enseigne. On nous
donne des bases, on nous dit un peu le comportement que l’on doit avoir mais c’est quelque
chose que l’on doit avoir normalement. ». Mathieu fait un parallèle entre ce que l’on attend
d’un “bon infirmier“ et ce qu’un individu peut apporter, avec sa personnalité, ses valeurs et
ses qualités, à sa pratique professionnelle quotidienne. Pour lui, ce que l’individu est (c’est-àdire pas seulement en tant que soignant mais en tant que personne) prime sur ce que l’on
attend qu’il soit. En quelque sorte, il souligne la prédominance de ce que l’on est en tant
qu’individu par rapport à ce que l’on est en tant que professionnel. Selon lui, un soignant
solliciterait donc plus ses valeurs personnelles que ses acquisitions durant sa formation ou
sa carrière.
Après un temps d’hésitation et de réflexion, Sophie est moins à l’aise que pour la
définition du pansement complexe. Elle se montre très critique envers les réponses qu’elle
apporte à ce sujet : « Vous n’osez pas dire en fait que c’est nul ce que je dis ». Malgré ses
difficultés, elle dit : « j’ai fait 4 pour l’autre (elle parle ici de mots clés), je vais réussir à faire 4
ici », la soignante parvient à exprimer 4 mots clés : « patience », « écoute », « temps » et
« confiance ». Ce dernier terme étant pour elle le plus important. Le temps a une dimension
de permanence, de continuité. Sa représentation du soin relationnel semble correspondre
davantage à la définition d’une qualité relationnelle dans sa pratique professionnelle. Elle
argumente sa définition par le fait que le soin relationnel correspond au « contact qu’on a
avec le patient tout lors de l’hospitalisation ». Ce qui ne serait alors pas précisément une
technique de soin mais plutôt une attitude adaptée visant à établir un lien de confiance avec
les patients. Elle exprime : « on m’en avait parlé en cours », « en stage (…) les infirmières
avaient quand même pas mal de notions là-dessus », « c’était pas inconnu ». Nous
remarquons que le champ lexical utilisé renvoie à une tierce personne. Nous nous
questionnons alors sur ce point : ce mécanisme peut-il être interprété comme étant une
forme de distanciation? Où l’infirmière se situe-t-elle réellement vis-à-vis de ce soin ? Elle
définit la relation plus par une attitude, une conduite impliquant des valeurs morales que par
une implication dans l’alliance thérapeutique.
Ses hésitations et remises en questions, l’origine de ses connaissances au sujet du
soin relationnel, la définition qu’elle en apporte ainsi que la façon dont elle l’utilise, sont
autant d’éléments qui révèlent un aspect flou, diffus et informel.
Freins et facteurs favorisants à l’articulation des soins relationnel et
technique
Mathieu avance le fait que dans l’établissement où il exerce, l’accès à la formation est
très compliqué. En effet, depuis 7 ans, il n’a pu participer qu’à une seule formation (sur les
22
soins palliatifs). Quant à Sophie, elle a pu bénéficier de deux formations depuis le début de
son exercice, l’une sur les stomies et l’autre sur les pansements, elle s’est également inscrite
à une formation sur les soins palliatifs. Ce que l’on peut relever, c’est que, lorsque l’on
aborde le sujet de la formation sur les soins relationnels, Sophie aborde la formation
concernant l’accompagnement de fin de vie. Bien que ces prises en soin soient présentes
dans tous les services, elles concernent toutefois une minorité de patients. Elle explique ce
choix de formation par ses difficultés face à des situations précises : l’accompagnement de
fin de vie et la prise en soin de personnes de son âge. Elle décrit un besoin de se former en
priorité sur l’aspect technique de sa profession afin d’être plus à l’aise sur ce point et de
pouvoir être plus disponible pour le soin relationnel. On note ici qu’elle a conscience que le
manque de dextérité et/ou d’expérience peut être un frein à la mise en place d’une alliance
thérapeutique efficace avec les patients. Par conséquent, on peut supposer que
l’appropriation d’un soin (dans sa dimension complexe) consiste en l’acquisition de savoirfaire autant que de savoir-être. C’est-à-dire d’être en capacité de dépasser ses
représentations d’un soin technique, autrement dit potentiellement compliqué, afin d’accéder
à la dimension complexe du soin en intégrant l’aspect relationnel. On peut également se
demander si le besoin de formation continue est ressenti comme un moyen de se rassurer
sur sa pratique et de prendre confiance en soi. De plus, l’apprentissage et la consolidation
de savoirs permettent d’acquérir de l’expérience et d’évoluer dans sa pratique
professionnelle.
Nous avons expliqué précédemment que Sophie avait choisi la chirurgie pour son
aspect « carré » et objectivable qui lui donne la possibilité d’évaluer son travail sur la base
de résultats concrets et facilement quantifiables (en lien avec un modèle de santé
biomédical). On peut alors supposer que cette nécessité de rationalisation a pu être mise en
place - de façon consciente ou non - dans le but de ne pas se mettre en difficulté. En effet,
isoler un des aspects de la complexité du soin lui permettrait une meilleure efficacité. De
plus, son besoin d’être rassurée (dans sa pratique professionnelle comme durant l’entretien)
peut révéler une posture professionnelle qui semble toujours en construction et donc
incertaine et fragile. On peut comprendre que se focaliser sur un aspect du soin, permettrait
de fournir un travail de meilleure qualité que si l’on s’était laissé distraire ou déstabiliser par
une technique (relationnelle ou non) que l’on ne pense pas maîtriser. Sophie semble en avoir
conscience car son parcours de formation professionnelle et son discours tendent à le
confirmer. Elle exprime à ce sujet avoir eu besoin de se former à la réfection de pansement
afin de se rendre plus disponible pour le soin relationnel. Dans ce contexte, on peut alors
parler de mécanisme de défense instauré par anticipation. Autrement dit, elle devancerait les
difficultés qu’elle pourrait rencontrer afin de se laisser le temps d’évoluer dans son
cheminement professionnel. En regard de ces éléments, on peut s’interroger sur la façon
dont ils influencent sa représentation de la relation soignant-soigné et sur la place qu’elle
23
accorde à chacun de ces aspects dans sa pratique professionnelle. Nous pouvons
également supposer que son expérience précédente (deux années de faculté de médecine)
peut avoir influencé ses représentations. Ainsi, elle adopterait plutôt le modèle biomédical
majoritairement enseigné dans ce système de formation, ce qui pourrait représenter un frein
au soin relationnel. A contrario, Mathieu a intégré la formation en soins infirmiers après
l’obtention de son baccalauréat, et n’a donc reçu lors de son enseignement que le modèle
bio-psycho-social enseigné à l’IFSI, lui permettant ainsi de prendre en soin le patient dans sa
complexité. Toutefois, dans ses propos, Sophie nous fait ressentir l’idée d’un « idéal
infirmier » en rapportant : « on est dans un métier où de toute façon, je pense qu’il faut avoir
un bon relationnel (…), et j’espère que (…), c’est pas oublié par les (…) soignants, mais
j’pense pas ». Cela nous laisse entrevoir son besoin de renvoyer une image du modèle biopsycho-social afin de correspondre à sa représentation d’un « bon soignant ». On peut donc
lire ici un besoin conscient d’évolution pour correspondre à ce modèle. Même s’il s’agit
encore une fois d’une représentation, cela traduit une volonté de bien faire et un
objectif étroitement lié au bien-être des patients. Au sujet de la représentation d’une “bonne“
pratique infirmière, Sophie exprime également la notion de devoir, elle dit : « même si on sait
que faut faire comme ça, que le patient il soit pris en charge dans sa globalité, quand t’es
jeune DE t’as beau faire ce que tu veux (…), au début (…), tu te concentres sur la
technique ». Ce discours vient expliquer son besoin de formation technique à l’aube de sa
carrière professionnelle. Cela suppose une idée de paliers auxquels il faudrait accéder dans
un ordre prédéfini et qui placerait le soin relationnel comme étant moins accessible que le
soin technique.
Au sujet des freins potentiels au soin relationnel, les deux soignants évoquent le
temps mais ne le mentionnent pas de la même manière. Pour Mathieu, prendre le temps
pour le soin relationnel est indispensable, dans la mesure où cela « fait partie intégrante du
métier ». Il trouve cela inconcevable de ne pas prendre ce temps, et de ne pas considérer le
soin relationnel au même titre que la pratique d’actes techniques : « je ne cautionne même
pas qu’on puisse ne pas le prendre… ». Ce temps avec et pour le patient est donc tout
naturellement pris en compte dans son organisation de travail. Il ne l’exprime pas en tant que
contrainte mais plutôt en tant qu’outil de travail : il utilise du temps pour des soins
relationnels et ce n’est pas le temps qui lui impose ou non le soin relationnel. Sophie, quant
à elle avance le fait de devoir se dégager du temps pour faire du soin relationnel avec les
patients qu’elle prend en soin : « je pense (que) le temps quand même va favoriser (le soin
relationnel) ». Elle exprime ici une dimension de contrainte potentielle qui serait liée à
l’organisation du service, du soignant et/ou à la charge de travail.
Les freins et facteurs favorisants sont étroitement intriqués. En effet, ils peuvent être
perçus différemment selon les représentations de chacun.
PROBLEMATIQUE
25
PROBLEMATIQUE
Voici un rappel de notre question de départ :
« Au sein d’un service de chirurgie adulte, en quoi les représentations d’un soin
technique, de type pansement complexe, peuvent-elles influencer le soin relationnel ? »
En regard de notre questionnement de départ et grâce à l’analyse, nous avons pu
ajouter la dimension de conception du soin à la notion de représentation. Les
représentations peuvent être un frein, un objectif (par exemple : l’image du “bon infirmier“
renvoyée par Sophie) ou une aide dans la pratique infirmière. Il semble inévitable que tout
soignant ait ses propres représentations. Elles peuvent alors soit perdurer, soit être
confrontées aux valeurs et aux pratiques du soignant afin de les faire évoluer ou de s’en
distancer. Il semblerait que Mathieu ait réellement intégré les principes portés par ces
représentations lorsqu’il a été capable de se détacher de certaines d’entre elles et d’en
conceptualiser d’autres. C’est-à-dire de se les approprier afin de leur donner une dimension
plus adaptée à ses valeurs. Nous pouvons présupposer que le passage de la
représentation à la conception du soin est à la fois une étape nécessaire et un facteur
facilitant une gestion efficiente de la complexité du soin. Nous entendons par là que
cela rend l’articulation entre soin relationnel et soin technique plus aisée.
Par conséquent, nous pouvons présumer que les représentations d’un soin technique
pourraient être un frein au soin relationnel mais qu’elles sont utiles à la construction d’une
conception de soin adaptée au soignant. Cette conception semble être le point de rencontre
entre les valeurs du soignant et la façon dont il administre un soin technique. Ce processus
pourrait alors être un déterminant de l’élaboration et de l’évolution de postures
professionnelles.
CONCLUSION
27
CONCLUSION
Comme explicité dans l’introduction, ce travail a été initié par nos valeurs respectives
et communes. Au vue de la problématique il se conclut sur cette même thématique. Il nous
semble important d’ancrer ces réflexions à l’étape où nous nous situons : celle de la
professionnalisation. Cette période charnière où débute notre parcours professionnel semble
primordiale quant à la construction de notre posture professionnelle. Nos repères d’étudiants
vont s’estomper peu à peu lorsque nous prendrons nos postes et nos représentations
risquent, par conséquent, d’être soit modifiées soit confortées. Quoi qu’il en soit, nous avons
le sentiment que ce TFE a été une belle façon de conclure ces années riches en
apprentissages et en expériences. Nous garderons ces réflexions en tête et les utiliserons à
bon escient pour nos cheminements personnels et professionnels. En effet, avoir conscience
que nos représentations ne sont pas figées nous permettra peut-être une meilleure
compréhension des diverses dynamiques individuelles au sein d’une équipe pluridisciplinaire
et de faciliter une bonne intégration. Cela nous aidera peut-être également à parvenir à un
meilleur encadrement d’étudiants et bien sûr à une meilleure prise en soin des patients.
BIBLIOGRAPHIE
29
BIBLIOGRAPHIE
1. Recueil des principaux textes relatifs à la formation préparant au diplôme d'Etat et
à l'exercice de la profession. Profession infirmier. Berger Levrault, 2011, 203p.
2.
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En
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Disponible
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www.larousse.fr/dictionnaires/francais/soins/73237 (Consulté le 12/05/2014)
3. HESBEEN Walter. Prendre soin à l’hôpital. Paris: Masson, 2004, 195p.
4. Ministère des Affaires Sociales et de la Santé. Le site santé du Ministère des
Affaires
sociales
et
de
la
Santé
[en
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Disponible
sur :
http://www.sante.gouv.fr/infirmier,10821.html. (Consulté le 20/05/2014)
5. Le Petit Larousse illustré 2001. Paris: Larousse/HER, 2000, 1786p.
6. ROUAT Christophe. Soin : Le prendre et le refuser. Travail de Fin d’Etudes pour
l’obtention du Diplôme d’Etat d’Infirmier. Etampes: IFSI, 2011, 34p.
7. ONSIL. Organisation Nationale des Syndicats d’Infirmiers Libéraux [en ligne].
Disponible sur : http://www.onsil.fr/fr/l-exercice-liberal/nomenclature/chapitre-soins-pratiquecourante/article-3-pansements-lourds-complexes.html. (Consulté le 19/05/2014)
8. Soins infirmiers en médecine et chirurgie 1-Généralités 4ème édition, SMELTZER
Suzanne, BARE Brenda, BRUNNER Lilian Sholtis, SUDDARTH Doris Smith, De Boeck,
2006, 656p.
9. Le Petit Robert 2014. Paris : Le Robert, 2014, 2838p.
10. http://www.etudier.com/dissertations/Soin-Relationnel/282508.html, (Consulté le
15/4/2014)
11. HAZEN Constance. Soins. Issy-les-Moulineaux : Elsevier Masson, 2013, 124p.
12. http://www.cerfasy.ch/cours_modbmbps.php, (Consulté le 18/05/2014)
13. DECHANOZ Geneviève, LEPESQUIEUX Maryvonne, MAGNON René, Soins
relationnels, Dictionnaire des Soins Infirmiers. Lyon : AMIEC Recherche, 2000.
14. ARGENTY Jean. Soins relationnels ou relation de soin ? Soins, décembre 2003,
n°681, pp. 34-36.
15.
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ligne.
Disponible
sur
http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/repr%C3%A9sentation/68483?q=repr%C3%A9s
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16. DURKHEIM Emile, Les formes élémentaires de la vie religieuse, Paris, Le livre de
poche, 1991.
17. MOSCOVICI Serge, La psychanalyse, son image et son public, 1961, p. 39.
30
18. ABRIC Jean Claude « Pratiques sociales et représentations », Ed Puf, 1994, p.
64.
19. JODELET Denise. Les représentations sociales. Paris, P.U.F. 1991. p. 53.
20. REVILLOT Jean-Marie. La relation éducative en santé : processus d’altérité entre
le soignant et le patient hospitalisé. Thèse de doctorat. Aix en Provence : Université d’AixMarseille I, 2006, 350p.
ANNEXES
32
Annexe n°1 : Trame d’entretien
1) A votre sujet
➢ Votre sexe : homme / femme ?
➢ Quel est votre âge ?
➢ Depuis combien de temps êtes-vous diplômé ?
➢ Depuis combien de temps exercez-vous dans ce service ?
➢ Ce service était-il un choix personnel ?

Si oui, expliquez pourquoi ce choix ?
➢ Avez-vous connu d'autres expériences professionnelles avant votre métier
d'infirmier ?

Si oui, précisez...
➢ Avez-vous exercé au sein d'autres services ?

Si oui, lesquels ?
2) Les pansements.. .
➢ Pour vous, qu'est-ce qu'un pansement complexe ?
➢ Quelle est la fréquence hebdomadaire de tels pansements au sein du
service ?
➢ Si vous deviez donner 4 mots clés qui, selon vous résumeraient le
pansement complexe, quels seraient-ils ?
➢ De quelle façon vous y prenez-vous pour la réalisation d'un pansement
complexe ?

Mettez-vous en place des choses particulières ?
➢ Vous arrive-t-il que les patients concernés abordent de tels soins avec
vous ?

Si oui, qu'abordent-ils et de quelle façon ?
➢ Selon vous, un pansement complexe est-il forcément associé à de la
douleur ?

Si oui, pourquoi ?
➢ Par rapport au début de votre carrière, votre représentation du pansement
complexe a-t-elle changée ?
33

Si oui, pouvez-vous préciser ce qui a pu entraîner ces
changements?
3) Le soin relationnel.. .
➢ Selon vous, qu'est-ce que le soin relationnel ?
➢ Qu'est-ce qui, selon vous est le plus important dans le soin relationnel ?
➢ Si vous deviez retenir 4 mots clés qui caractérisent ce terme, quels
seraient-ils ?
➢ Le concept de soin relationnel est-il un concept récent pour vous ? Vous at-il été enseigné au cours de votre formation initiale ?
➢ A quels moments l'utilisez-vous ?
➢ Pour vous, est-il nécessaire de le prévoir, de le penser pour pouvoir
l'appliquer ?
➢ Le soin relationnel vous paraît-il compliqué ?

Si oui, pouvez-vous nous dire ce qui vous paraît compliqué ?
➢ Pensez-vous qu'il faille du temps pour pouvoir faire du soin relationnel ?
➢ Quand vous abordez un pansement complexe, à quel moment le soin
relationnel intervient-il?
4) Freins et facteurs favorisants...
➢ Avez-vous fait des formations continues sur le soin relationnel ?

Si oui, lesquelles ? Et étaient-elles nombreuses ?

Si non, pourquoi ?
➢ Avez-vous fait des formations continues sur les pansements complexes ?

Si oui, lesquelles ? Et étaient-elles nombreuses ?

Si non, pourquoi ?
➢ Pensez-vous avoir suffisamment de formations continues dans ces 2
domaines ?
➢ Selon vous, existe-t-il des freins au soin relationnel ?

Si oui, quels sont-ils ?
➢ Selon vous, existe-t-il des facteurs favorisants au soin relationnel ?

Si oui, pouvez-vous nous les citer ?
34
➢ Auriez-vous des propositions d'amélioration à mettre en place dans votre
pratique ?

Concernant le soin relationnel ?

Concernant les pansements complexes ?
Nous vous remercions pour le temps que vous nous avez consacré.
Vos réponses vont nous permettre de nous apporter des éléments de réponse sur les
approches du soin technique et du soin relationnel ainsi que leurs interactions.
35
Annexe n°2 : Tableau d’exploitation des entretiens
LUI
ELLE
PERSONNALITE
Age
32 ans.
25 ans.
Diplômé depuis
7 ans.
2 ans.
Intérim
autre
Autres services
dans
région
une
Pool de chirurgie (3
(orthopédie, services effectués).
SSR, pneumo, cardio+unité
de soins intensifs) durant 1
an.
En
partie,
car
le
Voulait un poste en
service comporte un secteur chirurgie,
de
soins
intensifs
car
c’est
qui domaine « carré »,
un
où le
l’intéresse, et l’intermédiaire résultat est visible.
Choix personnel
Proposition
entre un service de chirurgie
d’emploi
conventionnel et un service au Pool de chirurgie plutôt
qu’un service fixe, car trouve
de soins intensifs.
intéressant
de
pouvoir
changer de service.
Petits jobs d’été, rien
Non. Mais 2 années
d’études en université de
de concret.
médecine
Expériences précédentes
entre
le
baccalauréat et l’entrée en
IFSI, dans le but de réaliser
des études de maïeutique.
PANSEMENTS
Difficulté
à
définir,
Difficulté
à
définir,
beaucoup de réflexion et de hésitations, appréhension de
temps de silence.
Définition
Pansement
protocole,
avec
mal répondre.
hors
des qu’une
Pansement
plaie
autre
chirurgicale
prescriptions plus ciblées et simple. Ex : avec ablation
plus spécifiques, qui sortent d’agrafes,
ou
tout
de l’ordinaire par rapport à autre qu’une détersion.
geste
36
un cycle bétadiné simple,
soit un pansement simple.
Ex :
d’escarre,
pansement
ulcères,
soins
sous Kalinox®.
Hors
4 mots clés définissant le
pansement complexe
protocole,
technique,
Hésitations,
asepsie beaucoup de réflexion.
rigoureuse.
Temps (plutôt long),
technique,
douleur,
organisation.
Variable
Quotidien.
Fréquence du soin
selon
service : de jamais à 2 fois
par jour.
Intégrer le protocole
Se renseigner sur la
et le cheminement du soin plaie, le matériel nécessaire,
quel que soit le type de antalgiques
pansement,
s’adapter
à
à (morphiniques,
chaque patient (faire du cas organisation
prévoir
Kalinox®),
du
soin
par cas), prioriser le soin afin (s’installer dans la chambre
Réalisation du pansement
complexe
que le patient soit dans les avec le patient, anticiper le
meilleures
conditions temps
nécessaire
à
la
possibles, prévenir le patient. réalisation du soin).
Ces mesures permettent de
diminuer l’anxiété liée au
soin.
Importance
l’organisation
de
(propreté,
visites, soins de nursing…).
Anxiété,
appréhension
Réflexion.
liée
à
la
Appréhension
avant
douleur, notamment lors du le pansement en lien avec la
Evocations du soin par les
patients
douleur qu’il peut engendrer.
premier pansement.
Réaction
chaque patient.
propre
à
Ex :
vasculaires,
plaies
pansement
Le patient peut aussi après amputation : image de
guider le soignant de par son soi.
37
expérience. Cela peut être
enrichissant pour le soignant
Non, pas forcément.
La
douleur
physique
Association du soin à de la
douleur
peut
Pas forcément, car
être des
traitements
doivent
aussi l’éviter.
mais
principalement morale.
Souffrance
morale
dans les pansements longs
dans leur réalisation et dans
la cicatrisation.
En tant que jeune
Forcément. Au début,
DE, l’attention était motivée après l’obtention du DE, la
par une peur de mal faire. technique prend le dessus,
Aujourd’hui, le pansement le patient est secondaire. La
complexe est abordé comme prise en charge est moins
un pansement simple.
globale, même si conscience
que ce n’est pas l’idéal.
Changement de
L’expérience permet
représentation au fil de la
de plus se concentrer sur le
carrière
patient et un peu moins sur
le pansement.
Facteurs
facilitant :
dextérité,
connaissances,
anticipation
des
réactions
des patients selon le soin à
réaliser, plus d’habitudes.
Réponse
SOIN RELATIONNEL
spontanée
et authentique, semble à
l’aise avec nos questions.
Etre à l’écoute du
On le retrouve dans
patient pour connaître son tous les soins, nursing, lors
Définition
état d’esprit.
Le
« analyser »
d’un simple passage dans la
soignant
l’attitude
doit chambre, tout au long de
du l’hospitalisation.
patient.
Qu’est ce qui est le plus
L’écoute.
Hésitante, réflexion :
38
important pour vous
une relation de confiance
doit s’installer entre patient
et soignant.
Ecoute,
adaptation,
réassurance, respect.
Réflexion, voix basse,
semble mal à l’aise, difficulté
à
trouver
4
s’impose
malgré
mots,
de
les
notre
mais
trouver
autorisation
d’en donner moins, afin de
ne pas donner l’impression
4 mots définissant le soin
de
relationnel
minimiser
le
soin
relationnel par rapport au
soin
technique
(peur
du
jugement ?).
Patience, écoute.
Puis après réflexion :
confiance, temps.
Reste vague dans sa
Non.
Ce n’est pas un soin réponse, comme s’il était
qui s’enseigne, on peut avoir important pour elle d’avoir
des bases, mais il s’agit une
Ancienneté du concept
réponse
qui
nous
d’une faculté innée que tout « plaise ».
soignant doit posséder avant
Concept
enseigné
son entrée en formation. durant sa formation, aussi
« On ne devient pas infirmier bien à l’IFSI qu’en stage, où
par hasard ».
les
professionnels
abordaient la notion.
En permanence, de
façon naturelle.
Semble en difficulté,
réponse
paraît
rapide
pas
confond
Quand est-il utilisé ?
relationnel
mais
adaptée,
qualités
et
ne
car
de
soin
relationnel.
Tout le temps : dès le
moment où l’on se présente
au
patient,
jusqu’à
son
départ, tout au long de son
39
hospitalisation.
Si le soignant n’a pas
un bon relationnel avec le
patient, il ne peut pas être
dans le soin.
Non, il s’agit d’un soin
Prévision du soin avant
tout à fait naturel.
son application
Non, il s’agit d’une
attitude
naturelle.
normal
dans
Il
ce
est
métier
d’avoir un bon relationnel.
Non, l’empathie est
Complexité du soin
relationnel
une
qualité
dont
Répond rapidement :
tout Non.
soignant doit faire preuve.
Puis
hésitations
et
précise sa réponse : difficulté
avec les patients de son âge.
Oui, cela demande
Rapidement : Non.
du temps, et il est forcément
Puis ajoute : selon les
inclus dans l’organisation du services, il est difficile de
travail de l’infirmier.
prendre du temps pour faire
du soin relationnel, le temps
est précieux.
Se rend compte que
Temps pour le soin
sa
relationnel
réponse
interprétée
négligence
peut
comme
être
de
vis-à-vis
la
des
patients, semble rechercher
une réponse « juste », « qui
plaise »,
cherche
nos
regards, donne l’impression
d’analyser nos réactions.
Le
soin
relationnel
Le
soin
relationnel
intervient avant, pendant et intervient dès le début du
après le soin de pansement soin (explication du déroulé
Confrontation pansement
complexe.
complexe/soin relationnel
Ex : avant : prévenir
et préparer le patient.
Pendant : s’adapter à
du soin).
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ses réactions et ses besoins.
Après : ressenti pour
réajustements futurs.
FREINS ET FACTEURS
FAVORISANTS
Non, elles ne sont
Non, mais elle a fait
pas proposées dans son une
établissement.
formation
sur
les
pansements, ce qui lui a
Les formations sont apporté
des compétences
en décalage de 2 à 3 ans par dans la technique, ce qui l’a
également aidé pour aborder
rapport aux demandes.
Formations continues sur
le soin relationnel
être le soin relationnel. Elle dit se
intérimaire n’inclut pas l’IDE sentir plus à l’aise dans le
depuis
cette
dans les structures, il n’est relationnel
De
donc
pas
plus,
invité
aux formation.
Demande
formations.
une
formation avec les patients
en fin de vie, car se sent
dépourvue face à ce type de
patients.
Non, elles ont lieu
Oui,
une fois tous les 2 ans, et stomies
Formations continues sur
les pansements complexes
2:
et
sur
sur
les
les
seuls 2 soignants peuvent pansements.
s’y inscrire. De plus, les
formations
les
plus
intéressantes sont les plus
demandées.
Non.
On peut toujours en
avoir plus, on a toujours
besoin d’apprendre au cours
Suffisance de formations
de sa carrière.
continues dans ces 2
Est demandeuse de
domaines
formation, elle en a 2 par an
mais ne serait pas gênée
d’en faire 4 ou 5.
Freins au soin relationnel
Pas de freins, le soin
Difficultés
avec
les
41
relationnel
fait
partie patients du même âge et
intégrante du métier, il est ceux évoquant la mort.
inconcevable
de
ne
pas
prendre ce temps, quitte à
finir sa journée de travail
plus tard.
C’est
un
investissement personnel.
Long
temps
de
réflexion.
Facteurs favorisants au
Le
soin relationnel
temps consacré
au patient : plus il sera long
plus le soin relationnel sera
présent.
Non,
proposition,
pas
mais
La douleur n’est pas
de
il
est encore suffisamment prise
important d’avoir conscience en compte.
Propositions
d’améliorations
concernant le soin
relationnel
de ses limites, et que l’on
Prendre
peut passer le relais à un temps
(ex :
collègue, le métier étant un l’efficacité
véritable travail d’équipe.
Parle
au
nom
antalgique
d’un
plus
de
attente
de
traitement
avant
de réalisation du soin).
l’équipe et non de façon
personnel « je ».
Propositions
d’améliorations
concernant le pansement
complexe
Pas de réponse.
Pas de réponse.
la
L’articulation
du
soin
technique
et
du
soin
relationnel,
une
histoire
de
représentations…
Le soin infirmier est un ensemble de soins techniques et de soins relationnels
indissociables dans la prise en soin du patient. Certains soins techniques complexes
peuvent rendre cette articulation difficile. Le but de ce travail est de montrer en quoi les
représentations du soin technique par les infirmiers, en service de chirurgie, influent sur le
soin relationnel.
La recherche se base sur des entretiens semi-directifs auprès d’infirmiers de
différents services de chirurgie. L’analyse de ces entretiens et l’apport conceptuel montrent
que les représentations du soin sont à la fois freins et/ou facteurs favorisants selon le
soignant.
En conclusion, les représentations ne sont pas figées et peuvent évoluer. Il est
possible que certains facteurs tels que l’expérience et les valeurs du soignant permettent de
dépasser ses représentations en les menant vers une conceptualisation du soin.
Focus on the connection between technical and relational care and the different ways
of mentally visualizing it…
The “nurse” care comprises at the same time technical and relational care which can’t
be separated in the treatment of the patient.
Technical care is sometimes so complex that it can influence relational care and
combining them can be difficult. The aim of this work is to show how nurses who work in a
surgical service picture technical care and how it can influence relational care.
Research is based on interviews – mainly open questions - with nurses from different
surgical services. The analysis of these interviews compared with the existing theories about
the subject proves that the way nurses visualize care can either be seen as an obstacle or an
easing factor, depending on nurses.
To conclude, the way nurses visualize care is not still and can evolve. Some factors
such as the nurses’ experience and personal values can allow them to go over these pictures
and so nurses can improve their treatment.
Mots clés : soin technique, soin relationnel, représentation, conceptualisation.

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