L`ARTICULATION DU SOIN TECHNIQUE ET DU SOIN
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L`ARTICULATION DU SOIN TECHNIQUE ET DU SOIN
Institut de Formation de Professions de Santé Formation infirmière 44 chemin du Sanatorium 25030 BESANCON CEDEX L’ARTICULATION DU SOIN TECHNIQUE ET DU SOIN RELATIONNEL, UNE HISTOIRE DE REPRESENTATIONS… UE 3.4 : Initiation à la démarche de recherche UE 5.6 : Analyse de la qualité et traitement des données scientifiques UE 6.2 : Anglais rédaction de l’abstract du travail de fin d’études Présenté par : BONVALOT Marie-Charlotte BRUN Jonathan GAVIGNET Stéphanie GENESTIER Baptiste Promotion 2011 / 2014 Formatrice de guidance JUNG Danièle Nous tenons à remercier : Madame Danièle JUNG, notre formatrice de guidance, pour nous avoir conseillé de façon pertinente lors de cette initiation à la recherche, Monsieur Jean-Marie REVILLOT, pour avoir su nous accompagner avec prévenance dans les différentes étapes de ce travail, Nos futurs collègues pour nous avoir consacré un temps précieux qui nous a permis d’étayer notre recherche, ce serait avec plaisir que nous travaillerions à leurs côtés, Nos familles et amis pour leur soutien durant ces trois années de formation, Enfin, ce travail de fin d’études nous a permis, pour certains, de se retrouver, et pour d’autres de se rencontrer. Au gré de nos rencontres et moments d’échanges, une véritable équipe s’est créée et nous avons pu enrichir nos connaissances sur un thème important à nos yeux et en accord avec nos valeurs. Merci pour l’investissement et la bonne humeur de chacun des membres du groupe ! SOMMAIRE Introduction ............................................................................................................................ 2 Situation d’appel .................................................................................................................... 4 Questionnement .................................................................................................................... 7 Question de départ ................................................................................................................ 7 Cadre conceptuel................................................................................................................... 9 Soin ................................................................................................................................ 9 Soin technique ................................................................................................................ 9 Soin relationnel ............................................................................................................. 11 Représentation ............................................................................................................. 12 Exploration ........................................................................................................................... 16 Détail de l’outil méthodologique .................................................................................... 16 Analyse ................................................................................................................................ 18 Association du soin relationnel et du soin technique ..................................................... 18 Les pansements complexes ......................................................................................... 19 Le soin relationnel......................................................................................................... 20 Freins et facteurs favorisants à l’articulation des soins relationnel et technique ............ 21 Problématique...................................................................................................................... 25 Conclusion ........................................................................................................................... 27 Bibliographie ........................................................................................................................ 29 Annexe n°1 : Trame d’entretien ........................................................................................... 32 Annexe n°2 : Tableau d’exploitation des entretiens.............................................................. 35 INTRODUCTION 2 INTRODUCTION Au cours de notre formation, nous nous sommes tous imaginés quels soignants nous voudrions être. Au sein de notre groupe, nous avons quatre projets professionnels différents mais nos interpellations se rejoignent. En effet, notre réflexion individuelle ainsi que notre intérêt et notre attention à l’égard du soin relationnel ont été de réels points de rencontre. Cela s’est notamment ressenti dans chacune de nos situations d’appel et s’est révélé être pour nous une évidence et une envie commune de pouvoir chercher des réponses à nos interrogations. Nos réflexions autour du soin relationnel - vaste sujet régulièrement traité dans les ouvrages professionnels et au cours de la formation initiale – nous ont amenés à nous questionner sur notre identité professionnelle et à réfléchir sur notre pratique actuelle et future. Bien que futurs diplômés, il nous reste de nombreuses compétences à élargir, de technicités à développer et d’expériences à vivre dans les multiples domaines du soin. Au travers des différents stages, nos représentations du métier, des différentes spécialités et du soin ont évoluées. Et ce qui, au début de notre formation semblait évident, a pu se modifier dans nos esprits. Ceux qui ne voyaient que l’aspect technique du métier ont appréhendé le relationnel afin de pouvoir améliorer leur prise en soin du patient et, a contrario, ceux qui pensaient ne voir que l’aspect relationnel, se sont aperçus de l’utilité de la maîtrise du technique pour le bien-être de la personne soignée. Voici pourquoi ce mémoire traite de ce sujet. Tout d’abord, nous développerons le concept de soin, incluant le soin technique et le soin relationnel puis le concept de représentation. Ensuite, à partir de deux entretiens réalisés auprès de professionnels infirmiers pour tenter de repérer l’articulation entre le soin technique et le relationnel, nous analyserons les données recueillies pour étayer notre problématique de recherche. Par ce travail, nous vous invitons à partager nos réflexions et notre questionnement et pourquoi pas, à en soulever de nouveaux. Nous vous souhaitons une agréable lecture. SITUATION D’APPEL 4 SITUATION D’APPEL Lors de notre première rencontre, nous avons pu exposer aux membres du groupe nos situations d’appel respectives. Après plusieurs discussions autour de celles-ci, notre choix s’est unanimement orienté vers celle que nous présentons ci-dessous. En effet, elle nous a conduits à nous interroger sur la manière d’appréhender notre future profession, ainsi que sur l’ensemble des dimensions du soin. La situation d’appel retenue est une réfection de pansement complexe de type VAC® (Vacuum Assisted Closure : pansement hermétique par pression négative) effectué sous MEOPA (gaz analgésiant et relaxant : mélange équimolaire oxygène-protoxyde d'azote). Le soin se déroule dans un service de chirurgie, en début d’après-midi. La patiente est âgée de 37 ans, elle est à J1 de son admission à l’hôpital. Elle a été hospitalisée dans un contexte d’urgence suite à un accident domestique : son fils de 6 ans a démarré un tracteur, qui, en reculant, lui a écrasé les jambes. Cet événement a créé un fort sentiment de culpabilité chez elle. Le soin en question, d’une durée de trente minutes se fait sous MEOPA en raison de la douleur qu’il peut engendrer. Le service est en surcharge de travail ce jour, le soin est donc réalisé l’après-midi. L’infirmière est accompagnée d’un étudiant infirmier de troisième année qui découvre le soin pour la première fois. Il sera chargé de maintenir en place le masque du MEOPA (en effet, pour une efficacité optimale du médicament, il est nécessaire de garder une bonne étanchéité). L’infirmière et l’étudiant collaborent ensemble pour la première fois. L’IDE se présente à la patiente et l’informe qu’elle va refaire son pansement. Puis, tout en lui tournant le dos, elle lui explique succinctement qu’il s’agit d’un soin extrêmement douloureux et commence à préparer son matériel. L’étudiant se rapproche alors de la patiente : il se présente et lui demande son consentement quant à sa présence durant le soin. La patiente exprimant de l’appréhension, il tente de la rassurer par ses paroles. Une fois son matériel préparé, l’infirmière demande à l’étudiant de mettre en place le masque et elle commence le soin. La patiente manifeste son anxiété et verse quelques larmes, en exprimant sa souffrance de façon verbale et non verbale. En effet, elle se débat, crie, pleure, et tente d’enlever le masque en repoussant le bras de l’étudiant à plusieurs reprises. L’infirmière lui demande fermement de se calmer et de cesser ses plaintes. L’étudiant propose alors à la patiente de lui donner la main qu’elle saisit avec empressement et qu’elle serre fort jusqu'à la fin du soin. Quant à l’IDE, elle continue son soin avec des mouvements rapides et brusques. Le pansement ne se met pas en place correctement suite à une fuite d’air, l’infirmière exprime alors de l’agacement. Une fois le soin terminé, l’IDE range son matériel et sort de la chambre. L’ESI exprime alors à la patiente qu’il est désolé du déroulement douloureux du soin. Il lui propose d’en reparler mais elle décline la proposition 5 car elle se sent trop fatiguée à ce moment-là. Néanmoins, elle le remercie du soutien et de la présence rassurante qu’il lui a procurés. L’étudiant réinstalle la patiente et lui propose de se reposer avant de sortir à son tour. QUESTIONNEMENT, QUESTION DE DEPART 7 QUESTIONNEMENT Cette situation nous a permis de nous interroger sur l’organisation du soin, son influence possible sur sa qualité, sur son déroulement et sur le vécu de la patiente. Nous nous sommes alors demandés si la maîtrise de ce soin par la soignante et les représentations qu’elle en a, peuvent avoir un impact sur le vécu de la patiente. Et si, par ailleurs, d’éventuelles expériences de la patiente, ses conditions d’hospitalisation, son contexte familial et émotionnel, peuvent influencer ce vécu. Mais également, si l’absence d’expérience de ce type de soin peut influencer les représentations de la patiente. Nous nous sommes aussi demandés en quoi le contexte personnel, le discours du soignant et son attitude lors du soin vont avoir une incidence sur le vécu de la patiente. En d’autres termes, comment l’organisation, la maîtrise du soin et l’attitude du soignant peuvent impacter la perception de la patiente ? D’un point de vue technique, une autre question s’est posée : en quoi la durée d’un soin et sa technicité, peuvent-elles limiter le soin relationnel durant un soin potentiellement douloureux ? QUESTION DE DEPART Ainsi, après avoir mis en évidence des concepts qui nous semblent importants, nous avons déterminé notre question de départ : Au sein d’un service de chirurgie adulte, en quoi les représentations d’un soin technique, de type pansement complexe, peuvent-elles influencer le soin relationnel ? CADRE CONCEPTUEL 9 CADRE CONCEPTUEL Nous commençons par définir le concept de soins. Soin Le soin infirmier est défini par l’article R4311-2 du Code de la santé publique et précisé dans le référentiel d'activités relatif au diplôme d'Etat d'infirmier (Annexe 1 de l'arrêté du 31 juillet 2009), il est stipulé que « les soins infirmiers, préventifs, curatifs ou palliatifs, intègrent qualité technique et qualité des relations avec le malade ». [1, p.163] Le dictionnaire Larousse décrit le concept de soins comme des « actes de thérapeutiques qui visent à la santé de quelqu’un, de son corps » mais également comme étant des « actes par lesquels on veille au bien-être de quelqu’un » [2]. Le soin implique donc la réalisation d’actes mais ne s’arrête pas là. En effet, selon Hesbeen, docteur en santé publique et responsable pédagogique du GEFERS, le soin infirmier est « (…) composé d’une multitude d’actions qui sont surtout, malgré la place prise par les gestes techniques, une multitude de « petites choses » qui offrent la possibilité de témoigner d’une « grande attention » à la personne soignée et à ses proches (…) ». [3, p.45] On comprend donc que le soin infirmier est un ensemble alliant actes techniques mais également un ensemble d’éléments qui vise à améliorer la qualité du soin. Cependant ces « petites choses » ne sont pas forcément quantifiables et évaluables, même si elles sont essentielles à la prise en soin de la personne dans sa complexité. Selon Hesbeen, le soin infirmier n’est pas forcément compliqué mais il est toujours complexe dans le sens où il lie de nombreuses facettes [2]. En effet, l’auteur décrit le soin technique comme pouvant être compliqué du fait de l’importance du nombre de paramètres techniques et biologiques à maîtriser. En revanche, l’articulation entre le soin technique et le soin relationnel, dans tout contexte de soin, est quelque chose de complexe. C’est cet ensemble d’actes complexes qui définit le soin infirmier et qui, même si chaque pratique infirmière a ses spécificités, lui donne son unité. Le soin est donc un ensemble indissociable de technique et de relationnel. Soin technique Selon la fiche relative au métier d’infirmier, le ministère des affaires sociales décrit le soin technique par des actes tels que les pansements, les prélèvements, les prises de constantes ou encore les injections. [4] Le législateur, dans l’article R4311-2 du Code de la santé publique, liste l’ensemble des actes dont l’infirmier diplômé d’Etat est habilité à exercer. [1, p.164] Cependant, bien 10 qu’il évoque à plusieurs reprises le terme technique, il ne donne pas une définition réelle du soin technique. Selon le dictionnaire Le Petit Larousse illustré, le soin est une « attention, application portée à quelque chose ». [5, p.946] Dans ce même ouvrage, la technique « a trait à la pratique, au savoir-faire dans une activité, une discipline », elle « concerne les applications de la connaissance scientifique » ; c’est « l’ensemble des procédés et des méthodes d’un art, d’un métier, d’une industrie ». [5, p.994] Au cours de son travail de fin d’études, Rouat, infirmier, définit le soin technique comme « invariable » : après apprentissage et acquisition d’expérience, il devient systématique, maitrisé, sa technique est reproductible à l’infini. Il s’agit de l’application d’un protocole (…). C’est un soin objectif. Il prend moins de temps que le soin relationnel et ne nécessite aucune capacité d’écoute particulière. Il permet une facilité organisationnelle car le temps nécessaire au soin est évaluable. » [6, p.20] Nous constatons qu’il y a, concernant le soin technique, des « invariants », c’est-àdire, des éléments acquis et reproductibles, reposant sur des bases stables qui autorisent l’évolution par l’expérience. Le pansement complexe est défini par l’organisation nationale des syndicats d’infirmiers libéraux sous la forme d’une liste d’actes spécifiques, cotés dans la nomenclature générale des actes professionnels. Ainsi, est considéré comme pansement complexe tout : « pansement de brûlure étendue ou de plaie chimique ou thermique étendue, sur une surface supérieure à 5% de la surface corporelle », « pansement d'ulcère étendu ou de greffe cutanée, sur une surface supérieure à 60 cm2 », « pansement d'amputation nécessitant détersion, épluchage et régularisation », « pansement de fistule digestive », « pansement pour pertes de substance traumatique ou néoplasique, avec lésions profondes, sous aponévrotiques musculaires, tendineuses ou osseuses », « pansement chirurgical nécessitant un méchage ou une irrigation », « pansement d'escarre profonde et étendue atteignant les muscles ou les tendons », ou encore « pansement chirurgical avec matériel d'ostéosynthèse extériorisé ». [7] Aborder le soin technique amène à évoquer le modèle de santé biomédical. Selon Brunner, Smeltzer, Suddarth et Brane, « le modèle biomédical, ou modèle scientifique, (…) prévaut dans la plupart des milieux de santé ; c’est aussi celui qu’adoptent la plupart des infirmières et des autres professionnels de santé. Il repose sur des hypothèses fondamentales, (…), et tout ce qui appartient à la réalité peut être observé et mesuré (…) » [8, p.153]. Si ce modèle est centré sur la maladie et ses symptômes, il ne s’oppose pas au soin relationnel pour autant. 11 Soin relationnel D'un point de vue législatif, la dimension relationnelle du soin se retrouve au niveau de plusieurs actes du décret du Code de la Santé Publique qui régit la profession infirmière (livre III Auxiliaires Médicaux – Profession d'infirmier, chapitre 1er, section 1, Actes professionnels ou décret n°2004-802 du 29 juillet 2004). Le soin relationnel apparaît d’une façon générale dans le cadre du rôle propre de l’infirmier, que l’on retrouve au travers de quatre actes qui sont : « L'entretien d'accueil privilégiant l'écoute de la personne avec orientation si nécessaire » (Art. R4311-5-40°), « Aide et soutien psychologique» (Art. R43115-41°), « L'entretien d'accueil du patient et de son entourage » (Art. R4311-6-1°), « Activités à visée sociothérapeutique individuelle ou de groupe » (Art. R4311-6-2°), et d’une façon plus spécifique dans l’acte relevant de la prescription médicale : « L'entretien individuel et utilisation au sein d'une équipe pluridisciplinaire de technique de médiation à visée thérapeutique ou psychothérapeutique » (Art. R4311-7-42°). [1, p.167] Selon le dictionnaire Le Petit Robert le relationnel « concerne les relations entre les personnes », et renvoie au « lien de dépendance ou d'influence réciproque (…) » [9, p.2175]. Cette définition de la relation peut être complétée en faisant référence à « une activité ou une situation dans laquelle plusieurs personnes sont susceptibles d'agir mutuellement les unes sur les autres » [10]. Le soin étant une de ces activités, il présente également cet aspect d’interdépendance. Le concept de soin relationnel est apparu dans les années 1950/1960 par le biais de la psychanalyse et du courant de psychologie humaniste. Rogers, psychologue, a œuvré dans le champ de la psychologie clinique centrée sur la personne, ainsi que dans celui de la relation d'aide et de l'éducation. On parle alors de relation « soignant-soigné » qui est « considérée comme porteuse de soins ou susceptible de favoriser la guérison ». [11, p.64]. Cette relation soignant-soigné peut être complétée et renforcée par l’alliance thérapeutique qui met en avant un engagement réciproque entre le patient et le thérapeute. La naissance de cette alliance repose sur certains éléments tels que : « un lien relationnel, (…) une motivation commune et (…) une relation de confiance ». Selon Hesbeen, ce sentiment de confiance se construit et est permis par un soignant qui fait preuve de qualités telles que « la chaleur, l’écoute, la disponibilité, la simplicité, l’humilité, l’authenticité, l’humour et la compassion ». [11, p.75] Hazen, médecin psychiatre au Centre hospitalier de Saint-Anne à Paris définit le soin relationnel comme étant « un ensemble de moyens et d’outils utilisés dans un cadre méthodologique spécifique, mis en œuvre par un soignant formé, avec pour objectif premier de réduire au maximum la souffrance psychologique afin de faciliter la progression du malade vers un mieux-être ». [11, p.64]. 12 Quant à Salome, psychosociologue et formateur aux relations humaines, il voit le soin relationnel comme un « ensemble de gestes, de paroles, d'attitudes, d'actes et de propositions relationnelles [...] » [10]. Dans la pratique des soins infirmiers, il s'agit alors d'aborder la personne soignée d'un point de vue holistique. Cette pratique de soin fait référence au modèle de santé biopsycho-social. Le patient est un être humain qui évolue au sein d’un environnement dans lequel les différentes dimensions sont en constante interaction. Engel qui est à l’origine de ce modèle de santé pense que les dimensions personnelles et sociales doivent être mises sur un même pied d’égalité par rapport à la dimension biologique. Ce modèle permet « une meilleure compréhension du patient, mais aussi (…) la mise en place de stratégies de soins (…) plus adaptées (…) ». [12]. Bien que la terminologie de « soin relationnel » n'apparaisse pas dans les textes officiels, elle est pourtant présente dans les pratiques. On la retrouve, en effet, sous les termes de « relation d’aide » et de « relation d’aide thérapeutique ». Ce soin s'est tout d'abord développé en psychiatrie avant de s'élargir dans les autres domaines. Depuis le nouveau référentiel de formation de 2009, il apparaît comme essentiel puisqu'il est nommé et enseigné dans l'unité d'enseignement « sciences et techniques infirmières, interventions » et intègre la compétence 6 : « communiquer et conduire une relation dans un contexte de soins ». Ce soin est alors évalué comme une « posture professionnelle dans la relation soignant soigné » [1, pp.94-96]. Le dictionnaire des soins infirmiers complète notre approche en définissant le soin relationnel comme « une intervention verbale ou non verbale, visant à établir une communication en vue d'apporter aide et soutien psychologiques à une personne ou à un groupe ». [13]. Argenty, cadre formateur, surenchérit en affirmant que « tous les soins sont, par nature, relationnels » [14]. Le soin relationnel a été largement développé par de nombreux auteurs ce qui nous a imposé de choisir avec tout ce que cela peut impliquer d’arbitraire. Malgré le fait qu’il relève principalement du rôle propre de l’infirmier, et par là même est exempt de protocoles, qui respecte un cadre thérapeutique. Les professionnels qui le mettent en pratique à l’aide de méthodes et d’outils doivent être formés. Nous parlerons alors d'une posture à adopter et à adapter à la personne à laquelle l’infirmier prodigue des soins. En effet, le soin fait référence non seulement à des savoir-faire mais également à des savoir-être. Les postures infirmières dans le soin relationnel varient car ces savoir-être diffèrent d’un soignant à un autre. Ce point pourrait être expliqué par les représentations que ces soignants ont du soin. Représentation La représentation est définie par le dictionnaire Larousse comme étant, du point de vue de la philosophie : la « connaissance fournie à l’esprit par les sens ou par la mémoire », et du point de vue de la psychologie : une « perception, image mentale, etc., dont le contenu 13 se rapporte à un objet, à une situation, à une scène, etc., du monde dans lequel vit le sujet. ». [15] On peut relever ici l’aspect à la fois non-inné et subjectif de la représentation ainsi que son ancrage au sein du monde qui l’entoure. Le concept de représentation a été inventé par Durkheim, sociologue, en 1898. [16] Il distingue alors les représentations collectives des représentations individuelles. Il explique que les représentations collectives sont propres à chaque société et qu’elles sont corroborées par les représentations individuelles des membres qui la composent. Dans un même temps, les représentations sociales imposent aux individus des manières de penser et d’agir, cela se manifeste alors par des règles sociales, morales et juridiques. De ce mécanisme peut découler un élément important : en effet, il peut alors devenir un frein au développement d’individus qui composent ce groupe. C’est avec Moscovici, psychosociologue, que le terme de représentation sociale a véritablement été développé (sur les bases du travail de Durkheim). Selon lui, les représentations sont « des formes de savoirs naïfs, destinées à organiser des conduites et orienter les communications ». [17, p.39] Nous retenons dans ces idées que les représentations d’un groupe participent à la construction de sa propre identité et qu’elles influencent les comportements des individus qui le composent. Abric, professeur en psychologie sociale, développe la représentation sociale comme étant « le produit et le processus d’une activité mentale par laquelle un individu ou un groupe, reconstitue le réel auquel il est confronté et lui attribue une signification spécifique ». [18, p.64] Il ajoute que les représentations comportent une part d’interprétation et que leur rôle est de permettre à un individu et/ou à un groupe de mieux comprendre le monde qui l’entoure. Jodelet, psychosociologue, définit les représentations sociales comme « des systèmes d’interprétation régissant notre relation au monde et aux autres, qui orientent et organisent les conduites et les communications sociales. Les représentations sociales sont des phénomènes cognitifs engageant l’appartenance sociale des individus par l’intériorisation de pratiques et d’expériences, de modèles de conduites et de pensée ». [19, p.53]. Nous comprenons ici que le fait qu’un individu face partie d’un groupe est en partie induit par les représentations sociales qu’il a pu s’approprier. Il a donc pris sa place au sein d’un groupe, a apporté ses expériences, son vécu, et dans un même temps le groupe lui a induit des façons de voir, de vivre, d’interpréter le monde dans lequel il vit. 14 En regard de notre questionnement de départ, étayé par notre trame d’entretien, il devient alors intéressant de relever certains points importants. Nous savons maintenant que les représentations peuvent être endogènes ou exogènes, c’est-à-dire qu'elles peuvent être construites par l’individu lui-même ou émaner du groupe auquel il choisit ou non d’adhérer (nous parlons ici du groupe “professionnel“ : établissement, spécialité, service...). Nous avons également conscience qu’une partie de ces représentations peuvent être amenées à évoluer, du fait de nouvelles expériences individuelles ou groupales par exemple. Ayant désormais connaissance de ces interactions groupe-individu et de leur impact potentiel sur une pratique ou des comportements, induits ou innés (c’est-à-dire non encore confrontés au milieu de travail effectif), la question de l’influence des représentations prend alors tout son sens. Il sera intéressant de discerner l’évolution des représentations des soignants interrogés concernant les pansements complexes et le soin relationnel ainsi que la place qu’ils accordent à chacun et la façon dont ces deux soins s’articulent dans leurs pratiques. Concernant la possible évolution de ces représentations, il nous parait pertinent d’apporter une variante à ce terme. En effet, Revillot, docteur en sciences de l’éducation et formateur, à partir des travaux de Pastré et de Blumer, apporte une nuance aux représentations : les conceptions. Il explique que les « représentations constituent le savoir que nous avons sur la réalité ». Nous comprenons ici qu’elles permettent une compréhension de la réalité, avec ses potentielles approximations et inexactitudes. C’est par la contextualisation, l’expérience et la confrontation de ces représentations qu’elles dépassent leur fonction « d’aide pour percevoir » pour devenir « une façon de concevoir », autrement dit, par ce processus, elles deviennent des conceptions inhérentes à un individu. [20, p.157-159] A ce stade de la recherche, nous pouvons supposer que la pratique réflexive pourrait être une piste exploitable dans le but d’analyser nos comportements et postures soignantes. De plus, dans ce contexte, avoir conscience des influences des représentations du groupe sur l’individu semble être un élément essentiel qui faciliterait une prise de recul efficiente. EXPLORATION 16 EXPLORATION Détail de l’outil méthodologique Nous avons choisi l'entretien semi-directif comme support pour mener nos différents entretiens. La trame1 traite de nos thèmes présents dans notre question de départ. Le choix du semi-directif permet de laisser s'exprimer les professionnels sur les thèmes abordés. Celui-ci oriente l'entretien et permet aux professionnels, par la réflexion induite, à la fois d'enrichir nos thèmes, d'apporter des savoirs supplémentaires à notre travail de recherche et de confronter des points de vue. Pour traiter notre sujet, nous avons choisi d'interroger deux professionnels de santé aux carrières diverses : un IDE en service de chirurgie digestive et une IDE exerçant au pool de chirurgie. En effet, il nous semblait important d'orienter notre choix sur ces professionnels, habitués à ce type de soin, mais ayant potentiellement des regards, des formations et des expériences professionnelles différentes. Cet outil méthodologique est basé sur des objectifs de recherche qualitatifs. Tout d'abord, nous avons cherché à identifier les représentations des IDE concernant le pansement complexe, le soin relationnel et leurs articulations. Dans un second temps, nous avons orienté nos questions sur les freins et facteurs favorisants au soin relationnel lors d'un soin technique. Nous analyserons les données recueillies des entretiens de façon chronologique et en regard du champ conceptuel2. 1 2 cf. annexe n°1 cf. annexe n°2 ANALYSE 18 ANALYSE Nous avons mené 2 entretiens semi-directifs, le premier auprès d’un infirmier que nous appellerons Mathieu et le second auprès d’une infirmière que nous nommerons Sophie. Nous les présentons ici de façon succincte sous forme de tableau. Mathieu Age Ancienneté du Diplôme 32 ans. 25 ans. 7 ans. 2 ans. Il a travaillé 1 an en tant Elle a toujours été dans le qu’intérimaire dans divers Expérience en tant qu’infirmier(ère) Sophie services même service. Puis a choisi un service alliant chirurgie digestive et soins intensifs. Il explique : Choix de service travailler au pool car elle qu’il lui « faut autant de soin relationnel que trouvait cela « intéressant de de pouvoir bouger sur tous les technique », qu’il « aime être toujours dans l‘action, avec beaucoup de réactivité rapides ». et des résultats Elle exprime sa volonté de services », Celui de chirurgie en particulier car elle souhaitait des services « carrés » pour avoir des résultats. Association du soin relationnel et du soin technique Mathieu a conscience que l’association du soin relationnel et du soin technique est « cruciale » car elle permet d’optimiser la prise en soin du patient et impacte positivement le pronostic. Du début à la fin de l’entretien, ce va-et-vient entre le soin relationnel et le soin technique est constant. Effectivement, quels que soient les sujets abordés, il ne les a jamais dissociés ni opposés. Le soignant semblait réellement authentique, impression validée par des réponses claires et majoritairement sans hésitations. Nous en avons déduit que les sujets abordés durant l’entretien étaient déjà ancrés dans sa posture professionnelle et qu’il n’a fait que restituer des réflexions menées plusieurs années auparavant. 19 Pour Sophie, son choix de service semble avoir été influencé par une volonté de résultat évaluable. En effet, dans sa pratique professionnelle, son objectif est lié à une notion de rendement des soins avec comme but la sortie des patients. Pour elle, la satisfaction du patient s’évaluerait donc prioritairement par la fin plutôt que par les moyens. Cet aspect objectivable paraît important et peut s’avérer rassurant dans sa pratique quotidienne. Ce besoin d’être rassurée transparait dans sa posture durant l’entretien : elle a sollicité à de nombreuses reprises nos avis concernant ses réponses afin que nous les validions, et par conséquent, elle semblait soucieuse d’apporter la réponse idéale, soit celle qui correspondrait à nos attentes. Dans ce contexte, on peut alors se poser la question de l’authenticité de ses réponses. Les pansements complexes Au sujet des pansements complexes, les deux professionnels ont eu des difficultés à le définir ce qui a nécessité un temps de réflexion. Leurs descriptions se sont faites par déduction, en regard de ce qu’ils connaissaient d’un pansement simple. Mathieu voit un pansement complexe comme étant « technique » et « hors protocole ». Quant à Sophie, elle évoque la notion de « temps », d’« organisation », de « douleur » et également de « technique ». On s’aperçoit que les soignants n’ont que des notions vagues à exposer et qu’ils ont besoin de les relier à des notions plus concrètes (évocation du pansement simple), à des connaissances qu’ils jugent plus accessibles. Durant nos différents stages, nous avons constaté que les professionnels ont également rencontré cette difficulté lors de l’évaluation de l’item du portfolio « pansement complexe/drainage ». En effet, chaque service rencontré semble établir sa propre définition de ce soin selon ses représentations. Cependant, le discours de l’infirmier exprime un paradoxe : il lui est difficile de définir un pansement complexe alors que dans sa pratique sa réalisation est très simple voire anodine. Nous remarquons qu’il est capable de se détacher du côté formalisé de la technique et qu’il priorise l’accompagnement global du patient. Si l’on fait référence à Hesbeen, il est donc capable de se distancer de l’aspect compliqué du pansement pour se focaliser sur la complexité de la prise en soin. Cela nous permet de constater que sa représentation place la réfection de pansement complexe comme n’étant qu’une partie de la prise en soin du patient. L’infirmière utilise des mots qui peuvent représenter des contraintes. En effet, elle emploie les termes « temps », « organisation » et « douleur » qu’elle semble vivre comme des éléments à gérer. De surcroît, le terme « technique » représente ici un frein dans la mesure où elle exprime avoir eu besoin de participer à une formation hospitalière sur la réfection de pansements. Ce dernier point est révélateur d’une volonté de bien faire et d’être efficace auprès des patients. Ainsi, elle a conscience que dans sa pratique, la maîtrise d’un tel soin est une étape nécessaire pour aller plus loin dans la prise en soin des patients. 20 Selon les deux soignants, si les patients abordent le sujet de leurs pansements complexes avec eux, ils évoquent une appréhension voire parfois de l’anxiété, le plus souvent liées à la douleur. On peut en déduire un besoin d’être rassuré. Les patients dans cette situation invitent donc les soignants, consciemment ou non, à la relation. L’infirmier souligne le fait que la première réfection de pansement complexe chez un patient sera déterminante dans la représentation qu’il en gardera. Ceci explique l’attention qu’il porte au patient et à son accompagnement lors de ce soin. Il dit que « les patients lui donnent des pistes (…), ce sont ces choses-là qui sont très enrichissantes ». Nous relevons qu’il prend en compte le besoin du patient et sa demande. Il révèle aussi que la relation se vit comme un bénéfice réciproque. Ces éléments sont les prémices de l’alliance thérapeutique, que l’on peut définir comme étant une relation de confiance entre le patient et le soignant. Lorsque nous avons évoqué le sujet de la douleur, les soignants nous ont répondu qu’elle n’était « pas forcément » associée aux pansements complexes. Mathieu, dont le modèle de santé correspondrait plus au modèle bio-psycho-social, met en avant la douleur morale qui serait prédominante par rapport à la douleur physique. Selon lui, cela vient de la durée de réfection du pansement et de cicatrisation de la plaie. Nous constatons qu’il relève principalement l’aspect émotionnel de la douleur. Par conséquent, sa représentation de la douleur durant ce soin semble l’amener à prendre en considération plus particulièrement l’aspect relationnel, ce qui est encore en adéquation avec sa réflexion professionnelle. Sophie, quant à elle, explique que la douleur peut être palliée par l’anticipation médicamenteuse. Nous remarquons que sa représentation de la gestion de la douleur, relative au pansement complexe, implique une anticipation, et donc une organisation du professionnel de santé, nécessaire à un soin de qualité. Aux vues de ces éléments, nous constatons que son approche correspond davantage à un modèle de la santé biomédical. Dans ce contexte, la gestion de la douleur correspondrait alors plus à un rapport de causalité, c’est-à-dire à une suite d’événements prévisibles (en raison de l’action chimique du médicament) débouchant à un résultat attendu : le patient n’a pas de douleur durant le soin. Le soin relationnel Concernant le soin relationnel, Mathieu a exposé son point de vue de façon spontanée, il semble à l’aise avec nos questions. Il exprime les idées « d’écoute », « d’adaptation », de « réassurance » et de « respect ». Nous notons que les termes choisis reflètent là encore l’attention qu’il porte à l’alliance thérapeutique ainsi que ses compétences relationnelles. Le plus important pour lui est d’être à l’écoute, il ne dissocie pas le temps nécessaire au soin relationnel et au pansement complexe. En effet, il dit « le relationnel continue même après le pansement parce qu’il y a toujours un avant, un pendant et un après ». Nous notons que pour lui, le soin relationnel est présent à chaque étape du 21 soin, il lui permet de rester vigilant à l’aspect émotionnel induit par le soin que ce soit avant (les appréhensions), pendant (la douleur psychique), et après (les ressentis et vécus). Il exprime également : « Je ne suis pas sûr que ça soit quelque chose qui s’enseigne. On nous donne des bases, on nous dit un peu le comportement que l’on doit avoir mais c’est quelque chose que l’on doit avoir normalement. ». Mathieu fait un parallèle entre ce que l’on attend d’un “bon infirmier“ et ce qu’un individu peut apporter, avec sa personnalité, ses valeurs et ses qualités, à sa pratique professionnelle quotidienne. Pour lui, ce que l’individu est (c’est-àdire pas seulement en tant que soignant mais en tant que personne) prime sur ce que l’on attend qu’il soit. En quelque sorte, il souligne la prédominance de ce que l’on est en tant qu’individu par rapport à ce que l’on est en tant que professionnel. Selon lui, un soignant solliciterait donc plus ses valeurs personnelles que ses acquisitions durant sa formation ou sa carrière. Après un temps d’hésitation et de réflexion, Sophie est moins à l’aise que pour la définition du pansement complexe. Elle se montre très critique envers les réponses qu’elle apporte à ce sujet : « Vous n’osez pas dire en fait que c’est nul ce que je dis ». Malgré ses difficultés, elle dit : « j’ai fait 4 pour l’autre (elle parle ici de mots clés), je vais réussir à faire 4 ici », la soignante parvient à exprimer 4 mots clés : « patience », « écoute », « temps » et « confiance ». Ce dernier terme étant pour elle le plus important. Le temps a une dimension de permanence, de continuité. Sa représentation du soin relationnel semble correspondre davantage à la définition d’une qualité relationnelle dans sa pratique professionnelle. Elle argumente sa définition par le fait que le soin relationnel correspond au « contact qu’on a avec le patient tout lors de l’hospitalisation ». Ce qui ne serait alors pas précisément une technique de soin mais plutôt une attitude adaptée visant à établir un lien de confiance avec les patients. Elle exprime : « on m’en avait parlé en cours », « en stage (…) les infirmières avaient quand même pas mal de notions là-dessus », « c’était pas inconnu ». Nous remarquons que le champ lexical utilisé renvoie à une tierce personne. Nous nous questionnons alors sur ce point : ce mécanisme peut-il être interprété comme étant une forme de distanciation? Où l’infirmière se situe-t-elle réellement vis-à-vis de ce soin ? Elle définit la relation plus par une attitude, une conduite impliquant des valeurs morales que par une implication dans l’alliance thérapeutique. Ses hésitations et remises en questions, l’origine de ses connaissances au sujet du soin relationnel, la définition qu’elle en apporte ainsi que la façon dont elle l’utilise, sont autant d’éléments qui révèlent un aspect flou, diffus et informel. Freins et facteurs favorisants à l’articulation des soins relationnel et technique Mathieu avance le fait que dans l’établissement où il exerce, l’accès à la formation est très compliqué. En effet, depuis 7 ans, il n’a pu participer qu’à une seule formation (sur les 22 soins palliatifs). Quant à Sophie, elle a pu bénéficier de deux formations depuis le début de son exercice, l’une sur les stomies et l’autre sur les pansements, elle s’est également inscrite à une formation sur les soins palliatifs. Ce que l’on peut relever, c’est que, lorsque l’on aborde le sujet de la formation sur les soins relationnels, Sophie aborde la formation concernant l’accompagnement de fin de vie. Bien que ces prises en soin soient présentes dans tous les services, elles concernent toutefois une minorité de patients. Elle explique ce choix de formation par ses difficultés face à des situations précises : l’accompagnement de fin de vie et la prise en soin de personnes de son âge. Elle décrit un besoin de se former en priorité sur l’aspect technique de sa profession afin d’être plus à l’aise sur ce point et de pouvoir être plus disponible pour le soin relationnel. On note ici qu’elle a conscience que le manque de dextérité et/ou d’expérience peut être un frein à la mise en place d’une alliance thérapeutique efficace avec les patients. Par conséquent, on peut supposer que l’appropriation d’un soin (dans sa dimension complexe) consiste en l’acquisition de savoirfaire autant que de savoir-être. C’est-à-dire d’être en capacité de dépasser ses représentations d’un soin technique, autrement dit potentiellement compliqué, afin d’accéder à la dimension complexe du soin en intégrant l’aspect relationnel. On peut également se demander si le besoin de formation continue est ressenti comme un moyen de se rassurer sur sa pratique et de prendre confiance en soi. De plus, l’apprentissage et la consolidation de savoirs permettent d’acquérir de l’expérience et d’évoluer dans sa pratique professionnelle. Nous avons expliqué précédemment que Sophie avait choisi la chirurgie pour son aspect « carré » et objectivable qui lui donne la possibilité d’évaluer son travail sur la base de résultats concrets et facilement quantifiables (en lien avec un modèle de santé biomédical). On peut alors supposer que cette nécessité de rationalisation a pu être mise en place - de façon consciente ou non - dans le but de ne pas se mettre en difficulté. En effet, isoler un des aspects de la complexité du soin lui permettrait une meilleure efficacité. De plus, son besoin d’être rassurée (dans sa pratique professionnelle comme durant l’entretien) peut révéler une posture professionnelle qui semble toujours en construction et donc incertaine et fragile. On peut comprendre que se focaliser sur un aspect du soin, permettrait de fournir un travail de meilleure qualité que si l’on s’était laissé distraire ou déstabiliser par une technique (relationnelle ou non) que l’on ne pense pas maîtriser. Sophie semble en avoir conscience car son parcours de formation professionnelle et son discours tendent à le confirmer. Elle exprime à ce sujet avoir eu besoin de se former à la réfection de pansement afin de se rendre plus disponible pour le soin relationnel. Dans ce contexte, on peut alors parler de mécanisme de défense instauré par anticipation. Autrement dit, elle devancerait les difficultés qu’elle pourrait rencontrer afin de se laisser le temps d’évoluer dans son cheminement professionnel. En regard de ces éléments, on peut s’interroger sur la façon dont ils influencent sa représentation de la relation soignant-soigné et sur la place qu’elle 23 accorde à chacun de ces aspects dans sa pratique professionnelle. Nous pouvons également supposer que son expérience précédente (deux années de faculté de médecine) peut avoir influencé ses représentations. Ainsi, elle adopterait plutôt le modèle biomédical majoritairement enseigné dans ce système de formation, ce qui pourrait représenter un frein au soin relationnel. A contrario, Mathieu a intégré la formation en soins infirmiers après l’obtention de son baccalauréat, et n’a donc reçu lors de son enseignement que le modèle bio-psycho-social enseigné à l’IFSI, lui permettant ainsi de prendre en soin le patient dans sa complexité. Toutefois, dans ses propos, Sophie nous fait ressentir l’idée d’un « idéal infirmier » en rapportant : « on est dans un métier où de toute façon, je pense qu’il faut avoir un bon relationnel (…), et j’espère que (…), c’est pas oublié par les (…) soignants, mais j’pense pas ». Cela nous laisse entrevoir son besoin de renvoyer une image du modèle biopsycho-social afin de correspondre à sa représentation d’un « bon soignant ». On peut donc lire ici un besoin conscient d’évolution pour correspondre à ce modèle. Même s’il s’agit encore une fois d’une représentation, cela traduit une volonté de bien faire et un objectif étroitement lié au bien-être des patients. Au sujet de la représentation d’une “bonne“ pratique infirmière, Sophie exprime également la notion de devoir, elle dit : « même si on sait que faut faire comme ça, que le patient il soit pris en charge dans sa globalité, quand t’es jeune DE t’as beau faire ce que tu veux (…), au début (…), tu te concentres sur la technique ». Ce discours vient expliquer son besoin de formation technique à l’aube de sa carrière professionnelle. Cela suppose une idée de paliers auxquels il faudrait accéder dans un ordre prédéfini et qui placerait le soin relationnel comme étant moins accessible que le soin technique. Au sujet des freins potentiels au soin relationnel, les deux soignants évoquent le temps mais ne le mentionnent pas de la même manière. Pour Mathieu, prendre le temps pour le soin relationnel est indispensable, dans la mesure où cela « fait partie intégrante du métier ». Il trouve cela inconcevable de ne pas prendre ce temps, et de ne pas considérer le soin relationnel au même titre que la pratique d’actes techniques : « je ne cautionne même pas qu’on puisse ne pas le prendre… ». Ce temps avec et pour le patient est donc tout naturellement pris en compte dans son organisation de travail. Il ne l’exprime pas en tant que contrainte mais plutôt en tant qu’outil de travail : il utilise du temps pour des soins relationnels et ce n’est pas le temps qui lui impose ou non le soin relationnel. Sophie, quant à elle avance le fait de devoir se dégager du temps pour faire du soin relationnel avec les patients qu’elle prend en soin : « je pense (que) le temps quand même va favoriser (le soin relationnel) ». Elle exprime ici une dimension de contrainte potentielle qui serait liée à l’organisation du service, du soignant et/ou à la charge de travail. Les freins et facteurs favorisants sont étroitement intriqués. En effet, ils peuvent être perçus différemment selon les représentations de chacun. PROBLEMATIQUE 25 PROBLEMATIQUE Voici un rappel de notre question de départ : « Au sein d’un service de chirurgie adulte, en quoi les représentations d’un soin technique, de type pansement complexe, peuvent-elles influencer le soin relationnel ? » En regard de notre questionnement de départ et grâce à l’analyse, nous avons pu ajouter la dimension de conception du soin à la notion de représentation. Les représentations peuvent être un frein, un objectif (par exemple : l’image du “bon infirmier“ renvoyée par Sophie) ou une aide dans la pratique infirmière. Il semble inévitable que tout soignant ait ses propres représentations. Elles peuvent alors soit perdurer, soit être confrontées aux valeurs et aux pratiques du soignant afin de les faire évoluer ou de s’en distancer. Il semblerait que Mathieu ait réellement intégré les principes portés par ces représentations lorsqu’il a été capable de se détacher de certaines d’entre elles et d’en conceptualiser d’autres. C’est-à-dire de se les approprier afin de leur donner une dimension plus adaptée à ses valeurs. Nous pouvons présupposer que le passage de la représentation à la conception du soin est à la fois une étape nécessaire et un facteur facilitant une gestion efficiente de la complexité du soin. Nous entendons par là que cela rend l’articulation entre soin relationnel et soin technique plus aisée. Par conséquent, nous pouvons présumer que les représentations d’un soin technique pourraient être un frein au soin relationnel mais qu’elles sont utiles à la construction d’une conception de soin adaptée au soignant. Cette conception semble être le point de rencontre entre les valeurs du soignant et la façon dont il administre un soin technique. Ce processus pourrait alors être un déterminant de l’élaboration et de l’évolution de postures professionnelles. CONCLUSION 27 CONCLUSION Comme explicité dans l’introduction, ce travail a été initié par nos valeurs respectives et communes. Au vue de la problématique il se conclut sur cette même thématique. Il nous semble important d’ancrer ces réflexions à l’étape où nous nous situons : celle de la professionnalisation. Cette période charnière où débute notre parcours professionnel semble primordiale quant à la construction de notre posture professionnelle. Nos repères d’étudiants vont s’estomper peu à peu lorsque nous prendrons nos postes et nos représentations risquent, par conséquent, d’être soit modifiées soit confortées. Quoi qu’il en soit, nous avons le sentiment que ce TFE a été une belle façon de conclure ces années riches en apprentissages et en expériences. Nous garderons ces réflexions en tête et les utiliserons à bon escient pour nos cheminements personnels et professionnels. En effet, avoir conscience que nos représentations ne sont pas figées nous permettra peut-être une meilleure compréhension des diverses dynamiques individuelles au sein d’une équipe pluridisciplinaire et de faciliter une bonne intégration. Cela nous aidera peut-être également à parvenir à un meilleur encadrement d’étudiants et bien sûr à une meilleure prise en soin des patients. BIBLIOGRAPHIE 29 BIBLIOGRAPHIE 1. Recueil des principaux textes relatifs à la formation préparant au diplôme d'Etat et à l'exercice de la profession. Profession infirmier. Berger Levrault, 2011, 203p. 2. LAROUSSE. En ligne. Disponible sur www.larousse.fr/dictionnaires/francais/soins/73237 (Consulté le 12/05/2014) 3. HESBEEN Walter. Prendre soin à l’hôpital. Paris: Masson, 2004, 195p. 4. Ministère des Affaires Sociales et de la Santé. Le site santé du Ministère des Affaires sociales et de la Santé [en ligne]. Disponible sur : http://www.sante.gouv.fr/infirmier,10821.html. (Consulté le 20/05/2014) 5. Le Petit Larousse illustré 2001. Paris: Larousse/HER, 2000, 1786p. 6. ROUAT Christophe. Soin : Le prendre et le refuser. Travail de Fin d’Etudes pour l’obtention du Diplôme d’Etat d’Infirmier. Etampes: IFSI, 2011, 34p. 7. ONSIL. Organisation Nationale des Syndicats d’Infirmiers Libéraux [en ligne]. Disponible sur : http://www.onsil.fr/fr/l-exercice-liberal/nomenclature/chapitre-soins-pratiquecourante/article-3-pansements-lourds-complexes.html. (Consulté le 19/05/2014) 8. Soins infirmiers en médecine et chirurgie 1-Généralités 4ème édition, SMELTZER Suzanne, BARE Brenda, BRUNNER Lilian Sholtis, SUDDARTH Doris Smith, De Boeck, 2006, 656p. 9. Le Petit Robert 2014. Paris : Le Robert, 2014, 2838p. 10. http://www.etudier.com/dissertations/Soin-Relationnel/282508.html, (Consulté le 15/4/2014) 11. HAZEN Constance. Soins. Issy-les-Moulineaux : Elsevier Masson, 2013, 124p. 12. http://www.cerfasy.ch/cours_modbmbps.php, (Consulté le 18/05/2014) 13. DECHANOZ Geneviève, LEPESQUIEUX Maryvonne, MAGNON René, Soins relationnels, Dictionnaire des Soins Infirmiers. Lyon : AMIEC Recherche, 2000. 14. ARGENTY Jean. Soins relationnels ou relation de soin ? Soins, décembre 2003, n°681, pp. 34-36. 15. LAROUSSE en ligne. Disponible sur http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/repr%C3%A9sentation/68483?q=repr%C3%A9s entation#67734 (Consulté le 27/04/2014) 16. DURKHEIM Emile, Les formes élémentaires de la vie religieuse, Paris, Le livre de poche, 1991. 17. MOSCOVICI Serge, La psychanalyse, son image et son public, 1961, p. 39. 30 18. ABRIC Jean Claude « Pratiques sociales et représentations », Ed Puf, 1994, p. 64. 19. JODELET Denise. Les représentations sociales. Paris, P.U.F. 1991. p. 53. 20. REVILLOT Jean-Marie. La relation éducative en santé : processus d’altérité entre le soignant et le patient hospitalisé. Thèse de doctorat. Aix en Provence : Université d’AixMarseille I, 2006, 350p. ANNEXES 32 Annexe n°1 : Trame d’entretien 1) A votre sujet ➢ Votre sexe : homme / femme ? ➢ Quel est votre âge ? ➢ Depuis combien de temps êtes-vous diplômé ? ➢ Depuis combien de temps exercez-vous dans ce service ? ➢ Ce service était-il un choix personnel ? Si oui, expliquez pourquoi ce choix ? ➢ Avez-vous connu d'autres expériences professionnelles avant votre métier d'infirmier ? Si oui, précisez... ➢ Avez-vous exercé au sein d'autres services ? Si oui, lesquels ? 2) Les pansements.. . ➢ Pour vous, qu'est-ce qu'un pansement complexe ? ➢ Quelle est la fréquence hebdomadaire de tels pansements au sein du service ? ➢ Si vous deviez donner 4 mots clés qui, selon vous résumeraient le pansement complexe, quels seraient-ils ? ➢ De quelle façon vous y prenez-vous pour la réalisation d'un pansement complexe ? Mettez-vous en place des choses particulières ? ➢ Vous arrive-t-il que les patients concernés abordent de tels soins avec vous ? Si oui, qu'abordent-ils et de quelle façon ? ➢ Selon vous, un pansement complexe est-il forcément associé à de la douleur ? Si oui, pourquoi ? ➢ Par rapport au début de votre carrière, votre représentation du pansement complexe a-t-elle changée ? 33 Si oui, pouvez-vous préciser ce qui a pu entraîner ces changements? 3) Le soin relationnel.. . ➢ Selon vous, qu'est-ce que le soin relationnel ? ➢ Qu'est-ce qui, selon vous est le plus important dans le soin relationnel ? ➢ Si vous deviez retenir 4 mots clés qui caractérisent ce terme, quels seraient-ils ? ➢ Le concept de soin relationnel est-il un concept récent pour vous ? Vous at-il été enseigné au cours de votre formation initiale ? ➢ A quels moments l'utilisez-vous ? ➢ Pour vous, est-il nécessaire de le prévoir, de le penser pour pouvoir l'appliquer ? ➢ Le soin relationnel vous paraît-il compliqué ? Si oui, pouvez-vous nous dire ce qui vous paraît compliqué ? ➢ Pensez-vous qu'il faille du temps pour pouvoir faire du soin relationnel ? ➢ Quand vous abordez un pansement complexe, à quel moment le soin relationnel intervient-il? 4) Freins et facteurs favorisants... ➢ Avez-vous fait des formations continues sur le soin relationnel ? Si oui, lesquelles ? Et étaient-elles nombreuses ? Si non, pourquoi ? ➢ Avez-vous fait des formations continues sur les pansements complexes ? Si oui, lesquelles ? Et étaient-elles nombreuses ? Si non, pourquoi ? ➢ Pensez-vous avoir suffisamment de formations continues dans ces 2 domaines ? ➢ Selon vous, existe-t-il des freins au soin relationnel ? Si oui, quels sont-ils ? ➢ Selon vous, existe-t-il des facteurs favorisants au soin relationnel ? Si oui, pouvez-vous nous les citer ? 34 ➢ Auriez-vous des propositions d'amélioration à mettre en place dans votre pratique ? Concernant le soin relationnel ? Concernant les pansements complexes ? Nous vous remercions pour le temps que vous nous avez consacré. Vos réponses vont nous permettre de nous apporter des éléments de réponse sur les approches du soin technique et du soin relationnel ainsi que leurs interactions. 35 Annexe n°2 : Tableau d’exploitation des entretiens LUI ELLE PERSONNALITE Age 32 ans. 25 ans. Diplômé depuis 7 ans. 2 ans. Intérim autre Autres services dans région une Pool de chirurgie (3 (orthopédie, services effectués). SSR, pneumo, cardio+unité de soins intensifs) durant 1 an. En partie, car le Voulait un poste en service comporte un secteur chirurgie, de soins intensifs car c’est qui domaine « carré », un où le l’intéresse, et l’intermédiaire résultat est visible. Choix personnel Proposition entre un service de chirurgie d’emploi conventionnel et un service au Pool de chirurgie plutôt qu’un service fixe, car trouve de soins intensifs. intéressant de pouvoir changer de service. Petits jobs d’été, rien Non. Mais 2 années d’études en université de de concret. médecine Expériences précédentes entre le baccalauréat et l’entrée en IFSI, dans le but de réaliser des études de maïeutique. PANSEMENTS Difficulté à définir, Difficulté à définir, beaucoup de réflexion et de hésitations, appréhension de temps de silence. Définition Pansement protocole, avec mal répondre. hors des qu’une Pansement plaie autre chirurgicale prescriptions plus ciblées et simple. Ex : avec ablation plus spécifiques, qui sortent d’agrafes, ou tout de l’ordinaire par rapport à autre qu’une détersion. geste 36 un cycle bétadiné simple, soit un pansement simple. Ex : d’escarre, pansement ulcères, soins sous Kalinox®. Hors 4 mots clés définissant le pansement complexe protocole, technique, Hésitations, asepsie beaucoup de réflexion. rigoureuse. Temps (plutôt long), technique, douleur, organisation. Variable Quotidien. Fréquence du soin selon service : de jamais à 2 fois par jour. Intégrer le protocole Se renseigner sur la et le cheminement du soin plaie, le matériel nécessaire, quel que soit le type de antalgiques pansement, s’adapter à à (morphiniques, chaque patient (faire du cas organisation prévoir Kalinox®), du soin par cas), prioriser le soin afin (s’installer dans la chambre Réalisation du pansement complexe que le patient soit dans les avec le patient, anticiper le meilleures conditions temps nécessaire à la possibles, prévenir le patient. réalisation du soin). Ces mesures permettent de diminuer l’anxiété liée au soin. Importance l’organisation de (propreté, visites, soins de nursing…). Anxiété, appréhension Réflexion. liée à la Appréhension avant douleur, notamment lors du le pansement en lien avec la Evocations du soin par les patients douleur qu’il peut engendrer. premier pansement. Réaction chaque patient. propre à Ex : vasculaires, plaies pansement Le patient peut aussi après amputation : image de guider le soignant de par son soi. 37 expérience. Cela peut être enrichissant pour le soignant Non, pas forcément. La douleur physique Association du soin à de la douleur peut Pas forcément, car être des traitements doivent aussi l’éviter. mais principalement morale. Souffrance morale dans les pansements longs dans leur réalisation et dans la cicatrisation. En tant que jeune Forcément. Au début, DE, l’attention était motivée après l’obtention du DE, la par une peur de mal faire. technique prend le dessus, Aujourd’hui, le pansement le patient est secondaire. La complexe est abordé comme prise en charge est moins un pansement simple. globale, même si conscience que ce n’est pas l’idéal. Changement de L’expérience permet représentation au fil de la de plus se concentrer sur le carrière patient et un peu moins sur le pansement. Facteurs facilitant : dextérité, connaissances, anticipation des réactions des patients selon le soin à réaliser, plus d’habitudes. Réponse SOIN RELATIONNEL spontanée et authentique, semble à l’aise avec nos questions. Etre à l’écoute du On le retrouve dans patient pour connaître son tous les soins, nursing, lors Définition état d’esprit. Le « analyser » d’un simple passage dans la soignant l’attitude doit chambre, tout au long de du l’hospitalisation. patient. Qu’est ce qui est le plus L’écoute. Hésitante, réflexion : 38 important pour vous une relation de confiance doit s’installer entre patient et soignant. Ecoute, adaptation, réassurance, respect. Réflexion, voix basse, semble mal à l’aise, difficulté à trouver 4 s’impose malgré mots, de les notre mais trouver autorisation d’en donner moins, afin de ne pas donner l’impression 4 mots définissant le soin de relationnel minimiser le soin relationnel par rapport au soin technique (peur du jugement ?). Patience, écoute. Puis après réflexion : confiance, temps. Reste vague dans sa Non. Ce n’est pas un soin réponse, comme s’il était qui s’enseigne, on peut avoir important pour elle d’avoir des bases, mais il s’agit une Ancienneté du concept réponse qui nous d’une faculté innée que tout « plaise ». soignant doit posséder avant Concept enseigné son entrée en formation. durant sa formation, aussi « On ne devient pas infirmier bien à l’IFSI qu’en stage, où par hasard ». les professionnels abordaient la notion. En permanence, de façon naturelle. Semble en difficulté, réponse paraît rapide pas confond Quand est-il utilisé ? relationnel mais adaptée, qualités et ne car de soin relationnel. Tout le temps : dès le moment où l’on se présente au patient, jusqu’à son départ, tout au long de son 39 hospitalisation. Si le soignant n’a pas un bon relationnel avec le patient, il ne peut pas être dans le soin. Non, il s’agit d’un soin Prévision du soin avant tout à fait naturel. son application Non, il s’agit d’une attitude naturelle. normal dans Il ce est métier d’avoir un bon relationnel. Non, l’empathie est Complexité du soin relationnel une qualité dont Répond rapidement : tout Non. soignant doit faire preuve. Puis hésitations et précise sa réponse : difficulté avec les patients de son âge. Oui, cela demande Rapidement : Non. du temps, et il est forcément Puis ajoute : selon les inclus dans l’organisation du services, il est difficile de travail de l’infirmier. prendre du temps pour faire du soin relationnel, le temps est précieux. Se rend compte que Temps pour le soin sa relationnel réponse interprétée négligence peut comme être de vis-à-vis la des patients, semble rechercher une réponse « juste », « qui plaise », cherche nos regards, donne l’impression d’analyser nos réactions. Le soin relationnel Le soin relationnel intervient avant, pendant et intervient dès le début du après le soin de pansement soin (explication du déroulé Confrontation pansement complexe. complexe/soin relationnel Ex : avant : prévenir et préparer le patient. Pendant : s’adapter à du soin). 40 ses réactions et ses besoins. Après : ressenti pour réajustements futurs. FREINS ET FACTEURS FAVORISANTS Non, elles ne sont Non, mais elle a fait pas proposées dans son une établissement. formation sur les pansements, ce qui lui a Les formations sont apporté des compétences en décalage de 2 à 3 ans par dans la technique, ce qui l’a également aidé pour aborder rapport aux demandes. Formations continues sur le soin relationnel être le soin relationnel. Elle dit se intérimaire n’inclut pas l’IDE sentir plus à l’aise dans le depuis cette dans les structures, il n’est relationnel De donc pas plus, invité aux formation. Demande formations. une formation avec les patients en fin de vie, car se sent dépourvue face à ce type de patients. Non, elles ont lieu Oui, une fois tous les 2 ans, et stomies Formations continues sur les pansements complexes 2: et sur sur les les seuls 2 soignants peuvent pansements. s’y inscrire. De plus, les formations les plus intéressantes sont les plus demandées. Non. On peut toujours en avoir plus, on a toujours besoin d’apprendre au cours Suffisance de formations de sa carrière. continues dans ces 2 Est demandeuse de domaines formation, elle en a 2 par an mais ne serait pas gênée d’en faire 4 ou 5. Freins au soin relationnel Pas de freins, le soin Difficultés avec les 41 relationnel fait partie patients du même âge et intégrante du métier, il est ceux évoquant la mort. inconcevable de ne pas prendre ce temps, quitte à finir sa journée de travail plus tard. C’est un investissement personnel. Long temps de réflexion. Facteurs favorisants au Le soin relationnel temps consacré au patient : plus il sera long plus le soin relationnel sera présent. Non, proposition, pas mais La douleur n’est pas de il est encore suffisamment prise important d’avoir conscience en compte. Propositions d’améliorations concernant le soin relationnel de ses limites, et que l’on Prendre peut passer le relais à un temps (ex : collègue, le métier étant un l’efficacité véritable travail d’équipe. Parle au nom antalgique d’un plus de attente de traitement avant de réalisation du soin). l’équipe et non de façon personnel « je ». Propositions d’améliorations concernant le pansement complexe Pas de réponse. Pas de réponse. la L’articulation du soin technique et du soin relationnel, une histoire de représentations… Le soin infirmier est un ensemble de soins techniques et de soins relationnels indissociables dans la prise en soin du patient. Certains soins techniques complexes peuvent rendre cette articulation difficile. Le but de ce travail est de montrer en quoi les représentations du soin technique par les infirmiers, en service de chirurgie, influent sur le soin relationnel. La recherche se base sur des entretiens semi-directifs auprès d’infirmiers de différents services de chirurgie. L’analyse de ces entretiens et l’apport conceptuel montrent que les représentations du soin sont à la fois freins et/ou facteurs favorisants selon le soignant. En conclusion, les représentations ne sont pas figées et peuvent évoluer. Il est possible que certains facteurs tels que l’expérience et les valeurs du soignant permettent de dépasser ses représentations en les menant vers une conceptualisation du soin. Focus on the connection between technical and relational care and the different ways of mentally visualizing it… The “nurse” care comprises at the same time technical and relational care which can’t be separated in the treatment of the patient. Technical care is sometimes so complex that it can influence relational care and combining them can be difficult. The aim of this work is to show how nurses who work in a surgical service picture technical care and how it can influence relational care. Research is based on interviews – mainly open questions - with nurses from different surgical services. The analysis of these interviews compared with the existing theories about the subject proves that the way nurses visualize care can either be seen as an obstacle or an easing factor, depending on nurses. To conclude, the way nurses visualize care is not still and can evolve. Some factors such as the nurses’ experience and personal values can allow them to go over these pictures and so nurses can improve their treatment. Mots clés : soin technique, soin relationnel, représentation, conceptualisation.