LES BOTTES MAGIQUES par Joël Fauré Madame Loyal
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LES BOTTES MAGIQUES par Joël Fauré Madame Loyal
LES BOTTES MAGIQUES par Joël Fauré Madame Loyal entre en piste. Queue-de-pie violet, hautes bottes noires. Elle annonce le prochain numéro du spectacle. Elle est interrompue par l'arrivée d'un clown. Le clown : Bonjour, Madame. Le directeur du cirque m'a fait une confidence. Il paraît que vous portez des bottes magiques ? Madame Loyal : C'est vrai. Le clown : Il m'a dit aussi qu'il fallait en prendre soin. Madame Loyal : C'est vrai aussi. Le clown : Je suis venu ici pour vous les faire briller. Vous savez, au cirque, elles se salissent facilement, avec la sciure, la poussière... Il sort une brosse, du cirage, un chiffon. Madame Loyal tend une botte que le clown nettoie. Il crache sur le chiffon et astique avec ardeur. Il tient délicatement la botte, y dépose un tendre baiser. Madame Loyal : Merci. Pour vous récompenser, vous pouvez faire un voeu et la botte le réalisera. Le clown : J'aimerais... être riche. Madame Loyal (Elle va s'asseoir sur le rebord de la piste) : Retirez la botte que vous avez nettoyée. Le clown s'exécute. Il lève la botte très haut comme un trophée (Noir, projecteurpoursuite sur la botte et musique) puis la renverse : il en tombe une pluie de un centime d'euro. Pleine lumière. Le clown : Extraordinaire ! Fabuleux ! Madame Loyal se rechausse. Le clown : Vous permettez que je fasse pareil à l'autre botte ? Le portable de Madame Loyal sonne. Madame Loyal : Je suis désolée. Il y a une urgence en coulisses. Je dois m'absenter une petite minute. Attendez-moi, je reviens. Madame Loyal sort. Un autre clown arrive. Clown 2 : Bonjour, que fais-tu avec tout cet argent ? Clown 1 : Ecoute, tu veux en gagner autant ? Clown 2 : Mais bien sûr ! Clown 1 explique à l'oreille de Clown 2 ce qu’il doit faire, puis il d'en va. Madame Loyal revient en piste. Elle s'est changée. Queue-de-pie rouge, hautes bottes blanches. Clown 2 : Bonjour, Madame Loyal. J'ai dû remplacer mon frère qui a été appelé. Il m'a laissé des consignes. Alors, à ce qu'on dit, vos bottes sont magiques. Madame Loyal : Oui, c'est vrai. Clown 2 : Alors, je vous promets de vous les faire briller, si bien qu'on pourra s'y regarder comme dans un miroir. Madame Loyal tend une botte. Clown 2 crache sur le chiffon et astique avec ardeur. Il tient délicatement la botte, y dépose un tendre baiser. Madame Loyal : Merci. Pour vous récompenser, vous pouvez faire un voeu et la botte le réalisera. Clown 2 : J'aimerais... être riche. Madame Loyal va s'asseoir sur le rebord de la piste et invite le clown à retirer la botte qu'il vient de nettoyer. Le clown s'exécute. Il lève la botte très haut comme un trophée (Noir, projecteurpoursuite sur la botte et musique) puis la renverse : il en tombe une pluie de confettis ! Pleine lumière. Déception. Le portable de Madame Loyal sonne. Madame Loyal : Je vous demande de m'excuser, je suis demandée en coulisses. Attendez-moi, je reviens. Madame Loyal sort. Clown 1 revient. Clown 1 : Alors, ça a marché ? Clown 2 : Regarde ! Clown 1 : Ah, ça alors ! ... Ecoute, quand Madame Loyal va revenir... (Il dit la suite au creux de l'oreille.) Madame Loyal revient. Elle s'est encore changée. Queue-de-pie jaune, une haute botte noire, une haute botte blanche. Madame Loyal : Je suis heureuse de vous revoir. Clowns : Et nous donc ! Clown 1 (Il montre la botte droite) : Oh, mais dites-donc, vous avez vu où vous avez marché ? Vous êtes allée du côté des éléphants ? Clown 2 (Il montre l'autre botte) : Oh, et ici aussi... Là, vous êtes allée du côté des chevaux... Clowns : On va arranger ça. Les deux clowns se mettent à genoux devant Madame Loyal et lui nettoient ses hautes-bottes, sans oublier d'y déposer de tendres baisers. Madame Loyal s'assoit sur le rebord de la piste. Chacun des clowns lui retire une botte ; ils les lèvent très haut comme des trophées (Noir, projecteur-poursuite sur les bottes et musique) puis il les renversent comme des cornes d'abondance : il en tombe une pluie... de farine ! Musique, pleine lumière... Madame Loyal et les deux clowns partent en courant... dans la plus pure tradition clownesque ! A chacun de tirer une morale de cette histoire, s'il y en a une... (Je dédie ce texte à Betty Bario, qui a été une trop sporadique Madame Loyal, et surtout à son père, Freddy Bario, avec qui j’ai passé d’impérissables moments, que j'aimais énormément, qui m'a fait rire comme jamais je n'ai plus ri depuis, et pleuré comme je l'ai souvent fait, après. J’ai aussi une pensée émue pour Henny qui vient de nous quitter et Nello, eux aussi en allés au paradis des faiseurs de bonne humeur.)