Les Zones urbaines sensibLes de La Cus
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Les Zones urbaines sensibLes de La Cus
DE l’aDEUs Les Zones urbaines sensibles de la CUS État de la situation en 2013 108 NOVEMBRE 2013 Inégalités et cohésion sociale Instaurées par la loi du 14 novembre 1996 relative au Pacte de relance pour la Ville, les Zones urbaines sensibles (ZUS) sont des territoires infra-urbains définis par les pouvoirs publics pour être la cible prioritaire de la Politique de la Ville, en fonction de considérations locales liées aux difficultés que connaissent les habitants de ces territoires. Les ZUS se caractérisent par la présence de grands ensembles ou de quartiers d’habitat dégradé et par un déséquilibre accentué entre l’habitat et l’emploi. La loi d’orientation et de programmation pour la ville et la rénovation urbaine du 1er août 2003 a créé un Observatoire national des ZUS (ONZUS) et fait obligation aux collectivités territoriales et aux établissements publics de coopération intercommunale de procéder à la présentation d’un rapport d’observation auprès de leurs assemblées délibérantes. Les différentes actions mises en œuvre dans ces quartiers (dont le Programme national de rénovation urbaine) ont pour double objectif de réduire les écarts de développement avec le reste du territoire et d’améliorer la vie des habitants. Dix ans après la promulgation de cette loi et près de vingt ans après la création des ZUS, celles-ci sont-elles homogènes et quelle est la situation des habitants de ces quartiers ? Les Zones urbaines sensibles de la CUS : État de la situation en 2013 Les territoires concernés LOCALISATION DES ZUS DE LA CUS L’Alsace compte 19 ZUS, dont dix sont localisées dans le Bas-Rhin. Ces dix ZUS bas-rhinoises sont toutes concentrées dans la CUS, dont huit se situent pour tout ou partie à Strasbourg. La ZUS des Ecrivains s’étend sur les communes de Schiltigheim et de Bischheim et la ZUS Grand Ried se situe sur les bans communaux de Strasbourg, Bischheim et Hoenheim. La ZUS des Hirondelles est implantée à Lingolsheim. Les ZUS de Hautepierre et du Neuhof sont classées en Zone franche urbaine1 (ZFU). La notion d’unité urbaine repose sur la continuité du bâti et le nombre d’habitants. On appelle unité urbaine une commune ou un ensemble de communes présentant une zone de bâti continu (pas de coupure de plus de 200 m entre deux constructions) qui compte au moins 2 000 habitants. Source : INSEE 1. Les Zones franches urbaines (ZFU) sont des quartiers de plus de 10 000 habitants, définis à partir des critères suivants : taux de chômage, proportion de personnes sorties du système scolaire sans diplôme, proportion de jeunes, potentiel fiscal par habitant. Les entreprises implantées ou devant s’implanter dans ces quartiers bénéficient d’un dispositif complet d’exonération de charges fiscales et sociales durant cinq ans (source : INSEE). ADEUS NOTE 108 P2 L’unité urbaine de Strasbourg comprend les communes suivantes : Achenheim, Bischheim, Eckbolsheim, Eschau, Fegersheim, Hoenheim, Illkirch-Graffenstaden, Lampertheim, Lingolsheim, Lipsheim, Mittelhausbergen, Mundolsheim, Niederhausbergen, Oberhausbergen, Oberschaeffolsheim, Ostwald, Plobsheim, Reichstett, Schiltigheim, Souffelweyersheim, Strasbourg, Vendenheim, Wolfisheim. Ensemble 349 439 79 335 23 % NOTE 108 P3 Part du territoire en ZUS 5% 8% 2% 2% 8% 7% Structure démographiquedes desZUS ZUS en (en2006 %) Structure démographique 100 90 80 70 60 50 40 30 20 10 0 75 ans et + 60-74 ans 25-59 ans 15-24 ans en bo ur g M ein au El sa u Ko M V en ig sh off en Gr an d Ri ed Cr on riv ho Ec eu ain s f 0-14 ans Source : Secrétariat général du CIV – SIG Ville ADEUS Population en ZUS Source : Secrétariat général du CIV – SIG Ville Ha ut e Comparativement à la population des communes auxquelles elles appartiennent, les ZUS sont composées de populations significativement plus jeunes. En 2006, les moins de 25 ans représentent en moyenne 40 % de la population des ZUS, tandis que la part des personnes de moins de 25 ans s’échelonne entre 27 % à Hoenheim et 37 % à Strasbourg. Pourtant, le vieillissement d’une partie de la population de ces quartiers constitue un enjeu. 3 438 3 933 1 718 2 627 67 619 re Toutefois, entre 2006 et 2009, l’évolution de la population des ménages des ZUS (-1,8 %) est à contre-courant de l’évolution générale moyenne de l’unité urbaine de Strasbourg (+5,9 %). 17 827 10 615 16 784 31 238 272 975 N En 2006, près de 80 000 personnes résidaient en ZUS, soit en moyenne 23 % de la population de ces cinq communes. Parce qu’elle compte huit des dix ZUS de la CUS, Strasbourg concentre aussi 85 % de la population qui réside dans l’une des ZUS. Bischheim Hoenheim Lingolsheim Schiltigheim Strasbourg Poids de la population en ZUS 19 % 37 % 10 % 8% 25 % Population municipale er Dans la CUS, 5 communes abritent une ou plusieurs ZUS sur leur territoire (Strasbourg, Schiltigheim, Bischheim, Hoenheim et Lingolsheim). Population des communes et des ZUS en 2006 pi Un quart de la population habite en ZUS Les Zones urbaines sensibles de la CUS : État de la situation en 2013 Pour l’ensemble des ZUS, le quart des bénéficiaires des aides sociales est totalement dépendant des allocations versées ; il s’agit de leurs uniques ressources. Les bénéficiaires de minima sociaux3 en ZUS sont sur-représentés (31 % en moyenne) par rapport à cette même population dans la CUS (18 %) et peuvent représenter plus du double de la moyenne de la CUS, comme au Port du Rhin ou au Neuhof. Signe d’une dégradation de la situation des bénéficiaires des aides de la CAF, l’accroissement du nombre d’allocataires dépendants aux prestations sociales a été beaucoup plus important que l’évolution du nombre d’allocataires en ZUS. Diminution du taux d’activité Tant en 2006 qu’en 2009 et à l’exception des ZUS du Grand Ried et de Koenigshoffen, les taux d’activité4 des 25-64 ans sont inférieurs d’au moins 10 points à la moyenne observée dans l’unité urbaine de Strasbourg, voire de 20 points comme au Neuhof. Le différentiel avec l’unité urbaine s’est même accru entre ces deux années, pour toutes les ZUS. Cette diminution du taux d’activité peut s’expliquer par un accroissement des radiations de demandeurs d’emploi, en lien avec les politiques nationales, de même que dans l’abandon de la recherche d’emploi d’une partie de la population, accroissant ainsi les phénomènes d’exclusion. 2. Le nombre de personnes couvertes comprend l’allocataire, son conjoint, les enfants bénéficiaires d’au moins une prestation, les enfants nés en décembre, les autres personnes à charge pour les prestations logement. 3. Ce sont les bénéficiaires d’au moins une des prestations suivantes : AAH, RSA socle (avec activité ou non, avec ou sans majoration parent isolé). 4. Le taux d’activité correspond au rapport entre le nombre d’actifs (actifs occupés et chômeurs) et la population correspondante (source : INSEE). ADEUS NOTE 108 P4 30 20 10 Total CUS Total ZUS Neuhof Port du Rhin Lingolsheim Hautepierre Elsau MV Cronenbourg Meinau 0 2009 2011 Ecrivains Entre 2009 et 2011, le nombre d’allocataires résidant en ZUS a augmenté moins fortement que dans l’ensemble de la CUS (respectivement +1 % et +3 %). 40 Grand Ried Au 31 décembre 2011, la Caisse d’allocations familiales du Bas-Rhin (CAF) dénombrait plus de 21 000 allocataires dans les ZUS, soit 20,2 % de l’ensemble des allocataires de la CUS. Le nombre de personnes couvertes2 par une allocation est plus important en ZUS (2,66) qu’en moyenne dans la CUS (2,30). Allocataires intégralement dépendants aux prestations sociales (en %) Koenigshoffen Des allocataires dépendants aux prestations sociales Source : CAF du Bas-Rhin, 2009-2011 évolution nombre d’allocataires Evolution dudu nombre d'allocataires et de leur situation dans l'ensemble des ZUS (base 100 en 200 et de leur situation dans l’ensemble des ZUS (base 100 en 2009) 109 108 107 106 105 104 103 102 101 100 dépendants RSA minima sociaux allocataires 2009 2010 2011 Source : CAF du Bas-Rhin, 2009-2011 Évolution du taux d’activité des 25-64 ans Unité urbaine Koenigshoffen Grand Ried Meinau Elsau MV Hirondelles Hautepierre Ecrivains Port du Rhin Cronenbourg Neuhof 50 2009 55 60 Source : Secrétariat général du CIV – SIG Ville 65 70 75 80 2006 La part des ménages concernés par une allocation chômage en 2009 dans les ZUS est toujours supérieure à la moyenne de l’unité urbaine. Dans les ZUS de Hautepierre et de Cronenbourg, cette proportion est quasiment deux fois supérieure à la valeur de l’unité urbaine. Entre 2007 et 2009, le nombre de ménages concernés par une allocation chômage a augmenté dans l’unité urbaine. Dans les ZUS, les situations sont très contrastées, entre celles qui voient cette part diminuer (parfois sous l’impulsion des projets de rénovation urbaine), comme dans les ZUS des Ecrivains, de la Meinau ou des Hirondelles, et celles où, au contraire, cette part augmente. ADEUS NOTE 108 P5 35 15 30 10 25 20 5 15 0 10 -5 5 0 e é nit U ur d an Gr Ri ig en sh e off s u n ed in ba M a ein r Ec Ko of in in iva u td r Po Rh N h eu es V u sa El M n ro Hi re ll de e ut Ha er pi rg en on Cr u bo évolution 2007-2009 % ménages concernés par une allocation chômage en 2009 Source : Secrétariat général du CIV – SIG Ville -10 Evolution 2007-2009 Dans l’ensemble de l’unité urbaine en 2009, en moyenne un ménage sur six est concerné par une allocation chômage. Dans les ZUS, ce sont au minimum un ménage sur cinq, voire près d’un ménage sur trois comme à Cronenbourg ou au Neuhof. part des ménages concernés par une allocation chômage et son évolution entre 2007 et 2009 (en %) Ménages concernés 2009 De nombreux demandeurs d’emploi en ZUS Les Zones urbaines sensibles de la CUS : État de la situation en 2013 ADEUS NOTE 108 P6 5. Ils sont issus de l’exploitation exhaustive des déclarations de revenus fiscaux des personnes physiques et de la taxe d’habitation. Cet indicateur est mieux adapté que le revenu moyen à des comparaisons entre zones géographiques de petite taille (source : INSEE). 6. Le revenu par unité de consommation (UC) est le revenu annuel exprimé en € courants, divisé par le nombre d’unités de consommation. Le nombre d’unités de consommation du ménage est calculé en attribuant 1 au premier adulte du ménage, puis 0,5 unité à tout autre adulte de 14 ans et plus, puis 0,3 unité à tout enfant de moins de 14 ans. ADEUS NOTE 108 P7 Revenus fiscaux médians en € 12 000 10 000 8 000 6 000 4 000 f in ho eu N rt Po du Rh ut Ha re er i ep e on Cr g ur o nb es r Hi s V ell d on u lsa ain M E iv cr E au ein M revenus fiscaux médians fin 2009 ig en Ko n ed ffe o sh Gr a nd Ri ité e ain b ur Un évolution 2007-2009 Source : Secrétariat général du CIV – SIG Ville part de la population à bas revenus en 2009 et son evolution depuis 2007 Population à bas revenus 2009 40 16 14 35 12 30 10 8 25 6 20 4 2 15 0 u M Ec V riv Cr ain on en s bo ur H g au te pi er H iro re nd ell Po es rt du Rh in N eu ho f ffe au sa M ein El en ig s ho e ain nd ra ur b G n -2 Ri ed 10 Ko Cela signifie, d’une part, la persistance des écarts avec l’unité urbaine, alors que précisément toutes les actions entreprises dans ces territoires ont vocation à les réduire, et d’autre part, l’intensité différenciée des situations de fragilité et de précarité sociale. 14 000 ité Le croisement des données disponibles sur les revenus fiscaux médians par unité de consommation et sur la part de la population à bas revenus montre clairement que la situation des ZUS est systématiquement plus défavorable que dans l’unité urbaine. Il montre également que la situation des populations résidant en ZUS n’est pas homogène et que certaines sont plus fragilisées que d’autres. Quels que soient d’ailleurs les indicateurs retenus, le constat demeure identique. 16 000 population à bas revenus fin 2009 évolution 2007-2009 Source : Secrétariat général du CIV – SIG Ville Situation des ZUS au regard des revenus en 2009 19 000 Unité urbaine 18 000 17 000 16 000 15 000 14 000 Grand Ried 13 000 Koenigshoffen 12 000 11 000 Meinau 10 000 Ecrivains Elsau MV 9 000 Hirondelles Cronenbourg 8 000 Hautepierre Neuhof 7 000 Port du Rhin 6 000 10 15 20 25 30 35 40 45 % population à bas revenus fin 2009 Source : Secrétariat général du CIV – SIG Ville Evolution en % Par voie de conséquence, les populations à bas revenus sont nombreuses en ZUS, dans des proportions nettement plus importantes que la moyenne de l’unité urbaine. De plus, non seulement les écarts avec l’unité urbaine sont importants, mais la population à bas revenus s’est accrue, parfois dans des proportions considérables, comme dans la ZUS Elsau Montagne-Verte (+15 %) ou dans la ZUS des Ecrivains (+13 %). 18 000 Un Les revenus fiscaux médians par unité de consommation ont diminué entre 2007 et 2009 dans six des dix ZUS, accroissant ainsi les situations de précarité financière et par conséquent, de dépendance aux prestations sociales. 4 3 2 1 0 -1 -2 -3 -4 -5 -6 -7 -8 20 000 Evolution en % Les revenus fiscaux localisés5 permettent de décrire la situation des habitants des ZUS. Le revenu médian par unité de consommation6 permet d’appréhender les disparités de revenus entre ZUS. Les écarts entre les revenus des habitants des ZUS et ceux de l’unité urbaine sont conséquents. Ils sont au moins 1,4 fois inférieurs dans les ZUS de Koenigshoffen et du Grand Ried, jusqu’à 2,2 fois à Hautepierre et 2,4 fois entre le Neuhof et l’unité urbaine. revenus fiscaux médians en 2009 et leur evolution depuis 2007 Revenus fiscaux médians par UC fin 2009 Des revenus plus faibles en ZUS Les Zones urbaines sensibles de la CUS : État de la situation en 2013 Conclusion et enjeux Les quelques indicateurs présentés ci-dessus illustrent les écarts entre les populations des ZUS et de l’unité urbaine de Strasbourg. La situation des ZUS est toujours plus défavorable que celle de l’ensemble de l’unité urbaine et pour autant, l’analyse des divers indicateurs montre que les différentes ZUS ne sont pas homogènes en termes de disparités (structure démographique, bénéficiaires des allocations familiales, taux de chômage, taux d’activité, revenus, etc.). En effet, les ZUS de Koenigshoffen et du Grand Ried sont celles où les écarts de développement avec l’unité urbaine existent mais sont les moins importants, tandis qu’ils sont particulièrement significatifs pour les ZUS du Neuhof et du Port du Rhin. Ainsi, malgré la mise en œuvre de politiques volontaristes dans de nombreux domaines, ces écarts persistent et dans certains cas s’accroissent même. Le contexte de crise n’est certes pas favorable à la réduction des écarts, mais les difficultés de résorption des inégalités entre populations et territoires conduisent à s’interroger sur les moyens mis en œuvre. géographie prioritaire devrait être resserrée et unique, afin de concentrer les moyens publics sur les territoires les plus en difficultés. Les quartiers prioritaires de la politique de la ville devraient ainsi se substituer aux ZUS et aux quartiers des contrats urbains de cohésion sociale (CUCS) situés hors-ZUS, en s’appuyant sur le critère des revenus des habitants. De nouveaux contrats de ville signés entre l’Etat et les collectivités territoriales devraient constituer le cadre local de mise en œuvre de la politique de la ville et ils seront pilotés à l’échelle de l’intercommunalité en articulation avec les communes concernées, dans la même temporalité que les mandats municipaux. Afin de poursuivre la connaissance de ces territoires, les communes et établissements publics de coopération intercommunale devront élaborer un rapport sur la situation de la collectivité au regard de la politique de la ville, soumis à débat devant leurs assemblées délibérantes. Une évolution de la géographie prioritaire C’est dans ce contexte qu’un projet de loi de programmation pour la ville et la cohésion urbaine sera présenté fin novembre 2013 au Parlement. La nouvelle Directrice de publication : Anne Pons, Directrice générale de l’ADEUS Équipe projet : Vincent Flickinger (chef de projet), Virginie Muzart N° projet : 1.2.1.1 - Mise en page : Jean Isenmann Photos : Vincent Flickinger et Jean Isenmann © ADEUS - Numéro ISSN : 2109-0149 Notes et actualités de l’urbanisme sont consultables sur le site de l’ADEUS www.adeus.org