Correction chirurgicale de la presbytie

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Correction chirurgicale de la presbytie
2014
Volume 10, numéro 6
Ophtalmologie
MD
Conférences scientifiques
COMPTE RENDU DES CONFÉRENCES
SCIENTIFIQUES DU DÉPARTEMENT
D’OPHTALMOLOGIE ET
DES SCIENCES DE LA VISION,
FACULTÉ DE MÉDECINE,
UNIVERSITÉ DE TORONTO
Correction chirurgicale de la presbytie :
mise au point sur les nouvelles techniques
PAR R AYMON D S TE I N , M.D., FRCSC
ET
R E B ECCA S TE I N , B.S C ., MBCHB ( CAN DI DAT )
La correction chirurgicale de la presbytie est un domaine qui fait l’objet d’intenses recherches et
développement. Bien qu’il soit idéal de prévenir ou d’inverser le durcissement du cristallin, ce n’est
pas actuellement une option thérapeutique qui puisse être envisagée. Au cours des dernières
années, de nombreuses procédures chirurgicales différentes ont été mises au point pour permettre la vision de près. Dans le présent numéro d’Ophtalmologie – Conférences scientifiques, nous
donnons un aperçu des techniques et des dispositifs associés utilisés ou développés actuellement
pour le traitement de la presbytie. Tous les patients candidats à la chirurgie réfractive et de la
cataracte doivent connaître les avantages et les inconvénients des diverses opérations de la presbytie. Bien que la technologie continue à progresser, les options actuelles de correction de la vision
presbyte offrent des avantages cliniques réels.
Au cours de la dernière décennie, les progrès effectués dans la chirurgie réfractive ont significativement amélioré le traitement de la myopie, de l’hypermétropie et de l’astigmatisme. La correction
chirurgicale de la presbytie est considérée comme la plus grande avancée en chirurgie réfractive. La
presbytie est la réduction graduelle de l’amplitude de l’accommodation avec l’âge qui commence dès
le début de l’adolescence et finit à la soixantaine avec la perte complète de la capacité à modifier la
puissance de l’œil1. Des mesures correctrices deviennent nécessaires lorsque le punctum proximum
d’une personne a atteint une distance inconfortable.
La presbytie, qui signifie littéralement « vieil œil » est l’affection oculaire la plus courante dans le
monde. Avec la longévité croissante, la plupart des individus dans les pays occidentaux seront presbytes pendant presque la moitié de leur vie. La presbytie touche actuellement près de 2 milliards de
personnes dans le monde 2. C’est probablement Aristote (384-322 av. J-C) 3 qui a fait la première
référence connue sur la presbytie en qualifiant la personne qui en souffrait de presbyte (qui signifie «
vieil homme » en grec). La physiopathologie de base impliquée dans son développement a fait l’objet
de controverses pendant des siècles. Le traitement de la presbytie consistait principalement en des
lunettes de lecture ou des lentilles de contact. Cependant, les lunettes de lecture permettent une vision
claire uniquement à une distance donnée et les lunettes à double foyer peuvent être difficiles à utiliser,
car le patient doit diriger ses yeux vers le bas au lieu d’incliner la tête vers le bas. Les professionnels
de soins oculaires et les patients cherchent une technique sûre et efficace pour remplacer l’accommodation et restituer ainsi le champ de vision complet dont on bénéficie généralement avant l’âge de 40
ans. En plus de l’objectif d’une meilleure vision de près et de loin, il est important de fournir une vision
intermédiaire fonctionnelle. Pour travailler à l’ordinateur, utiliser un tableau de bord, se regarder dans
le miroir, effectuer un travail de bureau et avoir une interaction visuelle avec autrui, une vision intermédiaire claire non corrigée est un atout.
Actuellement, toutes les approches chirurgicales et non chirurgicales pour corriger la presbytie
sont considérées comme un compromis entre un effet positif et négatif, étant donné qu’il n’existe pas
de traitement de la cause, c’est-à-dire le rétablissement de la souplesse du cristallin. Il est important de
garder à l’esprit que les effets indésirables potentiels des interventions chirurgicales (p. ex., la réduction de la sensibilité aux contrastes ou la présence de halos la nuit due à un implant multifocal) doivent
être différenciés du risque chirurgical inhérent à toute intervention (p. ex. l’endophtalmie ou l’œdème
maculaire cystoïde).
Les chirurgiens spécialisés dans les chirurgies réfractives disposent actuellement de différentes
modalités chirurgicales, incluant des technologies bien établies comme le LASIK (kératomileusie
assistée par laser in situ) ou la création d’une monovision avec l’implantation d’une lentille intraoculaire (LIO). De plus, il existe les implants cornéens, le presbyLASIK, la correction intrastromale avec une
technologie de lasers femtosecondes, les implants multifocaux, les implants accommodatifs et les techniques sclérales. Les techniques en développement incluent la photodisruption du cristallin et le
remplissage du sac capsulaire.
Disponible sur Internet à : www.ophtalmologieconferences.ca
Département d’ophtalmologie
et des sciences de la vision
Sherif El-Defrawy, M.D.
Professeur et président
Jeffrey Jay Hurwitz, M.D.
Rédacteur,
Ophtalmologie – Conférences scientifiques
Martin Steinbach, Ph.D.
Directeur de la recherche
The Hospital for Sick Children
Elise Heon, M.D.
Ophtalmologiste en chef
Mount Sinai Hospital
Jeffrey J. Hurwitz, M.D.
Ophtalmologiste en chef
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(Clinique des tumeurs oculaires)
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Directeur, Service d’oncologie oculaire
St. Michael’s Hospital
Alan Berger, M.D.
Ophtalmologiste en chef
Sunnybrook Health Sciences Centre
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Ophtalmologiste en chef
University Health Network
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Sherif El-Defrawy, M.D.
Ophtalmologiste en chef
Département d’ophtalmologie
et des sciences de la vision
Faculté de médecine
Université de Toronto
60 Murray St.
Bureau 1-003
Toronto (Ontario) M5G 1X5
Le contenu rédactionnel d’Ophtalmologie –
Conférences scientifiques est déterminé
exclusivement par le Département
d’ophtalmologie et des sciences de la vision,
Faculté de médicine, Université de Toronto.
Le problème sous-jacent
Des études physiologiques modernes confirment la
théorie de Helmholtz selon laquelle le durcissement progressif
du cristallin est à la base de la perte de l’accommodation liée
à l’âge4. Il a établi la théorie selon laquelle lorsque les yeux
s’accommodent, le muscle ciliaire se contracte, réduisant la
tension sur les zonules qui recouvrent l’espace péricristallinien situé entre l’équateur du cristallin et le corps ciliaire. Cela libère la tension au niveau de la région équatoriale
sur la capsule du cristallin et permet à cette capsule élastique
de se contracter, entraînant une augmentation du diamètre
antéro-postérieur du cristallin et une augmentation de sa puissance optique. De nombreuses études qui se fondent sur la
théorie de Helmholtz ont tenté d’expliquer la perte du pouvoir
d’accommodation des yeux avec l’âge. Certains suggèrent une
perte de zonules ou de l’élasticité de la capsule avec l’âge.
Ainsi, lorsque les zonules sont relâchées, le cristallin ne peut
pas modifier sa forme5, et les rapports s’opposent sur la question de savoir si le muscle ciliaire s’atrophie avec l’âge 6 .
Le traitement idéal de la perte de fonctionnalité du
cristallin consiste à prévenir ou à inverser le durcissement.
Malheureusement, il est impossible de réaliser l’une ou l’autre
de ces options thérapeutiques. Les interventions chirurgicales
pour traiter la presbytie sont conçues pour intervenir sur la
sclère, la cornée ou le cristallin.
Interventions chirurgicales correctrices
Interventions sclérales
Les interventions sclérales réalisées avec une lame, un
laser et/ou l’insertion d’implants scléraux consistent en l’augmentation de la distance entre l’équateur du cristallin et le
muscle ciliaire, ce qui augmente la tension zonulaire 7 .
Cependant, les mécanismes sous-jacents à ce concept doivent
encore être démontrés. Selon Schachar 7, la croissance du
cristallin sans croissance concomitante d’autres structures
oculaires inhibe physiquement le mouvement nécessaire à
l’accommodation. Une sclérotomie, réalisée avec une lame ou
un laser, donnerait au cristallin davantage de place pour l’accommodation. Cependant, des études physiologiques ont
montré que le cristallin n’a pas plus d’espace pour se déplacer
et en outre, ne se déplace pas vers sa région équatoriale.
Certains des résultats positifs initiaux obtenus avec la procédure d’expansion sclérale peuvent être dus à la multifocalité
induite, qui a amélioré la vision de près. Les résultats cliniques
produits par les bandes d’expansion sclérale ont été non
durables et non prévisibles8-10. De plus, les risques potentiels
des interventions sclérales incluent le danger de perforation,
de décollement de la rétine, d’hémorragie choroïdienne ou
rétinienne et d’ischémie, et les implants scléraux augmentent
le risque d’infection et sont associés à un risque de migration
et d’extrusion.
Une nouvelle intervention au laser vise à corriger la presbytie en modifiant le complexe scléro-ciliaire. Elle utilise un
laser au grenat d’yttrium et d’aluminium dopé à l’erbium pour
l’ablation à une profondeur de 90 % de la sclère et à une
largeur de 600 µm, dans le but de libérer le muscle ciliaire,
afin qu’il se contracte normalement11. Les spots sont délivrés
selon un schéma matriciel de neuf spots laser dans chaque
quadrant oblique. Après la réalisation des microexcisions, un
agent de remplissage à biomatrice de collagène est appliqué
pour remplir les excisions, afin de prévenir la fibrose et de
maintenir la perméabilité des ablations. Hipsley et ses
collègues12 ont rapporté le rétablissement de l’accommodation
de 1,25-1.50 D dans 135 yeux, qui est restée stable pendant
18 mois. Ils ont également rapporté que 89 % des patients
présentaient une acuité visuelle (AV) de près non corrigée de
2
J3 ou mieux après l’intervention et ne présentaient pas une
perte significative d’AV de loin. Des essais cliniques plus
importants sont en cours, afin de corroborer ces résultats
initiaux.
Interventions cornéennes
PresbyLASIK
Il existe deux principales approches pour créer une multifocalité cornéenne avec le LAS IK. Le presbyLAS IK
périphérique augmente la gamme de la pseudoaccommodation, alors que le presbyLASIK central crée une vision bifocale.
Bien que des aberrations d’ordre supérieur soient responsables
de la diminution de la qualité de la vision, elles peuvent
augmenter la profondeur de champ pour améliorer la vision
de près. La quantité d’aberrations bénéfiques semble varier
d’un patient à l’autre.
Dans le presbyLASIK périphérique, la profondeur de
champ est accrue par l’ablation de la cornée périphérique,
produisant une asphérité périphérique négative. Dans cette
intervention, le centre de la cornée est conservé pour la vision
de loin, alors que la cornée périphérique sert pour la vision de
près13-15. La correction de la presbytie obtenue grâce à ce profil
d’ablation est significativement influencée par le diamètre de
la pupille. Si la pupille se dilate, comme dans l’obscurité, une
plus grande surface de la pupille est couverte par la correction
de la vision de près et la vision de loin peut être compromise.
Inversement, si la pupille devient miotique, la vision de près
est réduite.
Le presbyLASIK central implique la création d’une zone
hyperpositive pour la vision de près dans la cornée centrale, ce
qui produit une surface qui fonctionne de façon similaire à
une LIO réfractive multifocale16,17. Ce type de profil d’ablation
dépend du diamètre de la pupille pour la correction de la presbytie. La construction de la pupille améliore la vision de près
au détriment de la vision de loin. L’un des principaux avantages de cette technique est que l’on doit faire l’ablation de
moins de tissu qu’avec la technique périphérique.
Les résultats cliniques pour le presbyLASIK périphérique13-15
et central16,17 ont démontré un pourcentage élevé de patients
obtenant une AV de loin de 20/25 et J2. D’autres études sont
nécessaires pour déterminer le succès à long terme de ces
techniques et pour évaluer la qualité de la vision dans des
conditions de faible lumière et de faible contraste.
Implants cornéens
Au fil des ans, de nombreux défis ont dû être relevés pour
développer des implants cornéens. Un implant cornéen cliniquement réussi doit être mince, avoir un petit diamètre,
fournir une perméabilité nutritionnelle et liquidienne
adéquate et être inséré relativement profondément dans la
cornée de l’œil non dominant sous un lambeau ou dans une
poche. Les implants intrastromaux imperméables peuvent
entraver le métabolisme cornéen et entraîner un amincissement de la couche sus-jacente. L’apport adéquat en glucose de
l’humeur aqueuse, antérieurement à l’implant, est essentielle
pour prévenir la nécrose stromale antérieure. L’implantation
superficielle peut entraîner des changements marqués de la
courbure de la surface. Les implants peuvent également être
utilisés chez les patients ayant un implant pseudophaque
monofocal et chez les patients qui sont devenus presbytes
après correction de leur vision au laser.
Les avantages des implants cornéens intrastromaux pour
le traitement de la presbytie incluent la réversibilité potentielle, la facilité d’implantation et l’avantage potentiel de les
combiner avec d’autres interventions réfractives pour permettre la correction simultanée de l’acuité visuelle de loin. Les
implants cornéens intrastromaux initiaux ont entraîné des
complications, à savoir une opacification, une vascularisation,
une kératolyse et une décentration de la cornée. Les progrès
réalisés dans la technologie des implants cornéens sont dus
aux matériaux ayant une meilleure biocompatibilité, aux
lasers femtoseconde qui facilitent la création de poches
intrastromales et à une meilleure compréhension du processus
de cicatrisation des plaies. Le succès de cette technologie
dépendra d’études à long terme démontrant la biocompatibilité et les excellents résultats réfractifs. Un résumé des détails
et des caractéristiques des implants cornéens actuellement
disponibles est présenté dans le Tableau 1.
L’implant cornéen KamraMC (Figure 1A) est conçu pour
augmenter la profondeur de champ dans l’œil implanté.
L’implant peut améliorer la vision de près et intermédiaire sans
impact significatif sur l’acuité visuelle à distance.
L’implantation peut être combinée à une ablation au laser
excimer, afin de corriger simultanément une erreur de réfraction et la presbytie. L’implant est inséré sur la ligne de vision,
ou dans les cas où il existe une déviation importante, entre la
ligne de vision et le centre de la pupille, une position intermédiaire est définie. Seyeddain et ses collaborateurs 18 ont
constaté que 96,9 % des patients (N = 32 yeux) pouvaient lire
J3 ou mieux dans les yeux implantés après 24 mois. Yilmaz et
ses collaborateurs19 ont établi que l’AV de près non corrigée
(AVPNC) moyenne s’était améliorée de J6 avant l’intervention
à J1+ 12 mois après l’implantation chez 39 patients presbytes
(12 étaient naturellement amétropes et 27 présentaient une
amétropie due à une opération LASIK pour hypermétropie).
On n’a noté aucune modification significative de l’AV de loin
non corrigée (AVLNC) moyenne dans des yeux implantés. À
quatre ans20, tous les patients avaient conservé une amélioration ≥ 2 lignes de la vision de près sans perte significative de
la vision de loin.
L’implant cornéen Raindrop MC (Figure 1B) est conçu pour
améliorer la vision de près et intermédiaire en modifiant la
courbure de la cornée. L’implant utilise une hypercambrure
centrale pour la vision de près et ne modifie pas la courbure
de la région plus périphérique de la cornée pour la vision
intermédiaire et de loin. Le matériau a un indice réfractif et
une teneur en eau similaires à ceux de la cornée humaine.
L’acuité visuelle de loin est modifiée de façon minime, étant
donné que les rayons lumineux paracentraux à l’implant de
Tableau 1 : Résumé des implants cornéens pour la presbytie
KamraMC
Flexivue
RaindropMC MicrolensMC
IcolensMC
Procédure
Monovision Monovision Monovision
modifiée
modifiée
modifiée
Monovision
modifiée
Principe
d’action
Augmente Augmente
la
la courbure
profondeur cornéenne
de champ antérieure
Modifie
l’indice
réfractif
Effet
multifocal
Chirurgie
Poche ou
lambeau
Lambeau
Poche
Poche
Profondeur
stromale (µm)
200
120
280–300
280–300
Épaisseur de
l’implant (µm)
10
25
15–20
15
Diamètre
(mm)
3,8
2
3,2
3,0 m
Transparence
Non
Oui
Oui
Oui
Figures 1A,B: Implants cornéens
1A. Implant Kamra ® : l’implant
cornéen à petite ouverture améliore la profondeur de champ
comme un objectif à ouverture
fixe.
1B. Implant Raindrop® : l’implant
cornéen transparent de 2 mm
augmente la puissance de la
cornée centrale pour permettre la
vision de près.
2 mm demeurent principalement axés sur la rétine, en particulier avec la pupille dilatée de moitié ou totalement. La
constriction de la pupille crée un effet pseudoaccommodatif
utilisant les parties inclinées et centrale de la cornée pour
focaliser les rayons lumineux pour la vision de près. Les
données à six mois provenant d’une étude par Slade et ses
collaborateurs 21 auprès de 30 presbytes emmétropes ont
montré que l’AVPNC de l’œil traité était de 20/25 et J1, ce qui
correspond à une amélioration de 4 lignes. L’AV intermédiaire
non corrigée (AVINC) dans l’œil traité s’est amélioré pour
atteindre 20/25, ce qui représente une amélioration de 2
lignes. Aucun patient n’a perdu ≥ 2 lignes d’AV de près et de
loin corrigée. Dans une étude antérieure chez l’animal22, les
yeux implantés sont demeurés clairs et n’ont pas réagi à l’implant cornéen. Les cornées étaient claires à l’examen à la lampe
à fente à un an et les données histologiques suggéraient que
l’implant était inerte.
FlexiVue MicrolensMC est le seul implant qui utilise une
addition de puissance réfractive. La lentille est fabriquée en
polymère hydrophile et est disponible en puissances réfractive
+1,5 à 3,5 D. Dans une étude menée par Bouzoukis et ses
collaborateurs 23 auprès de 43 patients ayant une AVLNC
moyenne avant l’intervention de 20/20 et une AVPNC de
20/50, l’AVPNC moyenne a augmenté après une semaine chez
tous les patients. Après 1 an, 98 % des patients avaient une
AVPNC de J2 ou mieux, alors que l’AVLNC était ≥ 20/40 pour
93 % des yeux opérés.
IcolensMC est l’implant cornéen en développement le plus
récent et est conçu pour créer un effet multifocal en utilisant
un hydrogel acrylique hydrophile. Cette lentille combine une
zone centrale neutre avec une zone optique périphérique de
3 D. Comme une lentille intraoculaire multifocale, cet implant
bifocal produit deux images simultanées sur la rétine. La puissance réfractive positive périphérique de l’implant produit la
vision de près. Dans une étude menée par Kohnen et O’Keefe24,
60 % des 52 implants ont gagné ≥ 2 lignes en AV de près et
34 % ont gagné ≥ 3 lignes. Chez plus de la moitié (52 %) des
patients, l’AVLNC n’a pas changé, 30 % ont perdu 1 à 2 lignes
et aucun patient n’a perdu > 2 lignes. Aucune complication
cornéenne et aucun événement indésirable n’est survenu. Des
résultats cliniques ultérieurs seront colligés afin de déterminer
la satisfaction des patients et le niveau d’innocuité.
Traitement intrastromal cornéen au laser femtoseconde
(technique Intracor®)
La technique Intracor® utilise un laser femtoseconde pour
réaliser cinq anneaux concentriques dans le stroma, afin d’accentuer la courbure cornéenne centrale et de corriger la presbytie. Aucune incision de l’épithélium ou de la couche de
Ophtalmologie
Conférences scientifiques
3
Bowman n’est effectuée. L’intervention dure environ 15 à 20
secondes et commence au centre par la réalisation d’un
anneau de 1,8 mm de diamètre, puis d’anneaux vers la
périphérie. La formation de ces anneaux intrastromaux
produit une modification biomécanique localisée qui modifie
la courbure de la cornée, afin d’améliorer la vision de près25,26.
L’intervention est généralement réalisée dans l’œil non dominant. Immédiatement après l’intervention, les anneaux
intrastromaux sont clairement visibles à l’examen à la lampe à
fente en raison de bulles de gaz de cavitation engendrées par
la photodisruption. Ces bulles de gaz disparaissent après
quelques heures et les anneaux sont à peine visibles après
quelques semaines.
Le traitement intrastromal au laser femtoseconde a été
décrit pour la première fois en 2009 par Ruiz et ses collègues26,
qui rapportaient que les 83 yeux étudiés avaient une AVPNC
améliorée avec une modification minime ou nulle de l’AVLNC
six mois après l’intervention. Après 12 mois, 22 yeux avaient
une AVPNC de J1. Deux yeux ont perdu 2 lignes d’AV de loin
corrigée à six mois, aucun d’eux ne faisaient partie des 22
yeux ayant présenté une amélioration de l’AV de près à 12
mois. Une étude menée par Holzer et ses collaborateurs27 (N =
58 patients) a révélé que l’AVPNC s’est améliorée en moyenne
de 4 lignes après 1 an. Des données sur 18 mois portant sur 25
patients ont montré que le gain médian de 5 lignes de vision
de près et l’accentuation de la courbure cornéenne demeuraient stables28. Le traitement intrastromal au laser femtoseconde a également été associé à des effets indésirables significatifs. Holzer et ses collaborateurs28 ont observé que 7,1 % de
leurs patients ont perdu ≥ 2 lignes de la meilleure acuité
visuelle corrigée (MAVC) de loin, 11,5 % ont perdu ≥ 2 lignes
de la MAVC de près et 19,6 % n’étaient pas satisfaits du
résultat à 12 mois. Cette perte de la MAVC de loin est particulièrement préoccupante, et des données à long terme sur cette
intervention sont nécessaires pour identifier le risque d’instabilité réfractive, ainsi que la réduction potentielle de la sensibilité au contraste et les troubles de la vision nocturne.
Monovision
Monovision classique
La monovision est une procédure bien établie en chirurgie
réfractive. La technique par laquelle l’œil dominant est corrigé
pour la vision de loin alors que l’œil non dominant est corrigé
pour la vision de près représente la toute première tentative
chirurgicale pour traiter la presbytie. La monovision peut être
obtenue par la chirurgie réfractive cornéenne (monovision par
LASIK ou kératoplastie photoréfractive). Avant de pratiquer la
monovision, un essai préopératoire avec des lunettes ou des
lentilles de contact doit être effectué pour s’assurer que l’anisométropie est tolérée. Le taux de succès chez les patients
pseudophaques est relativement élevé, variant de 64 à 100
%29. Les principales difficultés de la technique de monovision
sont liées à la réduction de la stéréopsie due à l’anisométropie
et de la vision trouble pendant la conduite nocturne. Une
paire de lunettes pour la conduite nocturne est utile pour
améliorer la fonction visuelle. Les limites incluent la perte de
la fusion due à l’anisométropie entre les deux yeux, une
mauvaise vision intermédiaire, une sensibilité au contraste
binoculaire réduite et une stéréoacuité réduite. Cependant,
des études récentes ont démontré que nombre de ces limites
peuvent être évitées en limitant l’anisométropie à 1,25 D ou
1,5 D29,30. Il est intéressant de noter que la monovision induite
par la chirurgie réfractive peut être tolérée par une plus
grande proportion de patients (92 %) que la monovision
induite par des lentilles de contact (60 %)31. On n’a pas établi
clairement si cela était dû aux problèmes liés au port et à la
tolérance des lentilles de contact.
4
Le traitement Laser Blended Vision
Le traitement Laser Blended Vision combine des éléments
de monovision avec une augmentation de la profondeur de
champ par l’augmentation de l’aberration sphérique. Un profil
d’ablation au laser excimer sophistiqué est utilisé pour induire
une aberration sphérique dans les limites d’une certaine
gamme de puissance, afin d’atténuer la sensibilité au contraste
qui a un effet néfaste et la qualité de la vision. La technique a
démontré une fusion binoculaire et une stéréoacuité fonctionnelle satisfaisantes comparativement à la monovision classique ou traditionnelle32,33. Reinstein et ses collaborateurs34 ont
démontré que 94 % des myopes, 80 % des hypermétropes et
92 % des emmétropes ont une acuité visuelle de 20/25 et J2.
Procédures intraoculaires
La technologie des LIO continue de progresser avec le
développement des lentilles multifocales et accommodatives
(Tableau 2). Chaque type de LIO a des avantages et des inconvénients évidents. Une évaluation préopératoire de la personnalité et des besoins du patient est essentielle pour déterminer
le succès de la technologie des LIO pour la presbytie.
LIO multifocales
Les LIO multifocales corrigeant la presbytie ont démontré
un certain nombre d’avantages, incluant l’inutilité de porter
des lunettes, une bonne acuité visuelle de près et une
meilleure acuité visuelle intermédiaire, la profondeur de
champ, une implantation facile, la stabilité à long terme du sac
capsulaire à long terme et l’amélioration des symptômes
d’éblouissement et de halos avec la neuroadaptation. Les effets
indésirables potentiels incluent une vision intermédiaire
limitée, une sensibilité au contraste réduite comparativement
aux lentilles accommodatives et monofocales et les
phénomènes dysphotopiques, tels que l’éblouissement, les
halos et les problèmes de vision nocturne35-40. Dans plusieurs
études, plus de 90 % des patients ont affirmé qu’ils choisir-
Tableau 2 : Lentilles intraoculaires multifocales et
accommodatives au Canada
Type
Statut réglementaire au
Canada
Sensibilité
au contraste
AcrySof®
ReSTOR®
+3.0 D
+ 2.5 D
Multifocale –
apodisée
Tecnis®
Multifocal
Multifocale –
non apodisée
Approuvée
Diminution
AT LISA® 809
Multifocale –
non apodisée
Accès
spécial
Diminution
Lentis® Mplus
+3,0 D
+1,5 D
Asymétrique
multifocale
Approuvée
FineVision®
Asymétrique
multifocale
Accès
spécial
Légère diminution
Crystalens®
Accommodative
Approuvée
Aucun effet
®
Accommodative
Accès
spécial
Aucun effet
FluidVision®
Accommodative
Stade de
la recherche
Aucun effet
Sapphire
AutoFocal®
Accommodative
Stade de
la recherche
Aucun effet
Synchrony
Approuvée
Diminution
Diminution
Légère diminution
Aucun effet
aient de nouveau d’avoir la même LIO implantée. Pour les
patients insatisfaits, la cause a pu généralement être identifiée
et corrigée dans la plupart des cas. Comparativement aux LIO
accommodatives, une réduction de la sensibilité aux
contrastes peut constituer un handicap pour les LIO multifocales chez certains patients qui effectuent des activités nécessitant un faible éclairage. L’éblouissement et les halos peuvent
être moins prévalents avec les nouvelles conceptions
asphériques.
Les LIO multifocales sont conçues de façon à avoir
plusieurs points focaux, ce qui crée de multiples images à
différentes longueurs focales. Habituellement, les patients
perçoivent uniquement l’image d’intérêt qu’ils focalisent. Les
LIO multifocales peuvent être divisées en lentilles réfractives
et diffractives. L’utilisation d’implants multifocaux devrait être
découragée chez les patients qui présentent une dystrophie de
la membrane basale épithéliale et une maladie maculaire, telle
que la dégénérescence maculaire liée à l’âge ou la présence
d’une membrane épirétinienne. Les personnes ayant une forte
hypermétropie peuvent faire face à des difficultés en raison du
grand angle kappa positif qui peut entraîner une intolérance
multifocale. Les patients recevant des implants multifocaux
doivent savoir que la neuroadaptation à la vision nouvellement créée peut prendre jusqu’à 6 mois.
Les LIO multifocales diffractives utilisent des zones diffractives ou des paliers microscopiques sur la surface de la
lentille 41. Lorsque la lumière rencontre ces paliers, elle est
dirigée vers les foyers de la vision de près et de loin. La quantité de lumière dirigée vers le foyer de la vision de près est
directement liée à la hauteur des paliers en proportion de la
longueur d’onde. À une hauteur de palier d’une longueur
d’onde, toute la lumière sera dirigée vers le foyer de la vision
de près, alors qu’une hauteur de palier de moins d’une
longueur d’onde dirigera un plus grand nombre de particules
de lumière vers le foyer de la vision de loin. Ce principe fondamental est important pour comprendre les différences dans la
conception des deux types de LIO multifocales diffractives :
apodisées et non apodisées.
Une lentille apodisée comprend des paliers diffractifs de
hauteur progressivement décroissante du centre vers la
périphérie42,43. En conséquence, lorsque la taille de la pupille
augmente, un plus grand nombre de zones diffractives avec
des hauteurs de paliers différentes sont exposées et dirigent
une plus grande portion des rayons lumineux vers les foyers
distants. En théorie, cette conception permet une meilleure
vision de loin dans les situations où la lumière est faible, telles
que la conduite de nuit. L’implant AcrySof® ReSTOR® a une
zone optique diffractive apodisée centrale et une zone réfractive périphérique (Figure 2A). Cette différence régionale est
favorable à la vision de loin dans des conditions mésopiques.
Les lentilles ReSTOR sont disponibles dans un modèle +3.0,
qui fournit une dioptrie de +2.25 à + 2.50 D au plan lunettes
et dans un modèle +2.5, qui fournit +1.75 à +2.25 D au plan
lunettes. Le modèle +2.5 distribue davantage de lumière pour
la vision de loin. Il a moins de zones diffractives, une plus
grande zone réfractive centrale et un point focal qui est d’environ 0,50 D plus à l’extérieur que le modèle + 3.0. Étant
donné que la fonction visuelle dépend de la taille de la pupille
pour les deux implants, une lecture satisfaisante nécessite
suffisamment de lumière pour produire une pupille relativement petite. Fernandez- Vega et ses collaborateurs 44 ont
constaté que l’AVDNC était ≥ 20/25 pour 224 yeux myopes et
hypermétropes (équivalent sphérique moyenne -6.0 D et + 3.9
D, respectivement) six mois après l’implantation de ReSTOR.
Aucun œil myope n’a perdu ≥ 2 lignes de MAVC de loin, 10
yeux myopes ont gagné 1 ligne et 10 ont gagné ≥ 2 lignes.
Figures 2A,B : LIO multifocales
2A. AcrySof® ReSTOR® +3.0 D : 2B. Tecnis ® Multifocal : concepconception multifocale diffractive tion multifocale diffractive non
apodisée
apodisée
Dans le groupe hypermétrope, 20 yeux ont gagné 1 ligne et 15
yeux ont gagné ≥ 2 lignes. Aucun œil n’a perdu ˃ 2 lignes de
MAVC de près, 10 yeux myopes ont perdu 2 lignes et huit
yeux hypermétropes, 15 yeux myopes et 20 yeux hypermétropes ont gagné 1 ligne et cinq et 16 yeux, respectivement,
ont gagné 2 lignes.
Les LIO diffractives non apodisées comprennent des
paliers diffractifs qui ont une hauteur uniforme de la
périphérique vers le centre, ce qui entraîne une quantité égale
de lumière vers les foyers de la vision de près et de loin pour
tous les diamètres de pupilles42. Les deux exemples de LIO
multifocales non apodisées sont la LIO Tecnis ® Multifocal
(Figure 2B) et la LIO AT LISA® 809. Contrairement à ReSTOR,
la lentille Tecnis Multifocal comprend des paliers diffractifs
non apodisés sur la surface postérieure de la lentille 45 .
L’implantation du Tecnis Multifocal a été associée à une
AVPNC de J1 pour 93,7 % des 2500 yeux et de J2 pour 98 %46.
Quatre-vingt-cinq pour cent des yeux ont obtenu une AVLNC
≥ 20/30. La LIO AT LISA 809, bien que non apodisée, dirige la
lumière de façon asymétrique vers les deux points focaux, ce
qui est favorable à la vision de loin. Dans une étude de 45
yeux dans laquelle la LIO AT LISA a été implantée, l’AVLNC
était de 0,04 ± 0,15 logMAR et 98 % des yeux ont obtenu une
AVLNC ≥ 20/40 47. L’AVPNC et l’AVINC était de 0,20 ± 0,16
logMAR et de 0,40 ± 0,16 logMAR, respectivement.
Les LIO multifocales rotationnellement asymétriques.
Contrairement aux LIO réfractives et diffractives, qui sont
Figures 3A,B : LIO multifocales rotationnellement
asymétriques
3A. Lentis ® Mplus +3.0 D : une 3B. FineVision® : une conception
conception bifocale rotationnelle- trifocale rotationnellement asymément asymétrique
trique
Ophtalmologie
Conférences scientifiques
5
conçues avec une symétrie rotationnelle, une nouvelle catégorie de LIO utilise le concept d’asymétrie rotationnelle48. Une
de ces lentilles – Lentis® Mplus (Figure 3A) – consiste en une
section pour vision de près avec une addition qui rend la LIO
indépendante des pupilles de plus de 2 mm de diamètre. C’est
un implant monobloc à bords carrés composé de matériau
hydrophile d’une puissance de +3.0 D ou avec une addition de
+ 1.5 D. Dans une étude menée par Venter et ses collaborateurs 49 sur 9366 yeux (4683 patients), 95 % des yeux ont
obtenu une AVLNC ≥ 20/25 à trois mois. L’AVPNC binoculaire
moyenne à trois et six mois était de 0,155 ± 0,144 logMAR et
0,159 ± 0,143 logMAR, respectivement. Le niveau de satisfaction des patients était très élevé, 97,5 % d’entre eux désirant
recommander la procédure. Une autre conception ayant une
asymétrie rotationnelle, la LIO FineVision® (Figure 3B), est une
lentille trifocale qui combine deux profils diffractifs50, un pour
la vision de loin et la vision intermédiaire et un pour la vision
de loin et la vision de près. Alio et ses collaborateurs51 ont
constaté une AVLNC, une AVPNC et une AVINC de 0,18 ±
0,13 logMAR, 0,26 ± 0,15 logMAR et 0,20 ± 0,11 logMAR,
respectivement, dans 40 yeux de 20 patients atteints de
cataracte bilatérale. La sensibilité au contraste monoculaire
dans des conditions scotopiques était dans les limites de la
normale pour une population âgée de plus de 60 ans.
LIO accommodative
Il existe deux conceptions de LIO accommodatives : un
système optique simple et un système optique double. Les LIO
accommodatives à optique simple modifient la longueur focale
du système optique LIO-yeux, sur la base du mouvement
antérieur de la lentille et des modifications de l’architecture de
la lentille. Les LIO accommodatives à optique double sont
conçues sur la base du concept non seulement du mouvement
axial, mais également de la modification de la puissance de
l’implant, qui change avec la position.
La LIO accommodative Crystalens®, une lentille à optique
simple, possède des charnières contiguës à l’haptique de type
plaque qui facilitent le mouvement antérieur de la lentille. Les
résultats cliniques des lentilles à optique simple ont démontré
que 88,4 % des patients ont obtenu ≥ 20/40 pour la vision de
loin, intermédiaire et de près comparativement à 35,9 % avec
la LIO standard52. On a suggéré qu’un mécanisme responsable
de l’accommodation ou de la pseudoaccommodation observée
est la souplesse de l’optique même, comme cela est le cas
durant l’accommodation du cristallin naturel53.
Une LIO accommodative à optique double utilise une
lentille de puissance élevée et négative, généralement placée
antérieurement et postérieurement, respectivement 54. Un
exemple est la LIO Synchrony ® (Figure 4), dont l’optique
antérieure (+ 32.0 D) et postérieure (puissance négative variFigure 4 : LIO accommodative à optique double : deux
implants reliés par des anses
6
able) sont reliées par des anses. Des essais cliniques ont
démontré une gamme moyenne accommodative de 3,22 ±
0,88 D55. Cette lentille nécessite une incision de 3,7 mm qui
peut induire un astigmatisme postopératoire.
Quelques nouveaux implants accommodatifs sont
actuellement en développement. La lentille FluidVision ®
contient un liquide permettant d’effectuer des changements
accommodatifs. Compte tenu de la contraction physiologique
humaine naturelle et de la relaxation du muscle ciliaire, le
liquide que l’implant contient permet des changements de
forme comme un cristallin pliable avant l’apparition de la presbytie. L’implant est en acrylique et il est rempli d’huile de silicone. Lorsque le muscle du corps ciliaire se contracte et se
relâche, des forces sont exercées à travers les zonules et la
capsule vers l’implant et le liquide dans les haptiques est
poussé vers l’optique entraînant une augmentation de la courbure de la surface antérieure de l’optique. Un prototype de
lentille non pliable a été implanté dans 14 yeux voyants en
2010 et une amplitude accommodative moyenne de 5 D a été
rapportée 56 . Un autre prototype d’implant, le Sapphire
AutoFocal ® électroactif, est une lentille électromécanique
équipée d’une batterie microscopique qui stimule la modification de la forme dans l’optique lors de la sensation de l’accommodation57. Lorsque la pupille change de dimension et devient
plus petite, les cristaux liquides à l’intérieur de la lentille sont
stimulés par des impulsions électromécaniques, entraînant
une modification de la lentille réfractive afin de fournir une
dioptrie de lecture de 3 D. Cet implant ne dépend pas du fonctionnement des muscles oculaires et de la contraction du sac
capsulaire pour être efficace.
Photodisruption critallienne par laser femtoseconde
La technologie du laser femtoseconde a révolutionné la
chirurgie ophtalmique par sa capacité à fournir des impulsions
laser ultracourtes vers un point focal sans interagir avec les
tissus oculaires transparents environnants ou causer des
lésions collatérales. Ce laser a la capacité de traiter le cristallin
de façon précise et non invasive, rétablissement potentiellement l’élasticité du cristallin (Figure 5). L’idée d’une amélioration de l’accommodation avec le laser femtoseconde pour
ramollir un noyau dur a été introduite pour la première fois en
199858. La coupe à l’intérieur du cristallin pouvait être réalisée
par photodisruption, qui consiste à induire la formation localisée de plasma par laser, suivi d’une onde de choc et d’une
Figure 5: Disruption du cristallin induite par laser. Un laser
femtoseconde est utilisé pour couper les fibres du cristallin afin
d’améliorer l’accommodation.
Figure 6 : Procédure de remplissage de la lentille : une
tentative de remplacer le contenu du sac capsulaire avec une
substance pour améliorer l’accommodation.
Le D r Stein est directeur médical du Bochner Eye Institute,
spécialiste de la chirurgie réfractive et de la cornée, Mount Sinai
Hospital, et professeur agrégé, Département d’ophtalmologie et
des sciences de la vision, Université de Toronto, Ontario.
Madame Stein a obtenu un baccalauréat avec spécialisation
(médecine), Bute Medical School, Universty of St. Andrews, Écosse,
Royaume-Uni, et termine son diplôme en médecine à l’Université
de Manchester, Royaume-Uni.
References
bulle de cavitation. L’idée était d’augmenter la souplesse du
cristallin et donc de rétablir l’amplitude accommodative. Une
étude clinique réalisée en 2011 et un suivi de deux ans ont
montré une accommodation de < 1.0 D59. Cette modification
moyenne minime suggère que d’autres études sont nécessaires
pour déterminer le type de spot laser. Les résultats des études
dans lesquelles des algorithmes détaillées ont été élaborés
devraient être publiés dans un proche avenir.
Recharge des lentilles
Comme le soutenait Kessler en 196460, une option idéale
pour rétablir l’accommodation serait une procédure de recharge
des lentilles (Figure 6). Un matériau injectable remplacerait le
noyau et le cortex du cristallin en présence d’un muscle ciliaire
fonctionnel et de l’intégrité de la capsule et de la zonule. Cette
procédure créerait un œil amétrope, entraînerait une augmentation de l’amplitude accommodative et serait viable pendant
plusieurs décennies. La capsule rechargée pourrait potentiellement rétablir l’accommodation en imitant les propriétés
mécaniques du cristallin naturel jeune. Les études exploratoires
de Kessler avec des cristallins de bœufs ont montré que l’amplitude accommodative diminue significativement avec la fibrose
capsulaire, ce qui indique que l’élasticité de la capsule est essentielle dans le mécanisme d’accommodation60. Il a également été
démontré que le volume de matériau injecté est important pour
déterminer la réfraction postopératoire61. Dans des études sur la
recharge in vivo du cristallin chez l’animal, le développement
d’une fibrose capsulaire observée était un obstacle majeur62. De
plus, le taux de succès des tentatives chirurgicales visant à
éradiquer la régénérescence des cellules épithéliales de la région
équatoriale du cristallin était limité. Ainsi, à ce jour les techniques de recharge du cristallin n’ont pas réussi à rétablir l’accommodation à long terme.
Résumé
La prévention ou l’inversion du durcissement du cristallin
serait une approche idéale pour maintenir ou rétablir l’accommodation. Malheureusement, ce n’est pas actuellement une
option thérapeutique viable. De nombreuses interventions
chirurgicales différentes ont été développées au cours de ces
dernières années afin d’améliorer la vision de près. Ces interventions incluent la chirurgie de la sclère, de la cornée ou du
cristallin. Les options chirurgicales les plus courantes incluent
la chirurgie lasik monovision, l’échange du cristallin avec une
correction par monovision, les implants cornéens, le
presbyLASIK et les implants de cristallin multifocaux ou
accommodatifs. Tous les patients devant subir une chirurgie
réfractive ou de la cataracte doivent connaître les avantages et
les inconvénients des diverses interventions pour la presbytie.
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