DOC-DÉCOUVERTE Les matériaux dans la Chine ancienne

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DOC-DÉCOUVERTE Les matériaux dans la Chine ancienne
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Les clés de lecture
Les matériaux dans la Chine ancienne
La Chine ancienne se caractérise par l'emploi de matériaux et de techniques qu'elle
a découverts ou inventés, et qui ont longtemps suscité l'admiration voire la convoitise des
autres peuples. Ce doc-découverte vous donne des explications succinctes sur ces
différents matériaux et techniques tout en les rattachant aux collections permanentes du
musée.
Le papier aurait été inventé par Cai Lun, chef des ateliers impériaux sous les Han
de l'Est (25-220 ap. J.-C.), en 105 ap. J.-C.. Cependant les fouilles archéologiques font
remonter l'utilisation du papier au II e siècle avant notre ère. Ce matériau souple, léger et
peu coûteux, allait augmenter la diffusion des textes par leur reproduction plus rapide. Le
papier implique l’usage d’autres instruments : les pinceaux, l’encre et la pierre à encre
déjà utilisés sous des formes variées pour les peintures et les livres en bambou. Avec le
papier, ces outils sont les « trésors du lettré ».
Le jade est une appellation rassemblant deux pierres semi-précieuses : la jadéite et
la néphrite. La néphrite est utilisée par les Chinois du Néolithique jusqu'au XVIII e siècle.
Ces deux pierres sont très dures, le travail du jade était donc long et difficile. Il fallait le
polir délicatement et on utilisait une pointe de bambou chauffée pour le percer. La gamme
de couleur du jade va du blanc au jaune-brun en passant par le vert et toutes ses
nuances.
Le bronze est un alliage de deux métaux, le cuivre et l'étain, auxquels on associe
parfois du plomb. Les Chinois ne connaissaient pas la technique de la fonte à la cire
perdue utilisée au Moyen-Orient et en Europe, ils ont inventé leur propre technique : la
fonte inversée dans un moule à segments. Cette technique consiste à faire le modèle de
l'objet voulu en terre cuite avec son décor en positif sur lequel on appose des bandes
d'argiles. Ces bandes prennent l'empreinte du décor en négatif et constituent le moule à
segments. Après avoir arasé le décor en positif du modèle, les segments sont assemblés
autour en laissant un espace pour couler le bronze. La pièce est retournée pour recevoir le
métal qui une fois refroidi pourra être nettoyé et recevoir les dernières finitions. Certains
éléments comme les poignées peuvent être fondus à part.
1
La laque1 est la sève de l'arbre à laque (Rhus Verniciflua) qui pousse en Chine
Centrale et en Asie du Sud-Est. La sève doit passer par plusieurs étapes de
transformation avant de devenir un vernis. Une fois obtenu, le laque peut être mélangé à
des pigments et ensuite appliqué en plusieurs couches sur des objets. C'est un vernis très
résistant à l'eau et à la chaleur et il n'est pas attaqué par les acides et les solvants. Il
permet de protéger de nombreux matériaux (bois, tissus, céramique, cuir, métaux).
La soie est produite à partir du fil constituant le cocon du ver à soie. Le plus ancien
cocon de ver à soie fossilisé date du III e millénaire avant notre ère, cependant nous ne
pouvons pas dater exactement le début de la production de la soie. La soie est considérée
comme un matériau précieux et devient rapidement très prisée de l'aristocratie chinoise
mais aussi des autres peuples : la soie a donné son nom aux routes commerciales reliant
la Chine à l'Occident.
La céramique comprend trois familles : les terres cuites, les grès, et la porcelaine.
Les terres cuites sont faites à base d'argile associée à un fondant. Le fondant est
un élément qui permet d'abaisser la température de cuisson. La cuisson des terres cuites
se fait entre 800 et 900°C, elles sont donc poreuses et friables. On peut les recouvrir d'un
revêtement appelé « glaçure » qui leur donne un aspect brillant et les imperméabilise.
Les grès ont la même composition que les terres cuites mais cuisent entre 1100 et
1200°C. Cette cuisson à haute température permet la vitrification des grès, ce qui les rend
imperméables. Ils peuvent aussi recevoir un revêtement, qui prend alors le nom de
« couverte ».
La porcelaine se caractérise par sa blancheur, sa transparence, et son tintement
quand on la fait résonner. Elle est faite à partir de kaolin, une argile blanche dont le nom
provient du mont Gaoling en Chine où elle a été découverte pour la première fois. Le
fondant ajouté à la pâte permet d'abaisser sa température de vitrification à environ
1300°C. La porcelaine peut aussi recevoir une couverte.
1 Le genre du mot « laque » n'est pas le même selon ce qu'il désigne. La laque désigne la sève, la matière
brute qui sort de l'arbre. Le laque désigne le vernis obtenu après les différents procédés de
transformation de la laque, mais aussi l'objet laqué.
2
Bassin Jian
Disque orné d'un oiseau
Jade
Bronze
Culture de Longshan (vers 2000 – 1600 av. J.C.), Néphrite, D : 23,3 cm, MC 7314
VIe-Ve siècle avant J.-C., époque des Zhou de
l'Est (770-256 av. J.-C.), bronze, MC 00685
Le jade occupe une place très importante
dans la culture chinoise. Dès le
Néolithique, on le retrouve quasi
systématiquement dans les tombes sous
diverses formes : tubes cong, disques bi,
ornements,
poignards
et
haches
cérémoniels, etc. Son contact direct avec
le corps du défunt s'explique par le pouvoir
qu'on lui attribue : prolonger la vie et
ralentir le processus de décomposition des
corps. C'est pour ces raisons qu'au IIe
siècle avant notre ère, les personnages
importants étaient enterrés dans une
véritable armure de jade.
Ce bassin de taille imposante est un des
plus grands connus de ce type et le plus
imposant parvenu dans les collections
occidentales. Si la technique de la fonte à
la cire perdue arrive en Chine vers le VI e
siècle avant notre ère, ce bassin porte les
marques de la technique de fonte chinoise
(fonte inversée dans un moule à
segments). En effet, on peut voir les
barbelures (ou bavures) marquant les
interstices entre les segments du moule,
habituellement
arasés
après
le
refroidissement du bronze.
Le jade est lié au pouvoir puisqu'il était
réservé aux tombes de personnages
importants et servait dans les rituels. Il a
aussi une valeur esthétique par la grande
variété de ses couleurs. Il est également
utilisé pour faire de la musique en
percutant
des
plaques
de
jade
correctement taillées. Selon des textes
anciens, cette musique aurait le pouvoir de
faire vivre en harmonie tous les êtresvivants.
Par sa forme circulaire avec perforation
centrale, ce disque orné d'un oiseau
rappelle un disque bi, Il était peut-être
utilisé par des chamans lors de rituels liés
à l'astrologie.
A l'origine, le bronze a une couleur dorée,
cuivrée. Avec le temps, il se couvre d'une
patine qui lui donne sa couleur verte.
Le bronze a une importance particulière
pour l'aristocratie chinoise : il est lié à la
magie puisqu'il s'agit d'un alliage, une
combinaison entre deux métaux, mais le
bronze servait aussi à fabriquer des
armes, autre signe de pouvoir. Il avait une
fonction guerrière mais aussi religieuse car
il était en plus utilisé pour fabriquer des
récipients employés lors de rituels.
Ce très grand bassin en bronze servait à
contenir de la glace ou de l'eau brûlante
pour tenir au frais ou réchauffer les
boissons fermentées lors de banquets.
3
Coupe à oreilles rectangulaire
Album
Laque
Époque des Royaumes Combattants (481 –
221 av. J.-C.), Royaume de Chu (IXe s – 223
av. J.-C.), bois laqué, H : 5,6 cm ; L : 17,8
cm ; D : 15,7 cm, M.C. 9920
Soie
Les plus anciens objets laqués ont été
retrouvés dans des tombes néolithiques
(5000 av. J.-C.), cependant les techniques
du laque se développent à partir du XIII e
siècle avant notre ère.
La fabrication de la soie était un secret
bien gardé des Chinois avant que d'autres
pays asiatiques comme l'Inde ne le
découvrent.
Le Sud de la Chine, où se trouve le
royaume de Chu, est connu pour sa
grande production de vaisselle laquée.
La soie a de multiples usages en Chine.
Elle est utilisée pour fabriquer des
vêtements mais elle est également un
support pour la peinture. Il est aussi
d'usage de décorer des peintures sur
papier en les bordant avec des bandes de
soie.
La laque peut être colorée pour décorer
les objets mais son acidité attaque
certains pigments (blanc, bleu, vert). Les
artisans de la Chine ancienne ne
connaissaient pas les techniques pour
protéger ces pigments, c'est pourquoi on
ne retrouve que deux couleurs, le rouge et
le noir, sur les laques de cette période.
Après l'application de chaque couche de
laque sur l'objet, le laque doit durcir
pendant plusieurs heures dans une
atmosphère très humide (plus de 90%
d'humidité). Or un objet laqué peut
recevoir jusqu'à cent couches de laques,
c'est pourquoi la production longue et
délicate de ces objets en fait de véritables
produits de luxe. Sous les Han (220 av. J.C.-221 ap. J.-C.), un laque vaut ainsi dix
fois plus cher qu'un bronze.
Dai Zheng, XVIIIe, encre et couleurs sur soie,
H : 30 cm ; L : 25 cm, MC 04657 (1-7)
La soie était si précieuse dans la Chine
ancienne qu'elle servait aux particuliers
pour payer leurs impôts et à l’État pour
payer ses fonctionnaires. Très appréciée
des peuples étrangers, notamment des
barbares nomades, elle servait aussi de
cadeau diplomatique. Au départ, tout le
monde en Chine pouvait porter des
vêtements en soie, puis des lois ont été
créées pour la réserver à l'aristocratie :
c'était un signe de richesse et de pouvoir.
4
Jarre
Chameau
Terre cuite
Terre cuite glaçurée
Style de Banshan (vers 2800 – 2500 av. J.-C.),
Culture de Majiayao, terre cuite peinte, H : 47
cm ; D : (panse) 39 cm ; D : (base) 13 cm, MC
7519
Première moitié du VIIIe siècle, époque des
Tang (618 – 907), céramique « trois couleurs »
(sancai), H : 84,3 cm ; L : 61 cm ; P : 27,2 cm,
MC 2001-10
Les vases et jarres en terre cuite sont
réalisées en enroulant des colombins
(boudins d'argile) puis en les lissant, ou
bien directement avec un tour de potier.
Les artisans qui connaissaient le tour à
potier combinaient parfois les deux
techniques : ils commençaient par monter
le vase au colombin puis ils le lissaient au
tour.
Cette jarre a été cuite à environ 1000°C.
Elle présente un décor fait de motifs
géométriques : des spirales, des vagues,
des quadrillages, des étoiles. Ces motifs
sont peints en rouge-brun et noir-violacé
avant cuisson, à l'aide d'un pinceau. Le
décor se trouve seulement sur l'épaule de
l'objet, en partie supérieure, car ces jarres
étaient à moitié enfouies dans le sol.
Cette jarre, par sa cuisson, sa forme et
son décor, est caractéristique de la culture
néolithique de Majiayao. Les autres
cultures néolithiques chinoises ont des
poteries
avec
des
caractéristiques
différentes : leur forme, leur couleur, etc.
La glaçure est utilisée en Chine depuis le
IIe siècle avant notre ère. C'est une
glaçure à base de plomb, elle est dite
« plombifère ». Elle est de même nature
que le verre. Elle peut être transparente ou
colorée à l'aide de pigments minéraux
(cuivre, fer, cobalt).
Sous les Tang (618-907), les potiers
améliorent cette technique et utilisent en
plus du vert et du jaune ambré, déjà
existants, une glaçure transparente. Cette
nouvelle teinte laisse apparaître la terre
cuite couleur crème : cette technique est
donc appelée « trois couleurs », sancai en
chinois. Plus rarement, on peut aussi
colorer la glaçure avec du bleu de cobalt.
Cette technique sancai est reprise sous la
dynastie Qing (1644-1911) pour la
porcelaine.
5
Bol à thé
Paire de vases funéraires
Grès
Porcelaine
Époque des Song du Sud (1127-1279), grès à
couverte « écaille de tortue », H : 6,3 cm ; D :
11,2 cm, MC 7405
XIIIe siècle, époque des Song du Sud (11271279), porcelaine à couverte « blanc-bleuté »
(qing bai), H : 58,1 cm ; D : 10,4 cm maximum,
MC 9810-MC 9811
Les potiers abandonnent peu à peu les
céramiques « trois couleurs » à la fin du
VIIIe pour travailler sur les grès puis les
porcelaines.
La porcelaine n'est pas une invention, elle
est un aboutissement de deux millénaires
de recherches et de perfectionnements.
Les potiers développent de nouvelles
techniques pour obtenir différents effets de
couverte. Ils les obtiennent en modifiant
les proportions des éléments constituant la
couverte ainsi que le type de cuisson. Ces
effets sont appréciés et très recherchés,
notamment par les amateurs de thé qui
leur ont donné des noms plus ou moins
poétiques : poussière de thé, fourrure de
lièvre, taches d'huile, vert de crabe, clair
de lune, etc.
Pour ce bol à thé, c'est le fer contenu dans
la couverte qui remonte à la surface de
façon inégale lors de la cuisson qui donne
cet effet dit en « écaille de tortue ».
Souvent, la couverte ne couvre pas
complètement le bol pour jouer sur un effet
de contraste entre le côté doux et lisse de
la couverte et le côté rugueux du grès nu.
Ces deux vases funéraires sont des
qingbai, ce qui signifie littéralement
« blanc-bleuté ».
Cette
appellation
regroupe aussi bien des grès que des
porcelaines. Ils sont produits à partir de la
dynastie des Song (960-1279) dans les
mêmes fours du Sud de la Chine, qui
produiront les véritables porcelaines à
partir de la dynastie des Yuan (12791368).
La porcelaine va rapidement s'exporter
vers l'Occident : elle arrive au MoyenOrient puis transite vers l'Europe où elle
connaît un très grand succès. Pendant des
siècles, les Européens vont tenter de
percer le secret de la porcelaine, sans
succès. Ce n'est qu'en 1710 que l'Europe
va finalement découvrir un gisement de
kaolin à Meissen en Allemagne, leur
permettant ainsi de fabriquer leur propre
porcelaine.
6
MUSÉE CERNUSCHI
7, AVENUE VÉLASQUEZ
75008, PARIS
Nous vous rappelons que L'ACCÈS AUX COLLECTIONS PERMANENTES DU MUSÉE EST
GRATUIT POUR TOUS. Seules les expositions temporaires sont payantes (tarif réduit pour
les moins de 26 ans et les enseignants ; gratuit pour les moins de 14 ans).
Vous pouvez venir en visite libre, avec votre classe, à condition de réserver la date
et l’heure de votre venue. A la fin de ce document se trouve le bulletin de demande de
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Une fois votre réservation faite, vous recevrez de notre part, une lettre
confirmation. Les ateliers, conférences ou visites–promenades se règlent sur place
moment de la visite. Les paiements par chèque sont à l’ordre de la Régie Parisienne
Paris Musées. Le nombre maximum de participants par groupe scolaire est de
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(avec un conférencier du musée)
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Thème de la visite-animation ou conte
(avec un conférencier du musée)
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- Visite libre (sans conférencier)
Dates et horaires souhaités (si possible, merci de nous communiquer plusieurs disponibilités)
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