Après la victoire du NON

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Après la victoire du NON
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Après la victoire du NON
Texte adopté par le Bureau national du SPASMET
La victoire du NON au referendum du 29 mai a été nette: une majorité d’électeurs a exprimé par son vote
le refus d’un texte qui donnait priorité à la concurrence libre et non faussée sur le progrès social, et faisait
peser sur les services publics de lourdes menaces. Beaucoup d’entre nous ont également jugé ce texte inacceptable car sa portée allait au-delà d’un texte de type constitutionnel, et engageait irrémédiablement les
politiques économiques des années à venir vers une dérive toujours plus libérale. Les électeurs ont aussi
voulu marquer leur défiance vis à vis d’un gouvernement qui depuis 3 ans pratique une politique de régression sociale sans précédent.
Contrairement à ce qu’on a voulu nous faire croire, le débat n’a pas porté sur la nécessité de l’Europe, mais
sur les modalités de sa construction. Tous les débats ont montré un intérêt et des espérances très grandes
pour une autre Europe que celle qui nous était proposée, une Europe sociale, solidaire, pacifique, mettant
en œuvre l’égalité hommes/femmes, et organisant la coopération fraternelle plutôt que la concurrence sauvage, entre les peuples comme entre les citoyens.
La campagne, dont l’intensité et la richesse ont été reconnues et souvent enviées par nos partenaires européens, a été l’occasion pour les Français de se réapproprier le débat européen et la politique au sens noble
du terme.
SPASMET-Solidaires METEO-INFO n°116 Juillet 2005
Au niveau européen, les chefs d’Etats et de gouvernements ne semblent pas avoir pris la mesure de la crise actuelle. Les projets de directives sur le temps de travail et Bolkestein (entre autres) continuent leur petit bonhomme de chemin comme si de rien n’était. Le lamentable échec des négociations des 16 et 17 juin
a été pour eux l’occasion de faire état de leur peu d’ambition pour la construction d’une Europe solidaire.
Consternés, les 10 nouveaux pays entrants n’ont pu que constater le refus d’un budget européen permettant
une harmonisation par le haut, ne leur laissant comme seule possibilité que le dumping social et fiscal.
Le SPASMET, tout comme notre Union syndicale Solidaires, a clairement pris position contre le Traité
Constitutionnel Européen. Pour autant, ce choix n’était pas unanime parmi nos adhérents, certains ayant
vu à travers le texte proposé un équilibre entre avancées et régressions politiques et sociales. Pour permettre un débat constructif et dans le respect du libre choix de chacun, les colonnes du Météo-Info précédent
ont été ouvertes à tous ceux qui voulaient s’exprimer, que ce soit pour le Oui ou pour le Non. Car si le Non
a finalement gagné, il est évident que nombre de partisans du Oui, a fortiori au sein du SPASMET, partagent les critiques sur la construction européenne et les choix gouvernementaux de ces dernières années, et
portent les mêmes exigences.
Au-delà du referendum proprement dit, les différences de choix à l’occasion de ce vote du 29 mai doivent
être dépassées si nous souhaitons que le progrès social avance en France, en Europe, mais également dans
le monde. Nous devons désormais contribuer ensemble au rassemblement de tous ceux qui refusent le néolibéralisme comme unique perspective et qui revendiquent une société plus juste et plus solidaire. Comme
toujours, seule une mobilisation unitaire et intersyndicale de l’ensemble des salariés du secteur public et du
secteur privé sera en mesure de faire avancer nos revendications.
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Après la victoire du NON
Quelle politique pour
l’emploi ?
La logique néolibérale vise à «fluidifier» au maximum le marché du travail et à diminuer le coût du
travail pour lever les freins à l’embauche. Cette stratégie, basée sur l’augmentation sans fin de la précarité et de la flexibilité, a abouti à plus de 20 millions de
chômeurs recensés en Europe et à un développement
considérable de la pauvreté, y compris parmi les salariés ayant un emploi.
Créer un statut du salarié
Elles visent actuellement à uniquement permettre aux
entreprises de faire le maximum de profit. Résultat :
le pouvoir d’achat régresse, les profits financiers et
les dividendes versés aux actionnaires explosent, l’investissement des entreprises stagne, le tout avec une
croissance au plus bas.
Pour rompre avec cette logique, il faut d’une part renouer avec une croissance fondée sur la satisfaction
des besoins sociaux, créatrice d’emplois socialement
utiles : éducation, logement, transports collectifs, santé... La relance de la consommation des ménages, notamment les plus défavorisés, par l’augmentation du
pouvoir d’achat des salariés et des chômeurs, participerait de ce mouvement. La situation nouvelle ainsi
créée favoriserait l’investissement des entreprises et
donc de nouvelles créations d’emplois.
Il faut d’autre part poursuivre le mouvement historique de réduction du temps de travail en commençant d’appliquer les 35 heures à l’ensemble des entreprises, puis en introduisant progressivement les 32
heures. L’expérience du gouvernement Jospin entre
1997 et 2000 a montré que la combinaison de la relance de la consommation et de la réduction du temps
de travail avait permis de créer 2 millions d’emplois,
même si l’application des 35 heures s’est faite dans
des conditions défavorables aux salariés.
Le faux exemple britannique
Près de 10 % de chômage en France, 4,6 %
de chômage en Grande-Bretagne. Il n’y aurait
donc qu’à importer chez nous le modèle britannique. A y regarder de près la réalité est plus
complexe !
D’abord depuis 10 ans, le nombre d’emplois
en France a plus progressé qu’en Grande-Bretagne : 14 % contre 11 %. En 10 ans, la France
a créé plus d’emplois que la Grande-Bretagne.
Le taux de chômage supérieur en France s’explique en fait par deux raisons. D’une part la
richesse produite par heure travaillée est inférieure de 25 % en Grande-Bretagne par rapport
à la France. Pour produire le même bien, il faut
plus de salariés au travail en Grande-Bretagne. Cette productivité plus faible explique le
fait que les salariés britanniques travaillent en
moyenne plus qu’en France.
Mais la raison fondamentale est d’ordre démographique. La population active croît plus vite
en France qu’en Grande-Bretagne. Le nombre
de candidats à l’emploi a progressé de 6 % en
Grande-Bretagne contre 12 % en France. Il faut
donc deux fois plus de créations d’emplois en
France qu’en Grande-Bretagne pour faire baisser le chômage.
Enfin remarquons que ce modèle tant vanté par
les néolibéraux a engendré une pauvreté encore plus importante qu’en France : 21% de travailleurs pauvres en Grande-Bretagne contre
13% en France.
Le «modèle» danois
Le taux de chômage est de 5,3 % au Danemark. Beaucoup plus faible qu’en France
donc. Il combine très grande flexibilité du travail et protection importante des salariés. Les
employeurs ont une très grande facilité pour
licencier.
Mais les allocations chômage sont très importantes : 90 % du salaire antérieur pendant quatre ans avec un salaire minimum à 1400 euros.
De plus tout chômeur se voit proposer dans
l’année des emplois au même niveau de qualification et avec une rémunération équivalente.
Des sanctions sont prévues s’il refuse ces offres d’emploi ou les formations proposées.
Le système est cogéré par les syndicats qui
sont garants de la qualité des formations et des
emplois proposés.
Le Medef et le gouvernement ne retiennent
évidemment de ce système que la flexibilité et
les sanctions pour les chômeurs !
Extraits d’un dossier de l’union syndicale Solidaires
SPASMET-Solidaires METEO-INFO n°116 Juillet 2005
Changer les politiques
économiques
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Rompre avec cette logique, qui considère que le travail est une simple marchandise, est une nécessité absolue si l’on veut changer l’ordre actuel des choses. Il
faut redonner toute sa force au contrat à durée indéterminée (CDI) qui doit redevenir la norme d’embauche. Celui-ci doit être étendu aux situations de non
emploi et assurer ainsi une continuité des droits sociaux, notamment en matière de rémunération et de
qualification. En cas de perte d’emploi, il faut instaurer une obligation de formation et de reclassement, au
moins au même niveau de salaire. Il s’agit donc de doter les salariés d’un véritable statut protecteur qui fasse qu’ils ne soient plus considérés comme une simple
variable d’ajustement des stratégies des entreprises.
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Après la victoire du NON
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Tribune libre :
SPASMET-Solidaires METEO-INFO n°116 Juillet 2005
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Demain, le temps sera-t-il plus vieux ?
En tant que syndicalistes et météos,
prompts à vendre du vent, même à notre corps défendant, rapides à semer la
tempête , même si notre vigilance peutêtre prise en défaut … que penser, que
construire, après ce vote au résultat appelé de nos vœux ( relire le dernier météo-info) et qui nous laisse quoi ?, euh
non ! coi ! voulais-je écrire.
Les tenants du oui ont tellement voulu
nier la part d’ombre de ce vote que celle-ci a mangé tout le visage de la belle
Europe, et je la préfère belle et même
rebelle ! Mais si l’ombre gagne, c’est
qu’il y a du soleil quelque part. Alors
pourquoi dire et écrire que le refus de
ce texte mauvais et lourdingue vaudrait
rejet du bébé avec ?
Du côté du non, d’aucuns rêvent, de
subtils accouchements, nième version
du fameux, fumeux « débouché des luttes ». Et en attendant imaginent de plus
crus rapprochements entre Madame
Mouvement_social et Monsieur Parti_politique_de_gauche_fréquentableavec_quelques_exclusives_mais_pas_
trop !
les notions comme l’Europe sociale ou
politique.
Des mots souvent creux à force d’avoir
été, trop longuement, ressassés sans le
début de l’ombre d’un commencement
de réalisation.
Pourquoi ne pas continuer, tous ensemble mais chacun avec sa voix ? Cette
polyphonie populaire, avec les voix de
base des syndicalistes, rassemblant salariés et chômeurs pour de nouveaux
droits, bataillant sur le salaire. Syndicalistes imaginant la protection sociale
de demain, comme nos vieux alors jeunes de 1948 ont imaginé la nôtre que
certains s’obstinent à vouloir détruire
aujourd’hui partout en Europe, alors
que cet espace est plus riche qu’alors.
Pour le chant de tête ou les chœurs, laissons la parole aux partis : «.................»
Pourquoi être inquiets, d’une Europe
que l’on nous dépeint comme en panne, en crise, en proie à un profond désarroi. Pourquoi ne pas imaginer, que la
crise était présente en dehors des votes
des français ou de nos voisins bataves,
dans la bataille sur le budget européen,
avec du côté droit, tous les argentiers
contributeurs nets et avec du côté gauPourquoi vouloir casser à tout prix cette che, tous les autres ?
belle histoire, ce grand moment ? Partout en Europe dans les préaux, les ca- Y aurait-il un combat des flatteurs de
fés, les ateliers, les bureaux, nous nous culs de vache, des amis de plus de trensommes découvert intéressés, curieux te ans des céréaliers contre les amis plus
des arcanes constitutionnels. Rappelons récents des chercheurs, nouveaux héros
que 5 millions d’exemplaires de ce tex- modernistes ? … Las! Nous craignons
te ont été vendus rien qu’en France. En fort que même si la « politique agricole
discutant, en débattant, en exposant nos commune » protége plus les gros bonenvies, en partie contradictoires, peu nets de la Beauce ou les latifundias porà peu, nous pouvons mieux imaginer tugaises que les agriculteurs jardiniers, aujourd’hui ce que pourraient contenir les anti-Pac ne soient eux les chantres
d’un modernisme toujours prêt à enfanter OGM et rêves énergétiques de « demain, on rase gratis ! »..
Alors ferraillons, discutons, tissons
des liens, luttons de Berlin à Paimpol,
de Inishowen à Héraklion, de Lifou à
Constantinople, comme on peut commencer à le faire avec tous nos collègues, béninois, catalans, tchèques, roumains, brésiliens, mauritaniens ... Exposons au grand jour, pourquoi la directive sur les services est toujours régressive, aujourd’hui comme quand
Barnier et Lamy l’approuvaient tacitement et n’est pas mauvaise uniquement le temps d’une campagne, comme
le laisse entendre la curieuse «suspension» de ce texte. Ne pensons pas que
le vote de hier a pu résoudre quelque
problème que ce soit, il a juste donné
de l’air comme quand on ouvre une fenêtre d’un bureau trop longtemps renfermé, mais cela n’écrit aucune des solutions possibles des dossiers qui traînent dessus. Arrêtons de lire le passé
comme une Madame Irma, déboussolée, qui pense qu’à défaut de lire l’avenir, elle peut au moins lire le passé. Ne
vaut-il pas mieux se construire nos futurs à partir d’une observation des faits
du passé, n’est-ce pas cela que tentent,
chaque jour, nos collègues prévis.
Allez bons vents, et demain, nous serons plus vieux, mais aussi plus jeunes
d’avoir repris pied dans ce qui fait notre
présent. « Syndicalistas unidos, rama
sera vincindo »..... (à suivre)
Laurent Mérindol