isolation des toitures en tuiles et en ardoises aux bruits aériens
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isolation des toitures en tuiles et en ardoises aux bruits aériens
S T C RATIQUE m a e P C g a z i n ISOLATION DES TOITURES EN TUILES ET EN ARDOISES AUX BRUITS AÉRIENS Bart Ingelaere, ir., chef de projet, Une protection efficace du logement vis-à-vis des nuisandivision Physique du bâtiment & Climat ces acoustiques, par le biais de la toiture et des façades, est intérieur, CSTC une exigence de plus en plus importante. Or, la toiture inclinée, de par sa masse surfacique réduite, constitue bien souvent un point faible dans l’isolation du bâtiment. Alors que, jadis, la toiture abritait le grenier, formant ainsi un excellent tampon acoustique, aujourd’hui on y aménage généralement les chambres à coucher. Dès lors, les locaux les plus sensibles aux bruits sont aussi le plus souvent les moins bien protégés de la pollution acoustique extérieure. 1 OBJET DE LA RECHERCHE Cet article présente une évaluation d’une série de toitures à finition traditionnelle, à l’exclusion des systèmes acoustiques de finition intérieure proposés par certaines firmes spécialisées et assurant une bonne isolation aux bruits aériens (1). Seuls les matériaux traditionnels ont servi de point de départ à notre étude, dont l’objectif était d’aboutir à une optimisation acoustique de la toiture sans surcoût notable par rapport à une exécution traditionnelle. Pour ce faire, nous avons évalué l’impact de divers paramètres. Les enseignements issus de l’étude paramétrique nous ont également permis d’envisager l’amélioration (“rénovation”) acoustique de toitures à parement intérieur existant. Plusieurs solutions ont été testées; l’amélioration de l’isolation aux bruits aériens est précisée dans l’article. Bien que l’étude paramétrique concerne les complexes toitures traditionnels (pannes et chevrons), les résultats peuvent s’appliquer, sous certaines conditions, aux toitures à fermettes clouées. Enfin, nous examinerons brièvement l’isolation aux bruits aériens de toitures réalisées au moyen d’éléments autoportants. Vu l’excellente applicabilité des résultats dans la pratique, nous avons opté, dans un premier temps, pour une approche relativement simple de ceux-ci. Les phénomènes acoustiques ne sont pas explicités dans le détail; les performances d’isolation aux bruits aériens ne sont pas envisagées sous un angle spectral, mais sont exprimées par une valeur à nombre unique représentée par l’indice de réduction du niveau sonore Rw (2). La majeure partie de l’article est donc à la portée du lecteur non initié. Les schémas permettent de comparer les performances acoustiques de plusieurs toitures. Les données chiffrées ne sont pas des valeurs absolues, mais indiquent l’amélioration des performances (3). En effet, les niveaux d’isolation obtenus en laboratoire résultent de mesures basées sur une incidence sonore diffuse (d’intensité similaire dans toutes les directions), alors qu’en pratique, l’incidence sonore sur la toiture sera non pas diffuse, mais orientée suivant une direction déterminée, ce qui peut entraîner une chute des performances d’isolation aux bruits aériens. L’amélioration relative des performances propres aux différentes toitures sera néanmoins en grande partie conservée. Les résultats indiquent l’amélioration de l’iso- (1) Les performances de ces systèmes par rapport aux solutions proposées dans le présent article peuvent être évaluées sur la base de leur isolation globale aux bruits aériens, qui peut s’exprimer par exemple au moyen de la valeur Rw(C;Ctr). Le gain d’isolation peut également être calculé approximativement par rapport à la toiture de référence. (2) Dans la nouvelle norme ISO 717-1, parue en décembre 1996, les performances sont exprimées par la valeur Rw accompagnée de deux termes de correction : Rw(C;Ctr). Pour simplifier, nous n’avons gardé que la valeur Rw à l’exclusion des termes de correction. De plus amples informations à ce sujet seront publiées ultérieurement. (3) Les valeurs surmontées d’un astérisque (par exemple : Rw = x + 14 (à 16) dB*) ne correspondent pas à des résultats de mesure, mais ont été obtenues par extrapolation. Les mesures réelles ont été effectuées sur une toiture dont la finition intérieure, identique quant au matériau, est constituée de deux panneaux de plâtre enrobé de carton (2 x 12,5 mm) au lieu d’un seul comme signalé dans les schémas. L’influence du panneau supplémentaire a ensuite été déduite des résultats de mesure. La vaste campagne de mesures a démontré que l’ajout d’un second panneau entraînait un gain d’isolation acoustique de 3 à 5 dB. ETE 1997 m lation par rapport à l’isolation aux bruits aériens d’une toiture de référence sans finition intérieure (figure 1A, p. 24). Pour cette dernière, les mesures de laboratoire (incidence sonore multidirectionnelle à la source) donnaient un indice d’affaiblissement acoustique Rw de 32 dB. 2 CADRE NORMATIF La norme NBN S 01-400 [1] recommande le niveau d’isolation acoustique – des façades notamment – en fonction des bruits extérieurs. La norme NBN S 01-401 [2] définit, quant à elle, les valeurs limites des niveaux sonores en vue de prévenir l’inconfort dans divers locaux, tels que les chambres à coucher. Les dispositions qu’elle prévoit correspondent à l’isolation acoustique recommandée dans la norme NBN S 01-400. 3 ISOLATION AUX BRUITS AERIENS DES TOITURES EN TUILES ET EN ARDOISES Selon la nature et l’intensité des bruits extérieurs (force et direction), la présence ou non de lucarnes et d’orifices de ventilation, le complexe toiture devra faire l’objet d’une étude acoustique. Une bonne étanchéité à l’air est indispensable, mais ne suffit pas. Ainsi, le placement d’une membrane synthétique améliore l’étanchéité à l’air, mais pas nécessairement l’isolation contre les bruits aériens. L’exigence première d’une bonne isolation acoustique consiste à éviter les ponts phoniques au niveau des éléments localement moins performants. Si le projet est bien étudié, la masse surfacique réduite de la toiture inclinée ne constitue pas un obstacle insurmontable lorsqu’on veut assurer une isolation efficace vis-à-vis des bruits aériens. Il convient donc d’exécuter la toiture en plusieurs couches et de tirer le meilleur parti de ce que l’on appelle l’effet acoustique de la double paroi, qui dépend directement de la manière dont est conçue la finition intérieure. L’ensemble ainsi réalisé pourra, s’il est bien conçu, faire fonction de double paroi acoustique constituée, d’une part, des tuiles et des panneaux de sous-toiture et, d’autre part, de la finition intérieure. La nature de la couverture (tuiles ou ardoises) est secondaire. Une étude comparative a été effectuée sur des toitures de structure identique mais comportant des couvertures différentes (tous les autres paramètres étant égaux par ailleurs). Les couvertures testées se composaient de tuiles en terre cuite, de tuiles en béton et d’ardoises synthétiques. Les résultats (exprimés par la valeur Rw) ont révélé un écart d’à peine 2 dB, les meilleurs scores ayant été atteints par les ardoises synthétiques. La structure portante des toitures testées en laboratoire est celle d’une toiture traditionnelle constituées de pannes et de chevrons. Au § 6 (p. 27), nous commentons brièvement l’incidence qu’ont eu d’autres types de structure portante sur les résultats (fermettes clouées, éléments de toiture autoportants). La figure 1A (p. 24) représente le schéma de principe de la toiture de référence. Dans les montages d’essai, celle-ci se composait de pannes simulées d’une hauteur de 150 mm, de chevrons de 85 mm, de panneaux de sous-toiture (d’une épaisseur de 3 mm et d’une masse surfacique de 4,5 kg/m2), de contre-lattes, de lattes et d’ardoises synthétiques (masse surfacique de 20,7 kg/m2, recouvrements inclus). Les schémas étant représentés en coupe avec l’isolation thermique, certains détails sont dissimulés par cette dernière et n’apparaissent donc pas. C’est pourquoi certains croquis sont scindés en deux (le long d’une diagonale en double pointillé), la partie inférieure représentant la toiture sans isolation thermique. 4 FINITIONS TRADITIONNELLES Les schémas de la figure 1 (p. 24 et 25) montrent comment on peut réaliser l’isolation aux bruits aériens de quelques solutions traditionnelles. Si l’on confond souvent isolation thermique et isolation acoustique, le montage d’essai représenté à la figure 1B permettra de dissiper les doutes : le gain minime de 2 dB montre en effet qu’il ne suffit pas de placer un peu de laine minérale sous la toiture de référence pour améliorer sensiblement l’isolation aux bruits aériens. Nous verrons plus loin que l’insertion de laine minérale dans le creux d’un système à double paroi (masse-ressort-masse) rend cette amélioration possible. La figure 1C illustre une finition traditionnelle constituée par un voligeage apparent à la face inférieure. Perpendiculairement aux chevrons de la toiture de référence, on a appliqué un lattage en bois (22 x 45 mm2) sur lequel on a fixé une finition intérieure composée de planETE 1997 a S T C e C g a z i n T C RATIQUE m ches en pin du Nord de 15 mm d’épaisseur, assemblées par rainures et languettes. Le creux est rempli de laine de verre (avec pare-vapeur) sur une hauteur de 5 cm. Le gain plus élevé (± 9 dB) ne résulte pas uniquement de l’augmentation de la masse de la toiture, mais surtout de l’effet de double paroi, créé, d’une part, par la toiture de référence et, d’autre part, par le voligeage. La fixation croisée des lattes sur les chevrons assure une jonction moins rigide des deux parois, ce qui renforce encore l’effet précité. Le remplacement du voligeage à la figure 1D par des panneaux de plâtre enrobé de carton (12,5 mm) fixés sur le lattage en bois donne globalement le même résultat. A la figure 1E, des panneaux de 9,5 mm d’épaisseur (constitués d’une âme en plâtre revêtue de carton de part et d’autre) ont été fixés sur un lattage en bois; la face inférieure des panneaux est parachevée au moyen d’un enduit d’une épaisseur de 1 cm au moins. Le gain enregistré par rapport à la toiture de référence se monte à environ 13 à 14 dB. Dans le cas des finitions traditionnelles, l’augmentation de l’épaisseur de la couche de laine minérale dans le creux permet d’améliorer quelque peu l’isolation aux bruits aériens. L’influence de ce paramètre est étudiée dans la suite du texte. 5 S OPTIMISATION ACOUSTIQUE DES TOITURES EN TUILES ET EN ARDOISES L’étude vise à réaliser une protection acoustique optimale au moyen de matériaux traditionnels, sans surcoût notable par rapport aux solutions traditionnelles. La finition intérieure et le choix de l’isolation thermique jouent à cet égard un rôle important. Une différence essentielle avec les réalisations traditionnelles réside dans l’emploi de profilés métalliques légers sur lesquels on applique la finition intérieure et qui remplissent la même fonction structurelle que le lattage en bois des ouvrages traditionnels. Sans entrer dans les détails, on peut affirmer que cette solution offre un grand nombre d’avantages au point de vue acoustique. Nous avons également tenu compte de l’option architecturale qui consiste à laisser les pannes apparentes, que ce soit pour des raisons esthétiques ou pour limiter la perte d’espace en hauteur. Dans ce cas, la finition inté- a e P C g a z i n rieure est intégrée entre les pannes, qui restent alors partiellement visibles. Les différents montages testés qui répondaient à ces critères sont illustrés à la figure 2. La figure 3 représente, quant à elle, la situation dans laquelle les pannes ne sont pas apparentes. Prenons le cas d’une finition entre les pannes, comme par exemple celui de la figure 2A, qui représente la réalisation la plus simple : sous la toiture de référence, on a appliqué une finition intérieure constituée par des panneaux de plâtre enrobé de carton, fixés sur une structure portante en profilés métalliques légers. Sur les pannes sont ancrés des cadres dans lesquels se glissent et se fixent d’autres profilés faisant office de montants entièrement désolidarisés des chevrons. Les panneaux de plâtre enrobé de carton (12,5 mm) sont ensuite vissés sur ces “montants”. Pour le montage et le nombre de points de fixation des panneaux, on se conformera aux instructions du fabricant. En laboratoire, les montages testés comprenaient un creux d’une hauteur de 150 mm entre la finition intérieure et les panneaux de sous-toiture. Bien que le schéma de la figure 2A, dépourvu d’isolation thermique, représente une situation peu réaliste, il permet néanmoins d’évaluer l’incidence d’un certain nombre de paramètres sur l’isolation aux bruits aériens. La figure 3A illustre la méthode la plus simple pour réaliser une finition sous les pannes. Le parement intérieur est constitué, ici aussi, de panneaux de plâtre enrobé de carton de 12,5 mm, vissés dans une structure portante (désolidarisante) en profilés métalliques légers telle que décrite ci-dessus. Dans ce cas-ci, toutefois, il est recommandé de positionner les cadres de façon à ce que les panneaux de plâtre ne soient pas en contact avec le dessous des pannes. En laboratoire, ce montage s’est traduit par un creux d’une hauteur de 250 mm entre les panneaux de sous-toiture et les plaques de plâtre. A partir de ces deux options (finition sous les pannes ou entre celles-ci), nous avons testé une série de variantes, dans le but d’étudier les paramètres influençant les performances d’isolation aux bruits aériens. Les principaux facteurs d’influence sont la nature et l’épaisseur de la couche d’isolation thermique, la nature et la masse surfacique de la finition intérieure apparente (panneaux, voligeage) et, surtout, le mode de fixation plus ou moins antivibratile (désolidarisation) de cette dernière sur la structure de la toiture. (suite en p. 26) ETE 1997 ETE 1997 de n e io éell t a nt n r se tio é a pr tu re si la n tio ta tion s n e la an és so d pr i e x re ans iqu reu s rm c e th le ge av ec et Rw = x + 2 dB 50 Rw = x dB n tio ta tion s n e la an és so d pr s i ue ux e r an iq re s rm c e th le C 0 0 15 0 Rw = x + 23 dB 50 0 5 Rw = x + 21 à 23 dB* de n e it o éell a nt n r se tio é pr tua re si la 15 50 Rw = x + 14 à 16 dB* de n e io éell t a nt n r se tio é a pr tu re si la 15 AAAAA AAA AAAAA AAA AAAAA AAA AAAAA AA A AA AA AAAAA AAAAA AAA AAAAA AAA AAAAA AAA AAAAA AA A AA AA AAAA AAAA AAA AAAA AAA AAAAA AAAA AA n tio ta tion s n e la an és so d pr i e x re ans iqu reu s rm c e th le B A C n tio ta tion s n e la an és so d pr s i ue ux e r an iq re s rm c e th le B de n e it o éell a nt n r se tio é pr tua re si la 0 25 0 0 Rw = x + 22 dB 45 25 Rw = x + 26 dB 45 50 0 5 Rw = x + 17 à 19 dB* 45 25 AAAAA AAAAA AAAAA AAAA AAAAA AAAA AAAAA AAAA AAAA AAAA AAAAA AAAAA AAAAA AAAAA AAAAA AAAAA AAAAA AAAAA AAAAA AAAAA AAAAA AAAAA AAAAA AAAAA AAAAA AAAAA AAAAA AAAAA AAAAA A Fig. 3 Isolation aux bruits aériens obtenue lorsque la finition se situe sous les pannes. e a Rw = x + 9 dB ge ea es s g li r te vo inu uet ra ng la AAAAA AAAA AAAAA AAAA AAAAA AAAA AAAAA AA AAAA AA C de n e io éell t ta r en on és ati r p tu re si la en tre r p ha dé a c l e rté de po tre la au d en AAAAA AAAAA AAAAA AAAAA AAAA AAAA AAAA AAAA AAAA n tio ta tion s n n se la a ré iso e d x p re ans iqu reu s rm c e th le B A Fig. 2 Isolation aux bruits aériens obtenue lorsque la finition est insérée entre les pannes. m Fig. 1 Isolation aux bruits aériens dans le cas d’une finition traditionnelle. C S T C g a z i n de n e io éell t ta r en on és ati r p tu re si la ETE Rw = x + 14 dB n rto ca vec t de t) a dui ain ue por ’en a m q a p d l pl (su m à c é 1 liqu p p a 50 AAAA AAAA AAA AAAA AAA AAAAA AAAA AA AAAA n tio ta tion s n n se la a ré iso e d x p re ans iqu reu s rm c e th le E Rw = x + 9 dB re ât n pl rto de ca ue de q é a pl rob en 50 AAAA AAA AAAA AAA AAAA AAA AAAAA AAAA AA n tio ta tion s n a an se l ré iso e d x p u s re an iq reu s rm c e th le de n e io éell t ta r en on és ati r p tu re si la 1997 n tio ta tion s n n se la a ré iso e d x p re ans iqu reu s rm c e th le F n tio ta tion s n n se la a ré iso e d x p u s re an iq reu s rm c e th le E 0 0 15 0 Rw = x + 18 dB S EP 10 50 0 5 Rw = x + 28 dB de n e io éell t ta r en on és ati r p tu re si la 15 50 0 5 0 5 0 Rw = x + 25 à 27 dB* de n e io éell t ta r en on és ati r p tu re si la 15 de n e io éell t ta r en on és ati r p tu re si la AAAA AAAA AAA AAAA AAA AAAA AA A AA AA AAAA AAAA AAA AAAA AAA AAAA AAA AAAA AA AAAA AAAA AAA AAAA AAA AAAA AAA AAAA AA AA n tio ta tion s n a an se l ré iso e d x p u s re an iq reu s rm c e th le D 0 25 de n e io éell t ta r en on és ati r p tu re si la 45 Rw = x + 29 dB 50 0 5 AAAAA AAAAA AAAAA AAAAA AAAAA AAAAA AAAAA AAAAA AAAAA n tio ta tion s n a an se l ré iso e d x p u s re an iq reu s rm c e th le D m D a e P C S T C RATIQUE g a z i n 5.1 m (suite de la p.23) RACCORD DU PAREMENT INTERIEUR A LA TOITURE DE REFERENCE On peut améliorer l’isolation aux bruits aériens par une fixation antivibratile de la finition intérieure à la toiture (cf. la solution traditionnelle de la fig. 1D et la suspension par le biais de profilés métalliques légers à la fig. 2B). Pour ce faire, on peut fixer l’ensemble sur un cadre distinct en profilés métalliques légers ou fixer des profilés similaires à la toiture existante au moyen de crochets spéciaux. Les fabricants de plaques de plâtre enrobé de carton proposent à cet effet diverses solutions. Ce n’est pas la légère augmentation de la hauteur du creux à la fig. 2B par rapport à la fig. 1D (± 30 mm) qui explique le gain de 12 à 14 dB, mais bien la suspension de la finition. Si l’on opte pour la finition entre les pannes, il convient de respecter une distance minimale entre ces dernières pour obtenir le même gain que ci-dessus. Celui-ci n’est pas équivalent pour tous les types de toitures, mais dépend de l’inclinaison du toit, de son exposition (vent, neige, ...), de la distance des fermettes aux murs et du poids de la couverture. Plus les pannes sont distantes les unes des autres, moins il y a de contact entre les deux ensembles du système à double paroi (toiture de référence/finition intérieure). Si l’écartement est trop faible (< 1,20 m), les résultats peuvent être moins bons que précédemment. Il est donc recommandé, pour des raisons pratiques, de réaliser la finition sous les pannes en prévoyant une structure portante en profilés métalliques légers, étudiée de façon à minimiser le contact. L’utilisation d’un isolant thermique rigide (mousse synthétique dure, par exemple) ne formant pas de contact rigide entre le parement intérieur et extérieur aura un effet négligeable, voire légèrement négatif sur l’isolation acoustique par rapport à la situation sans isolant thermique. L’existence d’un contact rigide réduira fortement l’isolation aux bruits aériens (voir également § 6.2). Par rapport à une couche de laine minérale de même épaisseur, l’isolation acoustique se révèle beaucoup plus faible (jusqu’à 10 dB, comparaison des valeurs Rw des schémas 2E et 2F, p. 25). Hormis ces considérations, il convient bien entendu de ne pas perdre de vue les autres aspects physiques de l’ouvrage (pare-vapeur notamment). 5.3 HAUTEUR DU CREUX Considérons d’abord le cas d’un isolant en laine minérale (laine de verre ou de roche). Lors de l’examen des solutions traditionnelles, nous avons vu que le simple fait de poser de la laine minérale sous la structure de base n’améliorait guère l’isolation acoustique. Par contre, l’utilisation de cet isolant dans le creux d’un système à double paroi (masse-ressort-masse) entraîne un gain acoustique non négligeable. Lorsque la finition s’effectue sous les pannes, la hauteur du creux est nettement plus grande que dans le cas d’une finition entre les pannes. Dans les montages d’essai, la hauteur du creux s’élevait à 10 cm. Si on augmente l’espace entre le parement extérieur et intérieur de 150 mm (finition entre les pannes) à 250 mm (finition sous les pannes), on enregistre un gain réduit de 1 à 3 dB. La comparaison des gains d’isolation aux bruits aériens obtenus en 2C et en 3B permet de mieux comprendre le phénomène. Les deux montages se composent d’un isolant thermique en laine minérale de 10 cm, d’une finition intérieure constituée par un seul panneau de plâtre enrobé de carton de 12,5 mm et d’une structure portante en profilés métalliques légers. Bien qu’en situation réelle, les détails d’assemblage avec les pannes puissent exercer une influence, le seul paramètre différent en laboratoire était la hauteur du creux. On aboutira au même résultat en comparant les gains d’isolation des montages 2E et 3D (analogues aux deux précédents, exception faite du double panneau de plâtre enrobé de carton) par rapport à la toiture de référence. Les montages illustrés dans les schémas 2A et 2B sont identiques en tout point, excepté la couche de laine minérale de 5 cm (avec pare- Les risques liés aux raccords défectueux entre les panneaux et les pannes (ponts acoustiques) ainsi qu’à d’éventuelles liaisons structurelles Il existe sur le marché d’autres systèmes que les profilés métalliques légers, qui assurent une bonne désolidarisation de la toiture et du parement intérieur (montants à ressort, par ex.). 5.2 vapeur) du schéma 2B. Le gain d’isolation est d’environ + 7 dB (comparaison des valeurs Rw) pour les 50 premiers mm d’épaisseur et de ± 2 à 3 dB (comparaison des valeurs Rw) par tranche supplémentaire de 50 mm (cf. fig. 2B et 2C / fig. 2C et 2D). La densité de la laine minérale n’a aucune importance à cet égard. ISOLATION THERMIQUE ETE 1997 a S T C e C g a z i n Si l’on opte néanmoins pour cette solution, il est toujours plus intéressant d’utiliser une double rangée de panneaux plutôt que des plaques plus lourdes (par exemple, deux panneaux de 9 mm d’épaisseur au lieu d’un seul panneau de 18 mm). La plus grande rigidité des panneaux lourds peut diminuer l’isolation aux bruits aériens (localisation de la fréquence limite, importance des assemblages continus, ...). 6 TOITURES A FERMETTES CLOUEES ET A ELEMENTS AUTOPORTANTS a C g a z i n FERMETTES CLOUÉES 6.1 La hauteur de poutre des fermettes clouées est fonction de l’inclinaison de la toiture, de son exposition et du poids de la couverture par m2. On emploie couramment des hauteurs de 120, 150 ou 180 mm. La hauteur de l’espace entre les panneaux de finition intérieure et les panneaux de toiture est donc comparable à celle des montages d’essai. Une désolidarisation judicieuse du parement intérieur (notamment en fixant des cadres perpendiculairement aux fermettes clouées et en évitant tout contact entre ces dernières et les montants) conduira à des résultats identiques (influence des paramètres) à ceux commentés dans le cas d’une finition sous les pannes. AAAAAA AAAAAA AAAAAA AAAAAA AAAAAA AAAAAA AAAAAA AAAAAA AAAAAA AAAAAA ns sa ue n tio iq ta rm x en the creu s n é pr tio le re ola ns is da TYPE DE SURFACE DE LA FINITION INTERIEURE Parmi les finitions traditionnelles (lattes en bois perpendiculaires aux chevrons), l’application manuelle de l’enduit sur les plaques de plâtre minces donnait des performances supérieures d’environ 4 à 5 dB par rapport au voligeage (15 mm, pin du Nord, assemblage à rainure et languette) ou à l’unique couche de plaques en plâtre enrobé de carton. L’étude paramétrique envisageait uniquement le recours aux plaques de plâtre enrobé de carton. Si l’utilisation d’un voligeage sur une structure en profilés métalliques légers semble peu réaliste, il existe cependant sur le marché des systèmes de désolidarisation à profilés en bois (montants à ressort, par ex.) qui permettent cette réalisation. De même, il est possible d’enduire un “support” (plaques minces de plâtre enrobé de carton) que l’on fixe sur une structure analogue. Dans ce cas, l’amélioration de l’isolation aux bruits aériens résultera essentiellement de l’augmentation de la masse surfacique par rapport à la solution comportant une seule couche de plaques de plâtre (on se retrouve donc dans la situation décrite au point précédent). m NOMBRE DE PLAQUES DE PLATRE Une légère amélioration est obtenue lorsque la masse surfacique du panneau de finition intérieure augmente. Elle reste toutefois marginale si l’on considère sa rentabilité par rapport à la laine minérale. Pour un doublement de la masse surfacique, le gain d’isolation acoustique se limite à ± 3 à 5 dB (cf. les performances des schémas 2C-2E, 3A-3B et 3B-3D). 5.5 T RATIQUE produites par les pannes (ce qui réduit l’effet de double paroi) seront toutefois nettement plus importants avec une finition entre les pannes qu’avec une finition sous les pannes. En pratique, ce n’est donc pas tant la hauteur du creux, mais bien les facteurs précités qui induisent de meilleures performances lorsque la finition de toiture traditionnelle se situe sous les pannes. 5.4 S e P C 6.2 de ion elle t a ré nt se on ré uati p re sit la 0 15 ELEMENTS DE TOITURE AUTOPORTANTS Une toiture reposant sur des panneaux sandwich dotés d’un isolant thermique rigide et d’une faible masse surfacique peut donner lieu à des problèmes acoustiques. La structure de base, même dans un environnement calme, ne suffira pas à garantir le confort acoustique. L’emploi d’un isolant thermique rigide neutralise pratiquement l’effet de double paroi et l’isolation aux bruits aériens est régie par la loi de masse. Son faible poids détermine, en basses fréquences, une isolation acoustique médiocre qui n’augmente quasiment pas dans une grande part du domaine de fréquence propre à la construction et ce, en raison du large plateau de coïncidence (rigidité élevée dans la direction portante – faible coïncidence – et rigidité décroissante dans les autres directions). ETE 1997 Fig. 4 Isolation acoustique d’une toiture à fermettes clouées. m Il faut donc prévoir une finition acoustique supplémentaire basée sur les principes énoncés ci-avant. La plupart des producteurs proposent des solutions alternatives pour les environnements bruyants. 7 RÉNOVATION ACOUSTIQUE Le schéma 5A est une variante “rénovée” (sur le plan acoustique) de la structure illustrée à la figure 1D. Une plaque de plâtre enrobé de carton a été fixée sur une ossature en profilés métalliques légers (même montage que précédemment). Le creux n’a que 5 cm de hauteur et est rempli de laine minérale. L’amélioration de l’isolation aux bruits aériens s’élève à 21 dB (comparaison des valeurs Rw) par rapport à la toiture de référence, et à 12 dB par rapport à la structure existante de la figure 1D. Une rénovation comportant une nouvelle finition intérieure sous les pannes (figure 5B) se traduit par une amélioration de 14 dB par rapport à la structure initiale. Une fois encore, il sera plus simple, en pratique, d’obtenir cette amélioration substantielle de l’isolation en posant une nouvelle finition intérieure sous les pannes (meilleure désolidarisation). Fig. 5 Rénovation acoustique d’une toiture avec finition intérieure existante. AAAAAA AAAAAA AAAAA AAAA AAAAAA AAAAA AAAA AAAAAA AAAAA AAAA AAAAAA AAAAA AAA AA AAA AA AAAAAA AAAAAA AAAA AAAAA AAAAAA AAAA AAAAA AAAAAA AAAA AA AAAAA AAAAAA AA AAAAA AAAAA A ns sa ue ion miq t x ta r en the reu és ion le c r p t re ola ns is da de ion elle t a ré nt se on ré uati p re sit la ns sa n ique o i at m nt er ux se n th cre é pr tio le re ola ns is da Dans un environnement très bruyant, le remplacement de la tabatière par une fenêtre dans le mur pignon peut se révéler intéressant (pour autant que cette option soit réalisable). L’emploi de doubles châssis comportant un grand espace entre les deux vitrages conduit à une isolation élevée contre les bruits aériens, si bien que le confort s’en trouve globalement accru. La prudence est de mise quant aux valeurs absolues d’isolation aux bruits aériens, telles que nous les avons obtenues en laboratoire. Dans la réalité, l’isolation aux bruits aériens sera potentiellement moindre, étant donné que l’intensité acoustique sur la toiture et la pression acoustique réalisées en laboratoire (champ sonore diffus) diffèrent des conditions réelles (proches de celles d’un site ouvert). En outre, les bruits sont généralement obliques, ce qui peut entraîner une nouvelle atténuation. Soulignons enfin que d’autres solutions que celles étudiées ici peuvent être envisagées. Il existe sur le marché des systèmes de suspension acoustiques pour panneaux de finition intérieure ainsi que des solutions intégrées. ■ 7 10 85 45 B C Une conception judicieuse et une mise en œuvre correcte garantissent une excellente isolation des toitures inclinées en tuiles et en ardoises contre les bruits aériens. Toutefois, son niveau maximum possible dépendra de la présence éventuelle d’orifices de ventilation et de lucarnes. Ces dernières perturbent en effet la désolidarisation du parement intérieur et de la structure de base. De plus, l’isolation du verre contre les bruits aériens est elle-même limitée. ONCLUSION de ion lle at rée t en n és tio pr itua e r s la 7 10 85 45 BIBLIOGRAPHIE NBN S 01-400 Acoustique. Critères de 1 |’isolation acoustique. Bruxelles, IBN, 1977. Institut belge de normalisation belge de normalisation 2 Institut NBN S 01-401 Acoustique. Valeurs limites des niveaux de bruit en vue d’éviter l’inconfort dans les bâtiments. Bruxelles, IBN, 2e édition, 1987. internationale de normalisa3 Organisation tion EN ISO 717-1 Acoustics. Rating of sound insulation in buildings and of building elements. Part 1 : Airborne sound insulation. Genève, ISO, 1996. ETE 1997 a S T C e C g a z i n