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construction durable À l’heure actuelle, sur le sol belge, une dizaine d’immeubles sont en phase de certification environnementale et une trentaine en cours de demande. Les labels en présence, Valideo, HQE, BREEAM, LEED et consorts semblent jouer un jeu complexe d’alliances et de concurrence. Mais des tendances se dessinent – il suffit de laisser parler les chiffres – et des critiques commencent également à fuser. n Patrick Bartholomé Michael Taelman, Senior Consultant DTZ, est l’auteur d’une intéressante étude : « Relevance of the Sustainable Labels for Commercial Properties », effectuée dans le cadre d’un mémoire de master en Real Estate Management. 96 Arch. FDA-CREA Regards critiques sur la certifi c La Hollandsch Huys de Hasselt, certifié Valideo, affiche un niveau E de 49 et un niveau K de 22 L es labels se multiplient : non seulement un par pays, mais peut-être trois ou quatre dans le nôtre : après l’apparition de Valideo, porté par le SECO et le CSTC, il se murmure que les Régions pourraient bien lancer leur propre certification. En effet, selon certaines critiques, les méthodes d’évaluation de la qualité environnementale actuellement disponibles sur le marché n’ont pas été conçues pour être utilisées sur plusieurs échelles, le local et l’international. Elles ont toutes un certain « parfum » local. Ce qui explique pourquoi les comparaisons entre ces différents systèmes ne sont pas simples. Cette situation, qui ne permet pas d’établir des indicateurs globaux ni de comparer les bâtiments dans plusieurs pays, explique le phénomène de double voir triple certification auquel on commence à assister dans certains projets. Trois labels émergent Multiples et non obligatoires, les certifications créent l’incertitude et certaines sont en train d’émerger. La lutte concerne bien sûr les plus répandues, parce que les plus anciennes : BREEAM date de 1990, HQE de 2003, alors que Valideo n’a été créée qu’en 2008. Ce qui joue aussi est la pénétration effective de la marque : BREEAM compte plus de 110.000 bâtiments certifiés tandis que LEED n’en compte que 1.700 et HQE 330. En outre, certains labels ont fait l’objet de critiques : on reproche par exemple son manque de lisibilité, sa défense des intérêts des industriels à la dénomination HQE qui en effet appartient à l’AIMCC, le syndicat des fabricants de produits de construction. HQE a d’ailleurs fait l’objet d’un dépôt de marque commerciale par l’association du même nom. Ces critiques ont amené certains à préférer la certification britannique BREEAM, portée par le Building Research Establishment (BRE), une institution fondée par les autorités anglaises. C’est oublier un peu vite que le BRE est à présent une « charity » financée par le secteur de la construction du Royaume-Uni… Étude comparative Michael Taelman, Director Business Development Belgium chez CB Richard Ellis a réalisé un mémoire de master en Real Estate Management à la Northumbria University (UK) où il a comparé les labels Valideo, HQE, BREEAM et LEED. Parmi les différences, il épingle : • que LEED est le seul à ne pas prendre en compte la qualité des matériaux, leur origine, et leurs risques potentiels. Il est également le seul à ne pas considérer les critères santé et bien-être et à ne pas prévoir d’audits réguliers destinés à confirmer ou adapter la certification. Il est par contre le seul label à inclure une dimension de positionnement géographique dans l’évaluation. • HQE est le seul à ne pas comprendre le critère d’innovation. • VALIDEO est le seul à ne pas inclure le critère de sécurité. Enfin, l’auteur de l’étude remarque qu’un seul de ces labels prend en compte le critère de performance économique. Profacility guide 2011 740_PFY028_certification IMM fr.indd 96 23/11/10 15:25 fi cation environnementale certification trop « faible » ? Liesbeth Temmerman est architecte et chercheuse au CERAA (Centre d’Etude, de Recherche et d’Action en Architecture). Lors d’un séminaire organisé récemment par Buildgreen et Urban Land Institute avec l’appui de partenaires, dont Valideo, elle a affirmé que le BREEAM n’est pas performant sur certains points techniques et réglementaires lorsqu’on l’applique en Région de Bruxelles-Capitale ou dans toute région dont la législation a atteint un certain seuil dans le souci de la construction durable. Il semble qu’y atteindre le niveau le plus élevé de l’échelle BREEAM est souvent... un peu trop simple : « Bruxelles-Envi- « Peut mieux faire » Le Pôle Technologies de l’Environnement (inclus dans l’Agence Bruxelloise pour l’Entreprise – ABE) assure un rôle de facilitateur auprès des entreprises bruxelloises dans les produits et les services qui touchent à l’environnement. Sur son site www.brusselsgreentech.be, cet organisme n’est pas tendre pour le complexe Atlantis (promoteur CODIC), qui s’est signalé comme le premier certifié BREEAM en Belgique et premier certifié BREEAM Offices en Europe. Selon l’ABE, « malgré la mention globale “very good” octroyée par BREEAM, le complexe Atlantis aurait pu faire beaucoup mieux. Sans être médiocre, l’examen approfondi du dossier “Atlantis” révèle néanmoins des domaines très franchement améliorables. C’est là tout le paradoxe d’une démarche certificative comme BREEAM : elle sanctionne d’une note très bonne, bonne, moyenne ou insuffisante, mais peut juger un mauvais élève d’un œil relativement bienveillant en considérant le niveau moyen atteint par la classe... ». Ces critiques épinglent encore le fait « qu’il n’y a pas de place, chez BREEAM comme dans d’autres systèmes internationaux, pour l’idée d’une évaluation sur la base de la performance absolue du bâtiment. En l’occurrence, avec le complexe “Atlantis”, on se retrouve face à un immeuble qui a réussi à décrocher la mention “very good” malgré des performances environnementales et énergétiques qui pourront parfois sembler “un peu faiblardes” aux yeux d’un expert un tant soit peu exigeant. Ainsi, “Atlantis” n’a pas eu recours aux systèmes d’énergies alternatives pourtant déjà éprouvés (solaire thermique, notamment) et avec un K45, le coefficient atteint par le bâtiment est tout sauf “extraordinaire”. » L’ABE plaide en conclusion pour qu’on tienne compte des spécificités locales et qu’on revoie le niveau global des exigences. n l’immeuble atlantis (codic – architectes cerau et dWS) a été le premier bâtiment belge certifié BreaaM en Belgique mais aussi le premier européen à recevoir la nouvelle certification « BreeaM europe for offices 2008 » www.valideo.org www.breeam.org www.assohqe.org www.usgbc.org références « relevance of the Sustainable labels for Commercial Properties ». mémoire de master en real Estate management de michael taelman. Northumbria University (UK). 2009. Version EN disponible sur www.profacility.be/references Profacility guide 2011 740_PFY028_certification IMM fr.indd 97 iMMobiLier ronnement a constaté lors de l’appel à projets pour des bâtiments exemplaires que la majorité des dossiers ont été ouverts pour des bâtiments qui faisaient bien mieux que les bâtiments auxquels BREEAM aurait pu décerner sa meilleure note... », explique L. Temmerman. « En Région de Bruxelles-Capitale, l’appel à projets pour les bâtiments exemplaires nous a prouvé que nous pouvions nous permettre de placer la barre bien plus haut ». Le CERAA a donc été mandaté par les autorités bruxelloises pour analyser les processus de certification. Car la Région entend non pas à créer un nouveau référentiel, mais renforcer les outils existants, comme le Green Building Brussels ou le Speed check-up en développement chez Bruxelles Environnement. photo CoDIC La démarche BREEAM Europe Commercial 2009 (dernière version, publiée en novembre 2009) comprend l’évaluation de la performance économique des immeubles notamment au niveau d’une analyse économique comparative sur le cycle de vie pour la structure du bâtiment, les façades, les techniques spéciales et les finitions. Cette analyse économique est demandée sur une durée respectivement de 30 et 60 ans. Une analyse économique comparable est également demandée lors de la mise en place de sources d’énergies renouvelables. L’une des conclusions de M. Taelman est que la « puissance » d’un label durable repose finalement sur sa reconnaissance internationale. Les immeubles certifiés ont également une plus grande valeur capitalistique et de location. En ce qui concerne le surcoût, il peut être nul si l’on accepte un niveau de confort légèrement inférieur en été, et égal à + 10% si l’on vise un niveau de confort égal à celui d’un bâtiment traditionnel. À partir de l’exemple du Berlaymont, M. Taelman montre l’importance d’audits réguliers du bâtiment, prenant en compte la façon dont il est exploité. En effet, cet immeuble de 240.000 m2, très performant d’un point de vue environnemental, est occupé par 2.700 personnes, soit quatre fois moins que la moyenne par mètre carré en Région bruxelloise ! Conclusion : un excellent niveau de performance technique peut être annulé par un usage « dispendieux » et conduire à une mauvaise cotation au niveau de la certification. Ce qui nous amène à une certaine « relativité » de la certification, ainsi qu’en témoigne le paragraphe qui suit… 97 23/11/10 15:25