Essec : des top managers à visage humain

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Essec : des top managers à visage humain
CARRIÈRES
ET FORMATIONS
Essec : des top managers
à visage humain
■ Le mastère spécialisé en logistique et management de la supply chain de l’Essec, qui vient de fêter ses
20 ans, forme l’élite dirigeante du métier. Une élite qu’elle sélectionne notamment sur ses qualités humaines.
REPÈRES
■ Nom : mastère spécialisé en
logistique et management de
la supply chain.
■ Date de création : 1988.
■ Niveau : bac + 6, homologué
par la Conférence des grandes
écoles.
■ Durée de formation : 7 mois,
et 4 à 6 mois de mission en
entreprise.
■ Public : bac + 5 et bac + 4.
■ Effectif : 25 personnes.
■ Coût de la formation :
14 400 euros.
■ Contact : Térésa Gago,
01 34 43 33 65,
[email protected]
■ Site : www.essec.fr
Le Basics, un sésame
international
Tous les étudiants du mastère
sont préparés au Basics of
Supply Chain Management.
Cette certification délivrée par
l’Apics (American Production
and Inventory Control Society)
est reconnue mondialement.
Elle garantit que l’étudiant est
initié aux meilleures pratiques
de la gestion de la supply chain.
L’Essec enregistre un fort taux
de succès de ses étudiants
(95 % par an).
E
n matière de management, l’Essec fait autorité, y compris dans la
supply chain. Cela fait
en effet vingt ans que la prestigieuse école de commerce a créé
son mastère spécialisé dans ce
domaine. Un lancement pionnier puisque cette formation est
la première à avoir reçu l’homologation de la Conférence des
grandes écoles. Elle accueille en
grande majorité des bac + 5 voués
à devenir des tops managers de
la supply chain.
Au cours de sa longue histoire,
elle a changé d’intitulé plusieurs
fois, dernièrement en 2003 pour
adopter son nom actuel qui souligne la réorganisation du programme. «Nous l’avons recentré
sur le supply chain management
en diminuant la part des enseignements dédiés au management
de la logistique proprement dite »,
explique Fouad El Ouardighi,
directeur académique du mastère. Il présente cette évolution
comme un vrai changement de
focale,l’approche “système”remplaçant l’approche “entreprise”.
En effet, le mastère n’analyse plus
la chaîne d’approvisionnement
au niveau de l’entreprise(ses
stocks, ses entrepôts, ses flux),
mais plutôt au niveau des interactions avec ses partenaires amont
ou aval. Car ce sont surtout ces
“Les qualités humaines sont
fondamentales, le supply chain
manager doit collaborer avec des
personnes qui n’ont pas forcément
des intérêts convergents”,
FOUAD EL OUARDIGHI,
DIRECTEUR ACADÉMIQUE DU MASTÈRE EN LOGISTIQUE ET MANAGEMENT DE
LA SUPPLY CHAIN.
Le réseau des anciens élèves de l’Essec, particulièrement actif, est un véritable
atout pour les jeunes diplômés.
interactions qui entravent aujourd’hui l’efficacité de la supply chain.
Optimiser les bénéfices
de chacun
L’exemple de la société américaine Blockbusters le démontre.
Cette chaîne de location de DVD
s’approvisionne auprès de sociétés de production. Elle leur achetait initialement les droits de diffusion après l’exploitation des
films au cinéma.Cependant,pour
élargir encore leur marché, les
sociétés de production et la chaîne
Blockbusters sont passées à un
autre type de contrat d’approvisionnement : le contrat de partage de revenus. Dans ce système,
le fournisseur (la société de production) vend les films au distributeur à son prix de revient, mais
perçoit un pourcentage sur les
ventes finales.
Avec ce système, tout le monde
est gagnant. Les sociétés de production sont directement intéressées à ce que les films sortent
tôt en DVD pour toucher plus
de consommateurs. Blockbusters dispose ainsi des films beaucoup plus tôt à un prix plus accessible. Il peut ainsi proposer plus
de films dans son catalogue,mieux
servir ses clients, et provoquer
une augmentation de la demande
globale. « Grâce à ce contrat de
partage de revenus, en intervenant
simplement sur leur inter-relation,
le fournisseur et le distributeur ont
augmenté leurs bénéfices respectifs de 10 % en moyenne, tout en
élargissant la taille de leur marché », commente Fouad El Ouardighi. C’est le type de notions et
de pratiques qu’apprennent les
étudiants de l’Essec : comment
définir et coordonner des process, entre les acteurs de la supply chain, pour optimiser la taille
du marché cible, et les bénéfices
de chacun.
Un sens de la
responsabilité sociale
Représentant 560 heures de
cours dispensées entre septembre
et mars, le mastère de l’Essec fait
appel à 60 % d’enseignants-chercheurs et à 40 % de professionnels du monde industriel, de la
distribution ou du consulting.
Les cours familiarisent les étudiants avec les outils analytiques
les plus récents, et des cours plus
pratiques sur la démarche de développement durable, le “sustainable operations management”
(“remanufacturing”), les simulations de supply chain,
N° 239 • MAI 2009 • LOGISTIQUES MAGAZINE
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CARRIÈRES
ET FORMATIONS
P R O F I L
Jean-Baptiste Bacou, consultant chez BearingPoint
“Aider les entreprises à choisir la solution qu’elles
pourront le mieux assimiler”
En avril 2007, les cours du
mastère logistique et management
de la supply chain de l’Essec à
peine achevés, Jean-Baptiste
Bacou est entré comme consultant
chez BearingPoint en CDI, sans
même passer par la case stage.
Cet ingénieur diplômé de l’Esiee
(École supérieure d’ingénieurs en
électronique et électrotechnique),
voyait alors le consulting comme
une simple étape. « Je voulais
parfaire durant deux ou trois ans
ma formation en réalisant des
missions diversifiées de
consulting », précise-t-il. « À
l’issue de la période des cours,
avant même d’avoir effectué mon
stage de fin d’études, j’avais déjà
deux propositions fermes d’embauche dans deux cabinets et
l’Essec m’a aussi été très utile pour
faire mon choix. En effet, le réseau
des anciens est très actif. Contrairement à d’autres grandes écoles,
il n’y a pas de sectarisme par
filière. Les anciens élèves que j’ai
contactés m’ont toujours bien
accueilli et conseillé, d’autant plus
que nombre d’entre eux travaillent
dans le conseil », poursuit le jeune
consultant.
Durant sa dernière année d’école
d’ingénieurs, un stage effectué
chez ADP a convaincu JeanBaptiste de poursuivre dans la
logistique. Il travaillait sur l’automatisation du tri de bagages du
Terminal 1 à l’aéroport de Roissy. Il
s’est alors dirigé vers le mastère
de l’Essec, afin d’ajouter à son
profil technique des compétences
plus managériales. « Chez BearingPoint, où je travaille sur des
dossiers très variés, je mesure
vraiment la richesse du mastère.
Je suis en effet capable de
m’adapter à tous les dossiers,
qu’ils concernent les approvisionnements, la production, la
planification ou la gestion des fournisseurs. » Depuis sa prise de
poste, Jean-Baptiste Bacou
travaille sur des missions très
opérationnelles de changement
d’organisation. Dans des secteurs
variés : les services publics, l’aéronautique, les services liés à
l’environnement, l’industrie énergétique, l’industrie du ciment,
l’automobile, et même le luxe.
l’intégration d’une supply chain avec des retours d’expérience. Sans oublier les cours
d’analyse financière et de gouvernance d’entreprise pour savoir
comment on gère un conseil d’administration.
À l’Essec, élitisme ne se marie
pas avec arrogance.«Dans le métier
de supply chain manager, les qualités humaines sont fondamentales, souligne le directeur académique.Il doit en effet être capable
de diffuser des bonnes pratiques et
collaborer avec des personnes qui
n’ont pas forcément des intérêts
convergents ». L’Essec met donc
un point d’honneur à sélectionner des personnalités qui, en plus
d’être compétentes,ont des valeurs
d’humilité et le sens de la respon-
sabilité sociale leur permettant
de s’insérer facilement dans un
groupe. «L’entretien d’admission
met l’accent là-dessus et il est complété d’un questionnaire d’évaluation du profil psychologique »,
insiste Fouad El Ouardighi.
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Un service des relations
étudiants-entreprises
Autre point fort de l’Essec,
d’étroites relations avec les fleurons des entreprises françaises.
D’abord, grâce au réseau des
anciens élèves qui apporte un
quart des offres de stages, mais
aussi grâce au petit-déjeuner débat
entre étudiants et professionnels
que l’école organise chaque année
en mars. Le thème du dernier en
date : “La place des achats dans
LOGISTIQUES MAGAZINE • MAI 2009 • N° 239
CV EXPRESS
Âge : 26 ans.
Piloter les changements
d’organisation
« Je me suis rendu compte que le
rôle du consultant ne se limite pas
à trouver la bonne organisation
technique pour une entreprise. Ça,
c’est seulement 50 % du travail. En
fait, la partie la plus passionnante
est d’aider le client à réfléchir sur
tous les enjeux du changement. Il
s’agit non seulement de trouver la
solution qui répond à ses besoins,
mais surtout de choisir celle que
son entreprise va pouvoir le mieux
assimiler, compte tenu de sa
culture et de ses particularismes »,
analyse le jeune expert.
Le genre de mission qu’il conduit ?
Aider, par exemple, une entreprise
à mettre en place une équipe de
contrôle des SLA (Service Level
Agreements : accords régissant le
niveau de service et les modes
d’interaction entre l’entreprise et
ses fournisseurs). Quels indicateurs, quelles opérations mettre en
place ? Combien de personnes y
consacrer ?…. Le consultant détermine les mesures à prendre (audit)
et fait ensuite à son client les
la gouvernance de la supply chain”.
Sur l’estrade figuraient comme
invités : la responsable des approvisionnements de la centrale d’Auchan, la directrice des opérations
de Dell Europe, le directeur supply chain de BearingPoint France
et le responsable des achats d’Arkema. «Ces débats abordent sans
tabous des sujets de terrain qu’on
ne trouve pas dans les manuels »,
commente le responsable du mastère. Enfin, l’Essec accompagne
ses élèves dans la préparation de
leur projet professionnel. Elle dispose d’une direction des relations
entre étudiants et entreprises, et
elle leur offre même les services
du chasseur de tête spécialisé
Joseph Beaurain pour valider leur
projet professionnel. «Notre mas-
Salaire annuel : n.c.
Formation :
diplôme d’ingénieur de l’Esiee
(École supérieure d’ingénieur en
électronique et électrotechnique)
en 2006.
préconisations d’organisation, à
court et à moyen terme, pour
suivre la performance de ses fournisseurs. En ce moment,
Jean-Baptiste Bacou travaille sur
une tout autre mission : il conseille
un institut de service public dans le
choix et la mise en œuvre d’un
outil d’e-procurement. « Je l’aide à
exprimer son besoin, à élaborer
son cahier des charges et je l’assiste dans son choix
d’intégrateur », précise-t-il.
Ayant pris goût au métier de
consultant, le jeune diplômé Essec
souhaite y poursuivre sa carrière en
évoluant à un poste de senior
manager, spécialiste d’une problématique chargé de développer le
lien avec le client, et de l’accompagner sur le long terme. Il a déjà sa
petite idée : «J’aimerais me spécialiser dans les relations
fournisseurs », confie-t-il.
A.D.
tère est réputé si bien que nous
avons plus de demandes de stages
que d’étudiants », se félicite Fouad
El Ouardighi. Des missions de
quatre à six mois proposées par
des entreprises aussi prestigieuses
que Danone, L’Oréal, Sanofi…
Deux tiers des étudiants se voient
d’ailleurs proposer un poste avant
la fin de leur stage et 100 % des
diplômés sont recrutés trois à
quatre mois après l’obtention de
leur mastère. Les statistiques des
dernières années font apparaître
au palmarès des secteurs recrutant les diplômés : l’industrie
(26 %), le consulting (20 %), la
grande consommation (18 %),
la grande distribution (6 %) et
la santé (6 %).
Alexandra Dejean