En France, la fête du 15 août garde une saveur toute particulière. En

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En France, la fête du 15 août garde une saveur toute particulière. En
ASSOMPTION DE LA VIERGE MARIE
Sainte-Anne, le 15 août 2016
Lectures :
Ap 11, 19a ; 12, 1-6a.10ab
1 Co 15, 20-27a
Lc 1, 39-56
Mes bien chers Frères,
Chers Frères et Sœurs,
En ce grand jour de l’Assomption de la Vierge Marie, nos cœurs sont en fête, et nous nous unissons
spontanément à la joie de toute l’Église de la terre mais aussi à l’immense jubilation de l’Église du
ciel. En effet, nous contemplons aujourd’hui Marie, l’une des nôtres, Marie, une femme de notre
race humaine, entrant au ciel, en son âme et son corps, dans la gloire de Dieu.
Il faut avoir un frère en Angleterre pour réaliser que l’on peut célébrer l’Assomption un autre jour
que le 15 août, à savoir le dimanche le plus proche. Ainsi, nos frères d’outre-manche ont célébré
cette année le 15 août, le 14 ! Incredible !
En France, la fête du 15 août garde une saveur toute particulière. En effet, Marie est la
patronne principale de notre pays : « Regnum Galliae, regnum Mariae. » Aucun pays au monde
n’a bénéficié d’aussi nombreuses apparitions mariales. Nos liens avec la Vierge remontent dans
la nuit des temps. Fort de cette histoire, le roi Louis XIII a pu consacrer son royaume à la Vierge,
le 15 août 1638, non seulement sa personne, mais « notre Etat, notre couronne et tous nos
sujets. » Le roi voulait, à la fois, rendre grâce pour l’ordre rétabli dans le pays et les victoires
sur l’ennemi extérieur, tout en implorant le retour de la paix. Dans un regard de foi, le geste fut
accompli au cours de la Messe car le destinataire de la consécration n’est autre que Dieu seul.
En souvenir de cet acte, le roi prescrivait une procession solennelle dans la cathédrale NotreDame et dans toutes les églises de Paris, mais aussi partout dans le royaume. Ce qui dura jusqu’à
la Révolution.
Peu après et pendant quelques années, la procession du Vœu de Louis XIII fut remplacée
par la fête de Napoléon puisque l’Empereur était né, précisément, un 15 août, mais cela a permis
de garder à ce jour un caractère national. L’empereur est mort, et la dévotion mariale a repris
naturellement sa place. La Providence divine se sert de tout. Aujourd’hui, en de nombreux
endroits en France, la procession du Vœu de Louis XIII reprend ses droits, avec bonheur. Nous
l’avons toujours honorée, ici à Kergonan, depuis notre fondation. Il est certain que les intentions
de prière pour la France ne manquent pas, de nos jours, et sont même particulièrement graves,
au moment où sont attaqués, contre tout bons sens, les fondements mêmes de notre société, où
sont reniés, contre toute évidence, l’enracinement de notre humanité et les racines chrétiennes
de la France.
Comme l’a demandé Monseigneur Georges Pontier, Archevêque de Marseille et
Président de la conférence des Évêques de France, nous prions aujourd’hui spécialement pour
la France en ces épreuves difficiles qu’elle traverse et nous ferons sonner nos cloches à midi, à
l’unisson de toutes les églises de France.
L’avenir peut paraître sombre, mais, à l’exemple de la Vierge Marie, nous ne devons
jamais oublier que, quoi qu’il arrive, nous sommes et restons dans la main de Dieu.
Marie est cette Femme merveilleuse décrite par le livre de l’Apocalypse : une Femme ayant le soleil
pour manteau, la lune sous les pieds, et sur la tête une couronne de douze étoiles. Mais cette Femme
connaît en même temps, les douleurs de l’enfantement, car Marie est Mère de l’Église et il n’y a pas
de période dans l’histoire où l’Église ne connût pas la persécution. Elle est enceinte donc, et un
Dragon effrayant, rouge feu, avec sept têtes et dix cornes, dont la queue balaye le tiers des étoiles du
ciel, se tient devant elle, prêt à dévorer l’enfant. Alors que la situation semble irrémédiablement
perdue, humainement sans issu, l’enfant mâle est enlevé jusqu’auprès de Dieu et de son Trône, et la
Femme est conduite au désert où Dieu lui a préparé une place.
La Providence divine intervient ainsi au cœur de l’histoire du monde, au cœur de l’histoire de notre
pays, mais aussi au cœur de nos vies, au cœur de nos souffrances, parfois même jusqu’après la mort,
avec une liberté déconcertante, sans que nous en ayons toujours conscience.
La célébration d’aujourd’hui nous invite à élever notre regard vers le Ciel, non un ciel fait d’idées
abstraites, mais le Ciel de la vraie réalité qui est Dieu lui-même : Dieu est le Ciel, disait Benoît XVI.
Dieu est notre but, le but et la demeure éternelle d’où nous venons et vers laquelle nous tendons.
Avec la Vierge Marie laissons-nous attirer par les choses d’en-haut, vers les hauteurs de l’esprit où
l’on respire l’air pur de la vie surnaturelle et où l’on contemple la beauté la plus authentique qui est
la sainteté, Dieu le trois fois Saint, en compagnie des saints du ciel. Amen.