Concepts et moyens pour la maintenir ou l
Transcription
Concepts et moyens pour la maintenir ou l
Line Guénette, B.Pharm., M.Sc., Ph.D. t Professeure adjointe, Faculté de pharmacie, Université Laval t Chercheuse, Unité de recherche en santé des populations et Chaire sur l’adhésion aux traitements, Centre de recherche FRSQ du CHA universitaire de Québec L’adhésion au traitement médicamenteux Concepts et moyens pour la maintenir ou l’améliorer Jocelyne Moisan, Ph.D. t Professeure titulaire, Faculté de pharmacie de l’Université Laval t Chercheuse, Unité de recherche en santé des populations, Centre de recherche FRSQ du CHA universitaire de Québec t Titulaire, Chaire sur l’adhésion aux traitements t Directrice, Réseau québécois de recherche sur l’usage des médicaments Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la non-adhésion aux traitements est un problème majeur, surtout chez les personnes atteintes de maladies chroniques1. Les pharmaciens et les autres professionnels de la santé qui fournissent des services impliquant un traitement médicamenteux doivent mettre en œuvre tous les efforts possibles pour aider les personnes qui le souhaitent à améliorer l’adhésion à leurs traitements1. Laurence Guillaumie, Ph.D. t Professionnelle de recherche, Chaire sur l’adhésion aux traitements t Unité de recherche en santé des populations, Centre de recherche FRSQ du CHA universitaire de Québec Quelques définitions Objectifs pédagogiques ✓ Différencier les principales composantes de l’adhésion au traitement ✓ Calculer l’adhésion au traitement médicamenteux en fonction de différentes sources d’information ✓ Identifier les principaux facteurs associés à la non-adhésion au traitement médicamenteux ✓ Connaître différentes techniques pour intervenir auprès des personnes éprouvant des difficultés dans la prise de leur traitement médicamenteux Il n’y a pas de consensus sur les façons de nommer et de mesurer ce que nous appelons ici l’adhésion au traitement. Les termes observance, persistance, fidélité et concordance sont souvent utilisés. À ces termes français, s’ajoutent les anglicismes adherence et compliance. Ces deux derniers mots sont à éviter puisque leur signification en français n’a pas de lien avec le concept d’adhésion au traitement. L’adhésion à un traitement est habituellement définie par le degré avec lequel le comportement de la personne coïncide avec les recommandations du professionnel de la santé2. Bien que cette définition générale renvoie aux recommandations concernant les traitements médicamenteux, les diètes, les programmes d’entraînement physique, les tests à effectuer, entre autres, nous nous intéresserons ici au traitement médicamenteux. L’adhésion peut être séparée en trois composantes : l’acceptation, la persistance et l’observance3. Lorsque la personne qui a reçu une ordonnance se rend à la pharmacie pour la faire exécuter une première fois, elle accepte son traitement. Si elle poursuit son traitement pendant toute la durée prévue, elle persiste à prendre son traitement4. Enfin, si elle le prend exactement comme la posologie l’exige, elle est observante. La figure 1 illustre les différentes composantes de l’adhésion. Dans cet exemple, le patient a reçu une ordonnance de deux capsules par jour pendant 20 jours. Il a accepté son traitement, et a pris les capsules qui sont en rouge. Il a persisté à prendre son traitement puisqu’au 20e jour il avait pris ses capsules. Toutefois, on peut qualifier son observance de non optimale puisqu’il n’a pas pris toutes ses capsules. Cet exemple illustre aussi comment la mesure peut influencer les conclusions. Par exemple, comme ce patient n’a pas pris ses capsules le 12e jour, si on avait fait une mesure à ce moment on aurait conclu qu’il n’était pas persistant. Parce que les chercheurs qui mesurent l’adhésion au traitement médicamenteux n’utilisent pas tous les mêmes mesures (par exemple, on considérera qu’une personnes est observante si elle a pris 80 % des doses prescrites pendant deux ans, tandis qu’un autre définira l’observance comme la prise de 90 % des doses pendant six mois), il est impossible d’avoir une idée « universelle » de l’adhésion aux traitements. L’importance du problème En partant du postulat que la personne traitée a reçu le bon diagnostic et que le médecin lui a prescrit le bon médicament, à la bonne dose en tenant compte de ses caractéristiques personnelles, il y a de bonnes raisons pour chercher à améliorer l’adhésion au traitement. Parmi les bénéfices attendus, on peut citer de meilleurs résultats de santé, une amélioration de la qua- Figure 1 Schématisation des principales composantes de l’adhésion Adhésion Publié grâce à une subvention sans restrictions de Observance Observance Persistance Persistance www.ProfessionSante.ca | cahier de FC de L’actualité pharmaceutique | octobre 2011 1 Cas clinique no 1 Tableau 1 Questionnaire de Morisky à 8 questions12 1. Monsieur Tremblay, 45 ans, se présente le 16 mai à votre pharmacie avec une ordonnance de metformine et d’atorvastatine. Il vient tout juste de recevoir un diagnostic de diabète de type 2 et a un taux de cholestérol élevé. Il vous demande de mettre l’ordonnance d’atorvastatine en attente car il n’en a pas besoin pour le moment. Vous savez que M. Tremblay possède une entreprise et est appelé à voyager très souvent à l’étranger. Il vous demande si la metformine lui causera des problèmes et comment il fera pour ajuster les prises à son horaire pour le moins irrégulier. Vous arrive-t-il parfois d’oublier de prendre vos comprimés Non = 1 contre (nom de la condition) ? 2. Parfois certaines personnes ne prennent pas leurs Non = 1 médicaments pour d’autres raisons qu’un oubli. En pensant aux deux dernières semaines, y a-t-il eu des jours où vous n’avez pas pris votre médicament contre (nom de la condition) ? 3. Vous est-il déjà arrivé de réduire la dose ou d’arrêter de Non = 1 prendre vos médicaments contre (nom de la condition) sans en informer votre médecin, parce que vous vous sentiez lité de vie ainsi que des économies pour la personne, le système de santé et la société. Pour illustrer ces bénéfices, prenons en exemple le traitement du diabète de type 2. Une mauvaise adhésion au traitement est une barrière majeure dans le contrôle métabolique5. Elle augmente le risque de complications et d’hospitalisations6 et est associée à une augmentation des coûts de santé7. De plus, elle impose un fardeau financier considérable sur les systèmes de santé, un fardeau estimé à 100 milliards de dollars chaque année aux ÉtatsUnis8. Mais est-ce que les Québécois ont une bonne adhésion à leurs traitements en général ? Comme nous l’avons vu avec l’exemple présenté à la figure 1, il n’est pas facile de répondre à cette question ! Si l’on se fie aux constats du rapport de l’OMS, la situation du Québec est semblable à celle des autres pays industrialisés. Toutefois, l’estimation de l’adhésion dépend, entre autres, du type d’étude (l’adhésion étant plus élevée dans les essais cliniques très contrôlés que dans les études observationnelles), de la condition étudiée (maladie aiguë très symptomatique ou maladie asymptomatique chronique), du type de médicament étudié (sous forme de comprimé ou injectable), de la source d’information utilisée (médecin, patient, base de données), de la mesure de l’adhésion qui a été utilisée et de la durée de la période d’observation. Par exemple, on peut lire dans un rapport du Conseil du médicament que la persistance globale à prendre un traitement antidépresseur – chez les adultes assurés par le régime public d’assurance médicaments – à 15 jours, 30 jours, 2 mois, 3 mois, 4 mois et 6 mois était respectivement de 93,8 %, 63,3 %, 56,7 %, 49,4 %, 44,8 % et 38,5 %9. Une autre étude chez des diabétiques adultes assurés par le régime public d’assurance médicaments rapporte que 79,3 % des personnes étaient persistantes 365 jours après le début de leur traitement, tandis que 78 % de ces persistants étaient aussi observants10. Rôle du pharmacien Selon l’OMS, une mesure adéquate du comportement d’adhésion est nécessaire pour planifier un traitement efficace et efficient et pour s’assurer que les changements observés dans les résultats de santé peuvent être attribués au régime thérapeutique1. C’est aussi l’opinion de l’Ordre des pharmaciens du Québec. En effet, selon le guide de pratique Rôle 1: Fournir des soins pharmaceutiques et les Standards de pratique publiés en décembre 2010, le pharmacien doit colliger les renseignements pertinents concernant le patient. On y retrouve une mention spécifique à l’égard de l’histoire médicamenteuse et de l’évaluation de l’adhésion. On mentionne également que le pharmacien doit effectuer le suivi et modifier le plan de soins en fonction des résultats obtenus en utilisant un système de surveillance efficient mesurant entre autres les problèmes d’adhésion. À la lecture de ces documents, il apparaît clairement que le pharmacien a un rôle primordial pour mesurer les comportements d’adhésion, identifier les patients ayant des problèmes d’adhésion et pour trouver, avec 2 le patient, des stratégies afin d’atteindre les cibles thérapeutiques. moins bien en les prenant ? 4. Lorsque vous voyagez ou que vous quittez la maison, Non = 1 vous arrive-t-il d’oublier d’emporter vos médicaments contre Comment mesurer l’adhésion au traitement médicamenteux ? Le pharmacien est un des professionnels de la santé le mieux positionné et outillé afin de mesurer l’adhésion aux traitements médicamenteux. En effet, il rencontre le patient régulièrement, a souvent une bonne relation avec lui et a accès au dossier pharmacologique qui lui fournit de nombreux renseignements utiles à la mesure de l’adhésion. Il n’existe aucune mesure parfaite de l’adhésion aux traitements. Deux sont particulièrement pratiques pour le pharmacien : la discussion avec le patient et la consultation du dossier pharmacologique. La première mesure consiste à profiter des rencontres régulières et de la relation de confiance avec le patient pour le questionner. Le questionnaire le plus connu est celui développé par Morisky et collaborateurs11. La version la plus récente comporte huit questions (tableau 1)12. L’adhésion est considérée bonne pour les personnes obtenant un score de 8 ou plus, moyenne pour celles obtenant un score de 6 ou 7 et faible pour les personnes obtenant un score de moins de 6. La deuxième mesure consiste à consulter le dossier pharmacologique. Ce dossier permet d'obtenir une mesure de l'adhésion pour les traitements qui exigent des renouvellements d’ordonnance13. On y mesure le nombre de jours pour lequel le patient avait des médicaments en sa possession divisé par le nombre de jours entre les achats, sur une période de temps assez longue, idéalement d’au moins trois mois. Un exemple de ce calcul est présenté dans la description du cas numéro 2. Les chercheurs s’intéressant à l’adhésion fixent souvent, de façon arbitraire, le seuil minimal de ce ratio à 80 %. Ils considèrent donc qu’un individu adhère à son traitement médicamenteux s’il a en sa possession des médicaments pour 80 % du temps ou plus. Il est à noter que ce seuil ne repose, pour la plupart des traitements, sur aucun fondement clinique valable. Comme on le voit dans le cas numéro 1, le dossier pharmacologique peut aussi permettre d’identifier une partie de la non-acceptation du traitement, c’est-à-dire que le patient a déposé l’ordonnance mais ne l’a jamais achetée. Il faut toutefois questionner les gens pour savoir s’ils ont en leur possession des ordonnances qui n’ont jamais été déposées au dossier. L’utilisation des mesures d’adhésion basées sur les dossiers pharmacologiques est préconisée par plusieurs auteurs14,15. Cependant, ces mesures comportent certaines limites. La première, et sans doute la plus importante, est que cette mesure repose sur la présomption que les comprimés distribués à la pharmacie ont été consommés par le patient 15. Par conséquent, l'observance est surestimée si le patient se procure les médicaments sans les consommer et elle est sous-estimée si l'approvisionnement se fait dans plusieurs pharmacies ou est obtenu d’une autre source telle que les échantillons médicaux ou à l’hôpital. Une autre limite de ces mesures est qu’elles sont basées sur les renouvellements et donc ne sont utiles que pour les cahier de FC de L’actualité pharmaceutique | octobre 2011 | www.ProfessionSante.ca (nom de la condition) ? 5. Avez-vous pris vos médicaments contre (nom de la condition) hier ? Oui = 1 6. Quand vous ressentez beaucoup moins, voire plus du tout, Non = 1 vos symptômes, vous arrive-t-il parfois d’arrêter de prendre vos médicaments ? 7. Le fait de devoir prendre des médicaments contre (nom de Non = 1 la condition) tous les jours représente un réel inconvénient pour certaines personnes. Vous arrive-t-il parfois d’être contrarié(e) par le fait d’avoir à respecter un traitement contre (nom de la condition) ? 8. Vous arrive-t-il d’avoir des difficultés à vous rappeler de prendre tous vos médicaments contre (nom de la condition) ? *** Choix de réponses et scores pour la question 8. Jamais/Rarement = 1 De temps en temps = 0,75 Régulièrement = 0,25 Tout le temps = 0 Parfois = 0,5 Note : Il est possible de remplacer (nom de la condition) par « votre médicament » ou par le nom précis du médicament. Cas clinique no 2 Le 20 décembre, monsieur Tremblay se présente de nouveau à votre pharmacie avec, cette fois-ci, une ordonnance de glyburide. Vous consultez son dossier pour voir sa consommation de metformine. Mis à part le 16 mai, il en a reçu pour 30 jours le 19 juin, le 26 juillet, le 5 septembre, le 2 octobre et le 15 novembre. Selon vos calculs, il en aurait donc reçu pour 180 jours dans un intervalle de 218 jours, ce qui correspond à un ratio de possession de médicaments de 180/218 x 100 = 82,6 %. Vous l’informez que le glyburide doit être pris deux fois par jour et qu’il existe des risques d’hypoglycémie avec ce médicament. Il vous répond : « Ah non, pas un autre médicament qui me causera des problèmes. » Il se demande aussi comment il gérera un nouveau médicament en plus de ceux qu’il prend déjà avec difficulté, d’autant plus qu’il vient de se séparer et que c’est sa femme qui lui faisait penser de prendre ses médicaments. médicaments destinés à un usage chronique et régulier. Les traitements de court terme comme les antibiotiques, les médicaments utilisés au besoin ou pour lesquels la posologie change fréquemment (comme pour les anticoagulants, par exemple) ne se prêtent pas bien à ce type de mesure. Finalement, une combinaison des deux méthodes s’avère bien souvent être la meilleure façon de mesurer l’adhésion. Le pharmacien peut commencer à l’évaluer à partir de son dossier pharmacologique puis décider de poser des questions plus précises à la personne en utilisant, par exemple, le questionnaire de Morisky (voir tableau 1). Il est aussi important de mentionner que les comportements d’adhésion peuvent varier de façon importante chez une même personne d’un médicament à l’autre. Par exemple, une personne peut être très adhérente à son contraceptif oral mais très peu à son antihypertenseur. Considérant ce fait, il est important de faire une évaluation de l’adhésion et, s’il y a lieu, des raisons de la non-adhésion, pour chacun des médicaments qui nous intéressent. Les facteurs associés à la non-adhésion au traitement Mais pourquoi certaines personnes arrêtentelles de prendre leurs médicaments avant la fin du traitement ou ne les prennent-elles pas tel que prescrit ? L’OMS a proposé une classification des facteurs associés à la non-adhésion (figure 2)1. On distingue tout d’abord les facteurs associés à la personne (par exemple la fréquence de ses oublis), ses croyances en lien avec l’efficacité du médicament et ses effets indésirables, ou encore la perception du risque encouru avec la condition traitée. Viennent ensuite les caractéristiques du traitement médicamenteux. Certaines études rapportent que l’adhésion est meilleure pour les médicaments à une seule prise par jour, pour certaines grandes classes thérapeutiques ou pour des formes pharmaceutiques particulières. Enfin, d’autres caractéristiques peuvent aussi être à la source du problème d’adhésion. Ces caractéristiques concernent l’état de santé de la personne, le système de santé et les professionnels traitants et le contexte social et économique de la personne. À titre d’exemple, le niveau d’éducation, l’accès à une assurance médicaments, le soutien familial ou le fait d’être traité par un médecin spécialiste, avoir des problèmes de vision ou de dextérité, avoir des symptômes incommodants, sont toutes des caractéristiques reliées à l’un de ces trois niveaux. D’autres auteurs scindent la non-adhésion à un traitement médicamenteux en deux parties : la première partie est alors un processus décisionnel dans lequel la personne choisit, de son plein gré, d’arrêter de prendre son médicament ou de ne pas le prendre selon l’ordonnance. La deuxième partie attribue les écarts aléatoires à l’ordonnance à des facteurs tels que les oublis et les dérangements dans la routine, par exemple. Ainsi, la non-adhésion peut être intentionnelle ou non intentionnelle. Si on prend l’exemple du diabète de type 2, une revue systématique récente (non publiée) révèle que l’adhésion aux hypoglycémiants serait plus élevée chez les personnes les plus Figure 2 Classification des facteurs associés à la non-adhésion au traitement Caractéristiques sociales et économiques Caractéristiques du système de santé et des professionnels Caractéristiques de la thérapie Caractéristiques de l’état de santé Caractéristiques de l’usager avancées en âge et chez les personnes de type caucasien21. Par contre, le niveau de scolarité et le revenu ne seraient pas associés à l’adhésion. Les personnes prenant une monothérapie, pre- nant leurs médicaments en une seule prise quotidienne et présentant le moins d’effets indésirables auraient plus de chances d’adhérer à leur traitement. La classe thérapeutique de Tableau 3 Techniques d’éducation à la santé visant le changement de comportement EXEMPLES CONCRETS POUR APPLIQUER LA TECHNIQUE 1. Fournir de l’information t Que vous a-t-on dit ou que savez-vous concernant les au patient sur le lien risques associés au fait de ne pas suivre votre traiteentre l’adhésion ment tel que prescrit ? à ses traitements et t Accepteriez-vous que je partage avec vous quelques sa santé renseignements à ce sujet ? t Si la personne accepte : Il a été prouvé que…Le plus sûr serait de…Je vous encouragerais à… t Si la personne refuse : Respectez la volonté du patient et lui dire que, lorsqu’il le souhaitera, vous pourrez lui donner l’information. 2. Susciter l’auto-évaluat Qu’est-ce que vous en pensez ? Cela vous paraît-il logition par le patient de que ? son adhésion à ses t Il est très fréquent que les personnes ne prennent pas traitements toutes les doses de leur traitement médicamenteux, que ce soit délibérément ou parce qu’elles oublient… t Me permettez-vous de vous poser une question ? Sur une semaine habituelle, combien de jours prenez-vous tous vos médicaments tels que prescrits ? t Est-ce que vous accepteriez de remplir un questionnaire pour vous auto-évaluer ? 3. Susciter l’identification t Quels seraient pour vous les avantages d’améliorer des conséquences positil’adhésion à vos traitements ? Quels seraient pour vous ves et négatives d’adhéles avantages de garder les choses comme elles sont, rer aux traitements sans rien changer ? t Si vous décidez de faire un changement quant à votre façon de prendre vos médicaments, quelles seraient les difficultés auxquelles vous auriez à faire face ? 4. Susciter la formulation t Dans ce contexte, quelle serait la prochaine étape ? d’un objectif comportet Je me demande ce que vous penseriez d’essayer d’inimental tier un changement dans la façon de prendre vos médicaments afin d’améliorer la prise de votre traitement ? t À votre avis, quels changements pourriez-vous faire ? 5. Susciter l’identification t Si vous décidiez d’effectuer un changement, à combien des barrières évalueriez-vous votre confiance en la réussite de celuici ? Par exemple, sur une échelle de 0 à 10 (0 étant aucune confiance et 10 étant la confiance élevée) ? t Qu’est-ce qui vous fait choisir X plutôt que zéro ? t Quelles seraient les difficultés auxquelles vous auriez à faire face ? 6. Susciter la formulation t Quelles sont les stratégies concrètes que vous préd’objectifs spécifiques voyez utiliser pour atteindre vos objectifs/pour faire (plans d’action) face à ces difficultés ? Quels sont vos plans ? t Pensez à votre entourage ou à des changements dans votre environnement qui pourraient vous aider… t À quel point pensez-vous que vous allez effectivement appliquer ces plans ? Vous semblent-ils réalistes ? 7. Susciter l’auto-évaluat Comment pourriez-vous suivre vos progrès ? tion et dire au revoir t Je vous remercie d’avoir accepté de discuter avec moi. Je suis sûr(e) que quand vous prendrez une décision ferme, vous concrétiserez vos plans. t N’hésitez pas à repasser me voir si vous avez des questions. TECHNIQUES l’hypoglycémiant aurait aussi une influence. gies afin de minimiser l’influence de ces événeFinalement, une meilleure prise en charge du ments sur sa routine. Par exemple, une stratégie coût des médicaments par un tiers payeur et la pour une personne oubliant souvent sa prise du présence de comorbidités telle qu’indiqué par le coucher pourrait être de placer, lors de sa prise nombre plus élevé de médicaments seraient précédente, un comprimé et un verre d’eau sur aussi associées à une meilleure adhésion au la table de chevet. Pour les oublis lors de déplatraitement. Cette revue systématique s’intéres- cements, une stratégie pourrait être de garder sait principalement aux caractéristiques socio- quelques comprimés dans un sac à main ou un démographiques des personnes. étui glissé dans un portefeuille afin d’éviter les Dans une autre revue systématique de la lit- situations où l’on a pas accès à son médicatérature16 qui s’est intéressée aux déterminants ment. psychosociaux de la non-adhésion au traitement antidiabétique, il a été constaté que les princi-AIDE-MÉM O paux déterminants de la non-adhésion étaientt FACILITER IRE POUR L A les peurs (peurs que la maladie empire, de fairee D’UNE ROU CRÉATION T des hypoglycémies, peur des aiguilles et du gainn LE PATIENT INE PAR de poids), les croyances liées à la maladie et auu t Vérifier la facilité pour médicament (manque de confiance dans less la personne créer une ro de utine selon ses habitud bénéfices associés à la prise du médicament),, de vie. es t Vérifier si les connaissances et habiletés du patient (faile moment de prise « id ou « prédét éal » erminé » co ble connaissance de la maladie, problèmes de nvient à la p sonne. erdextérité), le manque de confiance en sa capat Évaluer la possibilité d e modifier le cité de prendre son médicament tel que presmoment ou de faire chan ger le médicament pour crit, un état dépressif et, enfin, les oublis dans s’adapter à la personne. t Identifier avec elle le la prise de ses médicaments et des renouvels situations elle est à risq où ue d’oublie lements. r. t Suggérer des stratég ies/aides à Bien qu’on puisse identifier des facteurs prise (pilulie la r, alarme, lie u de rangem en associés à la non-adhésion, il est important t, trousse d e secours) p our palier à ces momen de se rappeler que les causes sont complets à risque. t Assurer le suivi de l’ad xes et que l’adhésion peut varier pour un hésion/véri les stratégie fier si s sont efficac même individu selon ses différents traitees. ments. À cet égard, il est important que le pharmacien évite de juger de l’adhésion de ses patients uniquement sur la base de caractéristiques telles que l’éducation ou l’âge et qu’il Conclusion individualise ses interventions pour améliorer Les problèmes d’adhésion au traitement sont fréquents et sont la cause d’une foule de consél’adhésion aux traitements. quences néfastes, autant pour le patient, qui ne Les interventions pour prévenir retire pas les bénéfices attendus pour sa santé, la non-adhésion ou améliorer que pour la société, qui assume en partie le coût l’adhésion de ces traitements moins efficaces et des Si l’on part du principe que les problèmes d’ad- conséquences fâcheuses pour la santé. Le pharhésion peuvent être intentionnels ou non inten- macien est un professionnel de la santé des tionnels et que l’individu n’est pas seul en cause mieux placés pour prévenir ces problèmes et mais qu’une foule de facteurs externes sont à aider les patients qui éprouvent de la difficulté considérer, plusieurs pistes de solutions sont dans la prise de leurs médicaments. Les techniprometteuses. ques de communication présentées dans cet Parmi les pistes de solutions les plus effica- article sont autant de possibilités d’intervences dans les problèmes d’adhésion, il y a l’édu- tions qui peuvent être facilement intégrées dans cation à la santé. L’éducation à la santé17 est la routine du pharmacien. ❱ une activité planifiée qui stimule l’apprentissage à travers un processus de communication pour promouvoir des comportements de santé. té. POINTS À A Des recherches ont permis d’identifier les techhVO P OUR MIEUX IR EN TÊTE niques de communication les plus efficaces es AGIR ET DISCUTER auprès des patients. Ces techniques, à la fois ois DE NON-ADHÉ directives et centrées sur le patient, sont utililiSION t Le patient sées au cours des entretiens motivationnels18. a besoin d’ê tre soutenu plutôt que Elles visent à aider le patient dans sa prise de blâmé. t Les problè mes d’adhé décision et le changement de son comporteesion peuve être intentio nt nnels ou no 19 ment . Ces techniques sont présentées dans le n intentionnels. t L’individu tableau 3. n’est pas to ujours la source d D’autres stratégies peuvent aussi être effiiu problème d’adhésion. Des circons tances exte caces pour prévenir les problèmes d’adhésionn rnes comm une mauva e ise adaptati non intentionnelle. En effet, l’adhésion au trai-on de la thérapie au contexte du patient sont souven tement serait un comportement modelé qui t en cause. t L ’adhésion p s’établit par la création d’une routine et de eut varier ch ez une même perso nne selon se systèmes de rappel à la prise de médicas différents médicamen ts. ments20. Dans ce contexte, il importe de t L’adhésio n peut être séparée en demander au patient quelle est sa routine trois compo santes : l’acc eptation, la p ersistance et quant à la prise de ses médicaments, puis l’observance t Les conséq . uences de d’évaluer si cette routine est facilement la nonadhésion so nt importan perturbée par des événements. Cela peut tes pour le patient m ais égalem ent pour se faire en posant des questions simples la société. t Pour chan comme « Vous arrive-t-il de ne pas prenger efficace ment un co portement, mdre vos médicaments ? À quelle fréquence la personne doit être au cœur de l’int ervention et cela vous est-il arrivé la semaine dery participer activement. nière ? Pour quelles raisons ? ». Ces informations vous permettront de proposer au patient soit un ajustement dans sa rouu tine afin qu’elle soit plus stable et moins sensible aux événements extérieurs, soit des stratéwww.ProfessionSante.ca | cahier de FC de L’actualité pharmaceutique | octobre 2011 3 Questions de formation continue Répondez maintenant en ligne sur www.ProfessionSante.ca Bibliographie Santé publique Le pharmacien et l’adhésion au traitement médicamenteux Concepts et moyens pour la maintenir ou l’améliorer Question 1 Parmi les situations suivantes, identifiez celle(s) qui est ou qui sont à risque de causer de la non-adhésion au traitement ? a) Le médicament prescrit demande une exécution complexe et plusieurs prises par jour. b) Le médecin traitant a donné peu d’explications concernant la maladie, les complications à long terme et les effets attendus du médicament. c) Le patient travaille selon des horaires variés, parfois le jour, parfois le soir et parfois la nuit. d) Les professionnels de la santé rencontrés par le patient lui ont donné des informations divergentes concernant sa maladie et son traitement. e) Toutes ses réponses Question 2 Lequel des énoncés suivants est faux ? a) La persistance consiste à prendre son médicament tant et aussi longtemps que celui-ci est prescrit. b) Un ratio de 80 % ou plus est souvent utilisé pour définir l’adhésion au traitement. c) Les personnes qui achètent leur médicament sont généralement observantes. d) L’observance réfère au respect de la posologie. e) L’adhésion est le concept général qui inclut l’acceptation, l’observance et la persistance. Question 3 Parmi les mesures d’adhésion au traitement pouvant être utilisées par le pharmacien, laquelle est particulièrement efficace ? a) Questionner le patient. b) Vérifier les données du dossier pharmacologique. c) Vérifier les données du dossier pharmacologique et questionner le patient. d) Appeler le médecin pour avoir son avis sur l’adhésion du patient. e) Demander aux proches du patient s’il adhère bien au traitement. Question 4 Parmi ces affirmations sur les déterminants de l’adhésion, laquelle est vraie ? a) Les problèmes d’adhésion sont presque toujours reliés à la personne. b) Les personnes âgées atteintes de diabète ont une meilleure adhésion à leur traitement que les personnes plus jeunes. c) Les oublis sont une des principales causes de la non-adhésion intentionnelle. d) L’adhésion au traitement chez une personne est la même peu importe le médicament utilisé. e) L’état dépressif n’est pas un des facteurs associés aux problèmes d’adhésion au traitement antidiabétique. Question 5 Parmi les moyens suivants, lequel ne fait pas partie des moyens efficaces pour prévenir les problèmes d’adhésion ou pour améliorer l’adhésion aux traitements médicamenteux ? a) Vérifier avec le patient si le moment de prise prédéterminé convient à son horaire. b) Réprimander le patient qui a pris son médicament au mauvais moment. c) Suggérer au patient de conserver un ou deux comprimés sur lui pour éviter les oublis lors de ses déplacements. d) Communiquer avec le médecin pour changer un médicament dont la prise semble problématique pour le patient (technique trop complexe, moment inadéquat) et pour lequel une autre option existe. e) Demander au patient de répondre à des questions pour qu’il évalue son adhésion. Question 6 Lequel des énoncés suivants est faux ? a) Le dossier pharmacologique est particulièrement utile pour mesurer l’adhésion à un antibiotique. b) L’adhésion est généralement plus élevée dans les essais cliniques. c) Connaître l’adhésion au traitement permet de faire une évaluation adéquate des résultats de santé. d) L’adhésion peut être différente pour un même individu selon ses différents médicaments. e) Le dossier pharmacologique est souvent inutile pour mesurer l’adhésion à la warfarine. Question 7 Parmi les techniques de communication suivantes, laquelle n’est pas efficace pour favoriser la modification des comportements ? a) Respecter la volonté de la personne de ne pas souhaiter recevoir de l’information sur les risques de ne pas modifier son comportement et lui offrir de lui donner toute l’information au moment où elle le désirera. b) Susciter le questionnement de la personne par rapport à son comportement. c) Aider la personne à trouver des objectifs réalistes pour changer concrètement son comportement. d) Soutenir la personne dans l’identification de stratégies ou de plans afin de passer concrètement à l’action. e) Dire à la personne que puisqu’elle à des problèmes d’adhésion depuis longtemps, ses chances de modifier son comportement sont limitées. Question 8 Lequel des énoncés suivants est vrai ? a) L’OMS a établi un consensus sur la manière de mesurer l’adhésion au traitement. b) De façon globale, 50 % des Québécois adhèrent à leur traitement médicamenteux. c) Un score de 8 ou plus au questionnaire de Morisky indique une bonne adhésion. d) Une consommation de médicaments 85 jours sur 100 est généralement définie comme une mauvaise adhésion par les chercheurs. e) Les médecins sont les professionnels de la santé les mieux positionnés pour évaluer l’adhésion au traitement. 1. WHO. Adherence to long-term therapies: evidence for action: World Health Organization; 2003. 2. Haynes RB, Taylor DW, Sacket DL. Compliance in health care. Baltimore: Johns Hopkins University Press; 1979. 3. Wahl C, Gregoire JP, Teo K, et al. Concordance, compliance and adherence in healthcare: Closing gaps and improving outcomes. Healthc Q 2005;8:65-70. 4. Cramer JA, Roy A, Burrell A, et al. Medication compliance and persistence: terminology and definitions. Value Health 2008;11:44-7. 5. Pladevall M, Williams LK, Potts LA, Divine G, Xi H, Lafata JE. Clinical outcomes and adherence to medications measured by claims data in patients with diabetes. Diabetes Care 2004;27:2800-5. 6. Lau DT, Nau DP. Oral antihyperglycemic medication nonadherence and subsequent hospitalization among individuals with type 2 diabetes. Diabetes Care 2004;27:2149-53. 7. Balkrishnan R, Rajagopalan R, Camacho FT, Huston SA, Murray FT, Anderson RT. Predictors of medication adherence and associated health care costs in an older population with type 2 diabetes mellitus: a longitudinal cohort study. Clin Ther 2003;25:2958-71. 8. Morris LS, Schulz RM. Patient compliance--an overview. J Clin Pharm Ther 1992;17:283-95. 9. Turgeon M, Guénette L, Gaudet M, Tremblay É. Portrait de l'usage des antidépresseurs chez les adultes assurés par le régime public d'assurance médicaments du Québec. Conseil du médicament, Gouvernement du Québec; 2011. 10. Grégoire JP, Breton MC, Moisan J. Determinants of adherence to antidiabetes treatment among newly treated patients with oral antidiabetes drugs. J Popul Ther Clin Pharmacol 2011;18:e26. 11. Morisky DE, Green LW, Levine DM. Concurrent and predictive validity of a self-reported measure of 12. 13. 14. 15. 16. 17. 18. 19. 20. 21. medication adherence. Med Care 1986;24:67-74. Morisky DE, Ang A, Krousel-Wood M, Ward HJ. Predictive validity of a medication adherence measure in an outpatient setting. Journal of clinical hypertension 2008;10:348-54. Steiner JF, Prochazka AV. The assessment of refill compliance using pharmacy records: methods, validity, and applications. J Clin Epidemiol 1997;50:105-16. Choo PW, Rand CS, Inui TS, et al. Validation of patient reports, automated pharmacy records, and pill counts with electronic monitoring of adherence to antihypertensive therapy. Med Care 1999;37:846-57. Grégoire J-P, Guibert R, Archambault A, Contandriopoulos A-P. Measurement of non-compliance to antihypertensive medication using pill counts and pharmacy records. J Soc Adm Pharm 1997;14:198-207. Odegard PS, Capoccia K. Medication taking and diabetes: a systematic review of the literature. Diabetes Educ 2007;33:1014-29; discussion 30-1. Green LW, Kreuter M. Health promotion planning, an educational and ecological approach. 3ème ed. Mountain View, CA: Mayfield; 1999. Miller WR, Rollnick S. Montivational interviewing preparing people for change. Second ed: Gilford Press; 2002. Abraham C, Michie S. A taxonomy of behavior change techniques used in interventions. Health Psychol 2008;27:379-87. Nair KV, Belletti DA, Doyle JJ, et al. Understanding barriers to medication adherence in the hypertensive population by evaluating responses to a telephone survey. Patient Prefer Adherence 2011;5:195-206. Sirois, C, Moisan J, Pérez-Herrara N., Grégoire JP. A systematic review of determinants of adherence to diabetes drug treatment: are determinants influenced by the methods used to measure adherence? (Non encore publié). Veuillez noter que les articles de formation continue sont dorénavant valides PENDANT UN AN après leur publication ou mise en ligne. L’Ordre des pharmaciens du Québec accordera 1,5 UFC aux participants qui auront au moins 6 bonnes réponses sur 8. Faites cette formation en ligne ou retournez ce questionnaire par télécopieur ou par la poste. Date limite : 10 octobre 2012 x Adieu télécopieur ! Maintenant, c’est en ligne ! Veuillez noter qu’il n’est désormais plus possible de nous faire parvenir vos formulaires de formation continue par télécopieur. Vous devez maintenant répondre aux questions de formation continue en ligne, dans le portail Profession Santé. Vous n’êtes pas encore inscrit ? Vous devez d’abord le faire en vous rendant au www.professionsante.ca Une fois votre inscription confirmée et activée, vous pourrez faire votre formation continue en cliquant sur l’onglet «Formation continue», puis sur «FC en ligne». Pour toute question, veuillez communiquer avec : Francine Beauchamp, coordonnatrice de formation continue, par téléphone : 514 843-2595, ou par courriel : [email protected] 4 cahier de FC de L’actualité pharmaceutique | octobre 2011 | www.ProfessionSante.ca Publié grâce à une subvention sans restrictions de