guide élevage oie - Chambre d`Agriculture de la Gironde
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guide élevage oie - Chambre d`Agriculture de la Gironde
3èmes journées de la recherche sur les palmipèdes à foie gras, Cifog - Inra - ITAVI CTCPA, Bordeaux 27 et 28 octobre 1998, 87-90. L’ELEVAGE DES OIES A GAVER “ Guide à destination des éleveurs ” Dubois J.P.1, Lavigne F.1, Leprettre S.1 , Mérillou D.1, Auvergne A.², Babilé R.² 1 Station d’Expérimentation Appliquée et de démonstration sur l’oie, ASSELDOR Glane 24420 Coulaures ² ENSAT, avenue de l’agriobiopole Auzeville BP 107, 31326 Castanet - Tolosan. Résumé L’élevage de l’oie est réputé délicat. Un certain nombre de problèmes survenant sur le terrain peuvent être imputés à une mauvaise maîtrise des conditions d’élevage. Une approche rationnelle est proposée avec un ensemble de normes concernant le matériel nécessaire, les conditions d’ambiance et d’alimentation. Introduction La Station de Coulaures a réalisé depuis 1992 des essais dont une partie importante a été axée sur la maîtrise de l’élevage de l’oie en traitant les thèmes suivants : Comparaison rationnement horaire/rationnement quantitatif en fonction de la saison (Leprettre, 1993). Adaptation au rationnement horaire (Dubois et al, 1994). Etude des types génétiques (croissance ad libitum et rationnement horaire) ; (Dubois et al, 1996). Concentration des aliments de démarrage (Auvergne et al, 1996). Systèmes d’abreuvement (Lavigne et Dubois, 1997). Systèmes de chauffage (Dubois, 1997/1998). Les résultats de ces essais ont été publiés. L'expérience sur l’élevage de l’oie, en bandes de 1 000 à 1 400 animaux pour une capacité de 10 000 oies / an, nous a permis de vérifier "grandeur nature", l’importance du respect de normes d’élevage spécifiques à cette espèce. Le démarrage et l’élevage des oies à gaver sont réputés difficiles, plus complexes que celui des canards mulards. En fait, on peut comparer les oisons aux canetons de Barbarie. Ils sont d’une grande fragilité avec des risques de néphrite, des troubles locomoteurs courants, des problèmes d'homogénéité. La qualité du lot se joue au démarrage. La solution réside dans une maîtrise totale de la température ambiante (trop souvent négligée), de la qualité de l’air, de l’alimentation et l’abreuvement. Equipement du bâtiment 1 unité de démarrage = divisée en lots de 300 oisons (cloisonnement souhaité). 1 jeu de "gardes" pour faire des ronds de démarrage. 1 radiant pour 150 oisons (4 500 mth). 2 thermomètres par unité de 300 oisons. 1 thermohygromètre enregistreur. 1 plateau démarrage dinde pour 50 oisons rempli d’eau tiède à la réception des oisons (déshydratation). 1 abreuvoir "démarrage" pour 30 oisons (jusqu’à 20 jours). 1 abreuvoir type "plasson" pour 50 oies (à partir du 15ème jour) ou bien une pipette pour 3 oies. Deux essais ont été réalisés afin de comparer les abreuvoirs "pipettes" aux "gouttières" (Lavigne et Dubois, 1997). Les performances d’élevage et de gavage sont identiques entre les deux systèmes. Le matériel "pipette + godet de récupération" permet d’économiser 20 à 25% d’eau. Ces essais ont été conduits en hiver. La réponse serait peut être différente en période chaude. Par précaution, prévoir des abreuvoirs "gouttières" sur les parcours. 1 réserve d’eau (autonomie : 10 heures au minimum ; prévoir 1 litre / oie). 1 pompe doseuse pour les traitements. 1 pompe de circulation sur circuit d’eau. 1 compteur d’eau. 1 "picorette" démarrage pour 30 oisons (jusqu’à 10 jours) surélevée. 1 mangeoire adulte (14 cm / oie en circulaire), installée à partir de 10 jours, montée sur treuil pour permettre un rationnement horaire. 2 mangeoires à grit pour 300 oies. 2 trappes de 0.75 m de hauteur sur 1 m de large pour 300 oies. 1 pédiluve. éclairage : installer 1.5 watt / m2 + 1 variateur d’intensité. 3èmes journées de la recherche sur les palmipèdes à foie gras, Cifog - Inra - ITAVI CTCPA, Bordeaux 27 et 28 octobre 1998, 87-90. si ventilation dynamique, prévoir une capacité de 6 m3/h par kg de poids vif soit environ 35 m3/h par oie ; non indispensable au cours de la 1ère semaine. Installer si possible des brasseurs permettant d'homogénéiser la température entre les parties hautes du bâtiment et le sol. Equipement du parcours parcours enherbé = 10 m2 / oie (vide sanitaire = 56 jours d'où la nécessité de 2 parcours distincts par bâtiment) 1 abreuvoir linéaire de 2 m de long, sur caillebotis pour 300 oies pour l’hiver : accès parcours côté ensoleillé pour l’été : parcours ombragé obligatoire terrain en pente, fuyant le bâtiment contre le bâtiment prévoir une zone encaillassée (gravier de rivière) sur 10 m de large environ. Disposer d’une surface au moins équivalente à celle du bâtiment ; elle servira de zone transit pour orienter les animaux dans les différents parcours. Préparation du bâtiment - Schéma d’installation de démarrage (300 oisons) pendant 12 jours (surface 25 m2) Figure 1 Radiant Aliment Eau en hiver : calfeutrer les ouvertures, côté vent dominant température ambiante au niveau des animaux : 32°C litière = copeaux dépoussiérés sur une épaisseur de 10 cm afin de bien isoler l’oison du sol bétonné (pas de paille à cause des risques de moisissure) ; attention aux risques de "brûlure" du bréchet sur caillebotis, installer un grillage à maille étroite (10 x 10 mm) attention ! nettoyage de la vis d’alimentation afin d’éviter les risques de moisissures sur des restes d’aliment Normes de températures Beaucoup de problèmes de mortalité en démarrage sont dus à une température de démarrage insuffisante (néphrites, plumes collées, diarrhées,...). Des essais sont en cours afin de comparer différents systèmes de chauffage et mesurer leur impact sur le taux de mortalité et les performances de croissance. Actuellement, 2 systèmes de chauffage sont utilisés : 1) Démarrage en chauffage d’ambiance : Système utilisé à la Ferme de l’Oie Attention ! disposer du matériel de chauffage adéquat, il faut que le rayonnement couvre toute la zone de démarrage (garde), surveiller le comportement des animaux et moduler la température. 3èmes journées de la recherche sur les palmipèdes à foie gras, Cifog - Inra - ITAVI CTCPA, Bordeaux 27 et 28 octobre 1998, 87-90. TABLEAU 1 : Températures d'élevage recommandées lors d'un chauffage d'ambiance Age en jour Températures ambiantes(1) 1à3 32° C 4à7 30° C 8 à 14 27° C 15 à 21 25° C 22 à 28 23° C 29 à 42 19 à 22° C (1) Températures ambiantes au niveau des animaux avec des radiants à 1.80m de haut 2) Démarrage en chauffage classique avec des points chauds et des points froids TABLEAU 2 : Températures d'élevage recommandées avec un système "points chauds – points froids". Age 1 jour 2 jour 3 à 7 jours 2ème semaine 3ème semaine 4ème semaine 5ème semaine 6ème semaine Températures sous radiant hauteur = 1 m 38° C 38° C 35° C 32 à 35° C 30 à 32° C ---- Températures ambiantes au bord de la garde 25 à 27° C 25° C 23° C 21 à 23° C 20° C 19° C 19° C 18° C Normes de densités : Les 12 premiers jours : 300 oisons / 25 m2 soit 12 oisons/m2 ; ensuite accès à tout le bâtiment (3.5 à 4 oies / m2). Réception des animaux Radiants : les installer au moins à 1 mètre de haut (risques de problèmes de reins si les oisons se tassent sous les radiants) ou au dessus de 1.80 mètres de hauteur en chauffage d’ambiance. Chauffer le bâtiment 24 à 36 heures avant avec tout le matériel présent, (température litière = 28° C), attention au refroidissement des pattes : "litière froide". Vérifier les oisons à la sortie des cartons ; risque de déshydratation : les baigner dans les plateaux démarrage. Laisser les plateaux durant 48 heures en changeant l’eau quotidiennement et eau tempérée. Pas d’aliment le premier jour si les oisons ont moins de 24 heures d’âge. Dès le départ : importance de l’abreuvement et de l’alimentation car les problèmes qui surviennent, en cas de manque d’eau, sont souvent irréversibles (problèmes rénaux notamment). Répartir des miettes sur des cartons alvéolés. Renouveler souvent l’aliment (tous les jours), pour conserver une excellente appétence. Enlever la farine des mangeoires. Zone de vie parfaitement éclairée (50 lux). La première semaine éclairer 24 heures sur 24, ensuite 12 heures sur 24 avec une faible intensité à cause du risque de picage des animaux. Faire bouger les oisons plusieurs fois par jour, s’efforcer de traverser le bâtiment dans sa totalité. Nettoyer les abreuvoirs au moins une fois par jour (enlever les copeaux). Pas de courant d’air, respect strict, à 0.5°C près, des températures. Surveiller, observer les animaux. Veiller à la ventilation. Une mauvaise ventilation causera rapidement des problèmes de litière humide et d’ambiance (ammoniac, CO2). Si on ventile, on augmente les dépenses d’énergie pour le chauffage, "c’est évident", mais une économie sur la "ventilation + chauffage" se traduira dans de nombreux cas par des pertes qualitatives et financières parfois très élevées chez les oies. Mettre en élevage des animaux sexés à cause de la différence de poids à la mise en gavage entre mâles et femelles. Ainsi on peut pratiquer éventuellement une mise en gavage plus précoce des femelles. En l'absence de sexage, à la mise en gavage on doit alloter sur le poids vif des animaux surtout si l'on gave à la dose. 3èmes journées de la recherche sur les palmipèdes à foie gras, Cifog - Inra - ITAVI CTCPA, Bordeaux 27 et 28 octobre 1998, 87-90. Alimentation Le système de rationnement horaire proposé, mis en place dès la 7° semaine, a été testé au cours de plusieurs essais (Leprettre, 1993 ; Dubois et al, 1995, 1996a). Un rationnement quantitatif peut le remplacer, mais il suppose en permanence un calcul de la ration en fonction de la température ambiante et une surveillance de la durée du repas pour permettre une préparation efficace du jabot. Un rationnement trop sévère se traduira par un poids à la mise en gavage trop faible et des problèmes qualitatifs et quantitatifs au niveau des muscles et du foie. TABLEAU 3 : Programme pour une mise en gavage à 14 semaines (Système avec rationnement horaire (RH) et un type génétique Palmsire x Maxipalm) Age Aliment Mode de Poids animaux (kg) Pression de Poids (kg) semaines (teneur par kg) distribution rationnement ad libitum(1) Mâles-Femelles Mâles-Femelles Mâles Femelles 3100 kcal EM 1 à volonté 0.11 0 0.11 0.11 20% MAT 2 " 0.70 0 0.73 0.70 2850kcal EM 3 " 0 20% MAT 4 (attention chauffage) 2.10 0 2.15 1.98 Lysine 1% 5 " 0 Mét. + Cyst. 0.52% 6 " 3.50 0 3.71 3.33 Aliment croissance 7 RH la nuit 2850kcal EM 8 " 4.30 7.5% 4.99 4.43 17% MAT 9 RH 2h matin + 1h soir Lysine 0.87% 10 " 4.70 12.5% 5.75 5.07 Mét. + Cyst. 0.88% 12 " 5.10 15% 6.37 5.56 Méthionine 0.56% 14 " 5.45 15% 6.86 5.97 (1) Dubois et al (1996a), animaux alimentés à volonté jusqu'à l'âge de 14 semaines. Remarque : les poids ci-dessus ont été contrôlés à 18 heures de jeûne S’il y a suffisamment d’herbe sur le parcours, on peut proposer un autre plan d’alimentation (Dubois et Auvergne, 1996/97). Les oies peuvent consommer plus de 1 kg d’herbe par jour à partir de 10 - 11 semaines et à ce moment là on peut introduire des céréales dans la ration. Conclusion Le respect de normes d’élevage précises est indispensable à la réussite de la rationalisation de l’élevage de l’oie. Pour cela, des équipements spécialisés doivent être mis en place chez les éleveurs qui doivent bénéficier d’une formation et d’un appui technique adéquats. Références bibliographiques Auvergne A, Dubois J.P, Babilé R, Lavigne F, Leprettre S, 1996. Influence de la concentration énergétique de l'aliment en période de démarrage, rapport CIFOG, 47p. Dubois JP, Auvergne A, 1996/97. Influence des systèmes de production sur les caractéristiques qualitatives du foie gras et de la viande d’oie, rapports CIFOG Dubois JP, 1997/98. Comparaison de 2 systèmes de chauffage pour le démarrage des oisons, rapport CIFOG, 9p. Leprettre S, 1993. Mémoire d’ingénieur INPT - ENSAT 78 p. Dubois JP, Auvergne A, Babilé R, Verdier M, Leprettre S, Lavigne F, Vieillecroze D, 1996b. 2ème journées de la recherche sur les palmipèdes à foie gras, Bordeaux 12 et 13 mars 1996, 89 - 92. Dubois JP, Auvergne A, Babilé R, Verdier M ; Lavigne F, Dutour H, 1994. 1ère Journée technique de la SEPALM, Cassen 10 juin 1994, 21-28. Dubois JP, Auvergne A, Babilé R, Dutour H, Verdier M, Lavigne F, Leprettre S, 1995. 2ème Journée technique de la SEPALM, Cassen 9 juin 1995, 1-36. Dubois JP, Lavigne F, 1996 - 3ème Journée technique de la SEPALM, Cassen 7 juin 1996, 1-13. Lavigne F, Dubois JP, 1997 - 4ème Journée technique de la SEPALM, Cassen 6 juin 1997, 10-26. Chambre Régionale d’Agriculture de Midi Pyrénées, mars 1990. Document de vulgarisation. Dubois JP, Guichard F, Auvergne A, Guy G, Babilé R, Leprettre S, Lavigne F, 1996a. 2ème journées de la recherche sur les palmipèdes à foie gras, Bordeaux 12 et 13 mars 1996, 5 - 8.