Planète Paix n°504 - Dossier : La petite fille… qui voulait protéger

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Planète Paix n°504 - Dossier : La petite fille… qui voulait protéger
Planète Paix n°504 – Dossier : La petite fille… qui
voulait protéger les enfants de la bombe atomique
Dossier
La petite fille… qui voulait protéger les enfants de la bombe
atomique
Miho Shimma-Cibot, pésidente de l’Institut Hiroshima-Nagasaki
Miho Shimma-Cibot souriante et élégante dans ses anoraks
colorés, la voix si douce qu’on s’étonne qu’elle puisse dire
avec tant de force « PLUS JAMAIS CA ». Plus jamais Hiroshima
et Nagasaki, plus jamais la guerre, Miho est présidente de
l’Institut Hiroshima-Nagasaki, et guide au musée de la
Résistance et à celui d’Oradour-sur-Glane.
Née dans un port de pêche de la côte Est du Japon sur le
Pacifique, elle a tôt été confrontée à l’horreur nucléaire,
alors que le Japon s’efforçait d’ « oublier » Hiroshima et
Nagasaki. En effet, en 1954, les Etats-Unis ont effectué des
essais nucléaires sur l’île de Bikini. Il s’agissait d’une
bombe 1000 fois plus puissante que celle d’Hiroshima. Les
conséquences ont été terrifiantes : l’île de Bikini a été
contaminée pour 25 000 ans ! Les pêcheurs qui se trouvaient en
mer ont été irradiés ainsi que les enfants qui ont joué avec
la « pluie » blanche qui tombait. Le poisson péché a dû être
détruit et le port a vu son activité économique sinistrée.
C’est à peine vers ces années-là, après le départ des forces
d’occupation des Etats-Unis, soit près de 10 ans après la
bombe d’Hiroshima et Nagasaki, qu’on a commencé à diffuser au
Japon des informations sur les conséquences de la bombe
atomique. La petite Miho voit des films à l’école qui la
marquent tellement qu’elle commence à faire des cauchemars
« Je suis tombée dans le désespoir » dit elle. Elle rêve de la
bombe atomique « Il y avait un mur et de l’autre côté des
enfants exposés à l’explosion nucléaire. J’essayais de les
sauver mais je n’avais pas le temps. »
Venue en France pour ses études, elle y rencontre son futur
mari, Michel Cibot. Ils partiront en voyage de noces au Japon
et visitent le musée de Hiroshima. Miho y rencontre des
survivants de l’explosion qui racontent leurs problèmes de
santé. « Pour la première fois, j’ai entendu la voix des
survivants.» Ces voix, que si peu de personnes, même au Japon,
semblaient disposées à écouter, elle va désormais consacrer
son énergie à les faire entendre partout dans le monde.
Miho veut faire connaître la vérité sur Hiroshima et Nagasaki,
elle étudie, témoigne, sillonne le monde. En 1982, elle créé
l’Institut Hiroshima-Nagasaki qui organise la diffusion de
films, la venue des Hibakushas (survivants) en France, publie
des livres, expose,… Little Boy est publié en 1983, puis
« Message de la planète bleue ». Mais la grande préoccupation
de Miho, ce sont les enfants…. Elle veut réaliser un dessin
animé pour eux. L’Oiseau Bonheur verra le jour en 1993.
Miho qui « utilise tous les moyens pour exprimer la paix » a
toujours de nouveaux projets. Non contente d’écrire des
poèmes, des articles, des livres au Japon (elle en a publié
6), elle veut maintenant s’adresser à tous les enfants du
monde et, pour cela, va utiliser la radio. En Chine, en
Afrique, les enfants n’ont pas la télé. Mais ils écoutent la
radio. Miho prépare des émissions au Japon qui devraient être
traduites en 24 langues.
Impossible de rendre compte de l’activité de l’infatigable
Miho, connue et reconnue au Japon où elle et son mari
travaillent avec de nombreuses associations, avec les maires
de Hiroshima et de Nagasaki. En France, c’est un peu plus
difficile. Elle note sans amertume, qu’on parle peu
d’Hiroshima et de Nagasaki hors des organisations pacifistes,
et dans les médias, seulement lors des commémorations tous les
5 ou 10 ans. Mais, Miho est tenace et optimiste : en 2005 il
se passe beaucoup de choses.