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Ce récit comporte 28 feuillets et 6 planches de photos en fin.
Bonne lecture.
RECIT D’UNE ENFANCE HEUREUSE A RABAT.
Raconté
par Roland
Benzaken
A savourer tranquillement autour d’un bon verre de thé à la
menthe et pâtisseries marocaines.
ALI !
Je vais vous raconter l’histoire de Ali.
Ali est un jeune marocain de 22 ans qui est parti de son pays natal le Maroc
et plus exactement de Rabat, il y a 5 ans. Il avait 17 ans.
Précisément à cet âge que j’avais quitté Rabat avec ma famille en 1967
définitivement pour la France.
Mais voila , Ali a voulu quitter Rabat de sa propre initiative car il était
au bord du gouffre , il étouffait d’être enfermé dans son ghetto.
A 17 ans , à Rabat et sans emploi, quel avenir pour un jeune.
Rejeté par sa famille et vivant dans un bidonville. Que faire?
Il a décidé coûte que coûte de venir voir ses cousins à coté de chez moi
à Montargis. La vie lui plait ici, donc il est resté. Ses cousins l’ont forcé à
apprendre un métier car il ne voulait pas retourner au Pays.
Ce qu’il a décidé ? Il voulait à tout prix faire le métier de carreleur
tout en étant à l’école, il pratiquait dans une entreprise ce métier.
La chance aujourd’hui, courage, patience et persévérance ,il a eu son CAP,
diplôme pour travailler et exercer cette profession d’artisan.
Il a un toit pour vivre et bien gagner sa vie , il peut aider enfin ses parents,
toujours au pays avec ses 4 frères et sœurs.
COMMENT J’AI CONNU ALI ?
Je cherchais un carreleur et en parlant à droite et à gauche , un voisin m’a indiqué
qu’il y a un petit marocain très doué et travailleur.
Je l’ai appelé et de suite il est venu voir le chantier. 80 mètres au sol à carreler.
Ali était d’une gentillesse à tout égard , comme on les connait au Maroc.
Il a accepté le travail et on n’a pas discuté sur le prix, c’était correct. Il dit qu’il
commence le travail le lundi et que je lui donne un coup de main comme convenu.
POURQUOI JE VOUS PARLE D’ALI ?
Tout en faisant les travaux du carrelage au sol qui ont duré une bonne semaine,
on a tissé des liens. Il aimait discuter et s’intéressait que je lui parle de son pays.
Il savait maintenant que moi aussi :
JE SUIS NE ET J’AI VECU A RABAT PENDANT 17 ANS COMME LUI.
Il s’intéressait beaucoup à ce que je lui parle du Maroc des années 50 et 60 et avant.
Il n’avait jamais eu de discussions avec ses parents durant sa jeunesse et n’avait
jamais rien appris à l’école qu’il ne fréquentait presque pas.
Ses parents étaient analphabètes .
Tous les jours je lui racontais notre vie à Rabat durant les années que j’ai vécues
ainsi que la vie de nos parents.
Il savait qu’il y avait des français et des juifs au Maroc pendant des années et
qu’ils sont partis car ils avaient peur que les Marocains les tuent et qu’ils en avaient
marre que les étrangers occupent ce pays. Voila ce qu’il m’a répondu.
Au fil des jours, je lui racontais que la vie de toutes les communautés confondues
vivant au Maroc était un rêve, une liberté de vivre ensemble .
Je lui dit qu’il y avait aussi des Italiens , des Espagnols , des Portugais ,des Corses ,
etc. , et tous s’entendaient .
Ali était ravi de ce que je lui racontais sur son pays.
Voilà la fin de la journée, il se prépare à partir et je lui demande: Et toi quels sont tes
souvenirs de Rabat et du Maroc?
Moi, je n’ai pas de souvenirs, il me répond.
Les seuls souvenirs sont dans ma poche. Il sort 3 pièces de 1 dirham .
J’espère rentrer un jour au pays avec des millions.
Et de voir ces pièces ,ça me réchauffe le cœur ,et me rappelle mon pays le Maroc.
Je lui répond, tu ne penses qu’à l’argent ,si tu en fais un but ,méfies toi mon ami.
La vie ,ce n’est pas l’argent. C’est la connaissance ,l’histoire , la vie des hommes,
la lecture, l’écriture et le savoir. Tu ne fais rien de tout cela?
Regarde maintenant avec la crise financière mondiale.
Ceux qui avaient des fortunes ont perdu à la bourse et ne dorment plus la nuit.
Ceux qui ont peu sont les plus heureux et peuvent dormir la nuit.
Je lui dis ,Ali rentre bien et à demain en forme pour travailler et je te raconterai la suite.
Le lendemain ,au fur et à mesure que je lui racontais notre vie au Maroc avec souvent
un verre de thé à la menthe cueillie dans mon jardin ,à la pause , je lui expliquais avec :
Des photos souvenirs d’enfance à Rabat.
Voici l’impasse Henri Popp ou je suis né le 12 mars 1949 dans la chambre de mes
parents. Cette rue qui m’a vue grandir, mes premières petites années .
On jouait avec les copains du quartier aux billes , aux osselets , aux noyaux d’abricots,
au jokari , cette balle accrochée à un élastique sur cette ruelle de terre non goudronnée.
Mes copains étaient les enfants des familles:
Baruk , Tordjman , Aberssera , Assayag , Dahan , Sabah , Benaïm , Chichportiche,
Polatchèque , Mechali ,Attias et les Autres .
Mon quartier se composait de la rue du Capitaine Petit Jean, avenue du Chellah, rue de
Bordeaux, rue de Versailles, rue d’Avignon, rue de Grenoble, rue de Lyon, rue de
Perpignan, rue de Rouen, rue de la Marne et rond point du Triangle de Vues.
J’ai grandi 12 années ici, ça compte pour un enfant.
C’est le 6 novembre 1955 que le gouvernement français reconnaissait le principe de
l’indépendance du Maroc.
Et le 16 novembre 1955 le retour triomphal de Mohamed Ben Youssef. L’avion atterrit
à l’aéroport de Rabat-Salé. S’en suivirent trois jours de liesse intense dans tout le pays.
Le 7 mars 1956, Mohamed V annonce au peuple marocain l’indépendance du Maroc.
Le 15 aout 1957, le sultan Mohamed Ben Youssef se fait couronner sous le nom de
Mohamed V et devient Roi de l’Empire Chérifien.
Le 9 juillet 1957, le jour de ses 28 ans, le prince Moulay Hassan, futur Roi du Maroc,
est investi du titre de Prince héritier.
Rabat , la cité impériale chérie par S.M. Mohamed V, est désormais perçue par les
Marocains et étrangers comme une capitale mais aussi une authentique ville du Maroc.
Le jeudi, on allait avec les copains au quartier de la Tour Hassan.
On montait sur la Tour . On a même joué aux billes la haut .
Ici on dominait toute la ville de Rabat avec mon ami et regretté Marco Attias.
Il n’y avait pas d’escaliers, mais une rampe jusqu’en haut pour nous dégourdir les
jambes. De cette tour , on apercevait tout Rabat.
Au pied le fleuve BOU REGREG avec la traversée des barques. Ces minarets avec
les muézins qui appelaient à la prière des musulmans. Cet horizon bleu azur qui nous
émerveillait et surtout lorsqu’il y avait le coucher du soleil.
C’est Yacoub El Mansour qui commença la construction de cette tour, au douzième
siècle. Elle est d’époque Almohade.
Pas loin le jardin du triangle des vues , le centre ville , l’église Saint Pierre ,
L’Agdal , le quartier de l’Océan , les Oudaïas , les Portes et les Murailles, Salé,
Le Chellah , La Medina , le Mellah , le Palais Royal, le ciel, le soleil, la mer.
Je restais là un bon moment à contempler ces vues sur 360°.
Au bas de cette tour en 1958 , j’avais 9 ans , tout était terrain vague avec des herbes
hautes et des orties qui nous faisaient grater car on essayait de se faire un passage.
Aujourd’hui, tout est refait et aménagé.
LA VISITE AU PALAIS ROYAL.
Je me souviens , j’avais 9 ans ,ma mère couturière travaillait pour une de nombreuses
épouses du Roi Mohamed V , lala Habla. Le chauffeur , un grand de taille habillé
d’une djellaba ,venait souvent la chercher avec sa vieille 2 chevaux bleue pour les
essayages au Palais royal.Ce jour là ma mère ne voulait pas me laisser seul à lamaison.
Le chauffeur dit qu’on pouvait m’amener.
Nous voila partis au palais et moi à l’arrière de cette auto qui tremblait de partout.
Mes copains de l’impasse me regardaient partir et se demandaient où j’allais.
Je leur faisais des grimaces à travers la vitre.
En arrivant , quel PALAIS ! Avec ces 2 cavaliers à l’entrée qui montaient la garde.
Pour moi c’est le palais des Mille et une nuit.
A l’intérieur , dans une grande salle où j’attendais avec le chauffeur, voila soudain le
ROI , le ROI DU MAROC en personne , en chair et en os.
J’étais étonné et surpris de voir le ROI.
Qu’il était beau ce ROI , vêtu de son habit blanc ,de son chapeau blanc et babouches,
qu’on a toujours eu l’habitude de voir sur les photos partout chez les commerçants.
Il vient à ma rencontre et dit au chauffeur : chkun , qui est ce petit ?
C’est le fils de la couturière , elle est venue faire les essayages pour la Reine.
Il m’a pris dans ses bras un instant. Il m’a embrassé le front et vite reparti.
J’ai senti en moi une grande chaleur, d’être embrassé par le ROI du MAROC.
J’ai compris plus tard que j’étais un de ses sujets car j’ai toujours entendu dire que les
Juifs du Maroc étaient les sujets du ROI DU MAROC MOHAMED V
Et qu’il les protégerait pour toujours.
Ce petit moment qui n’a duré que quelques secondes sera pour moi un grand souvenir
que je n’oublierai jamais.
Le temps a passé, j’avais douze ans, c’était les funérailles de Sa Majesté le Roi
Mohamed V. Le 26 février 1961, il meurt sur une table d’opération de la clinique du
Palais Royal à Rabat à la suite d’une banale intervention chirurgicale de la cloison
nasale pratiquée par un chirurgien suisse.
Nous étions debout au grand boulevard . Au milieu de centaines et de milliers de
Marocains, le cercueil du Roi passait en face de nous, derrière marchaient le Général
De Gaulle , des Présidents et des Rois, j’entends un monsieur qui murmurait à son
jeune fils les larmes aux yeux, ' regarde mon fils et rappelle toi, aujourd’hui un Grand
Roi nous quitte ' .
Le Dar-al-Mahkzen, palais royal et siège du gouvernement ou travaillent et résident
plus de deux mille personnes est de construction récente puisqu’il date de 1864 et a été
érigé sur les ruines de l’ancien palais. Devant l’entrée du palais, le Méchouar, parvis
sur lequel se déroulent les principales fêtes en l’honneur du Roi.
Le Roi Mohamed V habitait une résidence privée à Dar Es Salam. Son fils le Roi
Hassan II résidait dans sa villa du quartier de Souissi ou à Skrirat au bord de l’océan.
Le drapeau marocain flottait à tout coin de rue et son hymne national était toujours
gravé dans ma tête durant toute ma jeunesse.
Le drapeau officiel du Maroc est utilisé depuis le dix septième siècle par la dynastie
Alaouite qui a remplacé le précédent drapeau blanc par du rouge.
Ensuite couleur rouge étoilé vert à cinq branches qui représente l’emblème du Roi
Salomon. L’étoile n’est apparue seulement depuis l’avènement du protectorat
Français en 1912.
L’hymne national chérifien a été écrit en 1956 par Ali Squalli Houssaini et la musique
composée par Léo Morgan dont voici les paroles:
Berceau des hommes libres, source des lumières. Terre de souverainetés et terre de
paix, puissent souveraineté et paix, y être à jamais réunies. Tu as vécu parmi des
nations tel un titre sublime, Emplissant chaque cœur, chanté par chaque langue.
Par ton âme et par ton corps, votre champion s’est levé et a répondu à votre appel.
Et dans ma bouche et dans mon sang, vos brises ont secoué à la fois la
lumière et le feu.
Mes frères, allons vers ce qu’il y a de plus haut.
Nous proclamerons au monde que c’est ici que nous vivons.
Avec pour étendard DIEU, la PATRIE et le ROI.
Lors de cérémonies , SM le ROI Mohamed 5 avançait sur son cheval suivi
des délégations et des cavaliers de la prestigieuse Garde Royale qui ouvraient
le chemin. Toute la foule l’acclamait et les femmes criaient de youyous et
d’applaudissements. Ils venaient de toutes les villes et villages et parfois de très loin .
Les drapeaux rouges étoilés flottaient. Des chants d’orchestres et de voix à l’hymne
national s’en suivirent. C’était vraiment la fête.
Face au Palais Royal construit en 1864 sur les ruines de l’ancien Palais du 18ème siècle,
se trouve l’élégante mosquée royale Ahl Fas, séparée du Palais par l’immense
esplanade du Méchouar. Lors des fêtes religieuses ou traditionnelles, il est fréquent
que le Roi Traverse le Méchouar en carrosse ou à cheval, pour se rendre à la mosquée.
A droite du Mausolée et face à la Tour Hassan, se trouve la mosquée Hassan, la
Mosquée du Mausolée Mohamed V où se déroulent les cérémonies religieuses
nationales. Ici repose le Roi Mohamed V , aussi les dépouilles du Roi Hassan II et du
Prince Moulay Abdallah. Ainsi est reconstituée la mosquée que Yacoub El Mansour
avait voulu ériger à cet emplacement et dont il ne reste que le minaret, la Tour Hassan.
Dans la religion musulmane, pour plaire à Allah, le croyant doit s'adonner aux cinq
piliers de l'islam: la profession de foi, les cinq prières quotidiennes, l'aumône, le jeûne
pendant le mois du ramadan et le pèlerinage à La Mecque.
A cette époque , on fréquentait notre cinéma de quartier LE VOX et qui
s’appelait auparavant Cinéma Variétés, endroit où tous les chanteurs Français
célèbres des années 30 et 40 venaient chanter. Petit cinéma et très bruyant .
Les films étaient du genre westerns, Richard Widmark que j’admirais , John
Wayne ,Burt Lancaster ,Gary Cooper…et les films de Jerry Lewis avec Dean Martin.
Les films de Péplum avec le colosse de Rhodes, Spartacus ou Tarasboulba.
A l’extérieur , de petits marchands , à terre sur le trottoir ,de pépites,
cacahuètes , maïs grillé , figues de barbarie …
Les autres cinémas de Rabat se trouvaient en ville , j’y allais plus tard vers
l’âge de 13 ans. Citons le Royal , le Marignan , le Colisé et la Renaissance.
Au bas de nos immeubles passait nous divertir souvent cette troupe d’artistes
' les Gnaouas ' , danser pour une petite pièce.
Les Gnaouas sont en majorité des descendants d’anciens esclaves de populations
d‘origines d'Afrique noire. Ce terme regroupe les membres animateurs de la confrérie
comme les maitres musiciens (màalem), les joueurs de crotales (graqeb) et les
voyantes-Thérapeutes (chouaafa). Durant leur cérémonies, ils invoquent Dieu, son
prophète et des Etres surnaturels susceptibles de posséder les humains.
C’est le màalem, qui a l’aide d’un luth-tambour à trois cordes appelle les saints et
les entités surnaturelles, à prendre possession des adeptes. Ces derniers, une fois
' envahis ' par ces forces surnaturelles, s’adonnent alors à la transe.
On attendait tous les ans le cirque Amar qui s’étendait sur un champ
dans le quartier de la tour Hassan . Le cirque Antonio avec ses chevaux nains ,
les clowns Bobo et Cricri, les dompteurs de lions de l’Atlas, les trapézistes et les
acrobates. On allait voir les animaux en presque liberté dans la nature.
Le logement qu’on occupait était au 1er étage à droite au fond de l’impasse.
On passait notre temps, avec mon frère et sœurs au balcon pour voir et discuter avec
les copains de la rue.
Les jeux de notre enfance se résumaient ainsi: les noyaux de dattes et d'abricots qu'on
lançait dans un trou creusé à terre, le jeu de billes de toutes les couleurs, la toupie avec
la ficelle, le jeu du ballon, qu’on lançait vers le mur en chantant, à la balle, jolie balle,
au ballon, joli ballon. Le jeu des osselets, les capsules de bouteilles,le jeu de la marelle,
le marteau-ciseau: la feuille tombe dans le puits, le ciseau coupe la feuille,
le marteau casse le ciseau, le marteau tombe dans le puits.
On récitait: il était une fois, un marchand de foie, qui vendait du foie, dans la ville de
Foix, il se dit ma foi, c’est la dernière fois, que je vends du foie, dans la ville de Foix.
On jouait au jokari; à cache-cache; le saute mouton; au cerceau: on courait dans
l‘impasse en poussant avec un bâton un très grand cerceau; à l’élastique; aux osselets;
on fabriquait des carrosses avec des planches et des gros roulements à billes et
descendre les petites côtes de notre quartier en évitant les passants.
Les scoubidous: des carrés et des ronds , des courts et des longs , des bleus , des
rouges , de toutes les couleurs. Sacha Distel nous chantait: des pommes des poires et
des scoubidous
bidou ah.
Dans un coin de mon balcon, j’avais une vieille boite à chaussure en carton où
j’élevais des vers à soie. Je cueillais des feuilles de murier toutes fraiches que je
changeais tous les jours et je regardais les vers tisser les cocons.
Le plus beau, c’est l’attente, la larve qui sortait du cocon . Métamorphose, le beau
papillon qui commençait à prendre vie. Et les œufs qu’il déposait dans les parois de la
boite, plus tard devenaient des vers à soie. Le cercle de vie continuait.
Ma mère s’occupait avec sa couture et la bonne faisait le ménage , elle ne voulait pas
que la bonne touche à la cuisine. C’était elle le chef.
Elle allumait souvent le petit kanoun à charbon pour faire cuire des aliments tels que
boulettes farcies , tajines et autres ,l’odeur se répandait partout dans l’immeuble.
souvent elle préparait des piments rouges, avec l’aide de la bonne cette fois ci ,
qu’elles étalaient sur des grands plateaux en tôle et qu’il fallait déposer sur la terrasse,
car le soleil chauffait très fort là haut et ça séchait plus vite.
En parlant de cette terrasse ,une fois par an, pour la fête de Soukot, on y allait.
On y célébrait la fête des cabanes ,une des fêtes les plus joyeuses de la tradition
Juive. Elle dure sept jours. De cette terrasse ,nous avons une vue exceptionnelle sur la
Tour Hassan.
Le hammam, bain maure était l’endroit où ma mère, ma petite sœur et moi allions
pour nous laver et nous délasser quelques fois. A l’époque les salles de bains étaient
rares. Toutes les femmes se réunissaient avec leurs enfants pour se laver, se frotter
le dos. On préparait le baluchon contenant vêtements propres, serviettes de toilettes
la tasse pour puiser l’eau, le gant pour ôter les peaux mortes et le peigne fin pour
les cheveux. Et tous on rentrait en piaillant dans le bain où l’on ne se voyait presque
pas tant les vapeurs dégageaient.
Quels souvenirs de moments heureux de délassement, de bonheur, de joies partagées,
de rires, surtout qu’on se marrait en voyant toutes ces fesses et seins dénudés.
Ce rite était réservé aux juifs marocains le vendredi avant shabbat.
Petit ,pendant plusieurs années, j’invitais mes cousins ,cousines et amis voisins
de mon quartier pour fêter mon anniversaire. J’avais une tante ,la sœur à mon père,
Rachel ,qui devait avoir la cinquantaine ,venait participer et fêter elle aussi
l’anniversaire car elle était née le 12 mars ,le même jour que moi.
Ma mère préparait un beau gâteau avec des friandises et des boissons.
On mettait les bougies ,on allumait et tout le monde soufflait en même temps.
Ensuite ,mon père ,pour finir la soirée projetait des films super 8 en noir et blanc
de Charlot et Charly Chaplin à notre grand bonheur de rigolades.
J’étais heureux car j’avais reçu de beaux cadeaux.
Pour Noel ,petit ,ma mère nous gâtait et nous amenait voir les belles vitrines illuminées
des Galeries Lafayette et surtout voir les beaux jouets qui étaient présentés,
ça se terminait par la photo traditionnelle avec le faux père Noel et les joujoux autour.
Le lendemain matin, on se dépêchait pour aller découvrir nos cadeaux.
On ne le fêtait pas comme les chrétiens mais juste pour marquer le coup pour le cadeau.
Emprisonné pendant la première année, après ma naissance, dans mon petit lit à
barreaux, ensuite dans mon youpalla et mon parc de misère, j’ai eu la chance d’en sortir
vers l’âge de deux ans, libre plus tard en tenant la main de ma mère qui
m’accompagnait à l’école. Et c’est encore plus tard que la rue s’est offerte à moi.
Belle, grande, immense, fleurie, chahutante, mystérieuse avec ses coins ,recoins et
couloirs d’immeubles, la rue m’a donné cette formidable occasion d’être à mon âge un
homme averti. Elle a su m’apprivoiser.
Elle a provoqué en moi des désirs, des envies et me faire respecter des autres.
Si l’école m’a instruit, la rue m’a beaucoup appris dans ma jeunesse et l’ adolescence.
On ne trouve pas dans les livres d’histoire , des histoires à la gloire des rues.
Et pourtant chaque rue a une histoire différente. Je suis même à raconter chaque
évènement des rues de ma ville, parce que chacune d’elles m’a donné quelque chose.
Et surtout m’a appris à partager, à me faire des amis, à jouer à autant de jeux que
nous en avions et inventions à chaque saison.
Elles m’ont appris le courage, le gout et le risque. Elles m’ont appris à me battre.
Elles m’ont donné cette liberté qui a fait de moi un enfant conscient avec ses risques,
ses bagarres qui pouvaient tourner aux drames, ses accidents, ses mauvaises rencontres.
La rue est pleine de tentations et peut vous détruire. On peut vous traiter de voyous si
vous faites de mauvaises rencontres.
La rue m’a appris la ruse, le caractère des gens. De découvrir des visages sincères,
hypocrites, ignobles, des charlatans, des saltimbanques, des comédiens, des musiciens.
La rue a émoussé mon odorat, les odeurs de cuisine qui s’échappaient par les fenêtres
et les ouvertures parfumaient l’air de la rue.
Elle était aussi le grand théâtre de nos jeux. L’espace étriqué de nos logements nous
imposait d’être très souvent dehors après avoir fait nos devoirs. Ce qui donnait à nos
mamans un grand répit.
Chaque saison avait son temps de jeux. La saison des noyaux d’abricots à l’approche
de l’été. La cueillette des mures pour l’élevage des vers à soie.
Le printemps nous rapprochait de la plage. La pêche battait son plein.
Je suis né prés de la mer, l’air marin coule dans mes veines.
Voila pourquoi je suis salé, alors que d’autres sont fades.
La plage, une chance pour moi.
Etre un enfant qui a grandi prés de la mer, c’est comme un marin qui a passé toute
sa vie à naviguer sur les flots.
Ma plage était belle autrefois. Plus maintenant. Elle a été défigurée sous prétexte
qu’elle causait trop de dégâts sur l’environnement.
La mer a une voix. Il suffit de poser un gros coquillage creux prés de l’oreille
pour entendre cet écho venu de loin comme des vagues rugissantes.
C’est à la belle saison qu’elle prend toutes ses couleurs. Lorsque je rentrais sur
la plage, une sorte d’ivresse me prenait. Le mal de mer connais pas, mais la douceur du
sable fin je connais. Au loin les sirènes des paquebots qui rentraient à bon port, les
mouettes et si loin et si prés le flux et le reflux des vagues.
La plage des oudaïas, coincée entre la digue qui la sépare de l’océan et le Bou Regreg,
dos à la Kasbah est la grande plage de Rabat. On y allait souvent avec les copains.
Prés de la digue, la plage à coté du club nautique est constituée de rochers et
d’anfractuosités qui faisait notre délice, pour qui cela constitue de délicieux jacuzzis
naturels à marée descendante.
Pour le 1er de l’an, on allait voir la famille de ma mère ,ses sœurs Clotilde et Henriette à
Casablanca ,par ces journées ensoleillées et douces de janvier ,on se promenait l’après
midi sur la corniche du bord de mer. Le lendemain, comme tous les ans ,nous allions
pélériner mon grand père maternel Moise Riboh ,qui repose au cimetière de cette ville.
J’aimais bien aller chez ma tante Clo ,comme on l’appelait.
Elle avait un jardin avec des poules et des lapins. La passion de son mari Haim Bassan
était les oiseaux et les pigeons. Des fois ,je passais une semaine chez eux.
Un jour, en se promenant avec mon oncle Haim ,il m’avait fait rentrer dans une église,
de son quartier. J’étais très étonné ,je n’osais pas y entrer.
Il m’avait dit que c’était juste pour écouter la chorale qui chantait.
Imma, ma grand-mère maternelle, comme on l’appelait a vécu à Casablanca après avoir
quitté Midelt. Son époux étant décédé,en 1956, décida d’immigrer en Israël juste après.
Ce fut un manque terrible pour ma mère, elle lui manquait. Elle nous parlait souvent
d’elle et de l’enfance heureuse qu’elle avait eu avec sa famille à Midelt.
Ma mère écoutait tous les soirs les nouvelles sur les ondes. Il fallait qu’à 19 heures
précise, silence complet pour écouter les informations en provenance de France et
d’Israël en langue française. Elle se faisait un soucis pour tous les évènements qui se
passait à cette période.
Il ne fallait pas prononcer fort 'Israël' de crainte qu’un marocain musulman n’entende.
Le dimanche matin , ma mère m’envoyait chercher les beignets (sfinjs)
au fond du mellah de Rabat.
Je contemplais cet homme accroupi devant sa bassine d’huile bouillante,
je lui commandais une douzaine qu’il attachait avec un ruban vert de feuille de palmier.
Il m’en offrait toujours un de plus que je savourais sur le chemin du retour.
A la maison quel régal , on trempait ces beignets sur une petite assiette de sucre
en poudre ou avec du beurre jaune en motte et du miel liquide.
Ceci bien entendu avec un bon verre de thé à la menthe .
On était bien calé jusqu’à midi. A cette heure-ci du déjeuner du dimanche , ma mère
faisait souvent quelques restes de tajines du shabbat .
Par exemple: reste de la dafina , boulettes petits pois , poissons pois chiches ,
pizza géante faite maison avec tomates et anchois.
Ou alors on raffolait des spaghettis étalés bien beurrés sur une plaque plate
au grill du four. il n’en restait pas .
Le dimanche après midi, l’été, on attendait mon père venir nous chercher après sa
partie de carte au café de la Renaissance. C’était un rituel tous les dimanches.
14 heures , 15 heures . Et alors ,il nous oublie ? je cours vite le chercher au café,
Il vient nous chercher avec sa belle Américaine (la voiture) une Chevrolet verte claire.
On avait préparé serviettes et maillots de bain et nous voici sur le chemin des plages.
On changeait souvent de plages. Mais on avait une préférence pour les Sables d’Or .
Les plages étaient: Salé, Témara, Val d’Or, Skrirat, Mehdia.
Sur cette route qui va de Rabat vers ces plages, le long de la route bien droite, au loin ,
on apercevait l’horizon bleu issu de l’océan et du ciel. Vite on avait hâte de faire un
plongeon. On plante la guitoune blanche à rayures bleues. On y restait jusqu’au soir
pour attendre ce merveilleux coucher du soleil.
De retour des plages, sur la route, il y a tous ces marchands de fruits, nous prenions
toujours de grosses pastèques qu'on avait du mal à soulever.
Le Mellah, au bout de la rue Henri Popp , se regroupaient à une époque ,tous les juifs
de Rabat . J’y allais surtout pour vendre des livres de classe à la fin de l’année scolaire
pour me faire de l’argent de poche.
Les rues regroupaient de marchands et artisans: la rue de marchands d’épices. Il y avait
la rue des bijoutiers ,celle des brodeurs ,des bouquinistes… Le Mellah avait son crieur
public ,il sillonnait les rues pour crier un message. Il annonçait à la population une
festivité ou encore un évènement chez telle ou telle famille.
Les juifs marocains ont construit des quartiers entiers dans les Mellahs. Ils ont baptisés
leurs rues à leur façon en donnant leur propre nom de famille.
Le quartier juif du
Mellah de Rabat est de création récente, puisque ce n’est qu’en 1808, sous le règne du
sultan Moulay Slimane que les juifs furent contraints d’habiter ce quartier qui leur était
réservé, au dessus des falaises donnant sur le fleuve Bou Regreg.
A cette époque, il y avait environ 6000 juifs de Rabat, très influents dans le commerce
et l’administration du port. Les exodes des juifs de Rabat furent nombreuses au cours
des siècles. Actuellement, pratiquement plus aucun juif n’habite le Mellah de Rabat.
L’exode des juifs la plus importante, fut celle des années 50 vers Israël. A cette époque,
Il y avait plus de 350000 juifs au Maroc.
C’est parce qu’il s’était opposé au gouvernement de Vichy, qui voulait réserver aux
juifs Marocains le même sort qu’aux juifs français, que S.M. Mohamed 5 fut fait
compagnon de la Libération par le Général De Gaulle. Le Sultan Sidi Mohamed
perpétuait ainsi la tradition qui faisait du souverain marocain, le protecteur des sujets
juifs marocains.
Il y avait plusieurs synagogues au Mellah de Rabat. On y pratiquait les prières
journalières, circoncisions, bar mizva, mariages, rites de deuils, tefillin.
La liste est longue, voici les principales: Rbi Chalom Ben Zaoui, Rbi Raphael Attias,
Rbi Eliezer Davila (Simon Benzaquen), Rbi Isssakhar Ruimy, Rbi Cotiel Berdugo,
Rbi Haim Davila,
A rue Henri Popp, la synagogue du Talmud Torah , les jeunes étudiants-rabbins
faisaient leurs prières. Au sous sol se trouvaient les locaux du mouvement scout. Rue
Capitaine Petit Jean, la synagogue de Syboni situé derrière la fabrique de marmites.
Beaucoup de juifs marocains se souviennent des samedis soirs à la synagogue Rbi
Chalom Zaoui au Mellah. Etaient assis les notables de Rabat et Salé, tous chantaient
ces magnifiques pyoutims par cœur de leurs belles voix. Le kidouch de la hagadah
était si intense et si mélodieux, parmi la centaine de fidèles debout dans la cour, dans
une dance effrénée de réponses chantées de bons souhaits pour la semaine qui débute,
chavoua tov ou mazal tov .C’était chaud, c’était vibrant, c’était la communauté juive de
Rabat qui priait, qui chantait et qui se souhaitait mutuellement les meilleurs vœux.
Nous avions une bonne, prénommée Aïcha, que je revois avec nostalgie à l’horizon
lointain de mon rétroviseur. Celle qui nous amenait souvent le matin à l’école
primaire.Celle qui venait aussi nous chercher à la sortie avec son éternel sourire divin,
yallah, yallah, disait-elle. C’était aussi une femme attentive et bienveillante à nos
besoins. Toujours impeccable dans sa djellaba, ses yeux scintillants quasi voilés
révélaient sa bonté auprès de nous. C’était un membre de la famille maitresse de ses
fonctions d’une myriade d’aptitudes. Une brave femme, symbole de toutes nos Fatima
et Mahjouba, le bras droit de nos mères. Nos bonnes vivaient toute la semaine avec
nous, mais prenaient leurs repas dans la cuisine par respect pour nous et rentraient chez
elles le shabbat.
La Médina, il était très difficile de ne pas s’y perdre tant les ruelles sont étroites
et labyrinthiques. La concentration d’habitants au mètre carré était considérable.
Dès nos premiers pas dans la médina, tous nos sens se mettaient en éveil.
L’odeur des pains chauds, des épices, des pâtisseries; le son des sabots de mulets
chargés de peaux sur les pavés; toutes ces couleurs qui jaillissaient des nombreuses
échoppes où les vendeurs ne manquaient pas de vous vanter les mérites de
leurs marchandises.
La Brit Mila (circoncision) est l’une des expressions fondamentales de notre identité.
Dans le Judaïsme la plus grande beauté de l’homme se manifeste dans sa relation
avec Dieu.
L’homme le plus beau et le mieux fait est celui qui reconnait et accepte l’existence de
son âme qui transcende ses sens.
Mon rabbin qui me communiait habitait au Mellah où il officiait à la synagogue
Chalom Zaoui et faisait du commerce de légumes et poulets à bicyclette.
C’était un petit Rabbin , mais à mes yeux un grand personnage.
Pour la préparation de ma bar mizva ,ma mère a fait venir un jeune professeur
d’hébreu afin que j’apprenne à lire et écrire.
L’inconvénient est que ce prof ne parlait pas beaucoup. Il était très timide.
Il n’était pas bon prof non plus et quand je lui demandais des explications
il ne me répondait jamais.
Au bout de 3 mois ,à chaque fois qu’il frappait à la porte ,je me sauvais ou
me cachais sous mon lit.je ne voulais plus apprendre et ma mère venait me
sortir de là à coup de balai.
Elle n‘avait pas de patience. Pourquoi je paie? Elle disait.
Alors elle décida que ce soit le rabbin David Gabaï qui continue les cours d’hébreu.
Ouf ,j’étais soulagé ,mais il fallait que j’aille au fond du mellah à sa synagogue.
Eh bien, j’ai quand même fait ma bar mizva et suis devenu un homme.
A ma communion, nous avons fait une grande fête. La cérémonie religieuse
s’était déroulée à la synagogue Chalom Zaoui au Mellah. Nous avons traversé toute la
rue Henri Popp avec la famille et les amis de tout le Maroc. Ce défilé était merveilleux,
j’étais au milieu , à droite se tenait ma petite sœur Michèle ,à gauche ,son amie Esther
Attias. Elles tenaient les bougeoirs.
Et tout le monde avançait au pas ralenti aux yeux des passants et
automobilistes qui admiraient.
A l’intérieur du temple, à mes coté le rabbin David Gabaï .je pouvais commencer
mon discours. Le soir ,la fête pouvait commencer, on a installé les invités qui venaient
au fur et à mesure. L’appartement était trop petit pour le nombre de personnes.
A l’époque pour les boissons fraiches ,on remplissait la baignoire de blocs de pain de
glace qu’on commandait au marchand le matin. Puis on déposait toutes les bouteilles
pour rafraichir. Il y avait des grandes bouteilles de coca cola ,oulmés ,limonades….
à par ça , il y avait aussi des boissons alcoolisées ,surtout du whisky.
Il y régnait une belle ambiance et les adultes discutaient et racontaient car beaucoup
ne s’étaient pas vu depuis longtemps. C’était les retrouvailles pour quelques uns.
La soirée battait son plein avec apéritifs ,hors d’œuvres et assiettes anglaises.
des petits fours ont été fabriqués depuis 3 ou 4 jours avant ,par des cousines,
des plateaux entiers de pâtisseries :cigares au miel ,montecaos ,macarons de dattes
et de noix ,chébakia au miel ,cornes de gazelles ,nougatines aux grains de sésame,
galettes ,massepains ,fazouélos, loukoum….
Au dessert une belle pièce montée nous attendait, ça s’est terminé vers deux heures.
Il fallait trouver de la place pour coucher là la famille qui venait de très loin.
Ma mère avait tout prévu ,plusieurs matelas à terre empreintés aux voisins.
Le lendemain ,comme à la coutume ,je devais emmener et offrir à tous les copains de
mon âge voir un film au cinéma ,j’avais choisi Le Royal ,pour y aller ,il fallait
traverser le jardin du Triangle de Vues .On y tournait un western ce jour là.
La journée se termina et maintenant j’étais un homme pour tout le restant de ma vie.
Dans cette rue , j’y ai vu des marchands ambulants tels:
le marchand de journaux, la Vigie, le Petit Marocain. De maïs grillés et salés.
Marchands de petit lait: lban, lban , marchands de miel , le vitrier ,
marchands de chiffons , marchands de ferrailles ,eau de javel: jabil, jabil,
de poisson: hout, hout ha sardil, l’aiguiseur de couteaux avec sa roue de pierre,
le vendeur aveugle de loterie qui criait: la sansse, ce soir la sansse 25 millionne
la sansse. Le marchand de gaufres à vélo avec un grand cylindre d’aluminium
sur le dos, son bruit était clac clac clac clac avec les roues.
Un marchand devant l’école qui vendait une sorte de nougat rouge et blanc et
qui chantait: halaouette, halaouette arbradrielle.
J’aimais bien voir les vitrines et les commerçants du coin.
J’allais souvent à la boulangerie de Madame Barboza ,rue Capitaine Petit Jean,
chercher une baguette parisienne ,lorsque ma mère n’avait pas le temps de pétrir
le pain juif, comme on disait ,avec des grains d’anis et de sésame dessus.
A chaque fois ,madame Barboza ,qui était toujours vêtue de noir (elle était veuve et
devait être italienne ou corse d’origine) me faisait cadeau de quelques réglisses
dans un petit papier et me disait qu’il fallait bien travailler en classe.
C’est pour ça que j’aimais bien aller la voir.
Les défilés de la fête du travail le premier mai, chaque char avait sa catégorie
de métiers. Le char de la compagnie sucrière avec un énorme pain de sucre bleu.
Les travailleurs défilaient dans les rues de Rabat. Ils y avait les traditionnelles
banderoles et les slogans revendicatifs. C’était surtout des groupes folkloriques pour
assurer la bonne ambiance. Ensuite le défilé des Forces Armées Royales.
Les commerces de Rabat dont je me rappelle étaient: le bazar Renovex,
le charcutier-traiteur Calluaud, raquettes de tennis Courbet, l’armurier
Escariot, l’électricien Tur, les papeteries Céré et élie Lousky, le Nain Bleu, le garage
Marciano, les cafés Le Coq d’OR et les Cinq Parties du Monde de Mr Joseph
Bendavid, La Ménagère de Mr Dhéry, la pharmacie Vedel, Susini, la Sultane,
chaussure Simon de Mr Marciano, La Pharmacie du Soleil tenue par Mr Abitbol, le
bazar Renovex, la pâtisserie Gerber , Le garage Petit Jean tenu par les frères Benedatti,
Mr Labouze qui louait les vélos,
Les caves à vins Hazan, le four Agoumy de Mr Attias, les vins Sasson et Amiel,
le salon de coiffure ' sam rock ', le limonadier Aillaud, les vins cacher Dahlia,
Henri le coiffeur pour dames.
Les boites de nuit étaient l’Amphitrite à Skrirat, l’Antonoir à coté de la ménagère,
Le Jefferson et le Bibas à coté de l’immeuble Modoloni, l’Arc en Ciel et le Briquet
vers le Balima, l’Aquarium vers le cinéma Marignan, la Plantation vers le cinéma
Renaissance, le Bowling vers le cinéma Royal, le Bateau Ivre et le Panorama à
Bouknadel. Le Jour et nuit, La Cage. A la médina la Sfenjéria et Le Bahia pour
le thé à la menthe et les beignets.
Le vendredi matin ,ma mère allait au marché faire les courses pour la
préparation des plats pour le shabat ,elle revenait avec les bras chargés de paniers,
transpirante sous la chaleur de ces débuts de l’été.
Le vendredi soir, elle nous préparait une tablée de jours de fêtes.
Les soirées de shabat et de fêtes sont les plus belles heures dont j’ai souvenance.
le respect que témoignaient les enfants envers leurs parents était unique.
La belle nappe blanche était dressée .Sur un coin était posé le plateau de pain juif fait
maison recouvert d’un beau tissu brodé avec des écritures hébraïques.
Au milieu le verre du kiddouch qui attendait d’être rempli de bon vin cacher,
illuminé par des bougies. Mon père levait la coupe de vin et toute la famille se
joignait à lui pour la bénédiction.
Tout le monde goutait au vin et se souhaitait mutuellement ' shabbat shalom '
ce qui veut dire ' bon shabbat ' ou joyeuses fêtes .
Un morceau de pain était offert à chaque convive et le repas commençait accompagné
de chants du shabat et commentaires de la Torah.
Ensuite ,ma mère avait toujours des mots très doux et très chauds pour nous bénir.
Par exemple : Que nous soyons toujours tous réunis entre frères et sœurs.
Lorsque des membres de la famille n’étaient pas là ,ma mère disait ' Bla-bass ' qui
veut dire ' Que Dieu les bénissent '
Les hors d’œuvre étaient posés sur cette belle nappe blanche.
C’est alors que commençait le repas du shabbat . Le poisson était à l’honneur du repas.
Le vendredi après midi ,lors des vacances scolaires, j’accompagnais la bonne
amener la dafina et le plateau de pain juif à cuire à la boulangerie Agoumi.
Le samedi midi, mon père se chargeait d’aller chercher notre déjeuner du shabbat .
Cette dafina que l’on respirait à plein poumon ,on retirait le couvercle et l’odeur
se dégageait dans toute la maison. Et ce pain , inutile de vous dire que
la pain de ma mère est le meilleur du monde.
La dafina était composée de viande de jarret de bœuf ,pied de veau ,un pot de blé,
1 kg de pomme de terre ,1 pot de riz ,des pois chiche ,des œufs ,têtes d’ail ,paprika ,
safran ,poivre ,sel, huile .
Cette marmite qu’on amenait au four devait cuire à feu doux toute une nuit, du
vendredi après midi à samedi midi.
Après ce copieux repas accompagné d’un bon petit verre de Mahia à la fin ,on ne peut
que s’étendre toute l’après midi pour se reposer.
Dans chaque quartier et aussi dans les quartier juifs, le four central jouait un rôle
important dans la vie des habitants. On y faisait cuire le pain quotidien, les gâteaux et
bien sur la dafina. Les enfants étaient désignés pour porter au four les tôles de pain,
de gâteaux et aussi la dafina.
Le vendredi chacun veillait à porter lui-même sa marmite de dafina que le boulanger
identifiait par un numéro qu’il marquait dessus. On octroyait aux premiers venus
la meilleure place, au milieu du four, pour leur dafina, et il leur était assuré un
plat mijoté, ni sec, ni brulé.
Sur les lieux était présent un gardien juif et son travail consistait à boucher avec de
l’argile la voûte du four jusqu’au lendemain, de peur que l’on ne transgresse le
Shabbat.
Loin dans mes souvenirs d’enfance, se détache encore la silhouette du troubadour,
le clown du quartier, ' bambara ' c’est comme ça qu’il était surnommé.
Son meilleur compagnon, un singe qu’il perchait sur son épaule tandis qu’ à son
cou penchait une corde soutenant un tambour. Le bambara était un homme de
grande taille noir. Il allait toujours dans les quartiers juifs, surtout le samedi
après le repas de midi. Sa principale attraction consistait à demander à son singe:
que fait le juif samedi après s’être gavé de dafina et mahia ?
Le singe s’allongeait sur le dos et ronflait.
J’adorais les fêtes ,en particulier Pessah , la Pâques juive.
Le soir de Pessah, nous lisons la Haggadah, récit de la sortie d’Egypte.
La matsa, symbole de la soirée de pessah, est à la fois le pain de pauvreté que
nos ancêtres ont mangé en Egypte et le pain de liberté qui n’a pas eu le temps
de lever au moment où les enfants d’Israël ont quitté l’Egypte.
On avait coutume à préparer des mets avec tous les légumes de la saison,
accompagnés de viande de bœuf ,mouton ,poulet, boulettes.
en cette période, on trouve sur le marché ,en abondance les sept légumes, des fèves
fraiches, des petits pois ,du céleri ,des cardes ,des artichauts ,des pommes de terre et
oignons frais.
Le soir du Seder, on pouvait déguster la soupe aux fèves ,dinde farcie d’olives
et d’amandes ou langue aux câpres.
Le repas de midi durant les fêtes c’était soles meunières ,côtelettes de mouton
aux pruneaux ,langues aux truffes ou épaule de veau farcie.
Pour les autres jours de la semaine ,soupe aux chou ou soupe aux légumes.
La Mimouna a lieu le dernier jour de Pessah. Le soir ,au coucher du soleil,
on dressait des tables royales, dégorgeant de gâteaux, confitures, beurre, miel,
lait, fèves vertes dans leurs écorces, gerbes de blé, assiette pleine de farine
et des dattes. Dans un grand plateau, sur un lit de verdure, trônait un poisson
en signe d’abondance et de bénédiction. Les mouflétas avaient la place d’honneur:
tartinée de beurre et de miel, c’était le symbole d’une année bénite et heureuse.
Les gens faisaient ' la tournée des grands ducs ' allant d’une maison à l’autre,
goutant à la moufléta, se bénissant mutuellement et se souhaitant ' tarbah '
'chance et bonheur ' . Ces visites se prolongeaient très tard le soir, la joie et l’allégresse
régnaient dans toutes les demeures. Les portes des maisons étaient ouvertes
toute la nuit et tous pouvaient y pénétrer, gouter à la coutume et ressortir sans que
personne ne cherche à connaitre son nom.
Pourquoi cette nuit là était différente de toutes les autres nuits ? Parce qu’il y avait des
mouflétas, des jabanes, de la mahïa, du thé à la menthe, des gâteaux, des confitures
et du miel ? Parce que cette nuit appartenait toute entière aux juifs marocains et que
dans toute cette planète qui est la nôtre, ce n’est que dans les maisons juives du
beau Maroc que la mimouna battait son plein et que tout le monde était gai et l’envie
de vivre et de s’amuser. Voila pourquoi la mimouna n’est pas seulement une
célébration de fin de fête mais une célébration d’identité unique aux juifs du Maroc, un
signe qui diffère des autres communautés juives et cette union de Pessah qui se rattache
à un peuple entier.
La Mouna, c’était le gâteau que toutes les mamans confectionnaient après Pâques,
surtout les familles originaires d’Oran comme mon père. La Mouna était une grosse
brioche, parfumée à l’orange et à l’anis.
C’était tout un cérémonial auquel toute la famille participait. L’avant-veille, les
enfants étaient chargés d’aller chercher chez le boulanger de grands plateaux
métalliques rectangulaires. A la maison maman avait commencé à préparer le levain
placé sous un linge pour qu’il monte. C’était un mélange d’eau, de lait, de levure et de
farine qui avait la particularité de doubler de volume sous l’effet de la chaleur. Nous
soulevions souvent la toile pour voir la progression du mélange et c’était des Oh! Ah!
Maman nous donnait alors à râper l’écorce de belles oranges. Ensuite il fallait en
extraire le jus. Comme rien ne se perd, on partageait les oranges pressées pour dévorer
ce qui restait de pulpe. C’était délicieux! Il nous arrivait même de manger de petits
bouts d’écorce pour retrouver l’amertume de cette partie du fruit. C’était bon, ça sentait
bon, ça collait un peu aux mains et aux lèvres, mais nous étions heureux.
La fête commençait, Maman, de son coté, préparait une tisane de graines d’anis. Ah!
Cette odeur qui envahissait la cuisine. Elle recueillait le jus parfumé après avoir passé
le tout à travers une passoire.
Et c’était la grande préparation de la pate
qui commençait. De la farine, des œufs, de l’huile, le jus et le zeste d’orange,
la tisane d’anis.
Maman relevait ses manches et plongeait ses mains dans le mélange pour travailler.
Nous regardions émerveillés prêts à intervenir quand elle trouvait que la pate collait
trop. Alors nous avions droit de verser un peu de farine dans ses mains qu’elle frottait
avant de recommencer à pétrir de toutes ses forces jusqu’à obtenir une bonne
consistance. Maman confectionnait de belles boules de pâte et qu’elle déposait sur un
disque de papier. Après il fallait badigeonner les boules avec du jaune d’œuf battu
avec un peu de lait, puis recouvrir le sommet de morceaux de sucre concassés.
Ensuite elle enfonçait sur deux ou trois boules, un bel œuf frais de poule. On
s’organisait pour porter les plaques pleines de bons gâteaux prêts à cuire.
On prenait le chemin du fournil.
Là, ça sentait bon et on applaudissait à chaque fois qu’un plateau ressortait du four au
bout de la grande pelle avec de belles mounas toutes dorées et luisantes. Les nôtres
cuites, on repartait à la maison en courant. On les rangeait au placard et aussitôt la
maison se parfumait à l’anis et à l’orange. Il fallait maintenant laver et rendre les
plaques vides au boulanger.
Les dix commandements est un ensemble écrit d’instructions morales et religieuses
reçues, selon les traditions bibliques, d’origine divine par Moise au Mont Sinaï.
La version est:
1: je suis le seigneur ton Dieu qui t’a fait sortir d’Egypte,
2: tu n’auras pas d’autre Dieu que moi.
3: tu ne prononceras pas le nom de Dieu en vain,
4: souviens toi du jour du Shabbat,
5: honores ton père et ta mère,
6: tu ne tueras point,
7: tu ne commettras point d’adultère,
8: tu ne voleras pas,
9:Tu ne feras pas de faux témoignages,
10: tu ne convoiteras pas la femme, la maison, rien de ce qui appartient à ton prochain.
Roch Hachana nouvel an juif: la coutume veut que l’on trempe un quartier de pomme
dans le miel et nous disons: que te soit ta volonté, Dieu, que tu renouvelles pour nous
une bonne et douce année.
Le chofar est une corne de bélier. Il vient rappeler le souvenir du bélier qui se prit les
cornes dans un buisson au moment du sacrifice d’Isaac et qui fut finalement offert à sa
place à Abraham.
Les trois sons de base du chofar sont: un son long et étiré, des sons courts et répétés et
des sons saccadés. A l’office du matin, on peut écouter pas moins de cent sons.
Pourim: c’est une fête qui commémore la délivrance des juifs du complot mené par
Haman, un vizir perse, qui avait planifié leur extermination.
On récite le Livre d’Esther, l’envoi mutuel de colis d’aliments et boissons, les dons aux
démunis et un festin de célébration.
Les enfants se déguisent, on fait du bruit avec les pieds, la voix ou des crécelles quand
on nomme Aman.
En attendant les fêtes de Kippour, je me rappelle ma mère nous amener au Mellah de
Rabat pour acheter des poulets ou des centaines de personnes attendaient leur tour.
Ensuite les Rabbins faisaient les kaparotes et égorgeaient les poulets. Les femmes
s’occupaient ensuite à déplumer ces pauvres poulets. A la maison , il fallait bruler au
gaz le duvet, ça sentait mauvais partout. Plusieurs jours on ne mangeait que du poulet.
Il fallait autant de poulets que de personnes vivant au foyer.
A la veille de Kippour, il est recommandé de faire la tsedaka, c’est-à-dire de donner de
l’argent aux pauvres et certains se rendront au cimetière pour prier.
Il ne faut pas oublier le rituel des kapparot, il consiste à prendre une poule ou un coq
selon le sexe et de le faire tourner autour de la tête en prononçant la prière du rachat de
son âme et l’expiation de ses fautes.
Kippour: jour du grand pardon. Ce jour de jeune et d’abstinence appelle les fidèles
à revenir vers l’Eternel d’un cœur sincère et à se réconcilier avec son prochain.
Au cours de cette journée passée à la synagogue, chaque juif demande à Dieu de
pardonner ses fautes et celles de la communauté.
Pendant ce jour, il y a cinq interdictions: interdit de boire et manger, de se laver, de se
frictionner le corps, de porter des chaussures de cuir et d’avoir des relations intimes.
La religion veut que le jeune dure 25 heures, ne pas travailler, ni allumer de feu.
Au moment où sonne le Chofar, à la fin, le jeune est terminé, les portes du Ciel
se referment et plus aucune demande de pardon n’arrive à Dieu.
La veille de Yom Kippour, allumage des lumières, prendre un repas copieux avant
le jeune et aller entendre à la synagogue Kol Nidreï qui ouvre le jour de Kippour.
Yom Kippour: journée de prières, fin de journée, cérémonies de clôture, cérémonie
du Chofar, bénédiction de la lune, repas et on commence la construction de la Souccah.
Soukot est la fête des cabanes. Elle dure sept jours.
Après le don de la Torah, le peuple juif séjourna durant quarante années dans le désert
après la sortie d’Egypte et jusqu‘en Terre Promise. Il habitat dans des cabanes de
fortune et bénéficia de la protection divine et de ses miracles. Le dernier jour est appelé
SIM’HAT TORAH, Joie de la Torah.
C’est pour cette raison qu’on construit des cabanes en branches de palmier.
Soukot marque le début de la saison des pluies est aussi fête de la nature et
de la fécondité. Elle concerne les plantes: le blé, l’orge, les figues, le raisin,
l’olive, la grenade et le miel. La terre sainte est associée à ces sept plantes.
A travers le feuillage qui recouvre la souka, on doit pouvoir observer les étoiles
dans le ciel. Nous apprendre à diriger nos regards vers le ciel. Voila le but de chaque
fête juive et de toutes les lois de la Torah.
Chavouot vient couronner la période des sept semaines et qui commence le lendemain
de Pessah. Le nom signifie ' les semaines '.On l’appelle parfois Pentecôte, mot grec
signifiant ' la fête des cinquante jours'
Hanoukka est célébrée tous les ans. Elle dure huit jours pendant lesquels on
allume un chandelier à 7 branches. Une pour le chamach qui sert à allumer les
autres bougies. On récite les prières de louanges et remerciements supplémentaires.
Pourquoi sept jours. Le monde a été crée en sept jours, il y a sept jours dans la
semaine et il y a sept notes de musique.
La 1ère lumière s’éleva lors de la création du monde.
La 2ème, flamme de la ménorah a été allumée par Abraham.
La 3ème flamme jaillit au mont Sinaï
La 4ème flamme a été l’entrée d’Israël dans la terre promise par l’éternel.
La 5ème un état juif, un royaume juif comme Dieu l’avait désiré et qu’il lui fut
fidèlement soumis.
La 6ème allumée par Israël car le temple était le refuge et le lieu de rassemblement
de tout le peuple juif.
La 7ème est la lumière qui a duré à nouveau quatre siècles et qui apporta le bonheur
à Israël.
Ma mère a pétri souvent le pain. Elle se levait très tôt le matin et commençait à
pétrir la pate qu’elle laissait lever longuement .Puis elle couvrait et laissait lever
le pain, plus léger et meilleur il était.
Le pain de tous les jours était façonné simplement tandis que celui du
Shabbat et les fêtes était plus élaboré et décoré.
On le portait au four et je me suis toujours demandé comment faisait le boulanger
pour se rappeler du nombre de pains qu’il y avait sur chaque tôle et à qui
appartenaient-ils. Et bien, il disposait ces planches dans le même ordre qu’il
enfournait le pain puis chaque famille s’appliquait à la façonner de différentes
manières et ainsi, il ne pouvait se tromper.
Le pain inspirait un respect total. Personne n’en jetait et si on n’en trouvait
un morceau dans la rue , on le ramassait, l’embrassait et on le posait dans
un petit coin. Ma mère disait toujours que le pain est la bénédiction
de la terre et la base de la vie.
La Mahia (eau de vie) était la boisson alcoolisée la plus appréciée qu’on distillait
avec des fruits secs, tels que dattes, raisins et figues. les arômes et parfums étaient
également distillés, notamment l'extrait de fleurs d'oranger et eau de rose.
Après, c’était le vin du Kidouch. Le vin était fait dans des caves appartenant
aux juifs alors que les autres boissons alcoolisées étaient importées.
Les musulmans ne pouvaient consommer aucunes boissons alcoolisées, c’était
contraire à leur religion. Les boissons fraiches étaient faites à partir de fruits frais
ou de lait d’amandes. Dans les rues, on côtoyait des marchands ambulants de
limonades, d’oranges pressées et le porteur d’eau.
Dans la maison régnait l’atmosphère d’un atelier de confection.
Dans un coin se trouvait la fameuse machine à coudre Singer à pédale mais
plus tard ce sera une Bernina toute électrique avec toutes les options.
Les placards étaient remplis de tissus et de modèles de vêtements inachevés.
Notre table de salle à manger remplie de robes qui ne demandaient qu’à être
terminées. On essayait de trouver une petite place pour prendre notre déjeuner.
Il fallait faire attention de ne pas toucher les tissus pour ne pas salir.
L’Après midi ,c’était le défilé, ma mère avait des rendez vous de clientes
qui venaient essayer leurs vêtements. Il fallait plusieurs essayages avant de
livrer le modèle. Il y avait aussi deux petites mains (apprenties) qui aidaient.
Le travail ne manquait pas car c’était surtout des clientes assez fortes qui ne
trouvaient pas dans le commerce leur taille.
J’ai toujours eu ce souvenir de machine à coudre qui travaillait très tard le soir,
j’écoutais le va et vient de cette pédale à pied grinçante.
Il y avait du retard de livraison, il fallait avancer le travail, mais ma mère
n’arrêtera jamais.
Toute sa vie durant, ce travail l’a passionné, travaux de couture pour les clientes, pour
la famille, pour les enfants, une retouche, un ourlet, elle était sollicitée de partout.
Elle était courageuse et ne refusait aucun travail.
Je la voyait, de bonne heure le matin, sur la table de la salle à manger, en silence pour
ne pas nous réveiller, dessiner les patrons à la craie grise et découper aux ciseaux,
le travail de la journée.
Un peu partout trainaient des revues de mode. Et chaque fois aujourd’hui encore,
lorsque j’aperçois une de ces revues, je ne peux m’empêcher de les feuilleter
sans penser à cette époque.
Par terre, il fallait surtout faire attention à ne pas marcher pieds nus. Au sol des
aiguilles et épingles trainaient un peu partout.
Un jour à neuf ans une aiguille s’était plantée sous mon pied droit. Ma mère me l’a
retiré mais qu’une moitié. La pointe était restée dedans. On y a pas fait cas, mais au
bout de trois jours, je commençais à avoir des douleurs. On m’a envoyé d’urgence à
l’hôpital Avicenne faire une radio et opérer de suite. La pointe de l’aiguille était
montée très haut dans ma jambe avec le flux du sang. Ca s’était bien passé.
Après l’opération, je me souviens que le chirurgien m’offrit l’intrus dans un
petit flacon rempli de liquide.
Sur cette rue du capitaine petit jean ,se trouvait la boutique de vitrier d’un cousin
à ma mère, Illouz et sa femme Annette. Elle avait un don ,quand on avait une
vertèbre déplacée, on avait recours à elle. Elle nous massait avec de l’huile et
tout s’arrangeait.
Plus loin le magasin du tailleur Ittah ,c’est lui qui fabriquait mes shorts et a
confectionné mon costume de la bar mizva . Je me rappelle un tissu gris.
Au bout de la rue Henri Popp, celle qui menait au Mellah, il y avait le café de la
Ibense de Mr Benoliel et le milk bar, rendez vous de la jeunesse juive pour y déguster
un bon expresso, manger une glace , boire un aqualimone ou faire une partie de carte.
Le samedi soir, en face, on allait diner au chouaye de Mr Meyer, restaurant ou
on y servait des grillades de boulettes, saucisses de foie et rates farcies.
On pouvait sentir l’odeur jusqu’au cinéma Vox là haut à 1km.
A l’entée du mellah se trouvait le coiffeur Mr Ohayon qui n’avait qu’un bras.
Au coin de l’impasse Henri Popp se trouvait notre épicier Rhali , c’est là que
j’ai bu pour la première fois mon 1er coca cola ,pepsi cola, judor et crush orange.
Au 96 rue du Mellah, se tenait la librairie-papeterie Elie Louski. Nous achetions
tous nos livres et cahiers d’école, encriers ,plumes et crayons.
A la rue Souika ,on appelait 'chicago'’ toutes ces petites échopes qui vendaient des
vêtements pas chers et de bonne qualité ,on pouvait même marchander.
Je n’ai pas oublié les figues de barbarie que nous mangions avec les copains au
retour de la plage de Salé. On disait au petit marchand de commencer à couper et
on mangeait, on mangeait, on mangeait, il ne se rappelait plus combien il avait servit.
Puis vient le moment où il devait encaisser, on se sauvait dans toutes les directions.
Il courait après nous avec son couteau bien aiguisé jusqu’à essoufflement.
Barcassiers et pécheurs se partageaient l’activité du Bou Regreg depuis plusieurs
siècles. Les barcassiers de l’oued assuraient la traversée du Bou Regreg entre
Rabat et Salé ont eu d’abord la concurrence du Bac à vapeur entre 1913 et 1936.
Puis une activité diminuée depuis la construction du Pont Moulay Hassan entre
Rabat et Salé. Les pêcheurs avaient un peu moins de soucis, même si Rabat n’est plus
le port de pêche qu’il était dans la 1ère moitié du 20ème siècle (3ème port de pêche du
Maroc en 1930)
Depuis l’immeuble Modoloni, où on habitait et pour aller à la ville, il y avait un
raccourci par le jardin de Triangle de vue qui date des années 30.
Ce jardin est très reposant, quand le soleil était au zénith, on venait seul ou en famille
se promener à l’ombre ou s’allonger sur les pelouses .
Les parents de mon père sont d‘origine de Oran en Algérie.Ils sont venus s’installer à
Rabat dans les années 1920.
En 1830, la France commence la conquête du pays après que le bey Hussein insulte le
Consul de France, et l’Algérie devient une colonie française.
1870: Le décret Crémieux offre la nationalité française aux juifs d’Algérie à cause de
l’antisémitisme auquel ils doivent faire face.
Mon grand père paternel, Salomon Benzaken est né à Oran le 9 aout 1887 et décédé à
Rabat le 6 septembre 1948.
Zahra Korchia est née à Oran le 9 décembre 1885 et décédée à Paris le 28 septembre
1969 à Paris.
Mon grand père, je n'ai pas eu le privilège , comme les autres petits enfants, qu'il me
prenne dans ses bras. Hélas, il est décédé six mois avant ma naissance.
En revanche,je le voyais pendant trois années, durant mes études professionnelles de
1963 à 1966 à Rabat. Les fenêtres de ma classe pendant les cours de dessin industriel
donnaient sur le cimetière Israelite. Devant moi à cinquante mètres, je regardais sa
tombe et pensais bien à lui. Cet homme que je n'ai jamais connu.
Ils eurent sept enfants. Mon père Henri Benzaken est né à Oran le 16 avril 1918.
A la rue de Grenoble habitait la sœur à mon père Rachel Benzaken-benharrosh
mariée à Messod Benharrosh ,facteur à Rabat.
Ils ont eu huit enfants : Albert , Salomon , Georges , Jacques ,Daniel , Rosette ,
Mireille et Emile.
A l’immeuble Mondoloni,à Rabat, habitait une autre sœur à mon père Fortunée
Benzaken-Carbonnel-Elhadad mariée à André Carbonnel, concessionnaire auto à
Rabat. Elle a eu trois enfants : Colette , Raoul et Alexandre.
A Rabat habitait une autre sœur à mon père Jeanne Benzaken-Saulière mariée
à Raymond Saulière, policier à Rabat.
Ils ont eu cinq enfants: Richard ,Patrick, Didier ,Martine et Sylvie.
A Rabat habitait une autre sœur à mon père Annette Benzaken-Laskar mariée
à Georges Lascar ,transporteur à Rabat.
Ils ont eu trois enfants : Liliane ,Richard et Michel.
A Rabat habitait une autre sœur à mon père Esther Benzaken-Cohen mariée
à Simon Cohen ,boucher-charcutier installé place de l’église à l’Agdal.
Ils ont eu huit enfants : Elie ,Salomon, Prosper, Jean ,Albert ,Jacques,
Françoise et Roselyne.
A port Lyautey habitait un frère à mon père Maurice Benzaken marié
à Joséphine Bitton . Ils ont eu trois enfants : Guy ,Danielle et Jacqueline.
Mon oncle Maurice Benzaken a combattu avec les alliés pour la libération de
la France. Il a été prisonnier des allemands en 44 et s’est échappé de la prison
de Saumur en plongeant dans la Loire. Il a été courageux. J’en suis fier.
( j'y pense ,mais j’ai effectué mon service militaire aussi à Saumur en 1970)
La signification de notre patronyme BEN ZAKEN est 'fils de vieux' en hébreu.
Parmi les personalités portant ce nom sont:
Benzaquen Léon, 1er juif à être nommé ministre des postes dans le gouvernement de
SM Mohamed V. Médecin, il a contribué à la lutte contre la tuberculose.
Benzaquen Claude, chanteur 1er duo avec Sylvie Vartan, années yéyé. De son nom
d'artiste Frankie Jordan.
Ma famille se composait de mes parents Alice et Henri, bien sur , de mon frère
Charly et mes deux sœurs Rose et Michèle, et plus tard Karen.
Ma mère avait quitté Midelt, pour la capitale afin de travailler dans
la couture et se marier.
Elle avait ouvert un petit magasin au bas de l’immeuble Mondoloni, à coté de
la pharmacie Vedel, face au café le Coq d’Or. Elle avait embauché de petites apprenties
pour l’aider. Plus tard, lorsqu’elle a eu ma sœur et mon frère, elle a du éxercer son
métier à la maison, c’était plus pratique.
Le magasin de couture libéré, c’est mon père qui décida de l’occuper pour en
faire son métier de Optique-Photographie.
Plus tard, il s’installa en ville rue du 18 Juin 1940, prés de l’avenue Mohamed 5.
Sa clientèle était composée surtout d’enseignants des écoles, de fonctionnaires
de ministères et de commerçants des alentours.
Ma sœur ainée Rose était à l’école du Chellah en primaire et aux Orangers dans
le secondaire. Mon frère Charles, à l’école de Pau et ensuite, on l’a envoyé à
Strasbourg pour faire des études. Il est resté deux ou trois ans et est revenu pour
rentrer à l’école ORT de Casablanca. Revenu à Rabat, mon père décida qu’il
apprenne le métier de photographe et développement photo.
Ma petite sœur Michèle était aussi à l’école de Pau.
On se chamaillait tout le temps et n’arrêtons pas de faire des bêtises.
J’ai effectué mes études primaires à l’école de Pau dont le directeur était
Monsieur Fillot. On y enseignait la langue française uniquement.
Tous les enseignants étaient français et venaient de la métropole.
J’y ai passé mon CP , CE1, CE2 ,CM1 ,CM2 avec succès.
Bien sur, je me rappelle comme tous, ce que les profs nous infligeaient quand on
travaillait mal et qu’on leur manquait de respect : le piquet, derrière la porte,
la fessée, les coups de règle sur le bout des doigts, une gifle, tirer l’oreille,
copier 100 fois.
Petit, je me rappelle de ce mendiant au coin de la rue de Pau ou j’allais à l’école.
Qu’il fasse beau ou mauvais temps, il était là à tendre sa main pour faire l‘aumône.
Il devait être non voyant car il avait les yeux blancs. Il me faisait de la peine à le voir
ainsi. Souvent je lui amenais un morceau de pain, même rassie et il était content car Je
n’avais pas de sous à lui donner. Cet homme a du être rejeté par la société par manque
de chance et de soins . A chaque fois, il me remerciait par un ' chokrane'.
Les grandes vacances scolaires, mes parents voyageaient en Espagne et en France
en voiture pour visiter et voir notre famille qui se sont installés bien avant nous,
vers les années 1960. Moi ,on m’envoyait en colonie de vacances à Ifrane où se trouve
le lion de pierre taillé dans la masse. Je possède une photo où on me voit dessus.
On m’envoyait aussi dans la famille à ma mère les Zenou à Midelt.
Je ne supportais pas les grands voyages et j’étais très malade en auto.
Les Zenou de Midelt était une grande famille.
J’aimais bien y aller. J’étais petit avec des grands et j'étais bien gâté.
Illo Zenou ,le patriarche était toujours habillé de sa belle djellaba blanche.
Il portait toujours une grande sacoche marron en bandoulière où il y
mettait toute sa fortune. Un jour, je lui dis intrigué ,ce qu’il y avait dedans.
Il l’ouvre et me montre des liasses de billets de banque et des centaines de pièces
de monnaies .Je lui dis: tu es riche et il me donne deux petites pièces,
en me répondant: maintenant, je suis pauvre.
Illo faisait le commerce de bétail, des moutons surtout.
Dans les champs, son fils Yéhouda m’expliquait ,ce troupeau ,et celui-ci et
celui-là , tout ça c’est à nous.
Illo ,possédait une boucherie où son fils Raphael travaillait.
Un autre de ses fils Mimoun passait son temps à fabriquer des meubles
dans les dépendances de leur maison. Mais quelle maison? Un château.
Toute construite de pierre apparente. Et les jardins bien entretenus.
Il y avait toutes sortes de variétés de roses de toutes les couleurs.
Un autre de ses fils Salomon travaillait à la banque BNCI de Midelt.
Avec mes parents ,nous leur rendons souvent visite ,au moins une fois
par an. On allait aussi voir les membres de la famille à ma mère.
Ma mère Alice Riboh a grandi à Midelt avec ses frères et sœurs. Elle avait quitté
ce village vers la capitale pour apprendre le métier de couturière.
A chaque fois qu’on allait à Midelt chez les Zenou ,c’était réception.
Il nous faisait préparer un michoui ,mais quel michoui!
Un mouton entier ,cuit au barbecue dans un four au jardin.
On se régalait à chaque fois et gardons un très bon souvenir de notre séjour.
Les parents de ma mère ,Moise Riboh et Zohra Bensamoun s’étaient installés
à Midelt mais sont d’origine de Fes.
Moise Riboh était né en 1897 et décédé à Casablanca en 1953.
Zohra était née en 1901 et décédée en 1972 en Israël.
Mon grand père à du partir à Midelt pour travailler et s’occuper de l’intendance
de l’armée française installée là.
Je n'ai pas de souvenirs de mon grand père,il est décédé lorsque j'avais quatre ans.
Ils eurent huit enfants. Clotilde ,Alice (ma mère), Henriette ,Thérèse ,Robert ,Rachel,
Gisèle et Raphael. La moitié vit en Israël depuis les années 1960.
Ma mère Alice Riboh est née à Oran le 5 septembre 1920.
Mon père Henri Benzaken est né à Oran le 16 avril 1918.
Mes parents ont eu cinq enfants: Rose, Charles, Roland (moi) ,Michèle et Karen.
Clotilde Riboh-Bassan était mariée à Haim Bassan bottier-cordonnier à
Casablanca ,ensuite Rabat. Ils ont eu un fils Maurice qui avait repris le Cabinet
Loutrel, agence immobilière à Rabat Av. Mohamed 5 vers 1965.
Henriette Riboh-Bencheton était mariée à Prosper Bencheton import-export
de conserves à Casablanca. Ils ont eu un fils adoptif Avy. Henriette était
enseignante à l’école Sémah de Casablanca dans les années 50 et 60.
Thérèse Riboh-Sarfaty était mariée à Rahamim Sarfaty .Ils ont quitté le Maroc
dans le début des années 50 pour Israel et ont eu 9 enfants:
Zohara, Itshac, Myriam, Yossi, Hagai, Esther, Rohi, Moshé et Orna.
Robert Riboh était marié à Marie et ont eu deux enfants. Etant veuf à la naissance
de la dernière fille, il se remaria plus tard à Estrilla qui lui donna 3 enfants.
Robert était à une époque directeur de la banque BNCI de Midelt.Ils vivent en Israel.
Les enfants sont: Rosine, Nanette, Moshé, Léon et Simona.
Rachel Riboh est mariée à Elias Pérès. Ils ont quatre enfants et vivent en Israel:
Bébert, Janine ,Moshé et Eytie.
Gisèle Riboh était mariée à Robert Denard et ont eu un fils Philippe.Elle vit à Paris.
Raphael Riboh a été marié à Jeannette et Yolande, ensuite à Marlène .Il a eu quatre
enfants et vit à Paris: Moshé, Dolly, Keren et Gabriel.
Je tire un chapeau à mes deux grands mères Zahra et Zohara d'avoir été courageuse
d'èlever sept et huit enfants.
A Rabat il y avait toujours des fêtes et des cérémonies. On assistait aux fantasias
de tambourins bruyants, des chanteuses dansent du ventre et des femmes hurlent avec
des youyous, les coups de feu des cavaliers qui se succèdent à un rythme effréné nous
faisaient sursauter.
Une poussière grise envahit nos narines et nos poumons et la chaleur insupportable
en début d’après midi, brùle les corps.
C’est la fête pour les marocains. Chevaux, musique, soleil, poussière: c’est la Fantasia,
communion entre l’homme et le cheval.
La veille de la fête du ramadan est nommée la nuit du destin. Les marocains la
commémorent en illuminant les mosquées, en offrant des friandises aux enfants,
en faisant goùter les mets les plus succulents. Ce jour-là, les gens pieux se rendent
à la mosquée.
ème
La 2 fête, appelée l’ Aïd-el-séghir (la petite fête) ou aussi la fête des sucreries,
elle dure trois jours et se déroule à la fin du ramadan.
Elle célèbre la fin du jeune et donne aux membres de la famille et aux amis,
l’occasion de se retrouver ,d’échanger des cadeaux et de s’adresser des vœux
de bonheur et de prospérité.
La 3ème fête, L’Aïd-el-Kebir (la grande fête) ou la fête du sacrifié est la plus
grande fête après celle qui termine le jeune. Elle est commémorée en
sacrifiant un mouton ou un agneau.
Les fêtes de ' achoura ' et du ' mouloud ' sont moins importantes.
Pendant deux jours, les rues sont illuminées, des musiciens y jouent, il y a des
feux d’artifices.
Parmi d’autres fêtes et jours fériés au Maroc il y a:
11 janvier, anniversaire du manifeste de l’indépendance.
1er mai fête du travail.
30 juillet fête du Trône.
20 aout fête de la révolution du Roi et du Peuple,déportation du Roi Mohamed Ven 53.
21 aout fête de la Jeunesse et anniversaire du Roi Mohamed V.
18 novembre fête de l’indépendance,fin du protectorat de la France sur le Maroc en 56.
Feu le Roi Mohamed 5V est né à Fès le 10 aout 1909 et décédé le 26 février 1961.
Le 18 novembre 1927 il est proclamé Sultan du Maroc à l’âge de 18 ans.
Il a été Sultan de 1927 à 1953. Puis Roi de 1957 à 1961. Il a été décoré de l’Ordre des
Compagnons de la Libération par le Général De Gaulle. Feu le Roi Hassan II son fils,
est né à Rabat le 19 juillet 1929 et décédé le 23 juillet 1999
Son règne a duré 38 ans. De 1961 à 1999.
Brillantes études universitaires à Rabat et Bordeaux en France, il obtient en 1951
le diplôme d’études supérieures en droit public.
J’ai grandi à l’impasse Henri Popp jusqu’à l’âge de 12 ans en 1961.
J’ai quitté ce quartier avec regret mais content de découvrir autre chose. Le jour du
déménagement, j’étais étonné de voir arriver une calèche avec le chauffeur marocain
qui conduisait un cheval . Il tirait un plateau à l’arrière et on devait déposer nos
meubles et cartons. Ceci fait ,je suivais à pied ce déménagement ,le cheval était très
nerveux. Mes parents avançaient avec leur voiture devant pour guider. On n’allait pas
très loin ,à l’immeuble Mondoloni qui se trouvait au bout de la rue Capitaine Petit Jean.
Pour moi ,ce logement me convenait. Il était plus spacieux. Au dessus habitait mon
meilleur copain Marco Attias. On pourra plus souvent se voir.
Son père André Attias était assureur ou agent immobilier, et avait une boutique
rue du 18 juin 1940 à Rabat.
Il y avait beaucoup de points communs entre André et Henri mon père.
Ils avaient tous les deux une boutique qui les séparait de plusieurs mètres.
Car mon père avait une boutique d’optique-photo.
Ils se rencontraient très souvent au café pour une partie de cartes.
Vers les années 1968 ,la famille Attias s’installent à Nice.
Ma famille et moi, nous quittons le Maroc pour Paris vers juillet 1967.
Mais en 1969 ,mes parents s’installent à Avignon ,puis à Aix en Provence car le climat
de Paris ne leur plaisait pas. En 1973 ,ils partent définitivement pour Nice.
Il y avait beaucoup de membres de notre famille installés là. Voici les retrouvailles.
Bien plus tard ,le malheur vient que André et mon père disparaissent après
une vie bien remplie.
Aujourd’hui ,ils reposent en paix au cimetière de l’EST à Nice.
Sur les hauteurs à 500 mètres d’altitude ,ils ne sont pas très loin l’un de l’autre,
à peine quelques mètres.
De la haut ,lors de mes nombreuses visites au cimetière ,j’aperçois la mer,
l’horizon, le calme ,l’air sain , et soudain un flash me tombe d’un coup!
Mais là bas , au loin , à droite on aperçoit le Maroc où est né André Attias ,
et là bas , à gauche on aperçoit l’Algérie où est né mon père
Henri Benzaken à Oran . Maintenant je respire un bon coup ,je suis apaisé.
Ces deux hommes peuvent reposer en paix. Ils auront cette belle vue exceptionnelle
dirigée vers leurs pays pour l’éternité.
J’aimais bien cet immeuble Mondoloni et le nom chantonnait bien.
En face ,le jardin Triangle de Vue, la rue Capitaine Petit Jean et la rue de la Marne,
sur la place, le café le Coq d’Or, la pharmacie Vedel, Ets Susini et autres commerces.
A l’entrée de ce jardin ,pour accéder en ville ,il y avait toujours ce porteur d’eau en
habit traditionnel que l’on ne trouve qu’au Maroc.
Il nous tendait à chaque passage sa tasse d’eau fraiche servie avec grand respect.
Comment refuser. Il y avait aussi un marchand de gaufrette ronde et longue,
il avait une sorte de socle en fer dessiné en bleu, avec une roulette dessus.
On devait tourner cette roulette comme au millionnaire , marquée de 1 à 5 .
On gagnait autant de gaufrettes qu’il était indiqué de chiffres.
Ensuite ,le marchand de glaces ,le marchand de mais grillé ,le marchand avec
toutes les variétés de pépites et cacahuètes ,un autre avec son plateau de millefeuilles.
Au bas de mon immeuble ,c’était installé un restaurant russe du nom de LA VOLGA.
Une des spécialités inscrite sur le menu était la soupe à la betterave.
J’allais voir souvent la carte accrochée à l’entrée de l’établissement.
Et j’étais toujours étonné de voir les plats proposés avec des noms russes.
Cette famille russe avait quitté la Russie pour cause politique.
Les parents étaient énormes ainsi que leur fils Grégory ,un adolescent qui pesait
au moins 90 kg pour l’âge de 13 ans.
Ma sœur et moi, on se moquait de lui et une fois, on lui a versé une carafe d’eau
par-dessus la fenêtre alors qu’il allait à l’école. On s’est fait disputer par ma mère
et on n’osait plus passer devant leur restaurant.
Je me baladait souvent en ville, avenue Mohamed 5. C’est ici que se trouvaient les
cinémas. C’est au cinéma Renaissance que l’ai vu le premier James Bond contre le
Docteur No, avec Sean Connery et Ursula Andress. Ensuite West Side Story. Au
cinéma Colisé le premier film des Beatles, quatre garçons dans le vent. Il y avait de
l’ambiance ce jour là. Je connaissais toutes leurs chansons.
Je collectionnais tous leurs 45 tours.
J’ai connu aussi les cinémas le Marignan et le Royal. A cette époque, on choisissait
notre place sur un plan avec un numéro au guichet. On réglait, ensuite une ouvreuse
nous accompagnait à l’intérieur munie de sa torche pour nous éclairer, elle nous
remerciait après qu’on lui donnait une petite pièce en guise de pourboire.
Au début il y avait toujours un documentaire, les actualités marocaines, puis
le lancement du film de la semaine suivante , puis dix minutes d’entracte et le film.
Aux actualités, on voyait toujours Sa Majesté Le Roi inaugurer un nouveau complexe,
les officiels lui baisaient la main, on lui offrait du lait et des dattes en signe de
bienvenue. Des plus grands choisissaient toujours les places situées au poulailler pour
la raison qu’ils amenaient leur petite copine et ce n’était pas précisément pour voir le
film, mais pour flirter. Il y avait la publicité pour Fly Tox, plus de mouches, plus de
moustiques. A l’entracte une voix criait dans un haut parleur: bonbons-esquimauxcaramels-chocolats ,demandez nos crèmes glacées aux charmantes ouvreuses. Après
c’était, mesdames et messieurs, veuillez regagner vos places, le film va commencer.
En 1961, une place de cinéma coutait 3,75 francs, soit 50 cents d'euros.
Quand je m’ennuyais, ma mère me répétait, vas tenir compagnie à ton père à la
boutique. Mon père tenait un magasin d’optique et photographie à la rue du
18 Juin 1940 à Rabat en plein centre ville. J’y restais assis prés de l’entrée à contempler
les clients qui entraient déposer pellicules photos, retirer des tirages photos, prendre des
photos d’identité, acheter appareils photo et cinéma, ouer projecteurs et écrans,
choisir une paire de lunettes de soleil ou lunettes de vue. A cette période, mon père
travaillait les verres avec une meule à la main. Aujourd’hui tout est automatique.
Au dernier étage, il y avait le laboratoire de photos et la chambre noire, je regardais
mon frère Charly et l’ouvrier Joseph Dhéry qui travaillaient.
Ils s’activaient pour déposer à la boutique tous les tirages de la journée avant seize
heures,sinon les clients attendaient.
Il avait ouvert cette boutique en 1955 et l’abandonner en 1967 pour rentrer en France
avec toute ma famille définitivement.
A 13 ans, en 1962, c’était la période ' yéyé ', j’écoutais Johnny avec son 'souvenirs
souvenirs' et 'let's twist again', Sylvie avec 'je serai la plus belle pour aller
danser',Sheila'vous les copains je ne vous oublierais jamais',cloclo 'belles belles
belles',Richard Anthony 'j'entends siffler le train',Françoise Hardi 'tous les garçons et
les filles',Franck Alamo 'biches oh ma biche',Eddy Mitchell 'toujours un coin qui me
rappelle', et les autres. Coté anglais, les Beatles en 62 'love my do', les Rolling Stones
'satisfaction'. Coté usa, Elvis Presley, Paul Anka, les Beach Boys. Coté italie, Gigliola
Cinquetti remporte l'eurovision 1964 avec 'non hol'eta.
J’achetais et accrochais partout sur les murs de ma chambre des photos et des posters.
Ma mère me criait dessus. J’achetais la revue salut les copains.
La télévision était en noir et blanc et ne possédons qu’une chaine la RTM.
Il y passait en soirée des chansons marocaines interminables.
Moi, je la regardais le samedi soir quand il y avait des groupes de chanteurs et des
guitaristes. Mes parents aimaient bien le dimanche soir assister aux films égyptiens
parlant arabe et souvent sous titrés en français. Ces films étaient émouvants.
Une fois, j’étais allé avec un copain à la maison de la radio car il y avait une
émission de jeu ' quitte ou double' . J’avais gagné sur une série de questions.
On me remis un ticket et me priait de venir chercher mon lot le lendemain.
Une personne me tendit deux disques 45 tours, à voir mon nom sur le ticket avait
choisi des chansons de folklores israéliens. Ma mère était heureuse de les écouter.
Mon père, sa passion, c’était les voitures. Tous les ans, il changeait de modèle.
A la rue Henri Popp, il avait d’abord une Dauphine, ensuite une 4 chevaux, avec
laquelle il décida de partir en Espagne et en France en compagnie de ma mère,
Henriette sa sœur et Prosper Bencheton son mari qui était d’origine de la zone
espagnole. Ils avaient visité partout les monuments historiques d’après les photos
en diapositives que je possède. Après, il a eu une grosse Chevrolet verte claire, une
Ford Impala, une autre Ford corvette.
Il cherchait mille excuses pour sortir nous promener avec la voiture.
Tous les dimanches, on partait uniquement pour rouler et faire des kilomètres.
Il disait à ma mère: et si on allait à Casablanca voir tes sœurs Clotilde et
Henriette, et si on allait à Midelt voir ta famille, ton frère Robert et les Zenou.
Et aussi, on va voir ma sœur Esther à l’Agdal. Ils adoraient aller voir la famille.
Nous sommes restés deux ans dans cet immeuble Modoloni, rue de la Marne
avant de redéménager pour une villa dans le quartier de l’Agdal.
Les affaires de mon père marchaient bien et il avait acheté cette maison spacieuse
avec un grand jardin et de nombreuses dépendances.
Ce qui m’a permis de monter un petit atelier car j’aimais bricoler.
Cette maison se trouvait rue de Langoumois où n’habitaient que des français et
pas du tout de juifs ni marocains à cette époque.
J’allais au collège des Orangers pendant une année durant ma 6ème.
Je n’étais pas doué pour les études.
Alors mes parents décidaient de m’inscrire dans une école professionnelle de
la rue de Poitiers qui donnait en face du cimetière israélite où mon grand père
paternel est enterré. C’est ici que j’ai appris le métier d’électricité.
C’est un client à mon père qui lui a conseillé de m’inscrire dans cet établissement.
Il était prof de dessin, allait souvent à la boutique et avoir des conseils en photo.
Pour aller de l’Agdal au lycée ,il y avait quelques km ,un jour je vois mon père arriver
avec une moto de marque Flandria pour moi personnellement.
J’étais heureux ce jour là. Je n’osais pas la montrer à mes copains d’école,
pour ne pas les rendre jaloux et pour ne pas me la faire voler.
Alors je stationnais à 100 mètres de là ,dans un garage à vélos et motos,
Un petit marocain s’occupait de me la garder contre une petite pièce ,il la bichonnait
et la lavait comme si c’était à lui.
Dans ce lycée le directeur et les professeurs étaient tous français et venaient tous
de la métropole.
Dans les matières ,je n’étais pas obliger de suivre les cours en arabe car j’étais français.
Mais c’est bien dommage car aujourd’hui je regrette de ne pas parler cette jolie langue.
Pendant les cours d’arabes ,qui duraient 6 heures par semaines réparties ,mes copains
Français et moi étant obligés de quitter les cours ,on allait se promener aux alentours.
Avenue Mohamed 5 ,la médina ,le souk…On allait au café se détendre, on jouait au
flipper, le bruit et les lumières, le contact physique, le rapport de force avec la machine,
la virtuosité dont peut faire preuve un bon joueur, sont autant d’aspects qui nous ont
fait apprécier ce jeu.
Les vacances scolaires ,on avait la chance en plus d’avoir celles du ramadan car
l’école était fermée.
J’ai terminé mes études avec un certificat d’aptitude professionnelle en poche, et
ça tombait bien car en juillet ,on quittait le Maroc définitivement avec regret pour
la France. Paris.
L’exode des juifs du Maroc.
Au lendemain de l’indépendance, le courrier avec Israël fut interrompu. Les pays
arabes se sont lancés dans des initiatives visant à étouffer l’état d’Israël, tout comme le
boycott économique et l’opposition au détournement des eaux du Jourdain. Lors de la
visite au Maroc du président égyptien Gama Abdel Nasser, la police interna ceux qui se
promenaient avec la kippa. Le naufrage du bateau Pisces avec ses émigrants clandestins
au large du Détroit de Gibraltar a mis à jour la condition précaire des juifs marocains et
a suscité chez ces derniers une prise de conscience de la précarité de leur état.
Les difficultés faites aux juifs pour l’obtention d’un passeport ne firent qu’augmenter
leur inquiétude. Les autorités marocaines finiront par accepter qu’une émigration
discrète des communautés juives du Maroc se fasse.
Au cours de la première moitié des années soixante, la grande majorité des juifs
Marocains quitta à tout jamais le Maroc. Il y a eu un sentiment de libération avec
l’établissement de l’Etat d’Israël. Beaucoup voyaient dans l’émigration en Europe ou
en Amérique la possibilité d’améliorer leurs conditions socio-économiques.
Et les répercutions des conflits du Moyen Orient les ont poussés à quitter le pays.
Pour beaucoup, la renaissance de l’Etat d’Israël a constitué un évènement
marquant la fin de l’exil et de ses tourments. L’identification avec la mère patrie
judéenne ne s’est jamais estompée au cours des millénaires et la liturgie juive a
identifié le retour à Sion avec la fin de l’humiliation, la vie des juifs au Maroc a connu
de grands moments de symbiose et aussi des moments de détresse.
De nombreuses personnalités juives servirent les souverains avec loyauté, mais le petit
peuple a traversé des conditions d’humiliation difficiles. Mais la fierté ressentie avec la
renaissance de l’état hébreu a été partagée par de nombreuses communautés juives à
travers le monde sans qu’elles n’aient pour autant connu d’exode massif.
Le Maroc est l’un des rares pays arabes qui a respecté le patrimoine religieux des juifs
Marocains et qui est le seul pays arabe où il existe un musée juif.
Nous avons aménagé dans un appartement dans la proche banlieue nord de Paris.
à Aubervilliers exactement. Mais une année seulement car mes parents
n’aimaient pas Paris et le climat particulièrement.
J’ai toujours remercié mes parents de m’avoir fait apprendre un métier manuel
et d’avoir eu ce diplôme, car une fois à Paris, je n’avais jamais eu d’obstacles pour
trouver un emploi et durant toutes ces années. Comme je dis, un petit CAP c’est
suffisant pour nous ouvrir des voies.
Je devais faire des études plus longues mais je n’ai pas eu de patience et de courage.
Je n’avais plus d’amis ,ni copains mais par hasard j’ai appris qu’au centre de Paris
se réunissaient tous les juifs de Rabat et tous les samedis après midi.
C’était le café Marivaux au métro Richelieu Drouot.j'ai retrouvé des copains et amis.
J’étais heureux car j’ai revu la communauté de Rabat pendant deux ou trois ans,
ça nous donnait du baume au cœur et du courage pour affronter cette nouvelle vie.
Maintenant en l’année 1968 ,à Paris, le Maroc était derrière nous.
Où est notre passé ,nos racines ,notre enfance ,nos habitudes ,notre famille dispersée,
nos amis ,nos camarades de classe , notre ROI , on a maintenant un GENERAL.
Voyez comme on est descendu de l’échelle.
En 1968 ,ce n'était pas la joie avec le mois de mai et ses grèves ,pas de transports,
pas de travail, c’est ça la France?
Ma mère suppliait mon père pour retourner à Rabat, c'était trop tard.
C’est la guerre entre Israel et les pays Arabes . Ils vont tous nous tuer si on retourne.
Alors on a décidé de rester et la vie a continué tranquillement et paisiblement.
Mes parents étaient partis vers le sud de la France définitivement et moi aller remplir
mes obligations militaires à Saumur pour seize mois.
Je suis fier, maintenant de vivre dans ce pays de France, pays de liberté.
Pays où a combattu mon grand père paternel, Salomon Benzaken, né le 9 aout 1887
à Oran et décédé le 6 septembre 1948 à Rabat.
Je suis fier de posséder la copie de sa carte de combattant de la ' GRANDE GUERRE'
de 14-18 et une copie d’attestation d’ordre où est notifiée par Le Général Lerond,
Commandant d’Artillerie de la 6ème Armée, sous les ordres du Capitaine GauthierVillars, malgré de très sérieuses difficultés d’ordre technique, à plusieurs reprises,
le peloton a réussi à atteindre le 3 mai 1918, une pièce allemande de gros calibre dont
les tirs menaçaient la Ville de Paris. Le 13 mai 1918 signé du Général Lerond.
décerné au Sergent Benzaken Salomon .
En résumé,
Rabat,
c’est la ville où j’ai vu le jour,
c’est la ville de mon enfance,
la ville de ma bar mizvah.
J’y ai passé toute mon adolescence,
Rabat, c’est la ville de ma première cigarette,
c’est la ville de mon premier bal,
la ville de mon premier flirt.
Je ne t’oublierai jamais.
Roland Benzaken.
A mon père Henri de la haut, à ma mère Alice , mon frère et mes sœurs
qui se rappelleront de bons souvenirs.
A mes enfants et mon épouse qui ne savent pas tout de ma vie de jeunesse,
et tous ceux qui ont passé une belle enfance au Maroc.
Ecrit à Montargis octobre 2008.
PHOTOS DE FAMILLE.
Mes arrières grands parents maternels: Raphael et Lettitia Riboh.
Mon grand père maternel Moïse Riboh.1897-1953.
Ma grand-mère maternelle Zohara RibohBensamoun.1901-1972.
Mon arrière grand père paternel Moïse Benzaken.1852-1940
Mon grand père paternel Salomon Benzaken.1887-1948.
Salomon militaire en 1918.
Ma grand-mère Zahra Benzaken-Korchia.1885-1969. Avec 5 de ses 8 enfants: Esther, Moîse, Henri,
Fortunée et Annette.
Mon père Henri Benzaken.1918-1998.
Mariage de mes parents.
Ma mère Alice Benzaken-Riboh.1920
Ma mère avec ma soeur Rose.
Photo de classe.
Mon père en 1925 a 7 ans à Rabat.
Mon père à 15 ans en 1933.
Boutique de haute couture.
1ère boutique d'optic-photo
2ème boutique d'optic-photo
Moi bébé: Imma, Henri et Alice en 1949.
Mes copains d'enfance:Michel,dadou,serge,moi et michèle.
Toute la famille en 1955 et 1956 . Un dimanche en forêt à Rabat.
Picnic en forêt à Rabat en 1956.
Une journée à la plage à Rabat en 1956.
Mon anniversaire en 1958 à Rabat.
Cousins et copains du quartier.
Communion au temple.
Sur la terrasse, au fond, la Tour Hassan.
Ma communion en 1962 à Rabat. A droite le Rabbin.
Famille Zenou de Midelt.
Les deux frères Roland et Charly en 1966.
PHOTOS DU MAROC.
Le porteur d’eau.
Un verre de thé avec notre Roi Mohamed 5.
Notre four à pain.
Nos sfings.
Notre dafina et tagines.
Vue sur Salé du haut de la Tour Hassan de Rabat.
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FIN