Desserte du Chablais

Transcription

Desserte du Chablais
Mai 2012
Scénario vertueux
Pour une Desserte du Chablais efficace et alternative
Le triangle Annemasse–Genève / Thonon / A40 (Findrol) connaît de sérieuses difficultés de circulation et
cette circulation intense impacte fortement sur la qualité de vie dans ce secteur et ses abords. Actuellement,
la proposition, pour le dit « Désenclavement du Chablais », faite par le Conseil Général et l’ATMB, est
essentiellement axée sur des aménagements autoroutiers. Ces aménagements n’apporteront qu’une
solution partielle aux problèmes rencontrés et aggraveront les atteintes à la qualité de la vie et à
l’environnement, par l’augmentation des nuisances routières.
Un collectif composé d’élus, d’associations et d’acteurs économiques, s’est formé pour engager une
réflexion sur la desserte du Chablais et l’augmentation du trafic dans le triangle Annemasse–Genève /
Thonon / A40 (Findrol) et ses abords. L’objectif de ce collectif est de proposer des solutions qui
permettraient de répondre de manière plus équitable, plus respectueuse et plus efficace à l’ensemble
des enjeux liés à la mobilité, qu’ils soient économiques, sociaux ou environnementaux, dans l’intérêt
commun.
Le réseau routier ne cesse de s’étendre, pourtant les problèmes s’aggravent…
•
Une solution purement routière pour la desserte du Chablais ne résorbera pas la congestion, par
contre elle déplacera les ralentissements en fluidifiant certains secteurs, côté Chablais, mais
aggravera l’engorgement autour d’Annemasse et de Genève, où les axes, dont l’autoroute A40,
atteignent déjà leur limite de capacité aux heures de pointe.
•
La construction d’un itinéraire plus rapide incitera davantage de personnes à allonger les distances
parcourues entre leur domicile et leur travail. Ceci est une réalité que l’on constate depuis des
décennies autour du bassin d’emploi Genevois, avec, pour chaque amélioration des
infrastructures routières une augmentation de la circulation globale.
•
Une nouvelle voie rapide, ou autoroute, accentuera la pression immobilière dans les territoires
desservis, qui se traduira par une augmentation inévitable, d’une part, des prix de l’immobilier et,
d’autre part, de la consommation d’espaces naturels et agricoles.
Pourquoi préconiser une solution multi-modale ?
•
La précarité grandissante face au renchérissement du prix des carburants exige que les modes
alternatifs à la voiture fassent également partie des solutions proposées. L’autoroute à péage
proposée, par le Conseil Général pour le « Désenclavement du Chablais » et le projet de péage
urbain à Genève provoqueront une augmentation supplémentaire des coûts automobiles,
confirmant d’autant plus le besoin de proposer une offre alternative.
•
Les transports en commun offrent une solution moins onéreuse pour les déplacements et sont un
vecteur de cohésion sociale.
•
La qualité de l’air en dégradation sensible dans l’ensemble de la Haute-Savoie impose de stopper
l’augmentation des capacités routières, augmentation qui ne fera qu’aggraver la situation. Il en est
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de même pour les émissions de gaz à effet de serre « climaticides », qui doivent être réduites et
non pas favorisées.
•
La disparition de terres naturelles et agricoles en Haute-Savoie, au profit de projets immobiliers ou
d’infrastructures inadéquats aux besoins actuels, doit être combattue, pour permettre à l’agriculture
locale et à la biodiversité de perdurer.
•
La diminution des financements publics exige que les investissements soient attribués avec
discernement, dans l’intérêt commun.
•
La croissance fulgurante de la fréquentation de la ligne ferroviaire Evian–Annemasse–Genève
(+25% par an depuis 2004) démontre que les citoyens sont à la recherche d’alternatives à la
voiture. De même, la forte fréquentation des bus Thonon–Genève et Thonon-Annemasse et le
succès des navettes lacustres entre les rives du lac Léman abondent dans ce sens.
•
L’augmentation de la fréquentation touristique dans le Chablais est témoin d’un engouement pour
un tourisme « nature » et la recherche de la tranquillité, autorisés justement par l’absence d’axes
routiers importants.
Quels points noirs à améliorer ?
•
Le temps de parcours, en particulier pour les très nombreux actifs qui travaillent à Annemasse ou
Genève.
•
L’accidentologie élevée sur certains axes.
•
L’accès à la mobilité à tous et pas uniquement aux détenteurs d’automobiles. 11% des foyers en
Haute-Savoie ne sont pas équipés de voiture et 47% des foyers n’en ont qu’une.
•
La vitesse commerciale des bus piégés dans la circulation automobile.
•
La lisibilité et la coordination des transports en commun, proposés par de multiples acteurs des
transports.
•
L’offre en transports en commun et les importants besoins non satisfaits.
•
La continuité des aménagements cyclistes sur des axes où la vitesse et la densité de la circulation
sont importantes et dissuasives pour l’utilisation du vélo.
•
La continuité des cheminements piétons et la signalisation pour favoriser la marche à pied.
Solutions préconisées
Routes
•
Aménagement et sécurisation de l’itinéraire existant, pour les automobilistes, mais surtout pour les
piétons et cyclistes, en particulier dans les traversées de villes et villages.
•
Création de zones 30, afin de favoriser les modes de déplacements doux.
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•
Réduction des nuisances automobiles avec la création de protections phoniques.
•
Développement du covoiturage pour les trajets domicile-travail avec une offre de parkings relais en
différents points stratégiques, afin d’accompagner et d’officialiser une pratique qui prend de
l’ampleur.
•
Développement de systèmes de mobilité innovants pour favoriser le covoiturage instantané (avec
logiciel smartphone) ou l’autostop organisé et sécurisé, solution hybride entre le covoiturage et
l’auto-stop (« RezoPouce »).
•
Si une 2x2 voies devait tout de même voir le jour pour la desserte du Chablais, il faudrait
impérativement qu’une voie dans chaque sens soit consacrée aux transports publics, afin
d’augmenter leur vitesse commerciale et d’inciter davantage d’automobilistes à utiliser les
transports en communs.
Modes doux
Plus de 50% de nos déplacements concernent des distances de moins de 5 km, sur lesquelles une meilleure
utilisation du vélo et de la marche est tout à fait pertinente. La part modale du vélo est de moins de 3% et il
est envisageable, en faisant preuve d’une vraie volonté politique en faveur de ce mode, de passer à une part
modale de 12 à 15%, puisque dans le Chablais, les 2/3 des flux sont internes au Chablais. Un des freins à
l’utilisation du vélo ou de la marche est la dangerosité des routes, perçue ou réelle, pour ces usagers
vulnérables.
•
Proposer, aux abords des gares et des arrêts de transports en commun, des parcs de
stationnement vélos pratiques, visibles, couverts et sécurisés si possible.
•
Proposer plus de parcs de stationnement vélos à proximité des écoles, équipements sportifs,
commerces, administrations…
•
Renforcer la signalétique pour l’accès aux points importants, à vélo ou à pied.
•
Prévoir des itinéraires cyclables et piétons continus et sécurisés dans les parties les plus chargées
et accidentogènes du réseau routier et ajouter des bandes de roulement pour les cyclistes sur tous
les autres itinéraires.
•
Subventionner l’acquisition de Vélos à Assistance Electrique (VAE).
Transports en Commun (TC)
L’offre actuelle est trop maigre et les liaisons existantes vers Genève en TC sont prises d’assaut. Cette offre
est insuffisante ou inexistante dans certains secteurs et les fréquences laissent souvent à désirer.
•
Créer une véritable Autorité Organisatrice des Transports unique pour tout le territoire, ou encore
mieux, pour l’ensemble de la Région Rhône-Alpes, afin d’unifier l’offre, de la rendre plus lisible et,
surtout, de coordonner les itinéraires, les horaires, l’information et les tarifs, sur tout le réseau,
quel que soit l'opérateur de TER, de bus, de car ou de transport à la demande.
•
Créer des aménagements pour améliorer la vitesse de circulation des bus, en commençant par les
intersections (feux ou ronds-points), afin de limiter leur temps d’attente et en créant, si possible,
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des voies réservées aux points les plus congestionnés et en donnant systématiquement priorité
aux transports en commun.
•
Proposer une voie dédiée aux bus sur l’autoroute A40, voire transformer la Bande d’Arrêt
d’Urgence en Voie Réservée pour les transports en commun.
•
A court terme, augmenter de façon volontariste la fréquence des trains sur la ligne Evian–Genève
et, à moyen et long terme, améliorer cette ligne.
•
Accélérer la réalisation et le financement du maillon manquant du CEVA (Cornavin–Eaux-Vives –
Annemasse), en y affectant une part significative des « fonds frontaliers ».
•
Favoriser le « désenclavement » par l’Est, avec la réouverture de la ligne Evian–Frontière Suisse
et son réseau ferré (ligne du Tonkin).
•
Optimiser l’intermodalité entre les transports en commun et les autres modes de transports (vélo,
voiture, bus) et créer des pôles multimodaux en des points stratégiques du territoire.
•
Augmenter l’offre en proposant des services de bus pour un meilleur maillage du territoire, en
particulier entre le Haut et le Bas Chablais et entre le Chablais et la Vallée de l’Arve.
•
Prévoir la desserte des sites touristiques (Yvoire, Léman, stations de ski du Haut Chablais, Vallée
Verte).
•
Pour une desserte aussi large que possible du territoire, proposer une offre de Transport à la
Demande, système entre le bus et le taxi, sur réservation.
Politiques publiques
•
Faire pression sur le Canton de Genève pour qu’il revoie sa politique de logements. Cette pénurie
d’habitations abordables provoque une forte migration des citoyens suisses vers la France voisine,
à une distance de plus en plus lointaine de la ville de Genève.
•
Inciter les collectivités et les entreprises à revoir leurs politiques de stationnement. Le choix d’un
mode de transport est souvent dépendant de la disponibilité de stationnement à destination, en
particulier pour les liaisons domicile-travail.
•
Imposer la mise en place des Plans de Déplacements d’Entreprises (PDE) et de Plans de
Déplacements Inter-Entreprises (PDIE).
•
Inciter les collectivités et les entreprises à aménager, individuellement ou collectivement, les
horaires de travail pour éviter les pics de circulation et encourager le télétravail et les vidéoconférences.
•
Faire pression sur les municipalités pour qu’elles appliquent la loi Grenelle 2 qui instaure
l’obligation de maîtriser l’étalement urbain et pour qu’elles limitent au maximum les constructions
très éloignées des axes possibles de transports en commun.
•
Orienter les subventions accordées aujourd’hui à l’automobile et aux carburants fossiles vers les
modes de déplacements doux et collectifs.
Groupe de travail constitué de plusieurs associations emmenées par la FRAPNA Haute-Savoie,
d’élus des communes de Bonne et de Craves-Sales et d’agriculteurs. [email protected]
C/O FRAPNA Haute-Savoie, PAE de Pré-Mairy, 84 route du Viéran, 74370 Pringy
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