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8 dossier la journée banale d’une géolocalisée Convaincue qu’elle est capable de maîtriser les sollicitations publicitaires et d’accepter ce qui lui correspond, elle est prête à acheter via son téléphone même si elle entend dire que la sécurité des transactions sur les mobiles est faible Géolocalisation: les marques nous appâtent APRÈS LES VOITURES, CE SONT MAINTENANT LES TÉLÉPHONES SONT ÉQUIPÉS EN MASSE DE PUCES GPS PERMETTANT DE LOCALISER LES UTILISATEURS. LES NOUVELLES APPLICATIONS BASÉES SUR CETTE GÉOLOCALISATION SE DÉVELOPPENT TRÈS RAPIDEMENT. EXEMPLES ET EXPLICATIONS DANS LE DOSSIER DE CE MOIS. tractifs situés le long de ses promenades et consulter les avis des autres mobinautes, etc. C’est tellement pratique quand on a une vie urbaine ! En discutant avec les commerçants, Pauline s’étonne toujours de voir leurs mines embarrassées alors qu’elle leur explique qu’ils ne sont pas référencés sur Tripadvisor ou qu’elle a été guidée jusqu’ici par les avis géolocalisés des internautes. Une question de culture, peut-être ? Depuis peu, Pauline a découvert Foursquare, l’application mobile qui “fait le buzz”. Des amis lui ont conseillé ce service géo-social qui lui permet de déclarer volontairement à sa communauté où elle se trouve et d’afficher sa fidélité envers ses établissements et commerces préférés. Au début, la jeune femme trouvait futile d’indiquer son parcours quotidien, tel un petit poucet dont les miettes de pain seraient devenues des données numériques géo-référencées. Jusqu’au jour où son bar fétiche (avec lequel elle est aussi en lien sur Facebook) a créé un compte sur Foursquare. En devenant la plus fidèle cliente de ce bar sur Foursquare, Pauline s’est vue offrir des boissons et des tapas. Elle a fini par y attirer nombre de ses connaissances sur les réseaux sociaux, son directeur com- © airportraitr - istockphoto.com PORTABLES QUI Voilà maintenant six mois que Pauline s’est équipée d’un smartphone, téléphone portable de nouvelle génération. Elle veut être à la page et a pris goût à consommer à haute dose le web, les réseaux sociaux, la vidéo à la demande. Comme ses amis et ses collègues. Pauline envisageait depuis longtemps un outil nomade lui permettant de tout faire : téléphoner, écouter de la musique, lire ses mails, réagir aux messages et avis de sa communauté, être conseillée pour des restaurants, consulter en dernière minute des agendas culturels, faire jouer son petit dernier à un jeu vidéo lorsqu’il s’agite dans les transports en commun… Par effet d’entraînement et parce que c’est pratique, la jeune mère de famille a fini par autoriser son téléphone et les applications qu’elle y charge à localiser en temps réel l’endroit où elle se trouve grâce à la puce GPS intégrée. Le gain de temps ainsi que la dimension sociale et ludique offerts par ces nouveaux services mobiles basés sur la géolocalisation l’épatent. Pauline a l’embarras du choix car les applications sont nombreuses : Aka Aki pour retrouver des “amis” dans le quartier qu’elle est en train de traverser ; dismoiou pour localiser des lieux at- pris. Sa chaîne de pizza préférée lui a récemment proposé les mêmes avantages et le pizzaïolo lui a avoué qu’en Europe, l’enseigne avait augmenté ses revenus de 30% grâce aux nouveaux services de géolocalisation et de fidélisation du web social. Un jour, Pauline a changé de centre commercial. Ses “amis” de Facebook lui avaient appris que la concurrence venait de créer une application de géolocalisation “en intérieur” permettant de trouver les meilleures promotions en un clin d’œil dans le labyrinthe des rayons. Depuis, les plus grandes enseignes lui proposent des coupons de réduction lorsqu’elle passe à proximité d’une succursale. Finalement, Pauline se dit qu’internet n’a plus rien de virtuel s’il sert à ce point le marketing et les activités dans le réel. Pauline est effarée par la présence exponentielle de la publicité. Elle est de nature prudente, Mais elle n’est pas dupe : elle sait que ces services lui sont proposés pour la pousser à consommer. Cependant, ils lui confèrent une impression de contrôle, de modernité, de découverte et d’économie de son temps. Convaincue qu’elle est capable de maîtriser les sollicitations publicitaires et d’accepter ce qui lui correspond, elle est prête à acheter via son téléphone même si elle entend dire que la sécurité des transactions sur les mobiles est faible. En y ré- fléchissant bien, Pauline songe qu’il serait tout de même intéressant d’être récompensée dans les établissements publics et associatifs qu’elle affectionne. Comme le musée d’histoire naturelle, le théâtre et le parc aquatique où elle emmène régulièrement son fils. Et rien, hormis la culture numérique et l’âge de la clientèle, n’empêche selon elle les établissements et commerces locaux d’être présents sur ces canaux de communication. Il paraît qu’aux USA le musée de Brooklyn propose des abonnements annuels gratuits via Foursquare. Alors, pourquoi pas ici ? Récit imaginé par Antoine Chotard 9 10 dossier géolocalisation : les marques nous appâtent 20 grands utilisateurs de la géolocalisation NOUS AVONS SÉLECTIONNÉ 20 SERVICES EMBLÉMATIQUES UTILISANT LA GÉOLOCALISATION SUR LES TÉLÉPHONES DERNIÈRE GÉNÉRATION. JEU, FIDÉLISATION, COMMERCE, RÉGIE PUBLICITAIRE, VOICI LE PANORAMA DE LEURS FONCTIONS. 11 12 dossier géolocalisation : les marques nous appâtent Photo AEC Foursquare : le témoignage d’une pionnière ISABELLE BREZZO VEND DES CHOCOLATS LEONIDAS DANS LE CENTRE-VILLE DE BORDEAUX. GRÂCE À FOURSQUARE, ELLE AUGMENTE LA VISIBILITÉ DE SON MAGASIN ET FIDÉLISE SES CLIENTS EN LEUR PROPOSANT DES OFFRES PROMOTIONNELLES. Comment fonctionne Foursquare ? Foursquare est un outil de réseau social, de jeu et de microblogging sur le web, surtout utilisé via les téléphones mobiles de nouvelles générations équipés d’une puce GPS. Le jeu consiste pour l’utilisateur à signaler sa position à partir d’une liste de lieux ou établissements proches de lui et enregistrés sur Foursquare. Cette information devient visible sur une carte, en temps réel, par la communauté des utilisateurs. Ce système de “check-in” (signalement) généralisé offre des possibilités de contacts entre les utilisateurs de Foursquare. Il permet d’obtenir des récompenses honorifiques comme des badges ou financières avec des réductions, des bons d’achat ou des offres promotionnelles. Foursquare attire à ce jour 3 millions d’utilisateurs. http://foursquare.com/ « Accroc de Foursquare, que j’aborde comme un jeu sur mon téléphone mobile, j’en ai rapidement perçu les opportunités pour mon magasin de chocolat en termes de communication et de marketing. « L’enseigne Leonidas, au plan national, n’est pas très offensive sur le plan publicitaire. Elle ne communique pas beaucoup sur ses nouveautés ou son savoir-faire traditionnel. De mon côté, je n’ai pas les moyens d’engager une campagne de promotion à grande échelle pour ma boutique bordelaise qui n’est pas située sur une artère très commerçante. « Le fait qu’elle apparaisse sur Foursquare lui permet, a minima, d’être vue par les utilisateurs. Cela peut les inciter à venir découvrir mon univers gourmand et à signaler, sur Foursquare, leur présence dans la boutique. Je gagne alors des nouveaux clients et, dans un mécanisme naturel, ces derniers assurent la promotion de mon enseigne en faisant savoir à la communauté qu’ils sont venus chez moi. C’est le principe de la recommandation. « Autre avantage de Foursquare pour un commerce de proximité comme le mien : le retour client. Les utilisateurs ont la possibilité de laisser des commentaires sur les lieux où ils se sont signalés. C’est un contact direct avec le consommateur qui peut s’avérer très utile. « Voilà pour l’aspect communication. C’est sur le plan marketing que Foursquare est, à mon sens, un outil très puissant. Car il permet de fidéliser le client par des offres promotionnelles ciblées. Elles dépendent du nombre de fois où l’utilisateur a signalé le magasin sur la plateforme : par exemple, pour 10 signalements (les “check-in”, ndlr), j’offre une dégustation de chocolat ; pour 30 check-in, j’offre un bon de réduction ; la personne qui a signalé le plus souvent sa présence dans la boutique gagne 150 grammes de chocolat, etc. C’est la forme moderne des cartes de fidélité. « L’utilisateur découvre l’offre sur son téléphone mobile, au moment même où il signale son passage devant ou dans la boutique. Grâce à une plateforme d’administration, Foursquare me permet de paramétrer mes démarches promotionnelles comme je le souhaite et de les modifier à tout moment. Elle me donne aussi des outils statistiques pour analyser l’activité autour de ma boutique. « Bien sûr, je ne suis pas naïve : je ne vais pas gagner de l’argent tout de suite grâce à Foursquare. Mais au moins je donne l’image d’une enseigne jeune, dynamique, innovante. Et tout cela pour pas un sou car la présence de mon magasin sur Foursquare est gratuite. » propos recueillis par s.g. Isabelle Brezzo: « C’est sur le plan marketing que Foursquare est, à mon sens, un outil très puissant. Car il permet de fidéliser le client par des offres promotionnelles ciblées. » SEPT RÈGLES JURIDIQUES AUTOUR DE LA GÉOLOCALISATION La géolocalisation d’un utilisateur à des fins de marketing ne peut se faire sans un accord préalable. C’est l’une des sept règles à connaître. Juridiquement, une géolocalisation constitue un traitement de données à caractère personnel, au sens de la loi “Informatique et libertés”. Un prestataire de service utilisant la géolocalisation devra respecter la loi et notamment veiller à : 1. recueillir le consentement de la per- sonne concernée pour chaque opération de géolocalisation et chaque communication de proposition commerciale ; 2. informer l’utilisateur sur la finalité du traitement de ses données de localisation ; 3. l’informer clairement de la possible réutilisation de ses données de localisation à des fins de marketing ciblé ; 4. réutiliser les données de géolocalisation uniquement pour l’usage pour lequel le consentement de l’utilisateur a été recueilli ; 5. garantir ses droits d’accès, de rectification et d’opposition quant à l’utilisation des données de localisation ; 6. permettre à l’utilisateur de renon- cer, à tout moment et gratuitement, à son consentement à être géolocalisé ainsi qu’au stockage de ses données de localisation ; 7. garantir la sécurité et la confidentialité des données stockées et notamment veiller à ce que des tiers non autorisés ne puissent y accéder. Par ailleurs, préalablement à sa mise en œuvre, le système de traitement de données de localisation collectées et traitées devra faire l’objet d’une déclaration auprès de la CNIL. [email protected] 13 14 dossier géolocalisation : les marques nous appâtent Après le e-commerce… voici le m-commerce LE COMMERCE SUR LES TÉLÉPHONES PORTABLES, C’EST LE M-COMMERCE. QUI UTILISE BIEN SÛR LA GÉOLOCALISATION, COMME L’EXPLIQUE LAURENT BOURGUITTEAU-GUIARD. Le e-commerce, c’est le commerce sur internet. Aujourd’hui, sur les téléphones portable, se développe le m-commerce. La société girondine Snapp’ (ex Business Anywhere) s’est justement spécialisée dans les services facilitant ce commerce via les portables. En pleine croissance, elle vient de réaliser une levée de fonds de 1,3 M€. Et pour Laurent B Bourgitteau-Guiard, directeur général de Snapp’, la géolocalisation représente un bouleversement stratégique pour les m marques. Photo : © AEC Une application avec géolocalisation présente-elle un réel avantage concurrentiel pour les marques ? que « Il y a six mois, nos clients étaient frileux à l’idée de propoéta ser des fonctionnalités de géose localisation dans leurs applilo ccations mobiles. Aujourd’hui, iils la veulent dès la première vversion, bien conscients que les pionniers du e-commerce le sse retrouvent aujourd’hui bien placés sur les écrans d’accueil p des smartphones. » d Selon vous, la géolocalisation va donc de paire avec le tio commerce sur mobile ? co « Elle va peu à peu intégrer la maje majeure partie des services mobiles pour devenir incontournable. Aujourd Aujourd’hui, nos clients recherchent des fonc fonctions permettant une fidélisation. No Nous proposons une application L. Bourgitteau-Guiard : « La géolocalisation va peu à peu intégrer la majeure partie des services mobiles pour devenir incontournable. » progression du m-commerce entre 2010 et 2009, de l’ordre de 50%, devrait se maintenir jusqu’à 2014. Comment la géolocalisation sur mobile impacte-t-elle concrètement les pratiques d’achat ? « Il faut d’abord préciser que la grande majorité des possesseurs d’iPhone déclare accepter spontanément d’être localisés lorsqu’une application leur en demande l’autorisation. Il est loin le temps où l’on pensait que jamais personne ne l’accepterait. De plus, les habitudes du paiement par mobile s’affirment : selon Médiamétrie et l’Association française du multimédia mobile, près de la moitié des utilisateurs de téléphone mobile accédant à internet ont déjà effectué un paiement via leur téléphone, en dehors des applications payantes. « La grande tendance est d’aller vers toujours plus de “contextware”, c’est-àdire des services répondant aux besoins combinés du qui-je-suis, où-je-suis et ce-que-je-fais-en-ce-moment. C’est en prenant en compte ces trois axes que l’on peut déployer aujourd’hui un service à grande valeur ajoutée. Cela renforce deux pratiques chez le client : le retour au magasin, quand le mobinaute est attiré par des offres personnalisées in-situ, et l’augmentation du montant du panier d’achat moyen. Enfin, cela permet à nos clients de minimiser le coût des campagnes de communication et d’écouler de façon optimisée des offres promotionnelles. Les applicatifs de géolocalisation ont permis de constituer depuis près de cinq ans des bases de données comportementales anonymes. Elles représentent un patrimoine pour inventer de futurs outils performants et innovants. » propos recueillis par a.c. www.snapp.fr et [email protected] SELON ISUPPLY, 80% DES TÉLÉPHONES PORTABLES ET 42 % DES CONSOLES PORTABLES SERONT FIN 2011 ÉQUIPÉS D’UNE PUCE GPS. Géolocalisés à l’intérieur comme à l’extérieur Exemple de campagne agne marketing mobile pour Bizzbee, marque de vêtement. sur ce principe pour Bizzbee, marque de vêtement pour adolescents. La géolocalisation permet de distribuer par le téléphone des coupons de réductions et autres offres promotionnelles de manière sécurisée et sous forme de tags 2D scannables dans la succursale d’une grande enseigne. Autre exemple, Nespresso gagne 70 000 € par jour via son application iPhone et 70% de ces m-paiements sont effectués en France. Le cabinet Gartner annonçait récemment que le m-commerce prendrait le pas sur l’e-commerce dans un futur plus proche que l’on ne pense. La À l’avenir, la géolocalisation sera aussi indoor (pour intérieur). Avec nos mobiles, ordinateurs ou consoles de jeu portables, nous serons guidés dans des lieux comme les aéroports, les centres commerciaux, les musées, les zones d’activités économiques ou encore les salons. Y sera sans doute associée une communication publicitaire, culturelle, pratique ou ludique. Cette forme approfondie de géolocalisation peut résulter de différents partis-pris technologiques. Elle peut par exemple combiner les technologies de localisation de satellites (GPS et bientôt Galileo) à celle des réseaux télécoms sans fil comme le WiFi et bientôt l’UWB (Ultra WideBand). Le très pointu Institut de Technologie du Massachussetts (MIT) vient de mettre en place une solution de géolocalisation basée sur des ultra-sons perçus par le téléphone mais inaudibles par l’humain. Mais cette solution implique l’installation d’émetteurs dans les locaux. L’entreprise française la plus avancée dans ce domaine semble être PoleStar, une société toulousaine remarquée au LE POINT TECHNIQUE La géolocalisation s’effectue par triangulation en repérant, outre le signal satellite, les réseaux WiFi à proximité ou en analysant les identifiants de l’antenne GSM à laquelle le téléphone se connecte. dernier Google TechTalks avec sa solution Nao Campus® disponible sur les mobiles équipés d’Androïd, le système d’exploitation mobile de Google. En Aquitaine, la société bordelaise Libéo s’appuie sur une géolocalisation associée à la reconnaissance de formes ou de couleurs. Selon son directeur Phillipe Moreau, il est « primordial pour les entreprises qui souhaitent se faire une place dans le marché des services mobiles géolocalisés, de proposer des solutions alternatives de déclenchement d’informations lors du passage d’un mobinaute, pour une finalité commerciale autant que culturelle et touristique. « Qu’elle soit réalisée avec une géolocalisation GPS, par les signaux Wifi, l’im- portant est qu’une application fournisse une information d’hyper-proximité apportant une vraie valeur ajoutée, poursuit-il. Nous sommes actuellement en phase de recherche pour identifier d’autres sources de déclenchement comme l’interception d’un signal infrarouge ou de la RFID. » La Radio Frequency IDentification utilise des radio-étiquettes composées d’une puce contenant un identifiant et d’une antenne. Elles peuvent être collées voire implantées dans un organisme vivant. Selon un principe similaire, le prochain iPhone pourrait intégrer des puces NFC permettant des échanges d’infos sans fil à une distance de 10 cm. NFC signifie Near Field Communication soit communication en champ proche. a.c. PUB + GÉOLOCALISATION = 1,6 MILLIARDS D’EUROS Selon Gartner, en 2009, le marché de la publicité associé à la géolocalisation pesait plus de 2 milliards de dollars (1,6 milliards d’euros), soit plus du double qu’en 2008. Il est principalement tiré par l’Amérique du Nord et l’Asie. Sur la même période, l’Europe de l’Ouest est passée de 69,5 millions de dollars à 303,5 millions en 2009. • ABI Research estime que le marché de la publicité géolocalisée représentera 1,8 milliards de dollars en 2015 aux USA. • Cet été, Domino’s Pizza a déclaré une augmentation de 29% de son chiffre d’affaires grâce à ses campagnes de promotion et de fidélisation sur les réseaux sociaux (surtout sur Foursquare) qui permettent à ses clients de bénéficier de réductions dans toutes ses succursales du Royaume-Uni. Un chiffre à considérer avec précaution mais qui conforte bien l’élan et la confiance des grandes enseignes envers les services marketing basés sur la géolocalisation et l’hyperlocal. 15