DERRIDA / ARTAUD La parole soufflée… passionnément La voix
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DERRIDA / ARTAUD La parole soufflée… passionnément La voix
DERRIDA / ARTAUD La parole soufflée… passionnément La voix de la femme est une nudité ( TALMUD) IL faut lire Artaud avec sa voix, avec le spectre, le fantôme de sa voix qu’on doit garder dans l’oreille. ( J. DERRIDA) (A.ARTAUD)) Alors que j’écris je ne suis plus personne que la personne en qui sonne la voix Un texte de J.C. Bailly – qui accompagne une édition CD des deux enregistrements archives de la voix d’Antonin Artaud s’intitule : L’infini dehors de la voix.1 Voix hors du sens où se filent des métaphores hors de l’asservissement.2 La voix d’Artaud .. du lointain de mon enfance je l’entends. C’était en 1954 , j’étais alité pour une maladie préoccupante. J’écoutais un petit poste radio ,compagnon de les angoisses. Ce fût dans le même temps ,sinon le même jour que j’entendis l’annonce de la mort de Staline et cette étrange invite : « C’est Antonin Artaud qui vous parle. » Et j’entendis : on écoute « La recherche de la fécalité » extrait de « Pour en finir avec le jugement de Dieu ». enregistré par Artaud en Novembre 1947. J.C. Bailly dit que la voix a valeur d’événement. Tous ceux qui ont connu A.Artaud –surtout entre 1946 et 1948 furent fascinés par cette voix qui eut une expression publique le 13 Janvier 1947 : « histoire vécue d’Artaud le momo »,(théâtre du vieux colombier) et fût conservée dans les archives de l’ORTF depuid 1947 après l’interdiction de diffusion sur les ondes de ce qui se nommait :Pour en finir avec le jugement de Dieu. Certains happy fews purent être les témoins de ce que H.Thomas nommait les « essais de langues » lorsqu’en 1946 Artaud trouva accueil dans la clinique d’Ivry. Le docteur Achille Delmas lui avait fourni un billot de bois où avec un marteau ou une hache il scandait ses incantations plus savamment nommées glossolalies . Déjà en 1925 il avait écrit (dans le Pèse Nerf) : « J’ai la pestilence de l’âme dans mes nerfs. ». En 1946 Alfred Kern ,visiteur d’Ivry parle de « coups de sondes ou de boutoirs donnés dans tous les sens possibles du hasard et de la destinée. » et aussi de « ruts du cerveau. » 1 Posons quelques rapides repéres ( terme équivoque ! )dans la biographie d’A.Artaud -né en 1896 d’un père capitaine au long court et d’une mère issue de riches commerçants de Smyrne. - enfance et adolescence marqués par des troubles nerveux, des états douloureux, des dépressions. -1920 : Paris ,rejoint le groupe des surréalistes, s’engage dans une carrière d’acteur ,de théâtre avec Dullin et au cinéma avec Abel Gance. 1 Editions André Dimanche,1995. Sont associés 4 CD où on entend la voix d’Artaud. 2 J. Nassif ,l’écrit, la voix , Aubier,2004 1 -1924 :célèbre correspondance avec Jacques Rivière : il se dit atteint « d’une effroyable maladie de l’esprit » er d’un « effondrement central de l’être » - Co-fonde le théâtre Alfred Jarry, publie en1932 « le thèatre de la cruautè », écrit « Héliogabale » et « Les Cenci » en 1935 qui est un échec .Son livre le plus célèbre « le théâtre et son double » paraîtra en en 1938. Michel Demangeat dans un article de 1995 3 consacré à A. Artaud pose l’échec des « Cenci » et la rupture du projet de mariage avec Cécile Shramme comme facteurs décisifs du déclenchement de la période aigue psychotique où « ça flambe » - 1936 : voyage au Mexique, s’initie chez les Tahahumaras au rite du Peyotl. - Septembre 1937, voyage en Irlande ; harangue la foule avec la soi- disant canne de St Patrick. - Interné fin 1937, St Anne où il rencontre jacques Lacan puis hopital psychiatique de VilleEvrard où il séjourne jusqu’en 1943. On note qu’il est atteint de graphorrèe . - Grace à Desnos, à Breton, il est transféré à Rodez où Gaston Ferdière est médecin chef. - Reprend progressivement son écriture littéraire après quelques électrochocs. - 1946, transfert en service libre à la clinique d’Ivry où il meurt le 4Mars 1948 probalement d’un surdosage de Laudanum ; quelques semaines auparavant on lui avait découvert un cancer du rectum. LA VOIX D’ARTAUD : pourquoi nous affecte elle ? ? Elle porte plainte, elle vocifère, elle supplie, elle attaque et insulte en particulier la médecine et la psychiatrie. Sheila Concari écrit en 2004 : « cramponnée à la vérité la plus saisissante la voix d’Artaud sent la mort, sent sa mort. Elle appelle une aide impossible et s’élève comme le cri d’un torturé. » On a beaucoup reproché à Ferdiére de lui avoir administré des EC : une dizaine selon lui, Artaud dira 50. Paule Thévenin 4 raconte : « Artaud en voulait à Ferdière de n’avoir pas admis que que soit un véritable travail (thérapeutique ?) son système de souffle et de chantonnements, et aussi de cris. » on doit rappeler que Ferdiére réamorcera le désir d’écriture d’Artaud en lui proposant une traduction de Lewis Carrol et en favorisant qu’il puisse dessiner. RENCONTRE d’ARTAUD par DERRIDA. Ce fût à partir de la lecture de l’œuvre écrite et dessinée puisqu’Artaud est mort en 1948, Derrida avait alors 18 ans. Cinq textes principaux concernant Artaud sont publiés entre 1965 et 20 , trois d’entre eux ont été réunis dans le livre l’écriture et la différence (1967). 1 La parole soufflée, 19655 . S’appuyant sur le théâtre et son double il souligne l’hostilité d’Artaud contre un théâtre où domine un discours parlé, on peut dire bavard.6Il revendique que l’acteur se laisse 3 M ; Demangeat : Artaud entre mythe et folie, la poïétique des années 1936-1937,cahiers du prisme, 1995. 4 Paule Thévenin ,Artaud dans la vie, Tel Quel, 20,1965. 5 Revue Tel quel no 20 6 Je renvois au texte Le bavard de Louis René des Forêts (1946) bien étudié par J, Nassif in La voix ,l’écrit, Aubier 2 souffler par des actes phoniques intempestifs soufflés d’ailleurs. Derrida souligne ainsi la nécessité d’un paradoxe fécond :pour que la parole ne soit pas dérobée, volée, assujettie par un discours convenu il est préférable qu’elle soit soufflée par de l’intempestif fût il hallucinatoire. Il écrit : « On réveillera donc l’onomatopée, le geste qui dort dans toute parole classique ,la sonorité, l’intonation, l’intensité . » Il met donc l’accent— et c’est la première expression d’une constante préoccupation- sur la volonté d’Artaud d’inventer une scène d’élocution, de profération, où se mêlent a volo de nombreuses expressions langagières ; dont la voix qui donne rythmes et scansions à l’inter locution. Citation du Théâtre de la cruauté ( 1933) : « Le chevauchement des images et des mouvements aboutira ,par des collusions d’objets, de silences ,de cris et de rythmes à la création d’un véritable langage physique à base de signes et non plus de mots. » Mais le danger- qui prendra toute son acuité par les envoutements - demeure permanent d’un détroussement de la parole au bénéfice d’un logos abusivement ordonné. Difficultés avec la psychanalyse , cela apparaît très vite chez Derrida. Rappelons qu’Artaud dans les années 1920 a tenté de commencer une analyse avec René Allendy . Derrida souligne dans ce premier article une de ses hantises fondamentales : « Dieu m’a volé ma naissance. » 2 En 1966 « Freud et la scène de l’écriture »7pose les jalons essentiels de la philosophie de Derrida en lien mais en diffèrance avec la psychanalyse. Il prend appui sur la conception Freudienne du frayage ( dans l’Esquisse) pour valoriser le lien entre processus d’individuation et production de traces(de traits) et se trouve alors très à proximité de la pensée de Lacan. Il écrit : « Il faut penser la vie comme trace avant de déterminer l’être comme présence » … « C’est pourquoi il faut entendre originaire sous rature faute de quoi on dériverait la différence d’une origine pleine. C’est la non origine qui est originaire. »Là encore résonne aussi avec son amplitude délirante un fantasme récurrent d’ Artaud : « Moi Antonin Artaud , je suis mon fils, mon père, ma mère et moi »8. Derrida ajoute- et c’est important- : « Le cheminement de la trace.. pour s’inscrire violemment dans la nature, une matrice, doit s’effectuer à la pointe sèche. »… « nous ne sommes écrits qu’en écrivant. » 3 Cette même année 1966 Derrida publie : « Le théâtre de la cruauté et la clôture de la représentation. » 9où il critique à nouveau une conception de la parole confondue avec le logos, texte phonétique, discours bavard et tyrannique .Le théâtre de la cruauté pulvérise la clôture du système idéique de représentation c’est -écrit il- « la manifestation de la vie en son affleurement premier . » .. « Un geste fait ne se recommence pas deux fois. ».. « Le théâtre comme répétition de ce qui ne se répète pas, répétition originaire de la différance..dans son espace de jeu.. ».. « Ce jeu est la cruauté comme unité de la nécessité et du hasard.. » Nous reviendrons sur une corrélation possible avec le Fort-Da Freudien. 7 Revue Tel Quel no 26 8 In Ci- Gît,1948 9 Revue Critique 3 4 En 1967 Derrida publie un de ses livres des plus importants : La voix et le phénoméne où il ouvre un débat avec la phénoménologie de Husserl. Il analyse la scène de la conscience de soi comme un entrelacs langagier finalement assez peu accessible à une réduction. Au contraire, dit il, vouloir se percevoir et se dire rencontre une dissémination. Une voix sans différance ,une voix sans écritures est à la fois vive et morte : nous évoquons là les moments féconds des psychoses et la phrase de Lacan 10 : « la question[ est pour le fou] de savoir ce qu’il connaît là sans s’y reconnaître. » 5 En 1986 Derrida publie son texte majeur concernant Artaud : « Forcener le subjectile ou la scène de l’inter jection. », texte succédant à un autre de Paule Thévenin intitulé : « La recherche d’un monde perdu »11. 1946 : année décisive pour Artaud qui retrouve la liberté après dix années d’internement .Il trouve accueil à la clinique d’Ivry. Jusqu’à sa mort en 1948 il écrit sur des cahiers d’écoliers ( on en recensera plusieurs centaines) mêlant écriture, graphismes ,dessins. On remarque aussi de nombreux trous dans le papier par brulures de cigarettes et coups de couteaux. Dans cette période ultime il dessine beaucoup d’auto portraits et portraits d’amis qui lui rendaient visite et qui étaient fascinés , effrayés par d’étranges cérémonials d’écritures. Gestes violents avec crayon à la main , coups sur le billot en bois, vociférations, proférations ,cris. Artaud montre son larynx en disant : « voilà la boule à cris. » Henri Thomas dit : « il vivait sa vie sur le plan du langage. » En janvier 1948, deux mois avant sa mort, il répond à une demande du galeriste P. Loeb d’exposer « 50 dessins pour assassiner la magie »12, on comprend bien qu’il s’agisse de magie noire, d’envoutements. A cette occasion il rédige un texte d’une écriture parfaitement classique dont voici un extrait : Quand j’écris J’écris en général Une note d’un Trait Mais cela ne Suffit pas Et je cherche à prolonger L’action de ce que J’ai écrit dans 10 In propos sur la causalité psychique ( 1946 ) in Ecrits ,Seuil, 1966. 11 In Dessins et Portraits d’Antonin Artaud, Gallimard ,1986. 12 Gallimard,2004 4 L’atmosphère, alors Mais pas au hasard Non J’ai toujours Comme un objet prodigieux Ou un monde A créer et à appeler. Or je connais La valeur plastique Objective du souffle, Le souffle c’est quelque Chose dans l’air Remué Seulement, C’est une concrétisation Massive dans L’air Et qui doit Etre sentie Dans le corps Comme une agglomération En somme atomique D’éléments Et de membres Qui à ce moment là Font tableau - Forcener le subjectile ? Derrida interroge ? Quels sonts les enjeux d’un mouvement de précipitation sur une surface , ne serait ce pas une possibilité de naissance..d’un sujet ? Ce titre est un jeu démultiplié sur les mots : le subjectile , à l’époque de la peinture classique signifie la surface, la toile du peintre. Forcener implique l’idèe de force,de violence, et du forcené « authentique aliéné »comme disait Artaud qui peut cracher et mordre, ce que craignait Ferdière. Ce subjectile est habituellement situé dessous l’actant (comme aussi un succube) offre une résistance, se laisse traverser ou pas .Il reçoit des coups ,des gestes qui font TRACES. Il manifeste selon sa texture une plus ou moins grande résistance .Entendons qu’il n’est pas ductile à volonté (comme aussi un succube) – qu’il opére une butée, un bord, un effet de réel. Cette scène du subjectile où Artaud projette son corps gesticulant, vociférant crayon en avant est une scène d’inter jection ; polyphonie aussi mêlant sonorités, intonations , bruits de tonnerre, détonations, vibrations avec les célèbres glossolalies qui suspendent la valeur 5 représentative du langage. Artaud écrit : « vivant mes traits non pas seulement avec la main mais avec le raclement du souffle de ma trachée et des dents de ma mastication . » Mais Antonin Artaud s’adresse il à quelque autre que soi ? Fasciné par ce rituel sauvage Derrida ne se risque pas trop dans cette question. Cette scène pictogaphique gesticulante et sonore est très offensive pour qui l’entend et reçoit véritablement les effets d’une pulsion otique ( J. Nassif). Que dit Derrida : nous assistons là-dans le bruit et la fureur- à la naissance d’un sujet par des actes violents qui font TRACES. Et nous retrouvons là une référence centrale de la philosophie de Derrida : faire traces et répéter la différance fait naître un sujet parlant d’une voix qui échappe –plus ou moins – à l’assujetissement. Tel Van Gogh , dernier texte d’Artaud 13 dont il écrit qu’il était « organiste d’une tempête arrêtée. » Sous jacent chez Artaud à ce sauvetage par les traces on entend aussi le fantasme délirant de pouvoir compenser le vol ou la substitution d’un nouveau né par un suppôt. 14 « Ce forage à l’instant d’une nouvelle naissance » comme l’écrit Derrida a valeur aussi pour Artaud d’expulsion ,de naissance fécale : « Là où ça sent l’être ça sent la merde.. » Acte d’Expression ,expulsion qui est aussi séparation. En Avril 1946 il intitule un dessin : « Exécration du pére-mère. » Une malédiction serait d’être sans être né , être biologiquement vivant mais hors sujet , mort vivant. Et gésir au sens de Ci-jît « sans jamais gésiner »sur un sujectile inerte, académique mais aussi tyrannique et capable « d’assassinat d’âme ». Pour se défendre ou peut acter par « Projection puissante –écrit Derrida- autour d’atomes littéraux’ pour former la lettre .. comme la vérité de l’autre en la vérité de son Êtreté.. » et il ajoute : « le subjectile est l’Autre hostile, succubes, incubes . Il doit être attaqué-soigné, paré, réparé. » Risquons qu’il n’y a pas de jeu possible sur un subjectile dont l’horizon humain serait absent,hostile ..dirait on incapable de reconnaître ? Nous posons une perspective qui nous est plus familière. 6 - 2002 , en introduction à une exposition de portraits et dessins d’Artaud au MoMa de New York Derrida prononce une conférence : Artaud le momo, interjection d’appel 15. Notons inter jection et le jeu de mot subtil entre Moma et Momo. Pour l’essentiel ce texte reprend les mêmes idées que celles de forcener le subjectile : Artaud est comparé à Un homme foudre . Il dit : « Cette renaissance glossolalique( dès la sortie de Rodez en 1946) ou glossopoétique de la langue ne se sépare jamais dans son projet de la foudre graphique qui incendie les dessins et portraits qui nous entourent. » 13 Van Gogh , le suicidé de la société, 1947. 14 Suppôts et suppliciations, t.14 OC , Gallimard. 15 Galilée 2002 6 Cette fulguration pourrait être la métaphore salvatrice d’électrochocs destructeurs.Il écrit : « cette foudre a illuminé ce témoin, elle a fait une torche de ce voyant. » « Quitter la lettre écrite la lettre » écrit Artaud : « cela peut vouloir dire-commente Derridala fin de la lettre écrite pour la vraie lettre.. soufflée-dessinée, respirée-tracée. » Derrida ré insiste sur « l’attaque du support .. par un coup précipité tête première… mais il faut une trace qui reste . »….. « Car qu’est ce que l’esprit sans le corps ? ». réponse d’Artaud : « De la lavette de foutre mort. » Inter jections d’Artaud ,in fine , 1947 : DU CORPS pas de peur pas d’impression DU CORPS DES COUPS DES COUPS de l’individualité… « Il me fallait, ajoute Derrida, commencer par écouter, vous les faisant entendre dans sa langue même et selon sa voix ces plaintes impitoyables, ces griefs, ces imprécations .Ces interjections. Comme si elles s’adressaient à moi pour instruire mon procés. ».. « Pauvre Artaud, qu’est ce qui lui arrive ?Rien ne lui aura été épargné, à ce Momo. Rien. Pas même la survie de son spectre, pas même la plus équivoque et cruellement ambigüe, la plus vaine et la plus anachronique de revanches. » _ PULSION INVOQUANTE, disons nous. Mais alors , et en core (ps), A QUI s’adresse Artaud ? Dans un livre d’ entretiens de 1999 intitulé « Sur parole »16 Derrida revient sur la nocivité des discours performatifs où « la trace m’échappe, devient littérature. ». ; » C’est ça qui fait parler d’abord et c’est ça qui fait écrire : c’est ce qui à la fois rend possible et menace tout ce qui dans l’adresse à autrui se tente. » Et aussi : « Il y a survie dès qu’il y a traces. » Artaud a écrit des centaines de lettres et de cahiers. Il s’adressait volontiers à ses filles et en particulier dans les trois dernières années de sa vie à Paule Thévenin et qu’il désigna comme la légataire de son œuvre, mission qu’elle accomplira jusqu’à sa mort en 1993. Elle fût très souvent présente à la clinique d’Ivry lorsqu’Artaud se livrait a ses scènes scripto-glosso-graphiques, il lui avait demandé de transcrire la partie textuelle se ses cahiers. Secrétaire de l’aliéné , dirait on ? Dans un livre de témoignages 17 elle écrit : « L’homme que j’avais connu me laissait la présence d’un être que j’avais peut être pressenti. » - REVIVAL du FOR-DA Dans l’entretien de 1999, à partir de Levinas et ce qui est une nécessaire référence à une hospitalité entre les humains Derrida précise : « Je suis en proie à l’autre, l’otage de l’autre et l’éthique doit se fonder sur cette structure d’otage. » Etonnant.. ? Nous entendons- psychanalystes en lien avec Lacan- l’autre imaginaire avec ses possibilités de brutales inversions (en miroir) d’une image salvatrice en image persécutive. Et qu’en est il de l’Autre ? 16 L’Aube, 1999. 17 Antonin Artaud ce désespéré qui vous parle, Gallimard. Lire aussi le livre de B. Noël :Artaud et Paule, L.Sheer,2003. 7 Est il possible de percevoir une résonnance entre Artaud et Derrida sur une grave difficulté d’admettre à priori un Autre symbolique – capable de compromission avec un logocentrisme triomphant qui agit comme un « surmoi obscène et féroce. »Insupportable et non sans conséquences graves au plan clinique pour qui n’a pas été suffisamment reconnu lorsque de sa voix il s’adressait « dans l’invisible du sonore et du tangible. »( J. Nassif) °Artaud psychotique ? Assurément. Mais d’une voix qui insiste à impliquer la psychiatrie et aussi la psychanalyse. Cela nous permet- si besoin était- d’apprécier comme un bonne fortune(Tuchée) la rythmique bien tempérée du FOR-DA freudien- ce qui permet selon Lacan l’invocation ( et non la profération ) : rythmique de présence et d’absence , vocalisation appuyée sur une opposition phonématique For/Da- Prés/Loin. Ce qui rend possible l’insémination (Lacan) du symbolique. Par inter jections, vociférations, suppliciations, cris sans chuchotements, Artaud a jeté une œuvre dont le fantôme vocal ne cesse de nous hanter . Et qui a suscité cette insistance passionnée de Derrida tout au long de sa vie. M . Foucaud a écrit : « la folie est absence d’œuvre. » Artaud témoigne à l’inverse que peut être féconde une certaine incomplétude du symbolique ( Guy Le Gauffey) , une bénéfique instabilité du symbolique (jean Broustra). J’ajouterai que la « scène de forcénement du subjectile »est une possible enforme de praticable(J. Oury) pour un traitement des personnes psychotiques. Contribution au traitement des psychoses en ateliers d’expression 18- titre d’un article que j’ai publié en 1986 .Et surtout depuis 1990 ce que j’ai nommé les ateliers Corps et Graphismes et qui sont en dette de la tragédie inspirée d’Antonin Artaud. 18 Broustra jean, contribution au traitement des psychoses en ateliers d’expression, l’information psychiatrique, 1986, 62(6), p.715-724. 8