L`appel aux dons pour la bibliothèque fait

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L`appel aux dons pour la bibliothèque fait
Saint-Quentin et sa région
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Mercredi 29 octobre 2014
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■ SAINT-QUENTIN-EN-YVELINES
La fac retrouve des marges
de manœuvre dans la douleur
L’université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines (UVSQ) a retrouvé des comptes positifs. Mais à quel prix ? Les “sacrifices”
consentis ne sont vraiment pas du goût de tout le monde. Explications.
A
avoir frôlé la cessation de paiement (5,2 millions d’euros de déficit en
2013), l’université de Versailles
Saint-Quentin-en-Yvelines (UVSQ)
a retrouvé des comptes positifs.
Près de 2,2 millions d’euros d’excédents budgétaires ont été dégagés cette année. Mais, cela n’aura
pas été sans «douleur, reconnaît
Jean-Luc Vayssière, le président
de l’UVSQ. Nous avions présenté un budget à l’équilibre,
fin mars, grâce au prêt exceptionnel d’1,6 million d’euros
du
ministère
de
l’Enseignement supérieur.
Reste à espérer que l’Etat voudra bien patienter avant de
récupérer sa mise». Un prêt qui
avait été gagné après un bras de
fer de plusieurs semaines avec la
ministre Geneviève Fioraso.
sées». Pesant fortement sur les
dépenses de fonctionnement de
l’UVSQ, le contrat d’entretien
avec la société Cofely a aussi été
renégocié. «Cela représentait
tout de même 600 000 euros»,
souligne Jean-Luc Vayssière.
L’UVSQ est-elle pour autant tirée
d’affaire ? Pas si sûr à en croire
l’appel aux dons lancé par la fondation UVSQ pour garnir les étagères de la bibliothèque universitaire (BU) de Versailles, pourtant
toute neuve. Et cela ne plaît visiblement pas à tout le monde (lire
les encadrés ci-dessous).
PRÈS
Des efforts
pour tous
Mais les efforts ont également
et surtout pesé sur la communauté universitaire «dans son
dans lesquelles nous sommes
bons».
Pour cela, le conseil académique,
«qui est représentatif de la
communauté universitaire»,
va se réunir le 4 novembre prochain. «Ils feront des propositions collégiales pour établir
un plan quinquennal au
1er janvier 2015».
Et cette sortie de crise est d’autant plus importante que l’UVSQ
va faire face à une échéance
majeure d’ici à la fin de l’année.
Après plusieurs semaines de
retard «du fait d’un recours
devant le Conseil constitutionnel», précise le président
Vayssière, la création officielle de
l’université Paris-Saclay devrait
être signée avant la fin de l’année.
Ce pôle, sans précédent en
France, doit réunir dix grandes
écoles, trois universités et dix instituts de recherche dans ce qui
pourrait s’apparenter à une
“Silicon Valley” à la française.
Objectif, créer des synergies et
atteindre le top 10 du classement
de Shangai.
David Canova
Paris-Saclay,
l’avenir ?
L’université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines, campus de Guyancourt.
ensemble, admet le président
Vayssière. Les investissements
ont été presque totalement
gelés sauf en ce qui concerne
la sécurité ; certains postes
n’ont pas été pourvus et tou-
tes les économies que nous
pouvions faire sur les fluides
(gaz et électricité) ont été réali-
Toujours est-il que le président
de l’université espère «redonner un peu d’oxygène cette
année à toute la communauté. Nous allons nous atteler à une réflexion stratégique de fond pour savoir ce
que sera l’UVSQ en 2020. Il
me semble nécessaire de nous
concentrer sur les activités
L’appel aux dons pour la bibliothèque
universitaire fait polémique
L’
VERSAILLESSaint-Quentin (UVSQ), et
la fondation UVSQ lance
une grande campagne de récolte
de fonds. L’objectif : récolter
300 000 euros d’ici juin 2015
pour renouveler le fonds des
7 500 ouvrages de la bibliothèque universitaire. Thibaut
Mathieu, président du comité
des ambassadeurs de la fondation, croit à 100% à ce projet.
«Tous les dons sont acceptés,
même un euro. La somme
récoltée sera entièrement
reversée à la BU. La demande
est très importante, et
concerne toutes les filières.
Par exemple, un code civil
doit être actualisé tous les
ans. À 55 euros le bouquin, La bibliothèque universitaire de Saint-Quentin-en-Yvelines.
multiplié par la centaine de
codes présents à la BU, vous sur le site fondation.uvsq.fr. «Actuellement, l’UVSQ est
L’équipe de la fondation, compo- une université compétente,
imaginez la somme…»
sée d’anciens et d’actuels étu- dynamique et très bien clasdiants, ainsi que de professeur, sée. Pour continuer dans
ne souhaite pas voir se décrépir cette lancée, les étudiants et
et mourir la bibliothèque.
les professeurs ont besoin
Cependant, cette initiative n’est d’avoir des livres et des outils
pas au goût de tout le monde. actualisés, insiste Thibaut
La récolte marche sur le principe Une polémique que ne com- Mathieu. L’Etat ne peut pas
du crowdfunding. Toutes les prend pas le président du comité prendre en charge ce renouinformations sont disponibles d’ambassadeurs de la fondation. vellement de livres. Si l’on
ques ont leur budget propre
soit 600 000 euros de fonctionnement par an et 2,4 millions d’euros de masse salariale.»
UNIVERSITÉ DE
Le
crowdfunding
«C’est
du racket»
veut être compétitif, il nous
faut de l’argent. C’est pour
cela que nous faisons appel à
des fonds privés.»
De son côté, Grégory Quenet,
directeur de la fondation UVSQ
tient à lever un malentendu.
«Que le débat ait lieu en
interne, c’est plutôt une
bonne chose. En lançant cet
appel aux dons, la fondation
UVSQ bouscule les lignes.
Nous faisons appel aux
acteurs privés de ce territoire
des Yvelines pour s’investir
auprès de l’université. C’est
une campagne de cohésion
et de mobilisation. En revanche, contrairement à ce que
peuvent penser certains, il ne
s’agit pas d’un désengagement de l’Etat. Les bibliothè-
Arnaud Carbonne, responsable
de l’Union des étudiants comunistes (UEC) assimile cet appel
aux dons à du «racket. La
bibliothèque universitaire a
déjà restreint ses horaires
d’ouverture. Ensuite elle
décide de ne plus acheter de
livres, mettant ainsi en cause
la mise à jour des connaissances. Et la seule solution
qui soit proposée est de mettre les étudiants à contribution. Une contribution qui
passe par les dons et par la
récolte de dons. Il est totalement inadmissible de demander aux étudiants de financer ainsi quelque chose qui
leur est dû».
David Canova