Sons métissés

Transcription

Sons métissés
Sons
métissés
Dossier
Littoral Créole
Étape
Rencontre avec Yann Cléry :
Visions de Guyane
Atelier
Fabriquer un kawaï
La Valise Rio Loco
De janvier à juin, la Valise Rio Loco accompagne les structures
socio-éducatives toulousaines dans leur projet pédagogique sur les
terres caraïbes. Elle contient des outils pédagogiques, du matériel
sonore et des affiches thématiques. L'année est jalonnée d'étapes
artistiques : concerts pédagogiques, ateliers d'arts plastiques,
spectacles et projections pour accompagner les publics jusqu'au
festival. La Valise Rio Loco s'inscrit dans le cadre du Passeport pour
l'art, un dispositif d'éducation artistique et culturelle de la Ville de
Toulouse mis à la disposition des enseignants et des élèves des
écoles maternelles et élémentaires.
Au sommaire !
Ce livret, intitulé Sons métissés, est le 2e d'une série de 5 livrets thématiques
pour partir explorer les cultures caribéennes. Il est agrémenté d’une
compilation musicale et d’une affiche, « Instrumentarium ».
DOSSIER : p. 3-9
Suivant le fil rouge de la compilation musicale Terres Caraïbes :
littoral créole, réalisée par le festival Rio Loco et Mondomix,
voici une présentation des rythmes et des styles traditionnels
les plus significatifs des territoires caribéens.
ÉTAPE : p. 10-12
Yann Cléry nous propose sa vision des musiques guyanaises
et une rencontre exceptionnelle avec le dernier chaman teko.
ATELIER : p. 13-14
Quelques fils de laine, quelques substituts de graines, et votre kawaï
est prêt pour marquer du pied les tempos guyanais !
Boîte à outils : p. 15
Pour aller plus loin dans le voyage…
Dossier
Littoral Créole
Dix pays, du Mexique à la Guyane française. Des milliers
de km de littoral avec vue sur la mer des Caraïbes et,
au loin, l’arc des Antilles. Dix réalités historiques, faites
de chocs culturels violents, de colonisations, d’épidémies,
de commerce et de nombreuses acculturations. Leur point
commun le plus évident est le syncrétisme, un fil invisible
qui relie ces terres caraïbes entre elles malgré leur apparente
disparité. Ces 10 pays ont en effet accueilli, absorbé et adopté
des groupes ethniques ou culturels issus de 3 continents :
les Amérindiens, les colons d’Europe et les esclaves d’Afrique.
Ces processus de rencontre ou de résistance ont permis
l’émergence d’instruments, de rythmes, de danses et d’autant
de cultures populaires fortes. Ce texte, basé sur la sélection
de morceaux de la compilation Terres Caraïbes : littoral
créole, propose un tour d’horizon de quelques-uns de ces
extraordinaires métissages.
Bonne écoute !
L’équipe du festival
3
Des instruments importés,
des musiques populaires
Le son jarocho du Mexique
Plus grand port caraïbe du Mexique, Veracruz
a vu débarquer pendant la colonisation espagnole (1519-1821) des Européens, des Cubains
et des Africains, avec leur culture pour principal
bagage. Dès le milieu du 16e siècle, les conquistadors importèrent guitares, harpes et violons,
aussitôt adoptés et déclinés en une multitude
d’instruments à cordes. Le son jarocho de
Veracruz témoigne encore de ces lointaines
hybridations entre Huaxtèques, Afro-Cubains,
Européens et Africains. Percussif, syncopé et
À
écouter
Los Marimbas
del Sol,
« Río Polochie »
vocal, il repose sur 3 instruments à cordes : la
harpe jarocha, à 32 ou 36 cordes, et le requinto,
un instrument mélodique à quatre cordes. Enfin, la jarana, inspirée de la guitare espagnole
baroque, offre sa toile de fond harmonique et
rythmique au son jarocho. Rythmiquement,
il s’enrichit parfois de percussions, comme le
tambourin, la quijada – « mâchoire de cheval »,
en français – ou le cajón. Fierté de la région
de Veracruz, ses couleurs sont encore portées
haut par des formations comme l’historique
Tlen Huicani, créée en 1973 et toujours aussi
fringante.
Le marimba du Guatemala est en palissandre ou en bois de rose du Honduras.
Les marimbas du Guatemala
Le groupe Tlen Huicani existe depuis 1973.
À
écouter
Tlen Huicani,
« El Cascabel »
4
Avant de devenir l’instrument national du Guatemala, le marimba a certainement été importé
d’Afrique au début de la période coloniale. Les
circonstances précises de son arrivée sur la
côte caraïbe sont peu documentées, mais on
sait que son succès auprès des Indiens a été
instantané. Dans sa forme, il ressemble lame
pour lame à son cousin mandingue d’Afrique
de l’Ouest, le balafon, ou au xylophone
d’Afrique centrale – aussi appelé « marimba »
en Angola. Au Guatemala, il existe plusieurs
types d’instruments, chromatiques ou diato-
niques. Comme celui du piano, le clavier du
marimba est progressif (du plus aigu au plus
grave) ; les lattes de bois sont frappées avec
des baguettes et le son est amplifié par des
calebasses. Classé au patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’Unesco en 2010,
le marimba du Guatemala est sorti du champ
des musiques traditionnelles, avec des incursions dans la musique pop ou dans les œuvres
contemporaines de Darius Milhaud, Olivier
Messiaen ou encore Pierre Boulez.
5
À
écouter
La musique garifuna :
un son à part
Aurelio Martinez,
« Santo Negro »
Une fois par an, les Garinagu du Belize célèbrent l'arrivée
du 1er Garifuna dans ce pays.
6
Les Garinagu (pluriel de « Garifuna »)
sont le seul peuple noir des Caraïbes à
n’avoir jamais connu l’esclavage. Ils sont
installés le long du littoral, du Guatemala
au Nicaragua, mais leur destin s’ancre au
large, en mer et sur les îles. Leur histoire
trouve son origine dans le naufrage de
deux navires négriers espagnols, chargés
de captifs d’Afrique de l’Ouest, du Congo
et d’Angola. Les survivants ont échoué
sur l’île de Saint-Vincent, où ils ont été
recueillis par les Kalinago (ou Kali’na), un
peuple issu de la rencontre entre Arawak
et Caribes noirs. Au gré de l’histoire coloniale, ils ont été déportés sur l’île de Roatán, au large du Honduras, puis ont regagné la terre ferme et installé leurs villages
sur les côtes du Guatemala, du Belize, du
Honduras et du Nicaragua. Basée sur un
chant à réponse ainsi que sur les rythmes
de deux tambours garawón, d’une conque
marine ou d’une carapace de tortue frappée avec des baguettes, la musique garifuna chante le quotidien en sursis d’un
peuple aujourd’hui marqué par une crise
économique et un fort taux d’émigration vers les États-Unis. Spirituelle, elle
accompagne aussi les défunts dans leur
passage d’un monde à l’autre et rend
hommage aux ancêtres. Le dügü, le rituel
magico-religieux syncrétique garifuna, se
rapproche de la santería cubaine ou du
vaudou haïtien. Grâce à Andy Palacio, un
activiste culturel bélizien décédé brutalement en 2008, la culture garifuna a gagné
une place sur l’échiquier culturel mondial.
Dans son sillage, toute une jeune génération d’artistes, comme Aurelio Martinez
ou The Garifuna Collective, s’est emparée
avec fierté de la culture garifuna traditionnelle.
Panama, Colombie, Venezuela :
le répertoire costeño
Des musiques rurales métisses
En Colombie, lorsque le port de Cartagena est
fondé par les Espagnols en 1533, des Noirs marrons, des esclaves fugitifs, se réfugient à l’intérieur des terres pour fonder des communautés
libres, les palenques. Puis, au 18e siècle, les
autorités et l’Église créent des villages métis –
Indiens et Noirs –, comme celui de San Jacinto.
Là, les gaitas, des flûtes indiennes rituelles taillées dans des cactus, se mêlent aux tambours
noirs, aux maracas et à une forte tradition de
poésie populaire. Cette rencontre donne naissance à la cumbia típica ou à des « danses
chantées » noires, comme le porro ou le bullerengue, interprété exclusivement par des
femmes. Le Panama partage ce même terreau
rural : une cumbia típica villageoise, à l’origine
de la cumbia urbaine née dans les années 1930
et dont le succès en Amérique latine, puis en
Europe, n’a jamais faibli depuis !
À
écouter
Los Gaiteros de San Jacinto,
« Viene Amaneciendo »
(Colombie) ; Amalia Delgado
con El Conjunto Inspiración
Santena, « Carretera Al
Canajagua » (Panama)
7
Le plateau des Guyanes :
de la côte aux rives du fleuve
Guyane, Suriname :
les musiques bushinengue
À
écouter
Le groupe des Diablos danzantes de Yare, au Venezuela, danse au son de la gaita.
Barrio Obrero de
Cabimas, « Con el
Soñar de los Furros »
(Venezuela)
Le chant du peuple
Lors des nuits de fête, les danseurs écoutent
le maître, le dòkò, laisser parler son tambour
koupé. Son phrasé peut imiter le chant des
oiseaux, le cri des singes ou le grondement
de l’orage. Il est soutenu par 2 tambours – le
foulé et le plonbé – et par le son sec du tibwa,
un morceau de bois creux frappé avec des baguettes que l’on retrouve dans les musiques
populaires antillaises.
Le Suriname, l’ancienne Guyane hollandaise,
fut en effet une terre de « grand marronnage »,
une résistance massive, collective, à la violence
coloniale. C’est sur les rives du fleuve Maroni,
entre les 17e et 18e siècles, que les esclaves
marrons affranchis, implantèrent leurs communautés. Autonomes et relativement isolés,
ces villages bushinengue (« de la forêt », en
français) ont fait évoluer les rythmes, danses,
contes et croyances hérités de différentes régions du golfe de Guinée, en Afrique. Depuis
les années 1960, des styles comme l’aléké
continuent d’émerger. Un nouvel exemple des
incessants métissages caribéens.
Guyana : le syncrétisme est partout
Au Guyana, le syncrétisme est même (et surtout) dans les églises. L’ethnomusicologue David Blair Stiffler y a placé ses micros dès 1982. Il
y a bien sûr enregistré des cantiques évoquant
les villes et les personnages de la Bible, comme
Jéricho, mais aussi des chants d’inspiration
hindoue ou le queh queh, un rituel singulier
qui précède le mariage et combine chants et
danses suggestives. Les spécialistes le relient
aux coutumes des Ibos, une ethnie de l’est du
Nigéria, mais, parmi les forêts de ce petit pays,
aucun arbre n’a qu’une racine…
Guyane, Suriname : le kaséko créole
« Kaséko », en créole, c’est « casser le corps »
à force de danser. C'est aussi une musique
créole présente sur les côtes de Guyane et
du Suriname, affranchie des rythmes rituels
pour devenir une musique de divertissement.
Au Venezuela, dans la région de Zulia,
la gaita est une musique populaire, qui
n’a rien à voir avec la flûte du même
nom. Basée sur la rencontre du furruco,
ou furro – descendant de la zambomba
espagnole –, du cuatro, des tambours
et des maracas, la gaita est un chant de
protestation. Les classes laborieuses
indiennes, antillaises ou noires y expriment les préoccupations de leurs communautés, qu’ils vouent à tous les saints.
Chant religieux, chant ouvrier, musique
de contestation sociale et politique, la
gaita zuliana condense les frustrations
du petit peuple du lac de Maracaibo.
8
À
écouter
African Song,
« Chin Mongo » ;
Fondering,
« Sama Belle »
9
étape
Visions de Guyane
La rencontre :
Yann Cléry
La 1re étape de la Valise Rio Loco « Caribe » est
un spectacle musical et visuel, « Visions de Guyane ».
En savoir +
s,
Théâtre des Mazade
des,
za
Ma
s
de
ue
en
10, av
Toulouse
2014
14, 15 et 16 janvier
Le théâtre
des Mazades
Placé au cœur du quartier
des Minimes, le théâtre
propose une programmation
pluridisciplinaire annuelle.
Le théâtre est composé
d'une vaste salle de spectacles
pouvant accueillir
550 spectateurs, d'une galerie
d'exposition dédiée à la
peinture, la photographie
et la création contemporaine,
ainsi que de nombreux ateliers
de musique, de danse,
de sport et même un centre
de loisirs.
D
epuis la métropole, la
Guyane, région française, reste méconnue.
Avec peu d’infos à la télévision ou des reportages souvent centrés sur Kourou ou
sur la lutte contre l’orpaillage,
difficile de se faire une idée
de la vie que mènent les
Guyanais.
Avec le spectacle « Visions de
Guyane », Yann Cléry, un artiste guyanais, propose un
nouveau panorama de la
Guyane, loin des clichés. Utilisant des supports multimédias (montages photos et sonores, vidéos) en alternance
avec des moments de musique live, ce spectacle très
rythmé et interactif est destiné au jeune public (enfants
et adolescents).
Loin des clichés
Le voyage commence en photos, avec un diaporama. Petite balade dans les rues de
Cayenne, survol de la forêt,
portraits de Guyanais : on se
rend compte de la richesse
des ressources naturelles de
la Guyane et de la multiethnicité de la population. Il
se poursuit par une présenta10
tion des musiques guyanaises. Kaséko ou grajé, les
rythmes traditionnels créoles
sont joués en direct par Yann
Cléry et Serge René Yves
Horth, un percussionniste
guyanais. Sur un écran, des
vidéos sont projetées, histoire d’imaginer l’ambiance
d’une salle des fêtes guyanaise. Ensuite, action ! Les
spectateurs pourront apprendre quelques rythmes
simples en tapant des pieds
et des mains.
Pour comprendre la signification de ces musiques, Yann
Cléry prend la parole et donne
des repères historiques sur la
population guyanaise, composée de Noirs marrons, des
descendants d’esclaves, de
créoles issus du métissage et
d'Amérindiens.
Moment fort du spectacle :
Yalou, un chaman de la tribu
amérindienne des Teko, répond à des questions sur la
vie quotidienne en Amazonie
et explique ce qu’est un chaman. Le spectacle s'achève
sur un moment musical : Yalou joue d’une flûte qui émet
des sons d’oiseaux d’une incroyable nostalgie…
Yann Cléry
Yann Cléry est musicien
de jazz et de musiques
actuelles, chanteur, flûtiste
et « bidouilleur de sons ». Il a
passé son enfance en Guyane,
puis a vécu à la Guadeloupe
et en métropole.
Vous avez écrit le spectacle
« Visions de Guyane ».
Comment est né ce projet ?
En juillet 2013, j’ai joué à
Cayenne dans le cadre du
Festival des rythmes sacrés.
En parallèle de ce festival,
je suis parti à Camopi, un
village amérindien du parc
amazonien de Guyane. Avec
deux autres artistes guyanais expatriés, nous avons
passé 6 jours à jouer de la
musique avec les habitants.
Quelle aventure !
Pour moi, ça a été un voyage
initiatique. Pour atteindre
Camopi depuis Cayenne,
il faut 3 heures de voiture, 1 heure de piste puis
3 heures de pirogue. On
était 30 dans la pirogue,
plus tous les instruments ! On a joué de
la flûte pendant une
heure puis on s’est pris
2 heures de pluie sur la
tronche…
Comment s’est passée votre
vie au village ?
Pendant 6 jours, on a fait de
la musique toute la journée,
pratiquement non-stop ! On
s’arrêtait juste pour manger et dormir. On était logés
dans un carbet, une maison
traditionnelle et on dormait
11
dans des hamacs. On a eu
l’honneur d’être tatoués au
genipa, un liquide issu d’un
fruit qui teint la peau en noir.
Pour les Teko, la musique est
sacrée. Comment avez-vous
vécu cette spiritualité dans
vos échanges musicaux ?
Chaque musicien improvisait
avec les flûtes, les sonnailles
(kawaï) et le sanpula (tambour traditionnel). On testait
des rythmes, on répétait certains mots en langue teko,
que l’on arrivait à capter.
Et puis, à un moment, il se
passait quelque chose, une
connexion entre les musiciens. Nous étions comme en
transe et le temps s’arrêtait…
Vous êtes né en Guyane.
Quel est votre lien avec cette
région ?
Je suis revenu en Guyane
en 2011, après 20 ans d’absence. J’avais beaucoup de
préjugés. Avec le spectacle
« Visions de Guyane », j’ai
voulu en finir avec les clichés
d’un pays arriéré : à Cayenne,
on trouve des supermarchés!
Quand j’ai commencé à écrire
le spectacle, j’ai fait le rat
de bibliothèque pendant
des mois pour me plonger
dans l’histoire de la Guyane.
C’était passionnant.
Yalou,
chaman à Camopi
atelier
Nom en langue teko : Yalou
Nom administratif :
Joachim Panapuy
Âge : 65 ans
Un chaman moderne
Simplicité et mystère
Yalou est abordable. Pour
autant, pas facile d’avoir
une idée précise de qui il
est. Grâce aux anecdotes
racontées par son fils et les
villageois, on se rend compte
que c’est un personnage hors
du commun. « J’ai vu Yalou
déplacer des objets à distance », « il a plongé dans
le fleuve, son cigare était
encore allumé quand il est
ressorti ! » On dit que Yalou
aurait beaucoup voyagé,
jusqu’au Japon…
GUYANE
Tch-tch-tch-tch : en Guyane, le kawaï rythme les
danses traditionnelles. Ce bracelet de cheville simple
et nature possède un pouvoir hypnotique surprenant !
Son et danses
© Katia Clamaran
Contrairement à l’idée reçue,
les chamans d’aujourd’hui ne
portent ni plumes ni parures.
En tout cas, pas dans leur vie
de tous les jours ! Yalou est
simplement habillé d’un jean
et porte une casquette « New
York » vissée sur la tête. Une
tenue cool qui reflète bien le
personnage : une personne
simple, facile d'accès et
pleine d'humour… Comme
Yalou maîtrise plusieurs langues (Teko, créole, français,
portugais), aucun problème
pour discuter avec lui !
Au rythme
du kawaï
Joachim Panapuy, au centre, est entouré par les membres
de la compagnie Teko Makan.
Une légende
Yalou est extraordinaire :
il est considéré comme un
« totem ». Il est très respecté,
notamment parce qu’il est le
dernier chaman de cette région de l’Est guyanais. Yalou
est le gardien d’une connaissance profonde de la nature
(cartographie des terres et
des fleuves, utilisation médicinale des plantes) et de la
culture teko.
Son engagement
Pour ne pas voir disparaître
la culture teko, Yalou forme
une vingtaine de jeunes du
village. Chants, danses, il partage avec eux ces traditions,
qui ne sont pas incompatibles
12
avec la modernité. Quand on
est ado à Camopi, on peut
surfer sur Internet, jouer à la
console et aller dans le carbet (maison traditionnelle)
de Yalou le soir ! Le projet de
Yalou est de créer un « centre
culturel de transmissions des
traditions » à Camopi.
Les Teko
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Les Teko sont une tri
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Énergie : c'est le mot qui
vient spontanément à l'esprit lorsque l'on voit les danseurs guyanais équipés de
leur kawaï. Car si ce bracelet
de pied paraît être de prime
abord un bel ornement, il
devient ensuite un véritable
outil rythmique, donnant une
dimension aérienne et légère
à la danse traditionnelle de l'awassa.
Venu d'Afrique
Cet instrument est élaboré
à partir des graines d'un
arbuste appelé « bois de
lait », « laurier jaune » ou
« kawaï », d'où son nom.
En s'entrechoquant, ces
graines en forme de losanges
sonorisent les pas des danseurs de toutes les cultures
afro-amazoniennes et africaines. En effet, les origines
de l'awassa sont à chercher
du côté de l'Afrique et des
Noirs marrons, des descendants d'esclaves échappés
13
des plantations. Venus de
régions différentes et pratiquant donc des langues
variées, ils communiquaient
grâce aux percussions, au
rythme. Le kawaï présente
l'avantage d'allier la percussion à la danse, et donc de
traduire physiquement, grâce
aux mouvements du corps,
l'intention donnée par le son
des graines. D'ailleurs, la manière d'en jouer s'apparente
à une langue, car chaque
village possède son propre
style et chaque personne a sa
façon de danser, que ce soit
seule, à deux ou en groupe.
Pour vous y essayer à votre
tour, suivez le guide…
Anecdote
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Napoléon »
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Création d'un kawaï, pas à pas
Pour une danse endiablée et sonore, lancez-vous
dans la fabrication d'un kawaï.
ur un kawaï
Matériel po
Cultures du Monde. Compilation musicale et
livret en téléchargement et en écoute sur :
www.maisondesculturesdumonde.org/hondurasmusique-garifuna.
• The Original Sound of Cumbia : The History of Colombian Cumbia & Porro As Told By The Phonograph
1948 - 79, éd. Soundway Records. Compilation musicale à découvrir à la rubrique « Catalogue » sur :
www.soundwayrecords.com.
• Enfin, quelques noms d'artistes musiciens incontournables dans le paysage des musiques traditionnelles des terres caraïbes : Rubén Blades (Panama),
Oscar D’León (Venezuela), Simón Díaz (Venezuela),
Orlando Poleo (Venezuela), Mono Blanco (Mexique),
Totó La Momposina (Colombie), Los Corraleros de
Majagual (Colombie), Petrona Martínez (Colombie),
Andy Palacio (Belize), Guillermo Anderson (Honduras).
DOSSIER
e de pâtes
• une vingtain
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fférentes
de couleurs di
À lire
• « Les Noirs marrons de Guyane », Émile Gana et
Gaël Planchet, revue Hommes et migrations n° 1237,
mai-juin 2002 : « Diasporas caribéennes ». Mis à jour
le 05/03/2008, à télécharger sur : www.hommeset-migrations.fr/index.php?/numeros/diasporascaribeennes/1021-Les-Noirs-marrons-de-Guyane.
• Musiques caraïbes, Isabelle Leymarie, coll. « Musiques du monde », éd. Cité de la musique/Actes
Sud. Livre-CD disponible dans les bibliothèques
de Toulouse. Cet ouvrage de présentation des musiques des Noirs marrons résidant sur les rives du
fleuve Maroni explore les racines anglaises, françaises, espagnoles et africaines des musiques populaires des Caraïbes, même peu connues en Europe,
comme la punta et le kaséko.
1. 
Percez chaque pâte avec une
grosse aiguille à coudre.
2. Coupez 20 morceaux de ficelle de 20 cm
de long.
3. Attachez
Boîte
à tils
ou
Anecdote
une pâte à l'extrémité de
de conchiglie ?
Pourquoi se servir
aine du laurier
Tout comme la gr
possèdent une
jaune, ces pâtes
rôle de caisse de
cavité qui joue le
son sera le plus
résonance. Ainsi, le
l'original !
proche possible de
chaque ficelle.
4. Coupez 15 fils de laine de 30 cm, puis
tressez-les entre eux pour former un bracelet de cheville.
5. Nouez toutes les ficelles au bracelet
en les répartissant régulièrement sur toute
sa longueur.
6. Entourez la cheville avec le bracelet
et attachez-le. Le kawaï est prêt !
14
ÉTAPE
À consulter sur Internet
• http://whycie.com/
Le site du musicien Yann Cléry.
• www.guyane-makan.org
Le site de la compagnie Teko Makan présente le projet qui a abouti à la rencontre de Yann Cléry avec le
chaman Yalou. À voir, une vidéo de 8 minutes sur
l'histoire du projet. Les moments d'improvisation
musicale à Camopi sont superbes !
• www.parc-amazonien-guyane.fr
Le site du parc amazonien de Guyane est une formidable source de documentation, notamment grâce à
sa médiathèque en ligne.
• http://guerriersdelapaix.weebly.com
Pour en savoir un peu plus sur les Teko et les actions
de l'association Kumaka, qui œuvre pour la reconnaissance de la culture teko de Camopi.
• UTV, la Web TV de l'université de Strasbourg,
propose deux vidéos de restitution présentant des
danses traditionnelles et des témoignages de Teko :
- http://utv.unistra.fr/video.php?id_video=352 :
« Guerriers de la paix, les Teko de Guyane ».
- http://utv.unistra.fr/video.php?id_video=353 :
« Quel avenir pour les Amérindiens de Guyane ? ».
À consulter sur Internet
• www.mondomix.com/music
Site Internet du magazine des musiques et cultures
dans le monde.
• www.instrumentsdumonde.fr
Site encyclopédique répertoriant près de 200 instruments de musique issus des 4 coins du monde,
classés notamment par zone géographique.
• www.irma.asso.fr
Actualités du Centre d'information des musiques
traditionnelles et du monde (CIMT), à consulter
à partir de la rubrique « Centres d'information »
du site de l'IRMA (Centre d’information et de ressources pour les musiques actuelles).
À écouter ou à podcaster
• Diablos del Ritmo, éd. Analog Africa. Compilation musicale à découvrir sur : http://analogafrica.
blogspot.fr.
• The Black Caribs of Belize, éd. Soul Jazz Records. Compilation musicale, en écoute sur :
www.souljazzrecords.co.uk/releases/?id=24019.
• Honduras – Musique Garifuna – La tradition des Caribs noirs, éd. Maison des
15
À lire
• Une saison en Guyane, magazine semestriel.
Disponible sur abonnement (papier ou Web) ; certains articles et numéros sont consultables librement en ligne sur : www.une-saison-en-guyane.com.
Le festival Rio
Loco
CARIBE,
e édition, intitulée « 20
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Terres Caraïbes
Toulouse
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la Colombie, le
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Honduras, le Gu
le Nicaragua, le
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le Belize et le M
+ d'infos sur w
rg
ww.rio-loco.o
L'équipe
Direction générale : Hervé Bordier - Conception et coordination de la Valise Rio Loco :
Marion Casals-Miollan / Mathilde Sarrazin, assistées de Christian Sanchez - Contacts : 05 61 25 96 93
[email protected] / [email protected] / [email protected]
Programmation artistique : Marion Casals-Miollan / Federico Diaz / Santiago Diaz / Pierre Jaouen / Mathilde Sarrazin
Partenariat / Communication / Média : Marie-Agnès Steunou
Production : Guillaume Marty
Administration : Isabelle Peron / Alexandra Gouffrant / Bernadette Massat / Roselyne Andrade
Sons métissés - Livret pédagogique 2
• Textes. P. 3-9 : Églantine Chabasseur. P. 9 : encadré Guyana écrit par François Mauger. P. 10-12 : Émilie Gorostis.
P. 13-14 : Delphine Huguet.
• Photos et illustrations. P. 1 : illustrations d'Alexandre Verhille. P. 4 : http://tlenhuicani.com. P. 5 : iStockphoto.
P. 6 : iStockphoto. P. 7 : illustrations d'Alexandre Verhille. P. 8 : Camilo Delgado Castilla/Demotix/Corbis, illustration
d'Alexandre Verhille. P. 9 : illustration d'Alexandre Verhille. P. 11 : Yann Cléry. P. 12 : Katia Clamaran.
P. 13-14 : illustrations d'Édith Chambon. P. 16 : illustration d'Alexandre Verhille.
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