L`APTS en revue
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L`APTS en revue
DÉCEMBRE 2015 Vol. 12 | No. 2 REVUE PORT PAYÉ POSTE PUBLICATION NO 40008207 EN » FUSIONS, R ÉORGANIS INTÉGRÉS ATION EN » SERVICES À LA JEUN ESSE » ENTREVU E AVEC CA MIL BOUC HA CENTRES RD Vous souhaitez ne plus recevoir la version imprimée de L’APTS EN REVUE ? Écrivez-nous à l’adresse courriel : [email protected] RÉALISATION DE ÉDITION Chantal Mantha PRODUCTION Lucie Proulx GRAPHISME Patrick Mathieu COLLABORATEURS Raynald Banville Laurence Beaulac Francis Boucher Pierre Collin Julie Desrosiers Jennifer Lavoie Sarah Marcoux Maude Marotte Pierre Naud PHOTOGRAPHIE APTS Alexandre Claude Denis Germain Philippe Doucet Google images Getty images Roger St-Laurent DÉPÔT LÉGAL Bibliothèque et Archives nationales Québec NUMÉRO DE CONVENTION 4008207 de la poste-publication Poste Canada English version also available CAPSULE ENVIRONNEMENT Par souci d’économie, l’imprimerie dont nous utilisons les services n’est pas située dans un grand centre urbain. Elle adhère, par ailleurs, à une politique verte quant au choix des encres et des produits de blanchiment des fibres. L’APTS respecte l’environnement en sélectionnant des papiers certifié FSC. SOMMAIRE MOT DE LA PRÉSIDENTE FUSIONS, RÉORGANISATION EN CENTRES INTÉGRÉS ET DÉPLACEMENT DE LA MAIN-D’ŒUVRE LE POINT SUR OPTILAB DÉNONCIATION DES LISTES D’ATTENTE CACHÉES QUELLE INTÉGRATION POUR LA SANTÉ ET LA SÉCURITÉ AU TRAVAIL L’APTS EN PORTE-VOIX Centralisation et compressions DES CONTRECOUPS POUR LES RÉGIONS Attitude face au changement CHAT ÉCHAUDÉ CRAINT L’EAU FROIDE 5 6 Services à la jeunesse : COMBLER LES IMMENSES BESOINS UN INCONFORT PROFESSIONNEL CROISSANT ENTREVUE AVEC 8 10 11 12 14 TARIFICATION 2016 MÉDICAMENTS GÉNÉRIQUES 16 CAMIL BOUCHARD REPRÉSENTATION APTS Assurance collective : Essai sur l’austérité LES LIBÉRAUX N’AIMENT PAS LES FEMMES 18 21 22 24 26 30 38 4 © DENIS GERMAIN 5 DÉCEMBRE 2015 MOT DE LA PRÉSIDENTE MILITER POUR PROTÉGER LE SENS DE SON TRAVAIL PAR | CAROLLE DUBÉ @ [email protected] Nous sommes collectivement passés à l’action au cours des derniers mois pour protéger nos droits à titre de personnes syndiquées et améliorer nos conditions de travail au sein du réseau public de santé et de services sociaux. L’inquiétude est palpable dans le discours de revendication que nous portons. Il est ponctué de mises en garde adressées au gouvernement : il nous faut de bonnes conditions de pratique pour assurer la qualité des services offerts à la population, les compressions et la réduction d’effectif qui en résulte menacent l’accessibilité des services publics auxquels tous devraient avoir un égal accès, etc. Ainsi donc, vous êtes préoccupés non seulement par ce qu’il advient de votre salaire et de votre régime de retraite mais aussi par le résultat de votre travail – qui est de contribuer à la santé et au bien-être de vos patients. Ce souci est une des caractéristiques du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux : des gens formés qui ont choisi de prendre soin, d’aider, d’accompagner, de conseiller. On ne s’engage pas dans une profession ou une technique dans le domaine social ou de la santé sans avoir à cœur le bien-être de ses semblables. C’est une valeur qui nous unit au sein d’une organisation syndicale spécialisée, si on peut dire, dans la représentation de personnes salariées pour qui le travail est un engagement professionnel et humain. C’est sans doute parce que vous vous investissez beaucoup que le manque de reconnaissance affiché par le gouvernement et par certaines directions d’établissements suscite autant votre indignation et votre colère. Ces réactions sont entièrement justifiées devant les coups portés à notre réseau et devant les reculs imposés à vos conditions de travail. Je vous invite cependant à ne pas céder au cynisme, susceptible de miner votre volonté de bien faire les choses et de résister aux forces qui tentent de vous en empêcher. Que ce soit par la dénonciation de l’impact des compressions et des fusions, du camouflage des listes d’attente, des manœuvres de privatisation, des atteintes à votre autonomie professionnelle et à vos obligations déontologiques, vous défendez oui votre gagne-pain mais aussi un volet important du système de redistribution de la richesse dont la société québécoise s’est dotée avec la création des services publics. Le réseau de santé et de services sociaux nous appartient collectivement; il permet à tous les citoyens de bénéficier également du soutien et des interventions d’un personnel compétent. Avant de laisser un gouvernement le démanteler, il faudra nous avoir démontré que toutes les options pour le financer ont été explorées, ce qui est loin d’être le cas aujourd’hui. D’ici là, technocrates et gestionnaires mal avisés trouveront notre force syndicale sur leur chemin. Continuez de faire votre excellent travail et de jouer votre rôle indispensable. Ensemble nous protégerons les conditions qui vous le permettent. 6 RELATIONS DE TRAVAIL FUSIONS, RÉORGANISATION EN CENTRES INTÉGRÉS ET DÉPLACEMENT DE LA MAIN-D’ŒUVRE PAR | PIERRE COLLIN, coordonnateur, service des Relations de travail @ [email protected] Depuis le 1er avril dernier, date de l’entrée en vigueur du projet de loi no 10 qui modifie l’organisation et la gouvernance du réseau de la santé et des services sociaux, notamment par l’abolition des agences régionales, la majorité des établissements de la province ont dû fusionner et constituer de nouvelles méga structures. C’est ainsi qu’ont été créés les Centres intégrés de santé et de services sociaux (CISSS), dont certains sont universitaires (CIUSSS), qui s’étendent sur de larges territoires et couvrent souvent toute une région socio sanitaire. Par conséquent, depuis le 1er avril, toutes les personnes salariées des établissements ainsi fusionnés sont devenues des employées d’un CISSS ou d’un CIUSSS. Dans ce contexte, la mobilité du personnel est devenue une préoccupation majeure pour l’APTS, autant pour l’application des dispositions nationales de notre convention collective qu’éventuellement pour la négociation des dispositions locales. Le projet de loi no 10 prévoit des délais stricts pour négocier avec les centres intégrés l’applicabilité des conditions de travail, notamment la mobilité du personnel, les ports d’attache, les composantes de postes, la liste de disponibilité, etc. En attendant, retenez que c’est le statu quo qui s’applique, c’est-à-dire que toutes les conventions collectives existantes continuent de s’appliquer, comme avant, par établissement d’origine et, comme on dit dans notre jargon, par « silo ». Ainsi, comme les listes d’ancienneté ne sont pas encore fusionnées, les postes et les listes de disponibilités fonctionnent de façon distincte. Bien que dans certaines circonstances, il peut paraître intéressant d’avoir accès à plus de postes dès maintenant, le syndicat prêche religieusement pour le maintien des « silos » dans l’immédiat. Pourquoi? Parce qu’une ouverture trop rapide, sans garantie et sans entente négociée ne peut qu’ouvrir les droits de l’employeur à vous déplacer d’une installation à l’autre sans règles précises. Les déplacements sur un vaste territoire constituent un enjeu fondamental autant pour l’employeur que pour le syndicat… mais pas pour les mêmes raisons. ... TOUTES LES CONVENTIONS COLLECTIVES EXISTANTES CONTINUENT DE S’APPLIQUER, COMME AVANT, PAR ÉTABLISSEMENT D’ORIGINE ET PAR « SILO ». 7 DÉCEMBRE 2015 LE SEUL MOYEN DE VOUS FORCER À ALLER TRAVAILLER DANS UN AUTRE ÉTABLISSEMENT EST DE CONVENIR D’UNE ENTENTE AVEC L’APTS. ... NOUS VOUS INVITONS DONC À [...] REFUSER DE TRAVAILLER DANS UN AUTRE ÉTABLISSEMENT SANS LA PREUVE D’UNE ENTENTE NÉGOCIÉE AVEC L’APTS Les centres intégrés complètent actuellement leurs structures organisationnelles et mettent en place leur nouvelle ligne de direction basée sur les programmes cliniques et administratifs. Pour plusieurs employeurs, la suite logique est de débuter rapidement l’intégration des centres d’activités. Certains ont d’ailleurs déjà transmis des avis de restructuration. Cependant, malgré ces avis, les employeurs ne semblent pas en mesure de nous indiquer les processus qu’ils déploieront ni les modalités entourant cette restructuration. Le savent-ils eux-mêmes ou suiventils les yeux fermés les directives du ministère? Actuellement, nous contestons ces avis, considérant qu’ils sont incomplets et illégaux. Le maintien des « silos » et des conditions de travail limite toute réorganisation. Pour aller de l’avant et procéder à d’éventuels déplacements inter installations comme ils le souhaitent, les employeurs doivent négocier avec nous les ententes nécessaires. Malgré les annonces de fusions de centres d’activités à portée régionale, nous désirons vous rassurer, car le centre intégré devra continuer de gérer vos conditions de travail de la même manière qu’avant sa création et la réorganisation des centres d’activités. Le seul moyen de vous forcer à aller travailler dans un autre établissement est de convenir d’une entente avec l’APTS. Nous vous invitons donc à nous contacter pour nous transmettre toute information à ce sujet et, évidemment, à refuser de travailler dans un autre établissement sans la preuve d’une entente négociée avec l’APTS. En terminant, inutile de vous rappeler l’importance de participer aux différentes rencontres syndicales organisées dans votre établissement. Si vous avez des questions, n’hésitez pas à nous contacter en vous adressant au bureau syndical de votre établissement ou à la personne conseillère qui y est affectée. 8 REGROUPEMENTS PROFESSIONNELS LE POINT SUR OPTILAB PAR | JULIE DESROSIERS, coordonnatrice, secteur des Regroupements professionnels @ [email protected] Bien que nous en entendions parler depuis sa création, le projet de réorganisation du réseau de laboratoires du Québec OPTILAB est longtemps resté à l’état de rumeurs. L’APTS a multiplié les demandes d’information et de participation aux tables de concertation, en vain. Malgré quelques rencontres formelles avec les représentants du ministère de la Santé et des services sociaux (MSSS), le dossier n’a pas vraiment évolué avant mai 2015. Le MSSS a reconnu avoir traversé une période d’ajustement avec l’entrée en vigueur du projet de loi no 10, mais il a depuis reconstitué la gouvernance des grappes puis est entré dans la phase opérationnelle du projet. les rumeurs d’actions précipitées et de pertes d’échantillons qui courent et qui ont fait la une des médias au début de l’automne n’ont rien de rassurant. Pour aller de l’avant avec OPTILAB, des prérequis sont nécessaires. Il faut que les systèmes informatiques des laboratoires soient compatibles, mais surtout, que toute la logistique pour assurer la stabilisation des échantillons, leur traçabilité, leur transport et leur réception dans les meilleures conditions possible soit bien établie. C’est sans parler des mesures à prendre quant aux structures de postes, aux horaires de travail et aux possibles ententes de transfert de personnel. Malgré les promesses ministérielles de bien faire les choses, L’élément le plus préoccupant demeure sans contredit le manque de transparence. Alors qu’au MSSS on nous assure que tout va bien, qu’aucune suppression de poste n’est envisagée et que des économies substantielles sont à prévoir, il est pratiquement impossible d’obtenir des données ou des garanties concrètes. D’importantes divergences subsistent entre ce que l’on nous rapporte sur le terrain et le discours de l’équipe du ministère. Chaque grappe a sa propre histoire et son propre échéancier. Alors qu’on évoque auprès de certains un horizon de 10 ans, d’autres se font dire que tout sera fait d’ici la fin décembre 2015. Considérant l’état actuel du dossier, nous ne pouvons plus nous contenter de revendiquer notre place au sein des comités décisionnels et de profiter des rares rencontres où nous sommes convoqués avec les autres syndicats pour poser nos questions. L’implantation de la phase opérationnelle du projet OPTILAB soulève des enjeux importants pour la protection des conditions de travail de nos membres, la sécurité des échantillons et la protection du public en général. Ces dernières préoccupations sont en partie partagées par les médecins. C’est pourquoi une tournée des établissements APTS sera réalisée bientôt pour discuter de ce projet. Ces rencontres serviront à recueillir, de la part des membres concernés, l’information nécessaire à nos représentations. Restez à l’affût, le dossier pourrait évoluer rapidement et nous vous interpellerons bientôt. D’IMPORTANTES DIVERGENCES SUBSISTENT ENTRE CE QUE L’ON NOUS RAPPORTE SUR LE TERRAIN ET LE DISCOURS DE L’ÉQUIPE DU MINISTÈRE. 9 DÉCEMBRE 2015 LE PROJET OPTILAB • RENDU PUBLIC EN 2012, OPTILAB EST UN PROJET INDÉPENDANT DE LA RECON FIGURATION DU RÉSEAU ET DE LA CRÉATION DES CENTRES INTÉGRÉS. • SON HORIZON D’IMPLANTATION EST ESTIMÉ À CINQ ANS À COMPTER DE MAINTENANT. • LA DIRECTION GÉNÉRALE DES SERVICES DE SANTÉ ET MÉDECINE UNIVERSITAIRE DU MSSS COORDONNE LA MISE EN ŒUVRE DU PROJET QUI EST SOUS LA RESPONSABILITÉ DU DR YVES JALBERT. • SES PRÉMISSES : UN GRAND NOMBRE DE TECHNOLOGISTES MÉDICAUX PARTIRONT BIENTÔT À LA RETRAITE, LA TECHNOLOGIE A ÉVOLUÉ ET PERMET UN PLUS HAUT DEGRÉ DE CENTRALISATION DES ANALYSES, DES ÉCONOMIES IMPORTANTES SONT POSSIBLES. • LE PROJET PRÉVOIT LA RÉORGANISATION DES SERVICES D’ANALYSES DE BIOLOGIE MÉDICALE DE L’ENSEMBLE DU TERRITOIRE DU QUÉBEC AUTOUR DE 11 GRAPPES (DONT SEULEMENT DEUX SUR L’ÎLE DE MONTRÉAL). • CHAQUE GRAPPE A UN SEUL LABORATOIRE SERVEUR QUI CONCENTRE ENVIRON 70 % DES ANALYSES. DES LABORATOIRES ASSOCIÉS PRÉLÈVENT LES ÉCHAN TILLONS, LES STABILISENT ET LES ENVOIENT AU LABORATOIRE SERVEUR. • LES LABORATOIRES ASSOCIÉS NE CONSERVENT QUE LES ANALYSES PROVENANT DE L’URGENCE ET DES PATIENTS HOSPITALISÉS AINSI QUE CELLES DONT LES ÉCHANTILLONS NE PEUVENT ÊTRE STABILISÉS EN VUE D’UN TRANSPORT À L’EXTÉRIEUR DE L’ÉTABLISSEMENT. MANIFESTATION DU 7 NOVEMBRE 2015 À L’HÔPITAL DU HAUT-RICHELIEU 10 REGROUPEMENTS PROFESSIONNELS CAMPAGNE DE DÉNONCIATION DES LISTES D’ATTENTE CACHÉES PAR | JULIE DESROSIERS, coordonnatrice, secteur des Regroupements professionnels Dans le contexte de culture de reddition de comptes extrême qui caractérise le mode de gestion des établissements sous la gouverne du ministre Gaétan Barrette, il n’est pas étonnant que les gestionnaires du réseau soient devenus obsédés par les statistiques et les « bons résultats » en termes quantitatifs. L’APTS surveille depuis longtemps l’impact de l’imposition de cibles de performance sur l’organisation de votre travail. Cette vigie a permis de compiler une précieuse information transmise à la journaliste Véronique Prince qui l’a intégrée dans un reportage diffusé à TVA Nouvelles le 10 septembre. On y révélait l’existence de stratégies de contournement ou de dissimulation des listes d’attente officielles utilisées par certains gestionnaires pour faire « bien paraître » la direction ou le programme dont ils sont imputables. Par exemple, en santé mentale, ils incitent les intervenants à communiquer avec des personnes en attente pour les aviser qu’elles sont prises en charge alors qu’ils ne sont pas en mesure, faute de temps, d’assurer le suivi – ou encore à les inscrire à des thérapies de groupe même si ce n’est pas l’approche recommandée dans leur cas. Dans les jours qui ont suivi le reportage, l’APTS a sollicité une rencontre officielle avec le ministre dans le but de lui exposer l’ampleur du problème. Parallèlement, nous avons lancé la page Internet www.leprestovasauter.org afin de recueillir les commentaires de nos membres et du public. À l’interne, nous avons amorcé une enquête afin d’établir un portrait national le plus complet possible des subterfuges auxquels recourent les gestionnaires dans Le ministre ayant répondu à ce reportage par une invitation à dénoncer ce type de pratique, nous avons décidé de prendre la balle au bond et de lancer la campagne « Le presto va sauter ». l’ensemble du réseau. La diffusion d’un visuel et d’affiches est venue soutenir la campagne. Les renseignements recueillis serviront à alimenter des sorties médiatiques pour dénoncer la situation, mais surtout à préparer un dossier à présenter au ministre. [...] IL FAUT DIRE LA VÉRITÉ À LA POPULATION ET INFORMER LE MINISTRE. @ [email protected] Obsess pression àiolanpdes stats, erformance LISTES D’ATTE LE PRESTO NTES CACHÉE S VA SAUTER! © GETTY IMAGES Malgré l’automne mouvementé que nous avons connu, la campagne s’est déployée et se poursuit encore aujourd’hui. Nous vous invitons à vous joindre au mouvement en venant témoigner sur notre page Internet ou en coopérant avec l’équipe locale APTS pour partager toute information pertinente relative à la gestion des listes d’attente. Ce n’est pas parce qu’il n’y a plus de liste d’attente officielle que l’accessibilité des services est réellement améliorée; il faut dire la vérité à la population et informer le ministre. Précisons que nous avons un grand souci d’assurer la confidentialité des témoignages reçus afin de protéger nos sources contre toutes éventuelles représailles. Vous pouvez donc participer sans crainte! 11 DÉCEMBRE 2015 SANTÉ ET SÉCURITÉ AU TRAVAIL NOUVEAUX CENTRES INTÉGRÉS QUELLE INTÉGRATION POUR LA SANTÉ ET LA SÉCURITÉ AU TRAVAIL? PAR | PIERRE NAUD, coordonnateur, Santé et sécurité du travail et Développement durable @ [email protected] Les accidents du travail et les risques au travail seront toujours présents dans le cadre des nouvelles structures administratives de centres intégrés, universitaires ou pas. Mais quelle sera la meilleure stratégie pour faire de la prévention en SST dans les nombreuses installations rattachées à ces méga-établissements? Doit-on faire table rase des Comités paritaires de santé et sécurité du travail (CPSST) des précédents Centres de santé et de services sociaux (CSSS) qui ont fait leur preuve par leur dynamisme et leur rayonnement? Poser la question, c’est y répondre. Il faut absolument maintenir les acquis des CPSST qui ont développé une expertise certaine. Il est bien sûr essentiel de s’appuyer sur une prise en charge de la prévention sur les lieux mêmes du travail par les travailleurs et travailleuses ainsi que par les responsables des secteurs et départements. Lors de la création des CSSS, il y a plus d’une décennie, toutes ces questions de fonctionnement et d’organisation de la prévention sur les lieux de travail se posaient de la même façon. De prime abord, il est raisonnable de croire que les défis sont plus considérables encore. CENTRALISATION OU DÉCENTRALISATION DE LA PRÉVENTION Que l’organisation mise sur un fonctionnement paritaire centralisé ou décentralisé, il va de soi que la haute direction doit s’engager à faire de la santé, de la sécurité et du mieux-être des personnes salariés une priorité. Centralisés ou non, les modèles de représentation paritaire pourraient varier en tenant compte des missions ou des lieux de travail, mais les travailleurs et les travailleuses doivent sentir que les orientations sont axées sur leurs préoccupations de tous les jours. La prévention en SST doit s’exercer près des lieux de travail pour pouvoir mieux intervenir. Réflexion faite, le modèle de prévention en SST le plus approprié en serait un dans lequel travailleuses et travailleurs participent activement à la réalisation du plan d’action déterminé par le CPSST en pouvant compter sur la volonté ferme des départements et des secteurs de prendre en charge les risques et dangers identifiés par des représentants à la prévention désignés par les travailleurs. Ce juste équilibre est la solution à une bonne prise en charge de la SST. C’est aussi ce que prévoit la Loi sur la santé et la sécurité du travail qui, malheureusement, ne s’applique pas encore entièrement au réseau de la santé et des services sociaux. Quoi qu’il en soit, les personnes salariées peuvent toujours se référer à leur équipe syndicale locale ou aux ressources nationales de l’APTS en SST pour obtenir l’aide nécessaire à leurs démarches de prévention. LA CSST REMPLACÉE PAR LA CNESST À COMPTER DU 1ER JANVIER 2016, LA COMMISSION DE L’ÉQUITÉ SALARIALE, LA COMMISSION DES NORMES DU TRAVAIL ET LA COMMISSION DE LA SANTÉ ET DE LA SÉCURITÉ DU TRAVAIL SERONT REGROUPÉES SOUS L’ÉGIDE DE LA NOUVELLE COMMISSION DES NORMES, DE L’ÉQUITÉ, DE LA SANTÉ ET DE LA SÉCURITÉ DU TRAVAIL (CNESST). DE PLUS, LA COMMISSION DES LÉSIONS PROFESSIONNELLES SERA REMPLACÉE PAR LE TRIBUNAL ADMINISTRATIF DU TRAVAIL, DIVISION SANTÉ ET SÉCURITÉ DU TRAVAIL. 12 MOBILISATION LA PORTÉE DE NOS MESSAGES ACCRUE PAR LA SOLIDARITÉ L’APTS EN PORTE-VOIX PAR | CHANTAL MANTHA, conseillère en communication @ [email protected] À l’instar des dirigeants d’autres organisations, les personnes qui occupent les plus hautes fonctions au sein de l’APTS rappellent souvent ce mantra syndical : c’est la mobilisation des membres qui fait la différence quand vient le temps de porter à la connaissance du public une situation inacceptable ou de convaincre le gouvernement de donner suite à nos revendications. Au cours des derniers mois, plusieurs grands enjeux ont ainsi fait l’objet de manifestations et d’actions diverses de la part des syndiqués APTS un peu partout au Québec, de sorte qu’on en parle beaucoup! Grâce à des opérations réussies de mobilisation, des questions très préoccupantes dans notre réseau, tels que l’impact des compressions sur les services à la population, les difficultés d’accès aux services psychologiques et l’iniquité salariale dans le secteur de l’imagerie médicale sont sorties de l’ombre. On le doit à la volonté et à la capacité des membres de l’APTS d’exprimer publiquement leur indignation et leur solidarité. TROIS TEMPS, TROIS MOUVEMENTS PRINTEMPS 2015 La troisième semaine d’avril, les technologues en imagerie médicale et en radio-oncologie de trois organisations syndicales attachés à une quarantaine d’établissements partout au Québec lancent au Conseil du trésor un même message : débloquez notre dossier! Les travaux du groupe paritaire de travail en radiologie piétinent depuis deux ans. Les technologues veulent faire reconnaître leur contribution, essentielle au bon fonctionnement du réseau, ainsi que ce principe élémentaire : à responsabilités accrues, salaire accru. En effet, leurs fonctions sont de plus en plus complexes et leur travail exige une formation additionnelle de plusieurs mois. Il est plus que temps pour le Conseil du trésor de s’ajuster à la réalité. Dans au moins une douzaine de régions, les médias reprennent la nouvelle : les technologues manifestent pour obtenir une juste reconnaissance de leurs compétences. Au-delà des représentants patronaux chargés des dossiers d’équité salariale auprès de qui maintes représentations ont déjà été faites, ce sont maintenant tous les paliers décisionnels du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) et du Conseil du trésor, l’Opposition péquiste et la population en général qui sont au fait des attentes des technologues. 13 DÉCEMBRE 2015 ÉTÉ 2015 À la demande du gouvernement du Québec, l’Institut national d’excellence en santé et en services sociaux (INESSS) dépose, en juin 2015, un rapport sur les moyens d’assurer un accès équitable aux services publics de psychothérapie à tous les citoyens. C’est l’occasion pour les établissements et les régions où cette accessibilité n’existe qu’en principe de rappeler la gravité de la pénurie de psychologues dans le réseau public. Dans les mois précédents, les établissements avaient été avisés par Québec de ne plus verser, à compter du 1er avril, la prime de rétention consentie aux psychologues, une mesure prise à l’origine pour atténuer cette pénurie et l’exode vers le secteur privé. De concert avec d’autres organisations syndicales concernées, l’APTS organise une série de manifestations dans plusieurs villes du Québec pour dénoncer la perte d’accès aux services offerts par les psychologues dans le réseau public. Brandissant des pancartes où l’on peut lire « Sans psy, aller simple pour l’urgence », des membres de Gatineau, Chicoutimi, Shawinigan, Longueuil, Laval, Montréal, Québec et Sherbrooke, notamment, se mobilisent en solidarité avec leurs AUTOMNE 2015 collègues psychologues mais aussi avec la population qui fait les frais des politiques – comme le retrait de la prime de rétention – qui ont pour effet de réduire l’accessibilité. Les médias y ont fait écho, particulièrement sur la Côte-Nord où les psychologues du réseau public de Sept-Îles et Port-Cartier étaient menacés de perdre aussi la prime d’éloignement, une mesure heureusement reconsidérée depuis dans le cadre de la négociation avec le Conseil du trésor. Dans un rapport rendu public en septembre, la protectrice du citoyen le souligne d’entrée de jeu : « le cumul des compressions budgétaires au fil des ans et les choix qui en découlent ont, entre autres, entraîné des délais d’attente croissants [ainsi que] la diminution de l’intensité de certains services ». Elle ouvre ainsi le bal de la rentrée, soit une série de dénonciations syndicales des effets des compressions. Fermetures de points de services et abolitions de postes se succèdent au fur et à mesure que les directions d’établissements font connaître leur plan pour donner suite à la commande de réduction budgétaire. Plusieurs équipes APTS s’insurgent, comme d’autres l’ont fait au cours des mois précédents dans le cadre de la campagne Ils démolissent nos services On résiste, et lancent l’alerte : les décisions qui sont prises en ce moment, trop souvent à courte vue, voire incohérentes, menacent sérieusement les services publics, parfois sans même engendrer de réelles économies à long terme. Centralisation des tests de laboratoire, manque de nutritionnistes en cancérologie, fermeture d’un centre de jour, camouflage des listes d’attente : les membres de l’APTS donnent l’heure juste! 14 ACTION SOCIOPOLITIQUE CENTRALISATION ET COMPRESSIONS : DES CONTRECOUPS POUR LES RÉGIONS PAR | LAURENCE BEAULAC, coordonnatrice, Action sociopolitique @ [email protected] Depuis son arrivée au pouvoir, le gouvernement libéral du Québec a imposé des mesures d’austérité draconiennes dans tous les secteurs d’activités, maintenant dur comme fer la cible d’un retour rapide à l’équilibre budgétaire. L’APTS croit que ce discours cache les véritables intentions libérales, comme la privatisation des services publics. Ces intentions se traduisent par des stratégies bien précises et des actions politiques concrètes inspirées par l’idéologie d’une quatrième révolution, visant la réduction de la taille de l’État social1. En étant motivé par cette idée qui menace la pérennité de notre système de santé public, le gouvernement du Québec nuira aussi à nos régions. En effet, en concrétisant sa pensée politique par des budgets axés sur la réduction des dépenses et par des projets centralisateurs comme le projet de loi no 10 et OPTILAB, le gouvernement ne fait pas seulement mal aux services publics mais vient fragiliser les régions au plan social, économique et politique. IMPACTS SOCIAUX Depuis 2014 , l’Observatoire des conséquences des mesures d’austérité au Québec créé par l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS) recense des compressions générales de 4 042 527 000 $ dans les services offerts à la population québécoise. Au mois d’août 2015, les établissements de santé du Québec perdaient ainsi 452 M$, selon l’IRIS. 2 De façon plus détaillée, l’IRIS recense aussi les compressions budgétaires en santé et services sociaux par région. Par exemple, pour la région du Bas-Saint-Laurent, les compressions atteignent les 17 M$3. Ces compressions ajoutées aux fusions des établissements auront notamment des effets négatifs sur la qualité de vie des aînés. En 2016, on estime que 32,4 % de la population du Bas-Saint-Laurent aura 65 ans et plus4, ce qui représente un écart important avec l’ensemble du Québec (18 % de la population aura 65 ans et plus en 2016). Sur la Côte-Nord aussi, il y aura une forte augmentation de la population plus âgée. Ces chiffrent nous indiquent que les besoins de soins seront croissants dans les prochaines années. Or, le projet de loi no 10 n’apporte pas de réelle solution pour faciliter l’accès aux services pour les personnes en perte d’autonomie. De plus, nous savons que les services offerts aux personnes en perte d’autonomie sont appelés à diminuer dans les centres de jour du Bas-Saint-Laurent. 1 Le défaut de ressources, la décentralisation/régionalisation, la dérèglementation, la tarification, la communautarisation et la privatisation constituent six stratégies utilisées à cette fin selon Sylvie Paquerot, une politologue de l’Université d’Ottawa dont les travaux ont été repris par la Coalition solidarité santé. 2 http://austerite.iris-recherche.qc.ca/sante-et-services-sociaux#curateur-public-10-2015 3 Ibid. 4 http://www.stat.gouv.qc.ca/statistiques/profils/profil01/societe/demographie/pers_demo/pers_demo01.htm 15 DÉCEMBRE 2015 Pour obtenir les services qu’elles y trouvaient, elles devront s’adresser aux organismes communautaires… qui sont déjà à bout de souffle. Obligées de s’adapter et de trouver un moyen de transport quand les services sont déplacés vers les grands centres, les personnes en perte d’autonomie et leurs proches aidants voient ainsi leur qualité de vie se dégrader. L’éloignement des services et les compressions nuiront directement à nos aînés qui ont pourtant contribués toute leur vie au financement des services publics… dont on leur ferme aujourd’hui l’accès. La réduction des transports publics est un autre obstacle à l’accessibilité des soins. Ainsi, en Gaspésie, il y a eu, au cours des dernières années, une baisse considérable des services de transport entre les villes et villages. Ces mesures nuiront de façon considérable au développement social de certaines municipalités. Qu’elle soit jeune ou âgée, la population doit avoir accès aux services publics. IMPACT ÉCONOMIQUE Projets centralisateurs et compressions combinés menacent également la prospérité économique des régions plus éloignées. Avec OPTILAB, la réduction des activités dans les laboratoires ne sera pas sans effet. En enlevant les plateaux techniques de certains hôpitaux, des travailleurs et travailleuses pourraient être relocalisés, au risque d’entraîner l’exode d’autres familles vers les grands centres urbains. En bout de course, c’est moins d’argent réinjecté dans l’économie des petites municipalités et des régions excentrées. À l’instar des réformes centralisatrices, les compressions font aussi mal sur le plan économique. À titre d’exemple, le 31 mars, les psychologues ont perdu leur prime de rétention de 10 %, austérité oblige. L’abandon de cette prime réduit considérablement le pouvoir d’attraction et de rétention des établissements du réseau public qui peinent à combler les postes pour cette profession en pénurie. Le gouvernement ne semble pas se soucier de retenir les professionnels et les techniciens dans des territoires comme la Gaspésie, le Bas-SaintLaurent, l’Abitibi et la Côte-Nord où le coût de la vie est particulièrement élevé, afin de favoriser leur essor économique. IMPACT POLITIQUE Rappelons que le projet de loi no 28, qui vise le retour à l’équilibre budgétaire, est venu abolir des instances de participation démocratique comme les Conférences régionales des élus (CRÉ) et les Centres locaux de développement (CLD). Par conséquent, l’impact politique de la loi est important. © GOOGLE IMAGES Les régions, si elles souhaitent s’organiser et faire des revendications conjointes, en lien avec la situation sociale des aînés par exemple, n’auront plus accès au financement nécessaire pour se concerter et parler d’une même voix. En l’absence de rétribution pour les déplacements des élus d’une région à une autre, leurs rencontres seront espacées, voire supprimées. En abolissant ces instances, le gouvernement affaiblit les espaces de revendications qui permettent aussi aux régions de s’indigner contre les projets centralisateurs. EN ACTION POUR AIDER LES RÉGIONS Heureusement, les régions réagissent. La campagne « Touche pas à mes régions » est un bon exemple de la mobilisation dont elles font preuve. Elle souligne l’absence de vision gouvernementale en matière de développement régional. Vous pouvez participer à leur défense en donnant votre appui sur le site internet http:// touchepasamesregions.ca/national. Du côté de l’APTS, le répondant politique du Bas-Saint-Laurent, Sylvain Lirette, s’est adressé au Conseil municipal d’Amqui. Accompagné de membres de l’exécutif local, il a présenté à ce forum un certain nombre de préoccupations concernant les enjeux de la négociation nationale, la fusion des établissements et la centralisation des laboratoires, en soulignant leur impact sur l’économie de la ville. En réponse à cette initiative, la ville a demandé à l’APTS de lui soumettre le texte d’une résolution d’appui qu’elle a adoptée à l’unanimité! Bel exemple de collaboration entre les forces syndicale et municipale, cette action est certainement un modèle à suivre dans plus d’un dossier. 16 RECHERCHE ATTITUDE FACE AU CHANGEMENT CHAT ÉCHAUDÉ CRAINT L’EAU FROIDE PAR | CHANTAL MANTHA, conseillère en communication @ [email protected] Avec la création des centres intégrés de santé et de services sociaux, le personnel du réseau connaît une énième réforme avec son lot de changements non seulement d’employeurs et de structures mais aussi d’affectations, de répartitions des tâches et responsabilités, d’équipes, voire de lieux et d’horaires de travail. Vous comptez peut-être parmi ceux et celles qui voient leur environnement de travail considérablement modifié, pour le meilleur ou pour le pire. Si certains rechignent ou s’en plaignent, on parlera souvent de résistance au changement. Les syndicats seraient, aux yeux des patrons, champions en la matière. Les travaux d’une équipe de chercheurs1 nous ouvrent une nouvelle perspective pour expliquer les réactions positives et négatives face à l’implantation de changements en milieu de travail. Pour en discuter, nous avons rencontré deux d’entre eux, Kathleen Bentein et Frédéric Gilbert, du Département d’organisation et de ressources humaines de l’École des sciences de la gestion de l’UQAM. Avec la collaboration de l’APTS, l’équipe a mené une étude, il y a quelques années, dans un centre de réadaptation et quatre CSSS du Québec où des projets de réorganisation du travail étaient en cours. Les résultats de cette étude peuvent nous aider aujourd’hui à comprendre de l’intérieur l’expérience que vous vivez face à la restructuration du réseau. Bentein, Gilbert et leurs associés voulaient examiner le développement des attitudes des employés à l’égard du changement comme le résultat 1 de leur réaction à un sentiment de perte. Leur hypothèse? La perception de perte associée aux changements dans leur milieu de travail et les réactions psychologiques – tel que l’épuisement professionnel – susceptibles d’en résulter pourraient saper la volonté de participer au changement et générer du cynisme à l’endroit de la gestion du changement. « Cette hypothèse est inspirée par la théorie de la préservation des ressources, explique Kathleen Bentein, qui suppose qu’un des moteurs de l’action humaine est la tendance des individus à protéger et à développer leurs ressources au sens large. Dans le contexte de cette étude, les ressources suivantes ont été mesu- rées : l’autonomie et les occasions de travail stimulant, la cohésion du groupe, le soutien du superviseur et le pouvoir informel. » L’épuisement professionnel serait associé à la perte effective de ces précieuses ressources, à la menace de les perdre ou à l’échec d’un investissement de ressources pour en acquérir de nouvelles. Ce serait la réaction de l’individu à un environnement où il expérimente perte ou échec. « Cette expérience négative incite les gens à vouloir conserver les ressources qu’il leur reste et à développer de nouvelles stratégies pour maximiser leur retour sur investissement », expose Frédéric Gilbert. Dubois, C.A., Bentein, K., Ben Mansour, J., Gilbert, F., Bédard, J.L. (2013) Why Some Employees Adopt or Resist Reorganization of Work Practices in Health Care: Associations between Perceived Loss of Resources, Burnout, and Attitudes to Change. International Journal of Environmental Research and Public Health, 11(1), 187-201. 17 DÉCEMBRE 2015 « Ce réflexe de protection en soi est sain, renchérit Frédéric Gilbert. Les gens ne reculent pas pour rien. Il y a souvent une promesse brisée à l’origine de leur retrait. Par exemple, on prétend que le changement améliorera leur expérience de travail, alors que l’objectif premier est lié à l’efficience. » DES RÉSULTATS ÉCLAIRANTS La recherche à laquelle ont participé Bentein et Gilbert a révélé que l’implantation des changements était associée par les participants à des pertes au niveau de l’autonomie, des occasions de travail stimulant, de la cohésion de leur groupe et de leur pouvoir informel. Les résultats démontrent également une association positive entre cette perception de perte de ressources et l’accroissement de l’épuisement professionnel. Ils confirment ceux d’autres études concluant que les initiatives de réorganisation du travail axées sur la rationalisation peuvent être contre-productives et dommageables. Elles sont souvent la source de sentiments de désillusion, de stress accru, d’anxiété et de symptômes dépressifs. L’étude démontre également que l’accroissement de l’épuisement professionnel influence l’attitude des employés face au changement en les incitant à être plus prudents et à privilégier la protection de leurs acquis au détriment de l’investissement dans le changement. « Dans tout processus de changement, on perd et on gagne, commente Kathleen Bentein, mais il y a une sensibilité accrue aux pertes. C’est comme pour la confiance, la pente à remonter est plus raide une fois qu’on l’a perdue. Parce que les employés ont perçu des pertes dans le processus de changement, ils en anticipent d’autres et choisissent de le désinvestir pour préserver les ressources sur lesquelles ils peuvent encore compter. » À la lumière de cette recherche, que peut-on prédire quant à l’attitude du personnel du réseau face aux changements découlant des multiples fusions et de la mise en place des centres intégrés, après la vague des projets d’optimisation des dernières années? « On ne peut pas s’attendre à ce que les gens aient beaucoup de ressources à investir, compte tenu des expériences de pertes passées, estime Frédéric Gilbert. On leur a tenu un discours d’amélioration et ils ont fait un constat de détérioration. Les gestionnaires doivent prendre l’expérience au travail au sérieux maintenant et la replacer au centre de leurs préoccupations. Or, jusqu’à maintenant, les efforts pour réellement améliorer l’expérience au travail ont souvent échoué parce qu’on n’a pas su saisir la complexité de cette logique de ressources. » Il faut commencer par reconnaître le caractère légitime des pertes perçues. Blâmer les individus est une erreur puisque rares sont les personnes intrinsèquement opposées au changement. Elles réagissent plutôt à des facteurs associés au processus de changement qui viennent influencer leurs perceptions. L’étude invite donc les gestionnaires à inclure dans leur approche des stratégies de développement des ressources à l’intention des salariés. Par exemple, un soutien accru et éclairé des superviseurs pourrait contribuer à réduire l’impact négatif du sentiment de perte qu’ils éprouvent souvent.[ PROJET PONT POUR PARTENARIAT POUR UNE ORGANISATION NOVATRICE DU TRAVAIL Sous la supervision de Carl-Ardy Dubois (Faculté des sciences infirmières de l’Université de Montréal), la recherche conclue cette année portait sur des salariés de la santé et des services sociaux, de niveaux professionnel et technique, en contact direct avec des patients dans cinq milieux où des projets de réorganisation du travail ont été implantés en raison de pénurie de personnel. L’objectif de ces projets était de modifier les pratiques pour qu’elles requièrent moins de personnel. Un questionnaire a été complété une première fois au début du projet et une seconde fois, douze mois plus tard. 18 REGROUPEMENTS PROFESSIONNELS SERVICES À LA JEUNESSE DES CHANGEMENTS NÉCESSAIRES POUR COMBLER LES IMMENSES BESOINS PAR | JULIE DESROSIERS ET MAUDE MAROTTE, coordonnatrices, secteur des Regroupements professionnels @ [email protected] | [email protected] Une famille qui constate que son enfant est en difficulté a souvent du mal à savoir à quelle porte frapper pour avoir de l’aide. L’offre de service est méconnue, diffuse et parcellaire. L’école, le CLSC, la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ), les services policiers et les centres jeunesse : la famille est référée d’un endroit à l’autre et se bute partout à des délais d’attente. S’il advient que personne ne prenne vraiment la situation en main, la situation peut se détériorer. Un problème qui aurait pu être réglé facilement dans une approche préventive peut dériver pendant plusieurs années et avoir un impact indéniable sur le jeune et sa famille. Cette dérive, Martin (nom fictif) et sa famille l’ont vécue pendant près de six ans. Aujourd’hui, Martin est un jeune homme de 17 ans en pleine santé. Il est retourné sur les bancs d’école, travaille à temps partiel, s’entraîne physiquement et a même une copine. Il a de nouvelles fréquentations et bénéficie d’un réseau de soutien ainsi que d’un certain encadrement. Il y a quelques mois, il a reçu un diagnostic de trouble déficitaire de l’attention (TDA). Il prend une médication adaptée qui l’aide à se concentrer et à reprendre le contrôle de sa vie. Sa mère peut enfin respirer dans l’espoir, qu’enfin, il pourra terminer son secondaire et que l’accalmie est là pour durer. Ce dénouement positif n’est pas arrivé par magie. Les années de crise ont eu un impact important sur UN PROBLÈME QUI AURAIT PU ÊTRE RÉGLÉ FACILEMENT DANS UNE APPROCHE PRÉVENTIVE PEUT DÉRIVER PENDANT PLUSIEURS ANNÉES... Martin et sa famille. Au plan académique, il a du chemin à rattraper, ce qui nécessitera soutien et motivation. Les premiers signes de perturbation se sont fait sentir vers l’âge de 11-12 ans. Martin accumulait les échecs scolaires et présentait des troubles de comportements. Il a reçu des avertissements à l’école et rencontré un orthopédagogue et un éducateur spécialisé à quelques reprises, sans qu’aucun suivi ne soit donné. On l’a gardé un an de plus au primaire. L’année suivante, Martin s’est repris en main au niveau des résultats académiques, mais n’a en rien amélioré son comportement. Les tensions ont gagné la maison et, à l’occasion, Martin allait se réfugier à la maison des jeunes. Au secondaire, les choses ont dégénéré. Martin a commencé à avoir de mauvaises fréquentations qui ont eu pour effet d’exacerber son attitude de défi à l’autorité. Il a été suspendu de l’école à plusieurs reprises et a été impliqué dans des incidents mineurs donnant lieu à des interventions policières. Quand il a commencé à défier sérieusement l’autorité parentale, sa mère a compris qu’elle avait besoin d’aide. 19 DÉCEMBRE 2015 © GETTY IMAGES Au CLSC, on l’a incité à s’inscrire à des cours de parents d’ado et référée à la DPJ qui a offert un suivi de deux-trois mois pendant lesquels une intervenante rencontrait Martin chaque semaine à la maison ou à l’école. L’intervention a pris fin avec le congé scolaire estival car Martin semblait s’être repris en main. À la rentrée, les troubles de comportement et les mauvaises notes étaient de retour. Martin se révoltait dès qu’un professeur exerçait son autorité. Les passages en retenu se sont multipliés, les suspensions se sont allongées et Martin a été transféré dans une classe particulière regroupant des jeunes avec des troubles de comportement. Un mois après le début de l’année scolaire suivante, il a décroché de l’école, flânant avec ses amis et multipliant les contacts avec les policiers. Retour de la mère vers la DPJ qui la met en attente. La situation se dégrade, Martin est accusé d’entrée par effraction, il consomme et a été violent avec sa sœur. Sa mère se tourne de nouveau vers le CLSC où l’accueille une stagiaire en travail social qui lui propose d’abord des conseils généraux d’habilité parentale. Se rendant compte que la situation dépasse largement cette étape, elle l’invite à faire un nouveau signalement à la DPJ. Comme Martin refuse de donner suite aux convocations de la travailleuse sociale de la DPJ, il est emmené par les policiers en hébergement d’urgence dans un centre jeunesse pour une durée d’une semaine. Il est ensuite transféré dans un autre centre pour une période de 30 jours afin de subir une évaluation. À la suite de cette évaluation, il doit choisir entre un hébergement volontaire de plusieurs mois à des fins de réhabilitation sociale ou une comparution devant un juge. Le coordonnateur de la maison des jeunes que fréquente Martin le convainc d’opter pour la première option. À sa sortie du centre jeunesse, la DPJ poursuit son suivi afin de consolider le milieu familial mais Martin se trouve un emploi et se lance dans le commerce de la drogue en parallèle. Le coordonnateur de la maison des jeunes parviendra, une fois de plus, à lui faire entendre raison. Dans le cadre du suivi de la DPJ, un psychologue évalue Martin et suggère la possibilité d’un déficit de l’attention. Comme Martin n’a pas de médecin de famille, sa mère l’accompagne à la clinique sans rendez-vous où un médecin généraliste le réfère en pédopsychiatrie au CLSC. Après quatre mois, la mère reçoit un appel du guichet d’accès en santé mentale : on lui dit qu’il ne s’agit pas d’un cas de santé mentale, mais d’un trouble neurologique et on le réfère à une intervenante sociale qui ne prend en charge le dossier que deux mois plus tard. Celle-ci obtient une référence pour rencontrer le pédiatre du CLSC. Après un autre mois d’attente, le pédiatre rencontre Martin, pose le diagnostic de TDA et lui donne une ordonnance de Ritalin. Six ans ont passé… 20 À LA LECTURE DE CE TÉMOIGNAGE, UNE INTERVENANTE NOUS A FAIT PART DE SES RÉFLEXIONS La première chose qui me vient à l’esprit en prenant connaissance de ce parcours laborieux est que cette situation n’est pas exceptionnelle dans notre système. Par expérience, je sais qu’il n’est pas facile d’obtenir des services qui répondent aux besoins spécifiques des familles. Ainsi, la famille de Martin a reçu des services, oui, mais ils n’ont pas été maintenus durant certaines périodes critiques. Aucun filet de sécurité n’a été mis en place lors du retrait des intervenants, un épisode qui a coïncidé avec le début de la période estivale. Or, durant l’été, en l’absence de routine scolaire, l’encadrement général est relâché et les adolescents sont davantage laissés à eux-mêmes. Dans le cas de Martin, les acquis du suivi ont alors été mis à l’épreuve et la situation s’est détériorée. Il aurait fallu que les parents puissent contacter un intervenant en cas de besoin. Lorsque la DPJ a été contactée en raison de la détérioration des comportements de Martin, la situation n’a pas été jugée assez « grave » pour être reprise en charge par leurs services. C’est là un bon exemple des nombreuses parties de ping-pong qui se jouent : les services se spécialisent, les critères d’éligibilité sont de plus en plus spécifiques et tous sont débordés. Une famille qui ne « saigne » pas assez sera refusée par la DPJ, orientée vers le CLSC, vers des intervenants qui n’ont pas nécessairement les ressources pour faire face aux situations particulières. Devant le constat qu’elle n’a pas les outils nécessaires pour l’aider davantage, l’intervenante du CLSC dirigera de nouveau la famille vers la DPJ. Martin tissera des liens avec le coordonnateur de la maison de jeunes, qui jouera un rôle très important dans la suite des choses. Les liens qui se créent entre les intervenants et les jeunes sont la clé de l’accessibilité et de la continuité des services. Le lien de confiance thérapeutique est la base de notre travail. C’est pourquoi il est si regrettable que les jeunes soient renvoyés d’un programme à l’autre, d’une institution à l’autre, sans le suivi d’un intervenant. Devoir répéter son histoire, avoir à s’adapter à de nouvelles personnes, être obligé de faire des démarches seuls dans un système complexe, tout cela est difficile. Avoir une personne ressource sur qui compter peut changer beaucoup de choses pour les familles, pour les jeunes particulièrement. La présence d’un adulte en-dehors de la famille, qui connaît le fonctionnement du système et peut rappeler à l’adolescent l’impact de ses comportements, peut faire toute la différence dans la vie d’un jeune. La famille trouve, dans cette personne, une alliée, une bouée lorsqu’elle ne sait plus vers qui se tourner. Le coordonnateur de la maison des jeunes sera présent pour Martin lorsqu’il veut lâcher l’école et se lancer dans le trafic de drogues. Grâce au lien de confiance établi, ses conseils sont accueillis. Ce n’était pas nécessairement son mandat d’accompagner Martin dans son cheminement, mais il l’a fait comme font certains intervenants qui ne se limitent pas au mandat qui leur a été confié. C’est une chance pour certaines familles d’avoir dans leur vie une personne, un intervenant, un professeur, qui les connaît et peut les guider dans le système. À plusieurs reprises, Martin a été sur une liste d’attente. Durant ces périodes de latence, les acquis s’effritent souvent. L’accessibilité des services c’est aussi s’assurer de la continuité du plan d’action. Parce que les équipes sont débordées, il est important d’avoir un plan B pour permettre à la famille de rester en action en se tournant vers une autre ressource. Il faut tout faire pour prévenir la judiciarisation, un engrenage dont les conséquences sont lourdes : des procédures coûteuses, la stigmatisation des jeunes, l’impact désastreux sur les familles... Martin a eu de la « chance » de séjourner en centre jeunesse parce qu’il y a eu accès à des services regroupés incluant le bilan de santé qui a mené au diagnostic de son TDA. De plus, le système change constamment, obligeant intervenants, partenaires et usagers à s’adapter. Les changements organisationnels peuvent mettre en péril ce qui a été construit, changer complètement les programmes ou les laisser intacts. Dans la foulée de la création des centres intégrés, il semble que sera conservé le concept de guichet unique, selon lequel toutes les demandes entrent par la même porte pour être dirigées ensuite vers les programmes appropriés. Il faut à tout prix réduire les impacts de cette nouvelle réforme sur le traitement des demandes, le temps de réponse aux usagers et la qualité des services. Le système doit miser davantage sur la continuité de l’intervention lors de la fin d’un épisode de services et offrir aux familles l’accès à une personne-ressource vers qui se tourner en situation de crise. Plus les services sont spécialisés, plus il est actuellement difficile pour les familles de garder un lien avec les intervenants rencontrés. Nous travaillons avec l’humain; il est fondamental de favoriser l’établissement d’un lien de confiance thérapeutique, d’être à l’écoute des besoins des usagers, de dépasser parfois le mandat donné, pour éviter que nos familles tombent entre deux chaises. 21 DÉCEMBRE 2015 REGROUPEMENTS PROFESSIONNELS UN INCONFORT PROFESSIONNEL CROISSANT PAR | MAUDE MAROTTE, coordonnatrice, secteur des Regroupements professionnelles @ [email protected] La volonté d’offrir des services de qualité accessibles aux jeunes est palpable chez nos intervenants œuvrant auprès de cette clientèle. Jour après jour, toutes et tous font preuve d’un dévouement sans pareil afin d’offrir des services humains aux jeunes et à leur famille, et ce, malgré les contraintes professionnelles auxquelles ils sont confrontés. Bien malgré eux, techniciens et professionnels doivent souvent chercher à concilier pression à la performance et pratique professionnelle de qualité tout en prévenant l’épuisement professionnel. La recherche de la performance à tout prix oblige les intervenants à défendre constamment auprès des gestionnaires leur vision d’une pratique professionnelle de qualité bien plus aidante qu’une pratique « statistiquement payante ». L’obsession des chiffres est telle que certaines personnes se voient imposer des dossiers sans égard à leur capacité de les prendre en charge ni à leur complexité, et ce, à l’unique fin d’éliminer les listes d’attente. Inutile de souligner ici le sentiment d’impuissance ressenti par l’intervenante devant loger un premier appel sachant d’emblée qu’elle ne sera pas en mesure d’assurer le suivi dans l’immédiat. Dans un tel contexte, pas d’autre choix que de se concentrer sur le motif de la demande d’intervention. L’obligation de voir un certain nombre de clients par jour et de ne faire qu’une entrée statistique par dossier par jour, laisse peu de place pour prendre en compte l’ensemble des besoins de la personne et encore moins ceux de son entourage. Tout cela sans parler des dossiers qui s’accumulent, malgré les plaintes régulières de surcharge adressées aux gestionnaires. Le non remplacement de collègues est malheureusement devenu une pratique courante dans le réseau de la santé et des services sociaux en raison des compressions exigées. ... LES CONDITIONS D’EXERCICE DE PLUSIEURS INTERVENANTS SE DÉGRADENT ALORS QUE LES BESOINS DE LA POPULATION SONT CROISSANTS ET QUE LES RESSOURCES EN PLACE NE SUFFISENT PLUS. Ces décisions de gestion ne sont pas sans conséquence pour les personnes salariées, souvent contraintes à prendre en charge les dossiers de leurs collègues absents. Alors que la charge de travail et la complexité des dossiers s’accentuent, les rencontres de contrôle de la performance, quant à elles, se multiplient au détriment des rencontres de supervision clinique. Bref, les conditions d’exercice de plusieurs intervenants se dégradent alors que les besoins de la population sont croissants et que les ressources en place ne suffisent plus. Malgré les prétentions du présent gouvernement, nous persistons à soutenir qu’un meilleur accès aux services passe par la reconnaissance du jugement professionnel de l’intervenant, par le soutien clinique et par l’apport de ressources supplémentaires. 22 ENTREVUE AVEC CAMIL BOUCHARD REGARD EXPERT SUR LES CHOIX GOUVERNEMENTAUX EN MATIÈRE DE SERVICES À LA JEUNESSE « LE VRAI BOSS, C’EST LE CONSEIL DU TRÉSOR » PAR | RAYNALD BANVILLE, collaboration spéciale « Plus on affaiblit les services publics, moins on les trouve performants, plus on a de raisons de vouloir s’en débarrasser ». Voilà, selon Camil Bouchard, la logique malsaine que donne à penser la cure d’austérité du gouvernement actuel. L’APTS en revue a rencontré cet ancien professeur de l’UQAM, ex-député de l’Assemblée nationale et auteur du rapport Un Québec fou de ses enfants, paru en 1991. Pour Camil Bouchard, il n’y a aucun doute, à foncer tête baissée et la pédale au fond vers le déficit zéro, le gouvernement Couillard met sérieusement en péril plusieurs des grands acquis du réseau de la santé et des services sociaux. « On déconstruit un ensemble de services qu’on a eu peine à installer de façon cohérente et qui est d’une fragilité extrême. » Il cite le cas des CPE1, un dossier qu’il connaît bien, son rapport Un Québec fou de ses enfants ayant conduit à leur création. Son constat est sans équivoque : le gouvernement s’acharne à les affaiblir au profit des services de garde commerciaux, situation d’autant plus odieuse, dénonce-t-il, que les CPE ont clairement démontré leur efficacité, études à l’appui, surtout auprès des enfants défavorisés. « Je suis allé en commission parlementaire défendre l’idée que la modulation des tarifs que le gouvernement prévoyait mettre en place allait favoriser les garderies commerciales, mais ces 1 Centres de la petite enfance. gens-là n’ont qu’une idée en tête : le modèle de l’utilisateur-payeur. Autrement dit, si t’es capable de payer, tu vas avoir un service. Sinon, tant pis pour toi. » DE PLUS EN PLUS INSENSIBLES Camil Bouchard en a également contre le sort réservé au réseau des centres jeunesse, alors que le nombre de signalements n’a jamais été aussi élevé. « On est en train de déconstruire ce réseau-là. L’Association des centres jeunesse du Québec, par exemple, n’existe plus. Le suivi de proximité diminue. Les ensembles de gestion qu’on crée sont de plus en plus loin de la population, de plus en plus gros, de plus en plus insensibles à ce qui se passe. » Il n’est d’ailleurs guère emballé à l’idée d’intégrer les centres jeunesse aux nouveaux Centres intégrés de santé et de services sociaux (CISSS). « En santé mentale, c’est important d’avoir accès à une structure de gestion spécialisée qui offre une réponse rapide et pertinente aux besoins. Au lieu de ça, les équipes vont se retrouver dans des environnements disloqués, gigantesques, où un même gestionnaire devra rendre compte à son supérieur du travail de 600 ou 700 intervenants à la fois! Ça n’a aucun bon sens. » Dans tout ça, déplore également Camil Bouchard, il y a très peu de considération à l’égard des intervenants de première ligne, qu’il estime triplement pénalisés par l’effet des compressions : réduction de la quantité et de la qualité des services, affaiblissement de l’appareil de gestion nécessaire au soutien de leurs interventions et déclin de la formation continue, indispensable à leur travail. « On demande à nos intervenants d’améliorer le sort de leurs concitoyens. Mais dans quelles conditions les place-t-on? Ils ont l’impression de ne pas livrer les services convenablement, de toujours manquer de ressources, de ‘‘passer à côté’’. Pareille situation menace non seulement la qualité des services, mais aussi la santé et le bien-être des 23 DÉCEMBRE 2015 © PHILIPPE DOUCET intervenants eux-mêmes. Je serais curieux de voir les chiffres sur les burn-out après trois ou quatre ans d’un tel régime. » UN PLAN AVEC DES TROUS Cet intérêt pour les chiffres et la rigueur n’est d’ailleurs jamais bien loin dans l’esprit de Camil Bouchard. Il ressurgit d’emblée quand on lui parle du nouveau Plan d’action en santé mentale (PASM). Aucun bilan systématique rigoureux dans ce document, déplore-t-il. « Que devait-on atteindre, qu’a-t-on atteint, qu’a-t-on fait de mieux, que reste-t-il à faire pour améliorer le réseau? Pas moyen de le savoir. » Le scientifique en lui reste largement sur sa faim. Son appétit n’est guère rassasié en ce qui a trait au rôle prévu pour les médecins de famille dans le PASM : aucun! De grands absents à ses yeux, surtout que pareille lacune affligeait déjà le plan d’action précédent. « Actuellement, la moitié des enfants de moins de deux ans ayant un problème de développement qui se retrouvent au cabinet du médecin n’auront accès à aucune référence, les généralistes n’ayant pas assez de contacts avec les ressources en santé mentale. On a un fichu problème! » sant à plus tard un problème dont la facture ne fera que gonfler. » Il y voit un manque de cohérence dû à l’obsession de réduire les dépenses à court terme. « Le vrai boss, c’est le Conseil du trésor. » Autre occasion clairement manquée par le PASM selon lui : l’accès gratuit aux services de psychothérapie. « Un jeune de 16 ans à son premier épisode psychotique pourra obtenir des médicaments sans problème, mais s’il n’a pas la chance d’être bien nanti, oubliez la psychothérapie. Dans pareil cas pourtant, la meilleure approche est double, c’est prouvé : psychopharmacologique et psychothérapeutique. » NE PAS BAISSER LES BRAS Mince consolation, le plan prévoit poursuivre la prévention en santé mentale aux niveaux scolaire et préscolaire. Pas si vite, note Camil Bouchard. « On dépouille actuellement le milieu scolaire des professionnels qui viennent en appui aux enfants qui ont des besoins particuliers, repous- N’a-t-on alors d’autre choix que céder au cynisme politique? Il ne faut surtout pas, prévient Camil Bouchard. « Si on conclut que ça n’en vaut pas la peine, que les politiciens sont tous pareils, on laisse toute la place à un modèle qui ne convient pas. On doit miser sur la solidarité, sur nos syndicats notamment, qui restent encore une des meilleures défenses contre les excès du néolibéralisme. Il faut continuer à dénoncer l’intolérable, se faire des alliés extérieurs objectifs qui relayeront notre message. Les médias notamment, et pas seulement en période de négociations, tout le temps. » 24 TOUS ENSEMBLE AU AU AU L’ESTRIE L’ESTRIE L’ESTRIE Marie-Josée Vallée, Sud de Lanaudière 2 ENSEMBLE L’OUTAOUAISTOUS 4 MONTÉRÉGIEOUEST 3 2 4 CIUSSS DE www.aptsq.com L’ESTRIE Chantal Daoust, St-Jérôme S’ajoutent à cette photo : 1 Stéphane Moisan, conseiller en relations de travail, 2 Marc Bouchard, conseiller en relations de travail, 3 Michael Quinn, conseiller en relations de travail, et 4 Benoit Audet, CA national Natacha Rivet, Antoine-Labelle Martine Larivière, Argenteuil Audrey Pelletier, Lac-des-Deux-Montagnes TOUS ENSEMBLE www.aptsq.com S’ajoutent à cette photo : 1 Chantal Schmidt, conseillère en relations de travail, 2 Mathieu Leclerc, du Suroît, 3 Marc-Olivier Pagé, CA national, et 4 Marie-Eve Denicourt, conseillère en relations de travail TOUS ENSEMBLE Lyne Benoît, Haut-Richelieu-Rouville Éric Rousseau, Des Sommets Nos équipes selon la reconfiguration du réseau de la santé et des services sociaux en CISSS et en CIUSSS. AU AU Benoît Audet, Thérèse-De Blainville REPRÉSENTATION APTS ENSEMBLE 1 CIUSSS DE S’ajoutent à cette photo : 1 Marie-Ève Meilleur, CA national, et 2 Marc Pelletier, conseiller en relations de travail TOUS CISSS DE LA ENSEMBLE 3 www.aptsq.com L’ESTRIE Karine Therrien, Sept-Îles CISSS DE AU www.aptsq.com www.aptsq.com S’ajoutent à cette photo : 1 Sylvain Sirois, CA national, 2 Geneviève Letarte, conseillère en relations de travail, et 3 Claude Intermoscia, conseiller en relations de travail ENSEMBLE 2 S’ajoutent à cette photo : 1 Guylaine Michel, CA national, et 2 Anick Gilbert, conseillère en relations de travail L’ESTRIE TOUS 1 1 2 Hélène Whittom, Minganie CIUSSS DE AU LANAUDIÈRETOUS 1 Luc Verreault, Manicouagan Cindy Pépin, Etchemins Isabelle Furlotte, Montmagny-L’Islet CISSS DE 3 Diane Gosselin, Jardins-Rousillon François Corbeil, Côte-de-Gaspé France Lizotte, Beauce ENSEMBLE Nathalie Loisel, Des Collines GASPÉSIE TOUS 2 www.aptsq.com S’ajoutent à cette photo : 1 Danielle Duguay, CA national, 2 Nathalie Trottier, Beauce, 3 Roxanne Côté, Alphonse-Desjardins, 4 Louis-David Poirier, conseiller en relations de travail, 5 Esther Gagnon, conseillère en relations de travail, 6 Véronique de Tonnancour, conseillère en relations de travail, 7 Jean-François Roberge, conseiller en relations de travail, et 8 Esther Lacombe, Montmagny AU Valérie Lepage, Sud de Lanaudière CISSS DE LA Richard Breault, Baie-des-Chaleurs L’ESTRIE CÔTE-NORD AU 8 Karine Rivet, Haut-St-Laurent AU 7 Marsha Préfontaine, CRR La RessourSe Maude Arseneault, Sud de Lanaudière Julie Martel, Rocher-Percé ENSEMBLE 6 CIUSSS DE S’ajoutent à cette photo : 1 Louis-David Poirier, conseiller en relations de travail, 2 Manon Éthier, conseillère en relations de travail, 3 Sylvain Lirette, CA national, et 4 Myreil Lalancette, Des Basques TOUS ENSEMBLE 5 www.aptsq.com Diane Mathieu, Sud de Lanaudière L’ESTRIE 4 Marc Lapointe, du Suroît CIUSSS DE www.aptsq.com S’ajoutent à cette photo : 1 Ghislain Fortier, Rouyn-Noranda, 2 Sylvie Godin, CA national, 3 Julien Savoie, conseiller en relations de travail, et 4 François Chamberland, conseiller en relations de travail AU 4 Janel Etchie, Champlain-Charles-Lemoyne 3 CISSS DE LA 1 3 2 Andrée Poirier, Gatineau Nathalie Riverin, Aurores Boréales Myriam Gagnon, Rimouski-Neigette 2 1 CHAUDIÈRESAPPALACHESTOUS AU Mohamed El Morabit, L’Hématite USSS DE ENSEMBLE 1 AU AU CISSS DE ENSEMBLE Marie-Josée Pamerleau, Port-Cartier 4 BAS-ST-LAURENT TOUS ENSEMBLE TOUS Linda Dion, Haute-Côte-Nord 3 2 CISSS DU TOUS Nadia Ringuet, Chaudières-Appalaches ENSEMBLE 1 AU Éloïse Lévesque, Des Basques L’ABITIBITOUS TÉMISCAMINGUE OUS NSEMBLE CIUSSS DE Isabelle Beaulieu, Alphonse-Desjardins Line Pomerleau, Rouyn-Noranda AU CISSS DE ENSEMBLE Marthe Charest, Témiscouata ENSEMBLE TOUS Anouk Martel, Matane Ghislaine Mantha, Eskers de l’Abitibi TOUS Jacques-Michel Audet, Vallée-de-l’Or CIUSSS DE Samuel L. Bérubé, Rivière-du-Loup CIUSSS DE STRIE STRIE TOUS ENSEMBLE Line Voyer, Matapédia USSS DE TOUS ENSEMBLE Patricia Baril, Papineau OUS NSEMBLE AU CISSS DES LAURENTIDES AU CISSS DE LA MONTÉRÉGIECENTRE 2 1 4 2 3 1 www.aptsq.com www.aptsq.com S’ajoutent à cette photo : 1 Xavier Béchamp-Laganière, conseiller en relations de travail, 2 Ludovic Hélias Blain, conseiller en relations de travail, 3 Réjeanne Savard, Thérèse de Blainville, et 4 Julien Savoie, conseiller en relations de travail S’ajoutent à cette photo : 1 Sylvie Richer, CA national, et 2 Marc-Olivier Pagé, CA national 25 DÉCEMBRE 2015 TOUS ENSEMBLE TOUS ENSEMBLE TOUS ENSEMBLE AU AU AU L’ESTRIE L’ESTRIE L’ESTRIE CIUSSS DE Francine E. Duquette, IU santé mentale Douglas Pierre Muir, Dorval-Lachine-LaSalle Alain Cousineau, Maria-Chapdelaine Lynn Brie, Jonquière Mireille Bouchard, Domaine-du-Roy DE L’ESTRIE 5 4 4 AU 1 6 5 AU CIUSSS DE AU CIUSSS DE 7 www.aptsq.com L’ESTRIE Julie Montplaisir, Laval TOUS ENSEMBLE AU CISSS DE TOUS ENSEMBLE © ALEXANDRE CLAUDE AU LAVAL CIUSSS DU NORD-DE-L’ÎLEDE-MONTRÉAL TOUS ENSEMBLE Michel Ouellet, H. de Verdun Fabienne Chabot, Pierre-De Saurel L’ESTRIE S’ajoutent à cette photo : Anie Bariteau, conseillère en relations de travail, Josée Fréchette, CA national, et 3 Geneviève Letarte, conseillère en relations de travail 2 Mélanie Roy, IUGM MONTÉRÉGIEEST CIUSSS DE© DENIS GERMAIN 1 Marjolaine Goudreau, Ahuntsic-Mtl-Nord Lucie Brabant, Pierre-Boucher CISSS DE LA jocelyne Dion, Laval AU L’ESTRIE www.aptsq.com Guillaume Chouinard, H. Sacré-Coeur de Montréal ENSEMBLE Josée Blanchard, Laval Joël Bélanger, Pierre-De Saurel TOUS AU CIUSSS DE www.aptsq.com S’ajoutent à cette photo : 1 François Chamberland, conseiller en relations de travail, 2 Lise Guimond, conseillère en relations de travail, 3 Francis Collin, CA national, 4 Chantale Schmidt, conseillère en relations de travail, 5 Lise Brouillette, CA national, 6 David Cuthill, conseiller en relations de travail, 7 Laurence Laperrière-Galien, conseillère en relations de travail, et 8 Sylvie Richer, CA national Dominique Coupal-Noël, H. juif de réadaptation 4 Élise Couture, Pierre-Boucher 3 8 Valérie Caron, Laval S’ajoutent à cette photo : Josée Asselin, CA national, Francis Collin, CA national, Josée Fréchette, CA national, André Doucet, Centre Miriam, et 5 Gabriel Laforest Leduc, conseiller en relations de travail 2 3 2 Francine Coutu, Coeur-de-l’Île 3 TOUS ENSEMBLE CIUSSS DE LA MAURICIE ET DU TOUS CENTRE DU QUÉBEC ENSEMBLE Lydia Tremblay Bordeaux-Cartierville-St-Laurent 2 AU Siu San Kang, H. Chinois de Montréal AU 3 ENSEMBLE AU CIUSSS DU CENTRE-SUD DE-L’ÎLEDE-MONTRÉAL Josée Vermette, I.R. Gingras-Lindsay-de-Montréal ENSEMBLE CIUSSS TOUS Louise Laroche, Arthabaska-et-de-l’Érable Alain Fortin, Haut-St-François Carole Magnin, MRC de Coaticook Michael Hémond, La Pommeraie Nathalie Brien, CR Estrie 2 TOUS Louise Morissette, Haut-St-Maurice Marie-Claude Besré, IUGS 1 1 1 Angèle Courteau, Trois-Rivières Véronique Thibeault, IRDPQ Geneviève Angers, CH gériatrique Maimonides Patrick Durivage, Cavendish Véronique Tessier, Centre Miriam Rachel Lafrance, CHUS Danielle Lynch, H. Mont-Sinaï Pierre Allard, H. général juif Nancy Leclerc, Val-St-François Lyne Boissonneault, CR Constance-Lethbridge CIUSSS DU CENTRE-OUEST DE-L’ÎLEDE-MONTRÉALTOUS ENSEMBLE www.aptsq.com S’ajoutent à cette photo : 1 Claudie Legros, conseillère en relations de travail, 2 Daniel Dubé, CA national, 3 Josée Asselin, CA national, 4 Francis Collin, CA national, et 5 Joëlle Cuillerrier, conseillère en relations de travail Julie Provencher, Drummond Marc-André Bouchard, Des Sources Laurence Cozza, de la Montagne TOUS ENSEMBLE L’ESTRIE Annie Sabourin, Haute-Yamaska Giuseppina Di Benedetto, CHSLD juif de Montréal AU 5 www.aptsq.com S’ajoutent à cette photo : 1 Andréa Perron, conseillère en relations de travail, 2 Nathalie Chalifoux, CA national, 3 Alain Pouliot, conseiller en relations de travail et 4 Geoffroy Bruneau, conseiller en relations de travail ENSEMBLE DE-MONTRÉAL 4 CIUSSS DE CIUSSS DE TOUS L’OUEST-DE-L’ÎLE- AU AU L’ESTRIE CIUSSS DE 1 4 www.aptsq.com S’ajoutent à cette photo : 1 Lisa Vachon, conseillère en relations de travail, 2 Marc-André Vincent, conseiller en relations de travail, 3 Mélanie Bernier, CA national, 4 Jean-François Roberge, conseiller en relations de travail, 5 Manon Éthier, conseillère en relations de travail, et 6 Cynthia Bergeron, IRDPQ AU 3 6 CIUSSS DE ENSEMBLE Josiane Ménard, CSP Grace Dart 3 AU TOUS Louise Lavoie, Ouest-de-l’Île 3 2 1 4 CIUSSS DU SAGUENAYLAC-ST-JEANTOUS ENSEMBLE 2 5 2 L’ESTRIE AU Serge Isabelle, Chicoutimi Julie Boissonneault, H. Jeffery Hale CIUSSS DE LA CAPITALE-NATIONALE TOUS ENSEMBLE 1 L’ESTRIE ENSEMBLE Manon Tremblay, Lac-St-Jean-Est ENSEMBLE TOUS Chantale Gobeil, Cléophas-Claveau Sébastien Collard, IRDPQ TOUS AU TOUS ENSEMBLE CIUSSS DE Sandra King, CH St. Mary Mona Fillion, Portneuf CIUSSS DE 4 1 3 1 2 1 5 2 3 3 2 1 2 4 www.aptsq.com S’ajoutent à cette photo : 1 Manon Gauthier, conseillère syndicale en relations de travail, 2 David Cuthill, conseiller en relations de travail, 3 Marie-Soleil Mariage, Pierre-Boucher, 4 Sylvie Richer, CA national, et 5 Catherine Choquet, Pierre-Boucher www.aptsq.com S’ajoutent à cette photo : 1 Gabriel Potvin-Beaudoin, conseiller en relations de travail, 2 Lyne Lemelin, CA national et 3 Jean-François Tremblay, conseiller en relations de travail www.aptsq.com S’ajoutent à cette photo : 1 Daniel Dubé, CA national, 2 Chantal Schmidt, conseillère en relations de travail, 3 Laurence Laperrière-Galien, conseillère en relations de travail, et 4 Richard Belhumeur, CA national www.aptsq.com S’ajoutent à cette photo : 1 Daniel Dubé, CA national et 2 Jessica Plusquellec, conseillère en relations de travail 26 ASSURANCE COLLECTIVE AJUSTEMENTS DE TARIFICATION 2016 UNE QUESTION D’ÉQUILIBRE ET D’ÉQUITÉ PAR | JENNIFER LAVOIE ET SARAH MARCOUX, coordonnatrices à la Sécurité sociale @ [email protected] Lors du conseil général du début novembre, les personnes déléguées ont adopté la tarification 2016 pour les différents régimes de notre assurance collective, soit maladie, vie, salaire et soins dentaires. Cette grille tarifaire et les modifications aux garanties actuelles s’appliquent à compter du 1er janvier 2016. L’ajustement est fait chaque année puisqu’en assurance collective, les primes payées doivent être égales ou supérieures aux prestations remboursées afin de conserver un équilibre financier. RÉGIME D’ASSURANCE MALADIE Cette année encore, l’APTS s’est fait un devoir de négocier la tarification la plus juste possible afin de minimiser la hausse des primes. D’entrée de jeu, le renouvellement de la tarification 2016 pour le régime d’assurance maladie devait tenir compte d’une hausse de départ inévitable imputable aux changements législatifs permettant aux pharmaciens d’effectuer de nouveaux actes pharmaceutiques et ajoutant une taxe sur les assurances. De plus, la tendance des dernières années démontre une augmentation de la consommation des différentes couvertures et plus particulièrement des médicaments chez les participants de notre régime d’assurance maladie. Nous avons, de fait, observé une augmentation de 5 % de la consommation des couvertures en assurance maladie comparativement à l’an dernier. Cette tendance contribue à générer des déficits que nous devons inclure lors de la négociation de la tarification. Les médicaments, à eux seuls, représentent un peu plus de 80 % des prestations payées selon les frais admissibles. Le coût des médicaments qui ne cesse d’augmenter et l’arrivée récente de nouveaux médicaments – permettant, entre autres, de guérir l’hépatite C – suscitent une certaine inquiétude chez les assureurs en raison du coût et du nombre de cas potentiels. En effet, le coût de ces médicaments varie entre 50 000 $ et 120 000 $ pour un traitement d’une durée de 12 à 24 semaines. C’est donc dire qu’en 2016, s’il y avait seulement même un ou deux cas dans notre groupe, il y aurait nécessairement une hausse des primes l’année suivante. Ces différentes variables ont été considérées autant dans notre analyse que dans celle de l’assureur afin de préserver l’équilibre financier de notre régime. Elles déterminent les projections faites et la tarification qui en découle. De la prise en compte de ces paramètres résulte une hausse de 9,8 %. 27 DÉCEMBRE 2015 Dans le but de réduire la hausse de la tarification 2016 pour le régime d’assurance maladie, le conseil général de juin 2015 a adopté deux modifications à apporter aux garanties prévues au contrat : • Les médicaments innovateurs seront remboursés à 68 % lorsqu’un équivalent générique est disponible; • Les médicaments couverts par les régimes intermédiaire et supérieur seront ceux de la liste régulière plutôt que de la liste large. Cela veut donc dire que les médicaments en vente libre qui sont prescrits (ex : Tylenol, Réactine, vitamine D, etc.) ne seront plus remboursés. Comme le pourcentage des prestations payées pour les médicaments varie d’un régime à l’autre, la hausse des primes est répartie proportionnellement. En ce sens, la hausse globale pour le régime d’assurance maladie demande l’ajustement suivant : TABLEAU DES PRIMES 2015-2016 (PAR PÉRIODE DE 14 JOURS) AUGMENTATION % 1ER JANVIER 2016 PRIME 2015 PRIME 2016 AUGMENTATION $ 1ER JANVIER 2016 Individuel + 6,5 % 36,49 $ 38,86 $ + 2,37 $ Monoparental + 6,5 % 54,09 $ 57,61 $ + 3,52 $ Familial + 6,5 % 87,30 $ 92,97 $ + 5,67 $ Individuel + 6,1 % 46,24 $ 49,06 $ + 2,82 $ Monoparental + 6,1 % 68,54 $ 72,72 $ + 4,18 $ Familial + 6,1 % 110,63 $ 117,38 $ + 6,75 $ Individuel + 6,8 % 61,62 $ 65,81 $ + 4,19 $ Monoparental + 6,8 % 91,43 $ 97,65 $ + 6,22 $ Familial + 6,8 % 147,53 $ 157,56 $ + 10,03 $ BASE INTERMÉDIAIRE SUPÉRIEUR À compter du 1er janvier 2016, il sera possible, deux fois par année, de modifier à la hausse votre régime de protection, en passant du régime de base au régime intermédiaire ou du régime intermédiaire au régime supérieur. Avant cette date, il était possible de faire cette modification uniquement au 1er janvier alors qu’on pourra dorénavant le faire aussi au 1er juillet. 28 RÉGIME D’ASSURANCE DENTAIRE En plus des augmentations de tarif décrétées par l’Association des chirurgiens-dentistes du Québec, il y a eu une croissance de la consommation des soins dentaires d’environ 5 % l’an dernier comparativement à l’année précédente et, de ce fait, le régime des soins dentaires accuse un déficit important pour l’année 2015. S’ajoute à cela la nouvelle taxe sur les assurances en vigueur depuis novembre 2014. Pour ces raisons, une augmentation de 10 % des primes actuelles a été négociée. PRIMES 2015 PRIMES 2016 AUGMENTATION $ 1ER JANVIER 2016 Individuel 14,50 $ 15,95 $ + 1,45 $ Monoparental 23,49 $ 25,84 $ + 2,35 $ Familial 38,77 $ 42,65 $ + 3,88 $ RÉGIME COMPLÉMENTAIRE I : ASSURANCE VIE ET ASSURANCE SALAIRE DE LONGUE DURÉE Bonne nouvelle! L’expérience du groupe et la santé financière du régime complémentaire I pour l’année 2015 nous permettent une diminution ou un maintien des taux contractuels. RÉSULTAT DE LA NÉGOCIATION TAUX PAYÉ 2016 Assurance vie de base - 6,8 % 0,119 % Mutilation accidentelle Maintien 0,16 $ Ass. vie additionnelle adhérent et conjoint - 13,3 % Voir les tables Assurance vie des personnes retraitées Maintien Voir les tables ASSURANCE SALAIRE DE LONGUE DURÉE Selon l’expérience du groupe, nous avons négocié une baisse de 10 % en assurance salaire longue durée. D’année en année, nous poursuivons nos efforts pour vous garantir un régime d’assurance collective de qualité, à prix concurrentiel, qui s’ajuste à vos besoins. Basé sur le sondage de 2015, le résultat de la négociation de cette année et les propositions adoptées lors du dernier conseil général, l’APTS a bonifié la protection de notre couverture, passant de 60 à 65 ans. Cette modification permet de vous protéger pour une plus longue période. Ces modifications sont applicables pour les invalidités débutant le ou après le 1er janvier 2016. Assurance salaire longue durée * Pourcentage du salaire brut TAUX PAYÉ 2015 TAUX PAYÉ 2016 0,453 %* 0,457 %* 29 DÉCEMBRE 2015 EXEMPLES DE COÛT PAR PÉRIODE DE PAIE (14 JOURS) : SALAIRE ANNUEL PRIME PAYÉE 2015 PRIME PAYÉE 2016 50 000 $ 8,71 $ 8,79 $ 60 000 $ 10,45 $ 10,55 $ 70 000 $ 12,20 $ 12,30 $ À compter du 1er janvier 2016, comme les prestations d’assurance-salaire seront désormais payées jusqu’à 65 ans, les membres qui sont âgées entre 58 et 63 ans et qui n’ont pas pris leur retraite devront recommencer à payer des primes d’assurance salaire longue durée. Cette mesure n’est pas rétroactive. Comme à son habitude, l’APTS a fait le maximum dans le contexte financier de 2015 pour s’assurer que la hausse de la tarification soit la plus juste possible, tout en maintenant des couvertures et garanties répondant à vos besoins. La hausse globale de la tarification avait été de 8,5 % en 2015, alors qu’elle est de 5,8 % pour 2016. DES COUVERTURES ET DES GARANTIES RÉPONDANT À VOS BESOINS L’APTS NÉGOCIE UNE PROTECTION ADAPTÉE À VOS BESOINS EN VOUS OFFRANT DES OPTIONS SELON VOTRE UTILISATION. POUR CE FAIRE : • L’APTS a réalisé quatre sondages depuis 2006 afin de connaître votre niveau de satisfaction et d’adapter les couvertures à vos besoins; • Pour ceux et celles qui désirent une couverture pour les services des professionnels de la santé, notre régime d’assurance collective offre le choix entre le régime intermédiaire lorsque vous avez une utilisation faible ou modérée de ces couvertures (ex. : remboursement maximal de 500 $/année pour le psychologue) et le régime supérieur pour une utilisation plus importante de ces couvertures (ex. : remboursement maximal de 1000 $/année pour le psychologue); • Concernant la couverture des services des professionnels de la santé, nous n’avons pas de remboursement maximal par visite, mais uniquement un remboursement maximal annuel; • • Le régime des soins dentaires est facultatif; L’assurance salaire de longue durée et l’assurance vie sont obligatoires, ce qui permet de protéger financièrement tous les membres contre les aléas de la vie. 30 MÉDICAMENTS GÉNÉRIQUES LE POINT DE VUE D’UNE PHARMACIENNE PAR | JENNIFER LAVOIE, coordonnatrice, secteur de la Sécurité sociale @ [email protected] À compter du 1er janvier 2016, les personnes qui choisissent un médicament innovateur1 pour lequel il existe un médicament générique équivalent seront remboursées à 68 % plutôt qu’à 80 %. Cette mesure vise à inciter les personnes qui adhèrent au régime d’assurance collective de l’APTS à choisir la version générique de leurs médicaments, dont le prix est moindre. Dans cette optique et dans le but de démystifier les médicaments génériques, nous avons discuté avec Marie-Hélène Giguère2, pharmacienne à l’Institut national d’excellence en santé et en services sociaux (INESSS)3. QU’EST-CE QU’UN MÉDICAMENT GÉNÉRIQUE? Le médicament générique est une réplique du médicament innovateur. Quand une compagnie pharmaceutique développe une nouvelle molécule, elle est brevetée et ne peut être copiée pour une durée déterminée par la loi. Lorsque ce brevet est expiré, la molécule peut être copiée, ce qui peut mener à la création d’une version générique. Un médicament est composé de deux types d’ingrédients, les ingrédients actifs et les ingrédients inactifs. Les ingrédients actifs du médicament générique doivent être identiques et répondre aux mêmes normes fédérales strictes que ceux du médicament innovateur. C’est au niveau 1 2 3 de sa présentation que le médicament générique peut être différent. Autant la forme que la couleur ou le goût peuvent différer. La compagnie pharmaceutique doit démontrer que les différences qui existent entre les produits génériques et innovateurs n’altèrent pas la qualité, l’efficacité et la sécurité du produit. LE MÉDICAMENT GÉNÉRIQUE EST-IL MOINS PERFORMANT QUE SON ÉQUIVALENT INNOVATEUR? Tout comme les médicaments innovateurs, les médicaments génériques sont approuvés par Santé Canada qui encadre la mise en marché de tous les médicaments. Les normes de qualité scientifique sont les mêmes pour tous les produits. Afin de LES SEULES CONTREINDICATIONS À LA SUBSTITUTION D’UN MÉDICAMENT INNOVATEUR PAR SA VERSION GÉNÉRIQUE SONT LIÉES À DES CAS D’ALLERGIE OU D’INTOLÉRANCE À DES INGRÉDIENTS INACTIFS. Le brevet du médicament innovateur est expiré, permettant la mise en marché d’une version générique. Le brevet du médicament dit d’origine, par contre, est toujours en vigueur, interdisant toute reproduction du médicament. Marie-Hélène Giguère est titulaire d’un baccalauréat en pharmacie (Université Laval) et d’une maîtrise en administration des affaires (M.B.A.) avec une spécialisation en gestion pharmaceutique (Université Laval). Elle a pratiqué pendant quelques années dans le milieu de la pharmacie communautaire. Conseillère scientifique en pharmacothérapie à l’INESSS depuis 2015, elle participe à l’évaluation des demandes d’inscription de médicament au niveau clinique au sein de la Direction scientifique de l’inscription. En complément d’information, nous vous invitons à visiter les sites Internet de l’INESSS (http://www.inesss.qc.ca/accueil.html) et de Santé Canada (http://www.hc-sc.gc.ca/index-fra.php). 31 DÉCEMBRE 2015 pouvoir être commercialisé, chaque médicament doit obtenir un avis de conformité nous assurant qu’il répond aux normes de qualité de Santé Canada. Avant d’émettre un avis de conformité pour un médicament générique, Santé Canada doit attester de la bioéquivalence entre celui-ci et le médicament innovateur. Lorsque des produits sont bioéquivalents, c’est qu’ils sont absorbés de façon semblable et que, même s’il y avait des variations minimes dans la biodisponibilité des produits, ces variations n’ont pas de conséquence clinique chez le patient. 4 POURQUOI LE MÉDICAMENT GÉNÉRIQUE EST-IL MOINS CHER QUE SON ÉQUIVALENT INNOVATEUR? élevées de recherche et développement et de promotion qui expliquent le prix supérieur du médicament innovateur par rapport au prix du générique. La différence de coût entre les médicaments génériques et innovateurs s’explique par le fait que les compagnies pharmaceutiques investissent beaucoup de temps et d’argent dans la recherche, le développement et la promotion d’une nouvelle molécule. Ces investissements ne sont pas nécessaires pour les compagnies qui créent les médicaments génériques puisqu’ils ont accès à la recette des ingrédients actifs du médicament et n’ont qu’à la copier. De plus, la promotion du générique n’est pas nécessaire puisque l’équivalent innovateur a déjà été mis en marché ; il est déjà connu. Ce sont donc les dépenses très POUR QUELLES RAISONS UN MÉDICAMENT INNOVATEUR NE POURRAIT-IL PAS ÊTRE SUBSTITUÉ PAR SON ÉQUIVALENT GÉNÉRIQUE? La différence entre les médicaments innovateurs et génériques se trouve dans les ingrédients inactifs. De ce fait, les seules contre-indications à la substitution d’un médicament innovateur par sa version générique sont liées à des cas d’allergie ou d’intolérance à des ingrédients inactifs. Les cas d’allergie ou d’intolérance aux médicaments génériques sont très rares4. Si c’est votre cas, SSQ vous remboursera à 80 % pour l’innovateur sur présentation d’un formulaire SSQ rempli par votre médecin. 32 PORTRAIT D’UNE PROFESSION AGENTE DE PLANIFICATION, DE PROGRAMMATION ET DE RECHERCHE REGARDER À TRAVERS LA LUNETTE DES PROGRAMMES PAR | CHANTAL MANTHA, conseillère en communication @ [email protected] Avec l’abolition des agences régionales, l’APTS a accueilli, dans plusieurs de ses unités locales, du personnel réaffecté dans les installations des Centres intégrés de santé et de services sociaux (CISSS). C’est le cas à Gaspé. Nous avons rencontré une de ces nouvelles syndiquées APTS dont le titre d’emploi est méconnu. « J’aide les gens qui aident les mamans et les familles », c’est ainsi que Jocelyne Côté résume à sa fille son travail d’agente de planification, de programmation et de recherche (APPR) en santé publique, plus spécifiquement en périnatalité et petite enfance. Dans notre jargon, nous dirions qu’elle traduit les grandes orientations ministérielles en programmes concrets, adaptés à la ... NOTRE APPROCHE EST BASÉE SUR LA COLLABORATION. JE ME VOIS COMME UN PARTENAIRE FACILITANT POUR LES INTERVENANTS QUI ŒUVRENT SUR LE TERRAIN. réalité de la région et qu’elle soutient ceux et celles qui les concrétisent en interventions auprès de la population. Il y a de fait deux dimensions dans le travail d’une APPR comme Jocelyne : l’une concerne l’organisation des services en lien avec les programmes et l’autre, de nature plus Transférée de la défunte agence régionale au CLSC de Gaspé, la Direction de santé publique est la seule à avoir conservé son mandat à peu près intact. Les tâches d’APPR de Jocelyne sont demeurées les mêmes malgré le changement d’employeur : la coordination régionale, le soutien à l’implantation des programmes et à l’uniformisation des pratiques, la formation continue des intervenants, la concertation et l’animation, la création et le soutien de communautés de pratique, l’information et la réception des redditions de comptes. Bien sûr, l’effet des compressions se fait sentir, là comme ailleurs. La santé publique n’a pas toujours les moyens de mener à bien tous les projets qu’elle souhaiterait réaliser. La réduction du nombre de cadres et la pression grandissante exercée sur les intervenants se répercutent chez les APPR qui se voient confier davantage de tâches administratives liées à la reddition de comptes. Cette tendance nécessitera une vigilance certaine au cours des prochains mois, des prochaines années Le réseau, en Gaspésie comme ailleurs, est en pleine mutation et bien des ajustements sont encore à faire, constate Jocelyne Côté. « Je suis une courroie de transmission entre les différents acteurs en périnatalité et petite enfance de la région : organismes communautaires, cadres et intervenants du réseau public. C’est un rôle qui a sa place. Je ne m’occupe pas de la gestion quotidienne comme les cadres, mais je pose plutôt un regard populationnel sur les services. Ainsi, je veille à ce que l’offre de services soit la plus cohérente possible en tenant compte des besoins et des grandes orientations nationales. » Elle apprécie le potentiel de rapprochement qu’offre son intégration aux équipes du CISSS. « Pour le personnel des agences, une barrière est tombée. Nous serons toujours un peu le “poste avancéˮ du ministère, des gens qui font des recommandations d’ordre professionnel et aussi budgétaire, mais notre approche est basée sur la collaboration. Je me vois comme un partenaire facilitant pour les intervenants qui œuvrent sur le terrain. » clinique, les activités de formation et de soutien offertes aux intervenants. 33 DÉCEMBRE 2015 IL FAUT [...] ÊTRE PATIENT [...] ET DEMEURER À L’ÉCOUTE DU MILIEU. C’est d’ailleurs la volonté de se rapprocher de la pratique qui a mené Jocelyne Côté à ajouter à la recherche, son premier rôle professionnel, les fonctions de planification et de programmation qui constituent le quotidien des APPR. « J’ai d’abord acquis des connaissances en santé publique en faisant de la recherche sur la famille, les jeunes, la pauvreté et le suicide, entre autres. Après cinq ans d’expérience plus près de l’intervention, je me sens en mesure de proposer des applications adaptées à la réalité et de contribuer à l’amélioration des pratiques. Il faut toutefois être patient – car ce sont de longs processus – et demeurer à l’écoute du milieu. » De son rattachement à l’agence, Jocelyne regrette les occasions de rencontre et de concertation avec les responsables des mêmes programmes des autres régions. Pour favoriser leur ressourcement, d’autres lieux d’échange devront maintenant être créés. © ROGER ST-LAURENT Elle reconnait qu’il est difficile, à cette étape-ci, de savoir dans quelle direction le réseau va évoluer. Mais son orientation à elle est claire : « Je veux contribuer à implanter des programmes, à les améliorer et à fournir des outils utiles aux intervenants. Le sens de mon travail est là, dans ma contribution à la pertinence, à la fluidité et à la qualité des services offerts à la population de ma région. » 34 JURISPRUDENCE POUR L’AVANCÉE DE VOS DROITS FONDAMENTAUX PAR | PIERRE COLLIN, coordonnateur, Service des relations de travail @ [email protected] Le service des relations de travail de l’APTS trace de grandes lignes d’interprétation en droit du travail grâce à la jurisprudence qu’il génère et aux causes types qu’il pilote. L’APTS est ainsi à l’avant-scène des débats, notamment en ce qui a trait aux impacts de la Charte des droits et libertés sur le droit du travail québécois. En matière de discrimination, d’invalidité, de mesures administratives et disciplinaires, face aux droits parentaux, au droit de gérance arbitraire ou déraisonnable ainsi qu’aux primes et aux échelons salariaux du personnel professionnel et technique, l’APTS est un des syndicats les plus actifs, créatifs et combatifs en relations de travail. Bien que l’approche de résolution de conflit et de médiation soit privilégiée, lorsque cette voie de collaboration ne trouve pas écho chez un employeur, nous n’hésitons pas à soumettre les litiges à des instances décisionnelles afin d’obtenir justice et équité pour nos membres. L’APTS se démarque clairement pour ses gains en arbitrage et pour les grands principes qu’elle défend et qu’elle trace. Voici quelques exemples parmi tant d’autres qui soutiennent cette affirmation. ACCOMMODEMENT POUR UN ACCIDENTÉ DU TRAVAIL (CENTRE MYRIAM) La Cour d’appel du Québec, dans une décision unanime rendue le 15 juin 2015, a confirmé un jugement précédent de la Cour supérieure et crée une révolution sans précédent dans l’interprétation de la Loi sur les accidents du travail et les maladies professionnelles (LATMP) en concluant que l’employeur doit remplir son obligation d’accommodement en vertu de la Charte des droits et libertés de la personne. Dans cette affaire, l’employeur avait informé, sans justification, le travailleur et la Commission de la santé et de la sécurité du travail (CSST) qu’aucun emploi convenable respectant les limitations fonctionnelles du travailleur n’était disponible. Souffrant d’une lésion au coude gauche, il a travaillé en assignation sur des tâches d’éducateur (sans arrêt d’agir) pendant trois ans, avant que l’employeur ne l’informe qu’il n’y avait pas d’emploi convenable permanent pour lui et qu’il serait licencié après plus de 20 ans de service. La CSST avait convenu d’élaborer un programme de réadaptation individualisé afin de lui permettre de trouver un nouvel emploi ailleurs, mais il perdait tous ses droits chez son employeur d’origine qui n’a jamais tenté de l’accommoder. La Cour conclut que l’employeur ne peut plus simplement dire qu’il n’y a pas d’emploi convenable au sein de son établissement pour mettre fin à l’emploi d’un travailleur accidenté du travail qui ne peut occuper son emploi initial, compte tenu de ses limitations fonctionnelles. Comme pour toute personne affectée par un handicap, l’employeur ne peut faire de discrimination et doit désormais analyser les possibilités raisonnables d’accommodement en adaptant son poste actuel ou même un autre poste. Le lien d’emploi est ainsi solidement préservé. L’APTS a créé un droit nouveau important au Québec et rétabli l’ordre des choses en forçant l’assujettissement de la LATMP aux Chartes des droits et libertés. Après 10 ans de lutte et de persévérance dans ce dossier, un pas énorme a été franchi. Ce dossier est d’une importance telle que la CSST a interjeté appel au plus haut tribunal du pays, la Cour Suprême du Canada. À suivre… INVALIDITÉ LONG TERME, RETOUR AU TRAVAIL ET DISCRIMINATION (CSSS D’ARGENTEUIL) L’APTS a défendu avec succès une personne salariée qui autrement aurait tout perdu : son emploi, ses avantages sociaux et la protection de son assurance salaire. L’employeur refusait de reprendre, au travail, une personne salariée en invalidité long terme et la congédiait. Il invoquait essentiellement un pronostic sombre. En mars 2015, un arbitre a cassé ce congédiement abusif et discriminatoire en précisant que chaque cas en est un d’espèce et que la question du pronostic doit 35 DÉCEMBRE 2015 parental sans que l’employeur ne dispose de quelque discrétion que ce soit à cet égard. Il reconnaît que la personne salariée en congé parental est, sans discrimination, admissible aux prestations d’assurance salaire et à la protection de ses régimes d’avantages sociaux. DROIT AU CONGÉ DE MATERNITÉ PENDANT UNE ABSENCE POUR MALADIE © GOOGLE IMAGES être propre à la personne salariée et située dans le contexte de l’évolution de sa maladie et de sa réadaptation. De plus, le médecin traitant est ici le mieux placé pour évaluer cette question et non l’expert à la charge de l’employeur. Établir un pronostic sur une simple base statistique, comme le médecin de l’employeur l’a fait, ne peut l’emporter au plan médical. Par ailleurs, l’employeur n’a tenté aucune mesure d’accommodement. La protection accordée par la convention collective et par la Charte des droits et libertés est importante et l’employeur doit le comprendre et donner toutes les chances à ses personnes salariés. CONTRÔLE DES ABSENCES POUR MALADIE ET PROTECTION DU DROIT À LA VIE PRIVÉE (CSSS JARDINS-ROUSSILLON) L’APTS a contesté des éléments de la politique de l’employeur exigeant notamment la remise d’un billet médical par la personne salariée en maladie pour toutes les absences de plus de trois jours, en plus d’exiger que la salariée informe régulièrement sa supérieure de l’évolution de son état de santé. L’arbitre a fait droit en mars 2015 aux prétentions du syndicat. Les exigences de l’em- ployeur sont abusives, a-t-il déclaré, et constituent une intrusion non justifiable à la vie privée, protégée par la Chartes des droits et libertés. DROITS PARENTAUX, INVALIDITÉ ET DISCRIMINATION (CSSS DE JONQUIÈRE) Un arbitre a confirmé, en août 2013, le droit d’une salariée invalide de mettre fin à un congé parental partiel sans solde pour bénéficier de l’assurance salaire et ainsi s’assurer de ne pas être victime de discrimination de par son invalidité. La salariée avait informé l’employeur qu’elle souhaitait modifier son congé parental sans solde en congé partiel sans solde. Au moment de revenir, elle s’est déclarée invalide et a demandé l’assurance salaire. Or, l’employeur a refusé le retour au travail prétextant qu’elle n’était pas apte à revenir au travail. Normalement, toute travailleuse en congé parental peut y mettre fin et revenir sans autre formalité au travail. Ici, le refus n’était basé que sur son invalidité et visait à lui dénier son droit à l’assurance salaire. L’arbitre a accueilli le grief en déclarant que la convention collective permet à une personne salariée de mettre fin unilatéralement à un congé (CSSS DU VAL-SAINT-FRANÇOIS) La salariée était en congé de maladie et sur le point d’accoucher. L’employeur a nié son droit au congé de maternité parce qu’elle n’était pas au travail. En juin 2012, l’arbitre a souligné en gras cette discrimination apparente de l’employeur et reconnu les droits parentaux de la salariée. DISCRIMINATION POUR GROSSESSE ET DROIT AU REMPLACEMENT EN CONGÉ DE MATERNITÉ (INSTITUT UNIVERSITAIRE DE GÉRIATRIE DE SHERBROOKE) Une orthophoniste non-détentrice de poste était considérée disponible pour tout remplacement offert pendant son congé pour raison de grossesse. En novembre 2012, un arbitre a jugé qu’il était discriminatoire de lui faire perdre un remplacement important et son droit à l’emploi du fait de son état parental. Ce bref échantillon des nombreux gains réalisés par l’APTS en matière de discrimination et d’exercice abusif des droits de direction vous donne envie d’en savoir davantage? Consultez nos publications, visitez le site web de l’APTS ou contactez-nous par le biais de votre équipe locale ou en écrivant à [email protected]. 36 PERSONNALITÉ APTS LE GLAUCOME N’A QU’À BIEN SE TENIR : MARC RENAUD LE GARDE À L’ŒIL! PAR | RAYNALD BANVILLE, collaboration spéciale Marc Renaud est technicien en ophtalmologie à l’Hôpital général juif de Montréal et chargé de projet au Centre d’information McGill sur le glaucome. Récemment, il recevait la Médaille de l’Assemblée nationale pour souligner sa remarquable contribution à la prévention et à la sensibilisation concernant cette maladie. Le glaucome est la deuxième cause de cécité dans le monde. C’est une maladie particulièrement sournoise. Pourquoi? Parce qu’elle s’installe bien avant de laisser paraître les premiers symptômes. Résultat : beaucoup sont atteints et ne le savent même pas! Seuls des examens réguliers permettront de détecter la maladie. Dans ces conditions, la prévention et la sensibilisation sont de toute première importance. Le glaucome a beau être une maladie incurable, on peut en effet le contrôler et le stabiliser. Plus tôt on intervient, plus on minimise les dommages que peut subir le nerf optique et plus on a de chances de ralentir la progression de la maladie. Il va sans dire qu’en sa qualité de technicien en ophtalmologie, Marc Renaud est bien au fait de cette réalité : le dépistage et l’éducation associés aux troubles de la vision sont au cœur de son travail quotidien. Son engagement envers cette maladie va toutefois bien au-delà des tâches qu’il accomplit au jour le jour à l’Hôpital général juif. Pour tout dire, il a fait de la prévention et de la sensibilisation au glaucome une des grandes priorités de sa vie. Sa passion l’a ainsi conduit à créer en 2006 le Centre d’information sur le glaucome, en collaboration avec le docteur Oscar Kasner. Il compte à son actif plusieurs séminaires publics sur la maladie, des dizaines d’articles de presse, de très nombreuses entrevues à la radio et à la télé et au-delà de 150 conférences. Il a également réalisé deux DVD, distribués à travers le Québec, en Haïti et dans certains pays d’Afrique. © H. MIETKIEWCZ COMMUNICATIONS HGJ Mais qu’est-ce qui le pousse à se dévouer autant? L’intime conviction que la prévention peut vraiment aider les gens à conserver leur vision et ainsi faire une véritable différence dans leur quotidien. Il y a une grande satisfaction, vous dira-t-il, à fournir aux gens des moyens de sauver leur vue et de préserver leur qualité de vie. De toutes les récompenses, c’est de loin celle qu’il préfère. Quant à la médaille reçue de l’Assemblée nationale (à l’instar des autres prix qu’on lui a décernés), il l’apprécie surtout pour l’occasion qu’elle lui offre de passer son message sur le glaucome et sur l’importance de se faire examiner régulièrement les yeux pour dépister la maladie. Avis à ceux et celles qui lisent ces lignes. Bouchervillois, Marc Renaud a reçu la Médaille de l’Assemblée nationale des mains de la députée de Montarville, Nathalie Roy, le 15 octobre. On le voit ici accompagné de son épouse, Diane Brousseau. 37 DÉCEMBRE 2015 DÉVELOPPEMENT DURABLE LE CISSS DE LAVAL, VERT ET EN SANTÉ PAR | PIERRE NAUD, coordonnateur, Santé et sécurité du travail et Développement durable @ [email protected] Dans le cadre de notre tournée des régions sur les actions en développement durable, nous nous arrêtons cette fois dans la région de Laval. En inscrivant dans sa mission la promotion de la santé auprès de la population et la prévention des maladies, le Centre intégré de santé et de service sociaux (CISSS) de Laval adopte déjà un principe de base du développement durable. De plus, il véhicule le message selon lequel un environnement sain est essentiel à une bonne santé. Dans cette perspective, l’établissement s’est doté d’un plan vert visant notamment à mieux gérer ses matières résiduelles. Des certifications « ICI on recycle » ont été obtenues pour ses installations, reconnaissant la mise en œuvre effective de mesures à l’Hôpital de la Cité-de-la-Santé et au Centre ambulatoire, ainsi que l’engagement formel à en implanter pour ses autres installations. D’autre part, le Dr François Reeves, cardiologue à l’établissement, est l’instigateur de la Journée de l’Arbre de la santé, un évènement, souligné chaque année en septembre, qui allie santé et environnement. À cette occasion, des arbres sont plantés non loin des installations. Pour sa 8e édition en 2015, l’établissement a offert à des organismes communautaires des arbres à planter sur leur terrain. Les organisateurs espèrent que ces gestes auront un effet d’entraînement auprès de plusieurs autres organismes publics et privés afin de verdir Laval. À ce jour, plus de 3 000 arbres ont été plantés dans plusieurs villes à travers le Québec. Le Centre intégré de cancérologie de la Cité-de-la-Santé a reçu la certification LEED (Leadership in Energy and Environmental Design), une importante reconnaissance des meilleures pratiques en éco énergie. Avec la collaboration de l’organisme Synergie, Santé et Environnement (SSE), l’établissement a fait un exercice de caractérisation des matières résiduelles en 2011 sur plusieurs installations. Cette activité permet de dresser l’inventaire des matières à récupérer. Il participe actuellement à un projet de caractérisation des matières plastiques en collaboration avec deux autres établissements, toujours sous la gouverne de SSE. Les plastiques représentent environ 10 % de l’ensemble des matières résiduelles générées par l’Hôpital de la Cité-de-la-santé de Laval. Au terme de l’inventaire en cours, on pourra implanter une gestion intelligente des plastiques hospitaliers. Il y aurait en effet un haut potentiel de réutilisation des produits à usage unique qu’on retrouve en quantité considérable. Il y a de l’avenir à Laval! © GOOGLE IMAGES 38 LECTURE ESSAI SUR L’AUSTÉRITÉ 5 QUESTIONS À AURÉLIE LANCTÔT PAR | FRANCIS BOUCHER, conseiller en communication et relations publiques @ [email protected] Aurélie Lanctôt est une jeune féministe. Elle étudie le droit à l’Université McGill. On peut l’entendre fréquemment sur Ici Radio-Canada première, entre autres plates-formes. Elle vient de publier Les libéraux n’aiment pas femmes, chez Lux. L’APTS en revue l’a rencontrée. LE TITRE DE VOTRE LIVRE EST TRÈS ÉVOCATEUR. EXPLIQUEZ-NOUS POURQUOI LES LIBÉRAUX N’AIMENT PAS LES FEMMES? Les Libéraux ne se lèvent pas le matin en se disant qu’ils vont faire mal aux femmes du Québec. Toutefois, les politiques d’austérité qu’ils mènent, avec leur lot de compressions, ont un impact beaucoup plus prononcé sur les femmes car elles sont plus nombreuses à travailler dans les services publics et elles dépendent davantage des services sociaux et de santé. Elles bénéficient moins des mesures de relance économique, qui ont tendance à favoriser les emplois masculins. Il y a clairement un déséquilibre dans la façon d’appliquer les politiques économiques. Le fait que ce déséquilibre soit constamment ignoré par les Libéraux nous amène à nous demander s’ils aiment vraiment les femmes. COMMENT SE COMPORTERAIT UN GOUVERNEMENT QUI AIME LES FEMMES? Il faudrait évidemment qu’il mette fin aux politiques d’austérité immédiatement. Il faudrait également aller plus loin en faisant la promotion active des services et des institutions dont les femmes ont besoin pour leur épanouissement. SI LE GOUVERNEMENT COUILLARD ÉTAIT PARITAIRE, EST-CE QU’IL SE COMPORTERAIT DIFFÉREMMENT? Quand il y a 50 % de femmes autour de la table, il est beaucoup plus difficile pour un gouvernement de démanteler le réseau des garderies et de réduire les services de santé, notamment. En nombre suffisant au conseil des ministres, les femmes peuvent mettre de l’avant des enjeux qui seraient autrement passés sous silence. © GOOGLE IMAGES LE CABINET TRUDEAU EST CERTES PARITAIRE, MAIS LE BASSIN DE DÉPUTÉS FÉMININS PARMI LEQUEL LE PREMIER MINISTRE AVAIT À CHOISIR SES MINISTRES ÉTAIT CLAIREMENT MOINDRE QUE CELUI DES DÉPUTÉS MASCULINS. COMMENT EXPLIQUER LA FAIBLE PARTICIPATION DES FEMMES EN POLITIQUE? Les responsabilités familiales incombent encore largement aux femmes. Elles sont de loin plus nombreuses à être chefs de famille monoparentale. Ça explique en partie le problème. Par ailleurs, même en 2015, les femmes se butent encore au boy’s club du pouvoir. 39 DÉCEMBRE 2015 UN SALAIRE MINIMUM DÉCENT POUR NOËL? POUR LA DEUXIÈME ANNÉE CONSÉCUTIVE, LE COLLECTIF POUR UN QUÉBEC SANS PAUVRETÉ INVITE LES MEMBRES DE L’APTS À PROFITER DE LA PÉRIODE DES FÊTES POUR SENSIBILISER LEUR ENTOURAGE À LA PAUVRETÉ. À CETTE FIN, VOTRE ÉQUIPE SYNDICALE LOCALE VOUS OFFRE UNE SÉRIE N o u s sommes également traitées différemment par les médias et par les hommes de pouvoir. On l’a vu lorsque Lise Thériault a pleuré lors d’un point de presse sur la situation des femmes autochtones à Val-d’Or. Si un homme avait montré le même genre d’émotion, son traitement aurait été bien différent. COMMENT EXPLIQUEZ-VOUS QUE DES FEMMES NE SE DISENT PAS FÉMINISTES, MALGRÉ QUE DE NOMBREUSES INÉGALITÉS PERDURENT? De nombreuses campagnes de salissage s’appliquent à ternir l’image des féministes. Tout en étant d’accord que les femmes devraient avoir les mêmes chances que les hommes, beaucoup d’entre nous ont intériorisé les stéréotypes associés au mot féministe. Nous devons revenir à la base. Le féminisme, ce n’est pas autre chose que la volonté de réduire l’écart entre les hommes et les femmes. DE QUATRE CARTES DE NOËL, AUSSI DÉCORATIVES QU’AMUSANTES, À ENVOYER À VOS PROCHES. CETTE ANNÉE, LES ILLUSTRATIONS SIGNÉES CLÉMENT DE GAULEJAC REPRÉSENTENT DES MOUTONS ET DES LOUPS COMMENTANT QUELQUES ENJEUX LIÉS À LA PAUVRETÉ : LE SALAIRE MINIMUM, LES PRÉJUGÉS ENVERS LES PERSONNES EN SITUATION DE PAUVRETÉ ET LES INÉGALITÉS SOCIOÉCONOMIQUES. COMME L’OBJECTIF DE LA CAMPAGNE POUR UNE SOCIÉTÉ JUSTE EST DE DISTRIBUER LE PLUS GRAND NOMBRE POSSIBLE DE CARTES, COUREZ VOUS EN PROCURER À VOTRE BUREAU SYNDICAL LOCAL ET PARTAGEZ « LA LE MESSAGE PAUVRETÉ, : LES PRÉJUGÉS, LES INÉGALITÉS, ÇA VA FAIRE! ». © CLÉMENT DE GAULEJAC HORAIRE DES FÊTES Prenez note que nos bureaux sont fermés du 24 décembre au 4 janvier inclusivement. Toutefois, pour les cas d’urgence, un service de garde en relations de travail est en place les 28, SIÈGE SOCIAL : L - V : 8h30 - 16h30 Fermé : 12h - 13h BUREAU DE QUÉBEC : L - V : 8h30 - 16h30 Fermé : 12h - 13h 29, 30 et 31 décembre 2015. 1111, rue Saint Charles Ouest, Longueuil, Québec J4K 5G4 Tél.: 450 670-2411 ou 1 866 521-2411 Télec.: 450 679-0107 ou 1 866 480-0086 1305, boul. Lebourgneuf, bureau 200 Québec, Québec G2K 2E4 Tél. : 418 622-2541 ou 1 800 463-4617 Téléc. : 418 622-0274 ou 1 866 704-0274 CHANGEMENT D’ADRESSE APTS LOGOTYPE NOIR Si vous déménagez ou si des modifications ont été apportées à votre adresse postale, veuillez d’abord en informer votre employeur et ensuite l’APTS. MERCI ! www.aptsq.com [email protected] 32000indispensables.com