Introduction à la liturgie Catholique
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Introduction à la liturgie Catholique
LE CHRISTIANISME CATHOLIQUE LA SÈRIE LUKE E. HART Le culte catholique Section 1: Introduction à la liturgie Catholique C’est avec affection et reconnaissance que les Chevaliers de Colomb dédient cette série à Luke E. Hart, évangélisateur modèle et Chevalier Suprême de 1953 à 1964. Les Chevaliers de Colomb présentent La série Luke E. Hart Éléments de base de la Foi Catholique I NTRODUCTION À LA LITURGIE C ATHOLIQUE PARTIE DEUX• SECTION UN DE LA CHRÉTIENTÉ CATHOLIQUE Quelles sont les croyances d’un Catholique? Comment un Catholique prie-t-il? Comment un Catholique vit-il? Selon le Catéchisme de l’Église Catholique par Peter Kreeft Sous la direction du père Juan-Diego Brunetta, O.P. Directeur du Service d’information catholique Conseil Suprême des Chevaliers de Colomb Nihil obstat Le père Alfred McBride, O.Praem. Imprimatur Le Cardinal Bernard Law 19 décembre 2000 Le Nihil Obstat et l’Imprimatur sont des déclarations officielles qu’un livre ou un dépliant est libre d’erreurs doctrinales ou morales. Ces déclarations ne sous-entendent pas que les personnes qui ont accordé le Nihil Obstat et l’Imprimatur sont en accord avec le contenu, les opinions ou les déclarations exprimés. Copyright © 2008 par le Conseil Suprême des Chevaliers de Colomb. Tous droits réservés. Extraits du Catéchisme de l’Église Catholique, édition définitive, © Texte typique latin, Libreria Editrice Vaticana, Citta del Vaticano, 1997. Pour utilisation au Canada, copyright © Concacan Inc., 1998. Tous droits réservés. Reproduit avec la permission de la Conférence des évêques catholiques du Canada. Pour obtenir le texte complet, visitez : www.editionscecc.ca Les citations de l’Écriture sainte sont extraites de la version La Bible, traduction officielle de la liturgie, tel que présentée sur le site Internet Bible de la Liturgie, Copyright AELF - Paris 1980 - Tous droits réservés. Les extraits en langue latine et en langue anglaise du Droit Canon sont utilisés ici avec l'accord de l'éditeur © 1983 Société de droit canon d’Amérique, Washington D.C. Des citations tirées de documents officiels de l’Église, de Neuner, Josef, SJ et Dupuis, Jacques, SJ., éditeurs : The Christian Faith : Doctrinal Documents of the Catholic Church, 5e édition (New York : Alba House, 1993) Utilisation autorisée. Avec l’autorisation de l’éditeur, tous droits réservés, nous avons utilisé des extraits du Vatican Council II : The Conciliar and Post-Conciliar Document Revised Edition, édité par Austin Flannery OP, copyright © 1992, Costello Publishing Company, Inc., Northport, NY. 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Le Service d’information catholique recommande de lire chaque mois au moins un livret de la série Hart afin d’obtenir une compréhension plus profonde, plus mature de la Foi. D E U X I È M E PA R T I E : L E C U LT E C AT H O L I Q U E SECTION 1: INTRODUCTION À LA LITURGIE CATHOLIQUE 1. La liturgie n’est pas « vaporeuse » Nous devons commencer par une réflexion très générale sur toute la question de la liturgie, car elle aura un effet profond sur tous les aspects de la liturgie comme la couleur de la lumière change quelque chose à tout ce qu’elle éclaire. Pour bien des gens, la liturgie semble être quelque chose de « vaporeux », vaguement douillet et endormant. Des termes liturgiques comme « mystère pascal » et « signes sacramentels » semblent plutôt lointains, sans rapport avec la vraie vie, comme un conte de fées. Beaucoup détestent le sujet de la liturgie parce qu’il semble « vaporeux » si on le compare aux symboles et aux commandements, les deux autres parties de la foi catholique. D’autres éprouvent exactement le même sentiment « vaporeux », mais ils l’aiment : ils pensent que c’est plus « créatif » et aiment célébrer la communauté, c’est-à-dire eux-mêmes. Ils détestent les symboles et commandements solides, mais aiment la liturgie vaporeuse. Les deux ont tort. La liturgie n’est pas vaporeuse comme une expérience ou un sentiment humains; elle est solide, objectivement réelle. Elle n’est pas une œuvre d’art ancien ou moderne inventée par l’homme; elle n’est ni une antiquité délicate, ornementée et démodée, ni une chose pratique et modernisée ayant de la « pertinence » pour notre époque. En effet, elle n’est pas du tout une chose, mais une Personne, Jésus-Christ, qui se fait réellement présent et agissant dans la liturgie. « C’est ce mystère du Christ que l’Église annonce et célèbre dans sa liturgie » (CÉC 1068).* *CÉC = Catéchisme de l’Église Catholique -5- Qui plus est, cette Personne n’est pas morte, mais vivante. Le Christ n’est pas seulement l’objet de nos pensées et de nos symboles, mais Il agit réellement sur nous dans ses sacrements. (C’est pourquoi Il les a institués!) Et l’action qu’Il réalise est, en un mot, le salut. « [D]ans la liturgie, l’Église célèbre principalement le mystère pascal [la mort et la résurrection du Christ] par lequel le Christ a accompli l’œuvre de notre salut » (CÉC 1067). Toutefois, ces événements passés ne sont pas répétés comme s’ils avaient été incomplets lors de leur premier accomplissement historique. Le Christ a dit sur la croix : « Tout est accompli. » (Jean 19, 30) « Le mystère pascal du Christ est célébré, il n’est pas répété; ce sont les célébrations qui se répètent » (CÉC l104). Enfin, « [l]a liturgie chrétienne non seulement rappelle les événements qui nous ont sauvés, mais les actualise, les rend présents. » (CÉC l104) Le Christ n’est pas seulement remémoré, comme un mort qui n’est plus, mais Il est rencontré tel qu’Il est réellement, « vif et fringant » comme un étalon. « C’est toujours un choc de rencontrer la vie quand on se croyait seul […] quand on sent la ligne [à pêche] se tendre, quand on entend respirer près de soi dans l’obscurité […] Nous crions : “Attention, c’est en vie!” Il vient un moment où les enfants qui jouaient aux cambrioleurs chuchotent subitement : était-ce un vrai bruit de pas dans l’entrée? Un moment vient où des gens, qui se mêlaient de religion (“l’homme en quête de Dieu”!), ont subitement un mouvement de recul. Et si nous L’avions vraiment trouvé? Nous n’avons jamais voulu en venir là! Pire encore : imaginez qu’Il nous ait trouvés? » [traduction] (C.S. Lewis, Miracles) 2. La liturgie, œuvre de Dieu Le mot liturgie veut dire « œuvre » ou service public. L’essence de la liturgie est l’œuvre ou l’action réelle accomplie par la grâce de Dieu dans le Christ, et non les cérémonies où elle -6- s’insère et qui ont été inventées par les hommes. Elle n’est pas seulement une chose que nous faisons, mais aussi une chose que Dieu fait. Son action, c’est de nous racheter, de nous sauver du péché et de nous rendre saints. La liturgie, ce n’est pas les cérémonies, mais l’œuvre qui se fait par elles. C’est dans « la liturgie, […] surtout dans le divin sacrifice de l’Eucharistie, [que] “s’exerce l’œuvre de notre rédemption” » 3 (CÉC 1068). Elle est accomplie, vraiment réalisée, pas seulement symbolisée. Un sacrement réalise effectivement ce qu’il signifie (voir la partie II, section 2). « Par la liturgie, le Christ, notre Rédempteur et Grand Prêtre, continue […] l’œuvre de notre rédemption » (CÉC 1069). Dans tous les sacrements, le Christ est réellement présent et agit sur nos âmes, qu’Il sauve et sanctifie au moyen des signes matériels. En fait, les trois Personnes de la Trinité sont présentes : le Père devient « Dieu avec nous » (« Emmanuel ») en son Fils, et le Fils devient présent en nous dans le Saint-Esprit. En plus d’être une œuvre de Dieu, la liturgie est aussi une œuvre de l’homme, qui ne s’ajoute pas à l’œuvre de Dieu, mais qui y participe. « Le mot “liturgie” signifie originellement “œuvre publique” […] Dans la tradition chrétienne, il veut signifier que le Peuple de Dieu prend part à l’“œuvre de Dieu”. 4 » (CÉC 1069) Par la liturgie, Dieu nous donne la dignité de participer à son œuvre, l’opus Dei, qui est l’œuvre de notre rédemption. C’est une œuvre commune de Dieu et de l’homme parce que c’est l’œuvre de l’Église, qui est le Corps du Christ, lequel est à la fois Dieu et Homme. Le Christ, Tête de l’Église, n’est pas plus séparé de son Corps que votre tête n’est séparée de votre corps. L’Église n’a pas été décapitée! Dans la liturgie, « “le culte public intégral est exercé par le Corps mystique de Jésus-Christ, c’est-à-dire par le Chef et par ses -7- membres. Par suite, toute célébration liturgique, en tant qu’œuvre du Christ prêtre et de son Corps qui est l’Église, est l’action sacrée par excellence dont nulle autre action de l’Église ne peut atteindre l’efficacité” » 1 (CÉC 1070). 3. Diversité et caractère changeant de la liturgie La liturgie est plus diverse et plus changeante que les symboles ou les lois parce qu’elle est une œuvre commune de Dieu et de l’homme, pas seulement une œuvre de Dieu. Elle est moins « unilatérale » que les symboles et les lois, car les symboles résument la vérité qui vient de Dieu et non de l’homme, et les commandements résument les exigences morales qui viennent de Dieu et non de l’homme. Mais bien que les formes de la liturgie soient diverses et changeantes, sa substance ne l’est pas; elle est aussi solide, résistante et abrupte que la croix. Quand les gens pensent à la liturgie catholique, certains pensent aux cathédrales gothiques avec leur intérieur sombre et mystérieux, aux vitraux, à l’encens et à la musique d’orgue solennelle. D’autres pensent à la simplicité et à l’intériorité monastiques. D’autres pensent à l’enthousiasme des bons vivants et à la musique de guitare. D’autres encore pensent à l’ennui et à l’envie de dormir qu’ils ressentent. Mais tout cela est accidentel, comme des vêtements. La liturgie n’est pas essentiellement une affaire de beauté esthétique ni de sentiments psychologiques; elle est essentiellement l’œuvre de notre salut, accomplie par Dieu dans le Christ et appliquée à notre vie au moyen des rites sacramentels de l’Église. « Le mystère célébré dans la liturgie est un, mais les formes de sa célébration sont diverses. » (CÉC 1200) En effet, « [l]a richesse insondable du mystère du Christ est telle qu’aucune tradition liturgique ne peut en épuiser l’expression » 1 (CÉC 1201). -8- La règle fondamentale de toutes les choses de l’Église peut se résumer dans la fameuse formule à trois volets de saint Augustin : « Dans les choses nécessaires : l’unité; dans les choses accessoires : la diversité; en toutes choses : la charité. » [traduction] Cela s’applique particulièrement à la liturgie. 1) « Dans les choses essentielles, l’unité. » « “Dans la liturgie, […] il existe une partie immuable – parce qu’elle est d’institution divine –, dont l’Église est gardienne, et des parties susceptibles de changements, qu’elle a le pouvoir, et parfois même le devoir, d’adapter aux cultures des peuples récemment évangélisés.” » 7 (CÉC 1205) Les changements adaptatifs ont pour but la meilleure propagation de l’essence immuable de la liturgie; ils ne sont pas faits juste pour changer. 2) « Dans les choses accessoires : la diversité. » L’Église catholique a de nombreux rites différents, car « catholique » veut dire « universel », et « universel » veut dire « beaucoup en un » ou « un en plusieurs ». « L’Église est catholique : elle peut intégrer dans son unité, en les purifiant, toutes les vraies richesses des cultures. » 3 (CÉC 1202) « La célébration de la liturgie doit donc correspondre au génie et à la culture des différents peuples. 5 Pour que le mystère du Christ soit “porté à la connaissance de toutes les nations […]” (Romains 16, 26), il doit être annoncé, célébré et vécu dans toutes les cultures, de sorte que celles-ci ne sont pas abolies mais rachetées et accomplies par lui. » 6 (CÉC 1204) « Les traditions liturgiques, ou rites, actuellement en usage dans l’Église sont le rite latin (principalement le rite romain, mais aussi les rites de certaines Églises locales comme le rite ambrosien, ou de certains ordres religieux) et les rites byzantin, alexandrin ou copte, syriaque, arménien, maronite et chaldéen. “[…] la sainte Mère l’Église considère comme égaux en droit et en -9- dignité tous les rites légitimement reconnus, et […] elle veut, à l’avenir, les conserver et les favoriser de toutes manières.” » 4 (CÉC 1203) 3) « En toutes choses, la charité. » « “La diversité liturgique peut être source d’enrichissement, elle peut aussi provoquer des tensions, des incompréhensions réciproques et même des schismes. Dans ce domaine, il est clair que la diversité ne doit pas nuire à l’unité. Elle ne peut s’exprimer que dans la fidélité à la foi commune […] L’adaptation aux cultures exige une conversion du cœur, et, s’il le faut, des ruptures avec des habitudes ancestrales incompatibles avec la foi catholique” » 1 (CÉC 1206), par exemple le sati en Inde ou le vaudou en Haïti. 4. La liturgie dans l’histoire D’où est venue la liturgie? « Le jour de la Pentecôte, par l’effusion de l’Esprit Saint, l’Église est manifestée au monde. 1 Le don de l’Esprit inaugure un temps nouveau […] : le temps de l’Église, durant lequel le Christ […] communique son œuvre de salut par la liturgie de son Église, “jusqu’à ce qu’Il vienne” (1 Corinthiens 11, 26) » [à la fin des temps] (CÉC 1076). Comme l’Écriture, la liturgie est essentiellement historique; elle est un événement, pas seulement une idée. L’Incarnation, la mort et la résurrection du Christ « est un événement réel, advenu dans notre histoire, mais il est unique : tous les autres événements de l’histoire arrivent une fois, puis ils passent, engloutis par le passé. Le […] Christ, par contre, ne peut pas rester seulement dans le passé, puisque […] tout ce que le Christ est, et tout ce qu’Il a fait et souffert pour tous les hommes, participe de l’éternité divine et surplombe ainsi tous les temps et y est rendu présent. L’Événement de la Croix et de la Résurrection demeure » (CÉC 1085). -10- Qu’est-ce que cela veut dire, que le Christ est « présent » dans la liturgie? Au moins trois choses : qu’Il est réellement présent et non absent; aussi, qu’Il est présent et non passé; enfin, qu’Il s’offre Lui-même comme un présent, c’est-à-dire comme un don de grâce. Les sacrements sont des événements historiques, comme le Christ. Ils arrivent. Ils sont le prolongement de la « Bonne Nouvelle », des faits et des événements de l’Évangile, qui sont rendus présents ici et maintenant. « [L]e Christ agit désormais par les sacrements, institués par Lui pour communiquer sa grâce. […] Ils réalisent efficacement la grâce qu’ils signifient en vertu de l’action du Christ et par la puissance de l’Esprit Saint. » (CÉC 1084) « Il est là présent par sa vertu dans les sacrements, au point que lorsque quelqu’un baptise, c’est le Christ Lui-même qui baptise. » (CÉC 1088) 5. Relation entre les liturgies de l’Ancienne et de la Nouvelle Alliance « L’Esprit Saint accomplit dans l’économie [l’ordre] sacramentelle les figures de l’Ancienne Alliance. Puisque l’Église du Christ était “admirablement préparée dans l’histoire du peuple d’Israël et dans l’Ancienne Alliance”, 1 la liturgie de l’Église garde comme une partie intégrante et irremplaçable, en les faisant siens, des éléments du culte de l’Ancienne Alliance : – principalement la lecture de l’Ancien Testament; – la prière des Psaumes; – et surtout la mémoire des événements sauveurs et des réalités significatives qui ont trouvé leur accomplissement dans le mystère du Christ (la promesse et l’alliance, l’Exode et la Pâque, le Royaume et le Temple, l’Exil et le Retour). » (CÉC 1093) « Cette catéchèse [l’harmonie des deux Testaments] dévoile ce qui demeurait caché sous la lettre de l’Ancien Testament : le mystère du Christ.» (CÉC 1094) L’Ancienne et la Nouvelle Alliance se complètent l’une l’autre, s’interprètent l’une l’autre et s’expliquent l’une l’autre. -11- D’une part, l’Exode et la Pâque juive, le Temple et la loi éclairent et approfondissent la compréhension et l’appréciation que nous avons pour le Christ. Les chrétiens devraient, pour cette raison, bien connaître l’Ancien Testament ainsi que la loi et la liturgie juives. « Une meilleure connaissance de la foi et de la vie religieuse du peuple juif, telles qu’elles sont professées et vécues encore maintenant, peut aider à mieux comprendre certains aspects de la liturgie chrétienne. […] La liturgie de la Parole, dans sa structure propre, trouve son origine dans la prière juive. […] [Y] ont leurs parallèles […] nos prières les plus vénérables, dont le Pater. […] Le rapport entre liturgie juive et liturgie chrétienne, mais aussi la différence de leurs contenus, sont particulièrement visibles dans les grandes fêtes de l’année liturgique, comme la Pâque. Les chrétiens et les juifs célèbrent la Pâque : Pâque de l’histoire […] chez les juifs; Pâque accomplie dans la mort et la Résurrection du Christ chez les chrétiens » (CÉC 1096). D’autre part, la plus profonde signification de ces éléments de l’Ancienne Alliance ne peut se comprendre qu’à la lumière du Christ, à qui ils se réfèrent. « Ainsi, le déluge et l’arche de Noé préfiguraient le salut par le Baptême, 5 […] la manne au désert préfigurait l’Eucharistie, “le vrai pain du ciel” (Jean 6, 32). » (CÉC 1094) Saint Thomas d’Aquin explique le principe sous-jacent à ce symbolisme : « Il convient certainement à la Sainte Écriture de nous livrer les choses divines sous le voile de similitudes empruntées aux choses corporelles. Dieu, en effet, pourvoit à tous les êtres conformément à leur nature. Or, il est naturel à l’homme de s’élever à l’intelligible par le sensible, parce que toute notre connaissance prend son origine des sens. Il est donc parfaitement convenable que dans l’Écriture sainte les choses spirituelles nous soient livrées au moyen de métaphores corporelles. » (Somme théologique, Isaïe, 1, 9) -12- « L’auteur de l’Écriture sainte est Dieu. Or, il est au pouvoir de Dieu d’employer, pour signifier quelque chose, non seulement des mots, ce que peut faire aussi l’homme, mais également les choses elles-mêmes. [Autrement dit, les événements historiques et les choses désignées par les mots de l’Écriture sont souvent organisés providentiellement par Dieu pour désigner ou symboliser d’autres réalités.] Pour cette raison, alors que dans toutes les sciences, ce sont les mots [humains] qui ont valeur significative, [dans] celle-ci [l’Écriture] […] les choses mêmes signifiées par les mots employés signifient à leur tour quelque chose. La première signification, celle par laquelle les mots signifient certaines choses, correspond au premier sens, qui est le sens historique ou littéral. La signification par laquelle les choses signifiées par les mots signifient encore d’autres choses, c’est ce qu’on appelle le sens spirituel, qui est fondé sur le sens littéral et le suppose. À son tour, le sens spirituel se divise en trois sens distincts. En effet, [1] dit l’Apôtre (Hébreux 10, 1], la loi ancienne est une figure [un symbole] de la loi nouvelle, et [2] la loi nouvelle elle-même […] est une figure de la gloire à venir; en outre, [3] dans la loi nouvelle, ce qui a lieu dans le chef est le signe [le modèle] de ce que nous-mêmes devons faire. » (Somme théologique, Isaïe, 1, 10) 6. L’Esprit Saint et la liturgie « “Tu demandes comment le pain devient Corps du Christ, et le vin (…) Sang du Christ? Moi, je te dis : le Saint-Esprit fait irruption et accomplit cela qui surpasse toute parole et toute pensée. (…) Qu’il te suffise d’entendre que c’est par le SaintEsprit, de même que c’est de la Sainte Vierge et par le SaintEsprit que le Seigneur […] assuma la chair.” » 2 (Saint Jean Damascène; CÉC 1106). C’est la puissance du même Esprit qui a changé le chaos en cosmos lors de la Création (Genèse 1, 2), qui a changé l’eau en vin aux noces de Cana (Jean 2, 1-11), qui a changé le pain et le vin -13- pour qu’ils deviennent la chair et le sang du Christ dans l’Eucharistie (Luc 22, 14-20) et qui transformera notre chair et notre sang en « corps spirituels » à la résurrection (1 Corinthiens 15, 35-58). « Le terme de la mission de l’Esprit Saint dans toute action liturgique est de nous mettre en communion avec le Christ pour former son Corps. » (CÉC 1108) « La mission de l’Esprit Saint dans la liturgie de l’Église est de préparer l’assemblée à rencontrer le Christ; de rappeler et de manifester le Christ à la foi de l’assemblée; de rendre présente et d’actualiser l’œuvre salvifique du Christ par sa puissance transformante et de faire fructifier le don de la communion dans l’Église. » (CÉC 1112) L’Esprit complète la liturgie comme Il complète et parfait l’économie [plan] trinitaire du salut. L’Esprit révèle le Christ, et le Christ révèle le Père. Le Père envoie le Fils, et le Fils, en union avec le Père, envoie l’Esprit. « Dans la liturgie de l’Église, Dieu le Père est béni et adoré comme la source de toutes les bénédictions de la création et du salut, dont Il nous a bénis en son Fils, pour nous donner l’Esprit » (CÉC 1110). 7. Qui célèbre la liturgie? La réponse de l’Écriture à cette question, résumée dans le catéchisme, vous surprendra probablement. « L’Apocalypse de St Jean, lue dans la liturgie de l’Église, nous révèle d’abord [1] un trône dressé, et siégeant sur le trône, Quelqu’un 1: “le Seigneur Dieu” (Isaïe 6,1) 2. [2] Puis l’Agneau, “immolé et debout” (Apocalypse 5, 6) 3 : le Christ crucifié et ressuscité, l’unique Grand Prêtre […]. [3] Enfin, “le fleuve de Vie qui jaillit du trône de Dieu et de l’Agneau” (Apocalypse 22, 1), l’un des plus beaux symboles du Saint-Esprit. » 3 (CÉC 1137) -14- Celui qui est adoré dans la liturgie céleste est donc la Trinité. Et qui sont les adorateurs? « [P]articipent au service de la louange de Dieu […] : 1) les Puissances célestes [les anges], 4 2) toute la création (les quatre Vivants), 3) les serviteurs de l’Ancienne et de la Nouvelle Alliance (les vingt-quatre vieillards) [les douze tribus d’Israël plus les douze apôtres], 4) le nouveau Peuple de Dieu (les cent quarante-quatre mille5) [nombre qui symbolise la totalité : 12 x 12 x 1 000], 5) en particulier les martyrs “égorgés pour la Parole de Dieu” (Apocalypse 6, 9), 6) et la toute Sainte Mère de Dieu (la Femme) 6 [vêtue du soleil] […], 7) enfin “une foule immense, impossible à dénombrer, de toute nation, race, peuple et langue” (Apocalypse 7, 9). » (CÉC 1138) La liturgie est bien plus grande que l’univers! Dans la liturgie, toute la création adore Dieu, réalisant la dernière et la plus haute aspiration du psalmiste : « Que tout ce qui respire loue le Seigneur! » (Psaumes 150) « C’est à cette liturgie éternelle que l’Esprit et l’Église nous font participer » (CÉC l139), non seulement au ciel après la mort, mais dès maintenant sur la terre, demain matin, ou chaque fois que « nous célébrons le mystère du salut dans les sacrements » (CÉC 1139). La liturgie n’est pas dans le monde, c’est le monde qui est dans la liturgie. La liturgie céleste entoure le monde, et la liturgie de la terre participe à celle du ciel, puisque l’Église militante (l’Église terrestre) et l’Église triomphante (du ciel) forment une seule Église. Pendant la liturgie, « cette foule immense de -15- témoins est là qui nous entoure » (Hébreux 12, 1), comme les athlètes au stade sont entourés de partisans qui les acclament. 8. Rôle du clergé et des laïcs dans la liturgie Ce n’est pas seulement le clergé qui célèbre la liturgie, mais c’est toute l’Église. Si l’Église terrestre et l’Église céleste forment une seule Église, le clergé et les laïcs de l’Église terrestre forment assurément une seule Église et non pas deux. « C’est toute la Communauté, le Corps du Christ uni à son Chef [le Christ], qui célèbre. “Les actions liturgiques ne sont pas des actions privées, mais des célébrations de l’Église [entière]” » (CÉC 1140). « “[M]ais elles atteignent chacun de ses membres, de façon diverse, selon la diversité des ordres, des fonctions et de la participation effective.” » 8 (CÉC 1140) Car l’Église est un organisme, pas seulement une organisation, et dans un organisme, chaque organe est unique tout en étant un avec chaque autre organe et avec tout le corps (voir 1 Corinthiens 12). Deux pièces de monnaie dans une pile ne sont ni uniques, ni organiquement unies entre elles; un poumon et un rein dans un corps sont les deux. Or, l’Église est un corps. « “La Mère Église désire beaucoup que tous les fidèles soient amenés à cette participation pleine, consciente et active aux célébrations liturgiques, qui est demandée par la nature de la liturgie elle-même” » 1 2 (CÉC 1141). « “Dans les célébrations liturgiques, chacun, ministre ou fidèle, en s’acquittant de sa fonction, fera seulement et totalement ce qui lui revient en vertu de la nature de la chose et des normes liturgiques.” » 5 (CÉC 1144). Ceux qui participent au culte liturgique sont comme les acteurs d’une pièce ou les instruments d’un orchestre : chaque partie est nécessaire et fonctionne en vue du tout. Nous n’allons pas à l’église comme nous allons au restaurant, pour prendre des repas individuels, mais comme nous allons combattre dans une armée ou jouer dans une équipe de hockey, afin de réaliser une grande œuvre en commun. -16- Cette tâche commune s’accomplit de façon ordonnée, sous une direction. « [N]ous [le Corps] avons plusieurs membres, qui n’ont pas tous la même fonction » (Romains 12, 4). « Le ministre ordonné [évêque, prêtre ou diacre] est comme “l’icône” du Christ Prêtre. » (CÉC 1142) En conséquence, la fonction du clergé est de servir les laïcs, comme l’a fait le Christ (voir Jean 13, 3-17). « Le ministère ordonné ou sacerdoce ministériel 4 est au service du sacerdoce baptismal » (CÉC 1120), c’est-à-dire le sacerdoce de tous les croyants baptisés (voir la partie II, section 7). Le sacerdoce ordonné est essentiel, car « [i]l garantit que, dans les sacrements, c’est bien le Christ qui agit » (CÉC 1120). Sans les prêtres, nous aurions seulement une « association » religieuse humaine au lieu d’un agent divin de salut. Les prêtres sont notre lien non seulement avec la vraie foi, mais aussi avec le vrai Sauveur, le Jésus historique. « La mission de salut confiée par le Père à son Fils incarné [mission qui inclut la liturgie sacramentelle et y trouve même son suprême aboutissement] est confiée aux apôtres et par eux à leurs successeurs [les évêques qu’ils ont ordonnés, puis les évêques que ces derniers ont ordonnés, jusqu’à nos évêques actuels] : ils reçoivent l’Esprit de Jésus pour agir en son nom et en sa personne. » 5 (CÉC 1120) Quand l’abbé Bessette dit : « Ceci est mon Corps », c’est JésusChrist qui parle, pas l’abbé Bessette. Ce n’est pas le corps de l’abbé Bessette qui nous sauve! La « succession apostolique » des évêques et des prêtres sacramentellement ordonnés nous relie au Christ. « Ainsi, le ministre ordonné est le lien sacramentel qui relie l’action liturgique à ce qu’ont dit et fait les apôtres, et, par eux, à ce qu’a dit et fait le Christ, source et fondement des sacrements. » (CÉC 1120) 9. Les sources des symboles sacrés L’homme est un faiseur de symboles. « Dans la vie humaine, signes et symboles occupent une place importante. L’homme, étant un être à la fois corporel et spirituel, exprime et perçoit les réalités -17- spirituelles à travers des signes et des symboles matériels. Comme être social, l’homme a besoin de signes et de symboles pour communiquer avec autrui, par le langage, par des gestes, par des actions. Il en est de même pour sa relation à Dieu. » (CÉC 1146) « Une célébration sacramentelle est tissée de signes et de symboles » (CÉC 1145) provenant de trois sources principales : la nature, la société et l’histoire. La nature, source de symboles : « Dieu parle à l’homme à travers la création visible. Le cosmos matériel se présente à l’intelligence de l’homme pour qu’il y lise les traces de son Créateur. 1 La lumière et la nuit, le vent et le feu, l’eau et la terre, l’arbre et les fruits parlent de Dieu, symbolisent à la fois sa grandeur et sa proximité. » (CÉC 1147) « En tant que créatures [de Dieu], ces réalités sensibles peuvent devenir le lieu d’expression de l’action de Dieu » (CÉC 1148). « Les grandes religions de l’humanité témoignent, souvent de façon impressionnante, de ce sens cosmique et symbolique » (CÉC 1149). Le symbolisme est le langage naturel de toutes les religions, car les réalités invisibles doivent être signifiées par des signes visibles. La société, source de symboles : « Il en est de même des signes et des symboles de la vie sociale des hommes : laver et oindre, rompre le pain et partager la coupe peuvent exprimer la présence sanctifiante de Dieu » (CÉC 1148). L’histoire juive, source de symboles : « Le peuple élu reçoit de Dieu des signes et des symboles distinctifs qui marquent sa vie liturgique […] Parmi ces signes liturgiques de l’Ancienne Alliance, on peut nommer la circoncision, l’onction et la consécration des rois et des prêtres, l’imposition des mains, les sacrifices, et surtout la Pâque. L’Église voit en ces signes une préfiguration des sacrements de la Nouvelle Alliance. » (CÉC 1150) L’Église utilise ces trois sources de symboles. « La liturgie de l’Église présuppose, intègre et sanctifie des éléments de la création et de la culture humaine en leur conférant la dignité de -18- signes de la grâce, de la création nouvelle en Jésus-Christ. » (CÉC 1149) À titre d’exemple du principe selon lequel « la grâce rachète et perfectionne la nature », c’est-à-dire que les actes surnaturels du Créateur utilisent et perfectionnent ses créatures au lieu de les écarter, « [l]es sacrements de l’Église n’abolissent pas, mais purifient et intègrent toute la richesse des signes et des symboles du cosmos et de la vie sociale. En outre, ils accomplissent les types et les figures de l’Ancienne Alliance, ils signifient et réalisent le salut opéré par le Christ, et ils préfigurent et anticipent la gloire du ciel. » (CÉC 1152) (Ces trois derniers points sont les trois sens symboliques des événements de l’Écriture selon saint Thomas d’Aquin, mentionnés plus haut, au paragraphe 5). 10. Quatre genres de symboles dans la liturgie : actions, paroles, images et musique Actions. « Une célébration sacramentelle est une rencontre des enfants de Dieu avec leur Père, […] et cette rencontre s’exprime comme un dialogue, à travers des actions et des paroles. […] [L]es actions symboliques sont elles-mêmes déjà un langage » (CÉC 1153). Les actions sont aussi un genre de paroles; elles désignent autre chose qu’elles-mêmes; elles disent quelque chose. Souvent, d’ailleurs, « les actions en disent plus que les paroles ». Paroles. « La liturgie de la Parole est partie intégrante des célébrations sacramentelles. […] [Non seulement la Parole ellemême, mais aussi] les signes de la Parole de Dieu doivent être mis en valeur : le livre de la Parole (lectionnaire ou évangéliaire), sa vénération (procession, encens, lumière), le lieu de son annonce (ambon), sa lecture audible et intelligible, l’homélie du ministre qui prolonge sa proclamation, les réponses de l’assemblée (acclamations, psaumes de méditation, litanies, confession de foi). » (CÉC 1154) Images. « L’image sacrée, l’Icône liturgique, représente principalement le Christ. » (CÉC 1159) « Tous les signes de la célébration liturgique sont relatifs au Christ : les images sacrées de -19- la sainte Mère de Dieu et des saints […] aussi […] signifient le Christ qui est glorifié en eux. Elles manifestent “la nuée de témoins” (Hébreux 12, 1) […] transfiguré[s] “à sa ressemblance” »7 (CÉC 1161). Une image « ne peut pas représenter le Dieu invisible et incompréhensible; c’est l’Incarnation du Fils de Dieu qui a inauguré une nouvelle “économie” des images : “Autrefois Dieu qui n’a ni corps, ni figure, ne pouvait absolument pas être représenté par une image. [C’est pourquoi les musulmans, qui adorent le vrai Dieu mais nient son incarnation, interdisent toute image.] Mais maintenant qu’Il s’est fait voir dans la chair et qu’Il a vécu avec les hommes, je peux faire une image de ce que j’ai vu de Dieu. (…) Le visage découvert, nous contemplons la gloire du Seigneur.” » 5 (CÉC 1159). Musique. « “La tradition musicale de l’Église universelle a créé un trésor d’une valeur inestimable qui l’emporte sur les autres arts” » 1 (CÉC 1156). « Celui qui chante prie deux fois », dit saint Augustin. Les anges chantent. De même que nos vies sont entourées par leur garde, de même notre musique liturgique est entourée par la leur. Elle fait partie de leur musique, des chants de l’Église triomphante au ciel. « Le chant et la musique remplissent leur fonction de signes d’une manière d’autant plus significative qu’ils sont “en connexion plus étroite avec l’action liturgique”, 4 selon trois critères principaux : la beauté expressive de la prière, la participation unanime de l’assemblée […] et le caractère solennel de la célébration » (CÉC 1157), qui est solennelle parce que la raison d’être de la liturgie est sainte : la gloire de Dieu et la sanctification de l’homme entouré par cette gloire. Voici comment cette gloire est décrite par l’auteur de l’épître aux Hébreux lorsqu’il décrit le contraste entre l’Ancienne et la Nouvelle Alliance. En lisant ce passage stimulant, n’oubliez -20- pas que ce qu’il décrit n’est pas la vie après la mort, ni le ciel, mais ce que les catholiques font chaque dimanche à l’église. « Quand vous êtes venus vers Dieu, il n’y avait rien de matériel comme au Sinaï, pas de feu qui brûle, pas d’obscurité, de ténèbres, ni d’ouragan, pas de son de trompettes, pas de paroles prononcées par cette voix que les fils d’Israël demandèrent à ne plus entendre. […] Le spectacle était si terrifiant que Moïse dit : Je suis terrifié et tremblant. Mais vous êtes venus vers la montagne de Sion et vers la cité du Dieu vivant, la Jérusalem céleste, vers des milliers d’anges en fête et vers l’assemblée des premiers-nés dont les noms sont inscrits dans les cieux. Vous êtes venus vers Dieu, le juge de tous les hommes, et vers les âmes des justes arrivés à la perfection. Vous êtes venus vers Jésus, le médiateur d’une Alliance nouvelle, et vers son sang répandu sur les hommes, son sang qui parle plus fort que celui d’Abel. Prenez garde de ne pas rejeter celui qui vous parle; car si les fils d’Israël n’ont pas échappé au châtiment quand ils ont rejeté celui qui les avertissait sur la terre, à plus forte raison nous non plus, si nous nous détournons de celui qui nous parle du haut des cieux. Sa voix a jadis ébranlé la terre. Maintenant il fait cette annonce solennelle : une dernière fois, je ferai trembler, non seulement la terre, mais encore le ciel. Ces mots “une dernière fois” indiquent le bouleversement de ce qui sera ébranlé parce que ce sont des choses créées, afin que subsiste ce qui est inébranlable. C’est pourquoi, nous qui recevons une royauté inébranlable, soyons reconnaissants et servons Dieu d’une manière qui lui soit agréable, avec soumission et crainte. Car notre Dieu est un feu dévorant. » (Hébreux 12, 18-29) La « royauté inébranlable » est la même chose que « servir Dieu d’une manière agréable ». Ce qui en est le centre a l’air d’une petite rondelle de pain : c’est Jésus-Christ. -21- 11. Cycles liturgiques et temps sacrés La liturgie a ses propres temps. En fait, elle transforme le sens du temps. Si on en juge par les critères profanes, elle est une perte de temps. Mais cette perte de temps (et d’énergie, et même d’argent) est la chose la plus importante et la plus joyeuse que l’homme puisse faire pendant sa vie sur terre. Si les hommes ne l’avaient pas compris, les cathédrales n’auraient jamais été bâties. Non seulement la liturgie transcende le temps profane, mais elle transforme aussi les temps de notre vie terrestre. Elle sanctifie tous les temps par ses temps sacrés spéciaux. « Le Peuple de Dieu, dès la loi mosaïque, a connu des fêtes fixes » (CÉC 1164) réglées selon des cycles annuels, hebdomadaires et quotidiens. En effet, la vie humaine vient naturellement en cycles, comme les saisons, et en vagues, comme la mer. Le centre du cycle liturgique annuel est Pâques. « À partir du Triduum Pascal [les trois jours sacrés allant du soir du Jeudi Saint, passant par le Vendredi Saint et se terminant le dimanche de Pâques], comme de sa source de lumière, le temps nouveau de la Résurrection emplit toute l’année liturgique » (CÉC 1168). « Pâques n’est pas simplement une fête parmi d’autres : elle est la “Fête des fêtes”, “Solennité des solennités”, comme l’Eucharistie est le sacrement des sacrements (le Grand sacrement) » (CÉC 1169). Le centre et la source de mouvement du cycle hebdomadaire est le même événement, la Résurrection du Christ, célébrée chaque dimanche. « Chaque semaine, au jour qu’elle a appelé “Jour du Seigneur”, elle fait mémoire de la Résurrection du Seigneur » (CÉC 1163). « “Quand nous méditons, ô Christ, les merveilles qui furent accomplies en ce jour du dimanche de ta sainte Résurrection, nous disons : Béni est le jour du dimanche, car c’est en lui que fut le commencement de la création (…) le salut du monde” » 8 (CÉC 1167). -22- Le cycle quotidien est observé par « la Liturgie des Heures, [aussi appelée] “l’Office divin”. 1 Cette célébration […] “s’est constituée de telle façon que le déroulement du jour et de la nuit soit consacré par la louange de Dieu” » 3 (CÉC 1174). Elle comprend cinq temps de prière. Tout le clergé et certains membres d’instituts religieux sont tenus de faire ces prières chaque jour. Les papes récents ont appelé notre époque « l’ère des laïcs », et « “[o]n recommande aux laïcs eux-mêmes la récitation de l’office divin, soit avec les prêtres, soit lorsqu’ils sont réunis entre eux, voire individuellement.” » 9 (CÉC 1175) L’Office divin comprend des prières, des psaumes et des lectures de l’Écriture. Il unit l’Écriture et la prière et nous forme à la lectio divina, la « lecture divine », l’une des meilleures méthodes de prière chrétienne, « où la Parole de Dieu est lue et méditée pour devenir prière » (CÉC 1177). 12. Lieux sacrés La liturgie sanctifie tous les lieux par ses lieux sacrés, comme elle sanctifie tous les temps par ses temps sacrés. « Le culte “en esprit et en vérité” (Jean 4, 24) de la Nouvelle Alliance n’est pas lié à un lieu exclusif. Toute la terre est sainte et confiée aux enfants des hommes » (CÉC 1179), et tous les hommes sont saints et confiés à Dieu : « nous sommes, nous, le temple du Dieu vivant » (2 Corinthiens 6, 16). Toutefois, cela n’interdit pas de mettre à part des lieux spécifiques. Sans eux, nous oublions le caractère sacré de tous les lieux, de toute la création, de tous les hommes; d’où le besoin de bâtiments religieux. « “La maison de prière [l’église] où l’Eucharistie est célébrée et conservée, où les fidèles se rassemblent, où la présence du Fils de Dieu notre Sauveur […] est honorée, […] cette maison doit être belle et adaptée à la prière et aux célébrations eucharistiques.” 2 […] [Cette maison de Dieu] doi[t] manifester le Christ » (CÉC 1181). Tel est le critère fondamental de l’art et de l’architecture liturgiques chrétiens. Il -23- est naturel que les églises catholiques soient plus ornées et plus magnifiques que les églises protestantes. Une église protestante est conçue surtout pour être un lieu de prière et de culte, mais une église catholique est conçue surtout pour abriter la célébration et l’adoration de l’Eucharistie. 13. Éléments visibles de l’église « L’autel de la Nouvelle Alliance est la Croix du Seigneur 4 de laquelle découlent les sacrements du mystère pascal. » (CÉC 1182) C’est pourquoi un crucifix est placé au-dessus. Le crucifix symbolise la Croix, mais l’autel est la Croix, car le Christ y devient réellement présent. « Sur l’autel, qui est le centre de l’église, est rendu présent le sacrifice de la Croix sous les signes sacramentels. Il est aussi la Table du Seigneur [la “Dernière Cène”], à laquelle le Peuple de Dieu est invité. » 5 (CÉC 1182) « Le tabernacle doit être situé “dans les églises en un lieu des plus dignes, avec le plus grand honneur.” 6 [Le tabernacle est la belle boîte dorée au centre de l’autel, qui contient le pain consacré de l’Eucharistie.] La noblesse, la disposition et la sécurité du tabernacle eucharistique 7 doivent favoriser l’adoration du Seigneur réellement présent dans le Saint sacrement de l’autel. » (CÉC 1183) « Le siège de l’évêque (cathèdre) ou du prêtre “doit exprimer la fonction de celui qui préside l’assemblée et dirige la prière.” » 8 (CÉC 1184) « L’ambon : “La dignité de la Parole de Dieu requiert qu’il existe dans l’église un lieu qui favorise l’annonce de cette Parole et vers lequel, pendant la liturgie de la Parole, se tourne spontanément l’attention des fidèles.” 9 (CÉC 1184) « Le rassemblement du Peuple de Dieu commence par le Baptême; l’église doit donc avoir un lieu pour la célébration du Baptême (baptistère) et favoriser le souvenir des promesses du Baptême (eau bénite). » (CÉC 1185) -24- « Le renouvellement de la vie baptismale exige la pénitence. L’église […] exige [donc] un lieu approprié à l’accueil des pénitents. » (CÉC 1185) « L’église doit aussi être un espace qui invite au recueillement et à la prière silencieuse » (CÉC 1185). « Enfin, l’église a une signification eschatologique [l’eschatologie est ce qui concerne les fins dernières]. Pour entrer dans la maison de Dieu, il faut franchir un seuil, symbole du passage du monde blessé par le péché au monde de la Vie nouvelle auquel tous les hommes sont appelés. L’église visible symbolise la maison paternelle vers laquelle le Peuple de Dieu est en marche et où le Père “essuiera toute larme de leurs yeux” (Apocalypse 21, 4). C’est pourquoi aussi l’église est la maison de tous les enfants de Dieu, largement ouverte et accueillante. » (CÉC 1186) L’Évangile de l’Église est gratuit : « Celui qui a soif, qu’il approche. Celui qui le désire, qu’il boive l’eau de la vie, gratuitement. » (Apocalypse 22, 17) 14. Liturgie et spiritualité La liturgie n’a aucun but « pratique ». Son but est simplement d’adorer Dieu et d’élever l’homme à la vie de Dieu. Son « oeuvre » active consiste à recevoir la Parole de Dieu et sa grâce. Ses paroles viennent du silence dans lequel elle entend et répercute la Parole de Dieu. La liturgie nous apprend à entendre la voix de Dieu en créant en nous le silence intérieur dans lequel l’âme peut entendre sa voix. Car la voix de Dieu n’est pas sonore et évidente, mais ressemble davantage à un murmure subtil, comme Élie l’a découvert il y a longtemps : « [I]l y eut un ouragan, si fort et si violent qu’il fendait les montagnes et brisait les rochers, mais le Seigneur n’était pas dans l’ouragan; et après l’ouragan, il y eut un tremblement de terre, mais le Seigneur n’était pas dans le tremblement de terre; et après ce tremblement de terre un feu, mais le -25- Seigneur n’était pas dans ce feu; et après ce feu, le murmure d’une brise légère. Aussitôt qu’il l’entendit, Élie se couvrit le visage avec son manteau » (1 Rois 19, 11-13). La raison d’être des paroles et de la musique liturgiques est de créer le silence dans lequel nous entendons Dieu, de protéger et d’entourer ce silence comme un cadre entoure une photo. La liturgie nous aide à perfectionner l’art de l’écoute pendant toute notre vie. En effet, nous pouvons entendre Dieu (et les profondeurs du cœur de nos semblables) seulement dans les espaces qui se trouvent entre les passions plus criardes, dans des murmures subtils et discrets, car l’amour est subtil et discret, et Dieu est amour. Le critère d’une bonne liturgie est donc celui-ci : crée-t-elle le silence, le silence d’un amour plein de joie, d’un culte plein d’émerveillement, d’une adoration pleine de révérence? C’est une raison pour laquelle la foi de nos ancêtres était souvent plus grande que la nôtre. Leurs âmes étaient ravies au ciel par la musique de Bach, de Mozart, de Palestrina et de Haendel dans des églises dont les « sermons sculptés dans la pierre » exprimaient les vives couleurs, la passion et la joie des saints, car elles avaient été bâties par des saints avec les quelques sous, les sueurs et le sang d’immigrants pauvres et opprimés, mais fiers et reconnaissants, prêts à mourir pour leur foi. Qui voudrait mourir (ou vivre) pour une foi dont l’âme est exprimée par les rythmes érotiques d’une musique profane jouée par des « présidents d’assemblée » bavards, qu’on prendrait pour des disc-jockeys, à des assemblées qui murmurent timidement les chants dans des bâtiments laids et utilitaires? On a dit que Luther avait gagné les coeurs des Allemands par ses hymnes plutôt que par sa théologie. Nous ne pouvons pas nous donner entièrement à une foi, même si notre esprit la trouve vraie et si notre conscience la trouve bonne, si notre cœur la trouve laide, superficielle et sans joie. Nous ne pouvons pas -26- embrasser de tout notre cœur une foi sans beauté, pas plus qu’une foi sans bonté ou sans vérité. En effet, la beauté de la liturgie n’est pas une « décoration » additionnelle, mais une expression de la vérité et de la bonté de la foi catholique. Ainsi, une liturgie superficielle et laide est presque toujours l’indication d’une pauvreté doctrinale et d’un relâchement moral, car la liturgie n’est pas quelque chose qui s’ajoute de l’extérieur à la doctrine et à la morale, au symbole et à la loi; elle est le symbole et la loi, la foi et les œuvres, la vérité et la bonté mêmes, rendus visibles. La section du catéchisme sur la liturgie commence par cette vision indispensable et essentielle des trois dimensions de la foi catholique constituant un seul et même mystère : « C’est ce mystère du Christ que l’Église annonce et célèbre dans sa liturgie » (CCC 1068). Les trois sont un par leur centre parce que le Christ en est le centre. Le Christ qui a dit : « Je suis la vérité », le Christ qui est la révélation finale du Dieu dont l’essence même est amour est bonté, est aussi le Christ qui « s’est fait chair [et] a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire, […] plein de grâce et de vérité » (Jean 1, 14). ___________________________ Notes dans les citations du catéchisme 3 4 1 1 7 3 5 6 4 1 1 SC 2. Cf. Jn 17, 4. SC 7. Cf. EN 63-64. Jean Paul II, l. ap. « Vicesimus quintus annus » 16. Cf. SC 21. Cf. LG 23; UR 4. Cf. SC 37-40. Cf. CT 53. SC 4. Jean Paul II, l. ap. « Vicesimus quintus annus » 16. Cf. SC 6; LG 2. -27- 1 5 2 1 2 3 3 4 5 6 8 1 2 5 4 5 1 7 5 1 4 8 1 3 9 2 4 5 6 7 8 9 LG 2. Cf. 1 P 3, 21. S. Jean Damascène, f.o. 4, 13. Cf. Ap 4, 2. Cf. Ez 1, 26-28. Cf. Jn 1, 29. Cf. Jn 4, 10-14; Ap 21, 6. Cf. Ap 4–5; Is 6, 2-3. Cf. Ap 7, 1-8; 14, 1. Cf. Ap 12. SC 26. Cf. 1 P 2, 4-5. SC 14. SC 28. Cf. LG 10 § 2. Cf. Jn 20, 21-23; Lc 24, 47; Mt 28, 18-20. Cf. Sg 13, 1; Rm 1, 19-20; Ac 14, 17. Cf. Rm 8, 29; 1 Jn 3, 2. S. Jean Damascène, imag. 1, 16. SC 112. SC 112. Fanqîth, Office syriaque d’Antioche, Vol. 6, La partie de l’été, p. 193 b. Cf. SC IV. SC 8.4. SC 100. PO 5; cf. SC 122-127. Cf. He 13, 10. Cf. IGMR 259. MF. Cf. SC 128. IGMR 271. IGMR 272. -28- « La foi est un don de Dieu nous permettant de le connaître et de l’aimer. La foi, tout autant que la raison, constitue un moyen d’arriver à la connaissance. Toutefois, il n’est pas possible de vivre dans la foi, à moins de passer aux actes. Grâce à l’aide de l’Esprit Saint, nous arrivons à décider de répondre à la révélation divine et de lui donner suite en vivant notre réponse. » (Édition américaine du Catéchisme catholique, 38. Notre traduction) Le Service d’information catholique Depuis leur fondation, les Chevaliers de Colomb se sont occupés d’évangélisation. En 1948, les Chevaliers ont inauguré le Service d’information catholique (SIC) afin de mettre des publications catholiques à bon marché à la disposition du grand public, d’une part, mais aussi des paroisses, des écoles, des maisons de retraite, des installations militaires et des maisons de détention, des parlements, de la profession médicale et autres personnes qui en font la demande. Depuis plus de 60 ans, le SIC a publié et distribué des millions de brochures et des milliers d’autres individus se sont inscrits à des sessions de formation de catéchèse. Le SIC offre les services suivants afin de vous aider à mieux connaître le Seigneur. Brochures Communiquer avec le SIC afin d’obtenir la liste des brochures et de commander celles qui vous intéressent. Programme d’étude individuelle Par la poste, le SIC offre un programme gradué d’étude individuelle. Grâce à dix leçons méthodiques, vous aurez fait le tour de l’enseignement catholique. Programmes en ligne Le SIC offre deux programmes en ligne. Pour s’y inscrire, visiter le site www.kofc.org/ciscourses. SERVICE D’INFORMATION CATHOLIQUE Enseignement catholique véritable. Ne se contente pas des simples opinions. « En faveur des nouvelles générations, les fidèles laïcs ont à apporter une contribution précieuse, plus nécessaire que jamais, par un effort systématique de catéchèse. Les Pères du Synode ont manifesté leur gratitude pour le travail des catéchistes, reconnaissant qu'ils ont «une tâche de grande valeur dans l'animation des communautés ecclésiales». Il va de soi que les parents chrétiens sont les premiers catéchistes, irremplaçables, de leurs enfants (…). Mais nous devons tous, en même temps, être convaincus du «droit» qui est celui de tout baptisé d'être instruit, éduqué, accompagné dans la foi et dans la vie chrétienne. » Jean-Paul II, Christifideles Laici, 34 Exhortation apostolique sur la vocation et la mission des fidèles laïcs dans l’Église et dans le monde. À propos des Chevaliers de Colomb Les Chevaliers de Colomb, organisme de bienfaisance fraternel fondé en 1882, à New Haven, au Connecticut, par le vénérable serviteur de Dieu l’abbé Michael J. McGivney, constituent l’organisme laïc catholique le plus important du monde entier, puisqu’ils comptent plus de 1,7 million de membres répartis dans les Amériques, l’Europe et l’Asie. Les Chevaliers s’entraident et soutiennent leurs communautés, en contribuant chaque année des millions d’heures de bénévolat à des causes de bienfaisance. Les Chevaliers ont été les premiers à soutenir financièrement les familles dont des membres parmi les corps de policiers et de pompiers ont péri par suite des attentats terroristes du 11 septembre 2001, et à collaborer de près avec les évêques catholiques pour protéger la vie humaine innocente et défendre le mariage traditionnel. Pour en apprendre davantage sur les Chevaliers de Colomb, visiter le site www.kofc.org. Que vous ayez une question spécifique ou que vous désiriez obtenir des connaissances plus étendues ou plus profondes sur la foi catholique. Communiquez avec nous en ayant recours à l’un des moyens suivants: Knights of Columbus, Catholic Information Service PO Box 1971, New Haven, CT 06521-1971 USA Téléphone : 203-752-4267 Télécopieur : 203-752-4018 [email protected] www.kofc.org/informationcatholique Proclamer la Foi au cours du troisième millénaire 111-F 6/09