La colonisation française en Algérie 1

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La colonisation française en Algérie 1
Du milieu du XIXe siècle à la guerre d’indépendance en 1954
1ère PARTIE : LES ÉCHECS DE LA COLONISATION FRANÇAISE
1) Échec du programme « coloniste » de peuplement
Échec de la maîtrise de la population
L’idée était de coloniser la totalité
du territoire et que les Français
seraient majoritaires. Cette idée
perdure tout le XIXe siècle, jusqu’aux
années 80.
Scène à l'arrivée d'un bateau à vapeur, à Alger. (1899)
Algériens (musulmans) dans un café d'Alger( 1899)
• L’immigration en Algérie va être limitée car la courbe démographique française va décroître
jusqu’en 1939 avec pour raison principale la baisse de la natalité.
L’émigration est limitée aux régions montagneuses (Alpes, Massif central, Pyrénées). Dans les Pyrénées il y
a le choléra et la maladie de la pomme de terre qui frappe surtout l’Ariège. Ces populations qui connaissent
une grande misère et parfois la famine vont émigrer en Amérique latine notamment et en Algérie.
• La population indigène va s’accroître de façon vertigineuse.
Entre 1830 et 1880, la population indigène stagne et même baisse en
raison de la conquête qui a fait des morts, d’un petit exil volontaire, des
épidémies comme le choléra et une mortalité infantile très forte.
À partir des années 80, la population connaît une croissance vertigineuse
car la colonisation améliore les conditions sanitaires : d’avantages de
soins, préceptes dans les accouchements donnés par les sages-femmes ce
qui diminue la mortalité infantile.
La population passe de 3 millions à 8 millions ½ à la veille de l’indépendance. La population indigène
devient majoritaire.
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Échec de la maîtrise de l’espace algérien
Le gouvernement français pensait que la population européenne se
répartirait assez également sur tout le territoire algérien. Très vite
ce n’a pas été le cas : la majorité de la population européenne et
française s’est localisée dans les villes et dans les plus grandes
villes.
À la veille de la guerre d’indépendance en 1954, 80% de la
population européenne étaient dans les villes.
Mainmise européenne sur la terre et sur les productions
Ce qui a été réussi, c’est la mainmise européenne sur les terres et sur les
productions.
enfants pieds-noirs sur un chariot tiré par deux ânes (1905)
Cette mainmise va se faire de 2 façons :
De 1830 à 1971, c’est l’État qui distribue la terre aux colons : ce sont de petites concessions gratuites
groupées en villages ou de grandes concessions octroyées à de grands colons ou à des sociétés capitalistes
qui s’engagent à installer de petits colons.
Quelles sont les terres distribuées ? Ce sont les terres du domaine public :
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Après 70, ce sont les indigènes sous la pression des impôts et autres amendes qui sont contraints de vendre
leur domaine, appâtés qu’ils étaient par les sommes qui leur étaient proposées.
Exemple de village créé sous Napoléon III : Lourmel
Propriété des colons (2% de la population agricole totale)
Les colons européens sont mieux dotés en terres, terrains plats, facilement irrigables, mieux équipés,
bénéficient d’un crédit beaucoup plus large, d’une instruction beaucoup plus poussée. Grâce à leur labeur, ils
vont produire 55% de la production végétale et animale et 90% de la production de vin en 1950.
Production végétale et animale en 1950
Production du vin en 1950
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Du côté indigène, on assiste à la décroissance des revenus de la population indigène dont la zone agricole
diminue considérablement.
57% de la population agricole indigène étaient des NON-PROPRIETAIRES, métayers ou ouvriers agricoles.
Le taux de métayage était de 1/5 de la récolte.
Au départ existe une méfiance à employer des indigènes comme ouvriers agricoles. On emploie des
Français ou des Européens.
Au moment de la guerre d’Indépendance en 1954, il y a 1 million de chômeurs dans la population indigène
sur les 8 millions.
2 populations ont coexisté avec des passerelles. Les plus riches (23%) tenaient les structures politiques mises
en place et ont une lourde responsabilité dans le refus d’améliorer les rapports en ouvrant ces structures.
2) Échec de l’assimilation
Pendant un temps on a pensé à assimiler la population.
Quelques succès de l’assimilation…
Assimilation des immigrés étrangers : Ils viennent de la zone
méditerranéenne :
Les Espagnols s’installent dans la région d’Oran
Les Italiens s’installent dans le Constantinois
Les Maltais.
Il y a aussi des Suisses, des Allemands du sud et des Belges.
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L’assimilation a été relativement facile. La plupart des émigrés étaient de religion et de culture catholique.
Assimilation des juifs algériens
En 1870, il y avait 35 000 Juifs.
Un antisémitisme latent régnait car, interdits de terres et de nombreux métiers par le catholicisme, ils avaient
assez bien réussi dans les métiers d’argent, le commerce, le négoce.
Le 24 octobre 1870 est voté le décret « Crémieux »
Adolphe Crémieux
À partir de ce moment, les juifs sont citoyens français.
Ce décret est assez mal accueuilli par les Européens et les Musulmans.
Le régime de Vichy, dans le cadre de sa politique antisémite, abrogea le décret Crémieux en octobre 1940.
les juifs algériens ne retrouvèrent leurs droits qu’en novembre 1943, le Comité français de libération
nationale (CFLN) ayant, après beaucoup d’hésitations, déclaré la nullité de l’abrogation du décret Crémieux
(sans oser le rétablir officiellement).
Échec de l’assimilation des Musulmans :
Grand espoir sous l’empire avec le sénatus-consulte du 14 juillet 1865
Article premier : L'indigène musulman est français, néanmoins il continuera à être régi par la loi
musulmane. »
"Il peut être admis à servir dans les armées de terre et de mer. Il peut être appelé à des fonctions et emplois
civils en Algérie. »
"Il peut, sur sa demande, être admis à jouir des droits de citoyen français; dans ce cas, il est régi par les lois
civiles et politiques de la France."
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Les indigènes ont donc la nationalité française mais pas la citoyenneté française.
Conditions pour être citoyen : 1- renoncer au droit musulman 2- être jugé digne par l’autorité française.
Statut civil des Musulmans algériens en juillet 1865
Les indigènes citoyens français sont régis par le droit
français.
Les indigènes non citoyens sont français mais régis par le
code de l’indigénat pour les infractions et dans les affaires
civiles par le droit coranique.
Structures politiques de l’Algérie
Au départ, l’Algérie c’est la France et on la
divise en 3 départements. À la tête de
chaque département il y aura un Conseil
général.
À
l’intérieur
de
chaque
département il y aura des communes, des
municipalités.
Très vite, on crée un poste de Gouverneur
général qui siège à Alger et représente le
gouvernement et est au-dessus des préfets.
On forme 2 collèges électoraux:
- Un collège formé de citoyens français (Français, Européens faits citoyens français, les juifs et
quelques citoyens musulmans) qui élit 3 sénateurs et 9 députés. Ils élisent aussi les représentants d’une
assemblée qu’on appellera jusqu’à la 2ème guerre mondiale les délégations financières qui deviendra plus
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tard , jusqu’en 1954, l’Assemblée algérienne. Ces Délégations financières votent la répartition des subsides
qui sont octroyés par l’Assemblée nationale et par le sénat.
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Un 2ème collège électoral formé des indigènes.
On fixe un quota pour les représentants indigènes dans les Délégations finanières, conseils municipaux…
On freine la représentativité des indigènes qui sont beaucoup plus nombreux et vont vite protester car on en
fait des citoyens de second ordre.
3) Échec d’une nouvelle « politique indigène » : la politique d’association
On a fait des tentatives pour diminuer cette injustice.
Les velléités de la politique d’association :
-Le senatus-consulte de juillet 1865
-En juillet 1914 : la guerre arrive. On décide que les élites indigènes seront exemptés du Code de l’indigénat
et relèveront du code civil. Sont considérés comme les élites indigènes ceux qui ont fait des études, bac et
post-bac et ceux qui se sont conduits « honorablement ».
-En février 1919, les indigènes ont beaucoup participé à la guerre : On accroît la réprésentation indigène
dans les Conseils généraux et municipaux et les Délégations financières.
-En 1936, un projet est porté par Léon Blum et Violette qui sera gouverneur d’Algérie par la suite. Il prévoit
l’octroi de la citoyenneté française à une élite indigène.
Mais le lobby des colons riches bloque toujours l’application de telles lois.
-En 1944-45, les mesures Cartoux réalisent le projet Blum-Violette :65 000 indigènes obtiennent la
nationalité française.
Pendant l’entre-deux-guerres, cela commence à bouger dans les élites indigènes. Puis il y a eu la guerre et
les indigènes ont vu les Français défaits puis occupés avant d’être libérés par les Américains et les Anglais.
De plus, ils se sont battus aux côtés des Français en particulier à Monte Cassino.
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