Infos De Serre - Réseau Action Climat France

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Infos De Serre - Réseau Action Climat France
Infos De Serre
Le bulletin d’information sur les changements climatiques
Edito
n°14
juillet
2003
Décideurs locaux :
votre territoire peut et doit agir !
Territoires : lieux de vie, de travail, d'activités, de loisirs, de consommation
et donc… d'émissions de gaz à effet de serre. Au cœur de ces espaces, des
acteurs sont incontournables : ce sont bien sûr les élus car ils mettent en
œuvre une politique ou un programme pour lesquels ils ont été choisis.
Parce qu'ils agissent dans des secteurs d'activités tels que les transports,
les bâtiments, l'énergie, les déchets, etc., ces responsables prennent des
décisions pesant fortement sur les volumes d'émissions de gaz à effet de
serre de leur territoire.
Cler
Sommaire:
Edito
- Vous, les collectivités
Média :
- Arte s’émmêle
Entreprises :
-Assurances
sans
confiance
Collectivités :
-L’aglomération
grenobloise
Monde :
- Passage du NordOuest
- Ratifications
Science:
-Impacts sur les
écosystèmes
-Porcs à la rescousse !
International :
- 15% de la population...
- Belgique : voiture au
garage
- Californie : lobbies
victorieux
Publications
Sur le net
Au niveau national, l'Etat se doit d'être exemplaire et, pour l'instant,
certes, cela est loin d'être le cas : réduction des subventions de l'ADEME,
remise en cause de grands projets d'infrastructures alternatifs à la route,
redevance “excédents d'azote” disparue depuis l'abandon de la nouvelle loi
sur l'eau, etc. Nous saluerons tout de même quelques récentes initiatives en
faveur des collectivités : constitution d'un groupe transversal
"Collectivités" et intégration de mesures spécifiques dans le cadre du Plan
Climat 2003, lancement d'une mission "animation territoriale effet de
serre" ADEME/MIES, premier colloque de l'Office national sur les effets du
réchauffement climatique (ONERC) sur le thème "les élus face aux risques
climatiques".
Au niveau local, et quelle que soit l’impulsion nationale, le nombre des
possibilités d’action est immense. Il est vrai que les difficultés sont
nombreuses et les questions affluent : comment s'approprier un attirail
législatif complexe : PDU, loi SRU, SCOT, PLU, etc. ? Comment mener une
politique visant à développer les énergies renouvelables sur sa commune et
à qui s'adresser ? Qu'est ce que la coopération décentralisée offre comme
possibilités pour les collectivités ? Prenant conscience de leurs
responsabilités et de leurs possibilités d'actions, et malgré ces freins,
certaines collectivités s'engagent. Ainsi, la municipalité de Grenoble (voir
page 2 ) montre l'exemple en engageant une politique ambitieuse en
matière de maîtrise de l'énergie. C’est afin de valoriser ces initiatives qui
fleurissent que nous avons choisi d’ouvrir une nouvelle rubrique
“collectivités” dans ce bulletin.
Pour que ces initiatives se multiplient et que les territoires s'emparent
efficacement du problème de l'effet de serre, il faut que la volonté locale,
qui souvent s'exprime, puisse être encouragée. Il est nécessaire de mettre
en place des programmes de sensibilisation à destination des acteurs
locaux mais aussi d'avantages de moyens financiers et humains
permettant aux décideurs, dans leurs diversités, de réaliser des projets
sobres en carbone. Enfin, il est important d'aménager le territoire de
manière cohérente en utilisant à tous les échelons d'organisation des outils
simples et efficaces intégrant la problématique de l'effet de serre.
Entreprises
Olivier Louchard, RAC-F
Greenpeace, WWF, l’ UNEP et
la Hollande ont crée un
symbole international pour
représenter le changement
climatique
médias
ARTE s'emmêle
ARTE a diffusé une émission
théma sur le changement
climatique mardi 10 juin. Cette
émission qui visait à renverser
les idées reçues a fait bondir les
connaisseurs du dossier par
ses mensonges et sa mauvaise
foi. Elle n’a
réussi qu’à
entretenir la confusion au sein
du public et à annuler les effets
d'années d'efforts de diffusion
d'informations scientifiques
auprès des citoyens. Elle n'a
pas manqué non plus d'user
d'arguments dépassés et
mesquins
et
son
irresponsabilité a suscité de
nombreuses lettres adressés à
la direction d’Arte. Vous
pouvez consulter les lettres des
associations, des climatologues
ou de spécialistes de la
question sur notre site
www.rac-f.org.
Climat inquiétant pour les assureurs
Swiss Re, l'un des géants de la réassurance, menace de ne plus couvrir les dirigeants des entreprises qui ne réduisent pas leurs
émissions de gaz à effet de serre. Ces derniers seront alors pleinement responsables devant leurs actionnaires comme devant la justice.
Le nombre de résolutions d'actionnaires contre certaines entreprises américaines au sujet de leur
manque de prise en compte du changement climatique a doublé en un an. Si aucune résolution "Les sociétés vont être
obligées de réduire
d'actionnaire n'a encore été adoptée, l'une d'elles, adressée contre l'American Electric Power, a
leurs
émissions, c'est
toutefois obtenu en avril dernier 26,9 % des voix de ses actionnaires. Une proposition similaire chez
évident",
General Electric a recueilli 22,6 % des voix. Constatant cette augmentation soudaine, la société de réassurance suisse, Swiss Re a réagi. C'est afin de prévenir d'éventuelles poursuites judiciaires engagées Christopher Walker, PDG
d'une unité de Swiss Re
par des actionnaires contre les entreprises émettrices de gaz à effet de serre (GES) que Swiss Re
compte envoyer un questionnaire à certains de ses clients. En effet, la société assure principalement créée en 2001 pour étudier
les conséquences du
les dirigeants qui, en cas de procès, se verrait accuser de mauvaise gestion. Ce questionnaire permet
réchauffement
de la planète
de savoir comment les clients de Swiss Re se préparent aux imminentes mesures gouvernementales
pour
les
entreprises.
visant à restreindre les émissions de GES. Si la firme estime qu'un client ne prend pas assez de
mesures, elle se réservera alors le droit de refuser de le couvrir. Tout comme Swiss Re, de grandes
sociétés d'assurances européennes envisagent aujourd'hui de refuser de couvrir les entreprises qui ne font pas assez d'efforts pour
réduire leurs émissions de gaz à effet de serre (The Wall street journal – 08/06/03)
Infos de Serre - juillet 2003 -N° 14- p1
Collectivités
Politique locale de lutte contre les
changements climatiques :
les objectifs de l’agglomération grenobloise
La METRO, Communauté d’Agglomération de Grenoble (23
communes, 375 000 habitants), a intégré l’énergie au cœur de sa
politique de développement durable dès 1998, avec la création sur
son territoire d’une Agence Locale de l’Energie (ALE).
La réalisation, en 2001-2002, d’un bilan énergétique
d’agglomération, a conduit la METRO à aller plus loin, et à
élaborer une politique locale de lutte contre les changements
climatiques. Cette étude, conduite par l’ALE et réalisée par un
bureau d’études, avait plusieurs objectifs :
- dresser un bilan des consommations d’énergie et des émissions
de gaz à effet de serre par type d’énergie, par commune et par
secteur d’activité pour l’année 1999,
- étudier deux scénarios d’évolution contrastés à l’horizon 2020
(un scénario tendanciel, et un volontariste),
- donner des recommandations, pistes d’actions.
A l’issue de cette étude, qui a permis d’avoir un bon éclairage de la
situation et des enjeux, plusieurs constats ont été faits. Tout
d’abord, le scénario " volontariste " permet à peine de stabiliser les
consommations d’énergie et les émissions de gaz à effet de serre.
Or on sait aujourd’hui que c’est tout à fait insuffisant. Ensuite,
l’étude donne des recommandations, mais elles sont insuffisantes
pour passer à des mesures opérationnelles.
L’ALE a donc souhaité aller encore plus loin, en construisant un
plan d’action dit " maîtrise de l’énergie et effet de serre " qui sera
proposé à la METRO dans le cadre de son contrat d’agglomération.
Six groupes de travail ont depuis été constitués (logement,
tertiaire, transports, industrie, communes, enseignement).
L’ensemble des acteurs travaillant sur ces questions dans
l’agglomération ont été invités à réfléchir aux priorités, à définir
des actions concrètes, avec des objectifs chiffrés de réduction des
consommations d’énergie et d’ émissions de gaz à effet de serre. Ce
plan d’action est en cours d’élaboration, et devrait être proposé à
la METRO en fin d’année, avec un
calendrier de mise en œuvre.
M.F
-> Contact : Marie Filhol,
[email protected]
“Infos de Serre” , bulletin d’information du RAC-F
Responsable du journal : Philippe Quirion
Responsable de la rédaction et auteur des articles non signés :
Sabine Rabourdin
Demandes d’abonnements (gratuits) : [email protected]
Web : http://www.rac-f.org
Monde
Arctique :
une conséquence du
changement climatique, le “Passage du NordOuest” ouvert à la navigation
La fonte des glaces rend désormais praticable le contournement
du continent américain par le Nord. Cargos et supertankers
pourraient bientôt utiliser cette nouvelle route maritime. Ce qui
préoccupe les populations inuit.
Depuis plus de cinq siècles, des marins venus de l'Atlantique
cherchent désespérément à contourner l'Amérique par le Nord
afin d'accéder plus rapidement à l'Extrême-Orient. Leurs efforts
pour se faufiler dans ce mythique “Passage du Nord-Ouest”,
labyrinthe de glace meurtrier, ont longtemps été vains. Or depuis
plusieurs étés déjà, de vastes étendues de l'océan Arctique sont
libérées des glaces, permettant aux embarcations les plus légères
de passer sans difficultés. Les climatologues prédisent
l'impensable : dans cinquante ans tout au plus, le Passage sera
complètement dégagé tout au long de l'été, ce qui attirera
forcément quantité de bateaux de croisière, de navires de guerre
américains, mais aussi de pétroliers, qui en raison de leur taille ne
peuvent passer par le canal de Panama et seront ravis de cette
nouvelle route. Selon le Service des glaces canadien, la superficie
des glaces arctiques a diminué au rythme d'environ 3 % tous les dix
ans depuis les années 70. La calotte
"Aujourd'hui, la
glaciaire est également plus mince : de 3
mètres d'épaisseur, elle est passée à
Terre change
moins de 2 mètres. Par ailleurs, à littéralement sous
mesure que les glaces reculent, des
nos pieds."
bateaux de pêche illicites font leur
Sheila Watt-Cloutier,
apparition, attirés par les eaux très une habitante d'Iqaluit
poissonneuses de l'Arctique, où ne qui dirige la Conférence
s'exerce quasiment aucun contrôle. Les
circumpolaire Inuit
Inuits sont nombreux à estimer que le (ICC), une organisation
changement est trop rapide ; mondiale de défense de
l'inquiétude grandit devant ces
la culture inuit.
bouleversements
climatiques
qui
risquent de mettre un terme à leur mode
de vie. D'aucuns voient déjà dans ce coin isolé le prochain
Singapour... De nos jours, les Inuits sont touchés par de multiples
fléaux (alcoolisme, suicide, etc) et nombreux sont ceux qui en
rejettent la responsabilité sur l'invasion du monde occidental.
Mme Watt-Cloutier, la leader Inuit, craint que la destinée de son
peuple ne se trouve entre les mains d'étrangers qui voient un
eldorado là où les Inuit ne voient que leur pays. Chaque fois qu'un
nouveau navire arrive ou que les glaces libèrent un autre coin
d'océan, l'isolement qui les a protégés depuis cinq mille ans fond
un peu plus. (Los Angeles times - mars 2003)
Ratifications, où en est-on ?
La Suisse est devenue en juin le 111e pays à ratifier le protocole de
Kyoto, s'engageant donc à réduire ses émissions de GES de 8 %
d'ici 2010 par rapport à 1990. Ce pays a déjà mis sur pied une
politique de réduction des GES et a émis en l'an 2000 environ
autant d'émissions que dix ans plus tôt, soit environ 53 Mt de CO2.
Notons que les émissions par habitant suisse sont parmi les plus
faibles du monde industrialisé.
Malgré cette nouvelle positive, les yeux sont toujours tournés vers
la Russie, le seul pays (excepté les Etats-Unis) pouvant faire entrer
en vigueur le Protocole. Les intentions de ce pays ne sont toujours
pas claires, mais les nouvelles portent à croire que la Russie
ratifiera au plus tard l'année prochaine.
Pour info, les modalités de mise en œuvre du Protocole de Kyoto
sont consultables sur notre site www.rac-f.org.
-> plus d’infos : http://www.unfcc.int
Infos de Serre - juillet 2003 -N° 14- p2
Recherche - Science
Impact des changements climatiques sur les
ecosystèmes
La préservation et la conservation des écosystèmes et des
espèces menacés par les changements globaux nécessitent de
mieux les gérer et de mieux les comprendre. Cette
compréhension bénéficie aujourd'hui d'une possibilité
d'utilisation conjointe d'approches mathématiques et
statistiques ainsi que d'études de terrain. Cette approche
pluridisciplinaire est fortement représentée en Norvège.
S'appuyant sur des collaborations
étroites
entretenues
avec
des
mathématiciens et des statisticiens, un
des objectifs est de développer de
nouveaux outils statistiques ainsi que de
nouvelles méthodes d'analyse. Différents
groupes de recherche (impliquant l'Institut Norvégien de
Recherche sur l'Environnement (NINA), l'Institut Polaire
Norvégien (NP), et les Universités de Tromso (UiT) et de
Trondheim (NTNU)) se sont intéressés à l'étude des effets
biologiques des variations climatiques à travers différents
modèles d'écosystèmes marins, terrestres et couplés. Le but est
de créer ainsi une base pour des études multidisciplinaires et
multi-systémiques en relation avec les changements
climatiques.
Par exemple, à l'Université d'Oslo, l'unité de recherche dirigée
par le Professeur Nils Christian Stenseth a utilisé les techniques
statistiques sur des séries génétiques spatiales et temporelles
pour l'étude des effets biologiques dus aux variations
climatiques (création d’éspèces, extinction ou évolution). Les
changements climatiques devraient être bien plus marqués dans
les régions arctiques et subarctiques et les modèles de
simulation du climat tendent à prédire une augmentation de sa
variabilité, avec une plus grande fréquence d'événements
extrêmes. De tels changements peuvent bien sûr avoir des
conséquences importantes au niveau régional. La population
d'ours polaires, dont l'une des plus importantes concentrations
se trouve localisée à l'Est de l'Archipel du Svalbard, sera
fortement affectée par une réduction de la banquise. Située en
fin de chaîne alimentaire, elle est de surcroît menacée par sa
sensibilité à la pollution. Il est donc nécessaire de comprendre
comment les ours utilisent la banquise en fonction des
mouvements de cette dernière et de la répartition des phoques,
leur principale ressource alimentaire. De nombreux ours ont été
équipés à cet effet d'émetteurs satellitaires afin de quantifier et
d'analyser ces mouvements, ce qui a permis, entre autres, de
montrer qu'il y avait en fait deux populations d'ours : une
localisée essentiellement à proximité du Spitsberg, et une autre
utilisant toute la banquise.
Sur la terre, les précipitations accrues sur les pâturages couverts
de neige créent des croûtes de glace au-dessus du sol qui
empêchent l’accès à la végétation pour des annimaux tels que les
rennes ou les petits rongeurs qui meurent de faim ; certaines
plantes, elles, sont asphyxiées. Les modèles climatologiques
prévoient que les périodes très froides devraient devenir plus
rares, ce qui aurait un impact positif sur le développement de
certains insectes tels les phalènes ou arpenteuses qui ravagent
périodiquement les forêts de bouleau du Nord de la Norvège,
mais dont les oeufs meurent si la température est inférieure a 35ºC. Ainsi, même s'il est possible qu'un réchauffement entraîne
un développement plus important des forêts à ces latitudes
(65/70ºN), d'autres facteurs écologiques peuvent, au contraire,
conduire à une régression de ces forêts. Les oiseaux de mer, dont
la reproduction dépend de l'abondance des populations de
poissons (hareng, capelan) à proximité des colonies, peuvent
également souffrir d'une augmentation de la variabilité des
conditions océaniques. Il s'agit alors de
déterminer quels paramètres démographiques (survie des
jeunes et des adultes, ryhtme de reproduction) sont affectés par
le changement des conditions climatiques, et d'intégrer ces
résultats dans des modèles reproduisant la dynamique des
populations à long terme.
L'océanologue Svein Sundby a démontré l'influence de
l’oscillation Nord-Atlantique, NAO, sur les populations marines.
Le NAO, est un phénomène lié aux changements de la pression
atmosphérique au niveau de la mer dans l'Atlantique Nord d'un
hiver à l'autre. Les mécanismes fondamentaux régissant la
variabilité du NAO restent mysterieux malgré quelques
certitudes :
- le lien entre les phénomènes NAO et El Nino est relativement
faible ;
- des prédictions probabilistes sont possibles à l'horizon d'une
année par certains modèles;
- l'indice NAO, mesurant précisément la différence de pression
entre l'anticyclone des Acores et la dépression d'Islande, est
devenu plus positif ces trente dernières années, même si on ne
connaît pas quelle part de cette tendance serait due aux activités
humaines.
Atle Mysterud, de l'Université d'Oslo, a
travaillé sur les influences du NAO sur le
cycle vital du cerf rouge en Norvège. Le NAO
est un facteur déterminant du climat sur la
côte ouest de la Norvège : les hivers
présentant de hautes températures et
d'importantes précipitations sont corrélés
avec des indices NAO élevés. Il y a alors plus de neige en haute
altitude (lieu de patûre estivale des cerfs), mais moins de neige
et donc plus de pluie à de plus faibles altitudes (lieu de patûre
hivernale des cerfs). De manière générale, un tel effet climatique
semble s'exercer à travers le développement végétal global. Le
climat affecte la quantité d'aliments disponible, principalement
via son influence sur le recrutement et la survie des jeunes
pendant leur premier hiver.
-> Source et contact : Valérie Baleo ([email protected]), Rapport
technique de l'ambassade de France en Norvège
-> Le récent colloque franco-norvégien "Changements
climatiques et biodiversité" ayant eu lieu à Oslo les 27 et 28
mars 2003, a été organisé conjointement par l'Université
d'Oslo et la Mission scientifique de l'Ambassade de France en
Norvège. Téléchargez gratuitement ce rapport au format pdf :
http://www.be.adit.fr/norvege/rapports/SMM03_035
Les porcs à la rescousse
Les porcs de Saskatchewan apporteront bientôt leur
contribution dans les engagements de Kyoto du Canada. Une
compagnie canadienne, SaskPower, a récemment établi un
système de digesteur de biogaz qui produira cet été du méthane
à partir de lisier de porc. Le gaz sera introduit dans quatre
microturbines qui produiront 120 kilowatts de puissance,
suffisant pour approvisionner environ 30 maisons. Un engrais
composté sera répandu sur les champs voisins comme sousproduit du procédé de digestion. Les porcs ont ainsi été
involontairement impliqués dans ce projet mené par une grande
exploitation agricole en partenariat avec une entreprise
d'ingénierie et SaskPower, propriétaire des turbines. Même si,
selon cette compagnie, des milliers de projets de biogaz existent
déjà (notamment en Europe), celui-ci est novateur, car un de ses
buts est de décomposer l'engrais en ses trois composants :
phosphore, nitrate, potassium. L'exploitation agricole
obtiendrait grâce à ce projet des crédits de carbone pour le
méthane évité, et SaskPower emploierait la puissance "verte" du
biogaz comme crédit lui permettant de compenser en partie les
émissions de ses usines de charbon (Murray Lyons, The
StarPhoenix 15/05/2003). (La dernière heure).
Infos de Serre - juillet 2003 -N° 14 - p3
International
15% de la population émet 50% du CO2
... et cela ne devrait pas s'arranger au moins d'ici 2010 !
Les pays de l'OCDE sont à l'origine de la moitié des émissions de
gaz carbonique (CO2) de la planète et utilisent 50% de l'énergie
mondiale alors qu'ils ne comptent que 15% de la population du
globe, selon des chiffres de la Banque mondiale publiés dans le
Petit Livre Vert 2003 présenté début juin à la Commission des
Nations Unies pour le développement durable. Les Etats-Unis, par
exemple, utilisent 16 fois plus d'énergie par habitant que l'Inde. Le
Petit Livre Vert, qui en est à sa quatrième édition annuelle, réunit
les chiffres clé pour l'environnement de plus de 200 pays. Par
ailleurs, un nouveau document officiel de l'ONU, intitulé
Compilation et synthèse des troisièmes communications
nationales, révèle que les pays développés verront probablement
leurs émissions de GES augmenter jusqu'en 2010.
Se fondant sur les projections fournies par les gouvernements
concernés à travers leurs "communications nationales" (ces
communications sont obligatoires pour les pays du Nord ayant
ratifié la Convention climat), le rapport prévoit que les émissions
combinées de l'Europe, du Japon, des États-Unis et des autres pays
dits développés pourraient croître de 17% entre 2000 et 2010 en
dépit des mesures nationales actuellement mises en place pour
limiter ces émissions.
Les pays en transition
de l'Europe centrale et
orientale commencent
de
leur
côté
à
augmenter
leurs
émissions alors que
tonnes de C par hab
dans les années 1990,
source : OCDE 1999
la baisse de leur
économie avait provoqué une nette réduction de celles-ci. Les pays
industrialisés avaient vu leurs émissions chuter de 3% au cours des
années 1990, du fait d'une baisse de 37% des émissions dans les
pays en transition. Ils ont ainsi donné l’image d’une stabilisation
globale de leurs émissions réunies par rapport au niveau de 1990.
Les émissions ont cependant augmenté dans la plupart des autres
pays industrialisés: Nouvelle Zélande (5%), Japon (11%), ÉtatsUnis (14%), Australie (18%) et Canada (20%). Cette augmentation
touche tous les principaux secteurs économiques, comprenant
l'énergie, les transports, l'industrie et l'agriculture.
L'exception est la gestion des déchets où les émissions ont
légèrement décliné. Les gouvernements annoncent toutefois qu'ils
sont en train d'adopter des politiques et mesures plus fortes que
dans le passé. Loin d'être suffisantes pour la décade actuelle, il
reste à espérer que ces mesures permettront d'atteindre l’objectif
de la Convention (qui, si l'on en croit le Premier ministre français,
implique des réductions de l'ordre de 75% de nos émissions d'ici
2050). Il ressort de ce rapport que même si les gouvernements
nationaux continuent à jouer un rôle majeur dans la mise en place
de la stratégie globale de riposte aux changements climatiques, les
gouvernements locaux et régionaux s'impliquent de plus en plus et
la coopération avec les partenaires clés et la société civile joue un
rôle fondamental.
-> http://unfccc.int/press/prel2003/pressrel030603f.pdf
Belgique :
du bonus pour les voitures au garage
Le parc automobile belge s'enrichit de 44 000 voitures chaque
année : plus de 6 millions de véhicules (dont 4,6 millions de
voitures) circulent aujourd'hui en Belgique. Pour pallier les
problèmes inhérents à ce mode de transports, le gouvernement a
mis en place une politique de déduction fiscale pour les personnes
qui pratiquent le covoiturage, les usagers des transports en
commun, les cyclistes et patineurs (à roulettes).
Californie : les lobbies industriels victorieux
On en parlait depuis longtemps : la Californie, qui se voulait Etat
exemplaire dans son pays, souhaitait que 10 % des voitures
vendues en son sein par les six plus importants constructeurs
n'émettent quasiment plus de carbone à partir de 2005. Sous la
pression de General Motors, de DaimlerChrysler et du
Département de la justice américain, l'Etat a finalement renoncé à
son projet obligeant les constructeurs à produire des véhicules
électriques. La raison : ce type de véhicule est trop coûteux et peu
performant. L'accent sera donc mis sur les techniques défendues
par les constructeurs, à savoir l'hybridation et la pile à combustible.
(Automotive news - 28/4/03)
Publications
- Parution du dossier "Energie : pourquoi il faut consommer
moins" dans le numéro de Juin d'Alternatives économiques,
actuellement en vente en kiosque. Il s'agit de leur contribution au
débat national sur l'énergie. http://www.alternativeseconomiques.fr
- Climate Change and Sustainable Development Prospects for
Developing Countries Anil Markandya and Kirsten Halsnaes
http://www.earthscan.co.uk/asp/bookdetails.asp?key=3745
- Une nouvelle étude offre des options pour réduire les GES aux
États-Unis : Le système de transport états-unien émet plus de CO2
que tout autre pays excepté la Chine et utilise 70 % du pétrole
consommés par la nation. Chaque année, chaque Américain
parcourt ainsi l'équivalent d'un tour du monde complet dans l'un
ou l'autre des moyens de transports à sa disposition. Un nouveau
rapport du Pew Center on Global Climate Change identifie un
certain nombre de politiques et de technologies pouvant
représenter des solutions envisageables pour réduire les émissions
de CO2 de 20 à 25% d'ici 2015, voire de 45 à 50% d'ici 2030 dans
le secteur des transports aux Etats-Unis (principalement le secteur
routier). Vu le temps nécessaire à la transformation de la totalité de
la flotte de véhicules et de l'infrastructure, le rapport conseille de
mettre en place dès maintenant des politiques impératives et
claires par le gouvernement. Parmi les solutions préconisées se
trouvent les améliorations de l'efficacité énergétique, les
carburants alternatifs, l'augmentation de l'efficacité des systèmes
de transport et la réduction des voyages.
http://www.pewclimate.org/projects/ustransp.cfm - [rapport]
Sur le Net
- en ligne suite à l'émission Climaction sur France 2 du début du
mois de juin :
http://jeu.climaction.france2.fr/climaction.cgi?state=start
le site vous permet de calculer vos émissions en planètes
(combien de planètes faudrait-il pour recycler le carbone émis par
6 milliards d'humains vivant comme vous?).
- L'agence internationale de l'énergie informe de l'existence de
deux nouveaux sites web interactifs :
http://www.iea.org/envissu/pamsdb/index.html, offres un accès
à l'information sur les politiques énergétiques et mesure prises ou
prévues dans les pays membres de l'AIE pour réduire les
émissions de GES. Il contient plus de 800 données rassemblées
sur quatre ans (1999 - 2002).
http://library.iea.org/renewables/index.as "les politiques
énergétiques et les mesures renouvelables dans les pays de l'AIE"
offre une référence détaillée de plus de 120 actes législatifs qui
soutiennent le développement des sources d'énergie renouvelable.
Ces nouveaux sites visent à compléter l'analyse de politique
effectuée par l'agence internationale de l'énergie
http://www.iea.org sur la réduction du changement climatique et
sur les marchés des énergies renouvelables.
Infos de Serre - juillet 2003 -N° 14 - p4

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