unite d`action syndicale (uas) - CGT-B

Transcription

unite d`action syndicale (uas) - CGT-B
UNITE D’ACTION SYNDICALE (UAS) / BURKINA FASO
LES CENTRALES SYNDICALES :






Confédération Générale du Travail du Burkina (CGT-B)
Confédération Nationale des Travailleurs Burkinabé (CNTB)
Confédération Syndicale Burkinabé (CSB)
Force Ouvrière – Union Nationale des Syndicats Libres (FO- UNSL)
Organisation Nationale des Syndicats Libres (ONSL)
Union Syndicale des Travailleurs Burkinabé (USTB)
Et
LES SYNDICATS AUTONOMES :
SAIB – SATB – SAMAE–SATEB– SNEAB –SYNATEB –SYNATIC
SYNTAS–SYNTRAPOST– SYNAPAGER–SYNATIPB
SYNATRAD–SYSFMAB– SYNATEL – UGMB
L’UNITE D’ACTION SYNDICALE AU BURKINA FASO :
BILAN CRITIQUE DE DIX ANS DE LUTTES UNITAIRES
(1999 – 2009)
Ouagadougou, 18 décembre 2009
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LISTE DE QUELQUES SIGLES ET ABREVIATIONS
SAIB : Syndicat Autonomes des Infirmiers du Burkina
SATB : Syndicat des Agents du Trésor du Burkina
SAMAE : Syndicat des Agents du Ministère des Affaires Etrangères
SATEB : Syndicat Autonome de Travailleurs de l‟Enseignement de Base
SNEAB : Syndicat National des Enseignants Africains du Burkina
SYNATEB : Syndicat National des Travailleurs de l‟Enseignement de Base
SYNATIC : Syndicat National des Travailleurs de l‟Information et de la Culture
SYNTAS : Syndicat National des Travailleurs de l‟Action Sociale
SYNTRAPOST : Syndicat National des Travailleurs des Postes
SYNAPAGER : Syndicat National des personnels d‟Administration de Gestion de l‟Education et de la
Recherche
SYNATIPB : Syndicat National des Travailleurs des Industries polygraphiques du Burkina
SYNATRAD : Syndicat National des Travailleurs des Douanes
SYSFMAB : Syndicat des Sages-femmes et Maïeuticiens du Burkina
UGMB : Union des Gens de Maison du Burkina
ONSL : Organisation Nationale des Syndicats Libres
USTB : Union Syndicale des Travailleurs du Burkina
CNTB : Confédération Nationale des Travailleurs du Burkina
CSB : Confédération Syndicale Burkinabé
SNEAHV : Syndicat National des Enseignants Africains de Haute-Volta
SYNTSHA : Syndicat national des Travailleurs de la santé Humaine et Animale
STOV : Syndicat des Techniciens et Ouvriers Voltaïques
MNR: Mouvement National pour le Renouveau
CMRPN: Comité Militaire de Redressement pour le Progrès National
CNR: Conseil national de la révolution
FSB: Fédération Syndicale des Boulangers
SNAID: Syndicat National des Agents des Impôts et Domaines
SYNTB: Syndicat national des Travailleurs des Brasseries
SYNTER : Syndicat National des Travailleurs de l‟Education et de la Recherche
SYNTETH : Syndicat National des Travailleurs de l‟Environnement, du tourisme et de l‟Hôtellerie
SYNTRAGMIH : Syndicat National des Travailleurs de la Géologie, des mines et des Hydrocarbures
SYNTSHA : Syndicat National des Travailleurs de la santé Humaine et Animale
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SYTTPBHA : Syndicat National des Travailleurs des Travaux Publics, du Bâtiment, de l‟Hydraulique et
Assimilés
SAMAB : Syndicat Autonome des Magistrats Burkinabè
UGEV : Union Générale des Etudiants voltaïques
ANEB : Association nationale des Etudiants Burkinabè
SYNACB : Syndicat national des Cheminots
SYNAJ : Syndicat National des Agents de Justice
MBDHP : Mouvement Burkinabè des Droits de l‟Homme et des Peuples
CRADH : Collectif pour le Règlement des Affaires Pendantes en matière de Droits de l‟Homme
SAP : Société Africaine de Pneumatiques
SIFA : Société Industrielle du Faso
SN-SOSUCO : Société Nouvelle/Société Sucrière du Faso
SOTRACO : Société de Transport en Commun
PANAF/MEFOCE : Projet syndical éducatif panafricain/Méthode de Formation par les Cercles d‟Etudes
PADEP : Programme Africain pour la Participation des Travailleurs
CODMPP : Collectif des Organisations Démocratiques de Masse et de Partis Politiques
CCVC : Coalition Nationale de Lutte contre la Vie Chère, l‟impunité, la corruption, la Fraude et pour les
Libertés
UEMOA : Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine
CEDEAO : Communauté Economique des Etats de l‟Afrique de l‟Ouest
OHADA : Organisation pour l‟Harmonisation du Droit des Affaires
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UNITE D’ACTION SYNDICALE (UAS)/ BURKINA FASO
LES CENTRALES SYNDICALES :






Confédération Générale du Travail du Burkina (CGT-B)
Confédération Nationale des Travailleurs Burkinabé (CNTB)
Confédération Syndicale Burkinabé (CSB)
Force Ouvrière – Union Nationale des Syndicats Libres (FO- UNSL)
Organisation Nationale des Syndicats Libres (ONSL)
Union Syndicale des Travailleurs Burkinabé (USTB)
Et
LES SYNDICATS AUTONOMES :
SAIB – SATB – SAMAE–SATEB– SNEAB –SYNATEB –SYNATIC
SYNTAS–SYNTRAPOST– SYNAPAGER–SYNATIPB
SYNATRAD–SYSFMAB– SYNATEL – UGMB
L’UNITE D’ACTION SYNDICALE AU BURKINA FASO : BILAN CRITIQUE
DE DIX ANS DE LUTTES UNITAIRES CONTINUES (1999 – 2009)
INTRODUCTION
1999-2009 ! L‟unité d‟action syndicale en cours au Burkina Faso a 10 ans !
10 ans, ce n‟est sans doute pas extraordinaire. Mais au regard de l‟histoire syndicale de
notre pays, au regard aussi de celles des autres pays, cette durée de vie d‟un tel regroupement
relève de l‟exception. Mais pourquoi l‟unité syndicale ?
L‟expérience du mouvement syndical nous enseigne que l‟unité de l‟action syndicale
reste tant au plan international que national un désir profond et une aspiration légitime des
travailleurs dans leur combat quotidien contre l‟exploitation capitaliste et pour de meilleures
conditions de vie et de travail. Cette unité syndicale est apparue comme une préoccupation
pour les travailleurs surtout avec le développement du pluralisme syndical exacerbé au plan
international comme à l‟intérieur des états.
La force du mouvement syndical ouvrier étant fondée essentiellement sur l‟unité et la
solidarité des travailleurs, il apparaît clairement qu‟à l‟échelle du monde et des pays, le
pluralisme syndical constitue un risque d‟affaiblissement de la classe ouvrière.
Les Etats-patrons, tout comme le patronat l‟ont bien compris qui ont ici et là suscité la
création de syndicats, l‟objectif étant d‟affaiblir le mouvement syndical qui existait ou de
dévoyer la lutte des travailleurs. Cette politique qui répond au principe du diviser pour mieux
régner prospère plus ou moins longtemps en fonction du niveau de la prise de conscience
des travailleurs.
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Au Burkina Faso, le mouvement syndical a été très tôt marqué par le pluralisme. En
effet, contrairement à ce qu‟on a pu observer dans nombre de pays africains, tous les
pouvoirs qui se sont succédés dans notre pays, n‟ont jamais réussi à imposer une centrale
syndicale unique liée à un parti – Etat bourgeois unique. Certes, la 1ère République de
Maurice YAMEOGO l‟a tenté et a même légiféré dans ce sens en 1964, mais il n‟a jamais
réussi à faire appliquer cette loi.
Face à ce pluralisme, la solution trouvée par le mouvement syndical burkinabé a été
l‟unité d‟action.
C‟est elle qui a permis aux travailleurs de notre pays et à leurs organisations de jouer le
plus souvent un rôle de premier plan aux différentes étapes importantes de l‟histoire de notre
peuple.
En l‟occurrence, il s‟agissait, à travers des luttes larges et unitaires, de faire échec à des
tentatives de caporalisation des syndicats, de confiscation des libertés démocratiques, et/ou
de remise en cause des acquis des travailleurs.
″L’unité d’action syndicale au Burkina Faso : bilan critique de dix ans de luttes
unitaires continues (1999 – 2009 )″. Tel est le thème retenu pour ce dixième anniversaire
d‟Unité d‟Action Syndicale au Burkina Faso.
I.
CONTEXTE DE LA COMMEMORATION
I.1.
AU PLAN INTERNATIONAL
La commémoration des 10 ans de l‟Unité d‟Action Syndicale intervient dans un
contexte international marqué par l‟approfondissement de la crise économique, sociale et
politique du système capitaliste, impérialiste mondial.
a.
Sur le plan politique, les puissances impérialistes avec à leur tête la
superpuissance américaine, dans leur politique de pillage des richesses et de domination
hégémonique impérialiste, ont plongé le monde dans l‟instabilité et l‟insécurité.
Ainsi, les foyers de guerres et d‟insécurité s‟élargissent et se multiplient, faisant peser
de lourdes menaces contre la paix et la sécurité des peuples. Cela se traduit entre autres par :
 la guerre en Irak à l‟occasion de laquelle, des millions d‟irakiens, principalement
des civils, ont été massacrés,
 le renforcement de la présence militaire étrangère en Afghanistan, constituée
essentiellement d‟américains
 l‟installation du bouclier américain en Pologne pour prétendument contrecarrer
le terrorisme,
 les menaces et chantages contre l‟Iran à propos du nucléaire
 le réchauffement climatique causé par les exploitations et productions massives
désordonnées et qu‟elles font mine de combattre
 etc.
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b.
sur le plan économique et social, la crise frappe tous les domaines de la vie
économique et sociale : elle est à la fois industrielle, agricole, financière, avec des cortèges de
faillites, de fermeture d‟usines, de banques, de maisons d‟assurances suivis de licenciements
massifs de travailleurs. Partout, les phénomènes du chômage et de la vie chère prennent de
l‟ampleur.
Face à cette offensive du capitalisme, qui tente par tous les moyens de faire supporter
le fardeau de la crise par la classe ouvrière, les travailleurs et la jeunesse, ces derniers, partout
dans le monde, n‟ont pas baissé les bras. Ils s‟organisent, développent des luttes et se battent
contre l‟exploitation capitaliste, pour la justice et pour le progrès social, pour leur liberté et
pour un mieux-être. Les luttes des peuples palestinien, irakien, afghan, iranien, soudanais,
etc. constituent des exemples vivants du refus de la soumission et de l‟exploitation.
En Amérique latine, c‟est le rejet des pouvoirs néo-libéraux au profit des partis qui
proposent la justice et le progrès social qui est à l‟ordre du jour. C‟est le cas en Bolivie, au
Brésil, au Chili, au Pérou, au Venezuela, en Equateur, etc. Même en Europe, les élections
en Espagne, en Italie, en Hongrie et en Roumanie, s‟inscrivent dans cette dynamique.
I.2.
AU PLAN AFRICAIN
En Afrique, la crise est accentuée par la mauvaise gouvernance, le déficit politique et
démocratique des pouvoirs pour la plupart issus de coups d‟état ou d‟élections frauduleuses
ou scandaleuses.
Le chômage, la misère, les pandémies et l‟exode sont le lot quotidien des africains,
conséquences des atteintes graves et répétées aux droits de l‟homme perpétrées par des
pouvoirs illégitimes, des conflits et instabilités ouvertes ou sourdes, des guerres civiles ou
rébellions, des coups d‟Etat militaires et autres manipulations de Constitutions dans de
nombreux pays et régions comme au Burkina Faso, en Côte d‟Ivoire, au Tchad, en
République Centrafricaine, en République Démocratique du Congo, en Guinée, en Somalie,
au Soudan avec le Darfour, au Niger, au Mali, etc.
Là aussi, malgré cette situation d‟ensemble insupportable, les peuples développent de
puissantes luttes contre la guerre, contre les méthodes autocratiques de gestion des pouvoirs
en place et contre la misère.
Et, ce sont des millions de travailleurs, de jeunes qui ont pris d‟assaut les rues et les
places publiques pour exprimer leur ras le bol contre la cherté de la vie. A cette colère
légitime, les différents pouvoirs ont répondu par une répression féroce entraînant des
arrestations, des emprisonnements, des blessés et même des morts comme au Cameroun, en
Egypte, etc.
I.3.
AU PLAN NATIONAL
La situation nationale, quant à elle, reste marquée par l‟aggravation de la crise
politique, économique et sociale qui tenaille notre pays avec l‟application des Programmes
d‟Ajustement Structurel (P.A.S.). La preuve que les PAS sont un échec comme politique de
développement économique et social, c‟est qu‟ils se sont soldés par l‟élection de notre pays
dans le concert des Pays Pauvres Très Endettés (PPTE).
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A contrario, ces P.A.S ont permis aux hommes du pouvoir et à leurs acolytes :
- d‟élargir et de consolider leur base économique par le « rachat » des sociétés
bradées et la légalisation de fait de la corruption et de la fraude, la création de nombreuses
sociétés dans les différents secteurs d‟activités notamment le Bâtiment et les Travaux
Publics, le transport, le commerce ;
- de mettre l‟appareil judiciaire sous contrôle de l‟exécutif en vue de garantir
l‟impunité de tous les crimes de sang et crimes économiques et maintenir la répression
contre les travailleurs par le refus manifeste d‟exécuter certaines décisions de justice de
dernier ressort relatives à des conflits de travail.
Quant à la grande majorité des burkinabè, elle vit une situation sociale très pénible
avec des besoins immenses en matière de santé, d‟éducation, de nourriture et logement.
Elle connaît également le développement prodigieux des fléaux sociaux tels que le
chômage, la prostitution, la toxicomanie, le banditisme, etc. Le crime est devenu ces
dernières années un acte banal : il ne se passe pas une semaine sans que la presse ne fasse cas
de jeunes ou de vieilles personnes assassinées de manière cruelle dans tel secteur, ville ou
village.
C‟est contre ces maux intolérables que le mouvement syndical, à l‟instar d‟autres
forces sociales, mobilise les travailleurs et le peuple et engage des luttes pour leur éradication.
C‟est également contre de tels maux (corruption, crimes abominables impunis,
injustice sociale, etc.), que parfois de manière spontanée, les populations de tous secteurs,
expriment et parfois, de manière violente, leur colère et indignation.
C‟est dans ce registre, qu‟il faut situer la création le 12 mars 2008, de la Coalition
contre la vie chère, la corruption, la fraude, l‟impunité et pour les libertés, suivie des
manifestations successives de la dite Coalition dès le 15 mars 2008, consécutives aux
violentes manifestations des 20, 21, 22 et 28 février 2008 à Bobo-Dioulasso, Banfora,
Ouahigouya et Ouagadougou.
Cette année 2009, la misère s‟est accentuée pour une importante partie des
populations de Ouagadougou et de certaines localités du pays, suite à la pluie diluvienne du
1er septembre qui a occasionné d‟importants dégâts tant matériel qu‟humains ; dégâts
largement aggravés par la politique d‟urbanisation hasardeuse du pouvoir de la IV°
République.
Comme pour corroborer notre analyse sur l‟état de détresse des masses populaires
Burkinabé, le PNUD vient de publier son rapport mondial sur le développement humain
2009. Voici un passage de ce qu‟en dit le quotidien Burkinabé, l‟Observateur Paalga du 16
novembre 2009 :
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« Si un pays comme la Norvège occupe le premier rang à l'issue de cet exercice qui a porté sur les données de
2007, ce n'est pas du tout le cas du Burkina Faso, malheureusement, qui continue de se démener dans les
profondeurs du classement avec un rang peu enviable de 177e sur 182 pays. Le « Pays des hommes intègres »
fait légèrement mieux que le Mali (178e), la République centrafricaine (179e), la Sierra Leone (180e),
l‟Afghanistan (181e) et le Niger (182e).
Comme on le voit, le Burkina Faso devance des pays qui sont en bute aux troubles sociaux, voire en guerre.
En effet, le Mali et le Niger ont maille à partir avec leurs rébellions touarègues respectives. Ce qui n'est pas
propice à tout projet de développement. La République centrafricaine contrôle difficilement une rébellion.
L'Afghanistan est en guerre depuis, et la Sierra Leone sort à peine d'une longue guerre civile.
Alors si on ne dépasse que ces pays en guerre, il n'y a pas de quoi se frotter les mains. »
Et d‟ajouter plus loin ceci : « Il est temps que nos gouvernants sachent qu'on n'a pas besoin du PNUD
pour reconnaître que le Burkina ne se porte pas bien. Il se porte même très mal, avec une paupérisation qui
gagne chaque jour du terrain. Au Burkina, la misère semble la chose la mieux partagée. Ce récent classement
reste un cinglant démenti, voire un aveu d'impuissance. Il est temps de reconnaître que le Burkina est bel et
bien malade, de misère, de pauvreté, afin de travailler à lui administrer la bonne cure ».
II. LES CARACTERISTIQUES ESSENTIELLES DU
SYNDICAL BURKINABE ET LES TENTATIVES
D’UNITE D’ACTION SYNDICALE
MOUVEMENT
ANTERIEURES
II.1. Les caractéristiques essentielles du mouvement syndical burkinabé :
Le mouvement syndical burkinabé, présente les caractéristiques essentielles suivantes :
 Une tradition de lutte contre les tentatives de caporalisation et pour la
sauvegarde des libertés démocratiques et syndicales.
En effet, depuis les indépendances de 1960, les travailleurs burkinabé ont livré de
nombreuses batailles contre les pratiques des différents pouvoirs qui ont usé de mille et une
astuces pour caporaliser, réduire et soumettre les travailleurs et leurs organisations. Tour à
tour, les pouvoirs de Maurice YAMEOGO, de Sangoulé LAMIZANA puis les pouvoirs du
Comité Militaire de Redressement pour le Progrès National (CMRPN) du Colonel Saye
ZERBO, du Conseil de Salut du Peuple (CSP) du médecin – commandant Jean Baptiste
OUEDRAOGO et surtout l‟arrivée au pouvoir du Conseil National de la Révolution (CNR)
du Capitaine Thomas SANKARA le 4 août 1983, du Front Populaire (FP) du capitaine
Blaise COMPAORE, de la IVème République, ont tenté, à défaut de liquider les syndicats, de
les affaiblir, de les caporaliser et /ou les contrôler par la répression, la corruption, la division,
etc. Cette situation ayant été encouragée par l‟insuffisante mobilisation des travailleurs à
certains moments.
 Un attachement, dans une large mesure à son indépendance et à son esprit
critique vis-à-vis des pouvoirs qui se succèdent au Burkina Faso;
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 un pluralisme et une diversité des orientations syndicales héritées de la
période coloniale et des centrales syndicales de la métropole ( les orientations
d‟obédience religieuse, libérale, anti – impérialiste, révolutionnaire de lutte de classes, etc. )
avec cependant une volonté de recherche constante d’unité d’action syndicale qui
produit ses effets ;
 des difficultés manifestes à s‟appuyer sur des organisations véritablement
représentatives et financièrement indépendantes pour construire une véritable unité
d‟action syndicale forte.
II.2. Rappel historique sur quelques expériences d’unité d’action syndicale
conjoncturelle, totale et/ou partielle de 1960 à 1999 ( 40 années) :
Comme rappelé ci – dessus, le pluralisme syndical est sans doute une des
caractéristiques essentielles du syndicalisme burkinabé depuis toujours. Cependant, l‟unité
d‟action a été la forme de luttes unitaires des travailleurs burkinabé et de leurs organisations
syndicales, aux différents tournants importants de l‟histoire du pays, pour contrer les
tentatives de caporalisation des syndicats, de confiscation des libertés démocratiques et de
réduction drastique du pouvoir d‟achat. Un regard rétrospectif dans la période des années 60
à la fin des années 90, montre de constants regroupements du mouvement syndical
Burkinabé, qui ont conduit à de grandes luttes. Quelques exemples :
II.2.1. de 1960 à 1980
Il convient avant tout de noter que sous la période coloniale, les leaders syndicaux
étaient en même temps engagés dans la lutte anticoloniale. En fait, il y avait à l‟époque une
unité d‟action entre l‟Union Générale des Travailleurs d‟Afrique Noire (UGTAN) et le
Rassemblement Démocratique Africain (RDA) qui conduisait la lutte anti – coloniale
notamment dans les pays de l‟Afrique Occidentale Française. Ce n‟est pas un fait du hasard
si la plupart des premiers hommes politiques dont les chefs d‟Etat ont aussi été pour la
plupart des dirigeants syndicaux. Des hommes politiques comme les présidents Félix
Houphouet BOIGNY de Côte D‟Ivoire, Sékou TOURE de Guinée, Daniel Ouezzin
COULIBALY de Haute – Volta (qui créa dès 1937 un syndicat d‟enseignants avec le
soudanais Mamadou KONATE), Maurice YAMEOGO de l‟ex-Haute Volta, Joseph
OUEDRAOGO, Bégnon KONE (qui ont tous deux dirigés l‟Assemblée Nationale de Haute
– Volta), Tom BOYA, premier ministre du Kenya, etc., ont fait leurs premières armes dans
les syndicats.
Après les indépendances, diverses expériences d‟unité d‟action ont été vécues en
rapport avec le cours des événements politiques que connaissait le pays. Ainsi :
 En décembre 1965, c‟est à l‟occasion du congrès de l‟USTV (le 28 décembre
1965) avec la participation des deux autres centrales syndicales de l‟époque ( CNTV et
OVSL) et des syndicats autonomes que les bases de l‟unité d‟action syndicale ont été posées
à travers l‟inter syndicat qui fut l‟âme du soulèvement populaire du 3 janvier 1966 contre le
pouvoir autocratique et gabégique du Président Maurice YAMEOGO (1ère République);
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 En 1975, face aux tentatives d‟embrigadement du peuple engagées par le
général Sangoulé LAMIZANA et ses hommes avec son projet de parti unique, le
Mouvement National pour le Renouveau (MNR), les organisations syndicales réussissent une
unité d‟action extraordinaire qui aboutit à la grève générale – ville morte des 17 et 18
décembre 1975. LAMIZANA est contraint d‟abandonner son projet ;
 De 1978 à 1980, sous le Régime de la 3ème République, des centrales syndicales
et des syndicats professionnels (OVSL, USTV, CNTV, CSV, SNEAHV, SYNTSHA,
STOV), engagèrent la lutte contre les atteintes aux libertés syndicales, des projets de loi antigrève, etc. Malgré la répression, les luttes aboutirent à la libération de responsables syndicaux
interpellés, au retrait du projet de loi anti – grève de l‟Assemblée Nationale, etc. Un exemple
frappant de répression est le licenciement en février 1978 (à la charge de la 3ème République),
de tous les dirigeants et délégués du personnel du SNTV (Syndicat National des Travailleurs
de la Voltelec, affilié à l‟USTV) pour fait de grève et qui revendiquaient un minimum de
respect des textes en matière de législation du travail. Le régime du Général Lamizana fut
soutenu dans cette répression des militants du SNTV-USTV, par des formations politiques
et syndicales qui jetèrent certains grévistes en prison et organisèrent contre eux des procès
fallacieux.
II.2.2. sous les régimes d’exception (1980-1991)
 De 1980 à 1982, sous le CMRPN, malgré la répression (interdiction des
Assemblées Générales syndicales, perquisitions de domiciles, arrestations et détentions de
responsables syndicaux, suppression, puis limitation du droit de grève, déportations de
militants syndicaux pour faits de grève, licenciements et procès de syndicalistes, dissolution
de la centrale syndicale CSV et mandat d‟arrêt contre son Secrétaire Général, Soumane
TOURE, etc.) ; la lutte contre la répression, pour le libre exercice des libertés s‟est
poursuivie.
Cette lutte pour les libertés renforça l‟unité d‟action entre travailleurs, élèves et
étudiants sous les CSP 1 & 2 (82 – 83) pour se matérialiser sous le CNR à partir de 1983.
 De 1983 à 1987, sous le régime du CNR, une répression jamais égalée s‟est
abattue sur les citoyens (crimes abominables) et de façon ciblée sur les syndicats sous le
couvert de la lutte contre les réactionnaires et les anarcho-syndicalistes. La volonté de
substituer les CDR aux syndicats est manifeste et se traduit par l‟organisation de putschs
syndicaux (SYNTSHA,…), les licenciements massifs, les arrestations, détentions et tortures
de militants syndicaux de centrales syndicales et syndicats autonomes du front syndical,
levées d‟assemblées générales et d‟instances( interruption du congrès de l‟USTB à Bobo –
Dioulasso par des individus armés), attaques et occupations de la Bourse du Travail (1er mai
1985, 1er mai 1987, juin 1987, etc.).
Contre cette remise en cause des libertés démocratiques et syndicales pour le
relèvement du pouvoir d‟achat largement entamé par les différentes mesures du CNR deux
expériences d‟unité d‟action vont marquer la période :
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 Le “ Front Syndical ”. Il est le produit d‟une unité d‟action syndicale entre les
syndicats autonomes FSB, SNAID, SYNTB, SYNTER, SYNTETH, SYNTRAGMIH,
SYNTSHA, SYTTPBHA, le SAMAB, l‟UGEV et la CSB réalisée en décembre 1984 et
révélée le 28 janvier 1985 à travers une déclaration désormais historique et portant son nom.
La plate forme d‟action du Front syndical portait sur le libre exercice des libertés
démocratiques et syndicales, le respect des libertés individuelles et collectives, la défense du
pouvoir d‟achat des travailleurs.
 L’unité d’action du 1° mai 1987 : le 17 mars 1987, les centrales syndicales
CNTB, CSB, ONSL, USTB et les syndicats autonomes FSB, SNAID, SYNTB, SYNTER,
SYNTETH, SYNTRAGMIH, SYNTSHA, SYTTPBHA, SAMAB, publient ensemble un
communiqué de quelques lignes dans lequel ils informent „ensemble des travailleurs d‟une
démarche unitaire engagée autour de la défense des intérêts des travailleurs. C‟est dans cet
élan que le 1° Mai 1987 sera préparé dans l‟unité d‟action et réalisé. Malgré l‟occupation de la
Bourse du travail de Ouagadougou par des militaires armés, notamment le Bataillon
d‟intervention aéroporté (BIA) de Koudougou, les travailleurs envahiront littéralement la
Bourse du Travail de Ouagadougou à l‟appel de leurs dirigeants syndicaux. Par une gestion
souple de cette situation, les dirigeants syndicaux présents sur les lieux, réussiront à éviter
l‟affrontement.
II.2.3. sous le régime du Front Populaire
Le 15 octobre 1987, un coup d‟Etat militaire qui a coûté la vie au Président du Faso,
Thomas SANKARA et à douze de ses compagnons, mettait fin au régime du Conseil
National de la Révolution (CNR) et instaurait celui du Front Populaire du Capitaine Blaise
COMPAORE.
A l‟avènement du Front Populaire en octobre 1987, le Front syndical adressera au
Président du Front Populaire, dès le 12 décembre 1987, un mémorandum synthétisant les
atteintes graves aux libertés démocratiques et syndicales et au Droit du Travail sous le
Conseil National de la Révolution (CNR) et demande la réhabilitation de tous les travailleurs
sanctionnés pour délit d‟opinion et leur réintégration dans leurs emplois (Cf. dossier sur la
répression du Front syndical, réalisé en octobre 1987 et publié en mars 1988).
Au sortir de la décennie de régimes d‟exception et à la veille de l‟écriture de l‟avantprojet de Constitution en 1990, le bilan dressé par le mouvement syndical sur la répression
qu‟il a subi est suffisamment lourd : près de 2000 travailleurs licenciés ou dégagés dont des
enseignants, une centaine de cas de suspensions, plus de 200 cas d‟arrestations, 47 cas de
tortures, 55 cas de bourses coupées, 15 cas d‟exclusions d‟élèves, 3 occupations de sièges
(ANEB, SYNTER, SYNTSHA), une vingtaine de levées d‟Assemblées Générales et
d‟interventions armées, le maintien voire la poursuite de putschs syndicaux sous le Front
Populaire (SYNTSHA, CNTB, …), d‟incessantes mutations de responsables et militants
syndicaux dans le but de désorganiser les syndicats.
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Hormis ces expériences unitaires, on note des actions syndicales dispersées face à des
événements nationaux importants tels que le bilan de quatre (4) années de révolution du
CNR (du 8 au 10 janvier 1988), le bilan de un (01) an de Rectification du Front Populaire (
du 26 au 28 janvier 1989), le Forum national sur le Programme d‟Ajustement Structurel
(P.A.S) le 12 mai 1990, les travaux de la Commission Constitutionnelle ( Mai à septembre
1990), etc.
Néanmoins, même de façon dispersée, il faut retenir que le mouvement syndical
burkinabé s’est appuyé sur des regroupements tantôt sectoriels et partiels, tantôt
unitaires et larges pour contribuer de manière significative, à asseoir les fondements
de l’Etat de droit et de la IVème République.
Quelques exemples de la contribution du mouvement syndical pour asseoir les
fondements de l’Etat de droit et de la IVème République :
 Le 12 décembre 1987, dans un document transmis au Président du Front
Populaire, comme contribution au „‟bilan critique de quatre années de Révolution Démocratique et
populaire‟‟, le “ Front Syndical ”, regroupement à l‟époque de onze syndicats dont une
centrale syndicale, la CSB et un syndicat d‟étudiants, l‟UGEB, disait attendre du Front
Populaire entre autres :
“ - l‟extension du Communiqué N°5 à tous les militants syndicaux licenciés ou dégagés
arbitrairement et la levée de toutes les mesures répressives et arbitraires prises contre des militants et
responsables syndicaux, ainsi que leurs dédommagements et leur rétablissement dans leurs droits juridiques et
pécuniaires au regard des textes réguliers qui les régissent ;
- le respect et la garantie des libertés démocratiques et individuelles et collectives, à savoir notamment
les libertés démocratiques d‟opinion, d‟expression, d‟association, de presse et de circulation, le secret de la
correspondance et d‟inviolabilité du domicile etc., l‟abolition de la torture et la traduction des tortionnaires et
des mouchards devant les tribunaux…. ”.
Il convient de noter que le communiqué n°5 du Front Populaire d‟octobre 1987
annonçait des mesures de levées de sanctions, notamment le licenciement de plus d‟un
millier et demi d‟enseignants licenciés pour faits de grève. En substance, le communiqué
annonçait ceci :
« 1. Tous les enseignants licenciés en 1984 pour fait de grève sont repris dans leur corps d‟origine ;
2. Tous les agents de l‟Etat, suspendus, voient leurs sanctions levées ;
3. Tous les prisonniers politiques et internés administratifs sont élargis. »
 Décembre 1990 : Aux Assises Nationales sur l’avant-projet de Constitution,
une unité d’action syndicale est enfin réalisée.
Une déclaration commune des organisations syndicales CGT-B, CNTB, CSB, ONSL,
USTB et SNEAB avec comme porte-parole, Tolé SAGNON Secrétaire Général de la CGTB, a été livrée aux assises nationales puis publiée. En exemples, les points suivants ont été
fermement défendus à l‟occasion :
13
1- la question de l‟inutilité de la deuxième chambre et de son rejet par la commission constitutionnelle;
2- la nécessité d‟une amnistie générale pour l‟ensemble des burkinabé qui ont été lésés dans leurs droits
de manière individuelle et/ou collective ;
3- un multipartisme intégral devant permettre la libre expression de l‟ensemble des sensibilités politiques
et des courants d‟idées qui traversent notre société. Toutefois doivent être interdits les partis
régionalistes, racistes, religieux, fascistes ;
4- du mandat Présidentiel de sept (7) ans renouvelable une seule fois, que nos Organisations Syndicales
trouvaient “ inutilement long ” et proposait de le ramener de sept à cinq (7 à 5) ans renouvelable une
seule fois;
5- des pouvoirs du président lui autorisant de “ dissoudre l‟Assemblée des Députés du peuple, gagnerait
à être plus limitatif pour ne permettre qu‟une seule dissolution au cours d‟un mandat présidentiel ”.
Au sortir des Assises Nationales sur le projet de Constitution, les syndicats n‟ont
malheureusement pas pu rendre compte aux travailleurs de manière unitaire. Chaque centrale
syndicale a utilisé la forme de compte rendu qui lui convenait.
Le 2 juin 1991, la Constitution de la IVème République est adoptée par référendum.
Elle est promulguée le 11 juin 1991.
 En juillet 1991, suite à une rencontre avec le Président du Front Populaire, les
Centrales Syndicales CGT-B, CNTB, CSB, ONSL, USTB et les Syndicats Autonomes
SAMAB, SNEAB, SYNACB, SYNAJ, SYNATIC, qui avaient comme porte – parole,
Boniface SOMDA, Secrétaire Général de l‟USTB, adressent le 8 juillet 1991, une lettre au
Président du Faso dans le cadre de leur “ Contribution à la mise en œuvre de la constitution ”. Parmi
les propositions formulées, figuraient l‟Amnistie Générale et la réhabilitation de tous ceux qui ont été
sanctionnés sous les régimes d‟exception pour leurs opinions politiques et/ou syndicales, l‟amélioration des
conditions de vie des travailleurs et la sécurité de l‟emploi, le rôle de l‟armée, la dénonciation des
gouvernements pléthoriques, des détournements, des nominations politiques aux postes techniques, de
l‟approfondissement du processus démocratique, la dénonciation (déjà) des conséquences du P.A.S.
 En novembre 1991, se tiennent les Etats Généraux du syndicalisme
Burkinabé :
L‟ensemble du mouvement syndical contribue à la convocation et à la tenue des Etats
Généraux du Syndicalisme Burkinabé, les 15,16 et 17 novembre 1991.
A l‟occasion, les syndicats, unanimement, ont condamné et rejeté le P.A.S et proposé des
solutions internes concertées aux problèmes de l‟économie du pays. Une motion a même été
adoptée qui stipule notamment ceci :
- “Considérant les expériences négatives du P.A.S dans les pays en voie de développement où
ils ont été appliqués;
14
- Considérant les promesses des autorités sur les avantages du P.A.S au Burkina Faso ;
- Considérant qu‟en fait d‟avantages, l‟application du P.A.S n‟a engendré que des
inconvénients, licenciements, compressions, mises à la retraite anticipée, fermetures de sociétés,
désengagements de l‟Etat des secteurs sociaux (santé, éducation, logement, etc);
- Considérant que de ce fait, le P.A.S se révèle contraire à toute démocratie économique et de
justice sociale ;
Les états Généraux du syndicalisme burkinabé, tenus à Ouagadougou les 15, 16 et 17 novembre 1991,
- Dénoncent et condamnent le P.A.S dans sa philosophie et dans son application. Et par
conséquent demandent l‟arrêt immédiat du Programme d‟Ajustement Structurel ;
- Proposent une recherche concertée de solutions internes à la crise de l‟économie burkinabé. ”.
(CF. document final des Etats Généraux).
Par ailleurs, les Etats Généraux, ont formulé des revendications pour la consolidation
des libertés démocratiques et syndicales, et une fois encore, exigé la réhabilitation de citoyens
sanctionnés pour délit d‟opinion. La plate forme unitaire minimale issue des états généraux,
fera l‟objet de négociations avec le gouvernement, négociations qui aboutiront à la signature
d‟un protocole d‟accord gouvernement/ syndicats le 18 décembre 1991 à 4heures.
L‟engagement pris par les états généraux d‟appeler à une grève générale le 7 janvier
1992 si la plate forme minimale n‟était pas satisfaite par le gouvernement, ne sera pas
respecté. Cette situation va conduire à une fracture au sein du mouvement syndical.
En effet, en juin 1992, un collectif syndical, constitué de la CGT-B et d‟un groupe de
syndicats autonomes, organise la première grève générale après la décennie de régimes
d‟exception, les 1er et 2 juin 1992 pour exiger la mise en œuvre par le gouvernement du
protocole d‟accord Gouvernement/Syndicats du 18 décembre 1991. Cette grève qui a connu
un franc succès, donnait l‟occasion au mouvement syndical de renouer avec la lutte légale.
Dès lors, deux groupes vont se constituer qui vont matérialiser la bipolarisation du
mouvement syndical. Il s‟agit du « Collectif syndical CGT-B » et du « Groupe des 13 ».
 1° mai unitaire, 1993 : dénonciation des privatisations sauvages.
Ce 1° mai 1993 se réalise dans l‟unité d‟action contre les privatisations sauvages, la
gestion gabégique des sociétés d’Etat, la corruption et avec l’exigence d’un point
précis des opérations de privatisations et de l’assainissement de la gestion de la
chose publique. Malheureusement, il n‟a pas été possible de réaliser une unité de lutte
autour de ces préoccupations.
C‟est dans ces balbutiements de l‟unité d‟action du mouvement syndical qu‟intervient
l‟année 1994, une année mouvementée pour les syndicats. En effet, on retiendra :
 La dévaluation du FCFA le 12 janvier 1994 : Le mouvement syndical réagit
mais dans des regroupements sectoriels. - Le Collectif CGT-B appelle à la mobilisation et à
la grève les 6, 7 et 8 avril 1994 pour exiger le respect par le gouvernement, du protocole
d‟accord gouvernement - syndicats, le rétablissement de la valeur du point indiciaire, la
détaxe (TVA) des produits de consommation courante, etc. et le relèvement du pouvoir
d‟achat des travailleurs particulièrement détérioré par la dévaluation.
15
Dans la même période, le groupe des “ 13 ” rassemble les autres centrales syndicales
et certaines d‟entre elles lancent une grève pour les 14 et 15 avril 1994. Cette grève, soutenue
par certaines structures de la CGT-B par solidarité, n‟obtiendra pas le succès escompté parce
que certains initiateurs même de ladite grève, la boycotteront.
Le mouvement syndical est ainsi divisé et chaque groupe tente de s‟affirmer le mieux
possible : qui par la grève et l‟occupation des rues, qui, par les négociations avec le
gouvernement.
 Entre 1994 et 1998, l’unité d’action syndicale est mise à rude épreuve.
Une rivalité tantôt ouverte, tantôt sourde entre les deux regroupements du mouvement
syndical burkinabé est constatée sur le terrain. Les 1er° mai sont commémorés dans la
rivalité ouverte et par des meetings différents.
La gestion des événements suivants illustre notre propos :
 Octobre à décembre 1994, contre la violation des textes de lois du travail du
Burkina Faso, par le DG de la BRAKINA M. Marc BAUQUENES, 48 travailleurs de la
Brakina, tous délégués et militants du SYNTB/CGT-B, dont le secrétaire général dudit
syndicat, Bakary MILLOGO sont abusivement licenciés. La CGT-B entreprendra des
actions (meetings, marches, …) en direction du METSS, de l‟Assemblée Nationale, du 1er
Ministère. Sur le dossier, il n‟y eu point d‟unité d‟action syndicale. Certains leaders syndicaux
iront jusqu‟à prêter main forte au patronat dans la répression de représentants des
travailleurs.
 Le 9 mai 1995, deux élèves de Garango, SIDIANI Blaise et ZIGANI Emile sont
abattus par balles par les forces de l‟ordre, suite à une manifestation de solidarité avec le
SYNTER/ CGT-B en lutte. Il n‟y aura pas de réaction unitaire. Le Collectif CGT-B
organise, à la Bourse du Travail un meeting contre l‟impunité des crimes de sang en
collaboration avec le MBDHP, L‟UGEB, l‟AESO, des partis politiques (PDP, UGD,
UVDB) et l‟ADABA le 3 juin 1995. Par la suite, les participants audit meeting créèrent le
Collectif pour le Règlement des Affaires Pendantes en matière de Droits de l‟Homme
(C.R.A.D.H).
 Le 20 octobre 1995 : Une timide concertation unitaire, mais sans un écrit
commun, se réalise pour dénoncer les P.A.S face au DG du FMI Monsieur Michel
CAMDESSUS, en visite officielle au Burkina Faso.
 Le 19ème sommet France-Afrique se tient à Ouagadougou du 4 au 6
décembre 1996, sans une réaction unitaire du mouvement syndical.
 L’année 1997, verra le déverrouillage de l‟article 37 de la Constitution par
l‟Assemblée Nationale, autorisant les mandats présidentiels illimités. De même un Code
électoral et une Commission d‟Organisation des Elections taillés sur mesure, sont adoptés.
Les syndicats sont divisés. Certains dénoncent ces faits par des actions et des propositions,
d‟autres ne réagissent pas.
16
 L’année 1997 verra également l’entrée en scène du processus de mise en
place de la RGAP. Les syndicats agissent séparément. Des campagnes d‟information et
de dénonciation de la réforme, ainsi que des grèves nationales sont organisées contre la
Réforme globale de l’administration publique (RGAP), respectivement le 24 avril 1997
et le 9 décembre 1997. Ces actions seront relayées par des meetings et des marches de
protestation dans diverses provinces.
A la suite de ces grèves, les employeurs des sociétés industrielles SAP, SOFACI, SIFA
et SONACEB, toutes du Houet, prennent des sanctions arbitraires contre les grévistes par :
- le licenciement de 30 travailleurs de la SAP dont 11 délégués syndicaux et du
personnel ;
- le licenciement de 30 travailleurs de la SOFACI ;
- des mises à pied de 3 jours à 4 travailleurs de la SIFA
- des avertissements écrits à 5 travailleurs de la SONACEB.
Certains de ces dossiers sont toujours en traitement et cette fois, pris en charge par
l‟ensemble du mouvement syndical.
 L’année 1998, verra la poursuite de la même campagne. A celle-là s‟ajoute la
contribution des syndicats à la mise en place d‟une Commission Electorale Nationale
Indépendante (CENI). Par la suite, en 2001, les syndicats seront « éjectés » de la CENI par
les partis politiques de l‟opposition et du pouvoir prenant part à ladite CENI. Une structure
parallèle, l‟office national des élections (ONEL), sans pouvoir réel, sera créée à côté de la
CENI, avec l‟intention d‟y mettre les syndicats et les mouvements de défense des droits de
l‟Homme. Unitairement, les syndicats boycotteront ladite structure, qui sera finalement
supprimée.
- Cette même année verra enfin l’adoption de la Loi 033/98 du 28 avril 1998
portant coordination CNSS-CARFO au bénéfice des travailleurs ayant cotisés sous des
régimes différents en matière de sécurité Sociale, concrétisant ainsi la lutte entreprise par
l‟USTB, soutenue par la CNTB ;
- Le 1er mai 1998 est commémoré dans la division du mouvement
syndical, dans un contexte de verrouillage du processus démocratique avec la révision de
l‟article 37 de la constitution, la mise sous tutelle des institutions telles que la justice,
l‟Assemblée Nationale, la Chambre des Représentants dite 2è Chambre, le Conseil
Economique et Social, sans oublier les atteintes et restrictions aux libertés démocratiques et
syndicales ;
- L’unité d’action est ponctuellement relancée à travers la tentative du
gouvernement de supprimer le 3 janvier. Entre septembre et décembre 1998 en effet,
suite à la volonté du gouvernement de supprimer le 03 janvier comme jour férié, chômé et
payé, l‟ensemble des Centrales syndicales firent front contre cette volonté, dans une lettre en
date du 03 décembre 1998 adressée au Ministre de l‟Emploi du Travail et de la Sécurité
Sociale dans laquelle elles disent ceci :
17
“ …Dores et déjà sachez que les organisations syndicales tiennent à cette journée en tant que symbole de leur
lutte unitaire contre l‟injustice et pour la démocratie. En tout état de cause nos organisations syndicales
s‟opposent à toute tentative de suppression de cette historique journée du 3 Janvier. ”
Le 3 janvier sera réhabilité grâce à la résistance et à l‟unité d‟action du monde du
travail.
- Le 13 décembre 1998, Norbert ZONGO, alias Henri SEBGO, directeur
de publication du journal “ L’INDEPENDANT ” et Président de la société des
éditeurs de presse privée (SEP), est assassiné de manière bestiale avec ses trois
compagnons, leurs corps arrosés d‟alcool et brûlés. Suite à cet horrible crime, l‟émotion est
immense dans le pays. La colère et la révolte des populations notamment la jeunesse,
montent. Le mouvement syndical se divise sur le type de regroupement à réaliser pour la
lutte. D‟une part, le Collectif syndical CGT-B prend très tôt une part active à la création, à
l'orientation et la direction du Collectif des Organisations Démocratiques de Masse et de
Partis Politiques (CODMPP), pour conduire le mouvement ''trop c'est trop'' ; d‟autre part,
des centrales syndicales comme l‟USTB, la CSB et autres organisations dénoncent sans
réserve ces assassinats mais posent le problème de regroupement même conjoncturel, avec
des partis politiques.
Un débat, qui divisa davantage le mouvement syndical, s‟engagera sur l‟occupation
de la Bourse du Travail par des hommes politiques à la faveur des activités du Collectif sur
la nécessité de clarifier les prérogatives !
II.2.4.
l’amorce et la réalisation d’une unité d’action syndicale continue
depuis 1999
 En effet, l’unité d’action syndicale se reconstitue à l’occasion du 1er mai
1999, autour d‟un accord sur l‟élaboration d‟une plate-forme commune de lutte et à la
décision de commémorer la Fête du Travail dans l‟unité.
Cette relance a été faite, grâce, il faut le reconnaître, à la persévérance et aux démarches
engagées cette année – là, par les Secrétaires généraux de certaines centrales syndicales
comme Abdoulaye IRA de l‟ONSL, Mamadou NAMA de l‟USTB, mais grâce aussi à la
disponibilité et à l‟engagement politique des autres Secrétaires Généraux des centrales
syndicales que sont Tolé SAGNON de la CGT-B, Mahamadi OUEDRAOGO de la CNTB,
Roger TAPSOBA de la CSB, Joseph TIENDREBEOGO de FO/UNSL, et de leurs
directions exécutives. Il faut noter que la suspension de la participation de certaines centrales
(CNTB, …) aux activités du Groupe des 13 contribuera également au rapprochement.
Les plates formes minimales syndicales communes intègreront par la suite la lutte
contre l‟impunité et pour la vérité et la justice pour Norbert ZONGO et ses compagnons
et pour toutes les autres victimes de la violence en politique.
18
 Le 22 mai 1999, l‟ensemble des Centrales syndicales, rendait publique une adresse
aux militaires, gendarmes et policiers et dans laquelle on peut lire : “ …Depuis de
nombreuses années, nous observons le rôle négatif que les pouvoirs en place font jouer à vos corps respectifs.
Des casernes militaires, des gendarmeries et commissariats sont couramment transformés en centres de
détention et de tortures de travailleurs, élèves et étudiants qui osent légitimement revendiquer leurs droits.
Les revendications légitimes des travailleurs, élèves et étudiants sont devenus des délits que l‟on vous
charge de réprimer avec la dernière énergie, et vous vous en donnez à cœur joie.
Pourtant les retombées positives de ces luttes sont souvent bénéfiques pour vos corps respectifs.
Des éléments parmi vous, commettent des exactions, voire des assassinats, ce qui ternit votre image.
Les exemples sont nombreux :
- Assassinat par un gendarme de deux (02) élèves à GARANGO le 09 Mai 1995 ;
- Arrestations, détentions, tortures et liquidations physiques de citoyens dans les locaux du Conseil de
l‟Entente (Guillaume SESSOUMA, DABO Boukary, David OUEDRAOGO, et certainement bien
d‟autres) ; (…)
- Tortures ayant entraîné la mort de Auguste Pépin OUEDRAOGO à la Brigade de Recherches de
Bobo-Dioulasso en Janvier 1999 ;
Après l‟odieux assassinat de Norbert ZONGO, Directeur de publication de l‟INDEPENDANT
et de ses trois compagnons, la pression populaire a entraîné la mise en place d‟une Commission d‟Enquête
Indépendante, qui, au bout de ses travaux, a identifié de “ sérieux suspects ” qui sont des éléments de la
garde présidentielle.
- etc.
Au lieu que les responsables de ces actes crapuleux et odieux soient arrêtés, traduits en justice et punis
conformément à la loi, ce sont plutôt ceux qui élèvent la voix pour réclamer justice, c‟est à dire les populations,
à travers tout le pays, qui sont poursuivies gazées, arrêtées, torturées, menacées de mort, etc. Des éléments
cagoulés et armés arpentent les artères des villes, terrorisent les populations sans être inquiétés. (…………)
Vous, dont la mission est de garantir la sécurité des populations dans la justice sociale, de les
rassurer, vous qui avez une mission de protection de l‟intégrité territoriale, vous qui avez une mission
républicaine, c‟est paradoxalement vos éléments qui terrorisent et causent la désolation.
Nos Centrales syndicales s‟adressent à vous, à votre conscience, car nous sommes persuadés que vous
en avez encore. Sachez que chaque fois que vous agissez de la sorte, c‟est la démocratie, la justice véritable qui
sont assassinées, sachez que l‟impunité est source de rancœurs et qu‟il faut la combattre.
Les violences physiques et morales exercées à l‟encontre des jeunes, des femmes, des hommes qui se
battent pour le triomphe de la vérité, de la démocratie, d‟une véritable justice sociale, ne feront que dégrader
davantage le climat social. ALORS, ARRETEZ ! …. ” Fin.
 Conformément aux engagements pris par les différentes organisations syndicales à
l‟occasion de la commémoration unitaire du 1er mai, l‟ensemble du mouvement syndical
prépare une grève générale les 29 et 30 Juin 1999 autour d‟une plate forme unitaire. En
réaction à cette grève, la Direction Générale de la SOSUCO, en violation du Code du Travail
qui protège les représentants des travailleurs, licencie des délégués et responsables syndicaux.
Pour exiger la levée de ces sanctions, le mouvement syndical engage une deuxième
grève générale le 15 Août 1999, puis rédige un mémorandum sur la situation à la SNSOSUCO. La lutte contre les sanctions arbitraires à l‟encontre des camarades de la SNSOSUCO ne connaîtra son dénouement qu‟en 2007 avec la condamnation de la société à
payer aux travailleurs abusivement licenciés leurs droits et des dommages et intérêts.
19
 Entre temps, le lundi 1er juillet 1999, une délégation unitaire du mouvement
syndical burkinabè rencontre le Collège de Sages, à l‟initiative de celui-ci. A la suite de la
rencontre une adresse unitaire fut transmise audit Collège dans laquelle on peut lire : “
…Suite à la rencontre, à votre initiative, entre votre auguste Collège et une délégation du mouvement syndical
burkinabè, le lundi 1er Juillet 1999, et comme convenu, nous avons l‟honneur de vous transmettre par écrit,
notre analyse de la situation nationale.
Cette analyse part de la contribution du mouvement syndical burkinabè depuis 1987 pour
l‟engagement de notre pays dans un processus démocratique, ses suggestions et ses luttes pour contribuer à
l‟approfondissement dudit processus, pour la défense des libertés démocratiques et syndicales et pour le pouvoir
d‟achat des travailleurs et des populations. Nous joignons nos déclarations des 10 et 22 Mai 1999 qui
synthétisent notre analyse de la situation nationale actuelle et les préoccupations des travailleurs.
Nous faisons quelques propositions, qui, nous pensons, si elles étaient prises en compte,
contribueraient, sans nulle doute, à créer les conditions pour la promotion d‟une réconciliation nationale et
d‟une paix sociale ”.
 L‟organisation des 2ème Etats Généraux du syndicalisme burkinabé programmés pour
décembre 1999, ne connaîtra pas la participation unitaire et le succès escomptés. En effet, la
délégation de la CGT-B demandera en vain le report, parce que son secrétaire général, était
poursuivi devant les tribunaux pour attentat à la sûreté de l‟Etat et appel à sédition de
l‟armée ; la CGT-B se retirera desdits états généraux. Toutefois, il convient de souligner
qu‟une démarche unitaire des autres syndicats, sera initiée pour exiger la relaxation du
secrétaire général de la CGT-B.
L‟unité d‟action se poursuivra cependant à travers les activités de formation du BIT,
mais aussi avec d‟autres activités communes.
On peut citer entre autres :
 La production d‟un bilan des Centrales syndicales sur les privatisations au Burkina
Faso (décembre 2001) ;
 La concertation Gouvernement / Syndicats de mars 2002 autour du cahier de
doléances 2001 ;
 Le soutien actif de l‟ensemble des centrales syndicales aux luttes des travailleurs de
Faso Fani, de SN/SOSUCO particulièrement entre 1999 et 2001;
 Les luttes des travailleurs des sociétés et entreprises sous la direction des délégués
syndicaux et délégués du personnel desdites sociétés réunis en unité d‟action à la base ;
 Un meeting unitaire en mars 2002 autour des réponses du Gouvernement au cahier de
doléances 2001 suivi des grèves unitaires larges menées les 23 et 24 avril 2002 puis les
28 et 29 mai 2002 et la journée nationale de protestation le 18 juillet 2002, autour
d‟une plate-forme minimale en 6 points ;
 La concertation syndicats / gouvernement du 30 septembre et 3 octobre 2002 autour
du cahier de doléances 2002 ;
 Les 12 sorties unitaires dans les autres provinces de mars à mai 2002 ;
20
 La réalisation avec succès d‟une journée nationale de grève et de manifestation le
mardi 27 mai 2003, faisant suite aux manifestations du 15 avril et du 1er mai 2003. Cette
manifestation visait à exiger du gouvernement le respect des travailleurs et de leurs
organisations syndicales, le respect des engagements pris, la satisfaction de la plate forme
minimale et l‟arrêt du pillage organisé des ressources de l‟Etat. C‟est le jour de cette
manifestation, le 27 mai 2003, qu‟a eu lieu l‟incendie du grand marché de Ouagadougou qui
ne rouvrira ses portes qu‟en 2009, soit six (6) années après !
En somme depuis 2002, l‟unité d‟action est effective sur le terrain avec en moyenne
2 luttes nationales unitaires par an, précédées ou suivies de concertations et/ ou négociations
avec le Gouvernement, d‟une part, avec le patronat du privé depuis 2008, d‟autre part.
II.2.5.
Malgré cette avancée positive, l’unité d’action connaît quelquefois
des soubresauts
Cette situation nous semble du reste normale du fait de la nature et de la diversité
d‟orientations qui compose cette unité d‟action. Quand il devient difficile de concilier les
positions, chaque organisation ou groupe d‟organisations assume ses prises de positions.
Quelques exemples :
 La participation à la création et à l’animation du collectif des organisations
démocratiques de masse et de partis politiques (CODMPP) en décembre 1998 suite à
l‟assassinat du journaliste Norbert ZONGO et de ses compagnons.
 La relecture décidée en Juillet 2004 par le Gouvernement, de la loi
n°013/98/AN du 28 avril 1998 portant régime juridique applicable aux emplois et aux
agents de la fonction publique, relecture qui a donné lieu à la loi n°O19-2005/AN du 18
mai 2005 portant modification de la loi 013/98/AN du 28 avril 1998.
Un consensus n‟ayant pas été obtenu sur la participation ou non à cette relecture
décidée par le Gouvernement, le mouvement syndical s‟est retrouvé divisé en deux groupes :
1.
les syndicats qui ont refusé de prendre part à la relecture et proposent
l‟abrogation de la RGAP en lieu et place d‟une relecture concertée de l‟ancien statut de la
Fonction Publique et qui ont communiqué leurs analyses – critiques et propositions au
gouvernement. Il s‟agit des centrales syndicales CGT-B, ONSL et des syndicats autonomes
SYNATIC – SYNATEB – SYNTAS – SYNATEL ;
2.
les syndicats qui ont pris part à la relecture. Il s‟agit, sauf erreur ou omission
involontaire des centrales syndicales CNTB, CSB, UNSL/FO, USTB et des syndicats
autonomes SNEAB, SYNAPAGER, SATEB, SYSFMAB, SAIB, SYNATRAD,
SYNATIP-B, SYNTRAPOST ;
21
3.

Des résultats de cette relecture on peut retenir ceci :
Des acquis :
- la création d‟une indemnité de départ à la retraite ;
- la légalisation du maintien de l‟indemnité de résidence ;
- l‟introduction d‟une disposition permettant de passer du statut de contractuel à celui de
fonctionnaire par voie de concours ou examen professionnels ;
- la couverture des risques professionnels par l‟Etat ;
- etc.
 des dispositions négatives:
- la légalisation du maintien de la quasi–totalité des anciens fonctionnaires à la première classe
de leur catégorie au mépris de leur ancienneté ;
- la légalisation de dispositions discriminatoires, ex : non assujettissement de certains agents à
l‟évaluation, salaire spécial pour certains contractuels (art 181 et 192);
- etc.
Les luttes (unitaires et sectorielles) autour de la question de la réforme globale de
l‟administration publique (RGAP) avec comme étapes officielles, la relecture de la loi 013
suivie de la loi corrective 019 du 18 mai 2005 puis la validation de l‟étude de consultants sur
« RGAP, dix ans après » les 26 et 27 octobre 2009 dernier, conduisent à une
reconnaissance de l‟échec de cette réforme au profit de l‟élaboration d‟un « Plan Stratégique
Décennal de Modernisation de l‟Administration » (PSDMA).
III. BILAN CRITIQUE DE L’UNITE D’ACTION SYNDICALE
III.1. Principales revendications et manifestations unitaires depuis 2002
Depuis cette période (2002), une plate forme minimale unitaire de luttes est
établie et axée sur les points centraux suivants :
- Augmentation de 25% des salaires et pensions pour compter de janvier 2001 ;
-
Exécution des jugements et arrêts de juridiction relatifs à des conflits de travail
(BRAKINA, SOREMIB, FASO FANI, SCFB, Ex BATA, etc.), traitement diligent des
dossiers de conflits de travail (SN-SOSUCO, CEMOB, CIMAT, SONAR, INB,
LONAB, etc.), respect des libertés syndicales ;
- Abrogation de la loi n°13/98/AN du 28 avril 1998 portant régime juridique
applicable aux emplois et aux agents de la Fonction Publique; déblocage effectif des
avancements d'échelons et de classe;
- Baisse de l’IUTS de 15% sur toutes les tranches ;
- Réduction des impôts et taxes, notamment sur les produits pétroliers ;
- Reconstruction diligente du marché central ROOD – WOKO de Ouagadougou ;
22
- Arrêt des privatisations et paiement immédiat et en une tranche des droits des
travailleurs licenciés suite aux privatisations et/ou liquidations ; Arrêt du
désengagement de l'Etat des secteurs sociaux, notamment l'éducation et la santé. Arrêt
du recours facile à la pratique du chômage technique et sa réglementation effective ( en
attendant, assurer à tout travailleur mis en chômage technique, un minimum équivalent
au 1/3 de son salaire); Paiement des arriérés de salaires qui ont cours dans certaines
sociétés ( abattoir frigorifique, INB, etc.) ;
- Une politique cohérente favorable à la promotion du secteur informel, son
organisation efficace ;
- Annulation de l’arrêté n° 2003-37 du Ministre des Finances et du Budget en date du
31 janvier 2003 et relatif à l'octroi d'un prêt sans intérêt aux présidents d'institutions,
aux membres du gouvernement et au députés non siégeant et destiné à l'acquisition en
hors taxe, hors douane d'un véhicule à usage personnel.
N.B. Les exemples de luttes et d‟activités unitaires sus – citées non seulement ne sont pas exhaustifs,
mais encore, ce ne sont que des exemples au sommet. En effet, il se réalise également une unité de luttes à la
base, entre les syndicats professionnels de différentes centrales syndicales et syndicats autonomes, entre les
structures syndicales décentralisées (Unions Provinciales, Unions Régionales, au niveau des délégués
syndicaux et délégués du personnel des entreprises et sociétés, à l‟intérieur des entreprises, etc.)
III.2. Les acquis matériels et moraux de l’unité d’action syndicale
Les luttes unitaires menées depuis 1999 ont produit, au profit des travailleurs en
particulier et des populations en général, de nombreux acquis matériels dont les plus
significatifs sont :










des augmentations de salaires même si elles sont faibles et appliquées de façon
sélective ;
la réduction de l‟IUTS à travers la prise en compte des charges professionnelles
et la réduction des tranches en 2008 ;
la reprise du transport en commun marquée par la création de la SOTRACO ;
le déplafonnement de l‟assiette de cotisation à la CNSS ;
le relèvement du taux de cotisation et d‟annuité avec pour conséquence un
relèvement sensible des pensions au profit des travailleurs relevant du Code de
Sécurité Sociale ;
la réduction du prix des hydrocarbures ;
le relèvement des allocations familiales ;
le règlement effectif avec paiements de droits et indemnités ou en cours de
certains dossiers relevant du domaine du gouvernement à savoir l‟ONBAH, la
SOREMIB, la CEMOB, FASO FANI et l‟ONASENE ;
la reconstruction du marché Central ″Rood Woko″ ;
relèvement du SMIG de 6,5 % ;
23







l‟augmentation de salaires dans le privé en 2008 avec l‟institution d‟un cadre
bipartite de négociation salariale syndicats/patronat privé ;
le règlement des arriérés d‟avancements 2003, 2004, 2005 et 2006 des agents
publics ;
la prise en charge des risques professionnels des agents publics ;
l‟institution de l‟indemnité de fin de contrat pour les fonctionnaires ;
le maintien de l‟indemnité de résidence ;
le relèvement des tranches sociales (même si l‟application reste à revoir) de l‟eau
et de l‟électricité respectivement à 8m3 et à 75 KWH ;
etc.
Les acquis de l‟unité d‟action ne sont pas seulement matériels ou économiques : il ya
aussi des acquis organisationnels, moraux et politiques importants parmi lesquels nous
pouvons citer :
 l‟adoption de documents, de programmes de formation syndicale, ou de projets
(PANAF/MEFOCE, PADEP, BIT-DANIDA, etc.) au contenu positif ou
favorable aux travailleurs ;
 Les commémorations unitaires du 1er mai depuis 2000 ;
 la reconnaissance dans le Code du Travail de la grève de solidarité et l‟inscription
dans la dite loi de certains principes comme les élections professionnelles pour
déterminer la représentativité des organisations syndicales, le chômage technique,
le check – off, etc. ;
 le principe de pouvoir recevoir et écouter toutes les forces sociales et politiques à
la Bourse du Travail sans préjuger des différentes positions ;
 des prises de position unitaires sur certaines grandes questions ou événements
comme les PAS, la situation en Côte-d‟Ivoire, en Guinée, au Niger, les
candidatures indépendantes, etc. ;
 l‟élévation du niveau syndical et politique du mouvement syndical et des
travailleurs, à travers les prises de position unitaires sur les situations internationale
et nationale ;
 le regroupement des syndicats de la Fonction Publique en vue de la prise en charge
des problèmes spécifiques des agents de l‟Etat ;
 la participation des centrales syndicales à la conférence internationale annuelle de
l‟OIT d‟abord une fois tous les sept (7) ans, puis une fois tous les deux (2) ans et
enfin à partir de juin 2008, toutes les centrales syndicales y participent ;
 la rédaction d‟un mémorandum sur la situation à la SN-SOSUCO ;
 le bilan écrit des privatisations (2001) ;
 des sorties unitaires auprès des structures décentralisées ;
 la plate forme minimale unitaire de lutte qui se réactualise selon l‟évolution de la
situation nationale et des préoccupations des travailleurs ;
24
 les batailles autour de la RGAP avec comme étapes officielles la relecture de la loi
013 suivie en mai 2005 de la loi corrective 019, puis la validation de l‟étude de
consultants sur « RGAP, 10 ans après » en octobre 2009, étude qui met de l‟eau au
moulin des syndicats en relevant les limites de la RGAP.
 les rencontres annuelles gouvernement/Syndicats sur le cahier de doléances et la
plate forme minimale unitaire ;
 l‟instauration de négociations directes Patronat – syndicats dont le 1er acte a été
posé en août 2008 ;
 le soutien aux luttes des autres composantes de la société : cas des luttes de
l‟UGEB, etc. ;
 la prise en compte de la lutte contre l‟impunité et pour la vérité et la justice
notamment le dossier Norbert ZONGO dans la plate-forme minimale syndicale ;
 l‟adresse et les démarches en direction des associations et mouvements de la
société civile pour la création de la coalition contre la vie chère (CCVC) ;
 la vigilance développée sur la question centrale des libertés démocratiques et
syndicales, et l‟expérience nous montre qu‟il faut toujours et constamment les
défendre pied à pied ;
 la défense et le maintien de l‟historique date du 3 janvier 1966, symbolisant le 1er
soulèvement populaire d‟après les indépendances de 1960, comme journée fériée,
chômée et payée ;
 la présidence tournante au conseil d‟administration de la CNSS ;
 etc.
III.3
les faiblesses constatées
 la difficulté à construire une véritable unité d’action syndicale basée sur des
organisations véritablement représentatives. En effet, l‟unité d‟action doit être constamment
réajustée en s‟appuyant sur des syndicats véritablement représentatifs et en la dotant d‟une
direction souple mais véritablement représentative des intérêts des travailleurs ;
 la faiblesse financière des organisations syndicales entraînant, l’inexistence de
véritables mécanismes de solidarité pour soutenir les luttes, soutenir les victimes de la
répression lors des luttes et cultiver ainsi un véritable esprit de solidarité ;
 la faible mobilisation des travailleurs de l’économie informelle aux luttes. En
effet, si au niveau des travailleurs des secteurs structurés, la participation aux luttes est
généralement satisfaisante, celle des secteurs non structurés est habituellement faible. Or,
avec le développement prodigieux de l‟économie informelle ces dernières années, les luttes
qui ne connaissent pas la participation des acteurs de l‟économie informelle ont du mal à être
visibles ;
25
 la liberté syndicale constamment remise en cause. Si la lutte contre les atteintes aux
libertés syndicales a permis d‟obtenir quelques acquis tels que la reconnaissance de la grève
de solidarité, il reste qu‟elle se poursuit pour la levée des sanctions arbitraires prises contre
des responsables et militants syndicaux, des délégués du personnel, etc. Exemples : sanctions
contre des membres de bureau et délégués du personnel de la Voltelec-SNTV, agents de
justice, Brakina, SAP, SAMAE, SATB, coupures abusives de salaires, …
 la formation syndicale gagnerait à être renforcée et les questions des élections
professionnelles et le check off, réglées ;
 les questions de rénovations des Bourses du Travail de Ouagadougou et de Bobo Dioulasso, de construction de Bourses du Travail et de mise à disposition de locaux
syndicaux, de permanents syndicaux au profit des structures syndicales au niveau national,
des régions et des provinces doivent faire l‟objet d‟une attention particulière.
Ces faiblesses et insuffisances sont inhérentes à la nature même de ce type de
regroupement. En effet, dans le cas d‟espèce, il s‟agit d‟organisations syndicales ayant des
orientations et conceptions syndicales différentes, des capacités et forces différentes tant au
niveau organisationnel que des directions. Il s‟agit également de prendre en compte
l‟opposition légendaire du patronat et de l‟Etat – patron à l‟existence même des syndicats,
puis leur volonté constante à diviser les syndicats, les affaiblir et les utiliser.
Ce travail constant de sape du patronat et des représentants de l‟Etat- patron se
poursuit par l‟utilisation de la corruption, du chantage, du flicage des organisations syndicales
et de leurs dirigeants, de l‟opportunisme de certains dirigeants qui ne respectent pas toujours
les mots d‟ordre qu‟ils signent, de la création et du soutien de syndicats fantômes, etc.
IV. QUELQUES ENSEIGNEMENTS
 l‟unité d‟action a contribué à faire du mouvement syndical une force face au
gouvernement et au patronat. A l‟occasion des rencontres avec ces deux partenaires, les
syndicats parlent d‟une seule voix pour formuler les revendications, discuter avec eux et
apprécier les réponses. Cela contribue sans nul doute à donner plus de force à l‟action
syndicale ;
 à l‟heure de la mondialisation, l‟unité d‟action, celle qui est bâtie autour du mot
d‟ordre “ unité et lutte ”, doit être plus que jamais à l‟ordre du jour. Car, face à la
mondialisation de l‟économie néolibérale et à ses inégalités qui sont loin d‟être irréversibles,
face à ces misères, nous devons opposer la mondialisation des résistances et des luttes pour
un monde meilleur;
 l‟unité d‟action a facilité la mise en place d‟un regroupement plus large à savoir la
CCVC qui rassemble, outre les organisations syndicales, des réseaux, mouvements et
associations de la société civile autour de préoccupations communes telles que la vie chère,
l‟impunité, la corruption, etc.
26
Cependant, il y‟a lieu de revoir et être attentifs aux aspects suivants, pour renforcer l‟unité
d‟action :
1. L’objet du regroupement :
Il est indispensable de bien s‟accorder sur l‟objet du regroupement : unité d‟action
avec qui et pourquoi faire ? Quelques pistes :
- Elaborer une plate forme revendicative consensuelle axée sur les intérêts
véritables (actuels et à venir) des travailleurs. Elle est la base de l‟adhésion à l‟unité d‟action ;
- Mettre l‟accent sur la formation axée sur des thèmes définis de façon
consensuelle ;
- montrer une volonté réelle à justifier et défendre effectivement ladite plate
forme à travers des méthodes éducatives et de luttes bien définies ;
- Initier des programmes de consolidation des acquis et de renforcement des
capacités ;
- etc.
2. La volonté réaffirmée des dirigeants à tous les niveaux de réaliser une
véritable unité de lutte
Elle est importante pour réaliser l‟unité d‟action véritable au profit des travailleurs
et du peuple.
3. les méthodes de luttes
Ecrire des revendications unitaires et les soumettre à l‟autorité ne suffisent pas
pour réaliser une unité d‟action soutenue de la base au sommet. Il faut ensuite retenir le
mode de suivi et de réaction puis de défense de ces revendications. Retenir des décisions
consensuelles par la concertation entre responsables, une bonne circulation de l‟information
et/ou des instructions aux structures et militants de base.
4. le mode de direction et de fonctionnement
La direction de l‟unité d‟action doit être souple. Adopter une coordination qui
passe par une concertation permanente et une bonne circulation de l‟information entre les
responsables en vue de décisions consensuelles. Toutefois, chaque organisation membre
conserve son autonomie et toute décision qui va vraiment à l‟encontre de ses principes
d‟organisation ne lui est pas forcément opposable. Dans ce cas, elle le fait savoir. Une
solution consensuelle est alors recherchée. A défaut, l‟idée ou la proposition peut être
purement écartée du cadre unitaire, chaque organisation ou groupe d‟organisations assumant
ses positions.
L‟expérience de la présidence tournante peut être revue et améliorée. Par exemple,
la présidence peut – être tournante entre les trois organisations les plus représentatives ou à
défaut désignées de façon consensuelle par le collège des secrétaires généraux des centrales et
des syndicats autonomes. Les deux autres étant vices Présidents. Les responsables des autres
organisations peuvent cependant, être membres d‟un bureau de sept (7) membres au plus. Le
Président doit consulter régulièrement, les deux vices – présidents pour des décisions
urgentes, à défaut de réunir le bureau.
27
L‟expérience du porte - parole du mouvement syndical peut être aussi retenue. Il
s‟agit de désigner un porte-parole et un ou deux adjoints, devant conduire les rencontres
avec les autorités et le patronat, défendre les positions consensuelles du mouvement syndical
sur les grandes questions nationales et internationales d‟intérêt pour les travailleurs.
Ces différentes désignations pour la direction et le fonctionnement de l‟unité d‟action,
doivent tenir compte des réalités et des sensibilités des composantes du mouvement syndical
Burkinabé.
5. les moyens de fonctionnement
Elles proviennent pour l‟essentiel :
- des cotisations des membres, en veillant au règlement effectif de la question du
check- off
- des subventions
- des legs
- des aides.
CONCLUSION
Avec le pluralisme syndical qui caractérise le mouvement syndical burkinabè, l‟unité
d‟action est la réponse appropriée pour permettre l‟expression de la solidarité des travailleurs,
force principale du syndicat. Cette unité d‟action a permis, à l‟occasion des luttes, de
rassembler encore plus largement les travailleurs dont bon nombre, faut-il le rappeler n‟est
pas syndiqué. Sans compter que l‟unité prive d‟arguments, ceux des travailleurs qui brisaient
les grèves avec comme prétexte facile « les syndicats ne sont pas unis » ou « mon syndicat n‟a
pas signé le préavis » !
Il reste à stabiliser et à renforcer le fonctionnement de l‟unité d‟action à travers une
structure de coordination stable, efficace et consensuelle et à faire en sorte que cette unité
d‟action se vive plus régulièrement au niveau décentralisé (régions, provinces, communes,
départements, villes et arrondissements).
Il faut travailler à élever constamment le niveau de conscience politique et syndicale
des travailleurs, par la formation, afin de les hisser au niveau de compréhension adéquat
pour des actions unitaires plus massives, plus efficaces, autour du mot d‟ordre “ unité et
lutte contre l’exploitation et l’oppression ” !
De même, il faut surveiller et défendre fermement les libertés démocratiques et
syndicales. C‟est pourquoi, il nous faut faire l‟inventaire des travailleurs abusivement
sanctionnés et non encore rétablis dans leurs droits et entreprendre des mesures et actions
idoines pour le règlement de ces situations.
28
Au plan régional et international, il nous faut construire avec les organisations
syndicales sœurs de la sous région, d‟Afrique et du monde, différents types d‟unité d‟action
plus larges, commandées par la mondialisation, ainsi que par le poids de plus en plus grand
de structures comme l‟UEMOA, la CEDEAO, l‟OHADA, etc.
En tout état de cause, à tous les niveaux de notre action, nous devons garder à l‟esprit
le fait que la force des travailleurs réside dans l‟unité et la solidarité dont ils peuvent faire
montre.
Fait à Ouagadougou, le 18 décembre 2009.
Ont signé :
Pour les Centrales sy0ndicales :
CGT-B
CNTB
CSB
Tolé SAGNON
Secrétaire Général
Augustin Blaise HIEN
Secrétaire Général
Jean Mathias B. LILIOU
Secrétaire Général
FO/UNSL
ONSL
USTB
Joseph L.TIENDREBEOGO
Secrétaire Général
Paul N. KABORE
Secrétaire Général
El Hadj Mamadou NAMA
Secrétaire Général
Pour les Syndicats Autonomes :
SATB
SAMAE
SATEB
Idrissa KABORE
Secrétaire Général
Boniface SOME
Secrétaire Général
Bonaventure SEGUEDA
Secrétaire Général
SNEAB
SYNATEB
SAIB
Jean KAFANDO
Secrétaire Général
Tahirou TRAORE
Secrétaire Général
Pascal O. OUEDRAOGO
Secrétaire Général
SYNTAS
SYNTRAPOST
SYNAPAGER
Victor Sansan. HIEN
Secrétaire Général
Achille PARE
Secrétaire Général
Apollinaire KABORE
Secrétaire Général
SYNATEL
SYNATIC
SYNATIPB
Souleymane SO
Secrétaire Général
Justin COULIBALY
Secrétaire Général
Jean Baptiste OUEDRAOGO
Secrétaire Général
SYNATRAD
0
Etienne ILBOUDO
Secrétaire Général
SYSFMAB
UGMB
Mariam TIEMTORE
Secrétaire Générale
Gabriel S.SEBGO
Secrétaire Général