Des chiffres attendus, espoir à l`horizon ?

IE - ÉPIDÉMIOLOGIE - ÉPIDÉMIOLOGIE - ÉPIDÉMIOLOGIE - ÉPIDÉMIOLOGIE - ÉPIDÉMIOL
IT N°204
01/11
PAGE
DERNIÈRES STATISTIQUES DE L’ÉPIDÉMIE DE VIH EN FRANCE
Des chiffres attendus, espoir à l’horizon ?
Comme tous les ans, l’InVS (Institut National de
Veille Sanitaire) a publié en fin 2010 les chiffres
de l’épidémie de VIH en France. Celle-ci est surveillée depuis 2003 grâce à la déclaration obligatoire des cas diagnostiqués, une méthode qui
permet de connaître précisément le nombre de
personnes qui découvrent leur séropositivité
chaque année.
D
epuis 2003, l’incidence* du VIH a globalement
diminué et s’est stabilisée en 2008 et 2009.
Le nombre de découvertes de séropositivité
est lui en légère augmentation en 2009
(6 700) par rapport à l’année précédente (6 400).
Les départements français d’Amérique, l’Île-deFrance et la région PACA restent les régions les plus
concernées.
En revanche, et ce n’est malheureusement pas une
surprise, ces découvertes sont en augmentation
chez les hommes ayant des rapports avec d’autres
hommes (HSH). D’ailleurs cette tendance se
démarque nettement des autres (voir graphique 1).
Mais elle est peut-être due à une plus forte sensibilisation des HSH au dépistage du VIH.
La population des HSH est suivie de celle des personnes nées à l’étranger qui reste l’une des plus
touchées par le VIH en France, même si le nombre
de contaminations par le VIH y est en diminution. Dans
cette population, environ 2 700 personnes ont découvert leur séropositivité au VIH en 2009.
En France, les rapports hétérosexuels constituent le
principal mode de contamination (voir graphique 2).
30 % de l’ensemble des découvertes de séropositivité correspondent à des diagnostics tardifs (< 200
CD4 ou stade sida). Les sérologies (tous laboratoires confondus) effectuées se sont stabilisées à
environ 5 millions par an depuis 2006 (dont 8 %
dans les centres de dépistage anonymes et gratuits).
Ces chiffres justifient pleinement le plan national de
lutte contre les VIH/sida/IST 2010-2014. On est
donc en droit d’espérer que l’intensification et la
décentralisation du dépistage du VIH auront un
impact sur eux, en entraînant une prise en charge
plus précoce du VIH, dont la nécessité est forte-
x
Les découvertes de séropositivité :
y
Les populations les plus concernées par le VIH en 2009 :
Augmentation en 2009 chez les homosexuels
Les homosexuels masculins et les hétérosexuels nés à l’étranger
ment soulignée par les dernières recommandations
en la matière. Il ne serait pas étonnant non plus que
les chiffres à venir montrent une augmentation du
nombre des sérologies positives, mathématiquement conséquentes au dépistage massif, mais également une augmentation du nombre et de la proportion des diagnostics chez des personnes sans
symptômes ; puis, dans un second temps et en toute
logique, une baisse du nombre de diagnostics correspondant au stade sida ou à un nombre de CD4
inférieur à 200.
Les conclusions que nous pouvons tirer de cette
analyse chiffrée de l’épidémie sont qu’avec une
année 2010 riche en nouvelles pistes de prévention,
et à défaut de nouveaux traitements, nous amorçons peut-être un tournant vers une baisse significative de l’épidémie. Mais avant que celle-ci puisse
réellement se manifester, il faudra sans doute du
temps, de l’argent, de la volonté politique, mais surtout une véritable évolution des mentalités. Allez,
nous on y croit !
[email protected]
PAR EUGÈNE RAYESS
* Nombre de nouveaux cas d’une maladie (ou de personnes malades) pendant une
période et pour une population donnée.
11