Le côté féminin de Christophe Colomb
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Le côté féminin de Christophe Colomb
CULTURE 31 mardi 10 janvier 2012 Le côté féminin de Christophe Colomb DANSE Le Trois C-L reçoit en résidence cette semaine le chorégraphe français Davy Brun. Sa compagnie Ando va travailler à Bonnevoie sur sa future pièce, Christoffa. De notre journaliste Pablo Chimienti U ne semaine, c'est court. Artistes invités comme responsables des lieux s'accordent sur ce point. Mais la résidence de Davy Brun et de la compagnie Ando au Trois C-L a été confirmée, pour ainsi dire, «à la dernière minute», regrette-t-on de part et d'autre. Impossible de trouver un autre créneau plus important. Soit, une semaine c'est tout de même sept jours que les uns comme les autres comptent bien mettre à profit. Pour sa nouvelle pièce, Christoffa, la sixième en tant que chorégraphe, «toute la création se fait dans des lieux différents», explique Davy Brun. Pour lui, «c'est très important de ne pas faire la pièce chez moi à Lyon, mais ailleurs. Pour aller dans des endroits différents, échanger avec des personnes différentes... Chaque lieu est spécial. Dans notre travail, on est forcément influencés par les gens qu'on rencontre, par les lieux qu'on fréquente, par la météo du pays... tout contribue à la création», ajoute-t-il. Il est encore beaucoup trop tôt pour dire en quoi le Luxembourg influencera le travail de l'artiste arrivé dimanche et rencontré hier à midi. Mais déjà le créateur semble avoir été accroché par l'aspect brut des locaux de la Banannefabrik où est installé le Trois C-L. Davy Brun, qui, après avoir commencé sa carrière de danseur dans des spectacles classiques, a peu à peu glissé vers la danse moderne et contemporaine, est devenu freelance il y a quatre ans justement pour «travailler sur des projets différents». Il a ensuite, il y a trois ans, mis sur pied la compagnie Ando «pour avoir un cadre juridique mais surtout pour créer une véritable équipe et une identité. C'est plus compliqué, mais il y a un investissement qui n'est pas comparable et une belle évolution commune», note-t-il. Le chorégraphe a beau ne pas trop aimer les catégorisations, il qualifie ses spectacles de «danse dansée». Et se justifie : «Je n'ai rien contre la non-danse, j'ai travaillé là-dedans, mais j'ai envie de danser, de bouger...» Mais ce qui le fait le plus vibrer, désormais, c'est l'écriture. Avec les trois danseurs qui l'ont suivi dans ce déplacement au Grand-Duché, il travaille donc sur Christoffa, un titre tiré du nom en génois de Christophe Colomb. > Colomb, l'illustre inconnu «C'est une pièce qui est née en Espagne suite à un travail que j'ai fait sur des compositeurs espagnols, souligne Davy Brun. Pendant les recherches, j'avais trouvé un CD intitulé Colon, qui était magnifique. Je voulais faire quelque chose dessus. Dans le livret, il est dit que toutes ces musiques sont liées à Christophe Colomb, certaines parce qu'elles sont de son époque, mais d'autres aussi parce qu'un de ses fils avait récupéré des carnets. Et on peut penser qu'il y a des œuvres écrites par Colomb lui-même. Je suis parti de cette anecdote, je me suis beaucoup informé sur Colomb et je me suis rendu compte que finalement Colomb est un illustre inconnu. Il est connu dans le monde entier, mais on sait finalement bien peu de lui, j'ai donc travaillé sur ce double aspect. D'autant que j'ai découvert ensuite que son nom de naissance génois était Christoffa, qui maintenant renvoie plus à un nom de femme. Je propose donc que la partie inconnue de Colomb est sa part de féminité, et j'élargis le concept avec l'idée que finalement l'aspect inconnu chez chacun est toujours son rapport au sexe opposé.» La première de la pièce se tiendra la 29 février à Lyon. Aucune date n'est pour l'instant prévue au Luxembourg. Mais le public pourra tout de même découvrir un extrait de la pièce vendredi à 19 h à la Banannefabrik. Pour le chorégraphe, «même si c'est un "work in progress" et que ça reste bancal, c'est toujours intéressant de voir la réaction des gens». Le rendez-vous est pris. www.danse.lu Alexis Weissenberg n'est plus MUSIQUE Le pianiste français Alexis Weissenberg, célèbre pour son approche très dépouillée du clavier, est décédé à Lugano (Suisse) dimanche à l'âge de 82 ans. Il était atteint de la maladie de Parkinson depuis 30 ans, ce qui avait mis un terme à sa carrière de pianiste. Né dans une famille juive à Sofia en 1929 et naturalisé français, Alexis Weissenberg, spécialiste de Rachmaninov et de Bach, a été l'invité des orchestres les plus prestigieux et a joué avec les plus grands chefs. Il avait été notamment choisi comme soliste par Herbert von Karajan et le Philharmonique de Berlin en 1967 et avait, dans la foulée, débuté sa collaboration avec l'Orchestre de Paris l'année suivante. Éveillé à la musique par sa mère, Alexis Weissenberg débute le piano à l'âge de trois ans et donne son premier concert à huit ans. En 1947, il est lauréat du prestigieux concours international Leventritt et fait ses débuts au Carnegie Hall avec l'Orchestre philharmonique de New York dirigé par George Szell. Il pratique un art dépouillé, d'une grande rigueur, parfois accusé de sécheresse et qui déconcerte. Ce qui ne l'empêche pas d'être connu du grand public, grâce notamment à plusieurs apparitions au Grand Échiquier de Jacques Chancel. Alexis Weissenberg a aussi composé une comédie musicale, La Fugue (1979), représentée en Allemagne sous le titre de Nostalgie (1992) et une sonate pour piano. Le pianiste s'est aussi consacré à l'enseignement à Harvard, et a fondé la Alexis Weissenberg's Piano Master Class à Engelberg (Suisse). Photo : gregory batardon Les résidences et les échanges d'artistes, voilà deux projets pour lesquels les responsables du Centre de création chorégraphique luxembourgeois (Trois C-L) œuvrent sans compter. Depuis ses débuts en 2005, le centre cherche à développer des partenariats avec des structures similaires à l'étranger pour permettre aux artistes de travailler ailleurs. Le Centre de développement chorégraphique Le Pacifique de Grenoble est de ceux-là. En mai dernier, le Luxembourgeois Gianfranco Celestino s'est rendu au pied des Alpes. Retour d'ascenseur, cette semaine, avec la troupe de Davy Brun qui s'installe à Luxembourg-Bonnevoie pour travailler sa future pièce. «Je n'ai rien contre la non-danse, j'ai travaillé là-dedans, mais j'ai envie de danser, de bouger...», explique le chorégraphe Davy Brun pour parler de son travail. ■ France : Adele et Nolwenn au top des ventes MUSIQUE Ce sont deux stars discrètes dont le succès tient davantage au bouche à oreille qu'à une omniprésence médiatique. Adele et Nolwenn Leroy ont dominé les ventes d'albums en France en 2011, selon un classement publié hier par Le Parisien/Aujourd'hui en France. Ainsi, l'an dernier, 21 (XL Recordings/Beggars), le deuxième album d'Adele, s'est écoulé à 995 694 exemplaires en France, selon le total des ventes comptabilisées au passage en caisse des magasins, que s'est procuré le journal. En ces temps de crise du disque, ce chiffre est exceptionnel. La France n'est pas la seule à avoir succombé au charme de la jeune Anglaise. 21 a dominé les ventes mondiales d'albums en 2011, notamment aux États-Unis, où il s'est écoulé à 5,8 millions de copies, et en Grande-Bretagne où il est resté 19 semaines en tête des ventes (3,8 millions de copies au total). La Londonienne de 23 ans a forgé son succès dans la durée. Pas de scandale, peu d'interviews et un nombre de concerts limité du fait de problèmes de voix récurrents : la diva soul au timbre chaud et aux formes généreuses est restée particulièrement discrète. Mais 21, paru début janvier sans faire de bruit, a bénéficié d'un formidable bouche à oreille avec ses textes intimes et ses sonorités intemporelles. Parcours similaire pour la Française Nolwenn Leroy, qui se hisse à la deuxième place du classement avec Bretonne. Son disque hommage à ses racines celtiques, paru fin 2010, s'est écoulé à 567 356 exemplaires l'an dernier. Là aussi, l'engouement du public s'est manifesté bien avant que les médias ne s'emparent du «phénomène» et que l'ancienne gagnante de la Star Ac' multiplie les apparitions à la télévision et dans les festivals. Le top 5 des meilleures ventes d'album de 2011 est complété par Les Enfoirés, avec Dans l'œil des enfoirés 2011 (430 597 exemplaires), Les Prêtres, avec Gloria (363 223), et les Black Eyed Peas, avec The Beginning (279 131), selon ces chiffres confidentiels, non confirmés par les producteurs de disques. Magritte trop cher Un tableau du peintre surréaliste belge René Magritte, qui avait été volé en septembre 2009, a été restitué par ses voleurs qui n'ont vraisemblablement pas réussi à trouver preneur, a-t-on appris au musée René-Magritte de Bruxelles. Olympia, qui dépeint Georgette, la femme de l'artiste allongée nue, avait été dérobé en 2009 par des hommes qui étaient entrés dans l'ancienne maison du peintre en neutralisant deux employés et deux touristes japonais. Plus de deux ans après, un inconnu a contacté un expert en relation avec l'assureur du tableau, lui proposant ainsi de lui remettre la toile sans conditions, a indiqué le conservateur du musée, André Garitte. «Ils avaient visiblement compris qu'ils ne pourraient pas le vendre car il était trop connu, a-t-il expliqué. Mais, heureusement, ils ne l'ont pas détruit.» Le musée, qui a récupéré l'œuvre, n'a pas encore décidé s'il allait l'exposer de nouveau. Une copie est accrochée depuis le vol. L'enquête, elle, se poursuit pour retrouver les voleurs.