Introduction au Magnificat

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Introduction au Magnificat
Introduction au Magnificat Le cantique du Magnificat ne se trouve que dans l’évangile de Luc (chapitre 1, verset 46-­‐56). Pour rappel, il y a 4 évangélistes (Matthieu, Marc, Luc et Jean). Luc est l’auteur d’un évangile et des « actes des apôtres » (récit de la vie des 1ères communautés chrétiennes). L’évangile de Luc a été écrit aux alentours des années 60 ; son auteur, grec, médecin, intellectuel écrit pour la communauté juive grecque ; dans ces récits, il est proche des petits, des malades, des handicapés de la vie ; son évangile comporte aussi beaucoup de récits dans lesquels les femmes ont un rôle important. Clés de lecture Les évangiles ayant été écrits bien des années après les événements relatés, il est inutile d’y chercher une rigueur « journalistique », ou des précisions historiques ; ils sont essentiellement la profession de foi d’une communauté et constituent la 1ère prédication chrétienne ; ils ne sont donc pas à prendre à la lettre ; ce ne sont pas non plus des récits apologétiques et ils ne cherchent donc pas à convaincre ou persuader. En lisant les évangiles, il ne faut pas se demander comment tel événement s’est passé mais qu’est-­ce que l’auteur veut nous dire de Dieu à travers son récit. Deux histoires impossibles Le chant du Magnificat est à replacer dans son contexte ; il est précédé de deux histoires impossibles : l’histoire de Zacharie et Elisabeth ; Zacharie est un prêtre du temple de Jérusalem ; il est marié à une femme Elisabeth, stérile donc sans d’enfant. Lors du service dans le temple, un ange – Gabriel -­‐ lui apparaît. Le mot « ange » signifie l’envoyé, l’annonceur et les apparitions font partie d’un genre littéraire destiné à manifester la relation homme-­‐Dieu. Cet ange lui annonce la naissance prochaine d’un enfant malgré la stérilité et le grand âge de sa femme Elisabeth. L’histoire de Marie et Joseph ; le même ange — Gabriel — apparaît à Marie et lui annonce la naissance d’un enfant — Jésus —, malgré sa virginité et le fait qu’elle ne soit pas encore mariée à Joseph. Les récits de naissance extraordinaires sont courants dans la Bible et font partie d’un genre littéraire proche de la mythologie. Marie va visiter Elisabeth pour lui annoncer la nouvelle et c’est au cours de cette visite que Marie (ou Elisabeth selon les versions) entonne le cantique du Magnificat. Dans ces deux histoires, quel visage de Dieu Luc veut-­‐il nous révéler ? Que veut-­‐il nous dire de Dieu ? On aborde là un des thèmes centraux de l’évangile de Luc, à savoir qu’il n’y a pas de situation sans issue : l’impossible peut devenir possible, l’ordinaire et le quotidien peuvent prendre de la couleur . Sachant que les premiers destinataires sont les pauvres, les petits et les malades, ce message devient source d’espérance. Ces impossibles, devenus possibles, sont énumérés dans le Magnificat sous forme poétique, au sens figuré : il renverse les puissants de leur trône, il renvoie les riches les mains vides, il comble de biens les affamés, il élève les humbles et ailleurs…les sourds entendent, les boiteux marchent, les aveugles voient, etc… « Le Puissant fit pour moi des merveilles ». Le Puissant n’est pas ici le « pantocrator », celui qui fait et peut tout, mais celui AVEC QUI (la religion est une affaire de relation et d’alliance, c’est d’ailleurs le même mot) nos impossibles peuvent devenir nos possibles ; il y a donc « coopération », alliance entre le divin et l’humain pour que les impossibles deviennent possibles à condition d’y mettre le temps, la persévérance, la patience… pour passer de nos rancunes au pardon, de l’indifférence à la solidarité, de la désespérance à l’espoir, du découragement au redépart etc… Tel pourrait être le message central de l’évangile de Luc, un évangile de l’espérance si l’espérance c’est de s’acharner à rendre possible ce qui nous semble impossible à faire ou à changer. La cantique du Magnificat est donc un cantique d’Espérance. Le mot hébreu« Amen » qui termine la pièce de Zelenka signifie : oui, c’est vrai, c’est du solide, on peut y croire et s’appuyer dessus… 06.02.2014/Claude Magnin 2 

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