Cycle Cinéma Européen 2014 Pour les lycées et 3èmes
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Cycle Cinéma Européen 2014 Pour les lycées et 3èmes
Cycle Cinéma Européen 2014 Pour les lycées et 3èmes de collèges Organisé par l’association Cin’Ecran NO Pablo Larraín - Chili - 2013 © Wild Bunch Distribution 1 SOMMAIRE Fiche technique et synopsis (allocine.fr, commeaucinema.com) 3 Le réalisateur (dossier de presse) 4 Secrets de tournage (dossier de presse) 5 Entretiens (dossier de presse, critikat.com) 6 Entretien avec Renée Fregosi (IHEAL) 11 Revue de presse (allocine.fr, commeaucinema.com, Studio CinéLive, aVoir-aLire.com, critikat.ccom) 14 Dossier pédagogique Zéro de conduite 18 Dossier d’accompagnement V.O.scope 19 Fiche technique en espagnol (sitio oficial, labutaca.net) 20 El director (es.wikipedia.org) 21 Entrevistas 22 Críticas 28 2 Fiche détaillée Fiche technique Titre original : No Date de sortie : 6 mars 2013 Genre : Drame Durée : 1 h 55 min Site officiel http://www.no-lefilm.com/ Réalisateur : Pablo Larraín Producteurs : Daniel Marc Dreifuss, Juan De Dios Larraín Scénario : Eliseo Altunaga, Pedro Peirano Directeur de la photographie : Sergio Armstrong Montage : Catalina Marín Duarte Direction artistique : Estefanía Larraín Distributeur : Wild Bunch Distribution Fiche artistique René Saavedra Lucho Guzmán Verónica Carmen José Tomás Urrutia Alberto Arancibia Simón Gael Garcia Bernal Alfredo Castro (i) Antonia Zegers Elsa Poblete Luis Gnecco Marcial Tagle Pascal Montero Niveau Lycée © Wild Bunch Distribution Séquence « Chile, 1973 : resistirse a la dictadura de Pinochet », proposée par une enseignante http://ww2.ac-poitiers.fr/espagnol/spip.php?article191 Synopsis Chili 1988. Sous la pression de la communauté internationale, le dictateur Pinochet consent à organiser un référendum sur sa présidence. Si le SI l’emporte, le conseil de sécurité nationale peut présenter de nouveau Pinochet à la présidence, si le NO est vainqueur, des élections libres et démocratiques devront être organisées. Les dirigeants de l’opposition persuadent un jeune et brillant publicitaire, René Saavedra, de concevoir leur campagne. Celui-ci va mener la campagne du NO en recourant à des méthodes totalement inattendues. Il prendra le contre-pied de la morosité ambiante, se gardera bien de communiquer sur les méfaits commis par la dictature Pinochet en proposant un message d’espoir, volontariste sur les affiches et les écrans de télé. Dernier volet d’une trilogie chilienne (Pablo Larrain a déjà posé son regard sur la dictature chilienne dans Tony Manero et Santiago 73), NO est porté par une mise en scène remarquable qui mêle fiction et images d’archives saisissantes. C’est une chronique passionnante et grinçante primée à la quinzaine des réalisateurs au dernier festival de Cannes. 3 Le réalisateur Pablo Larraín Réalisateur, Producteur et Scénariste chilien Pablo Larraín est né à Santiago du Chili en 1976. Il est le co-fondateur de Fabula, société qui se dédie à la production de cinéma, télévision et publicité. En 2005, il réalise son premier long-métrage, Fuga. En 2007, Pablo Larraín dirige son second film : Tony Manero qu’il coécrit avec Mateo Iribarren et Alfredo Castro. Le film est sélectionné à la Quinzaine des Réalisateurs au Festival de Cannes de 2008. Santiago 73, Post Mortem, son troisième long-métrage, qui a pour acteurs principaux Alfredo Castro et Antonia Zegers, est sélectionné en compétition du Festival International de Venise en septembre 2010. En 2010, Pablo Larraín réalise Prófugos, la première série de télévision produite au Chili par HBO. Il commencera, en juin 2012, le tournage de la deuxième saison. No est son quatrième long-métrage. © Wild Bunch Distribution Filmographie 2012 - Gloria, de Sebastian Lelio No 4h44, Dernier Jour Sur Terre, de Abel Ferrara 2011 - Young & Wild, de Marialy Rivas 2010 - Santiago 73, Post Mortem 2008 - Tony Manero 4 Producteur Réalisateur, Producteur Producteur Producteur Réalisateur, Scénariste Réalisateur, Scénariste, Directeur Artistique Secrets de tournage La fin d'un cycle No est le quatrième long métrage de Pablo Larraín, après Fuga en 2005, Tony Manero en 2008, Santiago 73, Post Mortem en 2010, et s'inscrit comme la fin d'une sorte de trilogie initiée par les deux derniers films du réalisateur, qui déclare : "Santiago 73, Post Mortem parle des origines de la dictature, Tony Manero de son époque la plus violente, et No de sa fin. Peut-être que ce qui m’intéresse le plus, c’est de faire le bilan, de revisiter l’imaginaire de la violence, de la destruction morale et de la distorsion idéologique, pas pour la comprendre, mais pour dire qu’elle a existé." Caméras vintage Pablo Larraín a tourné avec quatre caméras datant des années 80, rassemblées spécialement pour le tournage, afin de donner à son film la même esthétique que celle d’un film d’époque. Le réalisateur souhaitait faciliter le mélange entre les images d’archives et les images tournées pour garder le spectateur totalement immergé dans l’œuvre, tout en montrant sa résistance face au format HD : "Nous évitons ainsi la perception d’un matériau « d’époque » en créant un hybride, de temps, d’espace et de matériel", explique Larrain. Surprise de tournage Avant le tournage de No, Pablo Larraín craignait que Gael García Bernal ne puisse gommer son accent mexicain, ce qui aurait nui à la crédibilité du film (il joue un personnage chilien). L’acteur a refusé toute aide d’un coach et s’est présenté le premier jour du tournage avec un accent chilien parfait, ce qui a grandement impressionné le réalisateur. Réalisme troublant Dans un souci de réalisme et d’authenticité, Pablo Larraín a intégré dans No des spots publicitaires et jingles de l'époque, ainsi que des acteurs, chanteurs et danseurs ayant réellement participé à la campagne pour le "non" en 1988. Adaptation libre En plus de se baser sur des faits réels, No a également été inspiré par la pièce jamais publiée Référendum de l’écrivain chilien Antonio Skarmeta, écrite en exil après la prise de pouvoir de Pinochet. Une autre de ses œuvres, Une ardente patience, avait déjà été portée à l’écran par Michael Radford dans Le Facteur (1994). Une dictature ambivalente Pablo Larraín s'est intéressé au publicitaire René Saavedra car il permet de montrer l’ambiguïté de la dictature mise en place par Augusto Pinochet au Chili, renversée par son propre système : "René Saavedra est un enfant du système néolibéral impulsé par Pinochet", explique le réalisateur, en poursuivant : "C’est pour cela qu’il est intéressant que ce soit lui, avec les mêmes outils idéologiques que ceux mis en place par la dictature, qui se charge de mettre Pinochet en déroute. Il le fait en inventant une campagne publicitaire remplie de symbolismes et d’objectifs politiques, qui en apparence sont seulement une stratégie de communication, mais qui en réalité cachent le devenir d'un pays". Ce personnage, incarné par Gael García Bernal, est ainsi construit comme une métaphore de l’histoire du Chili de la fin des années 80. La politique, une histoire de famille Pablo Larraín a grandi dans une famille très investie politiquement : son père, ancien opposant de Pinochet, est un sénateur et une figure importante de la droite chilienne, tandis que sa mère est une ancienne ministre. Pablo, âgé de 12 ans lors du plébiscite, a été marqué par la simplicité de la campagne télévisuelle dont personne n’imaginait qu’elle changerait la destinée du pays. 5 Entretiens Comment avez-vous utilisé les caméras de l’époque pour trouver le langage cinématographique du film ? Nous avons utilisé le même format que celui de presque toutes les archives originales qui sont dans le film. Ainsi, nous avons obtenu comme résultat une image identique à celle réalisée dans les années 80, afin que le spectateur parcoure cet imaginaire sans différencier le matériel d’archives et l’image filmée lors du tournage. Nous évitons ainsi la perception d’un matériau « d’époque » en créant un hybride, de temps, d’espace et de matériel, généré grâce à des caméras à tube Ikegami de 1983. Le format presque carré en 4:3, et ce choix unique dans la technique audiovisuelle de réaliser ce film avec des caméras vidéo analogiques sont aussi une manière de résister à l’hégémonie esthétique du HD. Comment le modèle utilisé pour vaincre la dictature s’est-il installé dans le Chili postPinochet ? René Saavedra est un enfant du système néolibéral impulsé par Pinochet. C’est pour cela qu’il est intéressant que ce soit lui, avec les mêmes outils idéologiques que ceux mis en place par la dictature, qui se charge de mettre Pinochet en déroute. Il le fait en inventant une campagne publicitaire remplie de symbolismes et d’objectifs politiques, qui en apparence sont seulement une stratégie de communication, mais qui en réalité cachent le devenir d’un pays. Pour moi, la campagne du Non est la première étape de la consolidation du capitalisme comme unique système possible au Chili. Ce n’est pas une métaphore, c’est directement cela, de la publicité pure et dure, amenée à la politique. Que signifie pour vous d’achever cette trilogie, après Tony Manero et Santiago 73, Post Mortem ? Clore un cycle. En espérant que les films génèrent des liens entre eux. Santiago 73, Post Mortem parle des origines de la dictature, Tony Manero de son époque la plus violente, et No de sa fin. Peut-être que ce qui m’intéresse le plus, c’est de faire le bilan, de revisiter l’imaginaire de la violence, de la destruction morale et de la distorsion idéologique, pas pour la comprendre, mais pour dire qu’elle a existé. Peut-être qu’avec le temps les films donneront un regard sur une période pleine de labyrinthes sombres et tristes, de joies maladroites et souvent forcées. Dossier de presse - site officiel © Wild Bunch Distribution 6 Propos recueillis à Paris par Gildas Mathieu Le réalisateur chilien revient sur la genèse de No, son travail autour des archives, ses choix visuels et narratifs, et son refus d’un cinéma moralisateur. Quelle est l’origine de No et comment vous êtes-vous lancé dans ce projet ? Tout est parti d’une courte pièce d’Antonio Skármeta, qui n’a jamais été montée, et reposait déjà sur le point de vue d’un publicitaire. Pendant trois ans, nous avons effectué un long travail d’investigation. Nous avons rencontré beaucoup de gens, dont les véritables responsables de la campagne pour le « non »[1]. Une fois toutes ces informations rassemblées, Pedro Peirano a écrit le scénario, en se focalisant sur ce personnage de René, qui nous paraissait le plus intéressant à étudier. Tony Manero et Santiago 73, Post Mortem étaient des films beaucoup plus sombres. Aviez-vous dès le départ l’envie de changer de registre et de réaliser une sorte de « comédie noire » ? No raconte avant tout une victoire. Il fallait rester fidèle à cet état d’esprit ! Le film parle d’un groupe de personnes qui réussissent à renverser un dictateur. L’histoire contient des éléments plus troubles, mais porte d’abord cette lumière. Comment avez-vous dosé le mélange de fiction et d’archives ? Tout était-il déjà fixé dans le script ou avez-vous beaucoup travaillé au montage sur l’intégration de ce matériau historique ? Quand avez-vous défini la place exacte des clips de campagne dans votre récit ? Le scénario devait avoir la précision d’une horloge. Certaines images ont des conséquences directes sur la narration, et leur présence était donc prévue dès le départ. La structure était pensée de manière très claire autour de ces séquences d’archives, pour qu’elles se mélangent bien avec les scènes de fiction. Chacun de ces clips devait avoir une influence dramaturgique, et du coup nous en avions prédéfini un certain nombre au moment de l’écriture. Effectivement, nous en avons rajouté d’autres par la suite, au stade du montage. Mais dans l’ensemble, il fallait que ce travail soit réglé comme du papier à musique. Les clips de campagne de 1988 sont nombreux et vous disposiez d’un large choix d’images. Au-delà de leur impact narratif, comment avez-vous fait le tri dans ces archives ? La campagne pour le « non » est vaste et très diverse. Nous avons essayé de retenir principalement les éléments publicitaires, de montrer les outils utilisés, les instruments de communication. Nous voulions aussi souligner la pugnacité de ce commando en faveur du « non », leur obstination à rappeler la violation des droits de l’homme exercée par le pouvoir de Pinochet. Le scénario reposait sur ces deux partis pris, avec un point de vue forcément arbitraire et subjectif. © Wild Bunch Distribution [1] En 1988, le peuple chilien est appelé par voie de référendum à voter « oui » ou « non » pour le maintien au pouvoir du général Augusto Pinochet. 7 Dans certaines scènes, nous voyons également les stratégies retenues par le clan Pinochet : lui faire tomber l’uniforme, le présenter comme un grand-père bienveillant… Pourquoi n’avez-vous pas souhaité montrer davantage les coulisses de la campagne pour le « oui » ? Eh bien… le film s’appelle « No » – et pas « Si » ! Nous aurions pu faire cinquante feuilletons différents autour de cet épisode historique, tant il contient d’informations ! À un moment donné, il fallait prendre une décision et mettre l’accent sur un aspect particulier. Pendant nos recherches, nous avons interviewé les responsables de la campagne du « non », mais nous n’avons pas pu interroger les dirigeants du « oui » : ces personnes-là ont tout simplement disparu ! Nous avions donc bien plus de matériel autour du « non ». Concernant les partisans du « oui », nous pouvions seulement imaginer leurs choix et leurs discussions à partir de leurs clips de campagne. Cette partie-là a finalement été la plus amusante pour nous à inventer : c’est tellement délirant de se mettre à leur place ! Comment avez-vous conçu le personnage de René Saavedra ? Aviez-vous un modèle ? Chaque protagoniste du film représente un groupe de personnes réelles. Le héros joué par Gael García Bernal a été inspiré par deux publicitaires ayant participé à la campagne du « non » : Eugenio Garcia et José Manuel Salcedo. À partir de leurs vies et de leurs témoignages, nous avons pu élaborer le personnage de René Saavedra – un personnage fictionnel, même si la plupart des faits retranscrits sont vrais. Comment avez-vous imaginé cette partie fictionnelle ? Était-il nécessaire selon vous d’inventer à René des problèmes avec sa femme, de lui trouver des raisons personnelles de s’engager ? Oui, pour moi c’était important. Sans cela, René serait resté une « ébauche », un personnage sans vie. Il fallait l’installer dans un contexte, lui inventer des problèmes existentiels, tout en lui conservant un côté mystérieux : il ne sait pas exactement ce qu’il veut, ce qu’il ne trouve pas important au début va au final le devenir et même transformer un pays. Cette prise de conscience progressive face à l’histoire était déjà au cœur de Santiago 73, Post Mortem, alors que les personnages sont très différents. René est plus jeune et séduisant que Raúl Peralta ou Mario Cornejo, mais dès le départ il n’est pas non plus foncièrement sympathique. Quel lien faites-vous entre ces trois « antihéros » ? Quels sont les points communs entre ces trois récits ? Beaucoup de caractéristiques différencient ces personnages, mais ils sont aussi semblables sur certains points et apparaissent comme le fruit d’une société sous la dictature. Ce sont des êtres perdus, troublés, qui ne sont jamais en paix avec eux-mêmes. Ils pensent également tous que l’environnement politique ne va pas les affecter dans leur propre vie : c’est bien sûr une erreur, et ils seront justement punis pour cela. Alors qu’ils rejettent cette idée, ils vont se retrouver touchés par la réalité sociale, mais sans s’en rendre compte. Au fond, parler du héros d’un de ses films, c’est un peu comme parler de l’une de ses fiancées : même pour des « ex », on garde toujours une forme de tendresse, donc c’est difficile pour moi de prendre de la distance envers ces personnages… De la tendresse, certes, mais vous cultivez aussi une certaine ironie. Le début et la fin du film sont parallèles, avec deux présentations de spots publicitaires. Cet épilogue peut sembler cynique, car la victoire du « non » marque aussi celle du capitalisme. Pourquoi avez-vous fait le choix de cette symétrie dans la construction ? Effectivement, la même scène se répète trois fois – au début, au milieu et à la fin, et toujours avec le même texte : « ce que vous allez voir s’inscrit dans le contexte social actuel… » Dans mes films, les trois personnages ne changent pas ! Je ne fais pas un cinéma moralisateur, où le héros tire une leçon de son expérience et connaît la rédemption : c’est du cinéma d’église, chrétien, et ça ne m’intéresse pas ! À propos de cette structure 8 cyclique, je voulais suggérer que d’une certaine manière, si le « non » a gagné, le « oui » aussi l’a emporté. En remontrant la même séquence, je souligne cette absence de changement. Vos acteurs fétiches n’évoluent pas beaucoup non plus d’un film à l’autre : Alfredo Castro joue encore un sale type, et Antonia Zegers une militante politique… Avezvous envie de construire des « archétypes » en réutilisant ainsi les mêmes comédiens ? Je ne sais pas… Antonia Zegers est ma femme, la mère de mes enfants. Alfredo Castro est mon ancien professeur. Ce ne sont pas des « archétypes » mais plutôt des personnages crédibles, avec une vie un peu désespérée, qui se retrouvent dans une situation de risque. Mais je comprends que l’on puisse faire des rapprochements d’un film à l’autre. J’ignore si je pourrais donner un jour un rôle plus sympathique à Alfredo Castro, on verra bien ! Le choix de Gael García Bernal est aussi intéressant vis-à-vis de sa propre carrière : avant No, il a souvent incarné des personnages en rapport avec la politique ou la créativité (Carnets de voyage, Même la pluie…) Aviez-vous pensé à cela avant de lui proposer le rôle ? Non, pas du tout. J’ai pensé à Gael parce que c’est un excellent acteur. Je l’aurais pris aussi s’il avait tourné dans des films de science-fiction ou interprété un champion de golf ! Le travail avec lui a été fascinant. Il a une grande conscience politique, construit ses personnages à partir de ses propres centres d’intérêt et possède un vrai regard – ce qui est rare. Vous avez utilisé de vieilles caméras pour donner un grain d’époque à l’image. Vous aviez déjà eu recours à ce procédé pour Santiago 73, post mortem. À chaque film, vous expérimentez donc une forme différente : est-ce un parti pris esthétique et dramatique, ou ressentez-vous aussi le besoin de relever un challenge technique ? Le plus important pour moi, c’est l’identité visuelle du film, sa « calligraphie ». L’hégémonie du HD a démocratisé les tournages, mais a conduit à une image horrible, léchée, avec une résolution trop nette. Et tous les films se ressemblent désormais ! Quand j’en vois quinze d’affilée dans un festival, j’ai parfois l’impression qu’ils sont tous pareils, ou du moins très proches… Ultra-stylisés, mais sans âme. Cela ne m’intéresse pas. Je préfère travailler avec une image de moins bonne définition, mais qui possède son caractère propre, et trouve sa place dans l’histoire que je souhaite raconter. Vous avez fondé avec votre frère la société Fabula, qui produit beaucoup de publicités, et vous en avez réalisé vous-même un certain nombre. Quel regard portez-vous maintenant sur cette activité ? Vous êtes-vous souvent retrouvé dans la position de René ? Je ne fais plus de publicités depuis quatre ans. Fabula produit chaque année entre quatre et six films pour le cinéma, une série télévisée pour HBO, et donc des publicités, avec six réalisateurs différents. C’est une entreprise audiovisuelle qui tente d’exister par ses propres moyens. Alors, comment ça se passe ? Prenons cette bouteille d’eau : pour vendre son produit, la marque contacte une agence, qui invente un scénario. Dans ce processus commercial, le réalisateur n’est qu’un instrument au service de la compagnie cliente. Quand je travaillais dans ce secteur, je ne me suis jamais vraiment retrouvé à la place de René, mais j’ai rencontré beaucoup de publicitaires comme lui. Je me suis rendu compte que la plupart se comportaient comme d’éternels enfants, aimaient jouer à la console, au petit train, faire du skate comme Gael dans le film… Personnellement, je ne me suis jamais vu comme un publicitaire, mais comme un réalisateur qui fait de temps à autre des publicités. Dans No, je me sens beaucoup plus proche du personnage du cinéaste qui, accessoirement, participe à la campagne. 9 À quoi ressemblent aujourd’hui les campagnes électorales au Chili ? Comment le film a-t-il été accueilli là-bas et quels débats a-t-il suscités ? Je pense que les campagnes électorales sont désormais les mêmes partout dans le monde. La publicité y joue son rôle, tente d’offrir un récit synthétique, bref et pénétrant. Les images priment sur les idées. Concernant la réception critique de No au Chili, j’ai entendu de tout ! Il a été traité aussi bien de « chef d’œuvre » que de « merde absolue » ! Au Chili – mais je crois que c’est le cas dans tous les pays – voir son propre passé à l’écran provoque des réactions très fortes : on ne sait jamais à quoi s’attendre. Par contre, je n’ai eu aucun problème avec les responsables de la campagne du « non », d’autant plus qu’ils étaient consultants sur le film. Certains ont même joué les communicants du « oui » ! C’était un petit gag entre eux, ils en rigolent beaucoup ! À la table immense du Palacio de la Moneda, vous pouvez voir Eugenio Garcia parmi les collaborateurs, avec les ministres et les généraux… Et quand René sort avec plusieurs cassettes et se retrouve au site de la télévision, le censeur qui le reçoit est José Manuel Salcedo ! Les deux principaux modèles du personnage ont donc participé au film, mais du mauvais côté ! http://www.critikat.com/actualite-cine/entretien/pablo-larrain.html © Wild Bunch Distribution 10 Entretien avec Renée Fregosi Directrice de recherche en science politique à l'Institut des Hautes Etudes de l'Amérique Latine (Université Paris III - Sorbonne Nouvelle), Renée Fregosi a beaucoup travaillé sur les dictatures sudaméricaines et la transition vers des régimes démocratiques. Son ouvrage Parcours transnationaux de la démocratie. Transition, consolidation, déstabilisation (Éditions Peter Lang, 2011) raconte l'histoire de la démocratie, ses concepts et pratiques à travers le monde ces trente dernières années (le deuxième chapitre est consacré aux enjeux des contrôles électoraux). Elle faisait également partie de l'équipe internationale de contrôle parallèle lors des élections générales du Chili en 1989, et a donc vécu de près l'histoire racontée par No. Elle a visionné le film de Pablo Larrain pour Zérodeconduite.net et accepté de répondre à nos questions… Zérodeconduite.net : Comment considérez-vous le film d'un point de vue politique et historique ? Renée Fregosi : Tout ce qui est dit dans le film est juste, mais un peu parcellaire… No est une œuvre de fiction, il faut la prendre comme telle. L'histoire romanesque de ce publicitaire est belle mais les ressorts de la victoire du non lors du référendum de 1988 furent évidemment plus complexes. Le personnage de Juan Gabriel Valdés est central. C'est lui, le responsable politique de la "Concertation des partis pour la démocratie" (coalition de 17 partis politiques chiliens du centre et de la gauche, représentée par le logo arc-en-ciel), qui va chercher le publicitaire et le pousser à faire ce type de campagne moderne. Il souhaite une campagne qui se tourne vers l'avenir plutôt que le passé, une campagne qui ne ressasse pas les horreurs commises par la dictature et évoque la joie à venir. Zérodeconduite.net : Ce n'est pas la campagne publicitaire qui a fait gagner le "non" ? R. F. : Une campagne publicitaire efficace s'articule autour d'une bonne stratégie politique. C'est la stratégie politique qui fait la campagne publicitaire, pas l'inverse. Pourquoi la Concertation a-t-elle accepté cette campagne publicitaire qui choque certains de ses membres ? En son sein il y a alors des jeunes modernistes qui ont imposé la stratégie consistant à prendre part au référendum et de tout faire pour que le non l'emporte, afin de prendre la dictature à son propre piège. Mais cette campagne pour le "non" succède à une grande campagne d'inscription sur les listes électorales en 1987. Ce qu'on appelait à l'époque « la croisade pour l'inscription sur les listes électorales ». On sent bien, à travers ce terme, la présence de la démocratie chrétienne (Parti démocratie-chrétien) dans la Concertation. Jusqu'aux grandes manifestations de 1983-1984, on imagine que la chute de la dictature ne peut être que brutale. Mais la forte mobilisation populaire de ces années-là ne suffit pas à renverser la dictature. C'est pourquoi l'opposition modifie sa tactique. Au niveau régional, des transitions pacifiques à la démocratie ont déjà eu lieu. Les intellectuels et les responsables politiques pensent qu'eux aussi pourraient concevoir une transition pacifique de la dictature à la démocratie en pervertissant le jeu même de la dictature. Zérodeconduite.net : Comment est née cette idée de plébiscite ? R. F. : Ce référendum n'était pas prévu. En 1988, les dispositions transitoires de l'installation de la constitution de 1980 se terminaient et Pinochet, qui assumait la transition depuis huit ans, était censé quitter le pouvoir. La constitution, écrite par Jaime Guzman, un grand juriste de droite chilien, instaurait une "démocratie protégée". Son installation prévoyait des élections : à partir de 1987, on met en place des listes électorales et des nouveaux partis pour participer à ces élections. Les socialistes, qui n'ont pas le droit d'apparaître comme tels, forment le parti pour la démocratie. Mais Pinochet désire finalement se représenter, ce qui provoque des remous au sein même du groupe dirigeant. Pinochet décide alors de se faire légitimer par le peuple en demandant par référendum s'il a le droit d'être candidat. Le référendum de 1988 s'inscrit donc à la fois à l'intérieur et hors du cadre de cette nouvelle constitution. 11 Zérodeconduite.net : Comment réagit l'opposition ? R. F. : A partir de 1987, l'inscription sur les listes électorales est volontaire. Les membres de l'opposition se lancent dans une vaste campagne pour pousser les Chiliens à s'inscrire sur les listes. Le paradoxe est que l'opposition fait ouvertement campagne pour le non, alors que le régime continue ses exactions (répression, torture…). Cette ambiance un peu incertaine est bien rendue dans le film. Zérodeconduite.net : La répression est-elle aussi violente qu'aux débuts de la dictature ? R. F. : Après la condamnation en décembre 1977 par l'assemblée générale des Nations Unies du régime militaire pour ses abus en matière de droit de l'homme, le régime a été obligé de s'adoucir un peu. A cette époque, Pinochet avait déjà décidé d'organiser un plébiscite pour légitimer le gouvernement militaire. La question soumise au plébiscite ne fut publiée que 24 heures à l'avance, le bulletin présentait un drapeau chilien en face de la case oui. Le gouvernement affirma que le oui avait gagné avec 75 % des voix, mais ces résultats furent unanimement dénoncés comme une mascarade par la presse étrangère. Zérodeconduite.net : Donc, en 1987, c'est la "grande croisade" pour l'inscription sur les listes électorales, mais dans un contexte qui est encore celui de la dictature ? R. F. : Oui, le pouvoir peut toujours vous faire tout ce qu'il veut, même s'il n'en use plus autant qu'avant. Les membres de l'opposition s'efforcent de rassurer les citoyens, de les persuader que ce nouveau référendum ne sera pas une parodie de démocratie. La Concertation met alors sur pied un contrôle électoral parallèle exhaustif. J'en ai fait partie, je sais de quoi je parle ! Bureau de vote par bureau de vote, des militants vont récolter les résultats à l'issue du scrutin et les centraliser au quartier général de la Concertation. L'opposition n'était pas naïve, elle savait qu'il y aura des fraudes (et il y en eut). Mais elle fit un pari : si la mobilisation politique était assez massive, elle pourrait surmonter la fraude et le non pourrait l'emporter. La mise en place de ce contrôle électoral parallèle a redonné confiance aux Chiliens. Zérodeconduite.net : Le pouvoir a laissé faire ? R.F. : Même si elle n'était pas autorisée par le pouvoir, la structure était connue du pouvoir qui a laissé faire. Mais par prudence, la Concertation avait également mis en place une structure de secours, totalement clandestine celle-là, pour centraliser ces résultats au cas où ses locaux "officiels" seraient investis par la police. On avait prévu que le pouvoir saboterait notre contrôle et c'est pourquoi on avait un système parallèle clandestin pour acheminer les données malgré tout. On voulait vraiment obtenir les vrais résultats, car on avait convaincu les Chiliens que leurs votes seraient vraiment comptabilisés ! A un moment donné il y a une coupure de courant. Donc les partisans du non savaient que leurs votes seraient comptabilisés mais les opposants à Pinochet au sein du pouvoir, eux aussi le savaient. Zérodeconduite.net : Expliquez-nous la fin du film, ce flottement au QG de la Concertation… alors que l'on sait que le non a gagné. R.F : Oui, le spectateur peut se demander pourquoi ils n'explosent pas de joie. L'opposition sait que le non a gagné puisqu'on a les résultats bureau de vote par bureau de vote, mais tout le monde a encore très peur. Le général Fernando Matthei, qui fait partie de la junte militaire, est contre Pinochet et contre sa candidature. Il sait, lui, que le non a gagné. Il sait que la Concertation le sait et peut le prouver. Que fait-il lorsque Pinochet convoque les commandants en chef chez lui pour décider de la manière dont le régime va annoncer le oui ? Le général profite de la présence de la presse et déclare devant les caméras : ''Il semble que le non a gagné''. Ces quelques mots anéantissent la stratégie de Pinochet. Lorsque la Concertation, médusée, voit ça à la télévision, ils savent qu'ils ont gagné. Ils vont pouvoir 12 négocier avec des interlocuteurs à l'intérieur même du pouvoir, qui les soutiendront et empêcheront la répression. C'est là que tout le monde explose de joie, après l'intervention de Matthei. C'est bien rendu dans le film, mais sans savoir tout cela vous pouvez penser que c'est anecdotique. Matthei n'aurait jamais dit ça s'il n'y avait pas eu le contrôle parallèle du non qui pouvait prouver le non. Il ne se serait pas engagé contre Pinochet, comme ça, avec un petit groupe minoritaire, s'il n'avait pas la preuve que le non avait gagné. Et quand Pinochet a entendu Matthei, il a fait une syncope parce qu'il savait qu'il ne pouvait pas lutter. Si des militaires s'appuyaient sur la concertation il était foutu. Zérodeconduite.net : Que s'est-il passé ensuite ? R.F : La Concertation n'a pas négocié avec Pinochet. Pinochet ne voulait pas de la transition vers la démocratie, il ne voulait pas changer de régime, il voulait sa "démocratie protégée". L'alliance de l'opposition a négocié avec les groupes de Matthei, chez les militaires et parmi les civils. Ces groupes ont négocié avec les partis d'opposition pour mettre en place des modifications à la constitution qui permettraient une vraie élection libre. Les élections de 1989 seront gagnées par la Concertation et son candidat Patricio Alwin, démocratechrétien. Ces élections ont lieu sous la constitution de 1980 mais elle est déjà modifiée par la négociation entre les opposants à Pinochet à l'intérieur du régime et les partis d'opposition. La victoire du "non" au referendum a été le déclencheur de tout ces bouleversements. Mais elle a fait partie de toute une stratégie, qui a commencé bien avant la campagne du referendum, et s'est poursuivi bien après, de transition pacifique vers la démocratie à l'intérieur même du régime. L'histoire du publicitaire René Saavedra n'est qu'une partie de ce processus, mais c'est une belle histoire ! Entretien réalisé par Magali Bourrel, février 2013 http://www.zerodeconduite.net/no/entretien_renee_fregosi.html © Wild Bunch Distribution 13 Revue de presse Le Monde - Thomas Sotinel Pablo Larrain est au cinéma ce que René Saavedra, le héros de "No", est à la communication politique. Un artiste en pleine possession de ses moyens. Voici un film qui donne la pêche, dont on ressort le sourire aux lèvres. Le Nouvel Observateur - Pascal Mérigeau Une merveille (...), une vraie, une de plus due à Pablo Larrain, après "Tony Manero" et "Santiago 73, post mortem". "No" est le film le plus emballant que l'on ait vu depuis des semaines. Sophie Grassin Sur la forme, le choix d'uniformiser toutes les images, archives et réel filmé par une caméra vidéo de l'époque, se révèle assez laid, mais l'épopée, à la fois comique et haletante, fait mouche. Les Inrockuptibles - Jean-Baptiste Morain Le récit, passionnant de bout en bout, ne manque pas d'ironie. (...) "No", au contraire de son titre, est un film enthousiasmant, souvent drôle (avec une amertume palpable), galvanisant, qui clame le pouvoir de la communauté, du collectif et de l'humour. Cahiers du cinéma - Cyril Béghin Dans ses deux précédents longs métrages, Larraín montrait déjà sa préférence pour les couleurs ternes et les personnages apathiques. Mais ce qui restait souvent de la pose complaisante prend avec "No" une dimension inattendue, comme s'il avait enfin trouvé le ton, plus rapide et plus drôle. (...) En remplaçant le trouble de ses personnages par celui des couleurs, Larraín gagne sur tous les tableaux. Chronic’art.com - Nicolas Truffinet C'est ce qui nous est raconté ici : comment un pays s'est pris pour une démocratie. Et partant, l'est devenue, par sa seule volonté, tordant le cou aux clichés culturalistes déterministes. Les fiches du cinéma - Benjamin Untereiner Parfaite reconstitution historique autant que réflexion pointue sur le pouvoir des images dans le monde politique, "No" est une véritable réussite. Pertinent de bout en bout, d’une brûlante actualité, No est un film passionnant. Libération - René Solis Le cinéaste revisite avec ironie la campagne de 1988 perdue par Pinochet. Au Chili, certains ont dénoncé le côté réducteur du film, sa vision "anecdotique" de l'histoire. Par sa façon d'être à la fois au cœur de l'évènement et à distance, par son mélange d'humour et de perplexité froide, "No" est pourtant d'une formidable complexité. Ouest France - La Rédaction Gael Garcia Bernal (...) se fond dans ce personnage, avec la fougue et le tempérament qui lui sont habituels. Comédien engagé dans une page d'histoire que Pablo Larrain aborde en s'appuyant sur des témoignages et des images d'époque habilement fondus dans son récit. Première - Christophe Narbonne Une fois dépassé l'écueil de l'aspect visuel du film (pour être raccord avec les vrais documents d'époque, Larraín a donné un rendu VHS à l'image), on est complètement happés par cette histoire universelle dont le héros (formidable Gael García Bernal), (...) épouse les contradictions. 14 Ecran Large - Stéphane Argentin Bien qu'un peu trop long et répétitif par moments, "No" n'en aborde pas moins avec justesse les arcanes du référendum qui marqua les débuts de la chute de Pinochet. Studio CinéLive - Thomas Baurez Gael García Bernal roi de la pub dans un film passionnant. Puisque dans No, il est beaucoup question de slogans publicitaires, osons, pour commencer cette critique, lancer une formule à l'emporte-pièce : No sera, à coup sûr, l'un des joyaux cinéphiles de l'année. Nul doute que René Saavedra (Gael García Bernal), le protagoniste de cette présente histoire apprécierait. No, comme les précédents opus du chilien Pablo Larraín (Tony Manero, Santiago 73, post mortem), évoque les années de dictature militaire de son pays. Nous sommes ici en 1988, face à la pression internationale, Augusto Pinochet lance un référendum pour assoir son pouvoir. Des agences de pub se lancent dans la campagne. D'un côté, les pros du général, de l'autre les No, menés par un jeune loup des slogans bigrement inventif. Les militaires engoncés dans leurs certitudes d'un autre temps sont vite dépassés par les outils et les idées modernes. Gael García Bernal parvient à traduire, par la force assurée de son jeu, les doutes d'un personnage dépassé par son talent. L'une des grandes idées de la mise en scène de Larraín est d'utiliser le même format d'image que les clips audiovisuels d'époque afin de brouiller les frontières entre la fiction pure (le film) et impure (les pubs). À la fois mise en abyme et jeu de miroir, voilà un long métrage passionnant, stimulant et jubilatoire. Et allez, puisqu'on est lancé, une dernière pour la route : le 6 mars, dites oui à No ! Bim. http://www.lexpress.fr/culture/cinema/no-critique-de-studio-cine-live_1226793.html? xtmc=pablo_larrain&xtcr=5#lcLTSR4tQur9HxWr.99 Psychologie inversée Histoire de rentrer dans le vif de l’objet, précisons que niveau plastique, le quatrième effort du très chilien et très politique Pablo Larrain a tout du jouet bondien : à savoir un gadget d’emblée discutable (les prises de vue sont réalisées au quasi-caméscope pour mieux se mêler aux images d’archives) qui devient outil imparable dans le feu de l’action. Parce que si la greffe du vidéo-naturalisme ne prend jamais vraiment, échouant à devenir la béquille immersive vantée par Larrain dans son dossier de presse, c’est le discours du métrage, centré sur le point de jonction entre réalités publicitaires et objectives, qui valide finalement le procédé. Non seulement amnésique, et enclin à balayer sous le tapis de l’Histoire les deux ou trois entorses aux droits de l’homme commises par Augusto et ses camarades de junte (au grand dam de ses dissidents de longue date), l’optimisme forcené de la campagne usinée par Saavedra/Bernal apporte également la preuve qu’une machine à fantasmes bien entretenue peut substituer ses instantanés d’euphorie aux images du réel, quitte à verser –pour la bonne cause - dans la même rhétorique propagandaire que ses rivaux. Gorgés de clowns hystériques, de familles radieuses, de lendemains chantants et de charges comiques contre le régime de Pinochet, les clips du « Non » sont autant de clones de la réclame coca-colesque proposée par Saavedra en guise de première séquence, et sont 15 ironiquement (à défaut d’être subtilement) accompagnées du même argumentaire cousu de vide que le fils de pub débite sans trembler pour justifier son salaire auprès de ses clients, mais également auprès de son patron, futur directeur de la campagne du « oui ». Ce paradoxe, qui sert admirablement le double-film de Larrain (à la fois récit d’une indispensable victoire politique et chronique d’un triomphe cynique dont le nouveau Chili se serait bien passé sur les starting-blocks) ne joue pourtant pas en faveur de son personnage principal, tour à tour montré comme un cyborg apolitique, une incarnation dépassionnée du système qu’il combat, puis soudainement un père terrorisé par les menaces du régime ou un amoureux éconduit que Larrain voudrait que l’on humanise à sa place. Résultat : on met rapidement de côté l’énigme sans saveur de René Saavedra – simple protagoniste-fonction chargé de porter comme un fantôme le message du réal – pour mieux s’accrocher à la valeur documentaire d’une petite révolution de la communication dont les coulisses fictionnelles, malicieuses mais trop schématiques, trop cliniques ou trop attendues, ne souillent jamais l’intérêt fondamental. Super-doc et petit film, No est une œuvre fondamentalement utile, complice de vos neurones mais étrangère à vos tripes. aVoir-aLire.com - François Blet http://www.avoir-alire.com/no-la-critique Après Tony Manero et Santiago 73, post mortem, Pablo Larraín continue d’explorer la mémoire du Chili et revient cette fois sur le référendum qui a chassé Pinochet du pouvoir. En se focalisant sur la campagne électorale, il signe une comédie noire où la chute d’une dictature marque aussi l’avènement de la publicité. Septembre 1988. Augusto Pinochet organise un référendum pour proposer au peuple chilien son maintien au pouvoir. Pendant un mois, les partisans du « oui » et ceux du « non » auront droit à quinze minutes d’antenne chaque jour à la télévision. Une chance inespérée pour les principaux leaders de l’opposition, qui comptent bien profiter de cet espace de liberté pour faire entendre une voix trop longtemps bâillonnée. Soucieux d’utiliser les stratégies modernes de communication, ils contactent un spécialiste de la publicité pour mener leur campagne et porter leur discours. René Saavedra est un jeune Séguéla aux dents longues, un minet dans le vent, qui traverse Santiago en skate et réalise des spots lénifiants pour des sodas ou des micro-ondes. Si cette proposition représente un nouveau défi pour lui, elle ne remet aucunement en cause ses pratiques. Au contraire, il va s’efforcer d’appliquer à ce scrutin les principes clés du marketing : le « non » est un produit comme un autre, qu’il faut avant tout rendre sexy et attractif. Exit donc le ton plaintif et tragique des tracts militants ; place aux couleurs vives, à l’espoir, au futur ! De brainstorming en débriefing, Saavedra élabore un plan d’attaque résolument tourné vers l’optimisme, au grand dam des contestataires historiques, qui voient les victimes de la répression passées sous silence, et leur cause réduite à des jingles criards. Pablo Larrain a le chic pour filmer des personnages troubles, saisis dans leur veulerie ordinaire puis emportés par le vent de l’Histoire. Les héros de ses précédents films, Raúl Peralta et Mario Cornejo, étaient des monstres froids, ternes représentants d’une dictature vécue au quotidien. Si le comédien Alfredo Castro reprend ici du service en salaud intégral (dans le rôle de Lucho, patron de René et manitou de la campagne du « oui »), le cinéaste fait preuve d’une belle perversité en confiant le premier rôle au sémillant Gael García Bernal : ses traits lisses et juvéniles tranchent avec son attitude d’opportuniste et suggèrent bien le paradoxe de la publicité – séduisante à l’extérieur, pourrie de l’intérieur. Dès les premières 16 séquences, Pablo Larraín montre la naissance d’un nouveau monde, régi par le faux et le visuel : enfouissement de la réalité sous l’image, remplacement des idéaux par le storytelling, effacement du politique derrière le slogan. Quand l’ancienne génération exprime des convictions, René répond par des arguments de vente. Ainsi, lorsqu’on lui présente un premier clip très engagé, pointant les nombreuses exécutions, arrestations et disparitions sous le régime de Pinochet, sa réaction ne manque pas de sel : « Vous n’avez pas quelque chose de plus sympa, de plus léger ? » Glisser les morts sous le tapis, présenter la démocratie comme une « marque » consensuelle, susceptible de rassembler les différentes couches du pays, voilà son programme : la promesse du bonheur est peut-être illusoire, mais elle mobilise plus les foules que la dénonciation de crimes pourtant établis. No devient vraiment captivant quand la campagne se met en marche et nous confronte aux archives de l’époque. Images proprement stupéfiantes, connues et visibles sur Internet, mais dont le kitsch explose sur grand écran. Chromos pastels, mannequins souriants, regards tournés vers l’avenir, chevaux lâchés et bambins mignons… Tous les clichés défilent dans un sirop dégoulinant, mêlant chorégraphies joyeuses et ritournelles naïves (« Chile, la alegría ya viene ! »). Pablo Larraín connaît la force de ces clips et organise tout son récit autour de ce matériau brut, dont il respecte la chronologie et les liens de cause à effet. Car les images appellent les images, dans une surenchère propagandiste conduite par les deux camps. Le cinéaste rappelle ici combien le combat politique est toujours affaire de timing, d’action et de réaction. Chacun détourne ou renverse les paroles de l’autre, récupère les trouvailles créatives de ses adversaires pour les vider de leur contenu et reprendre le dessus dans la guerre médiatique. Ce travail de montage constitue la part la plus stimulante de No, d’autant que Pablo Larraín a choisi de brouiller les pistes en tournant ses passages de fiction avec de vieilles caméras à tube Ikegami, reproduisant une texture années 1980, dans un format 4:3. Un procédé qui peut sembler artificiel. Mais cette décision technique permet de jongler avec souplesse entre les différents niveaux de réalité au sein du script : elle place surtout la question de l’image, sa nature et sa capacité d’illusion, au cœur même de la mise en scène. Le versant romancé de No pose davantage problème, dans la mesure où le scénario n’assume pas jusqu’au bout le cynisme de René et lui invente une histoire familiale et personnelle assez convenue. Toujours amoureux de son ex-compagne, une farouche activiste, il espère la reconquérir en s’impliquant dans la campagne du « non » – un engagement qui l’expose à de nombreux risques et à une surveillance policière menaçante. Si cette dimension adoucit les traits du personnage, elle manque de profondeur et de nécessité. Heureusement, Pablo Larraín ne cède pas aux sirènes du mélo et nous évite la sempiternelle rédemption du commercial qui redécouvre peu à peu son humanité. Le film adopte un ton volontiers ironique et joue sur un comique de répétition : « ce que vous allez voir s’inscrit dans le contexte social actuel » annonce inlassablement René, qu’il présente une réclame pour une boisson gazeuse ou un feuilleton télé. Si la rupture historique aura bien lieu, elle masque un phénomène de masse plus continu – le triomphe du capitalisme, et le basculement vers une société toujours plus marchande. Critikat.com - Gildas Mathieu © Wild Bunch Distribution 17 Dossier Pédagogique Zéro de conduite A consulter en ligne : http://www.zerodeconduite.net/no 18 Dossier d’accompagnement V.O.scope A consulter en ligne : www.cinelatino.com.fr/sites/default/files/lesdossiers/voscope-no.pdf 19 Ficha técnica FICHA DE PRODUCCIÓN Duración: 110 minutos Género: Drama Locaciones: Chile, USA y México. Interiores: Ciudad de La Luz, Alicante, España. Una producción de Pampa Films, Tornasol Films y Telefé Estreno en Chile: 9 Agosto 2012. Estreno en España: 8 Febrero 2013. Sitio Oficial : http://www.nolapelicula.cl/ Equipo técnico Reparto Guión y dirección: Pedro Peirano; basado en la obra “El plebiscito”, de Antonio Skármeta Producción: Daniel Marc Dreifuss, Juan de Dios Larraín y Pablo Larraín Dirección de fotografía: Sergio Armstrong Montaje: Andrea Chignoli y Catalina Marín Duarte Gael García Bernal (René Saavedra) Luis Gnecco (Urrutia) Néstor Cantillana (Fernando) Alfredo Castro (Luis Guzmán) Antonia Zegers (Verónica) Pascal Montero (Simón) Jaime Vadell (ministro) Manuela Oyarzún (Sandra) Marcial Tagle (Alberto) http://www.labutaca.net/peliculas/no/ © Wild Bunch Distribution Sinópsis Cuando el dictador militar Augusto Pinochet, al verse presionado por la comunidad internacional, convoca un plebiscito ciudadano en torno a su permanencia en el poder en 1988, los líderes de la oposición persuaden a un atrevido y joven creativo de publicidad, René Saavedra (Gael García Bernal), para que encabece su campaña. Con recursos limitados y bajo el constante escrutinio de los vigilantes del déspota, Saavedra y su equipo conciben un audaz plan para ganar la elección y liberar a su país de la opresión. 20 El director Pablo Larraín Hijo de Hernán Larraín, senador y expresidente de la UDI, y de Magdalena Matte, exministra de Vivienda y Urbanismo en el gobierno de Sebastián Piñera, estudió comunicación audiovisual en la Universidad de Artes, Ciencias y Comunicación (UNIACC). Es socio fundador de Fábula, una empresa dedicada al desarrollo de cine y comerciales donde ha desempeñado diversos proyectos. Su primer largometraje, Fuga, lo dirigió en 2005, fue estrenado comercialmente en Chile en marzo de 2006 y obtuvo reconocimiento internacional al ganar varios premios en festivales, particularmente en los de Cartagena, Málaga y de Cine Latinoamericano de Tieste. Sus siguientes películas —Tony Manero y Post Mortem—, consolidaron su éxito. En 2011 debutó como director de una serie televisiva, Prófugos. Su cuarto largometraje es No, una película en la que el mexicano Gael García Bernal interpreta a un publicista que desarrolla una campaña a favor del "No" en el plebiscito de 1988, para impedir que Augusto Pinochet siguiera en el poder. Debutó en el género del videoclip en 2013, con uno para la canción Detrás del alma, que forma parte del nuevo álbum Se caiga el cielo del grupo Electrodomésticos. A pesar de su conexión familiar derechista, su obra como cineasta no tiene nada que ver con esa corriente política y, en cualquier caso, es la de un antipinochetista convencido. "En Chile, la derecha es responsable directa, a través del gobierno de Pinochet, de lo que pasó con la cultura en esos años, no solo con la eliminación y la no propagación de ella sino, también, en la persecución de autores y artistas", declaró Larraín a la agencia EFE en 2008. Afirmó que "Chile estuvo casi veinte años sin posibilidad de expresarse desde el punto de vista artístico" y opinó que "la derecha en el mundo no tiene mucho interés por la cultura y eso revela la ignorancia que probablemente tienen, porque es difícil que alguien disfrute o se encante con cosas que no conoce". Está casado con la actriz Antonia Zegers, con quien tiene dos hijos, Juana (2008) y Pascual (2011). © Wild Bunch Distribution Filmografía • • • • • • Fuga (2006) Tony Manero (2008) Resurrección (cortometraje, 2009; 9 min.) Post mortem (2010) Prófugos (serie televisiva, 2011; junto con el venezolano Jonathan Jakubowicz) No (2012) 21 Entrevistas Entendiendo a Pablo Larraín por Andrew Chernin - 20/01/2013 De nacer en un mundo privilegiado, en una familia de derecha y sentirse avergonzado. De cómo llegó al cine. Del resentimiento y la rabia. De las preguntas que busca en sus películas que escarban el reciente pasado político de Chile. De la figura de su padre, senador de la UDI. De lo que se paga por negociar con Pinochet. De aprender a pegar. De todo eso habla Pablo Larraín, el director de No, la primera película chilena nominada al Oscar y que se reestrenó esta semana. Antes de decir que sí, de fijar una hora y abrir el espacio de trabajo que mantiene en su casa en Ñuñoa, Pablo Larraín quiso ser claro: no hablaba de su intimidad ni de los detalles familiares de su infancia. “Hay ciertas cosas que prefiero guardar en el espacio más de misterio y que no necesariamente sean parte de un debate público ni familiar”, advirtió. Pero Pablo Larraín, 36 años, director de cuatro películas, casado con la actriz Antonia Zegers, dos hijos, sí estaba dispuesto a conversar sobre las cosas que lo definen. De los procesos personales que enfrentó para que él, el segundo de los seis hijos del senador Hernán Larraín y la ex ministra Magdalena Matte, ambos militantes de la UDI, pudiera llegar a filmar No: una cinta que lo tiene nominado al Oscar como mejor película extranjera y que este jueves volvió a estrenarse en Chile. “Algo que siempre ha estado en pugna en mí es esta idea que hay en Chile de cosmetizar el pasado, de idealizarlo, de meterlo dentro de una cristalería y que eso esté orgánicamente estructurado en una memoria. Y yo siento que la memoria, en general, es mucho más desordenada y caótica, y que los recuerdos se van organizando a partir de cómo uno quiere que sea el presente. O cómo uno quiere que se recuerde eso. Tal vez ahí está lo que produce fricción entre mi trabajo y algunas personas. La historia que contamos en No fue la de cómo un país negoció con Pinochet, a través de su lógica y utilizando sus propias herramientas, para sacarlo del poder. Por eso es que me parece más interesante la pega del publicista que la del político. Tomamos ese lado porque pensamos que era ideológicamente más puntudo. Parte de la izquierda política ha estado en contra de la película y de que hayamos tomado el lugar de los publicistas. Y eso pasa porque ellos los ignoraron después de llegar al poder. Nosotros nos fijamos en estos héroes que hicieron esta épica del país que se moviliza, porque también fue construida por personas que vendían tallarines y Coca-Cola. Cuando hoy la vieja izquierda se irrita porque nosotros tomamos esa mirada, tiene mucho más que ver con cómo ellos imaginan el pasado y cómo lo quieren recordar, que con cómo efectivamente fueron las cosas. Si le preguntas a (José Manuel) Salcedo o a (Enrique) García qué opinan de la película, van a decir que les gusta y que no necesariamente representa exactamente cómo fueron las cosas. Hay cosas que se acercan más a la realidad que otras, pero esto no es un tratado de época y nadie lo entiende así, salvo la gente que necesita legitimar una verdad histórica. Y cuando esa legitimación se pone en duda, entonces salen a defenderla como perros bravos y se equivocan, porque me atacan a mí o a la película, y no a la lógica con que fue hecha. Atacan al autor y me descalifican por razones de clase o de origen ideológico”. “Yo estaba en un colegio muy cuico, muy de derecha, el Colegio Apoquindo. La tensión ahí pasaba por las cosas que tenían unos y las cosas que tenían otros. En el Apoquindo yo era un niño con muy mal comportamiento. Con hojas y hojas de anotaciones negativas. Con muy malas notas. Con una permanente amenaza de que me echaran. Y era un niño con un desasosiego muy fuerte, bastante amargo. Por lo que veía ahí, porque nunca me acomodó. Era un colegio muy violento. El bullying no se denominaba bullying en ese minuto, porque no era una palabra conocida, pero era feroz. Nos pegábamos muchísimo. Era una especie de internado de niños con chofer. Estando en octavo básico, mi mamá se iluminó y comprendió que no era un buen lugar para mí y mi hermano Juane (Juan de Dios). Nos sacó de ese colegio y nos llevó a otro (Colegio Francisco de Asís), mucho más diverso. 22 Una profesora, Cecilia Mackay, en un minuto empezó a proyectar películas en 16 mm, en el comedor del colegio. Las únicas películas que se podían arrendar en ese minuto en Chile, en 16 mm, eran las del Goethe Institut. Entonces estaba todo el cine alemán. Al año me hice socio del Goethe y empecé a arrendar películas. Ese es el proyector (lo apunta en el suelo de su oficina) y esa es una película del Goethe que nunca devolví. Con ese proyector me metía a mi pieza y proyectaba las películas. Empecé a hacer un mundo propio dentro de mi casa y de mi entorno, basado en las películas. Y como las únicas películas que había en ese minuto y que yo podía proyectar en mi proyector eran del cine alemán, me formé viendo a Fritz Lang, a Herzog, las primeras películas de Wenders, a Murnau. Fue un golpe súper fuerte el del colegio. Yo, al igual que toda mi familia, estaba listo para ser abogado. Yendo al preuniversitario para que pudiera entrar a una escuela de Leyes lo más decente posible. Y en un minuto de cuarto medio les dije a mis viejos que no, que yo quería hacer otras cosas. Que me gustaban las películas. No hubo rollo. Si estaba yo cómodo en ese lugar, me iban a apoyar. Si no me hubiesen cambiado de colegio, difícilmente habría podido meterme en esto. Salir del Apoquindo fue muy liberador. Me encontré con otro lugar, donde había gente de todos los orígenes. Donde fue posible empezar a distanciarme de mi familia y a ver las cosas como me parecían. Eso iba de la mano con dejar la adolescencia y empezar a hacerte hombre y entender cómo es Chile y qué es lo que había pasado. Muchas de las cosas que habían sucedido yo las desconocía. O me las habían contado de otra manera. Y la primera sensación fue de vergüenza: cuando tú te das cuenta de qué es lo que realmente piensas y dónde te ubicas ideológicamente, te da una vergüenza muy potente... Cuando te autocalificas, no eres muy autocomplaciente. Yo por lo menos no lo soy. Entonces me dio vergüenza haber tenido una infancia acomodada y una infancia ciega. Me revitalizó mucho la idea de poder entender, compartir una visión ideológica y poder acercarme a lo que pasó en Chile y al dolor de mucha gente, sin necesariamente poder experimentar ese dolor. Lo más importante fue conocer a personas que habían estado directa o indirectamente vinculadas al dolor de la dictadura. Eso quizás fue lo más fuerte: darle una primera dimensión humana. Comprender ese resentimiento”. “En la adolescencia descubrí que era capaz de tomar fotos y bastante bien. Al principio era frustrante, porque mostraba mis fotos a amigos y en la casa, y no provocaban nada a nadie. Después empecé a conocer a otra gente que tenía intereses fotográficos, mostrábamos nuestras fotos y ahí adquiría sentido. Hasta que entré a la universidad (a Comunicación Audiovisual en Uniacc) y apareció el video. Tuve de profesor a Cristián Sánchez, que se preocupaba de que los alumnos instalaran sus propios deseos en sus trabajos. Que hubiera algo privado en ellos. Me pareció potente. Años más tarde, cuando estuve en el seminario de dirección de Alfredo Castro, eso se hizo más patente aún. Porque hacíamos ejercicios de teatro, donde lo único que él nos pedía era instalar nuestros deseos en la escena. Antes había hecho teatro, en el colegio. Pero esa transfiguración de subirse al escenario y representar a alguien más necesita demasiados elementos que no tengo. Por eso descarté ese camino. Me siento demasiado cobarde como para estar delante de una cámara. Siempre me consideré más raro que lindo. Nunca me consideré alguien que tuviese la energía para estar delante de un público. Me provocaba inseguridad. Quizás la seguridad la obtuve al estar detrás de una cámara y crear un mundo en el cual yo no aparezco. Mis primeros años de formación intelectual estuvieron más vinculados a llenar vacíos que tenía, que a lograr una identidad. Tenían que ver con conocer y leer a Shakespeare, algo que no había hecho en el colegio. Mi universidad tampoco era muy buena. Nunca tuve una estructura académica muy sólida. Soy mucho más autodidacta que otra persona que tuvo una formación académica clara y definida. Estudié en un instituto donde nadie se especializaba en nada, donde enseñaban de todo un poco. Ese pastiche de ideas me obligó a intentar darle una estructura. Mientras estudiaba Comunicación Audiovisual empecé a estudiar Periodismo. Terminé las dos carreras, pero me recibí sólo de Comunicación Audiovisual. 23 Apenas pude, a los 21 ó 22 años, empecé a tomar fotos para revistas y hacer videos de matrimonios. Eso me dio algunos recursos e inmediatamente dejé mi casa. Me fui a Santiago Poniente, donde viví seis o siete años. Primero en el barrio Brasil y luego en el barrio Lastarria, intentando desaparecer. Aunque más que desaparecer, intentando entender un poco mejor la ciudad. Tuve necesidad de, en vez de moverme desde Los Dominicos, que es donde vivíamos, a la Uniacc, en Salvador, prefería moverme desde el barrio Brasil. Era entender la ciudad desde otro lado. Aproximarme al Santiago que más me interesa”. “Irme de la casa de mis padres no significó ningún costo para mí. Pude utilizar bien esa personalidad más retraída, de poder estar solo mucho tiempo y empezar a formarme como adulto. Sobre todo, con un padre que se hace senador (Hernán Larraín, UDI) y que representa un montón de cosas desde un punto de vista ideológico, es que yo necesité ubicar un espacio liberador y propio. Fui buscando ese rincón en mi departamento. Mi papá se hace senador en 1994, el mismo año en que salí del colegio. Y yo me fui de la casa en 1998. Cuando mi papá ya llevaba un par de años de senador, se me hizo muy pesada la convivencia con su figura. Me mandé a cambiar. No por él. Personalmente, yo tenía una relación increíble con él y es una persona que me ha educado con mucha libertad. Siempre me he preguntado qué pasaría con alguien que viene del mundo de la izquierda dura y tuviese un hijo de derecha. ¿Cómo lo administraría? ¿Sería capaz de entregarle esa libertad? En mi casa nunca he tenido un problema por mis ideas. Siento que mi padre tiene cierta fascinación porque en su familia haya voces diversas y que él haya sido el responsable de educar a esa familia de esa manera, en la que cada uno piensa como quiere. Eso me parece difícil. Si uno de mis hijos, dando vuelta la tortilla, termina siendo una persona de derecha, me sería muy difícil poder convivir con eso. El hecho de que yo filme películas sobre dictadura, como una forma de reinterpretar las historias sobre dictadura que yo escuchaba de mi padre, es un hecho mucho menos consciente. No es algo que yo haya estructurado para poder explicar mi comportamiento o poder estar más tranquilo. Para mí el cine no ha sido un Hamlet. No lo he pensado como un lugar para poder expiar y resolver temas pendientes con mi padre y su historia. Ha sido muchísimo más espontáneo. No digo que no haya sido así, pero Hamlet habla con el fantasma de su padre. Y el fantasma de mi padre es un fantasma de carne y hueso. Que está ahí, presente”. “Me he hecho muchas preguntas al hacer estas tres películas (Tony Manero, Post Mortem y No) y las respuestas que tengo son muy pocas. O ninguna. Me pregunto ¿qué pasó?, ¿cómo logramos hacernos tanto daño?, ¿cómo estructuramos una sociedad sostenida en un resentimiento tan profundo entre ideologías y clases?... Mi trabajo no está instalado a partir de certezas. Tiene que ver más con intentar hallar pequeñas cosas que se articulen y den una idea desde la ficción, porque yo no hago documentales ni tampoco trozos que tengan un rol historiográfico. La formación a retazos que tuve, cuando finalmente logré organizarla y darle un sentido, la pude estructurar a partir más del desosiego y la perplejidad que de la certeza. Desde la idea de hacer preguntas y no esperar respuestas. Cuando hay una respuesta, entonces ya no me interesa. Porque contestar algo es llenar los espacios que uno espera que no estén llenos. Mucha gente me dice ‘¿por qué no haces una película sobre el mundo que más te corresponde, que es el mundo más cuico, más aristócrata, más clase alta?’. A mí ese mundo me parece enormemente aburrido, poco interesante, con una capacidad de abstracción limitada. Quizás algún día lo haga, lo redescubra y le vea un interés. Pero me metí a hacer un cine más político, porque a partir de ahí surgen preguntas más interesantes. Prefiero meterme dentro de la cabeza de una persona como el protagonista de Tony Manero o de Post Mortem o de No, que en la de una persona de quien pude haber estado más cerca. Por ahora, me ha interesado explorar lugares que para mí son más desconocidos que conocidos”. En No hay un diálogo en que el personaje de la Antonia (Zegers) le dice al personaje de Gael (García): ‘Huevón, votar en este plebiscito es decirle que sí a la Constitución de Pinochet’. Le dice que es aceptar su figura. Y eso tiene una idea un poco premonitoria, en el sentido de que la gente que se opuso al plebiscito, que no fue poca, se dio cuenta de que estaban negociando, que eso podía tener consecuencias negativas en el futuro. 24 Eso es importante para mí en la película: cómo negociamos con un modelo del cual hemos abusado hoy día. La idea de que haya instituciones como las isapres, el sistema médico y la educación, que están diseñados por un sistema de lucro, versus un país que luchó por equilibrar las cosas. Ese pacto, con esa lógica social, se hizo en el plebiscito. O el modelo que tenía Pinochet del orden social, que hoy tiene al país con ocho o 10 dueños. Uno de ellos es el Presidente de Chile. El mismo Piñera ve No y dice que la película estaba demasiado basada en el marketing, así es que no le gustó mucho. Es para tomarse la cabeza con las manos y decir ‘este señor no entendió nada’. Está basada en el marketing porque desde ese lugar nos pareció interesante ver la alegoría. El era una persona rica el 88. Hoy es billonario. ¿Qué no entendió?”. “La primera película que hice fue Fuga (2006), que tenía demasiadas ideas, muchas pretensiones, demasiados cabos sueltos, conexiones mal hechas. Después de estrenarla, me enfrenté a un sector de la sociedad que había estado muchos años luchando para que se les respetaran sus ideas y les permitieran pensar distinto. Y cuando aparece alguien desde otro lado, quizás muy parecido a ellos, mi origen de clase impedía la bienvenida. Entonces estos tipos comienzan a comportarse igual a lo que odian, a tratar a otras personas de la misma manera a la que ellos fueron tratados. Con el tiempo hay una parte de esa izquierda que no me ha autorizado a hablar de ciertas cosas y, por lo tanto, soy yo ahora el que me siento también con el derecho a ser resentido y arbitrario. Lo que he evitado hacer, y creo haberlo logrado, es que ese dolor y esa rabia se impregne en mis películas. Son buenos motores, pero no una sustancia para sostener una obra porque pierde audacia, inteligencia y se transforma en una pataleta. Al principio, cuando me dieron duro por la idea de ser una persona que viene de una familia de derecha, lo pasé muy mal porque no se me permitió, por un buen sector de la cultura, hacer películas. Como si la cultura fuera propiedad de alguien. Después, con el tiempo, he llegado no sólo a convivir bien con eso, sino también a disfrutarlo. Como cuando a un crítico se le filtra la idea de la clase y de que cierta aproximación estética a ciertos fenómenos históricos pueden ser abordados sólo desde cierta clase. Entonces, todo lo que esa persona dice se diluye en nada. Y uno empieza a entender bien de qué estamos hablando. Yo lo entiendo. Si fuera una persona que hubiese sufrido durante la dictadura y aparece un niñito Larraín Matte a hacer estas películas, probablemente, habría reaccionado igual. Lo comprendo. Pero transformar eso en una evaluación artística, no lo permito. Como siempre viví protegido, como nunca tuve miedo en dictadura ni estuve cerca de ninguna forma de violencia, como viví cómodo y seguro, y luego, cuando me tocó tener una identidad, me formulé mis propias ideas, tuve que enfrentar ese trato que se me ha dado a ratos. Porque no deja cómoda a la derecha, el lugar del cual provengo, ya que mis películas no dejan bien a ese sector. Y la izquierda reacciona mal también. Entonces me quedo sin lugar. Parte de ningún grupo. Con el tiempo he aprendido a vivir con las críticas que cuestionan mi origen. No me complica y no se trata de tener cuero de chancho. Al contrario, tengo cuero de mosca. Las cosas me siguen afectando, pero soy capaz de internalizarlas y convivir con ellas. En vez de instalarme en un espacio llorón, como de niño golpeado, me he acomodado. Me acostumbré más a la cachetada que a la palmadita en el hombro. A la patada que al abrazo. Me he acostumbrado a disfrutarlo también. A no llorar ni victimizarme, sino a entenderlo. Me interesa más el silencio en ese sentido. Por eso soy malo para las entrevistas. Prefiero defenderme con las películas, que es lo que hago. Quizás lo que más le irrita a cierta gente es que sean exitosas. Debe haber personas a quienes les parece inaceptable e injusto que tenga una nominación al Oscar, lo que me parece todavía más interesante. En algún minuto me sentí el niño golpeado y después me sentí con el deber y el derecho de repartir combos. No es que ahora haya pasado de ser el niño golpeado al niño que golpea. La diferencia es que hoy sé defenderme. Ahora aprendí a pegar”. http://www.latercera.com/noticia/cultura/2013/01/1453-504671-9-entendiendo-a--pablolarrain.shtml 25 Viernes, 23 noviembre, 2012 Por Elvira Liceaga “No” es una de las películas que más hemos disfrutado de los últimos meses, y junto con “Amour”, es una de las contendientes a ganar el Oscar a mejor película extranjera el día de mañana. De ahí, que decidiéramos rescatar la entrevista realizada por nuestra querida Elvis, al director Pablo Larraín y que publicáramos hace algunos meses. En 1980 Pinochet se autoproclamó presidente de Chile después de llegar al poder con un golpe de Estado al gobierno de Salvador Allende en 1973. Ante la presión de legitimizar su régimen, en 1988, la dictadura pinochetista convocó a un plebiscito en el que los chilenos votarían SÍ o NO a su permanencia en el poder por ocho años más. Esta es una muy buena ficción sobre la campaña del NO, hecha de verdades, es una de las mejores actuaciones de Gael García Bernal, y es también una lección de historia, porque es un reciente capítulo en la historia de Chile y de las dictaduras de todo el mundo que es conocido popularmente sólo como una votación pero que aquí es contada a través del publicista que creó, contra todas las tendencias de la manipulación política, la campaña del NO. Cinematográficamente, se arriesga y cumple. Es una película que recrea la época, hecha en formato U-matic ¾ que empata lo filmado con el material de archivo, entonces, uno no está seguro de qué es archivo o nuevas tomas. Al principio, sorprende la textura granulada de la cinta, pero esa es una decisión del tratamiento formal y estético que se transforma en una decisión narrativa que reubica al espectador, quien pronto deja de notarlo. Creo que, desde los puntos de vista político, sociológico, mercadotécnico y dramático es interesante: un país en dictadura, a finales de los ochenta, da quince minutos diarios en la televisión abierta a cada campaña para convencer, a su manera, al pueblo chileno. Porque se ha contado de muchas maneras cómo llegó Pinochet pero no cómo salió, es importante ver “NO”. Una entrevista con el probable ganador al Óscar de mejor película extranjera: ¿Cómo interpretas esta tercera película en tu trayectoria cinematográfica, como un quiebre entre dos apreciaciones previas o dos lados de la dictadura, o una continuidad y por qué? Son tres películas sobre el mismo tema pero no es algo que yo haya planificado. No hice cada una pensando en qué haría después. Nunca pensé que haría tres películas sobre el mismo periodo, sin embargo, es interesante lo que pasa con las tres juntas. Me interesa cómo dialogan, cómo forman parte de un mismo cuerpo. Porque si bien con “Post Mortem” (2010), ambientada en Santiago de Chile en 1973, es una película que habla sobre el inicio de la dictadura y antes; “Tony Manero” (2008) en plena dictadura; y, por último, “NO”, sobre el final de la dictadura, se fue armando un cuerpo, digamos, político, histórico y ciertamente ideológico que jamás pensé. Es interesante y estoy contento pero por otro lado terminé con la dictadura. No quiero volver a meterme con el tema. No es una materia a la que volvería. Ya estuvo, ya hice tres películas con las preguntas que me hice para entender por qué pasó eso en Chile. Intenté contestarlas a través del cine y la verdad es que las repuestas que tuve son… no malas pero no me responden lo que yo estaba preguntando. Me quedé con todas las preguntas que me hice. No fui capaz de contestarlas. Pasaste de los misterios y la ambigüedad, del ambiente oscuro de la dictadura de Pinochet, mental o gubernamental a las ideas de un publicista responsable de la democracia en Chile, ¿cómo decides hacer esta película y pasar de la oscuridad a la emotividad? Yo he tendido a hacer un cine apesadumbrado, oscuro, pero cuando decidí hacer la película del “NO” me di cuenta de que tenía que ser noble con la historia para contar una victoria, de cómo la gente se organizó para derrocar a un dictador. Había que hacerse cargo de una historia optimista y había que hacerse responsable de qué es más alegre. 26 Es una historia muy épica pero no es una historia épica inventada por un guionista sino por un pueblo entero que fue capaz de organizarse y derrotar al villano. Fue necesario ser responsable y prudente con el pueblo para contar una historia que fuese alegre pero que también deje un poquito de gusto amargo porque hay algo que no cambió, que nos quedamos y que hace que hoy Chile sea un país que tiene ocho dueños o diez. Chile es un país que tiene un Estado muy pequeño y las empresas son muy grandes, donde la educación de calidad es cara, donde la salud es cara. Abusamos del modelo y esta película de alguna manera intenta asistir al momento cuando se sella el pacto con ese modelo y creo que eso tiene que ver con el alma de la película. Esta película tiene que ver con una obra de teatro que se llama Plebiscito de Antonio Skármeta, que no se ha mostrado nunca pero que se ha leído mucho. Me pareció muy interesante ese otro punto de vista [del publicista] porque la historia del NO se puede contar desde muchos lados: desde el Sí, desde lo político o lo popular. Es algo muy extenso que cala muy profundo porque es una metáfora muy grande de lo que pasó. Porque si bien sacamos a Pinochet y ganó el NO, algo del Sí también ganó. Y eso tiene que ver con haber negociado con él y haberse quedado con su modelo económico. Con haber permitido que nunca fuese juzgado [Pinochet]. Fueron las mismas herramientas, las de su modelo económico, con las que lo sacaron. Esa paradoja es muy interesante. Creó su propio veneno sin darse cuenta. Entonces, desde ese punto de vista, desde el publicista, es muy interesante trabajar porque es más subversivo, muy agudo. Te ocupaste de que aparezcan las personas que participaron en la campaña original. También filmaste de manera que las tomas conjuguen con las imágenes de archivo. Hacen apariciones los autores y protagonistas reales de la campaña, por ejemplo, vemos en una escena a Patricio Alwyn, 24 años después de los hechos, llegar a grabar un discurso para la campaña del NO, corte, y vemos el spot original de Patricio Alwyn, de 1988. ¿Hasta dónde esta película es un discurso consciente a manera de homenaje y hasta donde es ficción? Es una película que juega con todos los elementos, que tiene mucho material de archivo de época pero también la película se hizo, es decir, fue rodada en el formato en el que se realizó el archivo hace más de 25 años. Además, invitamos a las personas que participaron en el archivo a que volvieran a hacer lo que ellos ya habían hecho. Volvieran a vivir lo vivido, volvieran a estar donde estuvieron, a pensar lo pensado, a actuar lo actuado, a imaginar lo imaginado y a soñar lo soñado. Eso permite que, en el fondo, nuestro material se transforme en documental y que el archivo que usamos como documental se transforme en ficción. Más allá de tus alcances como cineasta, ¿imaginaste que la película tendría importancia en la reflexión sociopolítica actual? Me cuesta mucho contestar. No sé mucho, la verdad. La película se ha distribuido en muchas partes y pareciera ser que a mucha gente le hace eco con lo que está pasando en muchos países del mundo. Por supuesto que nosotros jamás lo medimos ni tuvimos la intención de que fuera así pero es interesante. Es bonito pero no depende de mí. Nosotros tratamos de hacer la mejor película que pudimos. Empezamos a hacerla en el 2008 y resulta que hoy día, cuatro años más tarde, hay movimientos importantes de indignados, movimientos estudiantiles, Occuppy Wall Street, la Primavera Árabe, por ejemplo. Hay mucha gente que está saliendo a la calle a decir que el sistema no funciona. Esta intención, ese desasosiego que tiene una parte significativa de la sociedad está en la película. http://www.sopitas.com/site/187099-entrevista-a-pablo-larrain-director-de-no/ 27 Críticas Película chilena sobre el plebiscito de 1988 es aclamada en Cannes El filme "No" de Pablo Larraín se basó en una obra de teatro del escritor chileno Antonio Skármeta. La película chilena "No", del director Pablo Larraín, se ganó una emocionada ovación del público, tras su estreno mundial en el Festival de Cannes. El filme que narra el plebiscito que en 1988 puso fin a 15 años de dictadura de Augusto Pinochet, se basó en una obra de teatro del escritor chileno Antonio Skármeta, llamada "El plebiscito". El actor mexicano Gael García Bernal encarna a un exiliado que ha regresado a Chile y pone su talento en una agencia de publicidad al servicio de la campaña a favor del "No". Pinochet, tal como se explica en el filme, se vio obligado, a causa de la presión internacional, a convocar a un plebiscito nacional, que se llevó a cabo el 5 de octubre de 1988, para decidir si él seguiría en el poder hasta 1997. El resultado fue de 44,01% para el "Si" y 55,99% para el "No". García Bernal es el publicista René Saavedra, quien tras vencer las reticencias de sus compañeros, impone un toque de humor juvenil y festivo a la campaña publicitaria para la "franja" de 15 minutos que durante un mes, antes de la votación, los partidarios del "Sí" y el "No" tenían en la televisión chilena. "Gael estaba en mente desde el principio, desde que se estaba desarrollando el guión. Tuvimos que enseñarle algunas cosas sobre Chile, pero él de inmediato aportó el equilibrio y la ambigüedad que se necesitaba para su papel, el de un chileno exiliado en México que regresa", declaró Pablo Larraín, conocido por sus películas "Tony Manero" y "Post Mortem". García Bernal, quien en ningún momento en el filme trata de imitar el acento chileno, explicó que para interpretar a Saavedra necesitó una preparación intensiva pues no disponía de mucho tiempo. "Obtuve mucha información acerca de la época. Tuve, claro, que entrar en el ritmo chileno y trabajar mi actuación, ajustándome al juego y a la travesura del equipo", declaró el actor. "Disfruté del hecho de que mi papel era el de un exiliado en México que regresa y eso hizo que todo fluyera de manera más expansiva, aprovechando las contradicciones que generaba", añadió. Larraín explicó que la película fue filmada en el soporte de vídeo "U-matic 3/4" que se usaba a fines de la década de los 80, lo que hace que la textura y los colores de los documentos de la televisión chilena de ese entonces se confundan con las escenas de ficción. "Yo crecí en los años 80, durante la dictadura. Lo que veíamos en la televisión, ese vídeo de baja definición, era un imaginario sucio que no se podía registrar de manera prístina. La memoria colectiva está llena de esos recuerdos de oscuridad, de impureza", dijo. "Filmar en cine o con las cámaras digitales de alta definición actuales hubiese generado una distancia con la imaginería de la época. Era importante esa fusión y ahora al verla no sé bien cuál es el material nuestro y cuál el de la televisión", añadió el realizador. El guionista de "No", Pedro Peirano, explicó cómo había trabajado a partir de "El plebiscito", la obra de Skármeta, reconocido autor chileno y ex embajador en Alemania durante el gobierno de Ricardo Lagos, entre 2000 y 2003. "Esta obra, que no se conoce porque nunca ha sido estrenada, fue el punto de partida. Había un único personaje. Lo que yo hice fue desarrollarla, hablar con la gente que hizo la campaña. Fue un proceso muy interesante. La gente que estaba a favor del 'No' hablaba fácilmente y los que votaron por el 'Sí' sentían vergüenza", dijo. "También el motor para la adaptación fue mi propia curiosidad, saber cómo se había hecho la campaña. En la película cada personaje representa en realidad a un grupo entero de personas de la realidad. Son como arquetipos", añadió. http://www.latercera.com/noticia/cultura/2012/05/1453-461597-9-pelicula-chilena-sobre-elplebiscito-de-1988-es-aclamada-en-cannes.shtml 28 Viernes 18 de mayo de 2012 Pablo Larraín-Cannes: Película “No” es una historia que “merecía contarse” El director chileno se mostró muy satisfecho con el excelente recibimiento que su film sobre la campaña publicitaria del “No” a Pinochet durante el histórico referéndum de 1988, tuvo en el destacado festival de cine. La exhibición matinal de la película “No”, del director chileno Pablo Larraín y que protagoniza el actor mexicano Gael García Bernal, logró este viernes una poco habitual respuesta de su primer público en el Festival de Cannes, lo que agradó a director, guionista, actores y resto del equipo de una película que participa en la etapa llamada Quincena de Realizadores. “Esta es una película que debía haberse hecho ahora. Merecía contarse, y la verdad es que es una película que hicimos porque nos llegó”, explicó Larraín a la prensa después de la proyección de la película, estrenada en Cannes y que fue ovacionada por los espectadores. “UN MAPA DE LO QUE PASA EN CHILE” “Estamos muy contentos de contarle esta historia al mundo porque creo que, sobre todo hoy día, como está el mundo, como está Chile, era una gran oportunidad para hacerlo”, agregó el realizador chileno. “Pienso que la película tiene un mapa, no sólo de lo que pasó durante la dictadura, sino de lo que ha pasado en los últimos 20 años también”, continuó el director. “Los pilares, las columnas, las bases del Chile de hoy, se mapeó en la manera en la que se constituyó la franja del ‘No’. La lógica que hay ahí sigue siendo hoy día muy relevante en un país como Chile”, estimó. CINTA CON MUCHA NOSTALGIA La película, que está basada en una obra de teatro del escritor chileno Antonio Skármeta llamada “El plebiscito”, y está rodada con cámaras Ikegami de 1983 para dar exactamente el tipo de soporte que se vincula con las imágenes de esa década del siglo XX, habla del histórico del referéndum de 1988 convocado por el dictador Augusto Pinochet. El punto de vista de la película es el de un joven publicitario que se encargará de la campaña a favor del “No” a Pinochet, que es interpretado por García Bernal. El director reconoció que en la cinta “hay mucha nostalgia, el plebiscito del 5 de octubre del ‘88 es una fecha vértice, una fecha bisagra; está todo el pliegue de la historia chilena metida ahí, de la reciente al menos”. Y eso, aseguró, porque “si bien lo que había era una dictadura, se promete un sueño”. “HERRAMIENTAS IMPUESTAS POR LA DICTADURA” Para Larraín, la “clave” de la cinta está en “cómo un grupo de personas toman las herramientas creadas, impuestas por la dictadura, esas herramientas sociales e incluso políticas, y las utiliza para crear un discurso que permite finalmente derrotar a Pinochet”. “Ahora, ¿es sólo la derrota de Pinochet o es también la victoria del modelo de Pinochet? Esa ambigüedad creo que es la concepción de la película”, aseguró. “Después de eso hemos vivido 25 años donde el modelo que impuso Pinochet ha subsistido y es el modelo que hoy día nos tiene en las circunstancias que recién describo (agregó tras referirse al Chile actual). ¿Cuál es la solución? yo tampoco lo sé”, afirmó. http://www.lanacion.cl/pablo-larrain-cannes-pelicula-no-es-una-historia-que-merecia-contarse/ noticias/2012-05-18/114922.html 29 Javier Alonso (Agencia EFE) Viernes, 18/05/12 Cannes ovaciona "No", el drama sobre el referéndum que sacó a Pinochet La visión que el chileno Pablo Larraín hace en su filme "No" sobre el referéndum que en 1988 sacó al dictador Augusto Pinochet de la presidencia, fue recibido hoy con una intensa ovación en el Festival de Cannes. Cannes (Francia), 18 may.- La visión que el chileno Pablo Larraín hace en su filme "No" sobre el referéndum que en 1988 sacó al dictador Augusto Pinochet de la presidencia, fue recibido hoy con una intensa ovación en el Festival de Cannes. El pase matinal de la cinta, que protagoniza el actor mexicano Gael García Bernal, logró una poco habitual respuesta de su primer público, lo que agradó a director, guionista, actores y resto del equipo de una película que participa en la Quincena de Realizadores. "Esta es una película que debía haberse hecho ahora. Merecía contarse, y la verdad es que es una película que hicimos porque nos llegó" explicó Larraín a la prensa después de la proyección. "Estamos muy contentos de contarle esta historia al mundo porque creo que, sobre todo hoy día, como está el mundo, como está Chile, era una gran oportunidad para hacerlo", agregó el realizador. "Pienso que la película tiene un mapa, no solo de lo que pasó durante la dictadura, sino de lo que ha pasado en los últimos veinte años también", continuó el director. "Los pilares, las columnas, las bases del Chile de hoy, se mapeó en la manera en la que se constituyó la franja del no. La lógica que hay ahí sigue siendo hoy día muy relevante en un país como Chile", estimó. La película, que cuenta con guión de Pedro Peirano y está rodada con cámaras Ikegami de 1983 para dar exactamente el tipo de soporte que se vincula con las imágenes de esa década del siglo XX, cuenta el episodio histórico del referéndum convocado por el dictador para seguir en la presidencia hasta 1997. Un propósito en el que fracasó y que Larraín narra desde el punto de vista de René Saavedra -el papel interpretado por García Bernal- un joven publicitario que se encargará de la campaña publicitaria a favor del "no" a Pinochet. El director reconoció que en la cinta "hay mucha nostalgia, el plebiscito del 5 de octubre del 88 es una fecha vértice, una fecha bisagra; está todo el pliegue de la historia chilena metida ahí, de la reciente al menos". Y eso, aseguró, porque cree que, "si bien lo que había era una dictadura, se promete un sueño". Para Larraín, la "clave" de la cinta está en "cómo un grupo de personas toman las herramientas creadas, impuestas por la dictadura, esas herramientas sociales e incluso políticas, y las utiliza para crear un discurso que permite finalmente derrotar a Pinochet". "Ahora, ¿es solo la derrota de Pinochet o es también la victoria del modelo de Pinochet? Esa ambigüedad creo que es la concepción de la película", aseguró. "Después de eso hemos vivido 25 años donde el modelo que impuso Pinochet ha subsistido y es el modelo que hoy día nos tiene en las circunstancias que recién describo (agregó tras referirse al Chile actual). ¿Cuál es la solución? yo tampoco lo sé", afirmó. El actor García Bernal, por su parte, contó a la prensa que participar en este filme le sirvió para darse cuenta "del profundo dolor que causó la dictadura. Eso no es lo raro, pero es de lo que me di cuenta". 30 Y recordó ese golpe "tan fuerte que fue la dictadura y cómo dejó a muchas personas profundamente atemorizadas, y cómo las personas, no solo los chilenos sino de otras partes de Latinoamérica también, tratan como de redimirse con el hecho de que todavía están vivos". García Bernal vinculó esta reflexión con la etapa electoral que vive su propio país: "Todo lo que estoy diciendo aquí tiene también una referencia con México (...) la gente está aterrorizada, atemorizada, y vivimos en un estado de sitio", aseguró antes de aludir a la eventualidad de una victoria del PRI. Y recordó que, en el filme sobre el "no" que los chilenos dieron a Pinochet, "la gente habla de que tiene miedo de ir a votar y de por qué los que estaban en el poder se sentían confiados en que iban a ganar". http://noticias.lainformacion.com/arte-cultura-y-espectaculos/cine/cannes-ovaciona-no-el-dramasobre-el-referendum-que-saco-a-pinochet_vYHRp1DNPH6jMam9EKWBK6/ © Wild Bunch Distribution Dossier composé par Maud Rossi - Atelier CANOPE Vannes 31