Résumé en PDF - Société Préhistorique française

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Résumé en PDF - Société Préhistorique française
Coordination :
Pierre Bodu
(CNRS - UMR 70 41 – ARSCAN)
Lucie Chehmana
(Université Paris 1- CNRS - UMR 70 41 – ARSCAN)
Gaëlle Dumarcay
(UMR 70 41 – ARSCAN)
Laurent Klaric
(CNRS - UMR 70 55 – PRETECH)
Ludovic Mevel
(Université Paris 10 - CNRS - UMR 70 55 – PRETECH)
Caroline Peschaux
(Université Paris 1- CNRS - UMR 70 41 – ARSCAN)
Sylvain Soriano
(CNRS - UMR 70 41 – ARSCAN)
Nicolas Teyssandier
(CNRS - UMR 56 08 - TRACES)
Président d’honneur :
Béatrice Schmider
Comité Scientifique :
François Bon
Maître de conférence, Université de Toulouse Equipe Traces - UMR 5608- CNRS
Monique Olive
Chargé de recherche 1ère classe, Directrice de l’Equipe d’ethnologie
préhistorique - UMR 7041-CNRS
Jacques Pelegrin
Directeur de recherche, Equipe Préhistoire et Technologie - UMR 7055 -CNRS
Gilbert Pion
Président de la Société préhistorique française
Renseignements:
[email protected]
Programme des communications
Mercredi 15 avril 2009
13 h 30 / 17 h 45
13h30-14h30
Lydwine Saulnier-Pernuit, Monique Olive, Gilbert Pion, Jacques Pelegrin
— Introduction de la séance —
Le Paléolithique supérieur ancien du Bassin parisien.
État des connaissances
Président de séance : DENISE LEESCH
14h30-15h00
Un historique des recherches sur le Paléolithique
supérieur ancien du Bassin parisien
Pierre BODU
15h00-15h30
L’impact des facteurs taphonomiques sur la connaissance du
Paléolithique supérieur ancien du Bassin parisien
Sylvain SORIANO
15h30-16h00
Le Châtelperronien du nord de la France
Nelly CONNET
16h00-16h30
-Pause-
16h30-17h00
L'Aurignacien et les faciès à pièces carénées entre Yonne et Yvelines
Pierre BODU, François BON, Nicolas TEYSSANDIER, Clément PARIS
17h00-17h45
Les industries osseuses du Paléolithique supérieur ancien
dans le Bassin parisien
Nejma GOUTAS, Michèle JULIEN, Jean-Marc PETILLON
Jeudi 16 avril 2009
9 h – 12 h 30 / 14h 30 – 18 h
Le Paléolithique supérieur ancien du Bassin parisien.
État des connaissances (suite)
Président de séance : STEPHAN HINGUANT
9h00-9h30
Peut-on dresser un cadre chrono-culturel fiable
pour le Gravettien du Bassin parisien ?
Laurent KLARIC
9h30-10h00
De la fin du Solutréen au début du Magdalénien moyen : nouvel état des
connaissances pour la moitié nord de la France
Lucie CHEHMANA
10h00-10h30
Les débuts du Paléolithique supérieur dans le Bassin parisien : nouveaux
acquis, nouvelles problématiques et nouveaux terrains
Ludovic MEVEL
10h30-11h00
-Pause-
Le Paléolithique supérieur ancien des régions limitrophes
11h00-11h30
Le Paléolithique supérieur ancien en Bourgogne du sud
Harald FLOSS, Christian HOYER, Ewa DUTKIEWICZ
11h30-12h00
Le Paléolithique supérieur ancien aux marges méridionales du Bassin
parisien : les apports du site stratifié de plein-air
de La Croix de Bagneux à Mareuil-sur-Cher (41)
Fiona KILDEA, Sylvain GRISELIN, Laurent LANG, Bénédicte SOUFFI,
Farid SELLAMI, Gaëlle DUMARÇAY, Nicolas HOLZEM
12h00-12h30
Nouvelles données sur le contexte pédo-sédimentaire et l'exploitation des
ressources lithiques et animales du bassin versant de la Creuse au
Paléolithique supérieur ancien
Thierry AUBRY, Miguel ALMEIDA, François-Xavier CHAUVIERE, Laure
FONTANA, Morgane LIARD, Maria João NEVES, Bertrand WALTER
12h30-14h30
-Pause déjeunerPrésident de séance : BORIS VALENTIN
14h30-15h00
Du Châtelperronien au Solutréen dans le Massif central :
peuplement, économie et mobilité
Laure FONTANA, Mahaut DIGAN, Thierry AUBRY, François-Xavier
CHAUVIERE, Javier MANGADO LLACH, René LIABEUF
15h00-15h30
Discussion sur le faciès évolué du Châtelperronien à partir de l’analyse
des séries lithiques des Cottés (Saint-Pierre-de-Maillé, Vienne) et de la
Grande Roche de la Plématrie (Quinçay, Vienne)
Morgan ROUSSEL, Marie SORESSI
15h30-16h00
Le Paléolithique supérieur dans le massif armoricain :
un état de la question
Stephan HINGUANT, Jean-Laurent MONNIER
16h00-16h30
-Pause-
16h30-17h00
Le Paléolithique supérieur ancien de la vallée de l'Erve (Mayenne) :
un état des connaissances
Stephan HINGUANT, Miguel BIARD
17h00-17h30
L’Ouest : carrefour ou périphérie ? Observations sur l’art pariétal et
mobilier du Paléolithique supérieur ancien du Massif armoricain et de ses
relations possibles avec d’autres « provinces » artistiques
Romain PIGEAUD
17h30-18h00
Epouville / La briqueterie Dupray (Seine-Maritime, France) : évolution
taphonomique du site et analyse technologique de l'industrie lithique du
Paléolithique supérieur ancien
Caroline GUETTE-MARSAC
Vendredi 17 avril 2009
9 h – 12 h 30, 14 h 30 – 19 h
Le Paléolithique supérieur ancien des régions limitrophes
Président de séance : PIERRE NOIRET
9h00-9h30
Le Paléolithique supérieur ancien dans le nord de la France
Jean-Pierre FAGNART, Paule COUDRET et Pierre ANTOINE
9h30-10h00
Quid de l’Aurignacien entre les Vosges et l’Ardenne-Eifel ?
Laurent BROU, Foni LE BRUN-RICALENS, Hartwig LÖHR,
Pierre ZIESAIRE, Marc GRIETTE
10h00-10h30
Le Paléolithique supérieur ancien dans le quart nord-est de la France :
environnement, chronologie & faciès culturels
Christophe CUPILLARD
10h30-11h00
-Pause-
Le Paléolithique supérieur ancien des pays d’Europe du nord-ouest
limitrophes
11h00-11h30
Le massif du Jura et le Plateau suisse pendant le Paléolithique supérieur
ancien: paléoenvironnement et indices d'occupation humaine
Denise LEESCH, Jérôme BULLINGER
11h30-12h00
Les industries à pointes foliacées du Paléolithique supérieur ancien dans
le Nord-Ouest de l’Europe : le Lincombien-Ranisien-Jerzmanowicien
Damien FLAS
12h00-12h30
The Paviland burin and the Aurignacian of Britain
Rob DINNIS
12h30-14h30
-Pause déjeuner-
Président de séance : FIONA KILDEA
14h30-15h00
L’avènement des Hommes modernes en Belgique
Marcel OTTE, Pierre NOIRET
15h00-15h30
Les précurseurs de l’art aurignacien
GERHARD BOSINSKI
15h30-16h00
Au lendemain du dernier maximum glaciaire entre Rhin et Danube
THOMAS TERBERGER, PHILLIP WOERZ, JORDI SERANGELI
16h00-16h30
-Pause-
16h30-17h00
Emergence et développement de l’Aurignacien dans le contexte de la dite
transition du Paléolithique moyen au Paléolithique supérieur en Europe
NICOLAS TEYSSANDIER
17h00-17h30
Derniers néandertaliens et premiers hommes modernes en Europe.
JEAN-JACQUES HUBLIN
17h30-18h00
New research on the Early Upper Palaeolithic in Central Europe:
excavations in Willendorf II, Austria - 2006 & 2007
PHILIP R. NIGST, THOMAS BENCE VIOLA, PAUL HAESAERTS, FREDDY
DAMBLON, CHRISTA FRANK, CAROLINA MALLOL, LAURA NIVEN, JEANJACQUES HUBLIN, GERHARD TRNKA
18h00-18h30
Les nouvelles données sur le Szélétien en Pologne
DARIUSZ BOBAK, MARTA POLTOWICZ-BOBAK
18h30-19h00
Clôture du colloque
Samedi 18 avril 2009
Excursion à Arcy-sur-Cure
Résumés des Communications
Un historique des recherches sur le Paléolithique supérieur ancien
du Bassin parisien
Pierre BODU
Se lancer dans un historique des recherches sur le Paléolithique supérieur ancien du
Bassin parisien, nécessite de prendre en compte une multitude de sources
d’informations, qu’il s’agisse de véritables synthèses comme celles réalisées par
Béatrice Schmider et ses collègues sur le Paléolithique supérieur d’Ile-de-France
(Schmider, 1971 ; Schmider et Roblin-Jouve, 2008), ou encore les travaux d’Augusta
Hure sur la préhistoire du Sénonais (Hure, 1913 ; 1915), mais aussi les recherches
plus ponctuelles de l’Abbé Parat dans les grottes d’Arcy-sur-Cure et de Saint-Moré
(Parat,1904), les investigations de Joffroy et Mouton en Côte d’Or ou dans la Marne
(Mouton et Joffroy, 1957) ou celles des nombreux amateurs éclairés qui ont « fouillé »
les gisements de la vallée du Loing (Seine-et-Marne) de la fin du 19ème siècle
jusqu’au milieu du 20ème siècle (Cheynier, 1956 ; 1962 ; Daniel, 1937 ; 1953 ; Daniel
et Grenet, 1953 ; Delarue et Vignard, 1963).
Le travail de ces grands précurseurs a ainsi montré l’importance et la diversité de
l’occupation du Bassin parisien au cours du Paléolithique supérieur, notamment lors
des phases anciennes (Aurignacien, Gravettien) mais jusqu’au tout début du 21ème
siècle, aucune véritable vision d’ensemble n’était accessible sans doute parce que la
longue durée de la période ainsi que l’ampleur du territoire concernés, rendaient peu
aisé cet exercice. L’absence de calages chronologiques fiables la plupart du temps,
l’existence « apparente » de hiatus dans l’occupation (notamment au Solutréen) et la
dispersion dans le temps et dans l’espace des recherches ont conduit à un
morcellement de l’information, que nous avons tenté de réunir dans le cadre d’un projet
collectif de recherche intitulé « Le Paléolithique supérieur ancien au centre et au sud
du Bassin Parisien : des techniques aux comportements » (1999-2005).
Nous rappellerons ici les résultats que nos prédécesseurs ont acquis, montrant ainsi
que quasiment dès le début des recherches en préhistoire le Bassin parisien, n’avait
rien à envier à des territoires plus favorisés comme la vallée de la Dordogne ou les
Pyrénées.
Bibliographie
Cheynier A. (1956) - Les Gros-Monts à Nemours (Seine-et-Marne). XV° C.P.F.,
Poitiers-Angoulême, p.344-365.
Cheynier A. (1962) - Le Cirque de la Patrie à Nemours (Seine-et-Marne). Mémoires de
la Société Préhistorique Française, Tome 6°, 195 p.
Daniel R. (1937) - Similitude de l’industrie Paléolithique du Cirque de la Patrie près de
Nemours avec celle du niveau de base de Laugerie-Haute, Périgordien III, Bulletin de
la Société Préhistorique Française, tome 34, n° 7-8 , p. 338-344.
Daniel M. et R. (1953) - Fouilles Préhistoriques aux Gros-Mont, gisement du rocher.
Bulletin de la Société des Naturalistes de la Vallée du Loing, Fasc. 3.
Daniel R. et Grenet A. (1929) - L’atelier lithique Aurignacien du « Cirque de la Patrie »
(Bois de la vallée des Châtaigniers) près de Nemours, Seine-et-Marne. Bulletin de la
Société des Naturalistes de la Vallée du Loing, Fasc. 3-4., p.77-81.
Delarue R. et Vignard E. (1963) - Le Périgordien-Gravettien du Bois des Chênes dans
les Gros-Monts de Nemours (Seine-et-Marne). Bulletin de la Société Préhistorique
Française, Tome 60, n° 5-6, p. 340-351.
Hure A. (1913) - L’Abri de Malay-le-Petit et l’Abri du Rocher. L’Homme à l’époque du
renne et ses abris dans les environs de Sens (suite). Bulletin de la Société des
Sciences Historiques et Naturelles de l’Yonne, 69, p. 1-18.
Hure A. (1915) - L’Abri de Malay-le-Petit et l’Abri du Rocher. Bulletin de la Société des
Sciences Historiques et Naturelles de l’Yonne, 69, p. 1-135.
Mouton P, Joffroy R. (1957) - Le Poron-des-Cuèches (Côte d’Or). L’Anthropologie, 61,
n° 1-2, 27 p., 9 fig.
Parat A. (1904) - Les grottes de la vallée de l’Yonne. XXXVI. La grotte de la Roche-auLoup et les grottes de Merry-sur-Yonne, Brosses, Chatel-Censoir, Crain, Festigny,
ème
Druyes. Bulletin de la Société des Sciences historiques et naturelles de l’Yonne, 2
sem., 68 p., 1 pl.
Schmider B. (1971) - Les industries du Paléolithique Supérieur en Ile-de-France. 6°
Suppl. à Gallia Préhistoire, Ed. du CNRS, 1971, 243 p.
Schmider B. et Roblin-Jouve A. (2008) - Le massif de fontainebleau au Paléolithique
supérieur. Les grands sites d’habitat préhistorique, évolutions des cultures et des
paysages. Liège, ERAUL 120, 65 p.
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ère
Chargé de recherche 1 classe, Equipe Ethnologie préhistorique-UMR 7041-CNRS- MAE, 21
allée de l’Université. 92023. Nanterre cedex. [email protected]
-
-
Micro-lamelles à dos du site badegoulien de
Oisy (Nièvre-France). (Dessins D.Molez)
André-Leroi-Gourhan à Arcy-sur-Cure
Fond de carte du Bassin parisien
Fossile lutétien du gisement gravettien
d’Ormesson
(Seine-et-Marne-France).
(Cl.M.Vanhaeren)
L’Abbé Parat à Arcy-sur-Cure
Coupe stratigraphique du remplissage
sédimentaire de la grotte du Trilobite à Arcysur-Cure (Document T.Poulain d’après l’abbé
Parat)
L’impact des facteurs taphonomiques sur la connaissance du Paléolithique
supérieur ancien du Bassin parisien
Sylvain SORIANO
Chercher à estimer l'écart entre les vestiges que les hommes du passé ont
abandonné, témoins de leurs activités, et ce qui nous en est parvenu est une
préoccupation partagée par tous les archéologues. Les divers filtres, qu'ils soient liés
aux processus naturels et géologiques mis en jeu depuis l'abandon des vestiges ou
encore à nos propres démarches d'investigation, contribuent à tronquer les données
originelles. Se dessine en arrière plan la question de la représentativité des données
qui nous sont accessibles.
Ce que je propose ici, est une interrogation de portée taphonomique sur les données
collectées dans le cadre du Programme Collectif de Recherche sur le Paléolithique
supérieur ancien du Bassin parisien. On ne peut en effet considérer à priori que les
données dont nous disposons renvoient une image fidèle et proportionnée du
peuplement de la région pendant cette période. Ce serait admettre implicitement que
les filtres ont agi de façon homogène, tant spatialement que chronologiquement.
Cette interrogation est d'autant plus justifiée qu'il a généralement été considéré que le
peuplement du Bassin parisien pendant les phases anciennes du Paléolithique
supérieur était discontinu et inféodé à des oscillations climatiques favorables (p. ex.
Schmider 1990). Une telle interprétation revient à admettre de facto que les hiatus
d'occupation sont bien réels et non la conséquence de facteurs taphonomiques.
Je mettrai donc à profit des comparaisons avec le Paléolithique moyen du Nord-Ouest
européen pour montrer qu'à une période déterminée peuvent parfois être associées
des fenêtres de conservation très étroites propres à la nature, la dynamique et
l'extension des dépôts sédimentaires à même de fossiliser les occupations.
Une comparaison du contexte géomorphologique des occupations du Paléolithique
supérieur ancien du Bassin de la Seine avec celles du Magdalénien supérieur, référent
par le nombre et la qualités des sites connus, met en évidence des différences
significatives entre ces deux périodes. Une discussion sur cette base souligne les
probables déformations taphonomiques des enregistrements archéologiques pour le
Paléolithique supérieur ancien liées aux variations des dynamiques sédimentaires
globales et régionales.
A ces facteurs intrinsèques, propres à l'enregistrement archéologique, peuvent aussi
se superposer des facteurs extrinsèques, liés à nos méthodes de recherche et
d'acquisition des données. L'hétérogénéité géographique des sources d'information
mises en œuvre (fouilles, prospections, musées) paraît ainsi avoir contribué à une
représentation spatiale des données fortement biaisée.
Schmider B. (1990) - The Last Pleniglacial in the Paris Basin (22.500-17.000 BP). In :
O. Soffer, C. Gamble, eds., The world at 18.000 BP. Vol. 1, High latitudes. London :
Hunwin Hyman, p. 41-53,.
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UMR 7041 ArScAn
Anthropologie des Techniques, des Espaces et des Territoires au Pliocène et
Pléistocène
Maison de l'archéologie et de l'Ethnologie
21 allée de l'université
F-92023 Nanterre cedex
[email protected]
Le Châtelperronien dans la moitié nord de la France : une identité particulière ?
Nelly CONNET
La plus forte densité de sites châtelperroniens est observée au sud-ouest et à l’ouest
du Massif central et jusqu’au nord de la péninsule ibérique. Toutefois, dans son
développement maximal, le Châtelperronien atteint, avec les sites d’Arcy-sur-Cure et
de la Roche-au-Loup (Yonne), les marges sud du Bassin parisien. En l’état des
données, c’est dans son extension septentrionale que l’on en observe les plus
récentes manifestations. C’est également dans cette portion septentrionale que la
production de parure et d’outillage en os sont les plus développés. Doit-on interpréter
ces faits comme l’expression de l’existence d’un zone refuge de « châtelperroniens »
ayant fuit les premiers aurignaciens ? Dans un tel scénario, s’installent-ils dans un
espace non habité ? Que se passe-il plus au nord et à l’est ? Où sont alors les
aurignaciens ?
La longue séquence châtelperronienne d’Arcy-sur-Cure permet une lecture
diachronique qui révèle des changements techniques et d’orientations des
approvisionnements lithiques. Qu’apportent ces informations à la question de
l’expansion et du devenir des Châtelperroniens ? Enfin, par une mise en perspective
plus globale du Châtelperronien avec les données les plus récentes, quelles réflexions
peut-on engager sur le peuplement de la moitié nord de l’Europe occidentale à l’aube
du Paléolithique supérieur ?
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INRAP-Laboratoire anthropologie des techniques des espaces et des territoires au Pléistocènes
(ANTET) UMR 7041-CNRS-MAE, 21 allée de l’Université. 92023. Nanterre cedex.
[email protected]
Pointe de Châtelperron de la Grotte du renne - Arcy-sur-Cure Fouilles A.Leroi-Gourhan (dessin V.Lhomme)
L'Aurignacien et les faciès à pièces carénées entre Yonne et Yvelines
Pierre BODU*, Nicolas TEYSSANDIER**, Clément PARIS***
L’Aurignacien du Centre et du sud du Bassin parisien se limitait, il y a peu, aux
fameuses cavités d’Arcy-sur-Cure dans l’Yonne (La Grotte du Renne ; Schmider (dir.),
2002) et à un gisement des Yvelines, le site d’Herbeville, connu dans un premier temps
par des ramassages de surface (Simon et Soulier, 1975) et fouillé plus récemment
dans le cadre de l’archéologie préventive (Gouedo et al., 1996).
La faiblesse de cette implantation était d’autant plus curieuse que tout autour de la
vaste entité géographique qu’est le Bassin parisien, des régions, voire des pays
proches témoignent d’une forte occupation aurignacienne (Charente, sud de la
Bourgogne, Allemagne, Belgique). Comment alors ne pas penser que ces deux sites
du Bassin parisien n’étaient que la « partie immergée » d’une fréquentation
aurignacienne beaucoup plus intense dont peu de vestiges avaient été jusqu’à présent
découverts ?
Cette réflexion nous a conduit, dans le cadre du projet collectif de recherche « Le
Paléolithique supérieur ancien au centre et au sud du Bassin parisien », à rechercher
d’autres indices de la présence aurignacienne dans ce vaste territoire. Cependant, en
traquant l’Aurignacien, nous avons été amenés à découvrir des ensembles lithiques à
pièces carénées dont le contexte chronostratigraphique incertain voire inexistant, a
rendu délicate toute attribution culturelle. On sait en effet désormais que les pièces
carénées connaissent un nouvel essor au Magdalénien ancien et moyen et qu’elles ne
sont plus à elles seules suffisamment diagnostiques pour l’attribution d’un ensemble à
l’Aurignacien. Pour ces ensembles, deux termes d’attente peuvent être alors proposés,
celui de faciès à pièces carénées ou celui d’Aurignacoïde, sans que cela implique une
quelconque attribution chronologique.
Dans les Yvelines, autour du gisement d’Herbeville, de nouvelles découvertes de
pièces carénées notamment témoignent de la richesse et de la diversité des
implantations aurignacoïdes en Ile-de-France. Dans l’Yonne, le nord du département a
livré 4 nouveaux sites à proximité du gisement de Lailly (région de Sens), fouillé lors
des travaux préparatoires à la construction de l’autoroute A5 (Bodu, 2005 ; Bodu et al.,
1999).
Ces nouveaux indices qui corroborent l’existence de véritables territoires
aurignacoïdes complétés par des découvertes plus sporadiques dans d’autres parties
du centre et du sud du Bassin parisien, montrent que des fabricants de pièces carénés
(burins comme grattoirs), ont plus fréquemment traversé le territoire concerné que ce
que nous envisagions avant le début des années 2000.
Nous présenterons ici l’état de la recherche sur le véritable Aurignacien du centre et du
sud du Bassin parisien, tout en posant la question de l’attribution chrono-culturelle des
nouveaux ensembles lithiques découverts.
Bibliographie :
Bodu, P. (2005) - Le gisement de Lailly (Yonne), Une chaîne opératoire inédite au
Paléolithique supérieur ? ou un procédé de fabrication d’éclats supports pour nucléus à
lamelles (grattoirs carénés) au sud du Bassin parisien. Productions lamellaires
attribuées à l’Aurignacien : Chaînes opératoires et perspectives techno-culturelles.
XIVème congrès de l’UISPP, Liège 2-8 septembre 2001. Archéologiques 1.
Luxembourg, 2005. pp. 297-310.
Bodu, P, Deloze V., Krier V., Locht J.L, Depaepe P, Teheux E. (1999) - Le
Paléolithique supérieur de la vallée de la Vanne. Le gisement de Lailly /Le domaine de
Beauregard (Yonne). in Julien (M.), Rieu (J.-L.) dir. - Occupations du Paléolithique
supérieur dans le sud-est du Bassin parisien.. Paris : MSH, 1999, (DAF; 78), pp. 162 195.
Gouédo, J.M., Lécolle, F., Drwila, G., Deguillaume, S., Frénée, E., Leroyer, C.,
Limondin, N., Barrois, B. (1996) - Le gisement aurignacien de plein air d’Herbeville - Le
Murger (Yvelines). Bilan des fouilles, 1991-1992. L’Anthropologie, 100, pp. 15-41, 17
fig. 2 tabl.
Schmider, B., (dir.) (2002) - L'Aurignacien de la grotte du Renne. Les fouilles d'André
Leroi-Gourhan à Arcy-sur-Cure (Yonne), Paris, CNRS Editions, XXXIVe suppl. à Gallia
Préhistoire, 309 p.
Simon, P., Soulier, P. (1975) - Une industrie du Paléolithique supérieur à Herbeville
Yvelines, Lieu -dit « Le Murger » - récolte de surface. Cahiers du Centre de
Recherches Préhistoriques. Université de Paris I. vol. 4, pp. 15-25, 3 fig.
_____________________________________________________________________
ère
* Chargé de recherche 1 classe, Equipe Ethnologie préhistorique-UMR 7041-CNRS- MAE, 21
allée de l’Université. 92023. Nanterre cedex. [email protected]
** UMR 5608 – TRACES - Université Toulouse Le Mirail Maison de la Recherche F-31058
Toulouse cedex 9 [email protected]
***Etudiant (Master 2), Université de Paris 1, 3 rue Michelet. 75006. Paris. [email protected]
Les industries osseuses du Paléolithique supérieur ancien
dans le Bassin parisien
Nejma GOUTAS*, Michèle JULIEN**, Jean-Marc PETILLON***,
Marian VANHAEREN**
Le Bassin parisien est connu comme une région pauvre en industries osseuses
paléolithiques, notamment en raison de conditions peu propices à la conservation des
matières dures animales. Au sein de cet ensemble, la vallée de la Cure fait figure
d’exception : les cavités d’Arcy-sur-Cure et de Saint-Moré ont conservé des séries
d’industrie osseuse couvrant une grande partie du Paléolithique supérieur ancien, du
Châtelperronien aux premières phases du Magdalénien en passant par l’Aurignacien et
le Gravettien. Ce matériel provient tant de fouilles anciennes (en particulier les fouilles
de l’abbé Parat dans la grotte du Trilobite) que de fouilles conduites selon des
standards modernes (fouilles d’André Leroi-Gourhan dans la grotte du Renne). Nous
présentons ici une révision des connaissances concernant ces industries – enrichie,
pour le Magdalénien moyen, de comparaisons avec d’autres séries de la partie
orientale du Bassin parisien.
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* UMR 7041 ArScAn, ethnologie préhistorique
Maison de l’archéologie et de l’ethnologie
21 allée de l’université, 92023 Nanterre cedex
[email protected]
** UMR 7041 ArScAn, ethnologie préhistorique
Maison de l’archéologie et de l’ethnologie
21 allée de l’université, 92023 Nanterre cedex
[email protected]
[email protected]
*** UMR 5608 TRACES
Université Toulouse le Mirail, maison de la recherche
5 allées Antonio Machado, 31058 Toulouse cedex 9
[email protected]
pièces d’industrie osseuse de la grotte du Trilobite (Arcy-sur-Cure, Yonne).
1 : Aurignacien (pointe à base fendue). 2 : Gravettien. 3 : Magdalénien moyen (pointe
de Lussac-Angles). Fouilles A. Parat, musée d’Avallon.
Peut-on dresser un cadre chrono-culturel fiable pour le
Gravettien du Bassin parisien ?
Laurent KLARIC
Les occupations du Paléolithique supérieur ancien du Bassin parisien ont intéressé
plusieurs générations de chercheurs. Ces dernières se retrouvèrent cependant souvent
en marge des grandes dynamiques de la recherche en Préhistoire, celles-ci se
concentrant essentiellement sur le Sud-Ouest de la France et les grandes
stratigraphies du Périgord. C’est d’ailleurs la région à partir de laquelle furent
proposées la chronologie du Paléolithique supérieur que nous connaissons. Ce constat
ne doit pas occulter les nombreux travaux sur le Paléolithique supérieur ancien du
Bassin parisien et plus particulièrement sur le Gravettien. Débutés dès la fin du XIX°
siècle, ils n’ont cessé de se développer durant le XX° siècle. Les résultats des
recensions et des études conduites ces dernières années (2000-2005) dans le cadre
du PCR « Le Paléolithique supérieur ancien au centre et au sud du Bassin parisien »
(coordination P. Bodu) nous amènent à proposer un état des lieux du cadre chronoculturel du Gravettien pour le Bassin parisien.
Trois pôles très denses en occupations ont fait l’objet d’une attention toute particulière :
la vallée du Loing (en Seine-et-Marne), la vallée de l’Yonne en général et celle de la
Vanne (dans l’Yonne). Par ailleurs, certains départements comme le Val-de-Marne,
l’Essonne, le Loiret, l’Aube et la Nièvre ont livré de discrets témoignages
vraisemblablement gravettiens que nous avons aussi pris en compte dans nos travaux.
Durant les cinq ans d’exercice du PCR, nous avons recensé plus de 25 sites rapportés
de manière plus ou moins fiable au Gravettien sur l’ensemble de ces départements.
Notons que ces sites comptent parfois plusieurs stations ou plusieurs couches ce qui
représente largement plus de 25 séries lithiques. Ajoutons que les départements de
l’Indre-et-Loire, du Cher et de la Haute-Loire ont été considérés comme des zones
périphériques lointaines mais qui nous ont permis d’apporter des éléments non
négligeables à l’enrichissement des connaissances sur le Gravettien du Bassin
parisien.
Les principaux apports de nos travaux sont le reflet de différentes échelles d’analyse
des industries lithiques. Nous avons parfois seulement diagnostiqué certaines d’entre
elles (Rozay, Mons-Ivry, Hault-le-Roc, Belle Fontaine, Malay-le-Petit, Chamvres, etc.)
en nous contentant de mettre en lueur certaines questions à approfondir ou problèmes
à clarifier. En revanche, d’autres ont fait l’objet d’études technologiques plus
complètes. On peut ainsi mentionner : Le Cirque de la Patrie « habitat central », La
Grotte du Renne (couche IV, V et VI), Chevroches et La Picardie, par exemple.
Certains de ces gisements n’appartiennent pas directement à notre aire d’étude (la
Picardie notamment), mais ces derniers ont été privilégiés car ils permettaient de
documenter dans le détail une ou plusieurs phases susceptibles d’être présentes dans
notre aire d’étude sous la forme de composantes plus limitées et donc moins aisément
reconnaissables et caractérisables.
Notre objectif en suivant une telle démarche était d’établir des bases solides fondées
sur des données relativement sûres tout en hiérarchisant les informations secondaires
(les plus délicates et/ou les moins fiables). En proposant une rapide synthèse de la
documentation existante, nous essaierons donc de tirer un bilan de ces cinq années de
travaux au sein du PCR pour tenter de répondre à cette question : peut-on dresser un
cadre chrono-culturel fiable pour le Gravettien du Bassin parisien ?
_____________________________________________________________________
nde
Chargé de recherche 2
classe, Equipe Préhistoire et technologie -UMR 7055-CNRS. MAE,
21 allée de l’Université. 92023. Nanterre cedex.
[email protected]
De la fin du Solutréen au début du Magdalénien moyen : nouvel état des
connaissances pour la moitié nord de la France
Lucie CHEHMANA
Entre la fin de la culture solutréenne et l’apparition de celle correspondant à la phase
moyenne du Magdalénien, au moins cinq millénaires se sont écoulés. Durant cette
longue période, les conditions environnementales et climatiques étaient semble-t-il
particulièrement rigoureuses et probablement instables. C’est à cette époque que les
glaciers connaîtront une des extensions les plus importantes de la dernière période
glaciaire. Les hommes qui l’ont traversé abandonneront, certes, un savoir faire
exceptionnel, comme l’usage de la retouche couvrante obtenue par pression, mais
développeront en contrepartie de nouvelles formes de production, comme celles des
éclats. Ils feront preuve également d’une grande créativité, en innovant, notamment
dans le domaine de la production (cf. figure) des armatures lithiques. Certains des
schémas de débitage qui furent inventés à cette époque, présentent de nombreuses
originalités, comme celui d’«Orville» par exemple, ou encore celui récemment identifié,
que l’on a qualifié de «Bertonne». Après avoir exposé ce qui fait la spécificité de ce
dernier, nous insisterons sur les nombreux points communs qu’il partage avec celui
d’«Orville», tant au niveau du processus opératoire que des objectifs qu’ils permettent
d’atteindre. Nos analyses suggèrent une véritable parenté entre ces deux méthodes et
ouvrent la voie à d’autres réflexions. Nous discuterons de leur possible rapprochement
chronologique mais aussi de l’hypothèse qui consisterait à voir en chacune de ces
deux méthodes une étape évolutive d’une même conception originale du débitage
lamellaire.
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Université de Paris I
UMR 7041 ArScAn, ethnologie préhistorique
Maison de l’archéologie et de l’ethnologie
21 allée de l’université, 92023 Nanterre cedex
[email protected]
Illustration de la diversité des méthodes de production de lamelles conçues
durant cette période du Dernier Maximum Glaciaire
Les débuts du Paléolithique supérieur dans le Bassin parisien : nouveaux
acquis, nouvelles problématiques, nouveaux terrains.
Ludovic MEVEL
Les travaux menés dans le cadre du projet collectif de recherche sur le Paléolithique
supérieur ancien du Bassin parisien, au cours de ses sept années de fonctionnement,
ont très nettement contribué à renouveler notre perception des peuplements
préhistoriques depuis le Châtelperronien jusqu’au début du Magdalénien. D’abord axés
sur le réexamen des niveaux en stratigraphie de la grotte du Renne à Arcy-sur-Cure
fouillée par le Professeur Leroi-Gourhan (Leroi-Gourhan, 1961), les premiers résultats
ont permis la clarification de la chronologie de l’évolution des traditions culturelles au
sein de cette aire géographique, par le biais des approches techno-économiques des
industries lithiques (Bon et Bodu, 2001 in Schmider (dir.), Connet, 2002 ; Klaric, 2003).
La recherche de collections de comparaison au sein de la zone d’étude a ensuite
permis d’enrichir cette première base de connaissances, en mettant en avant la
présence de faciès jusque-là méconnus dans la région. Au total, ce sont une
quarantaine de séries archéologiques qui ont pu être documentées, dont près de la
moitié était jusqu’alors inédite. La variabilité des faciès aurignacoïdes à pièces
carénées est, en ce sens, un exemple du potentiel archéologique de la région (Bodu et
al., 2004 ; Teyssandier et Pruvost, 2004). Ce réexamen critique a également profité
d’opérations de terrains qui ont notamment permis de préciser le contexte d’apparition
du Magdalénien au sud-est de la zone géographique étudiée (Bodu, Debout et
Taborin, 2005 ; Bodu et al., 2007).
Si les études déjà accomplies restent novatrices, elles n’esquissent cependant qu’un
premier aperçu des peuplements des débuts du Paléolithique supérieur.
L’enrichissement des données acquises restent donc un objectif prioritaire de nos
travaux.
Cette communication propose de dresser un rapide bilan des résultats obtenu, en
soulignant les problèmes et les limites actuelles de nos travaux. Surtout, nous nous
attellerons à dresser les nouvelles perspectives de recherches que ces sept années de
fonctionnement du PCR ont contribué à formaliser.
Bibliographie
Bodu P. et al. 2004 : Le site « Les Closeaux » à Nesles-la-Vallée (Val d’Oise). Un site
à grattoirs carénés épais en Ile-de-France in Bodu P., Chehmana L., Teyssandier N.
(dir.) Le Paléolithique supérieur ancien au centre et au sud du Bassin parisien : des
systèmes techniques aux comportements, rapport PCR, pages 33-41
Bodu P., Debout G. et Taborin Y. 2005 : De la parure chez les Badegouliens du Bassin
parisien. Le cas du site de Oisy dans la Nièvre. In Dujardin V. (dir.), Industrie osseuse
et parures du Solutréen au Magdalénien en Europe, table ronde sur le Paléolithique
supérieur récent, Angoulême 28-30 mars 2003, Mémoire de la Société Préhistorique
Française, 39, pages 87-100
Bodu P., Chehmana L., Debout G. 2007 : Le Badegoulien de la moitié nord de la
France. Un état des connaissances, Bulletin de la Société préhistorique française,
tome 104, n°4, pages 661-680
Connet N. 2002 : Le Châtelperronien : réflexions sur l’unité et l’identité technoéconomique de l’industrie lithique : l’apport de l’analyse diachronique des industries
lithiques des couches châtelperroniennes de la Grotte du Renne à Arcy-sur-Cure
(Yonne). Thèse de doctorat de l’Université des Sciences et Technologie de Lille. 446
p., 79 fig.
Klaric L. 2003 : L'unité technique des industries à burins du Raysse dans leur contexte
diachronique. Réflexions sur la diversité culturelle au Gravettien à partir des données
de La Picardie, d'Arcy-sur-Cure, de Brassempoy et du Cique de la Patrie. Thèse de
doctorat en Préhistoire, Université de Paris I, 2003.
Schmider B. (dir.) 2001 : L’Aurignacien de la Grotte du Renne Les fouilles d’André
Leroi-Gourhan. à Arcy-sur-Cure (Yonne). XXXIV° Supp l . Gallia-Préhistoire. 309 p
Teyssandier N. et Pruvost P. 2003 : Nouvelles données sur le site de Lommoye et
réflexions sur les industries aurignacoïdes du Nord-ouest du Bassin parisien in Bodu
P., Chehmana L., Teyssandier N. (dir.) Le Paléolithique supérieur ancien au centre et
au sud du Bassin parisien : des systèmes techniques aux comportements, rapport
PCR, pages 42-51
_____________________________________________________________________
Université Paris 10 – Nanterre
UMR 7055 – laboratoire de Préhistoire & Technologie
Maison de l’archéologie et de l’ethnologie
21, allée de l’université
92023 Nanterre cedex
[email protected]
Le Paléolithique supérieur ancien en Bourgogne du sud
Harald FLOSS*, Christian HOYER**, Ewa DUTKIEWICZ ***
Ce que nous appelons Bourgogne du sud est cette région située entre Saône et Loire
au sud de la Bourgogne, des marges du Beaujolais jusqu’à la limite sud de la Côted’Or. Depuis les travaux d’Adrien Arcelin, Henri de Ferry et l’abbé Ducrost, dans le
dernier tiers du XIXe siècle, sur le site éponyme de Solutré, cette région a joué un rôle
fort important pour la recherche sur une époque qu’on appelle aujourd’hui le
Paléolithique supérieur. À Solutré, les travaux de l’abbé Breuil, au début du XXe siècle,
ont contribué à définir la position chronologique de l’Aurignacien, comme phénomène
majeur du Paléolithique supérieur ancien. Par la suite, les travaux se sont multipliés et,
à côté de Solutré, d’autres sites ont participé au débat sur l’évolution du Paléolithique
supérieur. Ne citons, par exemple, que les sites d’Azé, Saint-Martin-sous-Montaigu, et
Culles-les-Roches.
À partir des années 1950, les travaux considérables de Jean Combier ont largement
enrichi nos connaissances sur cette période. Et au moins pour le site de Solutré, les
travaux de l’équipe de l’université du Kansas dirigée par Anta Montet-White et l’action
de l’archéologie préventive (Nelly Connet) ont apporté également des contributions
notables.
Enfin, depuis une quinzaine d’années, l’Institut de préhistoire de l’université de
Tübingen a largement sillonné ce territoire. Nous avons commencé par travailler avec
Jean Combier sur le paléolithique final de Varennes-lès-Mâcon. Puis nous nous
sommes plutôt penchés sur les sites paléolithique supérieur ancien à Azé et
Germolles. À Azé, de 1998 à 2004, nous avons fouillé le site de plein air gravettien
Azé-Camping de Rizerolles. Ces travaux nous ont permis de mettre en évidence un
inventaire lithique très important en nombre et très varié. L’outillage nous permet de
placer cet ensemble dans le contexte d’un Gravettien ancien indifférencié. La grotte de
la Verpillière à Germolles dispose d’un grand potentiel pour la phase de transition entre
Paléolithique moyen et Paléolithique supérieur. En 2006, nos travaux ont permis la
découverte d’une nouvelle grotte, appelée Verpillière II, qui, d’après les premiers
indices, dispose de ce même potentiel. Les travaux en cours tendent à définir
davantage la succession stratigraphique de ce site et à améliorer nos connaissances
de la datation absolue des différentes phases d’occupation. Notre objectif est aussi
d’identifier plus précisément les différentes phases à attribuer au complexe de
l’Aurignacien au sens large. L’autre intention de notre groupe de travail réside dans
l’identification de la provenance des matières premières lithiques, y compris des
pigments (ocre, hématite). En 2006, nous avons commencé également à effectuer des
prospections systématiques dans la côte chalonnaise, notamment sur les sites de plein
air de Chenoves et de Saint-Martin-sous-Montaigu. Sur ce dernier site, nous
envisageons de réaliser des sondages et des fouilles programmées.
Notre contribution à ce colloque aura pour but de résumer ces quelque 150 ans de
recherches sur le Paléolithique supérieur ancien de la Bourgogne du sud et tentera, de
la manière la plus concrète possible, de préciser l’attribution chrono-culturelle des
différents faciès du Paléolithique supérieur ancien de cette région.
_____________________________________________________________________
* Professeur à l'Université de Tübingen, Institut für Ur- und Frühgeschichte und Archäologie des
Mittelalters, Abteilung Ältere Urgeschichte und Quartärökologie, Schloß Hohentübingen, 72070
Tübingen. [email protected]
** Institut für Ur-und Fruehgeschichte, Abteilung Aeltere Urgeschichte und
Quartearoekologie, Schloss, Burgsteige 11, D-72070 Tübingen .
[email protected]
Eberhard-Karls Universität Tübingen, Institut für Ur-und Frühgeschichte und
Archäologie
des
mittelalters,
Abteilung
Ältere
Urgsechichte
und
Quartäökologie.Burgsteige 11, D-72070 Tübingen.
[email protected]
***
Le Paléolithique supérieur ancien aux marges méridionales du Bassin parisien :
les apports du site stratifié de plein-air
de La Croix de Bagneux à Mareuil-sur-Cher (41)
Fiona KILDEA*, Sylvain GRISELIN**, Laurent LANG*, Bénédicte SOUFFI**, Farid
SELLAMI*, Gaëlle DUMARÇAY***, Nicolas HOLZEM*
Une opération de fouille préventive menée par l’Inrap et nécessitée par le projet de
construction de l’autoroute A85 (Vierzon-Tours) a permis l’identification d’un site
stratifié de plein air d’environ un hectare dans la vallée du Cher. Des occupations
datant du début de l’Aurignacien jusqu’au Mésolithique ancien ont été identifiées au
sein de trois unités d’enregistrement stratigraphique distinctes : au sein d’un bras
fossile du Cher, en bas de versant dans une dépression correspondant à un vallon et
en bordure de la plaine alluviale. Parmi la quinzaine d’unités d’occupation fouillées,
quatre ont été attribuées à l’Aurignacien, deux au Gravettien et trois au Magdalénien
inférieur, probablement contemporaines. La séquence archéologique a livré également
trois unités d’occupation attribuées au Magdalénien moyen et une vaste implantation
du Mésolithique ancien. Les vestiges organiques préservés se limitent à quelques
rares esquilles osseuses brûlées et des charbons de bois millimétriques. Quelques
dates 14C et TL ainsi que la chrono-stratigraphie du gisement viennent corroborer les
attributions chrono-culturelles fondées sur l’étude des industries lithiques.
Les occupations les plus anciennes représentées sont attribuées à l’Aurignacien. Les
vestiges proviennent de quatre niveaux superposés, séparés par des couches de
sédiment stérile épaisses de cinq à dix centimètres. La très bonne conservation de la
répartition spatiale des vestiges permet de distinguer des aires spécifiques d’activités
telles que des foyers, des amas de débitage ou d’autres zones techniques marquées
par des outils abandonnés après usage. La première occupation a livré 6568 pièces
dont 235 outils (grattoirs, burins, lames retouchées, quelques rares lamelles Dufour de
sous-type Dufour), sur environ 120 m². Les caractéristiques de l’industrie lithique
permettent de proposer une attribution à l’Aurignacien initial. L’assemblage de la
seconde occupation, constitué de 4523 pièces dont 138 outils, peut être rapporté à
l’Aurignacien classique (débitage de lames à talons en éperon, outils sur lames à
retouche aurignacienne). Aucune production lamellaire n’est attestée. La troisième
occupation, constituée de 2144 pièces et 108 outils, présente de bons points de
comparaison avec la seconde, hormis la production de lamelles aux dépens de
nucléus prismatiques et de grattoirs carénés. Enfin un dernier niveau d’occupation dont
l’industrie n’est constituée que de 326 pièces clôt la séquence aurignacienne. La
présence de burins carénés suggère une attribution au stade récent de l’Aurignacien.
Le Gravettien est représenté par deux niveaux, distants d’une centaine de mètres et
correspondant à deux phases d’occupation bien distinctes. La phase la plus ancienne
correspond à un Gravettien moyen à burins de Noailles. L’industrie lithique recueillie
est très abondante (plus de 12 000 pièces dont 306 outils) mais le niveau résulte d’un
mode d’accumulation complexe qui interdit une interprétation palethnographique de la
répartition des vestiges. Les burins de Noailles ne sont pas associés à des nucléusburins du Raysse, à la différence de la plupart des sites contemporains. La seconde
phase d’occupation gravettienne est datée aux environs de 23 000 ans B.P. Elle a livré
sur une surface restreinte un foyer associé à une industrie lithique constituée d’environ
1500 artefacts dont 56 outils et caractérisée par une nette prédominance de pointes de
la Gravette et de microgravettes.
En bordure de plaine alluviale, trois unités de fouille ont livré une même industrie
lithique attribuée au Magdalénien inférieur. Elle se caractérise par l’absence de
débitage laminaire régulier et par l’abondance de microlamelles à dos dont les
supports sont obtenus à partir de supports divers (blocs, éclats, cassons) selon des
modalités qui le sont tout autant. Au total, plus de 14 500 artefacts lithiques ont été
prélevés, dont 611 outils parmi lesquels on dénombre 394 armatures microlithiques.
Les campements correspondants ont une particularité commune : l’apport massif de
roches gréseuses prélevées aux abords immédiats du site. Plusieurs foyers de 50 cm
à 1 m de diamètre ont été reconnus mais de nombreux blocs, le plus souvent rougis et
fragmentés par l’action du feu, étaient également répartis sur l’ensemble de la surface
des trois unités fouillées.
La séquence archéologique de La Croix de Bagneux à Mareuil-sur-Cher est
remarquable principalement en raison du nombre d’occupations paléolithiques
préservées en une même portion de vallée. Son intérêt tient aussi du fait que peu de
sites paléolithiques ont fait l’objet de fouilles dans la région, d’où une connaissance
jusqu’ici parcellaire des implantations humaines du Paléolithique supérieur ancien.
Enfin, la qualité de conservation de certains niveaux révèle un rare potentiel d’études
tracéologiques, qui enrichiront, en l’absence de vestiges organiques, les propositions
d’interprétation palethnographique.
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* Inrap Centre – Ile-de-France, Tours. [email protected] ;
[email protected] ; [email protected]
[email protected] ;
** INRAP, 31 rue de Deligny, 93500. Pantin. UMR 7041, MAE, 21 allée de l'Université, 92023.
Nanterre cédex. [email protected] ; [email protected]
*** UMR 7041, MAE, 21 allée de l'Université, 92023. Nanterre cédex. [email protected]
Contexte pédo-sédimentaire et exploitation des ressources lithiques et
animales : les nouvelles données du bassin versant de la Creuse
au Paléolithique supérieur ancien
Thierry AUBRY*, Miguel ALMEIDA**, François-Xavier CHAUVIERE***, Laure
FONTANA****, Morgane LIARD*****, Maria João NEVES******, Bertrand
WALTER*******
Comme d’autres cours d’eau qui alimentent le bassin ligérien et prennent leur source
dans le Massif Central, la Creuse constitue une voie possible de communication entre
ces régions. Au sortir des terrains cristallins elle traverse les dépôts sédimentaires
secondaires, riches en silex, de la marge méridionale du Bassin parisien.
Si l’abandon tout au long du Paléolithique supérieur, d’objets en silex du Turonien
supérieur de l’extrémité septentrionale du bassin versant de la Creuse, la Vienne et la
Claise à plusieurs centaines de kilomètres (jusque dans des gisements du
Paléolithique supérieur du Massif Central et d’Aquitaine) est attesté, que sait-on
effectivement des modalités d’exploitation à proximité de leurs sources ?
Les données discutées, relatives à l’occupation du bassin versant de la Creuse au
Paléolithique supérieur ancien, proviennent des prospections et des sondages
effectués ces 15 dernières années sur des sites de la vallée de la Claise, d’une fouille
initiée en 2007 aux Roches (Abilly, Indre-et-Loire) et de l’étude des collections
anciennes de l’Abri Charbonnier (Pouligny-Saint-Pierre, Indre).
Nous présentons des séquences en plein air et en domaine karstique dans le cadre de
leur contexte pédo-sédimentaire et des conditions géomorphologiques qui ont permis
la conservation de vestiges attribuables au Châtelperronien, à l’Aurignacien et au
Gravettien, sur la base de la typo-technologie lithique et osseuse et de la radiométrie.
Les nouvelles données obtenues sur le site des Roches d’Abilly et leur intégration dans
le contexte régional, contribuent à améliorer notre connaissance de la séquence
chronostratigraphique des groupes qui se sont succédés dans cette région pendant le
Paléolithique supérieur ancien. Néanmoins, les questions propres au mode de vie de
ces groupes exigent la mise en œuvre d’une perspective économique globale de
l’exploitation des ressources siliceuses et animales.
______________________________________________________________________
* i.g.e.s.p.a.r, Ministério da Cultura, Portugal, Rua da fontinha, n°62, fala, 3040-168 Coimbra.
Portugal. [email protected]
** Dryas Arqueologia – Unidade de Investigação, Av. Fernão de Magalhães, 153, 4º andar, sala
11, 3000-176 Coimbra, (Portugal). [email protected]
*** Chargé d'enseignement. Institut de préhistoire de l'université de Neuchâtel, Laténium, parc
et musée d'archéologie de Neuchâtel, espace Paul-Vouga, CH-2068 Hauterive, Suisse.
[email protected]
ère
**** Chargé de recherche 1 classe, LAMPEA, UMR 6636, CNRS, MMSH, 5 rue du Château
de l’Horloge, BP 647, F-13094, Aix-en-Provence cedex 2. [email protected]
***** Inrap CIF, base d’Orléans, 525 avenue de la pomme de pin, 45590. St-Cyr-en-Val.
[email protected]
****** Dryas Arqueologia – Unidade de Investigação, Av. Fernão de Magalhães, 153, 4º andar,
sala 11, 3000-176 Coimbra, (Portugal). mariajoã[email protected]
******* Société d’Études et Recherches Archéologiques sur le Paléolithique de la Vallée de la
Claise. Les Chirons. 37290 Bossay-sur-Claise. [email protected]
Abri Bordes-Fitte des Roches d'Abilly (Indre-et-Loire).
Grattoir double sur lame provenant du sommet de la séquence d'occupation
(Aurignacien, Châtelperronien et Paléolithique moyen) conservée sous une partie
effondrée du toit de l'abri
Du Châtelperronien au Solutréen dans le Massif central :
peuplement, économie et mobilité
Laure FONTANA*, Mahaut DIGAN**, Thierry AUBRY***, François-Xavier
CHAUVIERE****, Javier MANGADO LLACH*****, René LIABEUF******
Le Paléolithique supérieur ancien est très peu documenté dans le Massif Central, les
témoins d’occupation humaine étant très rares du Moustérien final au Gravettien
moyen. Connaître les sociétés qui ont fréquenté cette vaste région après 40 000 BP
est pourtant fondamental si l’on souhaite comprendre l’origine de certains
comportements. Les travaux de ces cinq dernières années dans le nord du Massif
Central ont permis d’identifier quelques occupations supplémentaires antérieures à
18 000 BP et de progresser dans la connaissance du peuplement et de l’économie des
sociétés du Paléolithique supérieur. Nous avons examiné les données actuellement
disponibles pour le Paléolithique supérieur ancien et le Solutréen dans une perspective
comparative afin d’estimer ce qui pourrait différer du Paléolithique Supérieur récent et
de savoir si l’on peut d’ores et déjà fixer l’origine de certains comportements liés aux
espaces fréquentés, à l’exploitation des ressources et à la mobilité des groupes. Les
rares données relatives au peuplement entre le Moustérien final et le Gravettien moyen
se situent dans le nord de la région, les hautes vallées étant toujours dépourvues de
traces fiables d’occupation, alors qu’entre 26 000 et 22 000 BP, les Gravettiens ont
fréquenté l’ensemble de la région. Il est possible que l’exploitation des ressources
minérales ait été basée, dès l’Aurignacien sur l’acquisition du silex allochtone des
formations du Crétacé du sud du Bassin Parisien, éloignées de 250 km, alors que les
groupes chatelperroniens auraient conservé un approvisionnement en silex local. De la
même façon, certaines caractéristiques des industries lithiques magdaléniennes liées à
cette provenance lointaine, existent dès le Gravettien sans que l’on puisse se
prononcer pour l’Aurignacien. En revanche, les données disponibles relatives à
l’exploitation des ressources animales pourraient indiquer une différence dans le choix
des gibiers préférentiels, au moins dans certains secteurs, entre le Paléolithique
Supérieur ancien et le Badegoulien-Magdalénien alors que les témoins d’exploitation
du bois de Renne et d’art mobilier sont trop rares pour identifier des caractéristiques de
l’industrie en matière dure animale. Si peu de séries (toutes gravettiennes) ont livré des
indications de saisonnalité des chasses, elles sont similaires aux données obtenues
sur les sites du Paléolithique Supérieur récent, aucun témoignage de chasse en saison
froide n’ayant encore été identifié. On envisage, à titre d’hypothèse de travail, que le
fonctionnement des groupes, déjà proposé pour le Badegoulien et le Magdalénien,
pourrait avoir été initié par les premiers Aurignaciens. C’est celui d’une fréquentation
majoritairement, voire exclusivement, saisonnière du Massif Central par des groupes
passant la saison froide dans la région plus septentrionale d’approvisionnement en
silex du Turonien, également secteur d’approvisionnement en bois de Renne.
_____________________________________________________________________________________
ère
* Chargé de recherche 1 classe, LAMPEA, UMR 6636, CNRS, MMSH, 5 rue du Château de
l’Horloge, BP 647, F-13094, Aix-en-Provence cedex 2. [email protected]
** Membre associée TRACES - UMR 5608, Université Toulouse le Mirail. Aveunue A.Machado.
Toulouse. [email protected]
*** i.g.e.s.p.a.r, Ministério da Cultura, Portugal, Rua da fontinha, n°62, fala, 3040-168 Coimbra.
Portugal. [email protected]
**** Chargé d'enseignement. Institut de préhistoire de l'université de Neuchâtel, Laténium, parc
et musée d'archéologie de Neuchâtel, espace Paul-Vouga, CH-2068 Hauterive, Suisse.
[email protected]
***** Maître de conférences, DPT Prehistoria, Ha Antiqa ; Archeologia.Univ de Barcelona,
C/Montalegre 6/8. 08001. Barcelona . Espagne. [email protected]
A gauche : Le Blot. Poinçon sur diaphyse de métatarsien de Renne du niveau
gravettien (phase 1). Photo Loïc Hamon (M.A.N.). A droite : Unité KL19 de La
Vigne-Brun. Pointes de la Gravette (dessins S. Pasty)
Discussion sur le faciès évolué du Châtelperronien à partir de l’analyse des
séries lithiques des Cottés (Saint-Pierre-de-Maillé, Vienne) et de la Grande Roche
de la Plématrie (Quinçay, Vienne)
Morgan ROUSSEL*, Marie SORESSI**
Le débat sur les processus et les raisons de la disparition des Néandertaliens est vif et
les différents modèles interprétatifs semblent difficilement conciliables. L’étude de
gisements témoignant d’une possible évolution au sein du Châtelperronien peut
permettre de préciser le(s) processus historique(s) de disparition des derniers
Néandertaliens. Nous proposons ici d’apporter des nouveaux éléments à ce débat en
nous appuyant sur les résultats de l’analyse typo-technologique de séries lithiques
attribuées aux différentes phases évolutives du Châtelperronien.
Le gisement des Cottés, fouillé par L. Pradel dans les années 50, révéla une séquence
stratigraphique attribuée à la fin du Paléolithique moyen et du début du Paléolithique
supérieur. Dans cette entrée de grotte, deux niveaux aurignaciens et un niveau
châtelperronien ont notamment été identifiés. Ce dernier a été caractérisé par L. Pradel
comme appartenant au faciès évolué de cette entité chrono-culturelle sur la base de la
présence de nombreuses pointes de Châtelperron assez élancées et avec un dos
redressé : les « pointes des Cottés ». Le Châtelperronien évolué ou Périgordien II
d’alors, faisant une bonne culture de transition entre le Châtelperronien et le
Gravettien. Cette idée de filiation abandonnée dans les années 60/70, la notion de
l’évolution du Châtelperronien fût oubliée.
Toutefois, certains auteurs, et en particulier F. Lévêque sur la base de ses travaux
menés à Quincay, durant les années 70/80 a continué à défendre l’existence de
plusieurs phases évolutives au sein du Châtelperronien. La grotte de la Grande Roche
de la Plématrie à Quinçay a livré une exceptionnelle séquence stratigraphique de
couches châtelperroniennes. Pas moins de 12 niveaux regroupés en 4 ensembles ont
été identifiés. Cette séquence est unique car seuls des niveaux châtelperroniens y ont
été diagnostiqués, et de plus, le sommet de la séquence est scellé par des blocs
d’effondrement provenant du plafond de la grotte. Aucune industrie du Paléolithique
supérieure ne recouvre ces niveaux. C’est également sur la base de l’analyse
typologique des pointes de Châtelperron présentes dans ces différents niveaux que F.
Lévêque différencia, de la base vers le sommet de la séquence, un Châtelperronien
archaïque, un Châtelperronien ancien ou typique, un Châtelperronien évolué et enfin
un Châtelperronien régressif.
La mise à notre disposition par F. Lévêque des séries de la grotte de Quinçay, dans le
cadre des travaux de thèse de l’un d’entre nous (M.R.) vont nous permettre de préciser
les différences entre les produits obtenus et les méthodes utilisées au cours des 4
phases évolutives décrites par cet auteur. La reprise d’une fouille programmée en 2005
sur le gisement des Cottés permet de disposer d’une nouvelle série lithique non triée
pour évaluer d’un point de vue morphométrique, typologique et technologique
l’originalité des productions du Châtelperronien évolué par rapport à celles des phases
plus anciennes du Châtelperronien.
Remerciements : ce projet de recherche a été rendu possible grâce au soutien
financier du Département d’évolution humaine de l’Institut Max Planck à Leipzig, du
SRA de Poitou-Charentes et de l’INRAP. Ce travail n’aurait pas pu voir le jour sans le
soutien de J. Airvaux, J. Bachelier et F. Lévêque.
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* Doctorant, MPI-EVA, Département d’évolution humaine, Deutscher Platz 6, D-04103 Leipzig,
Allemagne, et AnTET, ArScAn, UMR 7041, Maison René Ginouvès, 21 allée de l'Université, F92023 Nanterre Cedex [email protected]
** INRAP CIF, base d’Orléans, 525 avenue de la Pomme de Pin, F-45590 Saint-Cyr-en-Val, et
MPI-EVA, Département d’évolution humaine, Deutscher Platz 6, D-04103 Leipzig, Allemagne,
et AnTET, ArScAn, UMR 7041, Maison René Ginouvès, 21 allée de l'Université, F-92023
Nanterre Cedex. [email protected]
Pointes à dos du Châtelperronien évolué ; de 1 à 9 pointes des Cottés provenant du
gisement éponyme (d'après Pradel, 1963) et de 21 à 26 pointes provenant du niveau
EM de Quinçay (d’après Lévêque et Miskovsky, 1983).
LE PALEOLITHIQUE SUPERIEUR ANCIEN DANS LE MASSIF ARMORICAIN :
UN ETAT DE LA QUESTION
Stéphan HINGUANT, Jean-Laurent MONNIER
Dans l’état actuel des recherches, le Paléolithique supérieur apparaît « en pointillé »
dans le territoire armoricain. Il se localise d'une part dans le domaine littoral
septentrional, entre le Léon et le Penthièvre, d'autre part dans le domaine ligérien, en
Loire-Atlantique, Maine-et-Loire et Mayenne (Monnier, 1980) mais est quasi absent
dans le Cotentin (fig. 1). Rares sont les gisements qui ont conservé des ossements et
objets en os, de sorte que nous n'avons accès qu'à une information souvent fortement
tronquée, compte-tenu du contexte techno-culturel.
Le Châtelperronien est peu caractérisé dans l’Ouest. Le petit gisement d’Enez-Amonar-Ross (Finistère) pourrait en être un témoin (Monnier, 1980). L’Aurignacien est
présent souvent associé à des stations de courte durée. Beg-ar-C'hastel (Finistère) en
est une, caractérisée par un débitage fortement laminaire et lamellaire. Les rognons
utilisés sont souvent peu ou pas roulés, ce qui indique une collecte de cette matière à
proximité des affleurements crétacés. Compte tenu des affleurements du Crétacé
supérieur cartographiés les plus proches (à 10km), une régression marine d’au moins
60m était nécessaire. Les grattoirs sont peu nombreux, dominés par les burins en
majorité dièdres. Mais la caractéristique principale de l'industrie de Beg-ar-C'hastel
tient dans l'abondance des lamelles Dufour (Monnier, 1980). Dans le secteur de
l’embouchure de la Loire, l’Aurignacien est présent avec le gisement de Bois-Milet et
celui de Gohaud (Loire-Atlantique), qui est une petite station de plein air, à occupation
sans doute brève et unique, comme la plupart des sites du Paléolithique supérieur
armoricain. L'industrie de Gohaud (Allard, 1978) est caractérisée également par la
pénurie des grattoirs compensée par une forte proportion de burins avec de
nombreuses formes busquées. Des indices d'Aurignacien ont aussi été rencontrés
dans le Maine-et-Loire (Saint-Géréon, Grand-Claye, Roc-en-Pail, Candais).
Le Gravettien est présent. La fouille du site de Plasenn-al-Lomm (Côtes-d'Armor), a
mis au jour un vaste habitat de plein air avec des traces de structures, vestiges d'un
campement situé sur une plateforme dominant la paléo-vallée du Trieux. Certains
assemblages de blocs peuvent être interprétés comme des calages de poteaux,
suggérant la présence de huttes ovalaires. Il s’agit d’un campement saisonnier.
L’analyse spatiale laisse entrevoir des zones d’activité plus ou moins spécialisées (Le
Mignot, 2000). L’industrie est en silex pour l’essentiel, cette matière paraissant avoir
été largement disponible ; près des trois quarts des nucléus présentent un cortex non
roulé, prouvant qu’ils ont été prélevés sur les affleurements crétacés, ou dans leur
proche voisinage. Les plus proches affleurements cartographiés du Crétacé supérieur
sont à une soixantaine de kilomètres au nord-nord-ouest, ce qui suppose une
amplitude de la régression marine atteignant ou dépassant 70m. Le caractère
laminaire de l'outillage est assez peu marqué. Les grattoirs sont rares. Par contre les
burins sont extraordinairement abondants ; ce qui dénote, ici encore, des activités
spécialisées. Ce sont des outils robustes dans l'ensemble, avec des bords latéraux
souvent retouchés et avec de fréquentes traces de ré-avivages. Les formes sur
troncature très oblique, passant à un dos abattu, sont caractéristiques du gisement. La
position stratigraphique correspond à la base du lœss de couverture et l'occupation
humaine se placerait donc au début du stade isotopique 2. Ceci peut surprendre du fait
des conditions climatiques rigoureuses à cette époque, mais l'état de gélifraction des
silex confirme que le froid fut très intense avant l'enfouissement. Bien que les
conditions de gisement excluent un mélange de couches, des traits périgordiens et
aurignaciens semblent coexister. Au total, ce sont pourtant les caractères gravettiens
qui l’emportent. Dans le voisinage, des petits gisements (Les Agneaux, Karreg-arYellan, Coalen) ont montré une présence gravettienne ou aurignacienne (PauletLocard, 1996).
Sur la marge méridionale du Massif armoricain, la station de La Martinière a livré une
industrie gravettienne à burins de Noailles ; elle occupait le sommet d'une colline,
selon une concentration de forme ovalaire. Le gisement de La Martinière est, avec le
petit niveau à burins de Noailles signalé à Roc-en-Pail, le seul témoin de ce faciès
connu dans le Nord-Ouest de la France. A Roc-en-Pail, sont aussi présents quelques
indices d’Aurignacien et il faut rappeler la découverte d’os appartenant à un homme
anatomiquement moderne : une extrémité inférieure d’humérus gauche et un maxillaire
supérieur gauche, dont la position stratigraphique, dans des niveaux moustériens
tardifs, pose question.
Le Solutréen semble totalement absent de Bretagne. Mais la présence de cette
culture dans la vallée de l’Erve (grottes dites de Saulges), en bordure du Massif
armoricain, témoigne d’une incursion des chasseurs du Pléniglaciaire au nord de la
Loire, même au plus fort du froid. Ce site est aujourd’hui au centre d’un grand
programme de recherche, tant sur les gisements stratifiés que concernant l’art
paléolithique (cf. communications suivantes).
Bien que discret, le Paléolithique supérieur armoricain est donc aujourd'hui clairement
attesté, même si ses industries osseuses sont peu connues. Il se révèle souvent par
des outillages lithiques extrêmement spécialisés ou atypiques. Les formes classiques
n'apparaissent guère que sur les marges ou dans le domaine ligérien. La rareté des
gisements, qui s'explique au moins en partie par l'érosion qui a accompagné la
remontée du niveau marin au post-glaciaire, peut aussi être due à la rareté du silex
(exigence plus grande au Paléolithique supérieur quant au choix de la matière
première), au manque d'abris naturels et, d’une manière générale, à une occupation
très discontinue du territoire à une époque de climat particulièrement rigoureux. Il est
d'ailleurs notable que ce sont les phases anciennes et finales du Paléolithique
supérieur qui sont les mieux représentées (le vide coïncidant assez bien avec le
maximum du froid). Seul le petit karst de la vallée de l'Erve a donné une séquence
assez complète alors que la plupart des stations s'interprètent comme des
campements saisonniers à activités spécialisées et que, contrairement au Paléolithique
moyen, une forte mobilité semble avoir existé. L’hypothèse de camps de base localisés
dans le domaine ligérien (vallée de l’Erve...) et de migrations saisonnières, sans doute
liées à celles des troupeaux de rennes, vers le nord et l’ouest armoricain (Plasenn-alLomm, Beg-ar-C’hastel, Gohaud...) est un modèle qu’il faut mettre à l’épreuve.
Bibliographie :
Allard M.,1978 – Le gisement aurignacien de Gohaud à Saint-Michel-Chef-Chef (LoireAtlantique). Gallia Préhistoire (21), p. 1-42.
Le Mignot Y., 2000 – La question de la production d’armatures sur le site gravettien de
Plasenn-al-Lomm (île de Bréhat, Côtes-d’Armor). Revue archéologique de l’Ouest, 17,
p. 7-24.
Monnier J., 1980 – Le Paléolithique de la Bretagne dans son cadre géologique.
Travaux du laboratoire d’anthropologie, Université de Rennes, 607 p.
Monnier J., 1989 – le gisement Paléolithique moyen et supérieur de Karreg-ar-Yellan à
Ploubazlanec (Côtes-d’Armor). Gallia Préhitoire, 31, p. 1-25.
Paulet-Locard M.-A., 1996 – Le site Aurignacien des Agneaux (France, Bretagne,
Côtes-d’Armor). UISPP, Congrès de Forli (Italie), Commission Paléolithique supérieur,
bilan 1991-1996, ERAUL, 76, p. 239-241.
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* Ingénieur de recherche INRAP et UMR 6566 du CNRS, CReAAH, Campus de Beaulieu,
Université de Rennes 1, 35042 Rennes cedex, [email protected]
** Directeur de recherche CNRS, UMR 6566 du CNRS, CReAAH, Campus de Beaulieu,
Université de Rennes 1, 35042 Rennes cedex, [email protected]
Les principaux gisements du Paléolithique supérieur dans le Massif armoricain
Le Paléolithique supérieur ancien de la vallée de l’Erve (Mayenne) :
un état des connaissances
Stéphan HINGUANT*, Miguel BIARD**
Le vieux socle du Massif Armoricain ne comporte que de rares zones karstiques. C’est
au sein de l’une d’elles, dans le bassin sédimentaire de Laval, que se trouve le
«canyon» de Saulges, creusé sur 1,5km par l’Erve dans une formation de calcaire
Carbonifère. Ce creusement est à l’origine d’une trentaine de cavités dont deux d’entre
elles (la grotte Mayenne-Science et la grotte Margot) sont aujourd’hui connues pour
leurs dessins et gravures paléolithiques. La position géographique du site et la
présence exceptionnelle de restes osseux parfaitement fossilisés dans les niveaux
archéologiques, confèrent à la vallée de l’Erve une valeur scientifique particulière,
notamment en regard de l’indigence des références pour le Maximum Glaciaire au
nord de la Loire et, plus généralement, pour l’ensemble des cultures du Paléolithique
supérieur.
C’est pour le Solutréen, culture matérielle apparemment la mieux représentée dans la
vallée, que les données sont actuellement les plus importantes. Avec ces habitats nous
avons affaire aux occupations les plus septentrionales connues à ce jour pour cette
culture. S’adaptant aux contraintes environnementales du Pléniglaciaire, comme à
celles de l’approvisionnement en matières premières, ces groupes humains vont
abandonner dans les grottes des corpus mobiliers singuliers, notamment pour les
productions lithiques, témoignant de gestes et comportements aux implications
palethnologiques fort originales.
Curieusement, ni les collections anciennes ni les données des recherches actuelles ne
semblent témoigner d’une présence gravettienne marquée. L’absence de « fossiles
directeurs », comme les pointes de la Gravette ou encore les burins de Noailles ou du
Raysse, est à noter. Pourtant, les représentations graphiques de la grotte MayenneScience, comme celles de la phase ancienne de la grotte Margot, sont clairement
attribuables à cette période.
Au contraire, l’Aurignacien est bien présent dans la vallée. C’est notamment le cas à la
grotte de la Chèvre dont les collections anciennes et remaniées, en cours d’étude,
révèlent une production lamino-lamellaire caractéristique ainsi que des outils
permettant une attribution à un stade évolué de la période (Aurignacien III/IV). On
notera également la forte proportion de pièces en cristal de roche dans les
assemblages lithiques.
Du premier bilan qui peut-être dressé émanent deux constats majeurs : l’état de
conservation et la singularité des assemblages lithiques et osseux des occupations de
la vallée de l’Erve sont en tout point remarquables. Associés à des contextes
stratigraphiques fiables, ils permettront d’établir un référentiel chrono-culturel inédit
pour le nord-ouest de la France. D’autre part, les questions paléoenvironnementales
propres au Pléistocène supérieur, notamment en lien avec les adaptations des groupes
humains durant le Pléniglaciaire, trouveront sans doute réponse dans l’étude de ce site
des marges du Bassin Parisien.
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* Ingénieur de recherche INRAP et UMR 6566 du CNRS, CReAAH, Campus de Beaulieu,
Université de Rennes 1, 35042 Rennes cedex, [email protected]
** Chargé de recherche INRAP, centre archéologique de Rouen, 22 rue Nétien, 76000 Rouen,
[email protected]
Nucléus en quartz hyalin, raccord de fragments de feuille de saule en grès
lustré, proximo-mésial de grande lame en grès lustré. Niveau Solutréen,
grotte Rochefort, vallée de l'Erve, Mayenne.
(dessins : Stephan Hinguant ; cliché : Miguel Biard)
L’Ouest : carrefour ou périphérie ? Observations sur l’art pariétal et mobilier du
Paléolithique supérieur ancien du Massif armoricain et de ses relations
possibles avec d’autres « provinces » artistiques.
Romain PIGEAUD
Les cavernes et objets décorés du Massif armoricain ont souvent été oubliés des
grandes synthèses. Pourtant, le corpus ne cesse de s’enrichir. La grotte ornée
Mayenne-Sciences, à présent bien datée du Gravettien, ainsi que la partie ancienne de
la grotte Margot (estimée du Gravettien), font état de liens possibles avec les grottes
ornées du Quercy (Pech-Merle, Cougnac) et de la vallée de la Cure. Par ailleurs, nous
disposons, dans la grotte Rochefort, d’un art mobilier bien calé dans une stratigraphie
solutréenne. Nous proposerons quelques pistes de comparaison et tenterons
d’apporter quelques éléments de réponse à la question qui se pose toujours à nous :
l’Ouest est-il une sorte de cul-de-sac, en décalage chronologique et culturel avec le
reste du territoire, ou un point de passage obligé entre le sud et le nord ?
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USM 103 – UMR 5198 du CNRS
Département de Préhistoire du Muséum national d’Histoire naturelle
[email protected]
Panneau principal de la grotte Mayenne-Sciences. Epoque gravettienne.
(Photo Hervé Paitier)
Epouville / la briqueterie Dupray (Seine-Maritime / France) : évolution
taphonomique du site et analyse technologique de l’industrie lithique du
Paléolithique supérieur ancien
Caroline GUETTE-MARSAC
Les rares vestiges normands du Paléolithique supérieur ancien ont toujours plus
volontiers été mis au jour en Haute-Normandie plutôt qu’en Basse-Normandie. Ainsi,
pour ne mentionner que les recherches les plus récentes, F. Bordes décrivait en 1954
des pièces éparses et de petites séries attribuables au Paléolithique supérieur ancien
dans la région d’Elbeuf, du Havre et à Houppeville. Plusieurs campagnes de fouilles
ont par la suite été menées sous l’impulsion de G. Fosse dans les années 70-80,
notamment sur les gisements de Goderville, Epouville et Saint-Martin-Osmonville.
Un récent travail de doctorat a toutefois permis de rediscuter les interprétations
culturelles de ces dernières collections archéologiques (Guette 2007) ; des
prospections systématiques sont également réalisées depuis 2000 dans le cadre du
PCR « Les Premiers Hommes en Normandie » dirigé par D. Cliquet, sur l’ensemble de
la Normandie (Basse et Haute). A ce jour, la série vert-marron d’Epouville (gisement de
la briqueterie Dupray) reste la seule industrie attribuable à la phase ancienne du
Paléolithique supérieur en Normandie.
Ce constat semble correspondre, non pas à une désertification de la région par les
Hommes préhistoriques mais à un état de la recherche : la complexe évolution
taphonomique des sols illustrée à Epouville peut constituer une des principales
explications à la pénurie de vestiges archéologiques pour cette période.
Le gisement paléolithique d’Epouville se situe à 15 km au nord-est du Havre, dans la
vallée de la Lézarde, sur un grand glacis dominé par un versant en pente forte. La
stratigraphie des lœss weichséliens est quasi-identique à celle des plateaux
avoisinants comme Saint-Romain-de-Colbosc (Lautridou 1985) mais avec des
processus périglaciaires de versant plus nombreux et plus actifs. Plusieurs niveaux
archéologiques mélangés ont été localisés dans un « limon grumeleux » placé juste au
dessus du Sol de Mesnil-Esnard (gley sur la première partie du lœss récent inférieur
carbonaté). Cette lame boueuse de limon grumeleux a étalé une industrie du
Paléolithique moyen, initialement en position de knick-point entre le glacis et le versant
à pente forte. Juste après sa mise en place, les Hommes du Paléolithique supérieur
ancien se sont installés plus en aval sur le versant. Puis avant la poursuite de la
sédimentation éolienne du lœss récent inférieur, de petits lobes de solifuxion ont
déplacé cette nouvelle industrie de façon très limitée. L’âge de l’industrie du
Paléolithique moyen n’est pas défini précisément (du stade isotopique 6 au
Weichsélien ancien inclus), en revanche l’industrie du Paléolithique supérieur se place
entre le Sol de Mesnil-Esnard et le limon lité, soit entre 45 et 40 ka (suivant les
datations OSL sur quartz réalisées en 2004 par J.-L. Schwenninger), soit entre 35 et
30 ka (suivant les corrélations réalisées avec les séquences stratigraphiques du Bassin
de la Somme). De nouveaux prélèvements ont été réalisés en vue de datation OSL sur
feldspath en novembre 2005, les résultats ne sont à ce jour pas encore connus.
L’occupation du Paléolithique supérieur ancien (la série vert-marron) correspond à un
atelier de débitage. Les Hommes ont débité à la percussion tendre de grandes lames
élancées suivant une méthode unipolaire semi-tournante. La table d’exploitation des
nucléus a été aménagée par des crêtes latérales ou par une crête frontale ; l’utilisation
de lames néo-crêtes est fréquente pour la gestion du cintre de la table. Lorsque les
nucléus ne le permettaient plus, les tailleurs ont détaché opportunément des lames
toujours unipolaires mais plus courtes, moins régulières et au percuteur dur.
Les données stratigraphiques induisent une attribution de la série vert-marron au
Paléolithique supérieur ancien mais l’absence d’outils retouchés diagnostics rend la
désignation culturelle précise malaisée. La confrontation avec les sites du sud-ouest
comme de la partie septentrionale de la France reste infructueuse : le Châtelperronien
comme le Gravettien sont peu probables ; quelques convergences pourraient exister
avec l’Aurignacien mais l’absence de débitage lamellaire à Epouville pose problème.
Quant à la série « aurignacoïde » d’Herbeville, géographiquement plus proche (dans
les Yvelines), elle présente une percussion dure majoritaire et des lames plus trapues
et plus larges qu’à Epouville.
Quelques autres vestiges mis au jour à Epouville mais non rattachés à la série vertmarron fournissent des éléments de réflexion supplémentaires. Ainsi, dans les années
1970, C. Lechevalier avait mis au jour une petite collection de surface sensée
comporter des pointes gravettiennes. Celle-ci a été réétudiée et semble comporter
quatre éléments aurignaciens et aucune pièce gravettienne. Par ailleurs, une petite
série jaune-marron a été mise au jour lors des fouilles de 1975-1976 : sa répartition
spatiale et ses caractéristiques technologiques laissent supposer qu’elle constitue une
seule et même industrie avec la série vert-marron et elle présente une éventuelle
« lame étranglée » qui pourrait constituer un argument supplémentaire en faveur d’une
interprétation aurignacienne de l’ensemble.
Il reste toutefois périlleux de faire reposer l’attribution culturelle sur ces pièces isolées.
Dans l’attente d’autres données décisives, nous préférons simplement affirmer que la
série vert-marron d’Epouville provient d’une phase ancienne du Paléolithique
supérieur.
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Docteur en Préhistoire diplômée de l’Université Paris 1 ; PCR « Les Premiers Hommes en
Normandie » – 1 rue de la Concorde – 92600 Asnières-sur-Seine [email protected]
Epouville / la briqueterie Dupray (Seine-Maritime / France), série vert-marron du
Paléolithique supérieur ancien (dessins C.Guette-Marsac)
1. nucléus laminaire, première génération d’enlèvements ; 2-6, lames à crête ; 3-13.
lames néo-crête ; 4-5-8-16. fragments de lames simples ; 7. fragment de lame simple
retouchée en sa partie proximale ; 9-12. tablettes de ravivage ; 10. lame à pan cortical
retouchée ; 11. nucléus 1, illlustrant les première et seconde générations
d’enlèvements ; 14. lame inverse réaménageant la convexité distale de la table
d’exploitation ; 15. lame néo-crête retouchée.
Le Paléolithique supérieur ancien dans le Nord de la France
Jean-Pierre FAGNART*, Paule COUDRET**, Pierre ANTOINE***
Les recherches menées dans le Nord de la France et plus particulièrement dans le
bassin de la Somme ont permis de fixer les grandes lignes du peuplement au cours du
Paléolithique supérieur. Les découvertes réalisées depuis une trentaine d’années
témoignent d’une relation évidente entre les principales phases de l'occupation
humaine et les données du climat et de l'environnement. La position géographique de
la région étudiée au sein de l'Europe périglaciaire répond à une logique climatique dont
la définition pour la phase initiale du Paléolithique supérieur repose sur les
écosystèmes du Weichselien supérieur. Le Nord de la France appartient à la région
loessique du Nord de la France et constitue une province relativement marginale de
l'Europe paléolithique. Dans cette région, l'occupation humaine se révèle
fondamentalement discontinue. Durant le Paléolithique supérieur ancien, seules
quelques rares et brèves incursions aurignaciennes (Attilly, Belloy-en-Santerre,
Rouvroy) et gravettiennes (Renancourt-lès-Amiens, Montières-Etouvie, Elnes…) sont
connues à la fin du Pléniglaciaire moyen et au début du Pléniglaciaire supérieur. Nos
connaissances sur le contexte stratigraphique ou environnemental des occupations
aurignaciennes en milieu loessique restent cependant très lacunaires. Les occupations
aurignaciennes découvertes dans la région de Saint-Quentin se caractérisent par la
production de micro-lamelles torses obtenues à partir de nucléus de type « grattoir
caréné à museau » ou de type « burin busqué ou caréné » qui témoignent d’une phase
évoluée de cette tradition. Le contexte sédimentaire des occupations gravettiennes est
un peu mieux documenté grâce aux nouvelles observations réalisées sur le gisement
de Renancourt-lès-Amiens. L’occupation gravettienne étudiée par V. Commont, un peu
avant la Première Guerre mondiale se rattache à la phase récente de ce
techncocomplexe. Les données radiocarbone et la position de l’industrie au sein des
loess du Pléniglaciaire supérieur situent l’occupation aux environs de 23 000 BP. Lors
du second maximum de froid du Weichsélien, le Nord de la France est inoccupé ; le
hiatus du peuplement s'étend sur près de 10 millénaires entre 22 000 et 13 000 BP.
Au cours du Tardiglaciaire, les plateaux loessiques et les vallées du Nord de la France
sont de nouveau parcourus par des groupes de chasseurs dont les modes et les
rythmes d’occupation sont de nouveau étroitement liés aux conditions bioclimatiques et
environnementales au cours du Tardiglaciaire weichselien.
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* Laboratoire de Préhistoire et Quaternaire, USTL
Conseil général de la Somme
27, Mail Albert 1er
80 026 AMIENS cedex 1
[email protected]
** Laboratoire de Préhistoire et Quaternaire, USTL
18, rue Dufour
80 000 AMIENS
[email protected]
*** UMR CNRS 8591
Laboratoire de Géographie physique
1, place Aristide Briand
92195 Meudon cedex
[email protected]
Attilly - Le Bois d¹Holnon (Aisne) - Productions microlamellaires à partir de nucléusgrattoirs carénés et de nucléus-burins busqués (dessins Ph. Alix).
Quid de l’Aurignacien entre les Vosges et l’Ardenne-Eifel ?
Laurent BROU**, Foni LE BRUN-RICALENS* , Hartwig LÖHR***,
Pierre ZIESAIRE****, Marc GRIETTE*****
Les indices de fréquentations aurignaciennes entre les massifs primaires des Vosges
et de l’Ardenne-Eifel sont relativement rares. La pauvreté en matières premières
lithiques de bonne qualité, les processus érosifs, la faiblesse démographique, ainsi
qu´une tradition de recherche récente ont souvent été évoqués pour expliquer cet état
de fait. Il s’agit dans leur grande majorité de sites de surface. Cependant les
prospections systématiques et l’intérêt porté ces deux dernières décennies au
technocomplexe Aurignacien en Lorraine, au Luxembourg et dans la région de Trèves
en Allemagne ont permis d’augmenter sensiblement le corpus de sites. Les études
techno-typologiques en cours permettent de mieux cerner ces ensembles. Après une
présentation des ensembles industriels, sera proposé un essai de corrélation avec les
séries aurignaciennes du Bassin mosan en Belgique, du Bassin parisien en France et
du Bassin rhénan en Allemagne.
L’interprétation de ces données conduit à s’interroger sur les modèles évolutifs de
l’Aurignacien septentrional proposés antérieurement par J. Hahn (1977) et M. Otte
(1979). En Europe du Nord-Ouest, au moins trois, voire quatre techno-assemblages
semblent s’individualiser :
- un techno-assemblage à nucléus-grattoirs carénés larges
(petite et moyenne lamelle droite / lamelle Dufour sous-type Dufour)
- à moins qu´il ne s´agisse d´une modalité du techno-assemblage précédent :
un techno-assemblage à nucléus-grattoirs carénés étroits
(petite lamelle droite / lamelle Dufour sous-type Dufour),
- un techno-assemblage à nucléus-burins carénés et à nucléus-grattoir museau étroit
(petite lamelle / lamelle Dufour sous-type Roc-de Combe)
- un techno-assemblage à nucléus-burins busqués
(petite lamelle torse / lamelle Caminade, lamelle Dufour sous-type Roc-de Combe)
Ces ensembles seront discutés d´un point de vue diachronique et synchronique (faciès
chrono-culturels/faciès d´activités). La qualité très variable de la documentation, le
manque de datations radiocarbone et le manque de données paléoenvironnementales
relatives à ces occupations ne permettent pas pour le moment d’aller plus avant. Par
ailleurs, se pose le problème de la caractérisation et de l´attribution chrono-culturelle
de l’industrie osseuse, notamment des pointes à base fendue et de leur association à
telle ou telle phase, la plupart provenant de fouilles anciennes au contexte de
découverte peu précis.
Les investigations sont à poursuivre mais d’ores et déjà, sur un plan chronologique, il
ressort que le ou les faciès à nucléus-burins (carénés et busqués) attesté(s) par
l’existence de séries homogènes, comme l´atelier de Maisières-Canal (Miller et al.,
2004 ; Flas et al., 2006), semble bien marquer une phase récente du développement
de l’Aurignacien septentrional. Ce faciès serait antérieur à 30 780 ± 400 BP (GrN5690) d´après les travaux de Haesaerts et Damblon (2004).
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* Conservateur, Service d'archéologie préhistorique MNHA, 241, rue de Luxembourg, L-8077
Bertrange, Grand-Duché de Luxembourg. [email protected]
** Service d'archéologie préhistorique MNHA, 241, rue de Luxembourg, L-8077 Bertrange,
Grand-Duché de Luxembourg. [email protected]
*** Rheinisches Landesmuseum Trier, Weimarer Allee 1, D-54290 Trier, Allemagne.
[email protected]
**** Membre de la Société préhistorique luxembourgeoise, 41, rue des Genêts, L-8131 Bridel,
Grand-Duché de Luxembourg. [email protected]
***** Prospecteur, région Lorraine, 13 rue de la Galaxie, F-57360 Amnéville, France.
[email protected]
Le Paléolithique supérieur ancien dans le quart nord-est de la France :
environnement, chronologie et faciès culturels
Christophe CUPILLARD
Si l’on se fie aux synthèses les plus récentes sur le Paléolithique supérieur ancien
européen (Djindjian & al. 1999), il semblerait que le quart nord-est de la France
présente une situation paradoxale : les sites de référence y seraient quasiment
absents alors que l’espace considéré s’inscrit au cœur des zones d’extension des
grandes civilisations du Paléolithique supérieur : Aurignacien, Gravettien et
Magdalénien.
Dans l’aire considérée, les sites seraient-ils rares, d’importance secondaire, pour des
raisons d’ordre climatique ou taphonomique ? Les hommes du Paléolithique supérieur
l’auraient-ils négligée ou s’agit-il d’un problème lié la recherche ?
À ces questions d’ordre général, nous tenterons de trouver des réponses en examinant
l’ensemble des données disponibles au plan paléoenvironnemental et archéologique
dans les régions de Champagne-Ardennes, de Lorraine, d’Alsace et de FrancheComté : l’espace géographique ainsi concerné couvre une superficie de 73635 km²,
soit 13 % du territoire français métropolitain.
Les résultats obtenus dans un Programme Collectif de Recherches que nous dirigeons
depuis 2005 seront présentés et permettront d’apporter de nouveaux éclairages
chronologiques et environnementaux sur les fréquentations des marges du Jura durant
le Gravettien et le Magdalénien moyen.
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Service Régional d’Archéologie de Franche-Comté
7 rue Charles Nodier
25043 Besançon Cedex
&
UMR 6249 du CNRS, Laboratoire de Chrono-Environnement
UFR des Sciences et des Techniques
16 route de Gray
25030 Besançon Cedex
[email protected]
Grotte Grappin, Arlay (Jura). Magdalénien moyen. Galet calcaire. Recto : ensemble de
cinq figures animales superposées (bovidé, cheval (?), animaux indéterminables).
Musée d’Archéologie de Lons-le-Saunier (Jura).
Photographie : Musée d’Archéologie de Lons-le-Saunier.
Le massif du Jura et le Plateau suisse pendant le Paléolithique supérieur
ancien : paléoenvironnement et indices d’occupation humaine
Denise LEESCH*, Jérôme BULLINGER**
Alors que le Paléolithique supérieur récent est bien attesté dans l’arc jurassien et sur le
Plateau suisse, aucun élément ne permet à ce jour de mettre en évidence des
occupations datant du Paléolithique supérieur ancien dans cette région. Plusieurs
séquences palynologiques très développées et divers ensembles fauniques issus du
comblement de grottes, dolines et marais livrent en revanche des données précisant
l’évolution du cadre naturel pour la période comprise entre 40 000 BP et l’extension
maximale des glaciers würmiens. Ces informations contribuent à évaluer si les
conditions environnementales étaient moins favorables à l’implantation humaine dans
cette zone géographique par rapport à d’autres régions d’Europe ou si l’absence de
sites archéologiques est essentiellement due à leur non préservation. La
communication dresse un bilan de l’état actuel des connaissances sur la dynamique
glaciaire dans la zone alpine et jurassienne et vise à comprendre l’influence que celleci a pu exercer sur les conditions d’installation des populations aurignaciennes et
gravettiennes.
_____________________________________________________________________
* Chargée de recherche, Université de Neuchâtel (Suisse), Institut de préhistoire et des
sciences de l'Antiquité Espace Paul Vouga, CH-2068 Hauterive. [email protected]
** Conservateur Musée cantonal d'archéologie et d'histoire, Palais de Rumine, 6, Place de la
Riponne, CH - 1014 Lausanne. [email protected]
Peu de régions de Suisse furent épargnées par l'avancée des glaciers lors du
dernier maximum glaciaire (LGM).
Carte tirée de l'Atlas interactif de la Suisse, version 2.
Les industries à pointes foliacées du Paléolithique supérieur ancien dans le
Nord-Ouest de l’Europe : le Lincombien-Ranisien-Jerzmanowicien
Damien FLAS
Le Lincombien-Ranisien-Jerzmanowicien est un complexe technoculturel présent lors
de l’Interpléniglaciaire dans la plaine septentrionale de l’Europe (du Pays de Galles à la
Pologne) et caractérisé par un type particulier de pointe foliacée sur lame. Sa
reconnaissance et sa définition posent divers problèmes, principalement en raison de
la faiblesse des données disponibles (ensembles restreints, matériel provenant de
fouilles anciennes ou de contextes perturbés, récolte de surface, etc.). Ainsi, il a parfois
été proposé que ces ensembles soient une part de l’Aurignacien septentrional.
La révision critique des données disponibles confirme l’indépendance de ce complexe
et permet de préciser ses caractéristiques techniques ainsi que sa chronologie.
La reconnaissance d’un tel complexe touche aux différentes problématiques relatives à
la période de transition du Paléolithique moyen au supérieur (association avec les
types anatomiques, développement autonome ou acculturation, etc.).
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Musées royaux d’art et d’histoire. Parc du Cinquantenaire, 10. B-1000 Bruxelles (Belgique).
[email protected]
The Paviland burin and the Aurignacian of Britain
Rob DINNIS
The Aurignacian of Britain is characterised by a comparatively small amount of
material, and as a result has remained understudied. My study of this material indicates
that Aurignacian occupation of Britain was confined only to later phases of the
continental sequence, and was geographically restricted to the west. These factors
suggest that the British Aurignacian was a short-lived event, most likely relating to one
(or more) of the more significant warmer phases identified in the climatic records of the
North Atlantic. The presence of 'Paviland burin' bladelet core artefacts - different from,
but sharing similarities with, the burin busqué - in Belgium and Britain suggests cultural
afinity between the two regions. This cultural affinity may relate to a late aurignacian
occupation centred on the now submerged Channel River.
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Doctoral Student, graduate school of archaeology, west court, 2 Mappin Street, Sheffield.S1
4DT, Angleterre. [email protected]
Two late Aurignacian Paviland burins from Goat’s Hole, Paviland (south Wales).
(Illustrations courtesy of J. Wallis.)
L’avènement des Hommes modernes en Belgique
Marcel OTTE*, Pierre NOIRET**
Sur un fond culturel très diversifié et novateur aux temps moustériens, une vague de
« modernité » s’imprime brutalement en Europe du Nord-Ouest, dont la Belgique
constitue le cœur. La tradition de recherche en Paléolithique y remonte aux débuts du
xixe siècle, dans la foulée des travaux miniers et carriers. La géologie et la
paléontologie y prirent un essor très précoce et économiquement crucial. La plus
ancienne histoire humaine s’y est ainsi constituée en toute autonomie, en définissant
les stades néandertaliens (Engis, 1830), aurignacien (Montaigle), gravettien (Trou
Magrite) et magdalénien (Chaleux).
Les traditions moustériennes, sur fond des industries aux pointes foliacées, marquent
une phase transitionnelle très ancienne (38.000 BP). L’Aurignacien y est très riche et
d’introduction rapide, intense et définitive, sur le modèle des peuples colonisateurs.
Ses œuvres d’art incarnent une pensée mythique, jusque là restée inexprimée : image
humaine ambigüe et opposition des deux genres ; elles évoquent à la fois le sud-ouest
de l’Allemagne et le Périgord.
Un Gravettien ancien (28.000 BP) s’impose tout à coup, comme greffé sur des valeurs
antérieures à l’Aurignacien : lames appointées, retouches plates, fond Levallois. Ces
traits sont propres aux plaines orientales et septentrionales, d’où ce mouvement a pu
surgir. Les décors géométriques élaborés incisés sur des plaquettes en ivoire
(Maisières-Canal) accentuent ces affinités. Les modes de fixation, crantée ou
pédonculée, se retrouveront beaucoup plus tard, autant en Belgique qu’en France,
sous la forme jadis définie comme « Périgordien VA ».
À ce moment comme en bien d’autres, la Belgique joua le rôle d’intermédiaire et de
gestatrice entre les aires britannique et rhénane, jusqu’à la hauteur de la Loire.
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* Professeur de préhistoire, Université de Liège. 7 place du XX Août, bât. A1, B-4000 Liège
(Belgique). [email protected]
** Maître de conférences, Université de Liège, Service de Préhistoire, 7 place du XX août, bât
A.1, B-4000, Liège. [email protected]
Trou Magrite, Aurignacien, statuette anthropomorphe en ivoire (dessin : A. Sylvestre).
Les précurseurs de l’art aurignacien
Gerhard BOSINSKI
Il n’est pas nécessaire d’engager un débat pour dire que les statuettes fantastiques du
Vogelherd et du Geissenklösterle (Jura Souabe, Allemagne) ainsi que les œuvres d’art
grandioses de la Grotte Chauvet (Ardèche, France) ne représentent pas le début de
l’art.
Les précurseurs de cet art aurignacien sont les statuettes en ivoire de Sungir’ près de
Vladimir (Russie), dont les contour vagues ne font que suggérer l’espèce représentée
– « cheval », « mammouth » -.
De Sungir’ proviennent aussi des petits galets plats avec une perforation souvent
située à côté de l’axe de symétrie de la pièce. Vraisemblablement, ces galets étaient à
l’origine peints et furent utilisés comme pendeloques, tout comme les deux
« chevaux » d’ivoire (1-2 de la figure) dont les pattes postérieures portent aussi une
telle perforation.
Ainsi les statuettes de Sungir’ semblent d’illustrer le pas décisif de la sélection des
formes naturelles (galets) vers la création de sculptures en ivoire. Malgré les datations
obtenues à Sungir’ (plusieurs dates 14C entre 14 000 et 28 000 B.P., au choix), la
stratigraphie et les types d’outils découverts montrent que le site de Sungir’ et
l’industrie Sungir’ - Kostenki I,5 (Kostenkovskaja – Streleckaja kul’tura) se placent
avant l’Aurignacien.
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Wissenschaftlicher Kurator Professor für Ur- und Frühgeschichte, Prinz Maximilian zu WiedStiftung Universität Köln, Institut für Ur- und Frühgeschichte Schloß Monrepos 56567 Neuwied.
[email protected]
Sungir’ près de Vladimir (Russie)
Statuettes d’ivoire. 1 et 3 provenant de la sépulture double des enfants.
D’après O.N. Bader.
Au lendemain du dernier Maximum Glaciaire entre Rhin et Danube
Thomas TERBERGER*, Philipp WOERZ** et ***, Jordi SERANGELI***
Faute de données, la partie occidentale de l’Europe centrale était, il y a quelques
années encore, considérée comme abandonnée par l’homme tout au long du dernier
Pléniglaciare. Les traces archéologiques précédant cette disparition prétendue se
résumaient à des évidences de traditions gravettiennes récentes (à microgravettes et
lamelles à dos dont les supports sont en partie produits sur nucléus de type « burin
polyédrique »). Par la suite, le retour de l’homme se serait déroulé au fur et à mesure
du Tardiglaciaire, coïncidant ainsi avec l’apparition des traditions magdaléniennes ;
essentiellement au cours du Magdalénien supérieur.
Les données issues du gisement de Wiesbaden-Igstadt (Hesse, Allemagne) viennent
cependant nuancer cette perception. Des mesures radiométriques placent ce site peu
de temps après le dernier Maximum Glaciaire et bien avant le début du Magdalénien.
Par ailleurs, la composition de son assemblage lithique le différencie clairement de ces
traditions. Identifié grâce aux recherches menées sur le matériel de WiesbadenIgstadt, un autre témoignage intéressant notre problématique n’a été mis en relief que
récemment. L’assemblage de Gera-Zoitzberg (Thuringe, Allemagne) permet en effet
des comparaisons pertinentes. Nous proposons dans un premier temps d’évaluer de
manière synthétique les caractères de ces deux exemples. Puis, à travers l’approche
globale de leurs systèmes techniques lithiques, nous essayerons d’aborder comment
ils pourraient être conçus sous l’angle d’une filiation à un technocomplexe établi. Nous
souhaitons ainsi pouvoir contribuer à l’harmonisation des connaissances sur les
sociétés humaines du lendemain du dernier maximum glaciaire des deux côtés du
Rhin.
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* Ernst-Moritz-Arndt-Universität, Historisches Institut, Lehrstuhl für Ur- und Frühgeschichte,
Greifswald, Allemagne. [email protected]
** Eberhard-Karls-Universität, Institut für Ur- und Frühgeschichte und Archäologie des
Mittelalters, Abteilung Ältere Urgeschichte und Quartärökologie, Tübingen, Allemagne
[email protected]
*** Université de Provence, UMR 6636, LAMPEA, Aix-en-Provence
[email protected]
Position chrono-culturelle des gisements de Wiesbaden-Igstadt (Hesse, Allemagne) et
Gera-Zoitzberg (Thuringe, Allemagne) en fonction des données archéologiques de la
partie occidentale de l’Europe centrale (N.B. : Seul le caractère de l’assemblage de
Wiesbaden-Igstadt permet des mesures chronométriques).
Emergence et développement de l’Aurignacien dans le contexte de la dite
transition du Paléolithique moyen au Paléolithique supérieur en Europe
Nicolas TEYSSANDIER
La mise en place du Paléolithique supérieur est généralement interprétée sous l’angle
d’une rupture franche et massive avec le Paléolithique moyen. De ce point de vue,
l’Aurignacien est envisagé comme l’expression culturelle qui verrait la généralisation de
la plupart des grandes innovations caractérisant dans son ensemble le Paléolithique
supérieur.
Ces dernières années, notre compréhension des modalités d’émergence et de
développement de l’Aurignacien s’est vue renouvelée par la conjonction de différents
travaux sur plusieurs séquences de première importance. Cette communication se
propose de faire un bilan des données récemment obtenues sur les phases anciennes
de l’Aurignacien. Nous insisterons en particulier sur les séquences d’Europe centrale,
pour essayer de les intégrer dans un schéma d’évolution cohérent à l’échelle
européenne. Nous évoquerons enfin l’un des moteurs de l’évolution technologique des
sociétés humaines entre 45 000 et 30 000 BP, qui pourrait correspondre à la recherche
de solutions techno-économiques pour armer des projectiles. Cela nous conduira à
supposer une plus grande profondeur temporelle et une relative arythmie dans la mise
en place des caractères constitutifs du Paléolithique supérieur en général et de
l’Aurignacien en particulier.
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UMR 5608 – TRACES
Université Toulouse Le Mirail
Maison de la Recherche
F-31058 Toulouse cedex 9
[email protected]
Représentation schématique de 4 épisodes remarquables s’inscrivant dans les
processus conduisant à l’émergence du Paléolithique supérieur. Autour de 40 000 BP,
une large partie de l’Europe est peuplée par des porteurs de traditions différenciées
produisant des pointes lithiques (Bachokirien, Bohunicien, Néronien, Châtelperronien).
A partir de 37 000 BP environ, apparaît le Protoaurignacien caractérisé par la
production de grandes lamelles rectilignes ; ces industries présentent des affinités
techniques avec celles de l’Ahmarien ancien du Proche-Orient et sont globalement
comparables depuis les Balkans jusqu’à la façade atlantique. Ce n’est qu’autour de
35 000 BP que, dans certains contextes géographiques, on assiste à l’apparition de
l’Aurignacien ancien qui voit des aires régionales se différencier, en particulier selon le
style des parures. Enfin, vers 31 000 BP, le peuplement aurignacien récent s’étendrait
massivement à l’Europe centrale et septentrionale et l’on verrait la naissance
d’expressions graphiques mobilières et pariétales.
Derniers néandertaliens et premiers hommes modernes en Europe
Jean-Jacques HUBLIN
L’Europe est la seule région de l’Ancien Monde où le remplacement des groupes
humains archaïques locaux par des Homo sapiens, peut-être analysé, dans certaines
limites, tant du point de vue paléoanthropologique que du point de vue archéologique.
Sur le plan biologique, on assiste dans nos régions au remplacement des
néandertaliens par les hommes modernes, deux groupes qui présentent des
différences remarquables sur le plan anatomique et physiologique, mais aussi très
probablement démographique, et peut-être même cognitif. Le modèle de continuité
biologique régional naguère proposé par les tenants du multirégionalisme a été
aujourd’hui totalement abandonné au profit d’un modèle de remplacement faisant
intervenir, ou non, un degré variable de flux génique entre les deux groupes. Pour
éclairer ce processus nous proposons un réexamen critique des données
paléontologiques et paléogénétiques disponibles. Sur le plan culturel, il ne fait guère de
doute que les derniers moustériens sont l’œuvre de néandertaliens et les aurignaciens
l’œuvre d’hommes modernes. Les industries malencontreusement dites « de
transition » identifiées autour de la période de remplacement donnent lieu à différentes
interprétations compte tenu de l’identité supposée de leurs artisans et surtout de leur
possible chronologie. Nous proposons ici qu’elles représentent en fait un ensemble
hétérogène et non synchrone à l’échelle de l’Europe et discutons, à la lumière des
données paléoanthropologiques et chronologiques, deux modèles interprétatifs qui
s’opposent en apparence : celui du développement autonome d’une forme de
paléolithique supérieur par les derniers néandertaliens dès avant l’arrivée des hommes
modernes et celui d’une acculturation de ces populations par des immigrants
modernes
par
diffusion
à
distance
d’une
zone
de
contact.
____________________________________________________________________________
MPI-EVA, Département
[email protected]
d’évolution
humaine,
Deutscher
Platz
6,
D-04103
Leipzig
100
90
80
70
60
50
40
H. modernes P. sup.
30
H. modernes P. moy.
Néandertaliens
20
10
0
I2 sup en
pelle
Ride acces.
Crête
P3 sup
transv. P4
inf.
Crête midtrigonide
M1 inf.
Fréquence de quelques traits dentaires non métriques chez les hommes modernes du
paléolithique supérieur, les hommes modernes du paléolithique moyen et les néandertaliens
(données S. Bailey).
New research on the Early Upper Palaeolithic in Central Europe: excavations in
Willendorf II, Austria (2006 & 2007)
Philip R. NIGST*, Thomas BENCE VIOLA, Paul HAESAERTS, Freddy DAMBLON,
Christa FRANK, Carolina MALLOL, Laura NIVEN, Jean-Jacques HUBLIN,
Gerhard TRNKA
In 2006 we started new excavations at Willendorf II, a site originally excavated between
1908 and 1955. The site's deposits cover the time period of > 55.000 to 23.000 years
uncal. BP and include 9 archaeological layers separated by sterile loess. The early
levels from Willendorf II play a key role in the discussion of the dispersal of modern
humans into Europe and of the origin(s), dating and dispersal of the Aurignacian. In
recent years, however, the evidence has been debated both for the 14C dates and for
the cultural attribution of the Early Upper Palaeolithic (EUP) assemblages.
Our new work at the site is aimed at clarifying these issues and at placing the EUP
occupations in their climatic and environmental context. Our excavations are sampling
the whole sequence along the site's existing main section. Special attention is being
paid to better understanding the site formation processes, collecting dating samples
(large dating program: C14-AMS on bone and charcoal, OSL and TL), expanding the
EUP lithics sample, and obtaining malacology samples for environment reconstruction.
We further collected abundant samples for palaeomagnetic, tephrachronological and
pollen analyses.
Here we present the results to date, reassess the known sequence and discuss our
findings in the context of the Middle to Upper Palaeolithic transition in Central Europe.
We report on the discovery of both new Gravettian and Aurignacian horizons (8a and
3b) as well as new C14 dates for the Aurignacian Layer 4 (GrA-35403: 31250 +230/210 BP and GrA-35406: 31170 +230/-210), and preliminary dating results for the
underlying Early Aurignacian Layer 3.
Taken together these results support previous work done at the site and along with
new lithic analysis suggest one of the earliest assemblages of the Aurignacian in
central Europe.
Acknowledgments
Funded by the Leakey Foundation (San Francisco), the Hugo Obermaier Society
(Erlangen, Germany), the Department of Human Evolution (Max Planck Institute for
Evolutionary Anthropology, Leipzig), the Department of Anthropology (University of
Vienna), the Institute of Prehistoric Archaeology (University of Vienna), and the
Hochschuljubiläumsstiftung (City of Vienna). The fieldwork was supported with
equipment by the Department of Prehistory (Museum of Natural Histroy, Vienna). We
thank the Austrian Antiquity Authority for the fieldwork permission. Special thanks to
Shannon McPherron, Horst Seidler, and Walpurga Antl-Weiser.
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* Max-Planck-Institute for Evolutionary Anthropology
Dpt. of Human Evolution
Deutscher Platz 6
D-04103 Leipzig
[email protected]
Willendorf II, Austria: Schematic composite section
(based on datain Haesaerts et al. 1996;
graphic: T. B. Viola, The Willendorf Project). All 14C dates are uncal. BP.
Les nouvelles données sur le Szélétien en Pologne
Dariusz BOBAK* et Marta POLTOWICZ-BOBAK**
Les territoires de la Pologne forment une limite septentrionale de l’expansion de la
culture szélétienne. Dans cette région, les sites sont essentiellement localisés en
Silésie et en Petite Pologne. Ils ne sont toutefois pas très nombreux et sont souvent
pauvres en mobilier archéologique. Le plus riche et le plus important est celui de
LubotyĔ 11, situé en Haute Silésie, sur le Plateau de Głubczyce, directement devant la
Porte Morave. Il fait l’objet d’une fouille depuis 2006. Jusqu’à aujourd’hui, plus de 4000
artefacts lithiques ont été mis au jour, sur une surface de 25 m². Des foyers sont
également très bien conservés. On a obtenu trois dates C14, qui datent le site entre
44000 +/- 3000 et 35100 +/- 800 BP. Les données palynologiques attestent de la
présence de bouleaux dans la région, plus rarement de pins et de plantes herbacées,
typiques de la toundra forestière.
L’inventaire lithique présente des caractéristiques typiques des autres assemblages
szélétiens – surtout des pointes foliacées, mais aussi des grattoirs, souvent carénés, et
des racloirs qui sont parfois retouchés sur la face inférieure. Les matières premières
lithiques proviennent le plus souvent des terrains de la Moravie. Des activités
domestiques ont été réalisées sur le site. D’autre part, ce dernier a sans doute été
occupé à plusieurs reprises. Le site de LubotyĔ 11 est actuellement le plus riche site
szélétien en Pologne et l’un des plus riches et plus importants sites szélétiens en
Europe. Des prospections révèlent également que le Plateau Głubczyce a été occupé
en maint endroit par les groupes de culture szélétienne (p. Ex. Pilszcz 63, 64). On peut
admettre que le territoire de la Silésie est une province d’occupation szélétienne
importante, probablement en contact avec les groupes qui occupaient la Moravie à la
même période.
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* Fundacja Rzeszowskiego OĞrodka Archeologicznego
ul Hoffmanowej 8
Pl-35 016 Rzeszów
[email protected]
** Instytut Archeologii
Uniwersytet Rzeszowski
ul. Hoffmanowej 8
Pl-35 016 Rzeszów
[email protected]
Les sites szélétiens polonais dans le contexte du szélétien centre Europeen.
Points rouges : sites szélétiens polonais
Cercle vert : étendue du szélétien en Europe Centrale
Photo - pointe foliacée du site LubotyĔ 11
Participants au colloque
1- Communicants
Miguel ALMEYDA Dryas Arqueologia –
Unidade de Investigação, Av. Fernão de
Magalhães, 153, 4º andar, sala 11, 3000-176
Coimbra, (Portugal). [email protected]
Pierre ANTOINE UMR CNRS 8591 Laboratoire
de Géographie physique 1, place Aristide Briand
92195 Meudon cedex [email protected]
Thierry AUBRY i.g.e.s.p.a.r, Ministério da
Cultura, Portugal, Rua da fontinha, n°62, fala,
3040-168 Coimbra. Portugal. [email protected]
Miguel BIARD Chargé de recherche INRAP,
centre archéologique de Rouen, 22 rue Nétien,
76000 Rouen, [email protected]
Dariusz BOBAK Fundacja Rzeszowskiego
OĞrodka Archeologicznego ul Hoffmanowej 8 Pl35 016 Rzeszów [email protected]
ère
Pierre BODU Chargé de recherche 1 classe,
Equipe Ethnologie préhistorique-UMR 7041CNRS- MAE, 21 allée de l’Université. 92023.
Nanterre cedex. [email protected]
Gerhard BOSINSKI Wissenschaftlicher Kurator
Professor für Ur- und Frühgeschichte, Prinz
Maximilian zu Wied-Stiftung Universität Köln,
Institut für Ur- und Frühgeschichte Schloß
Monrepos
56567 Neuwied.
[email protected]
Laurent
BROU
Service
d'archéologie
préhistorique MNHA, 241, rue de Luxembourg,
L-8077
Bertrange,
Grand-Duché
de
Luxembourg. [email protected]
Jérôme BULLINGER Conservateur Musée
cantonal d'archéologie et d'histoire, Palais de
Rumine, 6, Place de la Riponne, CH - 1014
Lausanne. [email protected]
François-Xavier
CHAUVIERE
Chargé
d'enseignement.
Institut
de préhistoire
de l'université de Neuchâtel, Laténium, parc
et musée d'archéologie de Neuchâtel, espace
Paul-Vouga, CH-2068 Hauterive, Suisse.
[email protected]
Lucie CHEHMANA Université de Paris I UMR
7041 ArScAn, ethnologie préhistorique Maison
de l’archéologie et de l’ethnologie 21 allée de
l’université,
92023
Nanterre
cedex
[email protected]
Nelly
CONNET
INRAP-Laboratoire
anthropologie des techniques des espaces et
des territoires au Pléistocènes (ANTET) UMR
7041-CNRS-MAE, 21 allée de l’Université.
92023. Nanterre cedex. [email protected]
Paule COUDRET Laboratoire de Préhistoire et
Quaternaire, USTL 18, rue Dufour 80 000
AMIENS
[email protected]
Christophe CUPILLARD Service Régional
d’Archéologie de Franche-Comté 7 rue Charles
Nodier
25043 Besançon Cedex & UMR 6249 du CNRS,
Laboratoire de Chrono-Environnement UFR des
Sciences et des Techniques 16 route de Gray
25030
Besançon
Cedex
[email protected]
Mahaut DIGAN Membre associée TRACES UMR 5608, Université Toulouse le Mirail.
Aveunue
A.Machado.
Toulouse.
[email protected]
Rob DINNIS Doctoral Student, graduate school
of archaeology, west court, 2 Mappin Street,
Sheffield.S1
4DT,
Angleterre.
[email protected]
Gaëlle DUMARCAY UMR 7041, MAE, 21 allée
de l'Université, 92023. Nanterre cédex.
[email protected]
DUTKIEWICZ
Eberhard-Karls
Universität Tübingen, Institut für Ur-und
Frühgeschichte und Archäologie des
mittelalters, Abteilung Ältere Urgsechichte
und Quartäökologie.Burgsteige 11, D72070 Tübingen. [email protected]
Ewa
Jean-Pierre
FAGNART
Laboratoire
de
Préhistoire et Quaternaire, USTL Conseil
er
général de la Somme 27, Mail Albert 1 80 026
AMIENS cedex 1 [email protected]
Damien FLASS Musées royaux d’art et
d’histoire. Parc du Cinquantenaire, 10. B-1000
Bruxelles (Belgique). [email protected]
Harald FLOSS Professeur à l'Université de
Tübingen, Institut für Ur- und Frühgeschichte
und Archäologie des Mittelalters, Abteilung
Ältere Urgeschichte und Quartärökologie,
Schloß Hohentübingen, 72070 Tübingen.
[email protected]
ère
Laure FONTANA Chargé de recherche 1
classe, LAMPEA, UMR 6636, CNRS, MMSH, 5
rue du Château de l’Horloge, BP 647, F-13094,
Aix-en-Provence cedex 2. [email protected]
Nejma GOUTAS
UMR 7041 ArScAn,
ethnologie préhistorique Maison de l’archéologie
et de l’ethnologie 21 allée de l’université, 92023
Nanterre cedex [email protected]
Marc GRIETTE Prospecteur, région Lorraine, 13
rue de la Galaxie, F-57360 Amnéville, France.
[email protected]
Sylvain GRISELIN INRAP, 31 rue de Deligny,
93500. Pantin. UMR 7041, MAE, 21 allée de
l'Université,
92023.
Nanterre
cédex.
[email protected]
Caroline GUETTE-MARSAC Docteur en
Préhistoire diplômée de l’Université Paris 1 ;
PCR « Les Premiers Hommes en Normandie »
– 1 rue de la Concorde – 92600 Asnières-surSeine [email protected]
Stephan HiNGUANT Ingénieur de recherche
INRAP et UMR 6566 du CNRS, CReAAH,
Campus de Beaulieu, Université de Rennes 1,
35042
Rennes
cedex,
[email protected]
Nicolas HOLZEM Inrap Centre – Ile-de-France,
Tours [email protected]
Christian HOYER Institut für Ur-und
Fruehgeschichte, Abteilung Aeltere
Urgeschichte und Quartearoekologie, Schloss,
Burgsteige 11, D-72070 Tübingen .
[email protected]
Jean-Jacques HUBLIN MPI-EVA, Département
d’évolution humaine, Deutscher Platz 6, D04103 Leipzig [email protected]
Michèle JULIEN UMR 7041 ArScAn, ethnologie
préhistorique Maison de l’archéologie et de
l’ethnologie 21 allée de l’université, 92023
Nanterre cedex [email protected]
Morgane LIARD Inrap CIF, base d’Orléans, 525
avenue de la pomme de pin, 45590. St-Cyr-enVal. [email protected]
Jean-Claude LIGIER association CORA, 1 rue
du pont, 89 St-Moré
Hartwig LOEHR Rheinisches Landesmuseum
Trier, Weimarer Allee 1, D-54290 Trier,
Allemagne. [email protected]
Javier MANGADO LLACH Maître de
conférences, DPT Prehistoria, Ha Antiqa ;
Archeologia.Univ de Barcelona, C/Montalegre
6/8. 08001. Barcelona . Espagne.
[email protected]
Ludovic MEVEL Université Paris 10 – Nanterre
UMR 7055 – laboratoire de Préhistoire &
Technologie
Maison de l’archéologie et de l’ethnologie 21,
allée de l’université 92023 Nanterre cedex
[email protected]
Danielle
MOLEZ
UMR
7041,
équipe
d’ethnologie préhistorique MAE, 21 allée de
l'Université, 92023. Nanterre cédex
Jean-Laurent
MONNIER
Directeur
de
recherche CNRS, UMR 6566 du CNRS,
CReAAH, Campus de Beaulieu, Université de
Rennes 1, 35042 Rennes cedex, [email protected]
Maria-Joao NEVES Dryas Arqueologia –
Unidade de Investigação, Av. Fernão de
Magalhães, 153, 4º andar, sala 11, 3000-176
Coimbra, (Portugal). mariajoã[email protected]
Philip R. NIGST, M.A. Max-Planck-Institute for
Evolutionary Anthropology Dpt. of Human
Evolution Deutscher Platz 6 D-04103 Leipzig
[email protected]
Fiona KILDEA Inrap Centre – Ile-de-France,
Tours. [email protected]
nde
Laurent KLARIC Chargé de recherche 2
classe, Equipe Préhistoire et technologie -UMR
7055-CNRS. MAE, 21 allée de l’Université.
92023. Nanterre cedex. [email protected]
Laurent LANG Inrap Centre – Ile-de-France,
Tours [email protected]
Foni LE BRUN-RICALENS Conservateur,
Service d'archéologie préhistorique MNHA, 241,
rue de Luxembourg, L-8077 Bertrange, GrandDuché
de
Luxembourg.
[email protected]
Denise LEESCH Chargée de recherche,
Université de Neuchâtel (Suisse), Institut de
préhistoire et des sciences de l'Antiquité Espace
Paul
Vouga,
CH-2068
Hauterive.
[email protected]
Pierre NOIRET maître de conférences,
Université de Liège, Service de Préhistoire, 7
place du XX août, bât A.1, B-4000, Liège.
[email protected]
Monique
OLIVE
Equipe
Ethnologie
préhistorique-UMR 7041-CNRS- MAE, 21 allée
de l’Université. 92023. Nanterre cedex.
[email protected]
Marcel OTTE Professeur de préhistoire,
Université de Liège. 7 place du XX Août, bât.
A1,
B-4000
Liège
(Belgique).
[email protected]
Clément PARIS Université de Paris 1, 3 rue
Michelet. 75006. Paris. [email protected]
Jacques PELEGRIN CNRS-UMR 7055 –
laboratoire de Préhistoire & Technologie
Maison de l’archéologie et de l’ethnologie 21,
allée de l’université 92023 Nanterre cedex
[email protected]
Bénédicte SOUFFI INRAP, 31 rue de Deligny,
93500. Pantin. UMR 7041, MAE, 21 allée de
l'Université,
92023.
Nanterre
cédex.
[email protected]
Caroline PESCHAUX Université Paris 1 UMR
7041, MAE, 21 allée de l'Université, 92023.
Nanterre cédex
Nicolas TEYSSANDIER UMR 5608 – TRACES
- Université Toulouse Le Mirail Maison de la
Recherche F-31058 Toulouse cedex 9
[email protected]
Jean-Marc PETILLON UMR 5608 TRACES
Université Toulouse le Mirail, maison de la
recherche
5 allées Antonio Machado, 31058 Toulouse
cedex 9 [email protected]
Marian VANHAEREN UMR 7041 ArScAn,
ethnologie préhistorique Maison de l’archéologie
et de l’ethnologie 21 allée de l’université, 92023
Nanterre cedex [email protected]
Romain PIGEAUD USM 103 – UMR 5198 du
CNRS Département de Préhistoire du Muséum
national
d’Histoire
naturelle
[email protected]
Bertrand WALTER Société d’Études et
Recherches Archéologiques sur le Paléolithique
de la Vallée de la Claise. Les Chirons. 37290
Bossay-sur-Claise. [email protected]
Gilbert PION 895 route de la Bathie 73230
Saint-Alban-Leysse [email protected]
Thomas TERBERGER Ernst-Moritz-ArndtUniversität, Historisches Institut, Lehrstuhl für
Ur- und Frühgeschichte, Greifswald, Allemagne.
[email protected]
Marta
POLTOWICZ-BOBAK
Instytut
Archeologii
Uniwersytet
Rzeszowski
ul.
Hoffmanowej
8
Pl-35
016
Rzeszów
[email protected]
Morgan ROUSSEL Doctorant, MPI-EVA,
Département d’évolution humaine, Deutscher
Platz 6, D-04103 Leipzig, Allemagne, et AnTET,
ArScAn, UMR 7041, Maison René Ginouvès, 21
allée de l'Université, F-92023 Nanterre Cedex
[email protected]
Farid SELLAMI Inrap Centre – Ile-de-France,
Tours [email protected]
Jordi SERANGELI Université de Provence,
UMR 6636, LAMPEA, Aix-en-Provence
[email protected]
Marie SORESSI INRAP CIF, base d’Orléans,
525 avenue de la Pomme de Pin, F-45590
Saint-Cyr-en-Val, et MPI-EVA, Département
d’évolution humaine, Deutscher Platz 6, D04103 Leipzig, Allemagne, et AnTET, ArScAn,
UMR 7041, Maison René Ginouvès, 21 allée de
l'Université,
F-92023
Nanterre
Cedex.
[email protected]
Sylvain SORIANO UMR 7041 ArScAn /
Anthropologie des Techniques, des Espaces et
des Territoires au Pliocène et Pléistocène
Maison de l'archéologie et de l'Ethnologie 21
allée de l'université F-92023 Nanterre cedex
[email protected]
Philipp WOERZ Eberhard-Karls-Universität,
Institut für Ur- und Frühgeschichte und
Archäologie des Mittelalters, Abteilung Ältere
Urgeschichte und Quartärökologie, Tübingen,
Allemagne [email protected]
Pierre ZIESAIRE Membre de la Société
préhistorique luxembourgeoise, 41, rue des
Genêts, L-8131 Bridel, Grand-Duché de
Luxembourg. [email protected]
2- Auditeurs
Jehanne AFFOLTER Dime 86 CH 2000 Neuchâtel
UMR 559 [email protected]
André AUCLAIR bénévole Musée de Sens
[email protected]
Michele AUCLAIR bénévole Musée de Sens
[email protected]
Laure BASSIN Rue de l'écluse 61 CH2000
Neuchâte Université de Neuchâtel
[email protected]
Hervé BEAUDOUIN CERPA [email protected]
Roselyne BEYAERT bénévole Musée de Sens
[email protected]
Micheline BRISEDOU, bénévole 89000 Auxerre
Daniel BUTHOD-RUFFIER 13 rue marteau 89100
Fontaine-la-Gaillarde [email protected]
Baudouin CAPOEN bénévole Musée de Sens
Henri CYMERYS 3 rue A.Calin 89260 Thorigny-surOreuse
Francine DAVID 21 allée de l'université 92023
Nanterre cedexUMR 70 41 - Ethnologie préhistorique
[email protected]
Monique DE CARGOUET 5 rue rigault 89100 Sens
Musée de Sens
[email protected]
Philippe DE SMEDT Hofmeierstraat 12 9000 Gent –
Belgique Université de Gend
[email protected]
Olivier FERULLO DRAC Aquitaine - SRA 33074
Bordeaux MCC-SRA-Aquitaine / UMR 51 99 PACEA – Bordeaux [email protected]
Daniel GENSER bénévole Musée de Sens
[email protected]
Danièle GENSER bénévole Musée de Sens
[email protected]
Jean-Marc GOUEDO 6 rue de Strasbourg 93200
Saint-Denis DRAC Ile de France - SRA
[email protected]
Michel HUBLIN 373 chemin des Hautins 01280
Prevessin-Moëns [email protected]
Edouard Jacquot SRA Bourgogne
[email protected]
Michel LEHUP bénévole musée de Sens
[email protected]
Romain MALGARINI
[email protected]
Bernard MINISINI 55 rue neuve 77810 Thomery
[email protected]
Cyril MONTOYA DRAC PICARDIE 5 rue Henri
Daussy – 80 044 Amiens
[email protected]
Anne MORIN BLATRIX 11 rue du Château d'eau
91630 Marolles-en-Hurepoix
Gunther NOENS Blandijnberg 2, 9000 Gent –
Belgique Université de Gend
[email protected]
Yves PAUTRAT SRA Bourgogne
[email protected]
Odette PION 895 route de la Bathie 73230 SaintAlban-Leysse [email protected]
Jean-Michel PORTIER 1 rue de Saint Corentin
78790 Rosay [email protected]
Annie ROBLIN-JOUVE 21 allée de l'université
92023 Nanterre cedexUMR 70 41 – Ethnologie
préhistorique [email protected]
Alain SENEE UMR 70 41 - Ethnologie préhistorique
21 allée de l'université 92023 Nanterre cedex
Françoise SOUCHET bénévole Musée de Sens
Claude STOCKER 19 grande rue 55000 Ville-surSaulx [email protected]
Maxime SUING [email protected]
Jean-Claude TAMALET bénévole Musée de Sens
[email protected]
Monique TAMALET bénévole Musée de Sens
[email protected]
José Miguel TEJERO Doctorant - Université de
Barcelone [email protected]
Boris VALENTIN 3 rue Michelet 75006 Paris
Université Paris 1 [email protected]
Ann VAN BAELEN Celestijnenlaan 200E bus 2409,
Leuven Belgique Université Catholique de Louvin
[email protected]
Anne-Catherine WELTE 8 rue de l'écharpe 31000
Toulouse UMR 70 49 [email protected]
Alain YVRON 3 bis avenue du Maréchal Joffre
94290 Villeneuve-le-Roi
Nicolas ZWYNS Department of Human Evolution
Max Planck Institute for Evolutionary Anthropology
Deutscher Platz, 6 04103 Leipzig Germany
Colloque organisé avec le soutien financier
Du Centre National de la Recherche Scientifique
De l’équipe d’ethnologie Préhistorique (ArScAn – UMR 70 41 – CNRS)
Du laboratoire Préhistoire & Technologie (UMR 70 55 – CNRS)
De l’équipe Travaux et Recherches Archéologiques
sur les Cultures, les Espaces et les Sociétés
(TRACES – UMR 5608 - CNRS)
Et le concours
De la Société préhistorique française
Des musées de Sens

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