Une nouvelle typologie des systèmes - Chambres Poitou
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Une nouvelle typologie des systèmes - Chambres Poitou
FOCUS économie L’actualité en chiffres Septembre 2011 N° 1108 Une nouvelle typologie des systèmes spécialisés en grandes cultures en Poitou-Charentes La typologie 2010 des systèmes grandes cultures de la région Poitou-Charentes a été construite à partir du traitement de données structurelles des exploitations en 2008. La base de données fournies par la DRAAF est extraite du fichier PACAGE 2008 qui regroupe l’ensemble des exploitations de la région Poitou-Charentes. La réalisation d'une telle typologie a été rendue nécessaire afin de conforter le dispositif d'acquisition de références systèmes en Poitou-Charentes et d'identifier les systèmes d'exploitation d'intérêt qui feront l'objet d'un suivi de ferme de références. Contact : Olivier PAGNOT Animateur INOSYS grandes cultures, CA Poitou-Charentes Identification des systèmes spécialisés en grandes cultures - une SAU supérieure à 20 ha, - moins de 7,5 UGB viande ovine ou bovine, - moins de 50 000 l de lait, - moins de 10 ha de SFP et moins de 25 % de surface fourragère dans la SAU, - moins de 1 ha de vigne, - moins de 500 € d’aides de fruits à coque. Le premier travail consiste à identifier les exploitations spécialisées en grandes cultures à partir des informations structurelles disponibles dans la base de donnée (SAU, forme juridique, année de naissance, surface de céréales dont maïs irrigués, oléagineux, protéagineux dont irrigués, surfaces irriguées, gel volontaire, Le traitement de la base de données DRAAF Poitoufourrages annuels, prairies temporaires, prairies de plus Charentes permet d’identifier 5 430 exploitations de 5 ans, prairies permanentes, PAB, PMTVA,PBC, quo- considérées comme spécialisées en grandes cultures, ta laitier). soit 23,5 % des 23 100 déclarants PAC. (cf tableau 1). L’exploitation de ces critères constitue la base de la typologie complétée par la réflexion d’un collectif d’experts pour intégrer des éléments complémentaires comme l’agronomie et la main d’œuvre absentes des informations composant la base de données. La répartition des exploitations diffère selon les départements. Les systèmes céréaliers représentent plus d’une exploitation sur 3 dans la Vienne contre moins de 2 sur 10 en Deux-Sèvres. Ils exploitent plus de la moitié des surfaces en céréales et en oléoLes exploitations spécialisées grandes cultures ont protéagineux dans la Vienne contre à peine un tiers dans le département des Deux-Sèvres. été identifiées avec plusieurs critères cumulatifs : 9 avenue George V 75008 Paris Tél : 01 53 57 10 10 Fax : 01 53 57 10 05 Email : [email protected] REPUBLIQUE FRANÇAISE Etablissement public Siret 180070047 00014 www.chambres-agriculture.fr Avec la participation financière du CasDAR Année 2008 Charente Charente-Maritime Deux-Sèvres Vienne Région Poitou-Charentes Nombre d’exploitations grandes cultures En %des déclarants PAC départementaux Représentation régionale Part de la SCOP cultivée par les systèmes spécialisés grandes cultures 1 043 1 641 976 1 790 18 25 16 36 19% 30% 18% 33% 38% 45% 31% 54% 5 450 23 100% 43% Focus1108 - Septembre 2011 Tableau 1 Assemblée Permanente des Chambres d'agriculture 1 Les autres surfaces COP sont associées avec une production animale ou une autre production végétale. Les systèmes mixtes cultures de vente productions animales sont étudiés dans les réseaux des filières animales. L’exploitation moyenne spécialisée grandes cultures en Poitou-Charentes est composée d’une SAU de 99 ha dont 10 ha irrigués. Cette moyenne cache une grande disparité. Un quart des exploitations a une SAU comprise entre 20 et 50 ha. Surface Agricole utile (SAU) Ce critère est utilisé pour différencier les systèmes selon 4 classes de surfaces. Pour les systèmes en culture pluviale, les limites de classes ont été définies sur la base d’un volume de production traduit en équivalent blé par unité de travail agricole. Les classes de SAU des systèmes en cultures pluviales sont les suivantes : Choix des critères typologiques - 20 à 80 ha soit 1 400 à 5 500qx équivalent blé/UTA, - 81 à 125 ha soit 5 500 à 8 500qx équivalent blé/UTA, - 126 à 180 ha soit 8 500 à 12 000qx équivalent blé / Différents critères typologiques ont été retenus UTA, pour discriminer les différents systèmes spécialisés en - plus de 180 ha soit plus de 12 000qx équivalent blé / grandes cultures en Poitou-Charentes. Les premiers UTA. ont trait aux composantes structurelles des systèmes d’exploitation, les seconds aux caractéristiques des systèmes culturaux. La typologie régionale intègre les 5 critères retenus Aptitude des sols pour un rendement en blé de 75qx au niveau national pour caractériser les systèmes spécialisés en grandes cultures. Les systèmes d’exploitation avec atelier complémentaire hors sol ne sont pas pris en compte mais étudiés par les filières concernées (cuniculture, élevage de ruminants horssol,…). Le critère « orientations productives » se résume aux grandes cultures car les cultures spéciales ou les légumes de pleins champs sont très peu présents dans la région et conditionnés à une contractualisation commerciale. Composantes structurelles Potentiel agronomique du sol Il est évalué à partir du potentiel de rendement de la culture du blé conduit en système conventionnel. Ce critère est calculé à partir des seules contraintes agronomiques naturelles et ne prend pas en considération les améliorations foncières réalisées par l’exploitant (irrigation, drainage, amendement calcique…). Légende NO_UC apte :>75qx inapte (Source : IGCS Chambre d’Agriculture Poitou-Charentes) Ce critère est divisé en deux classes (potentiel moyen ou potentiel élevé) sur la base d’un rendement de plus ou moins 75 qx. La carte régionale a été établie à partir du classement des sols sur la base d’une réserve utile de plus ou moins 100 mm d’eau. (cf tableau 2 et carte ci-contre). Ce critère SAU est testé sur la base de données. Il s’avère que 55% des exploitations spécialisées en grandes cultures (2108) appartiennent à la classe [20-80 ha]. Les classes suivantes regroupent respectivement 25% (953), 13% (517) et 7% (25) des exploitations spécialisées. Tableau 2 Les exploitations de 20 à 80 ha reposent sur une main d’œuvre double active. 85% d’entre elles sont individuelles. La moyenne d’âge du chef d’exploitation est de 53 ans. Concernant les exploitations de 80 à 125 ha, la moyenne d’âge des chefs exploitants est de 51 ans. Installés dans les années 80-90, ces agriculteurs ont reproduit leur système de production sans opérer de changement majeur. L’agrandissement des structures n’a pas dépassé une dizaine d’hectares. Quant aux exploitations de 126 à 180 ha, elles dégagent un volume de production équivalent en moyenne à 10 000 qx équivalent blé par an / UTA (seuil qui permet de dégager des revenus supérieur à plus d’un SMIC). Rendement moyen du blé tendre d’hiver (qx/ha) Charente Charente-Maritime Deux-Sèvres Vienne Région PoitouCharentes 2007 2008 2009 55 60 59 60 61 66 66 66 61 68 69 67 58.93 65.2 66.83 2 Les chefs d’exploitation ont une moyenne d’âge de 48 ans. Les formes sociétaires ne représentent que 4,8% des structures. Enfin, les exploitations de plus de 180ha sont peu nombreuses. Elles regroupent les plus jeunes actifs (moyenne d’âge de 43 ans). 21% d’entre elles sont sous forme sociétaire. Main d’Oeuvre permanente Ce critère permet de distinguer la composition de la main d’œuvre sur l’exploitation : main d’œuvre exclusivement d’origine familiale ou avec la présence de salariés. La quantification du temps de cette main d’œuvre n’est pas un critère de discrimination de la typologie mais pose la question de l’activité complémentaire (travaux agricoles) ou de la double activité avec un emploi salarié à temps plein ou partiel. La double activité a des incidences dans les choix techniques et le développement de l’exploitation alors que l’activité de travaux agricoles utilise les ressources de l’exploitation avec des répercussions sur les investissements en matériel et les résultats techniques. La main d’œuvre disponible pour l’activité agricole d’un double actif est planifiable et mobilisable pour l’exploitation. L’activité de travaux agricoles est un service offert à des tiers qui peuvent être prioritaires par rapport aux besoins de l’exploitation. Cette dépendance est fonction de l’importance de l’activité de travaux agricoles. La typologie écarte les systèmes qui ont développé une activité de travaux agricoles dans l’exploitation ou créé une entreprise de travaux agricoles avec la main d’œuvre de l’exploitation. Par contre, certaines exploitations consomment des services de travaux agricoles pour les chantiers de moisson, de labour ou des prestations plus techniques comme les traitements phytosanitaires. La main d’œuvre extérieure est employée indirectement dans la prestation de service de travaux agricoles au travers des CUMA ou des ETAR. Elle est ponctuelle et variable suivant la nature des travaux et suivant les années. Le consommateur du service n’assure pas la gestion administrative ni l’occupation quotidienne de cette main d’œuvre salariée. Les répercussions économiques portent sur le poste matériel (entretien, investissements… travaux tiers). Ces exploitations sont rattachées au système avec de la main d’œuvre exclusivement familiale. Orientations productives La typologie se limite aux grandes cultures en raison du peu de surface régionale en cultures spéciales (légumes, fruits …), industrielles (tabac) ou de melon dont l’organisation de la filière repose essentiellement sur la location de terres aux agriculteurs par des entreprises privées. Composantes systèmes culturaux Les améliorations foncières ont été développées dans les années 80 et 90 pour pallier des contraintes agronomiques comme une faible réserve utile en eau des sols ou l’hydromorphie. L’irrigation est un critère technique de discrimination dans la typologie. Le drainage est un critère à prendre en compte lors de la caractérisation plus fine des systèmes d’exploitation. Les rendements du blé ont pu franchir le seuil des 75 qx dans un secteur géographique à contrainte agronomique grâce au développement plus ou moins important du drainage. Surface irriguée La présence de surface irriguée est un critère discriminant pour distinguer les exploitations irriguantes et non irriguantes. Les exploitations irriguantes représentent 30% de la population des systèmes céréaliers. Un premier traitement de la base de données (traitement par quintile de la surface irriguée) permet de mesurer l’importance que revêt l’irrigation dans les systèmes culturaux. 5 classes de surface irriguées ont été définies (moins de 13ha, 13 à 22 ha, de 22 à 33 ha, de 33 à 55 ha, plus de 55%). Les trois premiers quintiles regroupent 55 % de la population de la base de données et respectivement 25 % et 20 % pour les deux derniers. Une deuxième approche consiste à retenir comme limite de surface irriguée un multiple de 30 ha, seuil correspondant à la surface couverte par un enrouleur ou un pivot. On vérifie que 55% des exploitations de la population étudiée (900 exploitations) ont moins de 30 ha irrigués, 28 % (403 exploitations) de 30 à 60 ha, 11% entre 60 et 90 ha et enfin 7 % plus de 90 ha. Ces deux classes totalisent 321 exploitations. Au regard de cette analyse, les classes retenues pour les surfaces irriguées sont : - à moins de 30 ha - de 31 à 55 ha - à plus de 55 ha Les systèmes irriguants peuvent être plus ou moins exposés à une restriction réglementaire d’eau. La sensibilité peut être évaluée à partir de trois niveaux de restriction : - restriction fréquente avec plus de 7 années sur 10 en situation de coupure d’eau, - restriction moyenne avec 2 à 3 années de coupures sur une période de 10 ans, - absence de restriction lorsque l’exploitation dispose de ses propres ressources ou lorsque le bassin n’est jamais concerné par des coupures. Les exploitations sont plus ou moins exposées suivant la fréquence et le niveau de restriction du bassin versant auquel leur prélèvement d’eau est rattaché. Le risque de restriction d’eau n’est pas un élément de construction de la typologie mais sera pris en compte lors de la caractérisation plus fine des systèmes d’exploitation. 3 Part de maïs irrigué Parmi les systèmes irriguants, la part de maïs dans la surface irriguée varie de 0 à 100 %. Ce critère technique peut être la conséquence, d’une optimisation des ressources en eau par la diversité culturale ou d’une gestion de restriction d’eau ou encore d’une orientation technique de sécurisation des rendements pour pallier à des stress hydriques printaniers. Ce critère peut traduire l’orientation technique de l’exploitant vers des productions moins consommatrices d’eau pour les périodes où les risques de restriction ou de coupures d’eau sont forts. Ce critère technique peut être la conséquence, d’une optimisation des ressources en eau par la diversité culturale ou d’une gestion de restriction d’eau ou encore d’une orientation technique de sécurisation des rendements pour pallier à des stress hydriques printaniers. Ce critère peut traduire l’orientation technique de l’exploitant vers des productions moins consommatrices d’eau pour les périodes où les risques de restriction ou de coupures d’eau sont forts. Limites de classes sur la part de maïs dans la surface irriguée : - moins de 40 %, de 40 % à 60 %, de 60 % à 90 %, plus de 90 %. La première classe regroupe 8 % de la population , la seconde 6 %, la troisième 11 % et la dernière 75 %. Résumé de la typologie des systèmes grandes cultures en Poitou-Charentes (cf tableaux 3 et 4) Tableau 3 S ys t è m e s c u lt u r e s p lu v ia le s M a in œ u vre p e rm a n e n t e E x c lu s ive m e n t fa m ilia le F a m ilia le + s a la rié P o t e n t ie l a g ro n o m iq u e M o in s d e 7 5 q x P lu s d e 7 5 q x SAU 20 à 80 ha 81 à 125 ha 126 à 180 ha + de 180 ha 126 à 180 ha + de 180 ha La combinaison des critères fait apparaître 12 cases typologiques en système pluvial dont 5 (colorées en bleu) pourront faire l’objet d’un suivi approfondi avec l’appui d’exploitations dont les caractéristiques correspondent aux seuils des critères sélectionnés. Le choix permettrait d’approfondir la connaissance du fonctionnement de systèmes d’exploitation agricoles qui, à l’échelon régional, apparaissent différenciés. D’un côté des systèmes ancrés dans un modèle d’exploitations familiales détenant de réels atouts pour préserver leur pérennité, de l’autre, des systèmes ayant opté pour une ré-orientation de leur mode de production répondant à des objectifs purement économiques. Tableau 4 Systèmes cultures irriguées Surfaces irriguées Exclusivement familiale - 30ha 30 à 55 ha + de 55 ha Familiale + salarié - 30ha 30 à 55 ha + de 55 ha moins de 40 % Part de maïs dans la surface irriguée de 40 % à 60 % de 60 % à 90 % plus de 90 % Focus1108 - Septembre 2011 Main œuvre permanente Le croisement des critères des systèmes irrigués fait apparaître 18 combinaisons typologiques. Seulement 3 feraient l’objet d’une étude approfondie pour respecter la représentation de l’irrigation dans les systèmes grandes cultures. L’exploitation des données du recensement agricole apportera des informations qualitatives supplémentaires permettant d’affiner la typologie et éventuellement d’apporter quelques ajustements. Assemblée Permanente des Chambres d'agriculture 9 avenue George V—75008 Paris Réalisation : Hafida FATAH 4