Le mod`ele de croissance avec apprentissage par la
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Le mod`ele de croissance avec apprentissage par la
Introduction Conditions d’équilibre Détermination de l’équilibre Macroéconomie 1 (3/6) Le modèle de croissance avec apprentissage par la pratique (Romer, 1986) Olivier Loisel ensae Automne 2016 Olivier Loisel, Ensae Macroéconomie 1 (3/6) : le modèle de Romer (1986) Automne 2016 1 / 47 Introduction Conditions d’équilibre Détermination de l’équilibre Aperçu général Le modèle de Romer (1986) endogénéise le progrès technique du modèle de Cass-Koopmans-Ramsey pour mieux expliquer la croissance à long terme. Paul M. Romer : économiste américain, né en 1955 à Denver, professeur à l’Université de New York depuis 2011. Ce modèle repose sur deux concepts clefs : l’apprentissage par la pratique, la diffusion des connaissances. Il endogénéise le taux d’épargne du modèle de Frankel (1962) de la même façon que le modèle de Cass-Koopmans-Ramsey endogénéise le taux d’épargne du modèle de Solow-Swan. Olivier Loisel, Ensae Macroéconomie 1 (3/6) : le modèle de Romer (1986) Automne 2016 2 / 47 Introduction Conditions d’équilibre Détermination de l’équilibre Rendements privés et sociaux du capital Ce modèle fait une distinction entre les rendements privés du capital, strictement décroissants, les rendements sociaux du capital, constants. Il s’agit d’un “modèle AK” ≡ modèle dans lequel la fonction de production agrégée peut être réécrite sous la forme Yt = At Kt où At est exogène. La constance des rendements sociaux du capital va générer de la croissance à long terme, entraı̂ner l’absence de convergence conditionnelle. L’écart entre les rendements privés et sociaux du capital va donner un rôle à la politique économique. Olivier Loisel, Ensae Macroéconomie 1 (3/6) : le modèle de Romer (1986) Automne 2016 3 / 47 Introduction Conditions d’équilibre Détermination de l’équilibre Variables exogènes * Ni flux ni stocks : temps continu, indicé par t, prix des biens ≡ numéraire = 1, (grand) nombre d’entreprises I . Flux : offre de travail = 1 par tête. Stocks : capital agrégé initial K0 > 0, population Lt = L0 e nt , où L0 > 0 et n ≥ 0, paramètre de productivité At = A0 e gt , où A0 > 0 et g ≥ 0. (Dans les pages dont le titre est suivi d’un astérisque, en bleu : changements par rapport au chapitre 2.) Olivier Loisel, Ensae Macroéconomie 1 (3/6) : le modèle de Romer (1986) Automne 2016 4 / 47 Introduction Conditions d’équilibre Détermination de l’équilibre Variables endogènes * Prix : coût réel d’usage du capital zt , salaire réel wt , taux d’intérêt réel rt . Quantités − flux : production Yi,t de l’entreprise i, demande de travail Ni,t de l’entreprise i, production agrégée Yt ≡ ∑Ii =1 Yi,t , demande de travail agrégée Nt ≡ ∑Ii =1 Ni,t , consommation agrégée Ct . Quantités − stocks : capital Ki,t de l’entreprise i (sauf en t = 0), capital agrégé Kt ≡ ∑Ii =1 Ki,t (sauf en t = 0), montant réel agrégé des actifs Bt , paramètre de productivité At . Olivier Loisel, Ensae Macroéconomie 1 (3/6) : le modèle de Romer (1986) Automne 2016 5 / 47 Introduction Conditions d’équilibre Détermination de l’équilibre Bien, agents privés, marchés, conditions d’équil. général * Les bien, agents privés et marchés sont identiques à ceux du chapitre 2. En particulier, les marchés sont en concurrence pure et parfaite. Chaque agent privé résout son problème d’optimisation : du fait que tous les marchés sont en concurrence pure et parfaite, à chaque date t ≥ 0, chaque entreprise i choisit (Yi,t , Ki,t , Ni,t ), en fonction des prix (wt , zt , rt ) et de la productivité At qu’elle considère comme donnés, de façon à maximiser son profit instantané, t Bt à la date 0, le ménage représentatif choisit ( C Lt , Lt )t ≥0 , en fonction des prix (wt , zt , rt )t ≥0 qu’il considère comme donnés, de façon à maximiser son utilité intertemporelle (en anticipation parfaite) sous contraintes. Les prix sont tels que chaque marché est équilibré à chaque date t ≥ 0 : wt équilibre le marché du travail : Nt = Lt , zt équilibre le marché du capital, rt équilibre le marché des prêts. Olivier Loisel, Ensae Macroéconomie 1 (3/6) : le modèle de Romer (1986) Automne 2016 6 / 47 Introduction Conditions d’équilibre Détermination de l’équilibre Plan du chapitre 1 Introduction 2 Conditions d’équilibre 3 Détermination de l’équilibre 4 Sous-optimalité de l’équilibre 5 Conclusion Olivier Loisel, Ensae Macroéconomie 1 (3/6) : le modèle de Romer (1986) Automne 2016 7 / 47 Introduction Conditions d’équilibre Détermination de l’équilibre Conditions d’équilibre 1 Introduction 2 Conditions d’équilibre Comportement des entreprises Comportement des ménages Equilibre des marchés 3 Détermination de l’équilibre 4 Sous-optimalité de l’équilibre 5 Conclusion Olivier Loisel, Ensae Macroéconomie 1 (3/6) : le modèle de Romer (1986) Automne 2016 8 / 47 Introduction Conditions d’équilibre Détermination de l’équilibre Comportement des ménages * Les ménages sont modélisés exactement comme au chapitre 2, avec une élasticité de substitution intertemporelle constante, égale à 1θ . Leur comportement est donc caractérisé par les conditions d’équilibre · bt = wt + (rt − n )bt − ct (contrainte budgétaire instantanée), · ct ct = lim rt −ρ θ t →+∞ h (équation d’Euler), i Rt bt e − 0 (rτ −n)d τ = 0 (condition de transversalité), où t ct ≡ C Lt est la consommation par tête, ρ le taux de préférence pour le présent (ρ > n > 0), t bt ≡ B Lt le montant total des actifs en unités de bien par personne. Olivier Loisel, Ensae Macroéconomie 1 (3/6) : le modèle de Romer (1986) Automne 2016 9 / 47 Introduction Conditions d’équilibre Détermination de l’équilibre Fonction de production et efficacité du travail Production de chaque entreprise i : Yi,t = F (Ki,t , At Ni,t ), où la fonction de production F satisfait les mêmes propriétés qu’au chapitre 2. K i,t t Efficacité du travail dans chaque entreprise i : At = K Lt (et non Ai,t = Ni,t ). Cette spécification capture deux concepts définis par Arrow (1962) : l’apprentissage par la pratique : plus le stock de capital par tête est élevé, plus chaque travailleur est efficace, la diffusion des connaissances (supposée instantanée) entre les entreprises, en raison de la nature non-rivale et non-exclusive de ces connaissances. Olivier Loisel, Ensae Macroéconomie 1 (3/6) : le modèle de Romer (1986) Automne 2016 10 / 47 Introduction Conditions d’équilibre Détermination de l’équilibre Non-rivalité et non-exclusion Bien de nature non-rivale ≡ bien dont la consommation par un agent n’a aucun effet sur la quantité disponible pour les autres agents. Bien de nature non-exclusive ≡ bien dont chaque agent peut bénéficier sans coût. Dans le chapitre 4, nous considérerons un bien de nature non-rivale mais exclusive (à savoir, la capacité ou le droit de produire un type de bien intermédiaire, du fait d’un secret ou d’un brevet de fabrication). Olivier Loisel, Ensae Macroéconomie 1 (3/6) : le modèle de Romer (1986) Automne 2016 11 / 47 Introduction Conditions d’équilibre Détermination de l’équilibre Des nains sur les épaules de géants t L’efficacité du travail At = K Lt est un stock. Cela traduit l’idée que le savoir(-faire) s’accumule au cours du temps. On dit que les agents privés sont “des nains sur les épaules de géants”. La première trace écrite connue de cette expression se trouve dans de Salisbury (1159) : “Bernard de Chartres used to say that we are like dwarfs on the shoulders of giants, so that we can see more than they, and things at a greater distance, not by virtue of any sharpness of sight on our part, or any physical distinction, but because we are carried high and raised up by their giant size.” Olivier Loisel, Ensae Macroéconomie 1 (3/6) : le modèle de Romer (1986) Automne 2016 12 / 47 Introduction Conditions d’équilibre Détermination de l’équilibre Arrow, de Salisbury, de Chartres Kenneth J. Arrow : économiste américain, né en 1921 à New York, professeur à l’Université de Stanford depuis 1979, co-lauréat (avec John R. Hicks) du prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d’Alfred Nobel en 1972 “for their pioneering contributions to general economic equilibrium theory and welfare theory ”. Jean de Salisbury : philosophe et historien anglais, né vers 1115 à Salisbury, mort en 1180 à ou près de Chartres. Bernard de Chartres : philosophe français, né vers 1130, mort vers 1160. Olivier Loisel, Ensae Macroéconomie 1 (3/6) : le modèle de Romer (1986) Automne 2016 13 / 47 Introduction Conditions d’équilibre Détermination de l’équilibre Problème d’optimisation des entreprises * Comme au chapitre 2, on suppose que les entreprises louent leur stock de capital à chaque date, il n’y a pas de coût d’ajustement du capital. Donc, à chaque date t, l’entreprise i choisit Ki,t et Ni,t de façon maximiser son profit instantané F (Ki,t , At Ni,t ) − zt Ki,t − wt Ni,t t en considérant zt , wt et At = K Lt comme donnés. Olivier Loisel, Ensae Macroéconomie 1 (3/6) : le modèle de Romer (1986) Automne 2016 14 / 47 Introduction Conditions d’équilibre Détermination de l’équilibre Conditions du premier ordre * Comme au chapitre 2, en notant Fj la dérivée partielle de F par rapport à son j ième argument pour j ∈ {1, 2}, on obtient les conditions du premier ordre F1 (Ki,t , At Ni,t ) = zt , At F2 (Ki,t , At Ni,t ) = wt . Comme au chapitre 2, on en déduit que le profit instantané est nul quels que soient Ki,t et Ni,t , Ki,t Ni,t Kt ne dépend pas de i et vaut donc N , t I Yt ≡ ∑i =1 Yi,t = F (Kt , At Nt ). Olivier Loisel, Ensae Macroéconomie 1 (3/6) : le modèle de Romer (1986) Automne 2016 15 / 47 Introduction Conditions d’équilibre Détermination de l’équilibre Rendements sociaux du capital t En utilisant At = K Lt , on obtient alors la fonction de production agrégée Nt Nt Yt = Kt F 1, ≡ F S Kt , . Lt Lt S la dérivée seconde de F S par rapport à son j ième argument En notant Fj,j pour j ∈ {1, 2}, on obtient Nt S ∀Kt > 0, F1,1 Kt , = 0, Lt donc les rendements sociaux du capital sont constants. Olivier Loisel, Ensae Macroéconomie 1 (3/6) : le modèle de Romer (1986) Automne 2016 16 / 47 Introduction Conditions d’équilibre Détermination de l’équilibre Rendements privés du capital La fonction de production individuelle de l’entreprise i est Kt Kt Yi,t = F Ki,t , Ni,t ≡ F P Ki,t , Ni,t , . Lt Lt P la dérivée seconde de F P par rapport à son j ième argument En notant Fj,j pour j ∈ {1, 2, 3}, on obtient Kt P ∀Ki,t > 0, F1,1 Ki,t , Ni,t , < 0, Lt donc les rendements privés du capital sont strictement décroissants. Olivier Loisel, Ensae Macroéconomie 1 (3/6) : le modèle de Romer (1986) Automne 2016 17 / 47 Introduction Conditions d’équilibre Détermination de l’équilibre Coût d’usage du capital * Comme au chapitre 2, on suppose que le capital se déprécie au taux δ. Comme au chapitre 2, on suppose que les ménages peuvent louer leurs biens comme capital aux entreprises, prêter leurs biens aux autres ménages. Donc, comme au chapitre 2, on obtient la condition d’équilibre rt = zt − δ. Olivier Loisel, Ensae Macroéconomie 1 (3/6) : le modèle de Romer (1986) Automne 2016 18 / 47 Introduction Conditions d’équilibre Détermination de l’équilibre Equilibre des marchés * Comme au chapitre 2, les conditions d’équilibre des marchés sont Bt = Kt (marchés des actifs), Nt = Lt (marché du travail), · Kt = Yt − Ct − δKt (marché des biens). En utilisant Nt = Lt , on peut réécrire la fonction de production agrégée comme Yt = F (1, 1)Kt , donc le modèle est un modèle AK. Olivier Loisel, Ensae Macroéconomie 1 (3/6) : le modèle de Romer (1986) Automne 2016 19 / 47 Introduction Conditions d’équilibre Détermination de l’équilibre Détermination de l’équilibre 1 Introduction 2 Conditions d’équilibre 3 Détermination de l’équilibre Conditions d’équilibre sur kt et ct Détermination de kt et ct Implications 4 Sous-optimalité de l’équilibre 5 Conclusion Olivier Loisel, Ensae Macroéconomie 1 (3/6) : le modèle de Romer (1986) Automne 2016 20 / 47 Introduction Conditions d’équilibre Détermination de l’équilibre Conditions d’équilibre sur kt et ct I * En notant f (x ) ≡ F (x, 1) pour tout x > 0 et en dérivant F (Ki,t , At Ni,t ) = K At Ni,t f ( At Ni,t ) par rapport à Ki,t et Ni,t , on obtient i,t Ki,t F1 (Ki,t , At Ni,t ) = f 0 , At Ni,t Ki,t Ki,t 0 Ki,t − f . At F2 (Ki,t , At Ni,t ) = At f At Ni,t At Ni,t At Ni,t K Kt t En utilisant Ni,t = N , Nt = Lt , At = K Lt ≡ kt et rt = zt − δ, on peut alors t i,t réécrire les conditions du premier ordre du problème d’optimisation des entreprises comme rt = f 0 (1) − δ et wt = [f (1) − f 0 (1)]kt . Olivier Loisel, Ensae Macroéconomie 1 (3/6) : le modèle de Romer (1986) Automne 2016 21 / 47 Introduction Conditions d’équilibre Détermination de l’équilibre Conditions d’équilibre sur kt et ct II Ces dernières conditions permettent de réécrire la contrainte budgétaire instantanée des ménages comme · bt = [f (1) − f 0 (1)]kt + [f 0 (1) − (n + δ)]bt − ct . En utilisant Bt = Kt , qui implique bt = kt , on obtient alors · kt = f (1)kt − ct − (n + δ)kt . Cette équation différentielle s’interprète comme “variation du stock de capital = épargne − dilution − dépréciation” (par tête) et implique l’équilibre sur le marché des biens (conséquence de la loi de Walras). Olivier Loisel, Ensae Macroéconomie 1 (3/6) : le modèle de Romer (1986) Automne 2016 22 / 47 Introduction Conditions d’équilibre Détermination de l’équilibre Conditions d’équilibre sur kt et ct III En utilisant rt = f 0 (1) − δ, on peut réécrire l’équation d’Euler comme · ct f 0 (1) − ( δ + ρ ) = . ct θ En utilisant bt = kt et rt = f 0 (1) − δ, on peut réécrire la condition de transversalité comme lim t →+∞ Olivier Loisel, Ensae n 0 kt e −[f (1)−(n+δ)]t o = 0. Macroéconomie 1 (3/6) : le modèle de Romer (1986) Automne 2016 23 / 47 Introduction Conditions d’équilibre Détermination de l’équilibre Conditions d’équilibre sur kt et ct IV (kt )t ≥0 et (ct )t ≥0 sont donc déterminés par deux équations différentielles, une condition initiale et une condition terminale : · kt = [f (1) − (n + δ)]kt − ct , · f 0 (1) − ( δ + ρ ) ct = , ct θ K k0 = 0 , L0 n o −[f 0 (1)−(n+δ)]t lim kt e = 0. t →+∞ Les autres variables endogènes sont déterminées résiduellement, à partir de (kt )t ≥0 et (ct )t ≥0 , par les autres conditions d’équilibre. Olivier Loisel, Ensae Macroéconomie 1 (3/6) : le modèle de Romer (1986) Automne 2016 24 / 47 Introduction Conditions d’équilibre Détermination de l’équilibre Détermination de kt et ct I · L’équation différentielle en ct s’intègre pour donner ct = c0 e f 0 (1)−(δ+ρ) t θ . On se restreint aux valeurs des paramètres telles que f 0 (1) > δ + ρ, de façon à ce que le taux de croissance de la consommation par tête soit strictement positif, θ 0 ρ − n > 1− θ [f (1) − ( δ + ρ )], de façon à ce que l’utilité intertemporelle prenne une valeur finie. Olivier Loisel, Ensae Macroéconomie 1 (3/6) : le modèle de Romer (1986) Automne 2016 25 / 47 Introduction Conditions d’équilibre Détermination de l’équilibre Détermination de kt et ct II · On peut alors réécrire l’équation différentielle en kt comme · kt = [f (1) − (n + δ)]kt − c0 e f 0 (1)−(δ+ρ) t θ . Puis, en réarrangeant les termes et en multipliant par e −[f (1)−(n+δ)]t , · kt − [f (1) − (n + δ)]kt e −[f (1)−(n+δ)]t = −c0 e − ϕt , où ϕ ≡ f (1) − (n + δ) − Olivier Loisel, Ensae f 0 (1)−(δ+ρ) . θ Macroéconomie 1 (3/6) : le modèle de Romer (1986) Automne 2016 26 / 47 Introduction Conditions d’équilibre Détermination de l’équilibre Détermination de kt et ct III On montre que ϕ > f (1) − f 0 (1) > 0 en quatre étapes : 1 2 En dérivant F (1, x ) = xf ( x1 ) par rapport à x ∈ R+ , on obtient F2 (1, x ) = f ( x1 ) − x1 f 0 ( x1 ). Or F2 (1, 1) > 0, donc f (1) − f 0 (1) > 0. on obtient ϕ − [f (1) − f 0 (1)] = 3 4 f 0 (1)−(δ+ρ) , θ δ+ρ θ −1 0 θ f (1) − (n + δ ) + θ . En utilisant ϕ ≡ f (1) − (n + δ) − θ 0 On réécrit la condition ρ − n > 1− θ [f (1) − ( δ + ρ )] θ −1 0 θ −1 comme θ f (1) > n − ρ + θ (δ + ρ). On déduit des deux précédentes étapes que ϕ − [f (1) − f 0 (1)] > n − ρ + θ −θ 1 (δ + ρ) − n − δ + Olivier Loisel, Ensae Macroéconomie 1 (3/6) : le modèle de Romer (1986) δ+ρ θ = 0. Automne 2016 27 / 47 Introduction Conditions d’équilibre Détermination de l’équilibre Détermination de kt et ct IV On peut donc intégrer l’égalité précédente pour obtenir c c kt e −[f (1)−(n+δ)]t − k0 = 0 e − ϕt − 0 ϕ ϕ f 0 (1)−(δ+ρ) c0 c t θ . puis kt = k0 − e [f (1)−(n+δ)]t + 0 e ϕ ϕ La condition de transversalité se réécrit alors 0 0 c c lim k0 − 0 e [f (1)−f (1)]t + 0 e [f (1)−f (1)− ϕ]t = 0 t →+∞ ϕ ϕ et implique c0 = ϕk0 > 0 puisque ϕ > f (1) − f 0 (1) > 0 (comme au chapitre 2, c0 s’ajuste pour satisfaire la condition de transversalité). Olivier Loisel, Ensae Macroéconomie 1 (3/6) : le modèle de Romer (1986) Automne 2016 28 / 47 Introduction Conditions d’équilibre Détermination de l’équilibre Détermination de kt et ct V On obtient donc finalement kt = k0 e f 0 (1)−(δ+ρ) t θ et ct = ϕk0 e f 0 (1)−(δ+ρ) t θ . Croissent donc au même taux constant le stock de capital par tête kt , la consommation par tête ct , la production par tête yt = f (1)kt . f 0 (1)−(δ+ρ) , θ et 1θ , Ce taux de croissance, égal à dépend positivement de f 0 (1) négativement de δ et ρ, ce qui s’interprète par l’équation d’Euler, comme au chapitre 2. Olivier Loisel, Ensae Macroéconomie 1 (3/6) : le modèle de Romer (1986) Automne 2016 29 / 47 Introduction Conditions d’équilibre Détermination de l’équilibre Détermination de kt et ct VI Du fait des rendements sociaux constants du capital, le taux de croissance à long terme dépend de f 0 (1), 1θ , δ et ρ, la convergence vers l’état régulier est instantanée, ce qui n’est pas le cas dans le modèle de Cass-Koopmans-Ramsey, dans lequel les rendements du capital sont décroissants. Le niveau initial de la consommation par tête c0 = ϕk0 dépend positivement de k0 , f (1), ρ et (si 1θ > 1) δ, négativement de f 0 (1), n, 1θ et (si 1θ < 1) δ. · c0 et cctt réagissent en sens opposés à une variation de ρ, f 0 (1), 1θ ou (si 1 > 1) δ pour satisfaire la contrainte budgétaire intertemporelle. θ Olivier Loisel, Ensae Macroéconomie 1 (3/6) : le modèle de Romer (1986) Automne 2016 30 / 47 Introduction Conditions d’équilibre Détermination de l’équilibre Faits stylisés de Kaldor (1961) Le modèle de Romer (1986) rend donc compte non seulement des cinq premiers faits stylisés de Kaldor (1961), comme le modèle de CassKoopmans-Ramsey à l’état régulier, mais aussi du 6ème : · 1 2 la production par tête croı̂t : yytt = le stock de capital par tête croı̂t : f 0 (1)−(δ+ρ) θ · kt kt = ≥ 0, f 0 (1)−(δ+ρ) θ ≥ 0, 3 le taux de rendement du capital est constant : rt = f 0 (1) − δ, 4 1 t le ratio capital / production est constant : K Yt = f ( 1 ) , 5 les parts de rémunération du travail et du capital dans la production f (1)−f 0 (1) f 0 (1) t Kt = sont constantes : wYt Lt t = et zY , f (1) f (1) t 6 le taux de croissance de la production par tête varie entre les pays : · 0 δ+ρ) = f (1)−( varie entre les pays lorsque les paramètres de θ préférence ρ et θ varient entre les pays. yt yt Olivier Loisel, Ensae Macroéconomie 1 (3/6) : le modèle de Romer (1986) Automne 2016 31 / 47 Introduction Conditions d’équilibre Détermination de l’équilibre Ni convergence absolue, ni convergence conditionnelle On a ln(yt ) = ln(y0 ) + f 0 (1)−(δ+ρ) t, θ où y0 = f (1)k0 . Il n’y a donc pas de convergence à long terme des ln(yt ) entre les pays ayant des y0 différents, même s’ils ont les mêmes paramètres de technologie f (.), d’évolution du capital et du travail n, δ, de préférence ρ, θ. Le modèle ne prédit donc ni convergence absolue, ni convergence conditionnelle des ln(yt ) entre les pays, contrairement aux modèles de Solow-Swan et Cass-Koopmans-Ramsey. L’absence de convergence conditionnelle est en désaccord avec les données empiriques, comme l’a vu au chapitre 1. Olivier Loisel, Ensae Macroéconomie 1 (3/6) : le modèle de Romer (1986) Automne 2016 32 / 47 Introduction Conditions d’équilibre Détermination de l’équilibre Effet permanent des chocs Un choc exogène non anticipé sur le stock de capital ne modifie pas la pente du sentier de ln(yt ), mais modifie son ordonnée à l’origine. Donc, suite à un tel choc, ln(yt ) ne “rattrape” pas sa trajectoire initiale : le choc a un effet permanent. Cette prédiction est en accord avec l’hypothèse, non rejetée par les données, de racine unitaire dans les séries macroéconomiques. Les modèles de Solow-Swan et Cass-Koopmans-Ramsey prédisent au contraire qu’un tel choc n’a pas d’effet permanent sur ln(yt ) car il ne modifie pas son sentier d’état régulier. Olivier Loisel, Ensae Macroéconomie 1 (3/6) : le modèle de Romer (1986) Automne 2016 33 / 47 Sous-optimalité de l’équilibre Conclusion Sous-optimalité de l’équilibre 1 Introduction 2 Conditions d’équilibre 3 Détermination de l’équilibre 4 Sous-optimalité de l’équilibre Externalité Sous-optimalité sociale de l’équilibre concurrentiel Rôle de la politique économique 5 Conclusion Olivier Loisel, Ensae Macroéconomie 1 (3/6) : le modèle de Romer (1986) Automne 2016 34 / 47 Sous-optimalité de l’équilibre Conclusion Externalité I A Kj,t donnés pour j 6= i, une variation de Ki,t a simultanément un effet direct sur Yi,t = F (Ki,t , At Ni,t ), t un effet indirect sur tous les Yj,t pour j ∈ {1, ..., I }, via At = K Lt . L’entreprise i ne prend en compte que le premier effet lorsqu’elle choisit Ki,t car elle ne prend pas en compte l’effet indirect sur les Yj,t pour j 6= i, l’effet indirect sur Yi,t est négligeable par rapport à l’effet direct sur Yi,t (I étant grand, une variation de Ki,t affecte peu Kt et At ). On dit qu’il y a externalité de diffusion des connaissances entre les entreprises. Olivier Loisel, Ensae Macroéconomie 1 (3/6) : le modèle de Romer (1986) Automne 2016 35 / 47 Sous-optimalité de l’équilibre Conclusion Externalité II Une variation de Kt a deux effets simultanés sur Yt = F (Kt , At Nt ) : un effet direct, t un effet indirect, via At = K Lt . Le planificateur omniscient, omnipotent et bienveillant P OOB prend en compte les deux effets lorsqu’il choisit Kt , car ils sont du même ordre de grandeur. On dit que le P OOB internalise l’externalité de diffusion des connaissances entre les entreprises. On doit donc s’attendre à ce que, par rapport à l’équilibre concurrentiel, le P OOB commande plus d’investissement. Olivier Loisel, Ensae Macroéconomie 1 (3/6) : le modèle de Romer (1986) Automne 2016 36 / 47 Sous-optimalité de l’équilibre Conclusion Sous-optimalité sociale de l’équilibre concurrentiel I L’équilibre concurrentiel est socialement optimal si et seulement s’il coı̈ncide avec l’allocation choisie par le P OOB . Problème d’optimisation du P OOB : pour k0 > 0 donné, " max (ct )t ≥0 ,(kt )t >0 L0 Z +∞ 0 e 1− θ −(ρ−n)t ct −1 dt 1−θ # sous les contraintes 1 ∀t ≥ 0, ct ≥ 0 (contrainte de positivité de la consommation), 2 ∀t > 0, kt ≥ 0 (contrainte de positivité du capital), 3 ∀t ≥ 0, kt = [f (1) − (n + δ)]kt − ct (contrainte de ressources). · Olivier Loisel, Ensae Macroéconomie 1 (3/6) : le modèle de Romer (1986) Automne 2016 37 / 47 Sous-optimalité de l’équilibre Conclusion Sous-optimalité sociale de l’équilibre concurrentiel II Hamiltonien associé au problème d’optimisation du P OOB : c 1− θ − 1 H p (ct , kt , λpt ) ≡ t + λpt {[f (1) − (n + δ)]kt − ct } 1−θ où λpt représente la valeur, mesurée en unités d’utilité à la date t, d’une augmentation d’une unité de bien des ressources à la date t. En appliquant la théorie du contrôle optimal, on obtient alors λpt = ct−θ (condition du premier ordre sur la variable de contrôle), · λpt = [ρ + δ − f (1)]λpt (cond. d’évolution de la co-variable d’état), · kt = [f (1) − (n + δ)]kt − ct (contrainte de ressources), h i lim kt λpt e −(ρ−n)t = 0 (condition de transversalité). t →+∞ Olivier Loisel, Ensae Macroéconomie 1 (3/6) : le modèle de Romer (1986) Automne 2016 38 / 47 Sous-optimalité de l’équilibre Conclusion Sous-optimalité sociale de l’équilibre concurrentiel III On en déduit, par des calculs similaires à ceux du chapitre 2, · · kt = [f (1) − (n + δ)]kt − ct (équation différentielle en kt ), · ct ct = · f (1)−(ρ+δ) θ (équation différentielle en ct ), n o lim kt e −[f (1)−(n+δ)]t = 0 (condition de transversalité). t →+∞ 0 Ces trois conditions et k0 = K L0 déterminent (kt )t ≥0 et (ct )t ≥0 . · L’équation différentielle en ct s’intègre pour donner ct = c0 e f (1)−(δ+ρ) t θ . On se restreint aux valeurs des paramètres telles que θ ρ − n > 1− θ [f (1) − ( δ + ρ )], de façon à ce que l’utilité intertemporelle prenne une valeur finie. Olivier Loisel, Ensae Macroéconomie 1 (3/6) : le modèle de Romer (1986) Automne 2016 39 / 47 Sous-optimalité de l’équilibre Conclusion Sous-optimalité sociale de l’équilibre concurrentiel IV · On peut alors réécrire l’équation différentielle en kt comme · kt = [f (1) − (n + δ)]kt − c0 e f (1)−(δ+ρ) t θ . Puis, en réarrangeant les termes et en multipliant par e −[f (1)−(n+δ)]t , · p kt − [f (1) − (n + δ)]kt e −[f (1)−(n+δ)]t = −c0 e − ϕ t , où ϕp ≡ θ −1 θ f (1) − (n + δ ) + δ+ρ θ . θ p De la condition ρ − n > 1− θ [f (1) − ( δ + ρ )], on déduit que ϕ > 0. Olivier Loisel, Ensae Macroéconomie 1 (3/6) : le modèle de Romer (1986) Automne 2016 40 / 47 Sous-optimalité de l’équilibre Conclusion Sous-optimalité sociale de l’équilibre concurrentiel V On peut donc intégrer l’égalité précédente pour obtenir p c c kt e −[f (1)−(n+δ)]t − k0 = 0p e − ϕ t − 0p ϕ ϕ f (1)−(δ+ρ) c0 c t θ puis kt = k0 − p e [f (1)−(n+δ)]t + 0p e . ϕ ϕ La condition de transversalité se réécrit alors p c c lim k0 − 0p + 0p e − ϕ t = 0 t →+∞ ϕ ϕ et implique c0 = ϕp k0 > 0 puisque ϕp > 0 (comme au chapitre 2, c0 est choisi de façon à satisfaire la condition de transversalité). Olivier Loisel, Ensae Macroéconomie 1 (3/6) : le modèle de Romer (1986) Automne 2016 41 / 47 Sous-optimalité de l’équilibre Conclusion Sous-optimalité sociale de l’équilibre concurrentiel VI On obtient donc finalement kt = k0 e f (1)−(δ+ρ) t θ f (1)−(δ+ρ) f (1)−(δ+ρ) t t θ θ , ct = ϕp k0 e et yt = f (1)k0 e . Ces résultats diffèrent de ceux obtenus précédemment, donc l’équilibre concurrentiel n’est pas socialement optimal. Plus précisément, l’équilibre concurrentiel est socialement sous-optimal : U0 prend une valeur strictement plus faible à l’équilibre concurrentiel qu’avec le P OOB . Ce dernier point, qui se vérifie aisément par calcul, vient du fait que le P OOB ne choisit pas l’allocation de l’équilibre concurrentiel alors qu’elle satisfait les trois contraintes de son problème d’optimisation. Olivier Loisel, Ensae Macroéconomie 1 (3/6) : le modèle de Romer (1986) Automne 2016 42 / 47 Sous-optimalité de l’équilibre Conclusion Sous-optimalité sociale de l’équilibre concurrentiel VII Le taux de croissance de kt , ct et yt est égal à f (1)−(δ+ρ) avec le P OOB , θ f 0 (1)−(δ+ρ) à l’équilibre concurrentiel. θ Or, du fait de l’externalité, le produit marginal social du capital, f (1), est strictement supérieur au produit marginal privé du capital, f 0 (1). Donc la croissance est plus élevée avec le P OOB : ce dernier, qui internalise l’externalité, commande plus d’investissement. Et, par conséquent, c0 est plus faible avec le P OOB : f (1) − f 0 (1) p ϕ k0 = ϕ − k0 < ϕk0 . θ Olivier Loisel, Ensae Macroéconomie 1 (3/6) : le modèle de Romer (1986) Automne 2016 43 / 47 Sous-optimalité de l’équilibre Conclusion Rôle de la politique économique Le fait que l’équilibre concurrentiel soit socialement sous-optimal donne un rôle à la politique économique. Le TD 4 montre qu’une autorité fiscale peut mettre en œuvre l’allocation du P OOB dans un cadre décentralisé en subventionnant l’investissement à un taux tel que le rendement privé du capital soit égal à son rendement social, finançant cette subvention par un impôt forfaitaire sur les ménages, qui ne “distord” pas leurs choix, ou bien, de manière alternative, en subventionnant les revenus des actifs à un taux tel que le rendement privé du capital soit égal à son rendement social, finançant cette subvention par une taxe sur les revenus du travail, qui ne “distord” pas les choix des ménages du fait de la nature exogène de leur offre de travail. Olivier Loisel, Ensae Macroéconomie 1 (3/6) : le modèle de Romer (1986) Automne 2016 44 / 47 Sous-optimalité de l’équilibre Conclusion Conclusion 1 Introduction 2 Conditions d’équilibre 3 Détermination de l’équilibre 4 Sous-optimalité de l’équilibre 5 Conclusion Olivier Loisel, Ensae Macroéconomie 1 (3/6) : le modèle de Romer (1986) Automne 2016 45 / 47 Sous-optimalité de l’équilibre Conclusion Principales prédictions du modèle A court comme à long terme, la croissance dépend des paramètres de technologie, de préférence, d’évolution du capital, et seulement de ces paramètres, les six faits stylisés de Kaldor (1961) sont obtenus. L’effet de l’accumulation du capital sur la croissance ne disparaı̂t pas à long terme grâce à la constance des rendements sociaux du capital. Il y a ni convergence absolue ni convergence conditionnelle des niveaux de production par tête (en logarithme) entre les pays. L’équilibre concurrentiel est socialement sous-optimal, à cause de la présence d’une externalité. Des politiques économiques de subvention, financées par impôt forfaitaire, peuvent mettre en œuvre l’équilibre socialement optimal. Olivier Loisel, Ensae Macroéconomie 1 (3/6) : le modèle de Romer (1986) Automne 2016 46 / 47 Sous-optimalité de l’équilibre Conclusion Principales limites du modèle Le modèle correspond au cas spécial où les rendements sociaux du capital sont constants car les effets d’apprentissage et de diffusion compensent exactement la décroissance de ses rendements privés (le TD 4 montre à quel point ce cas est spécial). ,→ Le chapitre 4 ne fait pas d’hypothèse “sur le fil du rasoir” concernant la valeur d’un paramètre. Le modèle explique la croissance de long terme par l’accumulation involontaire et non rémunérée de la connaissance. ,→ Le chapitre 4 l’explique par l’accumulation volontaire et rémunérée de la connaissance en introduisant la notion de brevet. Olivier Loisel, Ensae Macroéconomie 1 (3/6) : le modèle de Romer (1986) Automne 2016 47 / 47