Royaume du Maroc Ministère des droits de l`Homme Discours de M
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Royaume du Maroc Ministère des droits de l`Homme Discours de M
Royaume du Maroc Ministère des droits de l'Homme Discours de M. Mohammed AUAJJAR Ministre des droits de l'Homme 60ème session de la Commission des droits de l'Homme de l'ONU Genève, 16 mars 2004 Monsieur le Président de la Commission des Droits de l'Homme, Mesdames et !\1essieurs les Ministres, Mesdames et Messieurs; Je voudrais tout d'abord vous exprimer toute la joie que j'éprouve à participer de nouveau, à vos côtés, à cette importante réunion annuelle de la Commission des Droits de l'Homme. Il est, en effet, d'une importance capitale pour tous les militants et les défenseurs des droits humains de pouvoir faire le bilan, de manière régulière, des acquis, tout en se concertant sur les moyens, les meilleurs, et les plus aptes à promouvoir ces droits, dans la paix et la cohabitation entre les peuples et les Etats. Permettez-moi, au préalable, de présenter toutes mes félicitations à notre Président pour la confiance que lui témoignent les membres de la Commission. Je lui souhaite pleins succès dans la di rection des travaux de cette session. Je voudrais également, présenter au Haut Commissaire aux droits de 1 'Homme désignée, Mme Louise Arbour, mes sincères félicitations au nom du Gouvernement de mon pays, nos vœux de succès et de réussite dans sa mission, en l'assurant de notre de coopération et de notre appui à l'œuvre de protection et de promotion des droits de l'Homme partout dans le monde. Je suis convaincu que Madame le Haut Commissaire saura remplir sa mission avec brio, au regard de ses hautes qualités morales et de la grande expérience qu'elle a acquise au service des droits humains. Je saisis cette occasion pour rendre hommage au Haut Commissaire en exercice, M. Bertrand Ramcharam, qui s'acquitte de sa mission ave doigté diplomatique compétence et dévouement. Je voudrais également, au nom du gouvernement de mon pays, exprimer à l'Espagne nos sincères condoléances aux familles, au peuple et au gouvernement espagnols, en les assurant de notre solidarité avec toutes les victimes du terrorisme, de notre indignation et de notre ferme condamnation de ces actes criminels que rien ne saurait justifier. Excellences, Mesdames et messieurs, La 60ème session de la Commission des droits de l'Homme se tient dans une conjoncture internationale, très délicate dans l'histoire de l'Humanité toute entière. Une conjoncture à travers laquelle le monde est confronté à des dangers réels, qui posent des défis majeurs à tous ceux qui croient en la pérennité des droits de l'Homme, à la paix et en la capacité de la Communa uté internationale à transcender les crises aiguës, notamment les diverses manifestations du terrorisme et de ses diverses ramifications criminelles. Mais, malgré tout, je demeure confiant en la capacité de la Communauté internationale à assurer la pérenni té de la culture de paix, dans le respect de la dignité humaine, la promotion des valeurs démocratiques et des principes universels des droits de l'Homme. Il est certain que nos travaux subissent la pression des tristes événements qui pèsent sur l'Humanité, par le fait de la violence des actes terroristes et l'intolérance qui secouent le monde, causant des pertes humaines et matérielles considérables. Ces actes nous rappellent au souvenir douloureux du regretté militant des droits de l'Homme, notre défunt ami le Haut Commissaire Sergio Viera de Mello, qui a été victime le 19 août 2003 du terrorisme aveugle sévissant à Baghdad, alors qu'il était investi d'une noble mission. L'internationalisation du terrorisme et l'élargissement de son rayon d'action nous imposent, donc, la prospection de nouvelles approches qui puissent appréhender les droits humains dans leur universalité et l'impérieuse nécessité de protéger la vie, en garantissant le droit à la sécurité de tous. La quête de cet équilibre, aujourd'hui impératif, pose en fait la question de la crédibilité de notre mission, à tous les niveaux, dans la lutte à mener contre le terrorisme. Nous sommes, en cela, appelés à prendre toutes les précautions et mesures qui ne puissent pervertir notre combat, pour en faire le prétexte tout trouvé à des violations systématiques des droits de l'Homme. Aussi, du haut de cette tribune, j'exhorte la Communauté internationale à approfondir la réflexion sur le phénomène et les causes du terrorisme, en relation avec le.:; préoccupations propres à notre Commission, en mobilisant toutes les énergies et toutes les potentialités, dans le cadre d'une Conférence mondiale qui puisse, opportunément, aboutir à une conception commune de la lutte contre le terrorisme et, par conséquent, nous permette d'adopter une stratégie internationale mettant à contribution la société civile, les centres d'études et de recherche ainsi que tous les militants des droits humains, tout en veillant au respect de la Charte internationale des droits humains. A cet égard, compte-tenu de la conjoncture internationale et les défis posés à toute l'Humanité - au vu des bouleversements incessants enregistrés à l'aube de ce troisième millénaire -, nous sommes appelés à appréhender, ensemble, et à repenser les missi ons de la Commission des droits de l'Homme qui, il faut le souligner, pendant plus d'un demi -siècle, a entrepris une œuvre considérable au service du respect des droits de l'Homme et de la promotion de la culture qui leur est inhérente, notamment par la mi se en place de ses mécanismes et des instruments de leur protection. Cette nouvelle approche doit embrasser tout autant la mise en place de nouveaux critères de promotion de droits de l'Homme, que la consolidation institutionnelle des choix démocratiques, par le biais du renforcement de la coopération en matière de droits économiques et socioculturels, au regard des impératifs de la mise en œuvre du droit au développement. Le Maroc, qui a l'honneur de co-présider le Comité de Suivi, issu de la Conférence de Brazzaville des structures gouvernementales chargées des droits de l'Homme dans l'espace francophone, tenu à Marrakech les 27 et 28 février 2004, ne ménagera aucun effort pour contribuer, de manière active, à cette entreprise. C'est en cela seulement que, par le respect de la dignité humaine et la garantie du droit à la vie, que nous répondrons aux interpellations persistantes de la société internationale. La lutte contre toutes les formes d'extrémisme et de terrorisme doit, cependant, être menée avec toutes les garanties légales qu'offre l'Etat de Droit, dans le respect des droits humains, tels qu'ils ont été pressentis par toutes les civilisations humaines. Excellences, Mesdames et Messieurs; Mon pays a été la cible du terrorisme barbare qui a fait de nombreuses victimes innocentes et engendré de dégâts matériels. Cet acte avait pour objectif de porter atteinte au projet de société démocratique, conduit avec détermination par Sa Majesté Le Roi Mohammed VI. Malgré la profonde blessure suscitée par les événements horribles de Casablanca, mon pays a tenu à rester, irréversiblement, attaché à son projet de Société démocratique, dans le cadre de la légalité et de la consolidation de l'Etat de droit. Le Maroc, qui a fait sienne l'obligation de respect de la norme internationale, poursuivra sa lutte vigoureuse contre toutes les formes de terrorisme et d'extrémisme. C'est pourquoi il me sied de rappeler, à cette occasion, que nous rejetons avec force et conviction l'amalgame fallacieux qui est fait entre Islam et terrorisme. L'Islam est la religion de la paix, de la tolérance et de la mise en exergue de la dignité humaine, qui stigmatise la violence et la discrimination quelles que soient leur origine et leur forme. L'Islam ne peut, en aucun cas, être en anachronisme avec les valeurs des droits humains prônées par la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme et les pactes internationaux qui a complètent, comme en témoigne le dernier message adressé par Sa Majesté Le Roi Mohammed VI à la Conférence des Structures gouvernementales chargées des droits de l'Homme dans l'espace francophone: «Notre référent islamique, qui repose sur le respect de la dignité humaine et sur les principes de liberté, de dignité, d'égalité, d'équité et de solidarité, s'accorde de façon consubstantielle avec le référentiel universel des droits de l'Homme ». Excellences, Mesdames et Messieurs, La réunion annuelle de la Commission des droits de l'Homme est une occasion opportune, pour vous faire-part des efforts entrepris par le Royaume du Maroc dans le domaine des droits de l'Homme, tant sur le plan de leur défense et de leur promotion, qu'au niveau de nos préoccupations et des défis posés à notre marche d'édification de l'Etat de Droit, et en matière d'élargissement des espaces de liberté, de promotion des droits de la femme et de lutte contre toutes les formes de discrimination à leur égard. Depuis son intronisation, en effet. le Souverain marocain a fait de la démocratie et des droits de l'Homme une orientation stratégique, avec comme corollaire fondamentale la garantie des droits et libertés individuels et collectifs. C'est en ce sens que Sa Majesté le Roi reste, plus que jamais, attaché à la poursuite de l'œuvre de consolidation de l'Etat de droit et de respect intégral des droits humains. En filigranes de cette œuvre, l'harmonisation législative nationale avec les normes internationales est une tache que le Maroc s'attèle à mener à terme. A l'avant-garde de ces réformes. je voudrais souligner, de manière particulière, l'adoption d' un nouveau Code de la famille, qui constitue une véritable révolution sociale nationale. Ce Code est le fruit d'une lecture éclairée du Droit musulman et son insertion harmonieuse dans le droit positif marocain. Le nouveau Code de la famille, qui s'abreuve de nos traditions civilisationnelles et religieuses. reste ouvert sur l'environnement contemporain et traduit les ambitions et les aspirations démocratiques et modernistes de la société marocaine. La mise en œuvre. par le Royaume du Maroc. de ce nouveau Code apportel:l preuve tangible de l'inexistence de quelle que antinomie que ce soit entre l'Islam et les droits de l' Homme. Bien au contraire. il démontre que la religion musulmane ne peut être en conflit avec les valeurs et principes démocratiques et de l'éducation à la citoyenneté. Excellences, Mesdames et Messieurs; Dans le cadre global du projet de réconciliation nationale, Sa Majesté le Roi Mohammed VI a mis en place une Instance dite "Equité et Réconciliation" qui, tout en poursuivant l'œuvre entreprise par la Commission indépendante d'arbitrage et d'Indemnisation des victimes de la disparition forcée et de la détention arbitraire, devra clore définitivement le chapitre du passé douloureux marocain. Loin de tout esprit de vengeance et de vindicte, cette Instance est donc appelée à faire toute la lumière et toute la vérité sur ce passé dans l'objectivité et en prenant toutes les garanties légales pour que les erreurs du passé ne se reproduisent plus jamais. Il s'agit là d'une expérience unique dans le monde car elle est mise en œuvre dans la continuité du même système politique et constitutionnel et jouit, de ce fait d'une large adhésion nationale. Cette expérience constitue la traduction concrète, de l'adhésion volontariste marocaine aux principes et valeurs des droits de l'Homme tels qu'ils sont universellement reconnus. Elle représente l'expression manifeste d'une révolu~ion paisible menée sous les auspices de Sa Majesté le Roi Mohammed VI. En conséquence le gouvernement marocain s'active énergiquement à mettre en œuvre les orientations Royales afin de hisser la protection des droits de l'Homme et leur promotion en priorité nationale. Il s'agit, en effet, de garantir les moyens et les conditions favorisant l'éducation aux droits humains, dans le respect mutuel entre tous les citoyens et veillant à pérenniser la diversité culturelle des composantes de la nation marocaine. Il est entendu que cela ne peut entrepris qu'à travers des réformes législatives et institutionnelles adéquates. En s'inspirant des expériences réus sies de par le monde, ces réformes doivent trouver leur consécration pratique dans les actes et les engagements, nationaux et internationaux, du Maroc d'aujourd'hui. Excellences, Mesdames et Messieurs; Le Royaume du Maroc, qui adhère sans réserve à la légalité et la légitimité internationales, réitère son soutien aux efforts des Nations Unies dans sa quête d'une solution juste et durable à la question du Sahara marocain, dans le respect, bien entendu, de la souveraineté et de l'intégrité territoriales marocaines. Je voudrais, à cette occasion, exprimer notre satisfaction quant à la mise en œuvre des mesures de confiance entreprises sous l'égide du Haut Commissariat pour les Réfugiés, en particulier le volet «échange de visites» entre les familles marocaines originaires de nos provinces sahariennes. Cet échange de visites devrait permettre au HCR d'assurer le rapatriement, librement consenti au Maroc, des Sahraouis marocains qui en manifesteraient le désir. Dans cet te dynamique humanitaire, j’exhorte la Communauté internationale à exiger la libération totale, immédiate et inconditionnelle , des 514 détenus marocains à Tindouf: en violation des dispositions du dro it international humanitaire et, en particulier, de la 3ème Convention de Genève. Nous voulons réaffirmer. à cet égard, du haut de la tribune de cette Honorable Assemblée, notre profonde inquiétude et nos vives préoccupations, face aux conditions cruelles , inhumaines et dégradantes auxquelles sont soumis tous les Marocains retenus , contre leur gré, dans les camps de Tindouf. Je vous remercie de votre attention.