Pauvreté, minorité et vrai pouvoir
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Pauvreté, minorité et vrai pouvoir
EDITORIAL Le s pieds ! D'un recoin tout à fait oublié de ma mémoire est remonté un souvenir: l'image d'empreintes géantes de deux pieds gravées sur un rocher du dallage d'un temple. Il s'agit du site archéologique de Ain Dara, dans le nord de la Syrie, dont les origines remontent au 4ème millénaire avant J.C. Empreintes, signe de la présence de la divinité et de son pouvoir sur le lieu. Relisons l'Evangile : que d'empreintes Jésus n'a-t-il pas laissées ! Il a été un grand marcheur, un itinérant inlassable. Sa marche s'est arrêtée au sommet du Calvaire. Là-haut, ses pieds ont été cloués à la Croix et ses blessures ont dévoilé au monde que chacun de ses pas est amour, amour pour toute créature, amour donné « jusqu'à la fin » (Jn 13,1). François d'Assise ? Un autre grand itinérant ! Son pas était rythmé par le désir « de suivre les traces » de Notre Seigneur Jésus Christ : démarche vécue d'un amour sans mesure, avec tout son être, en se laissant intérieurement purifier, intérieurement illuminer et embraser du feu de l'Esprit Saint.1 Au sommet de l'Alverne, les traces du Christ imprimées sur son corps nous disent que François a parcouru le Chemin jusqu'au bout ! Marie de la Passion n'a-t-elle pas été une grande itinérante ? Lors d'une retraite, elle se disait à elle-même : « … marche… comme un Evangile vivant »2. Aujourd'hui elle le redit à l'Institut, à nous qui sommes en marche vers le Chapitre général. Elle sait que l'itinérance demande écoute, ouverture à de nouveaux horizons, désinstallation, désappropriation, risques, la fatigue de toujours recommencer… Vivre un Chapitre général, n'est-ce pas emboîter le pas pour un nouveau commencement dans la continuité? Que nous dirait-elle aujourd'hui ? Osons-nous l'imaginer ? Elle pourrait, peut-être, emprunter les mots de François : « Mes filles, mes sœurs, laissez-vous purifier par l'Esprit : n'avez-vous pas besoin d'un cœur libre pour écouter et chercher ensemble ? Laissez-vous illuminer par l'Esprit : n'avez-vous pas besoin de voir où passent les pas du Christ dans le monde d'aujourd'hui pour arriver à une 'vision' qui guide vos pas? Laissez-vous embraser par le feu de l'Esprit : n'avez-vous pas besoin de " passion " pour vivre en solidarité avec un monde en souffrance ? Allez ! Marchez comme un Evangile vivant, les pieds marqués par les stigmates du Christ ». 7000 FMM marchant à travers le monde : que d'empreintes ! Elles ne sont pas gravées sur la pierre pour passer à l'histoire ! Elles ne sont pas géantes pour passer aux nouvelles du jour ! Elles ne sont pas des signes de pouvoir pour imposer une présence ! Ce sont de simples traces qui éveillent le souvenir de ce qui est gravé au fond de chaque cœur : nous sommes aimés et sauvés par Dieu. Rosanna Marin, fmm 1. Lettre à tout l'Ordre, 50-52 2. NS 288 mai - juin 2008 1 En Bref ... Action avec les Personnes Déplacées : atelier fmm pour l’Afrique Vingt FMM, de 11 provinces d’Afrique, avec S.Valsa Joseph fmm, coordinatrice (Bureau Mission – Rome), S.Mary Donlon fmm, S.Dina Trevisan fmm et S.Lungile Mildred fmm comme traductrices, étaient rassemblées du 31 mars au 12 avril 2008 au Dimisse Center, Nairobi, Kenya. Les présentations faites par les différentes provinces nous ont donné l’information de base sur les réalités que les personnes déplacées (migrants, refugiés, victimes du trafic d’êtres humains) expérimentent en Afrique. Différents thèmes ont été présentés : des passages de la Bible comme une histoire de personnes déplacées ; Marie de la Passion et les déplacés ; les réponses de l’Eglise à la situation des déplacés. Ils nous ont aidées à regarder la réalité dans sa totalité à partir d’un point de vue différent. La session donnée par Ndujta Kweheria a approfondi notre prise de conscience du problème des violations des droits de l’homme et des aspects ayant trait à la justice vis-à-vis de la discrimination de la femme. Le P. Joe Hampson a tracé un panorama des situations des migrants/déplacés et nous a guidées dans une réflexion sur nos racines spirituelles et nos buts dans ce ministère. La présentation de S. May O’Malley concernant le trafic des êtres humains, nous a ouvert les yeux sur la réalité douloureuse de cet esclavage moderne. Nous avons eu aussi une courte session, donnée par S.Rose Tcheza fmm, pour apprendre à écrire les projets en vue d’obtenir une aide financière. Les partages d’expériences d’immigrés de différents pays, d’enfants soldats et la présentation d’une action pour la réintégration des enfants de la rue, ont été très éclairants. Les liturgies et les prières en groupes nous ont aidées à entrer plus profondément dans ce processus. Maintenant c’est notre tour d’accueillir le défi de faire connaître ce message, travaillant en réseau au niveau local, national et international, pour apporter la Bonne Nouvelle. Lilian Curaming, fmm 2 FMM Espace Rencontre VII/27 Communauté de Kouoptamo - Cameroun Notre petit village de brousse, entouré de montagnes, habité en grande majorité par les musulmans, est notre lieu de mission où le Seigneur nous a envoyées. Nous sommes 5 sœurs, de 5 nationalités différentes et de 4 continents, toutes bien insérées en Eglise et en communauté fmm. Chaque matin la Messe de 6 heurs nous rassemble avec les fidèles peu nombreux mais combien fervents ! Quatre d’entre nous vont à l’école et à l’hôpital pour le travail. La cinquième sœur circule dans le village, visite les malades, porte la communion, fait les courses… A partir de 16 heures, après le travail, nous sommes au service de la mission proprement dite : Catéchèse des jeunes et des adultes, formation des catéchistes, communautés de base, formation… Nous sommes en collaboration avec les deux Pères de la Paroisse pour les activités « extra ». Ainsi, à Noël et à Pâques, nous participons à la montée des jeunes. Cela consiste en une grande marche avec chants, prières, méditation, puis partage des thèmes : « Non à l’avortement. Oui, à la vie », pour Noël ; « Soyons artisans de paix », pour Pâques. Beaucoup d’autres activités encore… Bref, nos journées sont bien remplies et belles et nous sommes heureuses. Françoise Auger, fmm « Le Bon Dieu dans la rue » - Canada En 1988, le Père Emmett Johns lançait une idée qui allait lui permettre de réaliser un de ses rêves de jeunesse: devenir missionnaire. Il n’a pas eu à s’expatrier pour cela, mais la route a quand même été longue pour y parvenir. Après 36 ans de prêtrise dans diverses paroisses de la région de Montréal, c’est dans les rues de cette même ville qu’il a trouvé son pays de mission. Il commence donc à parcourir les rues, cinq soirs par semaine, dans une vieille roulotte qu’il a achetée avec ses économies personnelles. Il établit un premier contact avec les jeunes sans-abri, des jeunes démunis, à la recherche d’un peu de nourriture et de chaleur humaine. C’est ainsi qu’est né « Le Bon Dieu dans la rue » et son créateur, âgé de 60 ans à l’époque, reçoit rapidement de la part de ses protégés, le surnom affectueux de « POPS ». Après 17 ans de présence active auprès des jeunes démunis, beaucoup connaissent le Père Emmett Johns et connaissent par lui « Le Bon Dieu dans la rue ». Chaque nuit, sa roulotte sillonne Montréal pour nourrir les jeunes affamés de la rue. Un abri d’urgence, le « Bunker » en accueille un certain nombre la nuit ainsi qu’un centre de jour « Chez Pops » qui fonctionne à plein rendement. Des programmes et services offerts par des professionnels et des bénévoles offrent aux jeunes de la rue une aide pour redécouvrir leur potentiel, des outils dont ils ont besoin pour se bâtir un avenir meilleur. L’École Secondaire ouverte par POPS et son équipe apporte une formation axée sur l’emploi et même des programmes de réinsertion en milieu de travail pour aider les jeunes à se remettre sur pied. Au fil des ans, « Dans la Rue » a grandi et a su se bâtir une solide réputation auprès du public montréalais. « Tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir. Et de l’espoir, j’en ai plein le cœur pour ces jeunes. Je sais que mon action a ses limites et que je ne pourrai pas tous les sauver. Mais quand je pense à Lise, Cheryl, Stéphane mai - juin 2008 3 ou Daniel, je me dis qu’après la nuit il y a toujours le matin ». Ces paroles d’Emmett Johns résument toute son œuvre en tant que « Berger des brebis égarées ». Je crois que l’action de Pops est un excellent exemple de l’intégration de l’Église dans la société d’aujourd’hui en faisant face aux problèmes modernes, en voulant aider et servir les plus démunis, les jeunes de la rue. Georgette Blanchet, fmm Congrès Eucharistique International – Diocèse de Calgary, Canada Pour préparer et anticiper le 49ème Congrès Eucharistique International qui se tiendra à Québec en juin 2008, le Diocèse de Calgary a organisé des ateliers qui illustrent les sept thèmes présentés dans le document théologique de base: L’Eucharistie, don de Dieu pour la vie du monde. Les présentateurs sont des hommes et des femmes jeunes et vieux, religieux et laïques qui ont étudié et possèdent un amour profond et sincère de l’Eucharistie. Les ateliers comportent des conférences et un travail de groupe. Beaucoup de jeunes adultes assistent à ces ateliers tenus à travers le Diocèse dans de nombreuses paroisses, durant les mois d’octobre, de novembre 2007 et jusqu’en 2008. Leur profond désir de comprendre et d’intégrer dans leur vie quotidienne ce don de l’amour de Dieu allume une Les Associés fmm étincelle d’espoir pour l’avenir de notre monde. Leurs questions portent à la réflexion et les discussions dépassent le temps fixé. C’est encourageant de voir tant de jeunes en groupes de sept ou huit, animant des discussions sur Dieu et l’Eucharistie. Durant le mois d’avril notre diocèse célébrera un Congrès Eucharistique local d’un jour sur le thème «Embrasser le Christ dans l’ordinaire». Cet événement donnera l’occasion à tous de participer au congrès au niveau local. En communauté nous avons décidé d’engager nos Associés dans la préparation diocésaine du Congrès Eucharistique International de 2008. Nous avons donc invité Christine Madar, l’une des intervenantes, à prendre la parole sur l’Eucharistie à la réunion des Associés en février. Son intervention fut centrée sur la célébration de l’Eucharistie et le rôle important que nous jouons dans ce culte communautaire. Après sa causerie, l’un des Associés commenta : «Merci, j’ai appris beaucoup de choses que je ne savais pas». Pour un suivi, les Associés ont été invitées à une session sur l’Eucharistie tenue à la Cathédrale en mars. C’est beau de voir l’enthousiasme de chacun qui veut approfondir sa compréhension de l’Eucharistie et ce qu’elle signifie dans sa vie de tous les jours. En approchant de la célébration du Congrès, soyons pleins d’espoir que Dieu sera de nouveau présenté à notre monde comme le Don par excellence, le Don d’Amour de Dieu pour chacun de nous. Karen Corera, fmm 4 FMM Espace Rencontre VII/27 Kinshasa – Semaine de la vie consacrée : février 2008 Pour célébrer la Semaine de la Vie Consacrée, les religieux et les religieuses de Kinshasa se sont rencontrés avec les « petits » pour prier avec eux et aussi pour partager des biens matériels. Pour cela, ils se sont donné rendez-vous dans des orphelinats, à la prison centrale, dans des hôpitaux, etc. Un des lieux de rencontre a été notre Foyer Bienheureuse Marie de la Passion. Ici le Père Robert Guzaba, oblat de Marie Immaculée, a présidé l'Eucharistie concélébrée avec des confrères. Parmi les religieuses et les religieux présents, il y avait des Filles de saint Paul, des Carmélites de saint Joseph, des Missionnaires du Christ, des sœurs de sainte Thérèse de l'Enfant Jésus de Bokungu-Ikela, des sœurs de sainte Marie de Popokabaka.. Informations données par S.Claudine Mbele, fmm et par le P. Jean-Baptiste Malenge, o.m.i. Journée des Jeunes à la paroisse Terre Sainte - La Réunion Dimanche 16 mars 2008 : C’est la fête des Rameaux... mais il ne faut pas oublier que c'est aussi la Journée des Jeunes (instituée par le Pape Jean Paul II). C'est pourquoi, pour cette occasion, nous, membres du groupe MJTS (Mouvements des Jeunes de Terre-Sainte) ainsi que d'autres jeunes de la paroisse, nous sommes retrouvés tous ensemble dans le but de partager un moment très appréciable ! 10 heures sonnent aux cloches de notre église et c'est là que tout commence. Musiciens, choristes, animateur, Sœur Celina et autres nous ont donné rendezvous dans les salles de la paroisse mai - juin 2008 5 spécialement aménagées pour l’événement. Chants, prières, moments de partage, d'adoration, ainsi que séance DVD se sont enchaînés. En effet, la matinée, nous avons pu visionner « La Passion du Christ », film qui nous a fait prendre conscience à quel point Jésus nous a aimés, nous aime et nous aimera toujours. Puis est venu le moment du déjeuner qui représentait un réel moment de partage ! L'émotion très forte du film a laissé la place à une gaieté liée au fait de se retrouver tous ensemble autour d'un même repas. Puis, en groupes, nous avons partagé sur un passage de l’Evangile de St Marc parlant de la Résurrection du Christ. Nous avons pu nous exprimer, échanger nos idées ... Après la mise en commun, nous avons commencé l'adoration du Saint Sacrement : moment très fort, pour continuer cette journée qui était déjà bien entamée. Voici quelques prières de remerciement que les jeunes ont faites : « Merci, Seigneur, d’être toujours là pour moi. » « Merci, Seigneur, pour cette merveilleuse journée et pour le groupe que nous formons ensemble. » « Seigneur, je t’aime. Apprends-moi à mieux te connaître. Que ton Esprit Saint habite mon cœur. » « Merci, Seigneur, pour ton pardon, car j’ai retrouvé la foi. » Pour clôturer le tout, nous avons pris un goûter : gâteaux au choix! Finalement, nous nous sommes quittés avec une seule idée en tête : à quand la prochaine journée pour se retrouver ? Aurélie [une jeune de la paroisse] et S.Celina Palmeira, fmm Initiative mondiale des femmes pour la Paix - Inde L’Initiative mondiale des Femmes pour la PAIX a tenu un second sommet mondial pour les animatrices spirituelles à Jaipur, Inde, du 6 au 10 mars. Plusieurs centaines d’animatrices spirituelles venant de 50 pays ont participé à « Ouvrir un chemin à la Femme pour le bien de la communauté mondiale ». Le but en était d’étudier comment le leadership des femmes, et particulièrement les principes féminins, peuvent profiter à la communauté mondiale en aidant à créer l’étape nécessaire à une transformation totale. 6 FMM Espace Rencontre VII/27 Le rassemblement voulait amener une réflexion mondiale, débutant par sept heures de prière, de chants religieux et de méditation. Cela ouvrait un espace sacré où pouvait avoir lieu le dialogue. Ouvrir un chemin à la Femme tentait de créer un nouveau mode de rassemblement en tant que communauté religieuse du monde entier, basé sur une vision plus féminine d’inclusion, de partage et d’accueil. Ouvrir un chemin à la Femme n’était pas un rassemblement limité aux animatrices spirituelles. Beaucoup de leaders religieux masculins de par le monde étaient également présents. Ouvrir un chemin à la Femme était le démarrage d’une initiative mondiale pour mieux faire prendre conscience des principes de la femme, pour réfléchir comment le féminin se manifeste à travers nos traditions spirituelles et pour rechercher comment cette énergie peut profiter à la communauté du monde entier. Celine Monteiro, fmm Matériel fmm disponible « Archives Photo – Fondations de Marie de la Passion : France – Série F » Nous continuons à mettre à votre disposition des photos d’archive ayant trait à Marie de la Passion. Il s’agit de la Série F qui concerne les fondations qu’elle a faites en France : Saint-Brieuc, Les Châtelets, Marseille, Paris, Vanves. Dans le DVD il y a aussi un texte d’explication en français, anglais et espagnol. Si vous désirez une copie du DVD, adressez-vous au Service des Communications : [email protected] mai - juin 2008 7 Espagne Mission fmm aujourd'hui à l'hôpital de Huelva Le soutien et l'accompagnement de ceux qui souffrent à l'hôpital sont un service magnifique que la vie religieuse peut rendre à notre société aujourd'hui. La santé est aujourd'hui la première préoccupation des personnes, et la première dans l'échelle des valeurs. La maladie signifie toujours rupture de sécurité ; elle nous révèle notre être précaire, faible, notre condition humaine fragile et dépendante, notre être appelé à disparaître un jour de cette terre. La maladie est la cause de grandes interrogations. Dans l'esprit du malade surgissent des questions : Pourquoi cela m'arrive-t-il ? A quoi est dû ce qui m'arrive ? Est-ce que je vais guérir ? Vais-je retrouver la santé ? Que va-t-il advenir de moi, de ma famille, de mon travail ? Ce sont des questions radicales qui touchent le plus intime de l'être et son projet de vie. Surtout s'il souffre d'une maladie grave et incurable et envisage la possibilité de mourir. Cette expérience permet à beaucoup de découvrir l'essentiel. De capter ce qui vaut la peine : l'amour, l'amitié, l'importance de la santé, de la liberté, de la paix. Ces sujets viennent souvent dans la conversation. Les malades aiment se sentir en paix, en confiance. Chaque jour j'ai des surprises dans ce sens car les gens sont reconnaissants de pouvoir parler d'eux. systèmes de valeurs qui, par principe, méritent d'être respectés. Nous savons que l'éthique et la religion, même si elles sont intimement liées, ne s'identifient pas et ne se réduisent pas l'une à l'autre. Nous savons aussi, par la cohérence de notre foi, que la religion ne propose pas de solutions magiques à nos problèmes, et donc exige une recherche avec tous les hommes et les femmes de bonne volonté, sans attendre de réponses faciles et rapides. Il est difficile de vivre dans le doute et l'incertitude, et sans prétendre avoir le dernier mot. Je sens que cela exige de moi une formation continue et permanente au niveau spirituel et également une formation humaine et en bioéthique. Ouvrir des horizons de transcendance renforçant les options morales qui apportent la vérité des valeurs évangéliques, offrir sans imposer, inviter sans contraindre, présenter la morale évangélique, sachant Beaucoup de maladies aujourd'hui sont d'origine psychosomatique et sont étroitement liées à l'angoisse, au stress, à la tension émotionnelle, aux conflits et contradictions de la vie moderne. Notre société a un style de vie qui n'est pas sain. Le manque de valeurs crée un vide intérieur et enlève tout sens à la vie. Pour ma part, je suis agent de la Pastorale de la Santé, aumônier dans un hôpital public qui compte 450 lits. C'est une mission au milieu de cette population sécularisée et pluraliste, où cohabitent différents 8 FMM Espace Rencontre VII/27 S.Clara Alonso, fmm (à droite) au service de la pastorale de la santé, avec S.Paquita Berrueta et S.Blanca Gema Garcia, de la communauté de Torrejon, Huelva. Comment découvrir le Dieu miséricordieux au milieu de la souffrance ? Nous avons besoin de voir ce Dieu Père/Mère qui nous soutient et nous accompagne dans notre lutte pour être heureux. qu'elle ne pourra être suivie complètement, mais en invitant tous ceux qui le peuvent à regarder vers « le haut ». C'EST MA MISSION QUOTIDENNE, lentement mais sans regarder en arrière, dans le temps présent, aimant intensément des personnes concrètes. A l'hôpital je collabore et partage avec les professionnels, par un travail de patience et de dévouement. La volonté de faire le bien et de ne faire de mal à personne est le principe qui inspire toute éthique médicale. Il faut offrir les valeurs évangéliques là où il faut et de la manière la plus appropriée, avec amour, dialogue, respect et à partir d'un vécu personnel. La souffrance en elle-même est un mal que Dieu ne veut pas. La maladie n'est pas un châtiment de Dieu mais elle vient de la condition humaine. Lorsque je parle avec les gens je me demande souvent : Comment pourrions-nous purifier le langage de la foi pour parler de la souffrance ? Comment aider à comprendre que notre souffrance ne vient pas de Dieu ? Notre langage reflète l'image que nous avons de Dieu. Grandir dans la foi nous demande de purifier et de guérir l'image que nous avons de Lui. C'est un sujet presque quotidien avec les malades et avec leurs familles. Comment découvrir le Dieu miséricordieux au milieu de la souffrance ? Nous avons besoin de voir ce Dieu Père/Mère qui nous soutient et nous accompagne dans notre lutte pour être heureux. Dieu ne cherche pas autre chose dans notre histoire que de nous convoquer à collaborer avec Lui pour que nous l'aidions dans cette lutte. C'est la mission que Jésus nous a laissée. La Pastorale de la Santé à l'hôpital est une question de maturité et d'amour, c'est un charisme au service du malade pour le soutenir dans l'épreuve. Dieu se révèle à nous dans ce monde réfractaire à sa présence. Je suis invitée, chaque jour, en chaque personne, à prêter attention aux semences de l'Evangile, aux signes du Royaume présents dans les malades, dans les familles, dans les professionnels, y compris s'ils vivent en marge de l'Eglise et même en opposition. Mon grand désir est que, tous les malades que je visite chaque jour, leurs familles, le personnel soignant, ceux qui se dévouent pour eux, les émigrés de tous pays et de toutes situations, les prisonniers, les vieillards dans des maisons de retraite ou seuls, les malades atteints de maladies graves, que tous puissent Le voir. Je crois sincèrement que le soutien et l'accompagnement de ceux qui souffrent à l'hôpital sont un service magnifique que la vie religieuse peut rendre à notre société aujourd'hui. J'estime que c'est une très grande grâce de pouvoir réaliser ce ministère que le diocèse nous a confié. Nous avons la mission d'obtenir que l'amour, la sollicitude et la compassion de Dieu se fassent HOMME-HUMANITE une fois encore. ETRE CE CHEMIN DE DIEU à travers notre regard, notre présence active, notre écoute pour apporter sérénité et confiance. Si j'annonce au malade (généralement en langage non-verbal, une parole faite de silence) que Dieu ne l'abandonnera pas, je dois demeurer à ses côtés. L'unique façon de lui dire «Dieu te consolera» est d'être prête à sécher ses larmes… Je réaliserai ma mission uniquement si je me laisse évangéliser par la situation à laquelle je suis confrontée. Nous sommes tous les deux consolés grâce à la compassion de Dieu qui nous a rachetés. Donne-nous, Seigneur, un cœur plein de miséricorde face à la misère humaine. Que tous trouvent en nous une raison d'espérer. Clara Alonso, fmm mai - juin 2008 9 France Accompagner des jeunes volontaires dans la mission… Partir un temps, découvrir un pays, rencontrer d’autres cultures, offrir ses compétences, collaborer à la mission de l’Eglise, regarder le monde avec une autre perspective : voilà plus ou moins ce qui motive les jeunes adultes qui partent pour deux ans avec la Délégation Catholique à la Coopération ( DCC ). Mandatée par l’Eglise de France pour l’envoi de volontaires de solidarité internationale, la DCC envoie près de 200 jeunes coopérants chaque année. Deux ans au service d’un projet présenté par une Eglise locale, une congrégation, une ONG. Vous trouverez des volontaires dans tous les domaines possibles : infirmière, enseignant, animateur auprès des enfants des rues, gestionnaire dans une association, menuisier, architecte, sage-femme etc. Une aventure, une expérience, une épreuve quelquefois, mais toujours un tournant dans leur vie. région. J’ai donc été sollicitée pour les volontaires envoyés au Vietnam et aux Philippines. Pourquoi encore ? Parce que dans notre Province qui a si peu de jeunes fmm et, de là, si peu de liens avec des jeunes ouverts à la mission, il est précieux de garder contact avec les nouvelles générations, leurs aspirations, leurs richesses et leurs fragilités. La « chargée de mission », au sein d’une équipe de professionnels et de bénévoles, est là aux différentes étapes du parcours : pour connaître et proposer un poste, pour aider à choisir le ou la candidat(e) le Depuis quatre ans, je collabore bénévolement comme « chargée de mission » à la DCC. Pourquoi ? D’abord parce qu’avec plus de 500 volontaires sur le terrain dans le monde, la DCC a besoin de personnes (anciens volontaires ou anciens missionnaires pour la plupart) qui ont une expérience de vie dans une autre culture et qui connaissent assez bien un pays ou une à gauche: S. Anne-Marie Cunin avec une jeune fille en haut: Christine, volontaire au Vietnam avec les mamans du Village d'enfants 10 FMM Espace Rencontre VII/27 Christine, volontaire au Vietnam avec les enfants du Village d'enfants mieux à même de correspondre, et lui donner les informations utiles avant le départ. Pour l’accompagner, par mail le plus souvent, durant le séjour, lui rendre visite sur le terrain une fois par an, et finalement au retour l’aider à relire l’expérience vécue. Ce qui me frappe chez les volontaires c’est leur compétence et leur motivation. La plupart ont fait des études universitaires poussées. D’autres ont des formations pratiques ou techniques plus courtes, très précieuses dans des pays où les jeunes ont besoin d’accéder rapidement à l’emploi. Beaucoup ont une expérience professionnelle et lâcher son travail dans la conjoncture actuelle demande un certain courage. C’est aussi l’occasion de prendre un peu de recul et souvent de se réorienter au retour. Ils y « perdent » parfois en compétences ou en compétitivité, mais ils y « gagnent » en expérience humaine et spirituelle. Motivés pour partir et rencontrer l’autre, ils reviennent transformés en profondeur et on les retrouve ensuite souvent engagés en Eglise, auprès des migrants, dans les associations de solidarité, le dialogue interculturel, le développement…Certains s’orientent vers une vie professionnelle plus en phase avec les valeurs qu’ils ont appris à apprécier. Rarement ils ou elles font le choix de la vie religieuse missionnaire… Evidemment il y a aussi des accrocs de santé ou des retours dus aux crises politiques, des « échecs », des fragilités qui se révèlent au cœur des difficultés et de la solitude inévitables. Mais les ruptures elles-mêmes peuvent être fécondes dans un second temps. Peut-on comparer avec les envois fmm ? Oui et non ! Les volontaires partent pour deux ans sur des projets bien précis qu’ils ont acceptés (ils ont toute liberté de refuser le pays ou le poste) et pour lesquels ils ont été acceptés par le partenaire local. Il ne s’agit pas d’un engagement à vie, ni d’une vocation, d’ailleurs leur lien à l’Eglise varie d’une vie de foi profonde à une acceptation des valeurs chrétiennes sans plus. Mais le fait qu’ils ou elles s’engagent pour un temps limité avec un projet précis les plonge tout de suite dans la mission confiée. Il leur faut en même temps s’adapter au climat, découvrir la culture, entrer dans le travail, apprendre quelques rudiments de la langue locale. Ils plongent avec enthousiasme et réalisent souvent un beau travail tout en sachant qu’en deux ans on fait peu et on apprend beaucoup ! Comme pour nous, le grand défi c’est de se trouver confronté à une culture si différente de la sienne : écouter, accueillir sans juger, chercher à comprendre, apprendre à aimer, c’est tout un chemin ! Pour cela ils sont aidés par une préparation très concrète avant le départ. Préparation qui dépasse les informations générales pour toucher les motivations et les ressources personnelles, la gestion du stress et des conflits, la santé, la vie affective, la vie spirituelle. Et tout au long de leur temps de volontariat, nous sommes là, moi ou d’autres, pour entendre leurs difficultés, promouvoir le dialogue avec le partenaire local, encourager, admirer, recadrer, faire le point régulièrement, et aider aux décisions nécessaires. Dans quelques jours je pars de nouveau à leur rencontre : Christine est animatrice dans un Village d’enfants, Chloé médecin dans une petite île, son mari Dominique y gère un atelier d’artisanat, Charlotte cherche des fonds pour l’accueil des enfants de rues, Matthieu développe un projet agricole, Florence et Anne Laure œuvrent pour les enfants défavorisés, Thomas démarre un projet social dans un quartier de squatters… Deux belles années de leur vie, dont je suis le témoin privilégié. Anne-Marie Cunin, fmm mai - juin 2008 11 Maison Généralice Projet Kaboul 2003-2008 Au début de cette année, S. Ela Homel a été envoyée en mission à la Province d’Europe centrale et de l’Est. Ayant vécu trois ans dans une communauté inter-congrégations à Kaboul, S. Ela fait part avec reconnaissance de ses riches expériences avec sa communauté et les gens de Kaboul… Prenant connaissance du projet pour la première fois dans notre journal, je me suis sentie poussée à écrire au Conseil général mon désir d’y participer. Je notais que j’étais infirmière, au cas où cela rendrait service. A ma grande surprise la réponse fut « Oui », et on m’a demandé de venir à Rome pour me préparer à cette mission particulière. En pensant à ces quatre années, dont trois se passèrent à Kaboul, j’apprécie beaucoup ce que nous a apporté le Père Tony McSweeney. Il nous a aidées à trouver comment vivre nos charismes particuliers de communauté inter-congrégation. Il disait qu’il est important de vivre nos charismes et de ne pas former un nouveau corps ecclésiastique assimilant tout. Aucune de nous ne savait combien le mode de vie était différent dans nos congrégations respectives ; le Père Tony ne donnait aucune conférence et aucun conseil, mais nous animait, nous aidant à découvrir la beauté et la richesse de chaque charisme lorsqu’on connaît bien l’histoire et le charisme de chaque Congrégation. C’était un travail exigeant mais il me plaisait beaucoup. Préparation Je devais apprendre l’italien, langue choisie pour notre communauté inter-congrégations de quatre : deux Pakistanaises de la Congrégation des Dominicaines de Ste Catherine de Sienne, une Italienne de la Congrégation de St Marcellin et moimême. Durant les huit premiers mois, nous avons vécu ensemble. Nous avions quelques programmes préparatoires. On pensait qu’ils seraient utiles pour notre future mission d’Afghanistan. Ayant vécu dans une communauté interculturelle auparavant, je savais qu’accepter l’autre qui est différent n’était pas facile. Mais il y avait des points communs dans la compréhension de la vie religieuse. Les différences pouvaient toucher de simples choses comme la manière de laver la vaisselle (ou non !) ou bien des points plus importants comme notre vie de prière. A la fin nous avons pu écrire le projet commun de la communauté qui fut révisé et corrigé par nos Supérieures générales respectives. Au commencement… L’Association « Pour les enfants de Kaboul » s’est formée avec quatorze Congrégations qui s’engageaient à fournir les fonds ainsi que le personnel pour le travail. C’était une réponse à l’appel de Jean-Paul II : « Sauvez les enfants de Kaboul », dans son message de Noël 2002. S. Ela avec les enfants de Kaboul 12 FMM Espace Rencontre VII/27 En tant que communauté, nous avons grandi dans notre compréhension des autres, nous acceptant et respectant nos différences. Ensemble nous avons cherché des manière de vivre en harmonie. Je ne veux pas dire que nous ayons atteint l’idéal, mais je vois la croissance de chacune. J’ai fait l’expérience de l’immense confiance que chacune avait dans chacune des autres. J’étais sûre que je pouvais compter sur les autres même dans les petites choses. Je peux dire pour moi-même que je suis devenue plus respectueuse du mode de vie de mes sœurs de la communauté. Premières années à Kaboul Nous avons vécu ensemble différentes expériences. Au commencement nous n’étions pas reconnues par le gouvernement afghan. Nous avons essayé de rendre divers services volontaires, aller à une école de sourds-muets, ou aller dans une clinique gérée par d’autres organisations, mais ce n’était qu’à temps partiel. Finalement nous avons pu ouvrir un centre pour enfants handicapés mentaux. Il y en a beaucoup dans le pays. Les besoins à cet égard dépassent nos capacités. Le ministre de l’Éducation a le plan très ambitieux d’inclure les enfants non privilégiés dans le courant ordinaire d’éducation. Ils accueillent bien notre projet, le considérant comme un premier pas vers l’insertion des enfants non privilégiés dans les écoles locales. Actuellement, plus de vingt enfants suivent régulièrement les classes à notre centre. Ils viennent joyeusement « à l’école », comme ils l’appellent, juste comme leurs autres frères et sœurs. Relations avec les autres Nous avons eu de bons rapports avec les protestants des autre églises. Les Frères luthériens nous ont particulièrement aidées, toujours prêts à donner un coup de main quand les choses allaient mal. Les autres aussi nous ont aidées de leurs conseils et de leurs prières. Puis nous avons eu beaucoup de rapports avec les musulmans afghans. J’en ai rencontré beaucoup qui voulaient du bien au pays et au peuple. Beaucoup sont des musulmans pieux qui vivent sérieusement leur foi. Ils cherchent et désirent la paix. Les familles des enfants dont nous nous occupons sont reconnaissantes de notre aide. D’autres aussi montrent qu’il apprécient notre travail pour les enfants désavantagés du pays. J’ai été très touchée par nos collègues de travail qui nous ont dit, quand je leur ai dit au revoir, que j’étais une sœur pour eux. S. Malgorzata Sieluzycka (à gauche) et S. Ela parmi les enfants, d’autres membres de la communauté et personnel du Centre Une autre FMM rejoint la communauté Après avoir vécu un an et demi à Kaboul, la sœur italienne a dû retourner dans son pays. L’Association n’a pas pu trouver de remplaçante. Alors S. Malgorzata Sieluzycka, fmm est arrivée juste avant Noël 2006. Elle s’est intégrée naturellement et facilement dans notre communauté, bien acceptée par les sœurs pakistanaises. Elle a très bien appris le dari, langue locale, et elle est toujours à Kaboul. Ce fut une nouvelle expérience pour moi. Il était bon d’avoir une autre FMM et de pouvoir partager ensemble les événements de notre Institut. Nous avons participé, comme toutes les FMM du monde, à la préparation du Chapitre général. Même avant son arrivée, j’avais essayé autant que possible de participer de Kaboul au travail pour le Chapitre. J’étais bien hors d’une communauté fmm, mais je me sentais très engagée dans tout ce qui arrivait dans l’Institut. Adieux à Kaboul Finalement le moment vint pour moi de retourner à notre communauté fmm. J’ai été heureuse de revenir et en même temps triste d’avoir dû partir. Trois années c’est une période très courte, mais je me sentais « chez moi » à Kaboul. et je suis prête à y retourner si Dieu le veut. Je remercie Dieu de la grâce d’avoir participé au projet de Kaboul, en Afghanistan. L’expérience était très riche, bien au delà de ce que j’en attendais. Depuis le moment où j’ai entendu parler des plans pour Kaboul jusqu’à maintenant, j’admire comment le Seigneur a agi dans ce projet comme dans ma vie, même si parfois je me suis demandé si c’était réellement Son projet ou juste un projet humain. Elzbieta Homel, fmm mai - juin 2008 13 Belgique Rien n’est perdu pour Dieu… « L’intérieur de la prison de Forest où je suis engagée dans l’équipe de l’aumônerie catholique, n’a plus beaucoup de secrets pour moi. » : Sœur Krista Verhoeven, fmm nous partage son expérience. En entrant, il arrive que je me trouve juste derrière la police qui ‘livre’ un ou plusieurs nouveaux entrants. Alors j’ai le temps d’observer toutes les formalités d’admission qui se passent toujours dans le même ordre. Les réactions de ceux qui entrent sont différentes. Je peux lire sur les visages l’angoisse, la peur, la révolte, l’indifférence ou des rires d’énervement. Ceux qui ont un premier contact avec l’enfermement, l’entrée à Forest, est inévitablement le moment d’une grande crise personnelle. Les formalités d’admission sont autant d’humiliations : arrestation, menottes, relevé d’empreintes, fouille intime, uniforme pénitentiaire…. ‘l’arrivant’ est dépouillé de tout et on lui indique quoi faire et où aller. Au fur et à mesure que les grilles et les portes se referment successivement derrière lui, ‘l’entrant’ prend conscience que le monde extérieur s’éloigne et le détenu est totalement dépendant des services auxquels il lui est demandé de s’adresser par un ‘rapport’, petit papier sur lequel il doit demander l’autorisation pour tout, ce qui est source de grande frustration… Cette situation s’aggrave dramatiquement pour les illettrés et les étrangers. Puis, l’arrêté est mis dans une cellule de 9m² avec des co-détenus qui parfois ne parlent pas sa langue, qui sont violents ou fous et souvent on lui met un matelas par terre à cause de la surpopulation. Il n’y a plus d’intimité. Cette cohabitation imposée, 23h sur 24h (il y a une heure de promenade) provoque régulièrement de gros problèmes. Je suis si souvent témoin du désarroi en écoutant des torrents d’angoisses et de révolte, car peu de choses sont vraiment expliquées et il y a un tas de questions sans réponses… Plus de 65% des personnes incarcérées à la prison de Forest sont des étrangers. Alors oui, en prison, on parle toutes les langues et il faut se faire comprendre par les gestes et le langage de l’amour. J’ai toujours une petite carte du monde sur moi pour savoir d’où vient la personne à qui je parle. Et il faut voir avec 14 FMM Espace Rencontre VII/27 quel soin et le sourire sur les lèvres, les doigts essayent de situer le petit village de Tchétchénie, du Ghana, de Roumanie, d’Arménie, du Congo, du Chili…. A Forest il y a aussi une importante Annexe Psychiatrique où sont incarcérés ceux qui exigent une attention particulière en raison de leur état psychique, physique ou pénal : grands alcooliques, drogués, suicidaires, violents, personnes psychiquement fragiles ou malades… Cette ‘annexe’ est une prison dans une prison ! Les personnes vivent souvent à trois, à cinq dans un ‘mouchoir de poche’… Et comme ce sont des malades, chacun vit dans ‘son monde’. Tous ont besoin d’une assistance particulière, mais il y a peu d’aide ou d’accompagnement. Déclarés irresponsables de leurs actes, ils ne sont pas jugés comme les autres détenus. Tous les six mois c’est une commission qui décide de leur prolongement ou pas, mais plusieurs passent des années dans cet enfer insupportable. La plupart n’ont aucune visite de leur famille, pas de correspondance, pas d’argent pour acheter un petit surplus. Chaque semaine je visite quelques cellules de l’annexe, car ces personnes sont les vrais oubliés de la société et les drames que l’on y rencontre sont ahurissants. C’est là aussi que j’ai entendu les récits les plus invraisemblables d’enfance bafouée, violée, abandonnée, perdue dans la vie. C’est là que j’ai appris la profondeur de certains mots comme exil, abandon, trahison, échec. Et quand une vie va très mal, on fait souvent le mal ! Accompagner les détenus en prison ne veut en aucun cas dire que l’on cautionne l’acte délictueux ni que l’on oublie le mal irréparable infligé à la victime. Mais nous ne sommes pas là pour juger et c’est la première exigence, ce qui nous différencie du métier de magistrat, avocat, psychologue etc., qui arrivent avec des dossiers et notent tout. C’est la personne du détenu qui intéresse avant tout et on ne peut la rejeter à cause de sa faiblesse. Nous sommes là pour apaiser, traduire un mandat d’arrêt, écrire une lettre, mettre en contact avec le service des visiteurs, dépanner par des petites choses : un timbre, des lunettes de lecture, un jeu de cartes, trouver un sens à la détention, accompagner la souffrance, encourager toute ouverture intérieure. Et la célébration eucharistique de chaque semaine est une occasion importante de rencontre. En prison je suis souvent surprise par la grandeur d’âme de certains détenus, leur ‘moi’ profond et humain, et j’y trouve beaucoup de solidarité entre eux car les riches et les pauvres, cela existe aussi en prison. L’essentiel est de ne pas glisser dans le désespoir. Il faut à tout prix une étoile dans la nuit. C’est parce que seule l’Espérance permet de tenir le coup, que les Ecritures ont une résonance si forte en prison. C’est frappant de voir que plusieurs détenus nous demandent une Bible. En prison ils ont le temps de réfléchir et souvent des souvenirs de l’éducation reçue pendant l’enfance reviennent. Nous essayons de leur procurer une Bible dans leur langue maternelle. C’est très émouvant parfois quand ils la reçoivent. Un homme me demandait un jour d’expliquer les Psaumes de supplication, car, disaitil, je m’y retrouve. Nous, les aumôniers, avons l’avantage de pouvoir circuler librement dans le cellulaire et de porter les clés pour visiter les détenus dans leur cellule où on voit réellement ce qu’ils vivent. Ecouter, ne pas juger, tenter d’aller plus loin encore, c’est notre mission. Notre présence ne pourra pas résoudre leurs problèmes, mais nous pouvons cependant dire que tout n’est pas terminé, en haut: Logo de prison à gauche: S. Krista tenter de trouver un sens à leur enfermement qui, souvent, peut aider à voir les choses autrement. Un jour je rencontre dans un couloir un détenu que je n’avais jamais vu. Il me demande, ou plutôt me supplie de venir le voir dans sa cellule. Un peu plus tard je suis chez lui. Sans tarder il commence à raconter son histoire. Palestinien, il a vu des choses atroces dans son pays. Adolescent, il a fui pour venir en Belgique. N’ayant pas de papiers ni de quoi vivre correctement, il a fait des bêtises et arrivait en prison pour purger une peine de dix ans. Cette année il a obtenu la libération conditionnelle. Malheureusement il n’a pas respecté les conditions et arrive de nouveau en prison. Pendant un bon quart d’heure il m’a sorti tout son vécu, tous ses problèmes, toute la haine qui remplissait son cœur, toutes les injustices subies… Il avait vraiment besoin de parler. De temps en temps il s’arrêtait pour me lancer la question : « Et vous, les chrétiens, qu’est-ce que vous dites ? Qu’est-ce que vous faites ? » Question très directe et interpellante ! Le lendemain j’apprends qu’on a dû le mettre ‘au cachot’ à cause d’une bagarre après la promenade. Quelques jours après je rencontre l’Imam qui venait de visiter le Palestinien au cachot et en était tout bouleversé, car il l’a vu ligoté et pleurer de misère, de regret, de révolte. Quelle souffrance ! En rentrant à la maison, son visage ne me quittait plus. Ce n’est sûrement pas par hasard que cet homme a croisé ma route. Il a fortement interpellé ma compassion, mon témoignage de foi, mon sens de miséricorde. Dernièrement un jeune couple a été arrêté à l’aéroport. Noëlle est enceinte de 4 mois et arrive à la prison des femmes. La prison des hommes se trouve une rue plus loin et c’est vraiment un hasard que Peter est mis dans une cellule où, par la petite fenêtre grillagée, il a une vue sur le bâtiment où se trouve sa bien-aimée… Un haut mur et du fil barbelé les séparent, mais, comme Roméo et Juliette, leurs cœurs et leurs pensées s’unissent et dans cet enfermement, c’est une force pour tenir le coup et garder toujours un peu d’humour. Quand je le visite, nous regardons ensemble par la petite fenêtre et je vois son grand sourire. Ce vendredi saint, au cours de la célébration, nous avons lu la dernière partie de la Passion du Christ. Sur le Calvaire, Jésus n’est pas seul. Deux bandits se trouvent avec Lui. L’un d’eux supplie : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu entreras dans ton Royaume … » Et Jésus l’accueille : « Aujourd’hui même tu seras avec moi au Paradis. » J’ai vu que ce message a touché le cœur de plusieurs. Oui, rien n’est perdu pour Dieu ! Krista Verhoeven, fmm mai - juin 2008 15 Argentine Caacupé à Buenos Aires Expérience missionnaire de deux sœurs FMM, parmi les émigrants paraguayens en Argentine, pendant presque trois semaines, en décembre 2007. 3. La clôture missionnaire et la fête en l'honneur L'Equipe de Pastorale paraguayenne en Argentine a de « Tupasy Caacupé » plus connu sous le nom de organisé la mission pastorale n° 35, avec comme « Caacupé à Buenos Aires ». thème : « Foi engagée pour vivre dans la dignité ». Trente missionnaires, disciples passionnés du Christ, sont partis le cœur plein de grands rêves, avec nos frères paraguayens : 15 prêtres, 10 religieuses, 5 Caacupé à Buenos Aire diacres, accompagnés par Mgr Oscar Paez Garcete, Il est bon de rappeler ce qui a été vécu le dimanche 9 responsable de la Pastorale de la mobilité humaine du décembre dans le bâtiment « Route du Soleil » du Syndicat des Ouvriers de la Paraguay, en coordination avec les Métallurgie, qui est devenu un membres et les agents de l'EPPA, sanctuaire naturel où le peuple représentants responsables des honore et vénère sa chère Mère, zones et des quartiers organisés à Tupasy Caacupé, célébrant sa fête l'intérieur des juridictions en Eglise. ecclésiastiques de 4 archidiocèses : Buenos Aires, La Plata, MercedesCet événement rassemble une foule Lujan et Rosario, et 12 diocèses. A la fin de la mission nous de quelque 100.000 personnes, pouvons constater que ce transformant cette rencontre en L'organisation, après tant d'années qui doit faire bouger tous expression la plus importante de d'expérience, était excellente, les missionnaires, c'est l'immigration paraguayenne au aucun détail n'avait été laissé au d'annoncer et de dénonniveau mondial. Toutes les hasard et nous nous sommes précer, de participer de façon manifestations culturelles sont là : parés à temps. A notre arrivée nous responsable et cohérente costumes et traditions propres, avons eu un jour de réflexion sur la au social et au politique, entremêlés de sentiments, de rêves, réalité des Paraguayens en en vue de la construction de rencontres, de souvenirs et de Argentine et sur les objectifs de la d'une société meilleure vie. Mission, ensuite nous avons fait la pour tous sans distinction. répartition des groupes et des lieux. Le livret de travail soulignait : A partir de notre identité chrétienne catholique, sous le signe de la Ce que nous avons fait : Pastorale de la mobilité humaine, 1. La Mission préparatoire, qui nous a été utile pour nous préparer à cette mission. au nom de Dieu qui est notre Père, de Jésus-Christ notre frère, notre guide et animateur dans l'Esprit 2. La visite de l'Eglise d'origine, qui consistait à Saint, et la protection de Marie Très Sainte Tupasy Caacupé, Mère de Dieu et notre Mère, nous visiter dans chaque maison nos frères émigrés. commençons la trentième mission pastorale 16 FMM Espace Rencontre VII/27 A partir de notre identité chrétienne catholique, sous le signe de la Pastorale de la mobilité humaine, au nom de Dieu qui est notre Père, de Jésus-Christ notre frère, notre guide et animateur dans l'Esprit Saint, et la protection de Marie Très Sainte Tupasy Caacupé, Mère de Dieu et notre Mère, nous commençons la trentième mission pastorale consacrée aux émigrés paraguayens et à toute personne de bonne volonté. consacrée aux émigrés paraguayens et à toute personne de bonne volonté. En regardant notre réalité de chaque jour, nous voyons d'abord le négatif plutôt que le positif : le manque de respect de la vie (avortement, assassinats, drogues, guerre…), la pauvreté et l'indigence dues à l'inégalité dans la distribution des richesses à cause de l'égoïsme des puissants (sauf quelques exceptions honorables), les riches, les dirigeants, les politiques, les autorités, la corruption généralisée dominante, les divisions et les désunions, l'injustice, etc. Mais on trouve aussi la solidarité et la recherche du bien commun qui sont des signes d'espérance et nous rappellent que nous ne sommes pas seuls sur le chemin. Selon les dernières études faites, environ 1.400.000 Paraguayens ont quitté leur pays à la recherche de meilleures conditions de vie, de travail et de santé. Ils sont réfugiés aux alentours des centres urbains de Buenos Aires et de Rosario (Santa Fe), dans des quartiers ouvriers populaires, dans des cités d'urgence, dans des logements neufs et précaires. Même s'ils ont quitté leur pays depuis longtemps ils gardent leur langue, le guarani, leurs valeurs de solidarité et d'hospitalité, leur culture, leur foi simple et leur grande dévotion à Marie. Spécialement à la Vierge de Caacupé. Quelques réflexions • L'exode est une réalité qui nous interpelle : chaque jour on voit des gens aller de la campagne à la ville, de la ville à la périphérie ou dans d'autres pays. C'est un phénomène qui a des conséquences imprévisibles telles que, entre autres, la désintégration des familles et le risque de la perte d'identité. • Selon les études qui nous furent présentées sur la réalité des migrants le « Paraguay est un pays dépendant chronique, répétitif éternel, avec une saignée de population », « une grande possibilité d'intégration… pour être différents nous devons être égaux », « le Paraguayen est travailleur mais refuse la domination ». • A la fin de la mission nous pouvons constater que ce qui doit faire bouger tous les missionnaires, c'est d'annoncer et de dénoncer, de participer de façon responsable et cohérente au social et au politique, en vue de la construction d'une société meilleure pour tous sans distinction. • Lutter pour un programme qui arrête l'émigration et propose de nouvelles alternatives. Créer un réseau de solidarité pour éviter que les gens se déplacent. Nous avons cheminé avec nos frères. Juana Gomez et Maxima Vera, fmm mai - juin 2008 17 Brésil Sud Vivre la kénose du Christ en solidarité avec le monde qui souffre Nous ne cessons de bénir le Seigneur de cette possibilité qu'il nous donne de travailler avec les plus pauvres, les simples, les travailleurs de la terre qui cherchent par leur travail à avoir les ressources nécessaires pour vivre. Ensemble nous faisons l'expérience de participer à la kénose de Jésus, jour après jour, à travers les choses simples que la vie nous offre. Un moyen que nous avons pour le vivre est le "Potager du Seigneur", St François d'Assise, et les différentes activités de notre mission. Nous avons commencé le travail du Potager avec un petit groupe qui se réunit tous les mois autour de la Parole de Dieu, ayant comme point de départ le chapitre premier du livre de la Genèse, à cause de la répétition dans le texte des mots TERRE et EAU. Cela nous a fait réfléchir en profondeur sur l'importance de notre sœur eau pour cultiver notre mère terre. Ensuite nous avons vu apparaître le mot « SEMENCE » et le groupe, enthousiasmé par la belle présentation des premières pages de la Bible, a commencé à travailler. L'une des personnes du groupe, après avoir découvert les trois paroles-clés, a dit : « Maintenant nous avons encore plus de raisons pour commencer notre potager, puisque Dieu nous a montré comment faire » et quelqu'un a ajouté : « La vie est en puissance, à l'intérieur de la semence ». économique. La communauté a rassemblé des bouteilles plastique et Joao Batista Fernandes de Souza, agronome, a proposé à l'équipe de les remplir d'eau et de les enterrer en plaçant dessus du foin et de la terre. C'est ainsi que s'est fait tout le système de drainage du terrain. Il était émouvant de voir le courage de l'équipe pour entrer dans la boue et miser, avec la grâce de Dieu, sur la croissance de beaux légumes à mettre ensuite sur la table de gens qui seraient heureux de savourer un aliment sain. Après ce temps de réflexion en groupe, un ménage et deux adultes ont commencé à préparer la terre. Ce fut un lent processus parce que le terrain avait besoin d'un système de drainage qu'ils eurent beaucoup de mal à réaliser, en utilisant une technique créative et Notre objectif est de rendre la dignité de la personne humaine, à ceux qui, à la sueur de leur visage marqué par le refus de la société, produisent de manière digne ce qui est chaque jour nécessaire à leur famille. Nous voyons la nécessité de garder l'unité, la communion, le partage, la compréhension et le soutien mutuel pour que chacun se sente valorisé et que puisse grandir dans le groupe le sens communautaire. Peu à peu le mot « je » disparaît pour faire place au « nous ». C'est constamment à recommencer. 18 FMM Espace Rencontre VII/27 pour le marché du travail artisanal afin de les libérer du travail aliénant des usines, une autre alternative a surgi avec douze femmes et mères de famille au chômage. Un cours de restauration de peinture et de construction, pour la construction civile. Le commerce local a donné le matériel nécessaire à l'apprentissage : ciment, spatules, pinceaux, broches, teintes, peintures, etc. Quelques communautés religieuses firent des dons pour faciliter le travail et la distribution : une pompe hydraulique, une camionnette et un petit tracteur, rendant le travail beaucoup plus facile. Le Jardin dispose d'une cuisine. Une femme qui était dans une situation à risques a intégré le groupe et, avec soin et dévouement, prépare chaque jour le repas qu'elle offre aux travailleurs. Une autre initiative fut d'organiser « un jour de prière et de contemplation de Dieu » dans la nature, avec François d'Assise. Ici, à Campo Limpo, les paysages sont merveilleusement beaux. On prie avec les sources franciscaines, on termine avec la célébration de l'Eucharistie et un déjeuner ensemble. Un groupe de personnes mariées se réunit aussi plusieurs fois par an pour approfondir des thèmes de la spiritualité franciscaine qui peuvent les aider dans leur vie de famille et l'éducation de leurs enfants. Le thème de la « Campagne de Fraternité » qui s'est déroulée pendant le Carême fut une aide pour approfondir le sens de ce temps liturgique. Le thème « Fraternité et personnes avec des déficiences physiques et mentales » a mobilisé la communauté paroissiale. L'une des sœurs a animé ce travail proposé aux communautés. Elle a fait appel à une équipe de personnes intéressées, pour visiter et accompagner les familles. Au long du parcours furent invitées des personnes ayant des besoins particuliers et leur famille, accompagnées par le médecin de l'équipe et deux kinésithérapeutes. L'une d'elles était atteinte d'une déficience visuelle complète. Tout le monde fut édifié par le dévouement auprès des sœurs et des frères qui souffrent. Les responsables des différentes paroisses ont formé une Association qui comprend aussi des personnes atteintes de déficiences et qui peuvent y participer. Nous souvenant de Marie de la Passion qui avait à cœur le travail social avec les femmes, les préparant Le cours a duré deux mois, deux ou trois fois par semaine, à raison de quatre heures chaque fois. Au long des jours une amitié forte et solide s'est nouée. Le projet est de restaurer et de peindre, en commençant par sa propre maison et en s'aidant mutuellement. Dans cette mission de solidarité avec les familles qui souffrent, une sœur a participé à la « Pastorale de la sobriété » avec la communauté paroissiale. Le groupe s'appelle «La Communauté Maison Espérance et Vie ». C'est un noyau œcuménique d'aide aux familles, aux alcooliques et aux toxicomanes. Bientôt nous allons commencer, avec les femmes au chômage qui ont besoin d'augmenter leurs revenus, un nouveau « Projet de Cuisine » avec préparation de légumes « en conserve », profitant des produits du « Potager Communautaire ». Toutes ces alternatives pour la subsistance partent de l'initiative de personnes avec lesquelles nous partageons la mission. Nous, FMM, les appuyons en leur donnant une formation, en les accompagnant et en cherchant des ressources par « un travail en réseau » avec les différentes institutions. C'est une manière de faire l'expérience d'être des sœurs proches et accueillantes, avec nos limites. Nous pouvons redécouvrir avec les groupes le Visage du Christ plein de tendresse et de miséricorde. La Communauté Nossa Senhora do Camino mai - juin 2008 19 Australie « Mais il dit qu’il m’aime…. » Pour aider les femmes et les enfants victimes de violence domestique. « Mais il dit qu’il m’aime »… Paroles qui expriment la réponse affective de nombreuses femmes devant les comportements grossiers de leur partenaire. Quelles dynamiques sous-tendent l’expérience des femmes victimes de violence domestique ? Qu’est-ce qui les fait tenir dans des relations avec des hommes qui les trompent ? Qu’est-ce qui rend la rupture si difficile ? Telles sont quelques-unes des questions courantes que mes collègues de travail et moi sommes constamment en train de démêler dans tous les sens en cherchant à rendre service aux femmes et aux enfants qui font l’expérience de la question « N’en parlons pas » concernant la violence domestique. Il y a quelques années, notre province a choisi plusieurs secteurs-clés où nous voulions concentrer l’énergie de nos sœurs encore en ministère actif. Un des secteurs-clés fut celui des femmes vivant dans des situations marginalisées. En réponse j’ai obtenu du travail dans un refuge pour femmes, ouvert en 1970 devant l’ampleur du mouvement féministe en Australie. En 2000, deux ans après avoir commencé ce travail, nous avons été intégrées dans les Services de la Jeunesse et de la Famille gérés par les Sœurs du Bon Pasteur. Notre travail est centré sur les femmes et les enfants victimes actuellement de violence domestique ou de ses effets dans le passé. Nous gérons un refuge de haute sécurité qui donne hébergement et soutien aux femmes et aux enfants en danger physique, et qui doivent fuir leurs maisons en dehors de notre propre région. De plus nous donnons un programme élargi pour celles de notre propre secteur. Le travail avec ces femmes comprend des activités comme les soutenir au tribunal, plaider à la police, chercher un hébergement sûr et abordable, mettre en 20 FMM Espace Rencontre VII/27 rapport avec les autres services ou nous occuper des problèmes d’immigration si nécessaire, soutien affectif, clarifier les choix, donner l’information et l’éducation. Souvent nous associons violence domestique et agression physique ou sexuelle, avec un partenaire intime ou un membre proche de la famille. Ce qui m’a beaucoup ouvert l’œil durant mes années de travail dans ce service, a été de voir l’usage du pouvoir que l’on a sur une autre personne - cette dynamique sous-tend non seulement la violence physique, mais la violence sous ses formes souvent cachées comme l’insulte verbale, la restriction d’interaction sociale, laisser une femme sans aucun accès à l’argent, une dette sexuelle en héritage, les dénigrements et humiliations constants, pour en nommer quelques-uns. Tandis que la réalité chez les hommes grossiers est plus complexe qu’une seule cause, le besoin de dominer son partenaire et l’usage du pouvoir dans les relations est un facteur sous-jacent commun dans toutes les expériences de violence domestique. Généralement les femmes identifient les deux menaces qui les terrifient - l’une naturellement est la menace de tuer. L’autre dont parlent clairement les femmes est l’impact du « ce qu’il me dit », concernant les effets affectifs et psychologiques de la violence non-physique. La réponse que nous sommes fondées par le gouvernement de fournir est fondamentalement une réponse de crise - très nécessaire, mais premier pas seulement d’un processus souvent long pour les femmes et les enfants après qu’ils ont décidé de rompre une relation abusive. En équipe nous écoutons constamment les histoires des femmes et nous nous demandons comment mieux Je vais vous présenter l’équipe avec laquelle je travaille :(de gauche à droite) Nevenka (membre de soutien), moi-même (membre de soutien), Leo (téléphoniste), Angela (responsable du programme), Gina (en charge des enfants), Elaine (administration) et Yolanda (membre de soutien). Nous travaillons selon un modèle féministe qui cherche à responsabiliser les femmes dans leur vie et leurs relations, et à nommer et contrecarrer les nombreuses forces œuvrant pour les opprimer, les affaiblir et abuser d’elles. Notre travail demande de pouvoir compter sur les autres, nous avons donc une longue histoire de travail en commun qui a créé une ambiance de soutien et de support. leur rendre service ainsi qu’à leurs enfants. Durant les deux dernières années nous avons dirigé un groupe psycho-éducatif pour les femmes. Dans ce groupe nous cherchons à créer une ambiance sûre pour permettre et encourager les femmes à s’éloigner un peu de leur expérience blessante et commencer à y réfléchir. Nous avons trouvé que pendant ces deux années, lorsque ces femmes étaient capables de le faire, elles pouvaient prendre sur leurs propres ressources et chercher un soutien chez les autres, de façon très nouvelle qui les aidait dans le processus d’éloignement de la violence. Le processus consistant à discerner où commence et où finit la responsabilité de la femme, et accepter la dure réalité que nous ne pouvons pas changer la conduite de ceux que nous aimons, même si nous le désirons – car ils sont seuls à pouvoir le faire – est souvent une réalité longue et difficile à négocier. toucher les besoins des femmes et des enfants dans la période d’après-crise, qui est grandement négligée et où les ressources ne sont disponibles que pour les riches. Nous sommes continuellement en recherche de fonds qui nous permettraient de nous mouvoir dans cette zone, de façon à parvenir à créer quelque chose de différent et de durable…Que dit le proverbe? L’espérance franchit l’éternité ! Mary Burke, fmm (Si certaines sœurs travaillent dans le domaine de la violence domestique, elles peuvent me contacter à cette adresse : [email protected]) Nous avons beaucoup de plans pour l’avenir - à la fois petits et grands ! En particulier, nous désirons mai - juin 2008 21 Corée Aumônerie au Quartier général de police Premier ministère fmm au Quartier général de police. C’est vraiment le premier ministère que l’on trouve à l’intérieur d’un service administratif en Corée. Pusan est une grande ville de 40.000 habitants, et c’est au Quartier général de police que j’ai mon ministère. Les autres groupes d’une certaine importance, les bouddhistes et les protestants, y ont aussi leur terrain de service. Le gouvernement a simplement organisé que chacune des trois religions ait un bureau d’aumônerie avec une salle de prière annexe, à l’intérieur du quartier général, et soutienne les activités en cours. Les forces de police ayant la tâche difficile d’assurer aux citoyens sécurité et protection en situations de crise et d’accidents, le gouvernement reconnaît que la police a besoin d’une aide d’ordre spirituel, et en soutient spécialement la vie de foi ; d’où sa générosité pour l’aumônerie. Les laïcs catholiques travaillant ici dans le quartier général ont formé leur propre communauté de foi. Même ici, sur leur lieu de travail, ils sont dans leur rôle de laïcs catholiques, rendant des services volontaires tout en évangélisant. Sous la juridiction du Quartier général de police de Pusan, il y a 14 postes de police, dont 10 ont organisé un groupe pour les catholiques. Ici, au Quartier général, un prêtre travaille avec moi à plein temps au bureau de l’aumônerie, du lundi au vendredi. Le nombre total de catholiques de la force de police de Pusan est de 249, et il y a 43 membres de police catholiques dans les environs proches de la ville. Tous les ans, il y a une cérémonie de baptême S. Regina avec les aumôniers d’autres religions 22 FMM Espace Rencontre VII/27 pour les membres désirant être baptisés dans l’Eglise catholique. Durant au moins six mois , deux fois par semaine je vais visiter les postes de police où résident ces catéchumènes, et leur donner des cours de religion selon notre foi. C’est l’aumônier qui donne le sacrement de Baptême dans une cérémonie à la fin de la période préparatoire. Ils ne sont pas nombreux, mais tous les ans il y a de deux à cinq personnes, y compris les membres de la force de police militaire, qui demandent une préparation au Baptême. Une fois par mois notre aumônier rend visite à chaque poste de police pour offrir la Messe et prendre le repas avec les membres catholiques. La police militaire catholique assignée à cette région est également invitée, cela renforce ainsi l’amitié mutuelle. Dans ce ministère, nous insistons pour que chaque personne vive avec dignité et respect dans sa profession et dans la vie quotidienne. Nous les aidons aussi à grandir dans la foi et à prendre conscience de l’amour que Dieu leur porte. Même s’ils sont peu nombreux dans notre diocèse en tant que communauté de foi chargée d’une mission, nous préparons pour les membres de police catholiques et leurs familles des retraites à certains moments liturgiques, et des pèlerinages aux sanctuaires, en voiture et à pied. Il leur est difficile de trouver le temps nécessaire, mais à la fin ils sont heureux d’avoir participé. Parmi eux il se trouve des couples qui n’ont pas reçu le sacrement de mariage. Nous les préparons à ce sacrement. Par dessus tout, les familles sont reconnaissantes et fières qu’il y ait un prêtre et une sœur délégués par l’Eglise pour répondre à leurs besoins. mariage, etc. Je me sens pleine de joie quand les gens me disent quelle force c’est pour eux d’avoir un prêtre et une sœur toujours prêts à les aider ! Naturellement, il y a aussi des difficultés et des défis. Le Quartier général fonctionne selon un système hiérarchique, où le rang et le statut sont importants. Le Christ n’y est pas bien connu, mais au moins l’Eglise catholique est connue – quand ce ne serait qu’en voyant des religieuses qui n’ont pas de pouvoir dans la société et que l’on considère comme n’ayant rien de commun avec le monde. Moi-même, FMM qui travaille dans une institution au service des citoyens, j’essaie de montrer que le vrai service consiste à traiter chaque personne de façon égale comme des frères et sœurs, en esprit franciscain. Comme Marie, notre Mère, j’essaie avec tendresse et chaleur de servir ceux qui viennent à notre bureau. Ce faisant, je concrétise en moi la valeur chrétienne fondamentale qui consiste à traiter les autres comme des égaux, avec joie, humilité et oubli de soi. Regina Jung Song Hee, fmm Au Quartier général, notre bureau fonctionne à la fois en bureau de conseil et en salle de prière. Du fait qu’il y ait une religieuse, il se trouve des catholiques qui recherchent l’éducation de la foi, et les non catholiques nous rendent souvent visite, pour parler de la vie et de la foi. Parfois, j’essaie de partager avec eux les valeurs chrétiennes et aussi des valeurs de la vie franciscaine. De tels visiteurs sont reçus avec chaleur, et l’on peut dire que notre bureau est comme une oasis dans le désert. Parfois il y a des personnes qui viennent juste pour un moment de tranquille méditation. Pour eux je joue une musique méditative et mets quelques bons livres sur la table, pour les aider à la méditation. Il y a beaucoup de joies à travailler dans un tel lieu. Joie de voir les gens grandir spirituellement et en dignité. Joie de voir les catholiques travailler avec le prêtre pour préparer les Messes et les prières selon la saison liturgique ; de les voir capables de guider les non-pratiquants vers un renouveau de vie de foi active; de voir les couples aplanir les obstacles à leur mai - juin 2008 23 Malaysia Un rayon d’espoir Quelque chose de nouveau se passe dans la Province de Malaysia-Singapour, qui concerne notre service des pauvres et des marginaux. Ce rayon d’espoir, c’est S. Maria Hong Ly du Vietnam, récemment envoyée à la communauté fmm de Kuantan, sur la côte Est de la Péninsule de Malaisie. Pendant de nombreuses années, notre province a été un territoire de transit pour les sœurs asiatiques du Sud-Est et d’Extrême-Orient qui apprennent l’anglais et s’exercent à l’adaptation culturelle avant d’être envoyées en mission lointaine. Les sœurs vietnamiennes arrivées ici dans ce but ont d’habitude été sollicitées pour un service pastoral spécial avec les travailleurs émigrés vietnamiens à Kuala Lumpur, Petaling Jaya et Seramban. S. Hong Ly a été envoyée en Malaysia pour un an et demi avec un visa d’étudiante. En 2007 des pourparlers étaient en cours pour un permis de travail, de sorte qu’elle puisse s’engager entièrement dans le travail indispensable au service des travailleurs vietnamiens. Au début de novembre 2007, S. Hong Ly est arrivée à Kuantan pour travailler en réseau avec le prêtre de la Paroisse et les animateurs laïcs du Ministère Paroissial pour le Développement Intégral (PIHDM), faisant le lien entre eux et les travailleurs vietnamiens qui luttaient avec le problème de langue. On donna un bureau à S. Hong Ly à la Paroisse et le Centre paroissial fut mis à sa disposition durant les fêtes de l’année lunaire en vue des projets de pastorale pour les Vietnamiens. Un rassemblement de Noël en 2007 réunit 100 ouvriers et fut le prélude d’un camp de deux jours organisé par les ouvriers pour les 3ème et 4ème jours de la nouvelle année lunaire. A la demande de S. Hong Ly , S. Anne Marie Nguyen Thi Huyen, S. Cecilia Tuyet Tram et S. Anna HongThahm vinrent de Kuala Lumpur pour l’aider dans la préparation. Avant cela, elle avait préparé la première circulaire pour les ouvriers et ceux qui travaillaient avec le prêtre de la Paroisse, le Père Eugene Benedict, à choisir les hymnes et prières qui feraient partie d’une célébration eucharistique plurilingue pour le Nouvel An Lunaire. Quelle joie d’écouter des hymnes vietnamiens chantant le printemps, la vie nouvelle et la reconnaissance des parents. Instruits par S. Hong Ly, le prêtre de la Paroisse put entonner quelques-unes des prières en vietnamien. S. Hong Ly (au milieu) avec les travailleurs vietnamiens 24 FMM Espace Rencontre VII/27 Tandis que S. Cecilia préparait la nourriture délicieuse pour les participants, S. Anna et S. Hong Ly partageaient des activités et des jeux intéressants. S. Anne Marie aidait dans l’œuvre importante de la formation. Seulement une vingtaine de participants étaient catholiques, en comptant les sept de Kuala Lumpur ; les autres étaient bouddhistes ou n’appartenaient à aucune religion en particulier. Les sœurs, avec une grande finesse, choisirent d’insister sur le développement humain, en référence à la Lettre aux fidèles pour le jour de l’An Lunaire, du Cardinal du Vietnam - John Baptiste Pham Minh Man, résidant à Ho Chi Minh Ville. Le thème était « la famille ». Les effets de l’émigration et son influence mauvaise sur la vie de famille furent étudiés dans des échanges de groupes. Les participants regardèrent aussi en face les résultats de la délocalisation, le sida, l’avortement, la corruption, l’alcoolisme et furent exhortés à respecter et à vivre la culture vietnamienne. S. Anne Marie encouragea ses jeunes compatriotes à chercher la puissance divine qui pourrait apporter une réponse positive à la vie malgré ses épreuves. S. Hong Ly avait voulu les héberger pour la célébration de l’Année Lunaire, parce qu’ils «sont si loin de chez eux» et elle voulait que les émigrés vietnamiens apprennent à se connaître entre eux, à se soucier des autres et à connaître l’Eglise. Elle jugeait important de les voir se détourner de la boisson et de la lutte, causées par la solitude et la séparation d’avec leur propre foyer. Il est bien connu que les ouvriers fabriquaient leur propre liqueur et c’est pourquoi beaucoup d’entre eux arrivaient à l’hôpital local après avoir été battus, avec l’obligation de payer d’énormes factures. Elle continuait : « Nous les aidons à comprendre la culture ici et à accepter leurs problèmes avec courage en essayant d’apprendre à vivre dans ce pays. » Quant aux ouvriers vietnamiens eux-mêmes, les deux jours furent comme une caresse de chez eux. Le prêtre de la Paroisse qui leur permit de passer toute la nuit au Centre paroissial, vint les trouver de bonne heure le matin pour voir s’ils avaient assez de couvertures. Il leur avait dit le matin : « Ici c’est votre maison, vous pouvez y venir » Les ouvriers qui ne pouvaient pas rester plus longtemps le regrettaient, mais les soeurs sentaient qu’ils avaient tous été touchés par la chaleur de l’accueil et heureux de l’occasion de partager leurs problèmes avec la certitude d’être entendus et compris. La nourriture vietnamienne leur fit du bien et contribua un peu à guérir leur nostalgie. Les sœurs vietnamiennes furent impressionnées par l’aide extrêmement généreuse apportée par les animateurs du Service, particulièrement par Catherine Boon, dont les efforts infatigables pour S. Hong Ly (à droite) visiter les Vietnamiens dans les centres de détention, les prisons, les tribunaux et les hôpitaux ont gagné le respect des Vietnamiens qui l’appellent affectueusement leur « mama ». Maintenant elle travaille en étroite collaboration avec S. Hong Ly. S. Cecilia a remarqué la différence entre les travailleurs vietnamiens réunis au Centre Cathédrale à Kuala Lumpur et ceux de Kuantan. Elle dit qu’à Kuala Lumpur la majorité sont catholiques et peuvent vivre plus facilement ensemble, tandis qu’à Kuantan la majorité sont des non-catholiques qui n’ont pas l’occasion de se rencontrer et sont portés à l’alcoolisme, n’ayant nulle part où vivre leur solitude ou leur sentiment de désespoir. S. Anna parla en faveur des sœurs quand elle évalua le temps, l’espace et l’aide accordées spécialement à S. Long Ly par ses sœurs en communauté. Ces jours-ci, S. Hong Ly ne va nulle part sans son téléphone portable. Elle est maintenant source d’espoir pour les ouvriers migrants vietnamiens qui l’appellent à longue distance jusqu’à Johor, au Sud de la péninsule. C’est ainsi que la parole s’est transmise. Maintenant que les jeux de hasard et loteries sont terminés, elle cherche comment aider ceux dont les passeports ont été gardés de force par des employeurs sans scrupule, en fuite, et ceux qui sont sans papiers, mais ont besoin de moyen de transport sûr pour rentrer chez eux, ou bien qui tomberaient malades et auraient besoin d’assistance médicale. Nous avons vraiment été frappées par son énergie et son dévouement. Prions pour elle. Enid Lopez, fmm mai - juin 2008 25 Inde Ootacamund Notre présence parmi les nomades Un séminaire sur la pastorale des nomades a ouvert les yeux de nos sœurs sur l’appel de ce groupe extrêmement négligé et les a motivées pour faire quelque chose avec eux. Notre communauté a toujours travaillé avec ceux qui sont repoussés aux marges de la société parce qu’ils semblent différents et agissent autrement que les autres. Dès le jour de notre insertion à Udumalpet, Tamilnadu, nous avons travaillé pour et avec les dalits, les tribus et les réfugiés. En adoptant un style de vie aussi simple que le leur, nous nous sentons des leurs, ils nous acceptent facilement et sont ouverts aux valeurs évangéliques que nous professons. pièces de musée à exposer. Les femmes et les enfants font des ornements avec des perles multicolores qu’ils vendent aux arrêts de bus et lieux publics. Dans le monde totalement technique d’aujourd’hui, il n’y a pas beaucoup d’acheteurs de ces oeuvres primitives. Les Narikuravars ne gagnent donc pas beaucoup et leur maigre recette ne suffit pas pour se procurer une nourriture suffisante. Ils sont donc très anémiés. Nous nous sommes mises à la recherche des nomades ou Bohémiens à l’intérieur et autour de notre région après avoir participé au séminaire sur la pastorale des nomades en Inde, au Centre National Biblique de Catéchèse et de Liturgie de Bangalore en 2004. Des participants de l’Inde entière étaient présents à ce séminaire. Leur partage nous a enrichies et nous avons été éclairées par leur interaction. A la suite, nous avons été poussées à rejoindre ce groupe qui est le plus négligé de tous les marginaux de notre société. Depuis 2005 nous commençons à travailler avec ce groupe, les Narikuravars. Bien que le gouvernement leur ait construit des maisons, ils préfèrent rester dehors, même s’il s’agit de dormir sur le trottoir. Etant nomades, ils ne tiennent pas à un mode de vie déterminé. Ils ne font rien cuire chez eux mais achètent leur nourriture aux hôtels (ce qui revient plus cher) et dépensent ce qu’ils gagnent pour boire. Ces « libres » enfants de Dieu ne pensent pas à donner une éducation à leurs enfants ni à pourvoir à leur avenir en économisant un peu. Les Narikuravars Les hommes, jeunes et vieux, vont de lieu en lieu et d’état à état à la chasse d’oiseaux et d’animaux qu’ils rembourrent et vendent aux gens qui en font des Ministère chez les Narikuravars Notre première tâche a été de leur ouvrir la possibilité d’une vie meilleure pour eux et les générations futures. Nous sommes allées à l’arrêt des bus à Udumalpet pour rencontrer les femmes et les enfants. Ils étaient surpris que quelqu’un soit venu les chercher mais lentement commencèrent à s’ouvrir et 26 FMM Espace Rencontre VII/27 Nous souhaitons un meilleur avenir non seulement pour les enfants, mais aussi pour toute leur communauté. nous avons pu établir de bonnes relations avec eux. Nous avons appris qu’ils demeurent dans deux camps à Pollachi – à Kollupalayam et Ponnavaram. Il y a 27 familles à Kollupayalam et 50 familles à Ponnavaram. Excepté 25 familles qui sont chrétiennes, toutes les autres adorent Kali, déesse hindoue. Nous avons commencé à leur rendre régulièrement visite et à leur donner des notions de santé et d’hygiène. Peu à peu nous avons organisé des programmes de conscientisation et commençons à célébrer les fêtes nationales avec eux. Monsieur et Madame Shankar qui travaillaient déjà avec les nomades de Tamilnadu sont devenus nos personnes de référence et nous ont aidées à préparer nos premières rencontres avec les membres des communautés nomades de ces deux camps, le 25 février 2006. A cette rencontre, M.Shankar leur a parlé des divers problèmes rencontrés par leur communauté et insista sur leur besoin de s’organiser en groupe et de s’inscrire dans le syndicat Tamilnadu Vagirivel (Bohémiens). Il leur expliqua aussi les divers privilèges que le gouvernement avait réservés pour leur communauté. Nous avons organisé deux camps pour les enfants d’âge scolaire. Le premier, en 2006, était un effort commun entre nous et une ONG aux campus de l’école Vishwa à Pollachi ; vingt enfants participèrent à ce camp de trois jours. Ils étaient excités à la pensée que pour la première fois ils venaient en étudiants pour apprendre et être ensemble. Nous avons commencé tous les jours par la prière du matin suivie par des exercices de yoga. En plus de l’enseignement du tamoul, de l’anglais et des mathématiques nous leur avons donné des douches, peigné les cheveux, fait cuire et servi des repas chauds. Il y avait aussi des classes sur les valeurs, la discipline et l’accompagnement. Nous avons dirigé des sessions de prise de conscience sous forme de jeux intérieurs et extérieurs où ils découvraient leurs talents et apprenaient à développer leurs dons naturels. Le troisième jour nous les avons emmenés en pique-nique à la chute d’eau d’Aliyar. Les enfants ont beaucoup aimé le camp et exprimé leur reconnaissance pour les leçons apprises et l’attention des sœurs et des volontaires. Le second camp a eu lieu du 27 au 29 septembre 2007 sur le Campus du Couvent de l’Immaculée Conception. Trente-cinq enfants ont pris part à ce camp ; comme pour le premier, nous avions des volontaires venus des groupes des ONG de la région. Les matières enseignées étaient les mêmes qu’au premier camp, mais nous avons adopté la méthode d’enseignement par le jeu. Cette fois nous avions un professeur de couture parmi les volontaires, qui leur enseigna des travaux différents de ceux auxquels ils étaient habitués. Le dernier jour nous avons emmené les enfants à Karunya. Le président, les conseillers et les membres du gouvernement autonome local, de même que le principal professeur, participent toujours aux programmes de conscientisation ou aux célébrations de fêtes nationales que nous organisons pour ce groupe. Ils contribuent aussi au financement des sessions. Espoir pour l’avenir Nos visites régulières comme les programmes périodiques de conscientisation les ont profondément marqués et nous voyons de notables changements dans leur conduite. Ils sont conscients du besoin de propreté, d’hygiène, afin d’économiser et d’améliorer leur genre de vie. Maintenant ils ont formé deux groupes de développement autonome, un pour les femmes et les jeunes à Ponnavaram et un autre pour les femmes à Kollupalayam. Nous avons pris contact avec une autre ONG à Pollachi pour les aider à ouvrir un compte en banque afin qu’ils puissent établir sur une base leurs futures activités. Nous travaillons à la construction d’une école pour les enfants dans leur région. Nous souhaitons un meilleur avenir non seulement pour les enfants, mais aussi pour toute leur communauté. mai - juin 2008 27 Sénégal Promotion de la femme et de la jeune fille à Salémata Description du cheminement fait par les Franciscaines Missionnaire de Marie dans leur engagement pour la promotion de la femme dans le département de Salémata au Sénégal : 1980- 2008 Le département de Salémata est à 800km de Dakar. Il est localisé dans un territoire enclavé entre le parc Niokolo Koba au nord et à l'ouest, et de la République de Guinée dont il est séparé au sud par les montagnes du Fouta Djallon. Le département de Salémata a un relief très accidenté. C'est dans cette partie du Sénégal qu’on trouve les hauteurs les plus élevées du pays. Arrivées en 1980, les Franciscaines Missionnaires de Marie ont pris une année pour étudier les possibilités de travail qui pourraient être envisagées dans le domaine de la promotion humaine et sociale. Dans ce but, elles ont fait des tournées dans les villages. Le Centre de promotion féminine a ainsi été créé. Il offrait aux jeunes filles bassari, peulh et autres ethnies confondues, une formation de base en français, en calcul, en couture, en tricot, en broderie, en hygiène, etc. Les élèves étaient logées en internat et l'enseignement assuré par les Franciscaines Missionnaire de Marie. Cette formation s’étalait sur trois ans. L’objectif premier était de former des filles capables d'animer leur village au niveau de la santé, de l'éducation, du développement économique de leur région (jardin - élevage - gérance du budget pour parvenir à l'autofinancement - travaux de couture travaux d’artisanat). Après une période d'exode, plusieurs femmes qui ont suivi la formation reviennent au village. Parmi elles une dizaine, avec l'appui du centre, sont nommées comme animatrices pour assurer l’encadrement des différents groupes de couture. Cérémonie de remise des attestations à la fin de la formation 28 FMM Espace Rencontre VII/27 génératrices de revenus (AGR), afin de trouver ce qui est le mieux adapté à leurs ambitions et le plus approprié aux besoins du marché, en vue de la création d’une entreprise/AGR porteuse. Avec la nouvelle orientation qui s’est dégagée en 1992, le centre technique féminin de Salémata a donc mis ses locaux à la disposition des filles internes de l’école primaire tenue par les frères de Saint Gabriel. Ces filles venaient passer la nuit chez nous et nous les surveillions le soir à l’étude. Après le départ des Frères de Saint Gabriel en 1999, nous avons continué d’accueillir les grandes filles de l’école catholique. Jardin d’un groupement de femmes Une nouvelle orientation se dégage ainsi en 1992. Il s’agit de la création de groupements de femmes dans les villages avec comme objectif de collaborer au développement de la femme et de la jeune fille de la zone rurale, par une formation appropriée sur place pour éviter l'exode rural ; promouvoir l'épanouissement de la femme dans son rôle de mère et d'éducatrice. Aujourd'hui le projet polarise une vingtaine de groupements villageois avec comme activités : la teinture, le maraîchage, les champs collectifs, la micro finance. Au repas Nous faisons des tournées mensuelles de supervision de tous ces groupements. Là, nous faisons de la teinture pour permettre à un plus grand nombre de femmes d’en faire l’apprentissage. C’est l’occasion pour nous de visiter les jardins, de discuter avec les femmes pour mieux connaître leurs besoins et pour fraterniser. Dans le cadre du renforcement des capacités des femmes, des séminaires de formation sont organisés par le projet de Promotion de la femme (PROFEMME) initié par le diocèse de Tambacounda. En 2006, quatre séminaires de formation pour les femmes se sont tenus sur l’organisation d’un groupement de Promotion féminine (GPF). En 2007 également, quatre séminaires ont eu lieu chez nous sur la gestion financière d’un groupement de Promotion féminine (GPF). Du 4 au 8 mars 2008, se sont encore tenus chez nous, à Salémat, deux séminaires de formation de cinq jours sur l’entreprenariat féminin. Ces séminaires ont regroupé au total 83 femmes venant des groupements de différents villages que nous encadrons dans notre localité. Deux autres séminaires se tiendront également du 15 au 25 avril 2008. Il s’agit de rendre les femmes dans les Organisations Communautaires de Base (OCB) capables d’identifier et d’analyser plusieurs idées d’entreprise ou d’activités Depuis l’année scolaire 2005 – 2006, le nombre des filles reçues au CEPE (Certificat d’Etudes Primaires et Elémentaires) augmente. Les demandes d’hébergement des filles venant des villages éloignés affluent. Pour leur donner la possibilité de poursuivre leurs études, nous décidons donc d’accueillir chez nous 19 filles en comptant sur la Providence. Aujourd’hui, nous avons une trentaine de filles qui sont au CEM (Collège d’Enseignement Moyen). En plus du logement et de la nourriture, nous leur donnons une formation humaine et chrétienne. Nous sommes très heureuses de les encadrer et nous misons beaucoup sur elles pour promouvoir la promotion de la femme dans leur milieu. Anne Marie Zilda Chambaz, fmm mai - juin 2008 29 Marie de la Passion et la voie franciscaine Pauvreté, minorité et vrai pouvoir Le 19 novembre 1882, Marie de la Passion écrit aux Missionnaires de Marie, pour leur donner les raisons de sa décision : affilier leur Institut si jeune et encore contesté, à l’Ordre franciscain : « Depuis que le soin de vos âmes m’a été confié, j’ai toujours eu à cœur de vous garder de l’esprit du monde et de vous ramener à celui de l’Évangile… Il y a vingt-deux ans que Notre Seigneur a daigné me montrer la beauté de la sainte pauvreté et de la simplicité évangéliques propres à St François d’Assise. Si j’ai tardé si longtemps c’est que je voulais étudier davantage la volonté de Dieu… Ce qui a fixé ma décision, c’est l’encyclique de Sa Sainteté Léon XIII qui invite le monde entier, les Pasteurs et leurs troupeaux à s’enrôler dans la milice du Pauvre d’Assise, afin que le monde trouve dans son esprit de charité et de détachement la régénération dont il a tant besoin » (Lettres Circulaires [LC]). La même année, le jour de la Toussaint, elle avait déjà prévenu les Sœurs qu’elle-même personnellement était entrée dans le Tiers-Ordre, avait le Ministre Général pour appui et conseiller, et elle avait ajouté : « Afin d’arriver à la solution finale pour tout l’Institut, je communiquerai plus explicitement à mes conseillères les raisons sérieuses, naturelles et surnaturelles qui ont amené ma conviction. Mais dès à présent, toutes mes filles sont prévenues qu’elles me donneront la plus douce joie et la récompense de ce que j’ai souffert pour elles, en obéissant à l’appel du St Père, en entrant dans l’Ordre séraphique. J’en fais moi-même actuellement partie, et cette grâce m’a donné, pour me dévouer à l’Institut, une force nouvelle » (Ibidem). Sa Sainteté Léon XIII (1810 - 1903) Beauté de la sainte pauvreté et de la simplicité évangéliques, générant un esprit de charité et de détachement qui est ferment de régénération pour le 30 FMM Espace Rencontre VII/27 monde : en peu de mots, le sens de l’entrée dans la voie franciscaine est donné. L’important, c’est la libération de toute attache à son propre moi, à l’instinct de domination sur les êtres et sur les choses, afin d’aller à Dieu et aux autres sans entraves, dans la limpidité d’un rapport de charité filiale et fraternelle: « Ne gardez pour vous rien de vous, afin que vous reçoive tout entiers Celui qui se donne à vous tout entier », écrivait François (Lettre à tout l’Ordre, 29). Marie de la Passion, voyant dans l’Eucharistie l’actualisation constante de ce don de soi «tout entier», fait écho à ces paroles : « …soyons humbles mes enfants, en présence d’une telle humilité ! Que notre vie soit cachée comme la sienne et ne respire que l’amour. Donnons-lui tout nous-mêmes, puisqu’il se donne tout à nous. Et quelle réserve pourrionsnous faire pour lui puisqu’il n’en fait pas pour nous ? A cette source d’amour alimentons notre charité. … Soyons partout pleines de charité... » (LC, 8 décembre 1884). La béatitude évangélique de la pauvreté « en esprit » naît en effet de l’amour, et conduit à l’amour : «François et ses fils ont les Séraphins pour guides, ils les dépouillent de tout ce qui n’est pas Dieu : la charité naît du dépouillement et doit être la vertu spéciale de l’Ordre… » (Correspondance, 4 août 1903 - Cf. « La Pauvreté » p. 70) . « Le monde a si besoin de l’esprit de saint François qui est l’antipode de l’adoration du veau d’or ! Il nous faut un vrai détachement qui engendre une vraie charité » (Ibid. 6 août 1897). Aquarelle par S. Frances Falk, fmm « On ne donnera à aucun frère le titre de prieur, mais à tous indistinctement celui de frères mineurs. Ils se laveront les pieds les uns aux autres ». (Première Règle de St François, n° 6.3) La pratique de cette « pauvreté en esprit » a des conséquences concrètes bien précises ; et d’abord, la «minorité» sans laquelle la « fraternité » n’est qu’un leurre, à commencer par la communauté de vie. Dans sa Première Règle, au n° 6.3, François prescrit : « On ne donnera à aucun frère le titre de prieur, mais à tous indistinctement celui de frères mineurs. Ils se laveront les pieds les uns aux autres ». Lorsque, l’Institut étant devenu officiellement franciscain, Marie de la Passion demande au Père Bernardino - Grand-père - le don symbolique de son manteau, il n’a pas un instant d’hésitation mais constate simplement : « Le manteau n'est pas trop large et par conséquent, il ne peut pas abriter sous ses plis un grand nombre d’âmes, sinon à condition qu’elles se fassent toutes petites, et de plus en plus petites, à mesure qu’elles augmentent en nombre ; vous comprenez le mystère de ces paroles. - Du reste, Dieu sait de quel cœur j’aime les Missionnaires de Marie et je prie pour elles… ». Rapportant ces mots le 6 janvier 1886, Marie de la Passion commente : «Après ces paroles vraiment évangéliques, je n’ajoute plus que deux lignes, mes enfants bien aimées ; soyez petites toujours pour trouver place sous ce manteau séraphique dont la protection vous est si solennellement promise et soyez-en sûres, c’est un gage certain de votre bonheur de l’éternité… » (LC). En juin de ce même 1886, elle donne aux quêteuses dont « la tâche est pénible », le titre de «vraies petites sœurs mineures». Car c’est là une autre conséquence de la minorité : n’avoir pas pignon sur rue, mais devoir travailler pour gagner son pain comme la Sainte Famille de Nazareth, ou encore pour aider les économiquement faibles dont on est solidaire ; et parfois même, quand on ne reçoit pas un juste salaire, quêter. Elle s’active à organiser des ateliers et stimule l’ardeur au travail, l’ingéniosité, la générosité et le partage fraternel : «Je vous en conjure, mes enfants, remuez-vous, mais pratiquement. Qu’on parte avec des produits, qu’on cherche de l’ouvrage, peu importe celui que nous ferons pourvu qu’on gagne son pain à la sueur de son front. Et non pas dans une seule maison mais dans mai - juin 2008 31 Le manteau de P. Bernardino mis en exposition à l’Ara Coeli le 1er octobre 2007 «...soyez petites toujours pour trouver place sous ce manteau séraphique dont la protection vous est si solennellement promise et soyez-en sûres, c’est un gage certain de votre bonheur de l’éternité… » (LC). toutes. Que celles qui ont du travail suffisamment en cherchent pour les autres maisons. … Une chose que je recommande aussi, c’est le silence. De grâce, pas de paroles inutiles. Pendant qu’on parle, on ne travaille pas » (LC 20 janvier 1897). Du point de vue de la mission, cette expérience met de plain pied avec ceux dont le lendemain n’est pas automatiquement assuré, et qui ont besoin d’être aidés à se mettre debout : « L’Ordre … a toujours eu le don d’aller au peuple : de pauvre à pauvre, il n’y a pas de distance» (Correspondance, 4 août 1903, «La Pauvreté», p. 70). Pour autant, Marie de la Passion ne fait pas de la pauvreté matérielle une idéologie, ni de la misère une vertu. Il faut se démener pour trouver du travail, et prier pour avoir la grâce d’arriver à gagner la vie de l’Institut. À l’adresse de sœurs commissionnaires, elle a cette parole étonnante : « J’ai reçu votre argent et je vous en remercie. Comme toujours je me suis senti du respect pour cet argent, prix de tant de peines et de souffrances ! » (LC 21 novembre 1886). Ce qui lui importe, c’est, à la suite de Jésus, de vivre en vérité la Béatitude des Pauvres qui a le pouvoir de faire advenir déjà sur terre les prémices du Royaume des Cieux (cf. Mt 5, 3). « Jai vu la terre et tous disaient : ‘Le vrai pouvoir, c’est l’or’. Et Jésus, le Roi des pauvres, et François le Père des pauvres disaient: ‘Le vrai pouvoir, c’est l’amour qui est le détachement, qui est la pauvreté, qui est Dieu’ » (Correspondance, 24 décembre 1895, «La Pauvreté», p. 64). Dans une note spirituelle du 7 mai 1883 («Il me parle… » n° 295), elle explicitait davantage ce qu’elle voyait dans cette expression, grâce à une 32 FMM Espace Rencontre VII/27 image musicale : « Le vrai pouvoir… c’était Dieu dans sa beauté et ses trois Personnes si distinctes et si une ; c’était Jésus, son Évangile, son Église, qui ne font qu’un avec ce Dieu amour. Corde unique du vrai pouvoir que François, l'homme au vrai pouvoir, a fait vibrer pour la terre. Et moi, misère, petitesse, folie, je me sens une folle passion de voir vibrer, encore, cette corde d’amour ». Auprès de Dieu, à la vue de notre terre et de la mondialisation de son système économique avec toutes ses retombées de paupérisation, n’a-t-elle pas aujourd'hui, une passion encore plus grande qu’y puisse vibrer cette corde ? Anne de la Bouillerie, fmm