D`la visite qui dérang

Transcription

D`la visite qui dérang
D’la visite au village,,, qui dérange!!!
(Nous savons que : Tard en soirée, M.l’curé était venu voir
Simion.)
Ouais! C’est ça Simion, j’ai reçu une lettre d’un collègue de Québec
et, y a quelque chose qui m’chicotte. J’peux pas plus le demander
au notaire, il n’est toujours pas revenu de son voyage à Québec.
Mais toi Simion, t’as connu le vieux Pomerleau, le père à Gustave,
qui avait des terres en haut d’la rivière. D’après toi, ces terres-là,
elles appartiennent à qui aujourd’hui?
C’t’une question facile à répondre M.L’curé rapport que, j’ai voulu
les acheter dans l’temps et pis l’vieux m’a répondu, qu’à son âge, y
avait plus besoin d’argent. Ça fait que,,, yé a légué à Gustave. Y a
rien à r’dire là-dessus, cé ben correct de même! Pas longtemps
après que l’vieux a trépassé, Gustave est parti de par icitte en
disant que, la terre c’était pas faite pour lui mais, y paye les
redevances. V’là toute l’histoire en trois mots M.l’curé. Mais, pour
qu’ossé faire que vous me d’mandez ça?
Bon, v’là la question… Pour dire vrai et pis tu va être le premier à
le savoir, du moins dans la paroisse. C’est que, il y a une mauvaise
nouvelle qui vient avec la question, le pauvre Gustave a eu un
accident à son travail au CN. et,,, y s’en est pas sorti!!!
Vous voulez dire que Gustave!?!... Ouais!,,,Cé pas rien comme
nouvelle!
Un bon deux mois plus tard…
« Pardon mon bon monsieur, sommes-nous sur la bonne route qui
mène au village chez M.le notaire Beaulieu? »
« Beau dommage madame,,, encore un bon trois milles vous allez
descendre la côte à Mathieu, l’autr’bord du pont, carculez trois
maisons à vot'drette, cé là! »
« Hé! Bien, merci infiniment mon bon ami, passez une belle
journée! »
« Pareillement! »
J’savais ben qu’on finirait par la voir betôt la veuve à Pomerleau,
j’pensais jamais que j’s’rais l’premier. Manquablement qu’a passera
pas inaperçue, ça,,, cé ban sartain!!!
Le gros du problème, après avoir passée chez l’notaire, cé qu’a
décidé de prolonger son séjour comme a dit, a trouve le coin d’pays
si charmant pis les gens si rustiques! J’sais pas trop c’que ça veut
dire mais, on va prendre ça pour un compliment j’cré ben!
Une belle dame d’la haute avec une parlure mielleuse, habillée
comme dans l’cataloque, qui loge à l’auberge pendant deux
s’maines, veuve par-dessus l’marché… Pensez ben que tout c’qui a
de jeunesse sont allés varnousser(explorer) dans l’coin. Y a même
des gens ben marriés qui en ont faite plus que de coutume et qui se
sont faite parlé dans tuyau d’l’oreille par leurs propres créatures…
J’pense à Rose-Aimée, la femme d’Odilon mon voisin, j’étais là
quand a y a dit <Une jument ben soignée,,, ça vaut l’gros joual du
bout d’la rangée!>. Dit autrement, ça veut dire, <Reste à ta place
Odilon, si non, comptes su moé Rose-Aimée, pour te l’faire
regretter!!!> Y a Compris!
J’me d’mande si a était restée une semaine de plus!?! La seule
parsonne qui a pas eue de contrecoups, cé la veuve elle-même.
Mais dans tous ceux qui ont tiré leurs lignes, y en a un, qui a
encore faite rire de lui! Cé Hector, l’garçon du forgeron, lui y a
l’don de s’enfarger avec d’la brume. Si on dit un bon gars, cé pas
assez, trop bon gars, timide à faire peur!
Lui aussi y l’a rencontré au village, la veuve, a lui a dit bonjour pis
y a ben été obligé de répondre, yé v’nu blême comme une vesse de
loup!(Champignon qui pousse occasionnellement dans les champs
et, qui jette un nuage de poussière lorsqu’on l’écrase!)
À ma souvenance, cé l’histoire d’amour la plus courte qu’on peut
manigancer, si on peut appeler ça un histoire!
Ça fait que,,, un bon soir, v’là -t-y pas que mon Hector s’amène à
l’auberge tout endimanché, ben décidé que c’était son tour!
Hector, t’es vraiment pas chanceux, c’est que madame Pomerleau
est partie prendre le train , y a de ça une bonne demi-heure,,, si
c’est pas plus!!!
Ben crère que ça jase au village. Pauvr’Hector, comme si y’en avait
besoin!
J’ai eu beau y dire,,, Hector mon homme, quand cé que Gustave est
parti pour la ville parc’qui voulait pas devenir cultivateur, y avait
rien de plus, rien de moins que toué. Ça l’a pas empêché d’la
marrier! Non, j’te dis, les cimetiéres sont pleins de <J’aurais dont
dû!> tu sé j’veux dire?!
J’sais ben que vous avez raison mais quand yé trop tard, yé trop
tard, j’su déjà la risée du village, vous savez ça aussi!
Beau dommage,,, une raison d’plus, on va d’mander à Delphine
d’écrire un mot pour toé.
Marci ben, j’va y jongler.
Ben cé ça,,, y jongle encore!!!
Comme dit Delphine,,,y va être forgeron comme son père pis cé
Arlette Bouchard qui va mettre le grappin d’sus! Des fois, j’me dit
que Delphine sait des choses que j’sais pas!
-Ouais ben, cé pas un soir pour pour s’barcer su la galerie. J’va
rentrer j’cré ben, y a autant d’mouches qui peut avoir d’étoiles
dans l’ciel pis, tu trouves pas Féefine que ça sent l’caustique plein
nez(produit qui entre dans la confection du savon d’habitant).
Pour moé, cé aujourd’hui que Rose-Aimée a décidée d’faire sa
batch(réserve) de savon.
Penses-tu qu’a va tenir sa promesse? A l’avait promis à Nézime
Gendron que, quand a f’rait du savon a va y en garder une barre,
rapport qu’a trouvait que,,, y avait la langue sale!!!
Batème Féefine!... Viens au chassis, viens voir quecque chose de
beau, cé pas disable!
Encore Zénon Rinfret, avec une machine neuve c’te fois-citte!!! Y
a anguilles sous roches Simion, trois fois dans la même année, non,
non, non, cé pas normal, y a encore une idée derrière la
caboche(tête). J’y donnerais pas l’absolution sans cofession celui-là
(n’inspire pas confiance)…
Crainds pas, y a toujours été blod(correct) avec moé, même qu’a
l’heure qui ai, j’ai pour mon dire qui va ben manque coucher icitte
à soir!
Rentre Zénon, pas besoin d’cogner, avec une machine de même, tu
sé ben qu’on t’as vu arriver voyons!!!
De la série : Histoires d’un Québec oublié! ( [email protected] )

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