La cloche du village va pas sonner dimanche!!!
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La cloche du village va pas sonner dimanche!!!
La cloche du village va pas sonner dimanche!!! Ben difficile à voir d’icitte, mais la cloche, est tombée dans l’fond du clocher, emmêlée dans l’cordage! C’t’à cause du bedeau… Figurez -vous dont que, y a pogné une grippe comme y s’en fait just’par icitte. Une semaine si cé pas plus que, yé su l’grabat (cloué au lit). Pis encore là, yé pas capable d’allumer l’poêle mais, y peut ben le laisser s’éteindre. Un peu plus, y étais décompté savez-vous! Cé encore une fois Marie-Louise qui l’a ressuscité si on peut dire. J’ai pas vu la potion qu’a y a donné mais, y parait que cé faite avec du sirop noir (mélasse) qui ressemblait à du coltor (calfeutrage de l’époque). La phrase qu’on veut pas entendre <Bouche toué l’nez , pis avale moé ça d’une traite!> Tu sé, les mixtures de Marie-Louise moé,,, j’ai souvent des doutes d’la provenance… Ben batème, ça marché, yé r’tombé su son pouvoir. Faut dire que, si Marie-Louise s’embarque dans quecque chose, a sé dré-là que, ça va faire l’affaire, si a dit que tu s’rais mieux de voir un docteur au plus coupant,,, cé ben mauvais signe pour toé! En par cas, pensez ben que y aura pas plus de cloche sam’di, même si, cé l’jour que la belle Odile Caouette va marrier l’grand fafoin(nonchalant) à Simard… Pauvr’fille!!! Si ça sonne pas fort, cé comme j’disais tal’heure, la cloche est toujours là mais, est comme on dirait, la tête en bas. Quand l’bedeau est tombé malade y a une coupel de s’maines, le curé a d’mandé au séminariste de prendre la relève, le temps que l’bedeau r’vienne su ses pattes. L’jeunne était ben content de rendre sarvice, tu sé ben. Cé juste que,,, yé allé un peu, pas mal trop fort en partant! Le câble a débarqué d’la poulie, y a jammé dans l’gearage(engrenage) pis t’as vu la poussière poussiérer dans le haut du clocher. C’était la fin d’la messe, on était dehors, on a tous vu l’vacarme. L’grand fafoin lui, y sé mis à applaudir,,, c’pas une bonne idée! Quand l’curé est sorti voir c’qui s’passait, y a r’gardé l’beau tarlan dret dans les yeux pis y a dit <Les plus cloches sont pas toutes dans des clochers> Ça n’en prenait pas plus que, tout l’monde a applaudit l’curé!!! Ben sûr que, y en a qui ont dit à Odile <Si les cloches sonnent pas le jour de tes noces, cé ben mauvais augures!> A l’a fait ni un ni deux, est allée voir la maitresse d’école pout y d’mander, de v’nir avec sa cloche sam’di. Moé, j’su pas invité aux noces, mais, j’pense que j’va y aller pareil, juste pour rire un bon coup! D’autant plus que,,, y a des rumeurs qui courent. De coutume, cé au printemps que les jeunesses vont s’marrier, après l’retour des chantiers. Là, cé l’temps d’limer les godendars pour monter dans les chantiers, pas l’temps de s’marrier *en urgence*!!! Mais ça, Delphine veut pas que j’en parle, a pour son dire que cé assez mortifiant d’même! N’empêche que, j’aurais jamais dû aller au village c’te s’maine… Surtout pas au bureau d’poste, à deux pas du presbytère!!! Quand tu ris d’ton voisin, t’as de chances de ramasser ça dans ton jardin. Cé en plein c’qui est arrivé! Simion, Simion, sauves-toi pas, j’ai affaire à toi. Bonjour M.l’curé! Qu’ossé qui vous incomode de même? Tu dois t’en douter un p’tit brin quand même! C’est au sujet d’la cloche, j’te cacherai pas que j’me sens un peu coupable de c’qui est arrivé et,,, c’est pour ça que j’te d’mande si tu pourrais pas remettre la cloche en marche, sans faire appel à la fabrique(petite caisse paroissiale). Savez-vous,,, j’y ai pensé plus que moins et j’dois dire que vous m’devancez! Hà bon! Quand tu fais l’serpent comme ça Simion, y a une attrape dans l’détour, c’est immanquable! Dis toujours, on verra bien! Attendez, laissez moé parler, vous allez tout comprendre… Ça s’voit pas du ch’min mais de c’temps-citte, j’bâti mon moulin à scie su l’cran(rocher) dans l’p’tit bois en arrière d’la grange. Ça va bon train, j’dirais même, mieux que j’pensais… Ça fait que,,, j’me disais qu’au printemps prochain, quand tout l’monde s’ras revenus des chantiers, j’me disais, si vous pourriez pas bénir mon moulin, pour l’ouvarture officielle? Bénir ton moulin! Y as-tu pensé Simion, ça s’fait pas, autant me d’mander de bénir le chaudron à savon tant qu’a y être!!! Vous y allez un peu fort M.l’curé, comparer mon moulin à,,, < un chaudron>!!! M’ouais! Disons que la comparaison n’est pas très adéquate… Adéquate, vous dites,,, ça doué être ça l’mot! J’vous f’rai remarquer que vous bénissez des maisons à l’année longue! Dans vos visites paroissiales, cé même la première chose que vous disez en entran t <Bénissez cette maison et ceux qui l’habite >! On voit que t’as songé à ton affaire Simion, t’as d’la suite dans les idées! Dis-moi dont, Ça va changer quoi, de bénir ton moulin? Ben bonne question M l’curé! Dans un premier temps, pour partir du bon pied, ça pourrait nous mettre à l’abris des accidents et pis, *ouvarture officielle* , ça dit toutte! Ça s’écrit dans la gazette itou! Tout un chacun sait en même temps que, y a du nouveau, si vous m’suivez! Ça s’adonne que j’te suis,,, pis j’aurais dû m’en douter,,, j’viens de tout comprendre!!! Comme on dit M.l’curé, cé du donnant-donnant. Empêchez-vous pas de dormir pour ça, cé juste au printemps… En attendant ben , cé une cloche en santé, pour un peu d’eau bénite. Au printemps, cé toujou ben pas l’eau qui manque! Espèce de ratoureux d’Simion,,, tu finis toujours par avoir c’que tu veux, hein! J’me d’mande si y avait pas eu l’histoire d’la cloche,,, comment tu te s’rais pris, pour me vendre ta salade!!! Au printemps, comme tu dis… Hé!hé! Ben correct de même M.l’curé, j’peux tout d’même pas vous dévoiler tous mes secrets! Comme y a pas d’place pour deux dans le haut du clocher, lundi matin, j’va être là comme un seul homme, vous pouvez compter su moé!!! Dela série : Une page d’histoire d’un Québec oublié! ( [email protected] )