Le sort des prisonniers allemands

Transcription

Le sort des prisonniers allemands
11
h
poitiers en 1914
Jeudi 16 octobre 2014
Le sort des prisonniers allemands
Pour le centenaire de la Première Guerre mondiale, Gérard Simmat et Jean-Marie Augustin nous
font vivre Poitiers en 1914. Les prisonniers allemands sont regroupés caserne de la Chauvinerie.
Les prisonniers allemands rassemblés à l’arsenal de Poitiers
le 3 octobre 1914.
L
es soldats allemands qui
ont été faits prisonniers
sont évacués vers l’arrière-front où certains subissent des interrogatoires utiles
aux armées alliées pour connaître les plans de l’ennemi.
Ensuite, la majorité d’entre eux
est envoyée loin du front dans
des camps situés sur tout le territoire français. L’un de ces
camps est créé à Poitiers ; les
prisonniers arrivent par le train
et sont aussitôt dirigés sous escorte de la gare à l’ancienne caserne de la Chauvinerie.
Le Courrier de la Vienne écrit le
10 octobre 1914 à leur sujet :
« Ils sont actuellement au
nombre de plus de 900 et dépasseront bientôt – car d’autres
sont attendus incessamment –
l’effectif d’un régiment. » Des
bruits répandus en ville ont
laissé croire que ces prisonniers fraîchement arrivés se seraient rebellés, mais le journal
royaliste se veut rassurant : ils
« sont très sages et jusqu’à aujourd’hui, aucune manifestation, ni tentative de révolte ne
s’est produite dans leur camp,
d’ailleurs bien gardé ».
“ Satisfaits
de leur ordinaire,
bien que celui-ci
soit exempt
de choucroute ”
Leur sort est ensuite décrit
avec complaisance : « Tous
exécutent, avec bonne humeur,
du moins en apparence, les corvées peu fatigantes qui leur sont
ordonnées et ils se montrent toujours satisfaits de leur ordinaire, bien que celui-ci soit
exempt de choucroute ou de
saucisses dont les Allemands
sont si friands. »
La foule s’est agglutinée pour le passage des prisonniers
allemands, promenade des Cours.
Les prisonniers allemands avec leurs gardiens au parc d’artillerie des Sables le 5 octobre 1914.
Ces prisonniers de guerre sont
utilisés comme main-d’œuvre
de manière à pallier le manque
de bras lié à la mobilisation
massive pour les combats.
Quoiqu’en dise le journal, leurs
conditions de vie ne sont pas
toujours faciles de même que
leurs conditions de travail
quand ils sont employés sur
des chantiers. Seuls ceux qui
travaillent dans les fermes peuvent espérer être nourris convenablement.
Voici le règlement militaire qui
fixe, par jour, la nourriture des
prisonniers employés aux travaux agricoles : « 200 grammes
de viande les jours de travail,
125 grammes les jours de repos,
850 grammes de pain, 1 kg de lé-
gumes, 7 grammes de café, 8
grammes de sucre, graisse et
beurre nécessaires, eau bouillie
si l’eau du pays n’est pas
saine. »
La file des prisonniers allemands se rendant sous bonne escorte à l’arsenal suscite la curiosité
d’un petit Poitevin qui les observe sur le bord du chemin.