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ENJEUX ET DEFIS DE LA COP22
RENCONTRE AFRICAINE ET INTERNATIONALE
23 ET 24 SEPTEMBRE 2016
CONCEPT NOTE
Du 7 au 18 novembre 2016 le Maroc, quinze ans après la COP7, va accueillir, à Marrakech, la vingtdeuxième session de la Conférence des parties (COP22) de la Convention-cadre des Nations unies sur
le changement climatique (CCNUCC).
Pour la société civile, le réchauffement climatique est devenu une priorité politique, le problème
n’est plus celui du diagnostic, mais celui des politiques publiques, des moyens humains et financiers
investis pour limiter l’impact du réchauffement climatique.
La question climatique et environnementale est autant essentielle que l’essor économique, la
promotion de la bonne gouvernance, l’avancée des droits de l’homme ou encore l’ancrage de
la démocratie. Elle est même urgente au regard des bouleversements climatiques qui
agressent la biodiversité et le quotidien des peuples et plus particulièrement ceux de l’Afrique qu’ils
soient au nord du continent, à l’est, à l’ouest et au sud.
Aujourd’hui, les conséquences des bouleversements climatiques engendrent des déplacés
environnementaux et des réfugiés climatiques. Les conflits frontaliers naissent aussi de
l’appropriation litigieuse des ressources naturelles, de l’extractivisme…
Quel bilan de l’Accord de Paris ?
Si le Sommet de Paris, pour reprendre la formule de George Monbiot au Gardien, « En comparaison
de ce que cela aurait pu être, c’est un miracle. En comparaison de ce que cela aurait dû être, c’est un
désastre. Les négociations à Paris ont été les meilleures que l’on ait jamais eues. Et c’est là un bien
triste constat. »
L’accord de Paris n’empêchera pas la montée du niveau des mers, la salinisation des terres arables et
les sécheresses, ni l’insécurité alimentaire, les déplacements de population et les tensions sociales
qui en résultent…
Toutefois, cet accord, accepté par 195 parties et l’Union européenne, est un signal géopolitique
important. Il contient notamment tout un langage qui traduit la nécessité des Etats à lutter de
concert contre les dérèglements climatiques.
En cela, l’accord de Paris peut-il constituer un instrument dont doivent s’emparer tous ceux qui
défendent l’environnement pour mettre la pression sur les gouvernements et les acteurs
économiques ?
Des paroles aux actes
L’Accord de Paris a été salué par la scène politique et diplomatique mondiale comme un tournant
historique. Toutefois il a laissé pendantes plusieurs questions
1. la hausse limitée des températures à moins de +2 °C voire +1,5 °C : Alors que l’objectif affiché
en début de négociation était +2°C, l’article 2 de l’accord stipule que l’objectif est de maintenir
“l’élévation de la température moyenne de la planète nettement en dessous de 2°C par rapport
aux niveaux préindustriels et en poursuivant l’action menée pour limiter l’élévation des
températures à 1,5°C par rapport aux niveaux préindustriels“.
2. l’accord de Paris, une « belle rhétorique sans contrainte » ? L’accord ne mentionne aucune
procédure contraignante (politique, procédure législative, standards... qui seraient inclus dans
le cadre des négociations climatiques)
3. la révision des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre tous les cinq ans
1
4. l‘épineuse question du financement
5. le respect de l‘équité et la reconnaissance de responsabilités différenciées
6. La protection des droits de l’Homme se voit considérablement affaiblie. D’une manière
générale, l’accord fait abstraction des principes de justice climatique et de l’importance de
lancer une transition juste, un processus de changement du modèle de production, de
consommation…
7. aucune mention explicite de la nécessaire sortie des énergies fossiles dans les 39 pages de
l’accord, alors que ce secteur est responsable de 80% des GES,
8. Qu’en est-il des clauses de transparence, d’accès à l’information et d’obligation de rendre
compte ?
9. Qu’en est-il de l’inclusion de la société civile dans les décisions des Etats ?
Nous espérons que la COP22 sera une opportunité pour passer des paroles à l’action.
Il est clair que toutes les occasions, la COP22 en est une, sont propices pour nous, société civile, de
faire entendre la voix des peuples, d’élargir la mobilisation, d’approfondir et d’affiner nos réflexions
et nos stratégies pour réaliser notre objectif fondamental pour la démocratie, la justice, l’égalité Et il
ne saurait être question de construire un État démocratique, une économie sociale et solidaire, un
système de valeurs démocratiques, un environnement sain et des politiques soucieuses de la
sauvegarde des intérêts des générations sans les femmes, qui constituent la majorité des victimes
des changements climatiques.
Pour cette étape, la bataille porterait sur la mise en œuvre, concrète et pratique des éléments de
l’accord de Paris, pour une justice climatique qui prenne en compte l’approche genre, l’approche
droits, les droits des peuples à un environnement sain et un développement durable.
Faire de l’Afrique, terre de vulnérabilités environnementales, un enjeu des
débats et des décisions de la COP22
L'Afrique est très vulnérable. Les bouleversements climatiques compromettent les conditions de vie
des populations sur un continent déjà victime de la pauvreté, de la dégradation des écosystèmes et
des troubles civils et sociaux. Plus de 40 % des Africains vivent dans l'extrême pauvreté et, parmi eux,
70 % vivent dans les zones rurales, subsistant essentiellement grâce à l’agriculture. La sévérité des
impacts dans des domaines cruciaux pour l'Afrique comme l'eau, la santé et l'alimentation ne sont
plus à démontrer
Et pourtant l'Afrique n'est pas la cause des changements climatiques car elle ne produit que 3,8 % de
la totalité des émissions de gaz à effet de serre dans le monde, et ce depuis très peu de temps
seulement. En outre, sa capacité à participer à la lutte contre les changements climatiques est
généralement ignorée ou sous-estimée.
Compte tenu du fait que plus de 70 % des émissions de gaz à effet de serre proviennent des
comportements et des investissements réalisés au niveau local, le rôle des collectivités territoriales
est déterminant.
L’Afrique est le continent qui « a connu plus de conflits violents que n’importe quel continent ces
dernières décennies », comme le soulignait la Commission pour l’Afrique en 2005. On ne peut ignorer
le rôle que peuvent jouer les enjeux environnementaux dans l’apparition de conflits au niveau local.
De manière bien plutôt indirecte, le réchauffement climatique peut avoir un « effet multiplicateur
des tensions et de l’instabilité », faisant ainsi le lien entre sécurité et environnement – selon les
termes du rapport de Javier Solana, Haut-représentant pour la Politique étrangère et de sécurité
commune de l’Union européenne, sur la stratégie de défense et de sécurité en 2008.
Enfin, le troisième ensemble de pistes concerne le développement. Mal-développement, mauvaise
gouvernance, difficultés socio-économiques et vulnérabilité sont fortement corrélées : soutenir le
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développement de l’Afrique constituerait l’un des meilleurs outils de paix et de sécurité sur le
continent.
De plus, l’impossibilité de prédire les modèles pluviométriques, la baisse des récoltes, l'augmentation
des prix alimentaires et la diminution des ressources naturelles entraînent déjà une intensification
des migrations humaines, des tensions et des conflits.
Au-delà de la responsabilité des pays industrialisés et pollueurs, il est important que les
nations africaines, spécifiquement et collectivement, se mobilisent pour prendre en charge
leur propre destin et trouver des solutions pour le climat.
Les axes du séminaire
Le séminaire que nous vous proposons s’articulera autour de 4 axes fondamentaux :
1. La COP22 : Quelles réponses possibles et conjointes de la société civile aux 9 points évoqués?
Et ceci au-delà du diagnostic qui fait, dans l’ensemble l’unanimité. Quelles actions communes
pour infléchir les négociations ? Autour de quelles priorités ? Et cela doit s’élaborer dans un
esprit inclusif, dans le respect de la diversité et des spécificités des champs d’intervention ;
2. Vers une COP AFRICA de la société civile ? Comment faire de l’Afrique la priorité des débats
et des décisions des Etats à la COP22 ? Quelle(s) stratégie(s) mettre en place pour une
convergence des efforts de la société civile africaine, avec l’implication et l’appui des
mouvements internationaux, pour la justice climatique ? Quelles relations entre société civile
et le Groupe des Négociateurs Africains en termes du soutien pour leur participation efficace
aux discussions à la COP22 ? Quel cadre de suivi-évaluation de la participation de l’Afrique
dans les négociations sur le climat ? Quelle vision ? quelle(s) stratégie(s) ? Quelle(s)
priorité(s) mais aussi quels mécanismes et avec quels moyens ? Quelle structuration comme
entité sociale pour coordonner les actions ?
3. Comment renforcer les mobilisations citoyennes ? Comment se saisir de la COP22 afin de
donner la visibilité aux solutions proposées par les associations, les Ongs, les syndicats, les
organisations de proximité et renforcer les liens entre les luttes tout en renforçant l’ancrage
social pour la justice climatique et en impliquant les experts, les chercheurs, les universités ?
Les COP ont beaucoup à apprendre des initiatives de la société civile, car les citoyens sont les
premiers impactés par les effets du changement climatique. La lutte pour le climat doit être
collective et inclusive, tous les citoyens doivent pouvoir participer au débat. Exclure une
partie des citoyens, c’est passer à côté des problématiques auxquels ils sont confrontés. On
ne peut dissocier l’injustice climatique de l’injustice sociale.
4. Organisation et Participation de la société civile à la COP 22
- Quelles articulations entre les espaces autonomes et officiels ?
- Quelle stratégie pour faire entendre nos voix dans la zone bleue ? Comment surmonter
les obstacles des accréditations des organisations du Sud ?
- Quelle conception pour l’organisation de l’espace autonome ?
- Peut-on programmer des événements puissants et autour de quelles thématiques ?
- Quel timing ? la totalité de la période ou seulement quelques jours ? Lesquels ?
- Quid de la marche d’ouverture ? quelles thématiques ? quel slogan ?
- Comment organiser le travail ? les articulations ? la convergence ?
- Quelle stratégie de communication ?
- Quelle gestion des stands ?
Out put attendus :
-
Une déclaration de la société civile internationale sur nos attentes de la COP22
Un document stratégique sur le lancement de la COPAFICA de la société civile
Un papier de stratégie de mobilisation et communication
Un papier sur la méthodologie de la gestion de l’espace société civile (y compris
la marche d’ouverture de la COP22)
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