Gilles Boeuf, ancien président du Museum d

Transcription

Gilles Boeuf, ancien président du Museum d
 Gilles Boeuf, ancien président du Museum d’histoire naturelle de Paris,haut scientifique spécialiste de physiologie environnementale et de biodiversité marine et terrestre, est depuis juillet dernier conseiller scientifique de Ségolène Royal, Ministre de l’écologie, du développement durable et de l’énergie. “ Pendant la préparation de la COP 21 en 2015, j’ai tenu plus de 125 conférences dans 30 pays différents pour réveiller les consciences et appeler l’Homme à prendre ses responsabilités et à modifier ses comportements face au changement climatique. Je viens de co­présider la 4ème édition du Forum de la Mer, qui s’est tenu du 4 au 8 mai à EL Jadida, au Maroc, sur le thème “ Le climat change. Et la mer?” Jusqu’à récemment, les océans ont été peu pris en compte lors des débats des Conférences des Nations­Unies sur le climat, essentiellement parce qu’ils n’ont pas de poids politiques. “Il n’y a pas d’électeurs ni de députés dans les océans”. Cette lacune vient d’être comblée lors de la COP 21. Il était temps, mais il fallait une action mondiale pour qu’on prenne en compte l’océan qui est mondial et international. Et pourtant, on sait depuis longtemps que l’océan joue un rôle fondamental dans la régulation du climat et permet qu’il ne change pas trop vite. Lors d’une conférence sur “le climat change. Et la biodiversité?”, j’ai démontré que, depuis 1940, 300 maladies nouvelles sont apparues chez les humains dont beaucoup sont dûes au changement climatique: cancers de la peau, maladies intestinales, maladie autoimmune de la glande thyroïde, asthme, allergies. C’est dire combien le climat touche la santé publique. Si le climat change, c’est en partie à cause de l’homme qui détruit, pollue, arrache, sur­exploite et ne respecte pas le repos biologique nécessaire aux espèces. J’ai confiance dans le réveil des consciences face au dérèglement climatique car dans tous les pays où je me suis exprimé, j’ai constaté vraiment une soif de savoir, de partager et un doute face au monde insoutenable qui pourrait se préparer pour demain. Le rôle des femmes africaines est idéal dans la perception du changement climatique et dans la proposition de solutions si on les rend plus autonomes. Je prends un exemple concret: si on apporte un four solaire à 700 millions de femmes en Afrique, elles n’iront plus déforester. Cela éviterait qu’on coupe du bois pour chauffer de l’eau et pour faire à manger. La question est comment on permet à ces femmes­là de s’individualiser et de s’indépendandiser, je veux dire d’être beaucoup plus autonomes Je crois beaucoup plus à elles parce que ce sont elles qui s’occupent le plus des enfants. Je voudrais terminer en réitérant l’Appel de la mer que nous avons lancé en 2015 lors du 3ème Forum de la mer avec Miloud Loukili et que nous avons renouvelé cette année en prévision de la COP 22: “Nous, les participants au 4ème Forum de la mer tenu à El Jadida entre le 4 et le 7 mai 2016, sur le thème « Le climat change. Et la mer? » : • Nous nous réjouissons du succès des travaux de la Conférence de Paris COP21, sur le climat achevée le 12 décembre 2015 et de la signature à New York aux Nations unies de la Convention sur le climat le 22 avril 2016, • Nous nous félicitons de la tenue de la COP22 au Maroc, à Marrakech du 7 au 22 novembre 2016 et assurons les autorités de notre plein et entier soutien pour le succès de ce grand événement, • Nous lançons un vif appel pour que la COP22 accorde un intérêt particulier à l’océan durant ses travaux, • Nous proposons, dans la perspective de la COP22, l’organisation d’une caravane itinérante « Océan/climat », animée par des scientifiques parcourant le Maroc sur la côte et à l’intérieur du pays. • Nous réitérons avec détermination notre proposition de création au Maroc d’un Centre national d’étude de la mer et du littoral. " 

Documents pareils