actualité parlementaire
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Lettre d'information N° 15 Janvier-Février 2007 ACTUALITÉ PARLEMENTAIRE LA LOI " DROIT AU LOGEMENT ET COHESION SOCIALE " EST ADOPTEE Le volet cohésion sociale du projet de loi accorde de nouvelles réductions de charges sociales dont les artisans seront les principaux bénéficiaires. Le retour du « bouclier social » Annulé par la décision du Conseil constitutionnel sur la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2007, pour non respect de l’article 39 de la Constitution, le « bouclier social » a été réintroduit par le Gouvernement dans le projet de loi portant création du droit opposable au logement et diverses mesures en faveur de la cohésion sociale. Ce dispositif prévoit que le montant des cotisations sociales payées par les microentreprises ne dépasse pas un seuil fixé à 14 ou 24,5% de leur chiffre d’affaires, selon la nature de leurs activités. L’extension de l’exonération de charges sociales aux groupements d’employeurs ACTUALITÉ PARLEMENTAIRE 1 y La loi " droit au logement et cohésion sociale " est adoptée y Adoption de la proposition de loi sur les minima sociaux au Sénat y Auditions au Parlement y Application de la loi PME y Actualités du CNE y Palmarès APCM L’article 41 de la loi de finances pour 2007 instaure, à compter du 1er juillet 2007, l’exonération de l’ensemble des cotisations sociales (hors cotisations AT-MP) au niveau du SMIC pour les entreprises de moins de 20 salariés. L’APCM avait souhaité que cette exonération soit étendue aux groupements d’employeurs, associations recrutant des salariés pour les mettre à la disposition de ses membres selon leurs besoins respectifs. Cette demande est satisfaite depuis l’adoption d’un amendement des sénateurs Houel, Bécot et Dulait. En cohérence avec le dispositif initial, cette mesure ne s’appliquera qu’aux salariés détachés dans des entreprises de moins de vingt salariés. Services à la personne En dépit de la qualité des arguments exposés en séance par M. Maurice Giro, l’amendement Christ - Giro visant à étendre les dispositifs d’aides prévus par la loi aux entreprises dont une partie seulement de leurs activités est consacrée aux services à la personne, a été rejeté. L’APCM regrette l’avis défavorable du rapporteur et du Gouvernement et ce d’autant plus que le CES, dans son rapport du 1er février se déclare favorable à un assouplissement de la condition d’exclusivité pour les TPE et les artisans. y Brèves ACTUALITÉ DES QUESTIONS 3 y Question écrite de M. Jacques Siffre, sénateur SOC des Bouches-duRhône, à Monsieur le Ministre des PME INTERVIEW 4 y Valérie Létard, sénateur UC-UDF du Nord ADOPTION DE LA PROPOSITION DE LOI SUR LES MINIMA SOCIAUX AU SENAT Le Sénat a adopté, le 23 janvier, la proposition de loi de Mme Valérie Létard et plusieurs de ses collègues portant réforme des minima sociaux. Son article 1er, inspiré d’une demande de l’APCM, prévoit que les revenus perçus par tout jeune de moins de 26 ans, relevant d’un contrat d’apprentissage, de formation en alternance ou d’une convention de stage ne seront plus pris en compte dans le calcul des droits de son foyer fiscal au RMI, à l’allocation de parent isolé (API) ou à l’allocation de solidarité spécifique (ASS). Cette disposition constitue une incitation supplémentaire pour le développement de l’apprentissage en faveur des jeunes issus de milieux défavorisés. L’APCM espère que la proposition de loi de Mme Létard sera rapidement inscrite à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale lors de la prochaine législature. L'APCM & le Parlement y Janvier-Février 2007 y n° 15 y 1 AUDITIONS AU PARLEMENT Le président Alain Griset et François Moutot ont été auditionnés par M. Luc Chatel, rapporteur pour l’Assemblée nationale du projet de loi en faveur des consommateurs. Ils ont demandé l’extension aux établissements publics de la possibilité d’engager des actions de groupe et l’élargissement des dispositifs de protection des consommateurs lors de vente à distance aux créateurs d’entreprises. Le Gouvernement a retiré ce texte de l’ordre du jour du Parlement. Le 25 janvier, le président de l’APCM et son directeur général ont été auditionnés par M. Xavier de Roux, vice-président de la commission des lois de l’Assemblée nationale, dans la perspective d’un rapport sur la mise en œuvre de la loi de sauvegarde des entreprises (publié le 31 janvier). Lors de sa réunion inaugurale du 7 février, le Groupe d’études du Sénat sur l’artisanat et les services a auditionné le président Griset. Ce dernier a fait un bilan pondéré des dispositions adoptées au cours de cette législature et présenté les attentes du réseau des chambres de métiers et de l’artisanat. Les sénateurs sont convenus d’écrire au Ministre du budget pour lui demander de différer d’un an l’application de la surtaxation des revenus des entreprises non adhérentes à un CGA. APPLICATION DE LA LOI PME En réponse à une question de M. Gérard Cornu, sénateur d’Eure-et-Loir, sur la mise en œuvre de la loi PME, M. Renaud Dutreil a fait un point d’étape sur la publication des décrets d’application. Les textes sur le tutorat, la prime de transmission et le stage de préparation à l’installation seront publiés avant la fin du mois de mars. Un arbitrage interministériel est attendu pour la fin février sur le décret relatif au droit de préemption, permettant sa transmission pour avis au Conseil d’Etat. ACTUALITES DU CNE Répondant à une question d’Eric Besson (PS, Drôme), le Ministre délégué à la cohésion sociale et à la parité, Mme Catherine Vautrin a précisé que " 200 000 entreprises de moins de vingt salariés n’auraient pas créé d’emplois sans ce contrat ". Selon la dernière étude DARES, environ 400 000 CNE ont été signés depuis août 2005. Si près de 50% ont été rompus sous douze mois (en majorité du fait du salarié), le CNE reste néanmoins un contrat plus stable que le CDD. Le Premier ministre a annoncé la mise en œuvre d’un dispositif ouvrant droit à un reclassement personnalisé en cas de rupture du CNE dès le premier mois alors que la proposition de loi de M. Jean-Marc Ayrault portant abrogation du CNE était rejetée en première lecture par l’Assemblée nationale le 7 février. BRÈVES PALMARÈS APCM Carton vert au sénateur Houel sans la ténacité duquel l’amendement relatif aux groupements d’employeurs n’aurait pu être adopté dans le cadre du projet de loi sur le droit opposable au logement et la cohésion sociale. Les premières rencontres parlementaires sur la TVA auront lieu le 20 septembre 2007. Organisées par M. Jean Arthuis, président de la commission des finances du Sénat, elles réuniront parlementaires et experts sur le thème " La TVA : un outil de politique économique toujours pertinent ? " Le séminaire annuel de la commission des finances du Sénat, prévu en mars, sera notamment consacré à la mise en œuvre de l’article 40. A la suite de la décision remarquée du Conseil constitutionnel sur le PLFSS 2007, M. Jean Arthuis espère mettre fin aux " dérives " constatées en proposant une modification du règlement intérieur de la Haute Assemblée. Les commissions des affaires culturelles, des affaires sociales et des finances du Sénat ont créé L'APCM & le Parlement y une mission commune d’information sur le fonctionnement des dispositifs de formation professionnelle. L’APCM a demandé à être auditionnée. Les députés Jean-Paul Charié et Patrick Ollier ont organisé le 15 février un colloque sur le rôle des groupes d’influence auprès du Parlement dont les conclusions devraient déboucher à l’automne sur un Livre bleu du lobbying. Janvier-Février 2007 y n° 15 y 2 Question écrite de M. Jacques Siffre (sénateur SOC des Bouches-du-Rhône) à Monsieur le Ministre des PME, du commerce, de l’artisanat et des professions libérales Question publiée au JO du 18/01/07 M. Jacques Siffre attire l'attention de M. le ministre des petites et moyennes entreprises, du commerce, de l'artisanat et des professions libérales sur le désengagement de l'État du secteur de l’artisanat dans le cadre du contrat de plan État-région 2007-2013, notamment en région Provence-Alpes-Côte d’Azur. Depuis l’origine du contrat de plan État-région, l’artisanat était reconnu comme un acteur économique à part entière et bénéficiait à ce titre de soutiens financiers. Malgré l’implication du réseau des chambres de métiers et de l’artisanat dans le cadre de l’élaboration du schéma régional de développement économique, ainsi que de propositions au titre du futur contrat de projet et au titre du FEDER (fonds européen de développement régional), les orientations définies par l’État dans les futurs contrats de projets n’accordent aucune place à l’artisanat. C’est pourquoi il lui demande de bien vouloir lui indiquer les mesures qu’il envisage de prendre afin de soutenir efficacement le secteur de l'artisanat en région ProvenceAlpes-Côte d'Azur. Réponse publiée au JO du 15/02/07 La liste des programmes budgétaires proposés à la contractualisation au titre des priorités thématiques arrêtées par la circulaire du Premier ministre du 6 mars 2006 n'a pas prévu de volet spécifique « commerce et artisanat » dans les futurs contrats de projet Etat-régions. Toutefois, les chambres consulaires peuvent piloter ou participer aux actions des contrats de projet bénéficiant aux commerçants et artisans. Il importe que les responsables des chambres de métiers et de l'artisanat soient à l'écoute des attentes du terrain pour s'inscrire utilement dans ces contrats de projet, mais aussi dans les pôles d'excellence rurale ou les pôles de compétitivité qui doivent s'appuyer sur des PME locales. De plus, d'autres dispositifs spécifiques plus adaptés au secteur artisanal permettent le financement des actions de développement économique local. (…) En zone rurale, le taux d'intervention du FISAC a été porté à 30 % au lieu de 20 % pour les opérations individuelles conduites par les collectivités territoriales. Pour sa part, en matière de développement économique local, l'Etat est de plus en plus dans une position de stratège et de régulateur dans laquelle il doit impulser et accompagner. C'est le rôle dévolu, dans le cadre de la récente réorganisation des services déconcentrés de l'Etat, au pôle relatif à la « gestion publique et au développement économique » (…). Ainsi, dans le cadre de sa mission de garant du développement équilibré du territoire et de sa responsabilité générale en matière de politique économique du pays, l'État ne se désintéresse-t-il pas des situations locales et intervient en la matière, le plus souvent en amont, par la voie de son pouvoir législatif et de sa compétence réglementaire. Les nombreuses mesures en faveur du monde rural inscrites dans la loi (…) relative au développement des territoires ruraux ou celles concernant les petites et moyennes entreprises mises en oeuvre par la loi (…) pour l'initiative économique, complétée par la loi (…)en faveur des petites et moyennes entreprises, illustrent la politique volontariste conduite en la matière par le Gouvernement. D'autres mesures récentes, telles que le contrat nouvelle embauche, les allégements de charges sur les bas salaires jusqu'à 1,6 SMIC pour les entreprises de moins de 20 salariés, le plan croissance PME avec notamment le soutien aux entreprises de croissance (les Gazelles), les simplifications administratives ou la réforme du code des marchés publics participent également de cette politique de l'État tendant à promouvoir un environnement économique, social et administratif favorable au développement durable des entreprises sur l'ensemble du territoire national. Enfin, la région s'est vue confier, par la loi (…) relative aux libertés et responsabilités locales, la coordination de la politique de développement économique sur le territoire régional et la possibilité d'établir, à titre expérimental pour cinq ans, un schéma régional de développement économique (SRDE) qui devrait permettre à terme une rationalisation des dispositifs d'aides existants, mais également une meilleure synergie des interventions des collectivités locales en faveur des entreprises implantées dans la région. Il apparaît donc essentiel que les chambres consulaires développent leur implication dans l'élaboration des politiques économiques locales : SRDE, charte de pays et tout document de programmation territoriale susceptible d'entraîner des incidences sur l'organisation des activités économiques de proximité, notamment des PME qui présentent un fort potentiel en termes de création d'emplois dans les territoires ruraux. L'APCM & le Parlement y Janvier-Février 2007 y n° 15 y 3 INTERVIEW DE VALERIE LETARD SENATEUR UC-UDF DU NORD Vous venez de défendre au Sénat votre proposition de loi sur les minima sociaux. Quels en sont les aspects majeurs ? y Sénateur du Nord depuis 2001 y Vice-Président du Groupe UC-UDF du Sénat y Vice-Président de la Commission des affaires sociales du Sénat y Conseiller régional du NordPas-de-Calais y Président de la Commission Politique de la ville et aménagement du territoire de la région Nord-Pas-de-Calais y Président du Conseil d’administration de la Faculté de droit du Valenciennois y Membre de la Commission nationale des comptes de la formation professionnelle y Membre du Conseil d’administration de l’Agence nationale pour la cohésion sociale et l’égalité des chances y Membre du Conseil nationale de la formation professionnelle tout au long de la vie L'APCM ET LE PARLEMENT Directeur de la publication Alain Griset Rédacteur en chef François Moutot Rédaction Béatrice Saillard Pierre Genest Contact [email protected] Assemblée Permanente des Chambres de Métiers 12 avenue Marceau 75008 Paris Tél. 01 44 43 10 00 Fax 01 44 43 10 85 www.apcm.com Notre législation sociale a fait l’objet d’une succession de textes aboutissant à un système complexe, inéquitable et qui décourage le retour à l’emploi. C’est ce travers que j’ai voulu corriger car le retour à l’emploi ne doit plus être synonyme de précarité et de baisse de ressources. Sur le principe " A ressources égales, droits égaux ", cette proposition de loi a pour but d’expérimenter l’attribution des droits liés aux minima sociaux en fonction des revenus réels de l’allocataire. L’objectif est d’établir une égalité de traitement entre les allocataires des différents minima sociaux, mais aussi entre ces derniers et les salariés à faibles niveaux de revenus afin d’inciter à la reprise d’un emploi. Un exemple d’aberration actuelle : le salaire perçu par un apprenti, dont les parents sont au RMI, entre dans le calcul des ressources de son foyer et fait diminuer le montant de l’allocation différentielle. Les familles font face à un dilemme impossible : voir leurs ressources baisser parce que leur enfant travaille ou être obligées de leur demander de quitter le domicile familial pour maintenir leur niveau de revenu. Il est temps de mettre fin à de telles injustices. Les jeunes et la formation professionnelle sont parmi vos chevaux de bataille ; pourquoi ? Les jeunes sont les forces vives de la nation, nous ne pouvons pas les laisser au bord du chemin. Il est important de tendre vers une sécurisation des parcours professionnels et de mettre dans la bataille toutes nos forces pour la réinsertion professionnelle ou l’école de la deuxième chance. Il importe aussi de revaloriser l’image et la perception de l’apprentissage. Quelle perception avez-vous du monde de l’Artisanat ? Avec plus de 900 000 entreprises, l’artisanat est la première entreprise de France. C’est un secteur qu’il faut à la fois protéger, par des mesures garantissant l’équilibre entre les différentes formes de commerce, et encourager, car il constitue un fort vivier d’emplois nouveaux, par le biais notamment de la simplification administrative, comme le prône François Bayrou dans le cadre des élections présidentielles 2007. Est-ce votre parcours d’assistante sociale qui vous a poussé vers la politique ? Militante depuis l’âge de 18 ans, c’est Jean-Louis Borloo, alors Maire de Valenciennes, qui m’a demandé en 1991 de rejoindre l’équipe municipale en tant que directrice de la politique de la ville et d’être en position éligible aux régionales de 1998. La loi sur la parité m’a permis d’être élue au Sénat en 2001. Sans mon expérience d’assistante sociale, je ne crois pas que j’aurais pu mener ma proposition de loi. Quand on n’a pas été au bout de l’entonnoir, là où toutes les lois convergent vers un même individu, on ne mesure pas l’impact d’une nouvelle loi. Ce parcours me permet d’avoir une vision plus pragmatique. Quelles actions concrètes en faveur de la formation et de l’emploi menez-vous au sein du Conseil régional ? Soutenez-vous l’apprentissage junior ? Au sein du Conseil régional Nord/Pas-de-Calais, le Groupe UDF, que je préside, a choisi de construire un projet mettant la priorité sur l’emploi, la recherche et la formation. Nous essayons d’orienter les mesures proposées par l’exécutif régional vers nos priorités et sommes entendus. Lors du dernier débat budgétaire, nous avons suscité une discussion très utile sur le soutien à l’artisanat et sur notre proposition d’accompagner la structuration d’un Plan régional de développement de l’artisanat avec la mise en place d’avances remboursables à taux nul dès 2007. Quant à l’apprentissage junior, j’y suis favorable à condition que le jeune garde le droit de revenir à un cursus scolaire s’il estime s’être trompé. L'APCM & le Parlement y Janvier-Février 2007 y n° 15 y 4