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DOSSIER PEDAGOGIQUE 2012 MOI, NOUS, LES AUTRES Centre Régional d’Appui Pédagogique et Technique Centre d’Appui et de Ressources Régional de Lutte contre l’Illettrisme 4 rue de Sarrelouis 67000 STRASBOURG ℡ : 03 88 23 83 23 : 03 88 23 83 24 [email protected] SOMMAIRE I. INTRODUCTION p2 II. PHASE D’ECHAUFFEMENT : JEUX D’ECRITURE ET JEUX DE THEATRE a. Remue-méninges, boîte à mots b. Jeux d’échauffement c. Jeux de théâtre p4 p5 p6 PROPOSITIONS D’ECRITURE a. Pistes sans proposition de mise en œuvre spécifique b. Pistes d’ateliers d’écriture p7 p8 III. IV. V. RESSOURCES COMPLEMENTAIRES a. Chansons b. Citations c. Images d. Films e. Littérature et extraits littéraires f. Poésies g. Vidéos, films d’animations sur Internet h. Divers p 12 p 13 p 14 p 15 p 17 p 20 p 24 p 24 REMERCIEMENTS p 27 -1- I. INTRODUCTION Le thème de cette année : « MOI, NOUS, LES AUTRES » Ce thème a été proposé par les animateurs de structures du réseau qui travaillent sur le terrain et connaissent la sensibilité et les besoins des publics concernés. Il fait aussi référence à un ouvrage de François Laplantine, anthropologue, qui traite des thèmes de la différence et de l'altérité. Il permet d’aborder les préoccupations de notre société autour des questions de représentations, d’identité et de vivre ensemble. En effet, l’hétérogénéité des publics impliqués dans le Plaisir d’écrire nous amène à penser que le « vivre ensemble » ne va pas de soi et demande souvent un effort de décentration et de distanciation par rapport à des stéréotypes. Nous espérons donc que cette thématique sera propice à la découverte de soi, à la rencontre de l’autre et à celle d’un collectif. Un thème porteur également pour travailler sur la langue en relation avec la resocialisation et la mobilisation des écrivants en vue d’une insertion sociale et professionnelle. Il présente également l’intérêt de faire à la fois un lien avec le thème de la Semaine de la Langue française et de la Francophonie « Dis-moi dix mots qui te racontent » ainsi qu’avec le thème du Printemps de l’Ecriture « Enfances ». Par ailleurs, de nombreuses sous-thématiques y sont intrinsèquement liées et sont donc abordées dans ce dossier pédagogique. A titre d’exemples : l’histoire de vie, la construction de l’identité, la remise en question, le partage, l’amitié, la communication, la solitude, la rencontre, le lien, l’ouverture aux autres, la peur de l’inconnu, les discriminations, la solidarité, la place de l’individu dans la société, la citoyenneté... « Moi, nous, les autres » Le « moi » pose la question essentielle de notre identité personnelle. Qui suis-je moi qui parle ? Il fait écho à ce qu’on est en son âme et conscience, à l’intimité, au domaine du privé, à l’espace de l’intériorité. C’est aussi ce qu’on accepte de partager avec les autres, la notion « d’extime » (cf Journal extime de Michel Tournier), mot valise pour intime et extérieur : « le désir de rendre visibles certains aspects de soi jusque là considérés comme relevant de l'intimité », Serge Tisseron. Le « moi » représente aussi le fait d’être sujet, d’être acteur de sa propre vie, d’avoir une réflexion et un sens moral sur le sens de ses actes, tel le roseau pensant de Descartes : je pense donc je suis. Qui étions-nous à un moment donné de notre vie, qui sommes-nous à présent, qui serons-nous un jour ? L’identité se décline dès la naissance et est symboliquement représentée par le nom. Comment t’appelles-tu ? D’où vient ton nom, que signifie-t-il ? Autrement dit : qui es-tu ? C’est aussi la question de l’identité au regard du lien avec autrui – je me construis avec, pour, contre, à travers les autres. Le « nous » représente notre monde privilégié, le couple, la famille, les amis, le quartier, la communauté. Il rapproche certains individus en les distinguant du reste du monde. Il appartient domaine de l’inné, ce qui est donné à l’origine : je n’ai pas choisi ma famille ni mon lieu de naissance, aussi bien qu’au domaine de l’élection personnelle : je choisis mes amis, mes proches, mon groupe. Les « autres » peuvent représenter ceux qui existent en-dehors du « moi » et du « nous », ceux que je ne connais pas, que peut-être je ne comprends pas, qui peuvent intriguer, faire peur, mais attirer également. Ils sont ceux que je peux rencontrer, découvrir, avec lesquels je peux confronter mes idées, ma vision de la vie, mes traditions et ma culture. A travers le thème de l’identité et du rapport aux autres, écrire devient, selon Christian Zimmermann, le fil de la vie en mouvement, une empreinte de la pensée et de l’existence. « En écrivant on projette sa future absence » dit-il. Le trait se termine enfin, comme la vie, par un point final ou un point d’interrogation. « L’écriture est un trait d’union entre la naissance et la mort ». -2- Moi et Nous – Moi et les autres – Nous et les autres Cette thématique a été représentée schématiquement de cette façon : moi nous les autres LIENS ET INTERDEPENDANCES ainsi que de cette manière : MOI NOUS LES AUTRES 3 II. PHASE D’ECHAUFFEMENT : JEUX D’ECRITURE – JEUX DE THEATRE a. REMUE-MENINGES COLLECTIF MOI exister – nombril – construction de l’identité – intimité – corps – égocentré – individu – individualisme – solitude – unique – égoïsme – remise en question – expérience de vie – récit de vie – souvenirs d’enfance – mémoire – grandir – évoluer NOUS être ensemble - force du groupe – famille – couple – fratrie – groupe – clan – communauté – amitié – partage – ronde – sexualité – communication – chaleur – collectif – LES AUTRES enrichissement – altérité – vivre ensemble – l’enfer – le lien – clichés – nécessité – main tendue – aide – curiosité – citoyenneté – ouverture – écoute – miroir – regards – multiculturel – différence – discrimination – peur de l’inconnu – étranger en soi – étranger pour les autres – foule – tolérance – co-habiter – voisinage – empathie – acceptation – éthique – ambivalence et également : MOI et NOUS : racines – filiation – héritage biologique, spirituel, culturel, social, historique – vulnérabilité – fragilité – rencontre NOUS ET LES AUTRES : communautarisme – l’humanité en soi –solidarité – survie – repli identitaire – pouvoir - manipulation MOI, NOUS, LES AUTRES : aller vers l’autre – rencontre – échanges – mouvement – attitude – actions – société – normes – la place de l’individu dans la société- citoyenneté – vivre-ensemble – reconnaissance et anonymat – respect d’autrui AUTRE BOITE A MOTS MOI : ce qui m’appartient, ce qui m’est personnel, ce qui m’est connu et ce qui m’est surprenant Etre solitaire, seul, individualiste, être isolé, l’intimité, être intime avec quelqu’un Mon être, le centre, jardin secret, mon portrait, qui je suis, se reconnaître, se recentrer, la construction individuelle, le moi exclusif puis le moi qui s’ouvre vers les autres NOUS : le couple, le collectif, un ensemble, un groupe connu auquel on s’identifie, même famille et mêmes valeurs, un groupe auquel on appartient, la fraternité, l’appartenance, la solidarité, l’alliance, le partage, la chaleur, la richesse, un cercle, la force, le courage, la joie, une certaine béatitude, un échange, un dialogue, les proches, la famille, les amis, le groupe, la maison, chez nous, la communauté, le pays, le « on », la fusion, moi et un autre, moi et les autres LES AUTRES : ceux qui sont différents, étrangers, inconnus, bizarres, nombreux Ceux qu’on montre du doigt, qui font peur, un ensemble en dehors de nous, ceux qui nous enrichissent humainement Eux, la découverte, l’entraide, l’intégration, le partage, l’amour des autres, l’échange, la tolérance, l’ouverture, la crainte, un autre moi, le voisin, le quartier, opposition et 4 confrontation, la vie des autres, ici et là-bas : nostalgie, solitude, communication et noncommunication, être de quelque part, les origines, l’exil, les liens avec les autres, la différence, les autres c’est pas moi, les ragots, les rumeurs, l’influence des uns par rapport aux autres b. JEUX D’ECHAUFFEMENT Faire des listes ou des inventaires Ce qui est essentiel pour moi - Ce qui me plaît Ce qui me met en colère - Ce qui me fait rire J’ai peur de … Je suis heureux quand… Liste de mes petites manies, de mes fantasmes, liste de mes mensonges, de mes vantardises, liste des petits riens qui me font plaisir, liste de mes trésors, liste de mes prières Inventaire de vos poches ou de votre sac Inventaire heureux de vos saisons Inventaires de vos sens : je voudrais goûter… je voudrais entendre… je voudrais toucher… je voudrais voir… je voudrais sentir… Je ne voudrais pas mourir sans qu’on ait inventé … Source : Faly Stachak, 350 techniques d’écriture créative, Histoire de listes, p 17 et suivantes (disponible au Crapt-Carrli) Variante : choses que l'on aimerait faire et qu'on ne fait plus / choses que l'on aimerait faire et n'avons jamais fait A la manière de Xavier de Maistre : Un voyage autour : De mon amour De mon univers De mon nombril De ma bibliothèque De mon lit De mon tombeau (cité dans Le Nouveau Magasin d’Ecriture) Dire qui on est vraiment « Débranche ton esprit logique qui pense que 1 + 1 = 2. Ouvre ton esprit à la possibilité que 1 + 1 = 48 ou une Mercedes Benz, une tarte aux pommes, un cheval bleu. Ne raconte pas ton autobiographie avec des faits : «J’ai onze ans. Je suis un garçon. J’habite à Owatonna. J’ai une mère et un père. » Dis-moi qui tu es vraiment : « Je suis le givre sur la vitre, le cri d’un jeune loup, un frêle brin d’herbe. » Oublie qui tu es, disparais dans tout ce que tu regardes – une rue, un verre d’eau, un champ de maïs. Deviens entièrement chaque émotion que tu ressens, brûle en entier avec elle. » Chapitre "Ce que je suis vraiment", Natalie Goldberg, Les Italiques jubilatoires (disponible au Crapt Carrli) 5 Faire un portrait négatif, à la manière de David Lodge « Au lieu de compter les moutons, quand je suis éveillé, tôt le matin, je dresse parfois l’inventaire des choses que je n’ai pas faites. - Quoi par exemple ? - Je n’ai jamais fait de ski, ni de surf, je n’ai jamais appris à jouer d’un instrument de musique ou à parler une langue étrangère ou à faire de la voile ou de l’équitation. Je n’ai jamais escaladé de montagne ni planté de tente ou pêché un poisson. Je n’ai jamais vu les chutes du Niagara, je ne suis jamais monté au sommet de la Tour Eiffel et je n’ai jamais visité les pyramides. » David Lodge, Le British Museum c. JEUX DE THEATRE Animal et machine : le groupe forme des paires. Chaque paire détermine une machine et un animal. Les paires sont séparées. Machines d’un côté du local et animaux de l’autre. Chacun ferme les yeux (ou se les bande). Par le bruit uniquement, les paires doivent se retrouver (l’animateur surveille pour assurer la sécurité si quelqu’un fonce dans le mur) La bouteille : 2 ou 3 personnes sont situées derrière nous. Arrivera-t-on à se laisser tomber tout en sachant fort bien qu’elles vont nous rattraper ? Quelle confiance fait-on aux autres ? Peut-on s’en remettre aux autres quand l’enjeu nous concerne personnellement ? La grande fresque Le meneur donne un thème (un thème très concret ou une émotion). Un à un, les élèves se placent près du mur en adoptant une position originale en fonction du thème. Au signal de l'animateur, les élèves se placent un à un dans cette fresque en adoptant eux aussi une position originale. On peut prendre des photos numériques de ces fresques pour les utiliser pour amorcer une situation de jeu plus tard... D'autant plus que les élèves, étant tous au mur n'ont pas la chance de voir un résultat. Le sculpteur Former des groupes de deux. Une personne joue le sculpteur et l’autre la matière. Distribuer une image à chaque sculpteur sans la montrer à son camarade. Le sculpteur réalise une statue avec le corps de son équipier uniquement par la voix. Exemple : « lève le bras, baisse la tête… ». A la fin, la statue doit avoir la même position que la personne sur l’image donnée. Le miroir : Former des groupes de deux. Se placer face à face. « A » joue la personne et « B » le miroir. Faire le maximum de mouvements, en commençant par les expressions du visage, puis par des mouvements du corps, mais sans bouger de place. Inverser ensuite les rôles. Pistes de réflexion autour de ce jeu : lorsque vous étiez le miroir, comment avez-vous pu suivre les mouvements de la personne en face de vous ? Dans la vie quotidienne, quand avons-nous besoin de penser à l'autre et pourquoi ? Miroir synchronisé Même principe que le jeu du miroir sauf que c’est obligatoirement en mouvement. Fait appel à l’écoute, au contrôle et à la concentration. La ficelle But : écoute des participants Par groupes de deux. Deux personnes ont un doigt attaché aux extrémités d’une même ficelle (environs 30 cm). Ils ferment les yeux et bougent, sur place ou non, sans que la corde soit tendue au point que l’un des deux guide le mouvement ni sans que la corde soit lâche. 6 Le mouvement doit être suivi avec acceptation. Dans un premier temps, afin que l’exercice soit réalisable, les mouvements devront être extrêmement lents. Les chaises Quelques chaises sont mises à disposition au centre du cercle. Chacun à son tour, un participant va prendre une chaise, ou deux chaises ou davantage, et va les placer dans une certaine position (face à face, côte à côte, tombées, debout…) On mémorise les positions des chaises, et après on imagine une situation à partir de ces positions : qui parle ? A qui ? Pour dire quoi ? Quel est le décor ? … III. PROPOSITIONS D’ECRITURE a. PISTES SANS PROPOSITION DE MISE EN OEUVRE SPECIFIQUE • Autour du mariage : moments particuliers et morceaux choisis – la dot – les préparatifs – la rencontre – les petits ratés – le trousseau – hier et aujourd’hui … et demain ? – le choix des cadeaux – les petits inconvénients • Avant, maintenant et demain Quand j’étais petit(e), on… Maintenant, on (ou je) fait …. Et demain j’aimerais faire … Liste non exhaustive de thèmes : la cuisine, les déplacements, les fêtes, l’éducation… • PROPOSITIONS DE FALY STACHAK – 350 techniques d’écriture créative : p 168 et suivantes Dans la boîte : souvenirs d’enfance « Ce fut dans un recoin du grenier qu’il découvrit une boîte de petites fèves des marais décortiquées de chez Heudebert. La boîte était d’un bleu soutenu, avec une étiquette à toutes petites lettres fines et l’image d’un centaure à barbe frisée tirant de l’arc. Elle avait épuisé le sourd et très tenu relent de légumes secs. Elle ne sentait plus que cette odeur de moisissure qui, à dose impondérable, concourt à l’intérieur honnête… » Jean Follain, L’Epicerie d’enfance, Et dans votre boîte aux odeurs d’enfance, qu’allez-vous trouver ? Le journal intime écrit quand on était ado Le livre qui nous a marqué enfant … • Autour des métiers anciens : quel métier aimerais-je exercer ? Pourquoi ? Qu’est-ce qui me fait rêver dans ce métier ? 7 • Avec une photo : le « hors-cadre » Dire ce qu’on ne voit pas Dire ce qu’on entend… Raconter l’histoire qui se passe autour de cette photo • Avec une photo de classe : « En bas à droite c’est moi ». Racontez une journée de l’écolier que vous étiez. Avec une affiche de film : Choisir une affiche de film avec plusieurs personnages : un qui soit le centre de l’affiche (personnage principal), un autre qui puisse représenter une personne proche, et enfin, des « autres ». Les écrivants se mettent dans la peau d’un des personnages et le font interagir avec les autres. • Avec la sculpture ou la peinture Peintures de Bothero Sculptures de Giacometti b. PISTES D’ATELIERS D’ECRITURE – à adapter en fonction du public ATELIER 1 : « L’autre, c’est qui ? » Public : débutant Pistes de réflexion : regarder l’autre, c’est déjà aller à sa rencontre. Consignes : - « L’autre, c’est … » : regardez autour de vous et établissez une liste qui commence par L’autre, c’est …Exemples : « L’autre, c’est Fabienne qui porte un gilet rose avec des fleurs qui font penser au printemps. L’autre, c’est cette personne qui passe dans le couloir avec des dossiers sous le bras » - Qui fait quoi ? imaginer ou décrire quelqu’un qu’on voit dans la rue, ou dans un bureau, ou dans un café … - Se dessiner l’un l’autre ATELIER 2 : « Représentation et perception d’autrui » Public : débutant Pistes de réflexion : comment perçoit-on quelqu’un qu’on ne connaît pas ? A quoi cette représentation est-elle liée ? Dans quelle mesure représente-t-elle la réalité ? 8 Moyens : réaliser de petites cartes avec des portraits de personnes qui montrent des expressions différentes : les rires, les pleurs, le sérieux, la concentration, etc…. Les portraits peuvent être tirés du 19è ou du 20è siècle. Production : chaque écrivant choisit un portrait. Il imagine qui peut être la personne sous forme d’une carte d’identité. ATELIER 3 : « Le don et le contre-don » (atelier mené en 2010 à partir des 10 mots de la langue française et de la francophonie) Public : débutant Pistes de réflexion : se connaître soi, mieux connaître les coécrivants, le partage, le don Moyens : chocolats type « Quality street », petits papiers découpés, cartes vierges et images pour collages 1ère séquence : parler de soi à travers un mot et enclencher la communication entre les différentes personnes 2ème séquence : don et contre-don : offrir des mots 3ème séquence : atelier manuel permettant à un groupe lecteur et à un groupe non-lecteur de participer et d’offrir des cartes correspondant à chaque personne Première séquence (mots clefs 2010 : accueillant – agapes) Distribuer un chocolat emballé (type « Quality street ») et d’un carré de papier de couleur par personne. Demander à chaque personne d’écrire un mot qui le caractérise ou qu’il aime particulièrement. Glisser ce mot dans le chocolat et le mettre dans le panier commun. Faire tirer à chaque personne un chocolat et compléter la phrase suivante au choix : « Ce mot me plaît car …… » / « Ce mot ne me plaît pas car …………….. ». Lorsque tous les participants ont fini d’écrire le mot, chacun lit son papier. La personne qui a écrit le mot dit qui elle est et pourquoi elle a choisi ce dernier. Deuxième séquence (mots clefs 2010 : avec – harmonieusement) Trouver 3 X 3 mots comprenant les sons cho/co/lat (L’orthographe n’a aucune importance, seuls les sons sont importants). Les écrire sur des petits papiers (une couleur par son) et les mettre dans un chapeau. Chaque personne tire 5 mots. Si elle tombe sur l’un des siens, cela n’a aucune importance. Contrainte d’écriture : les 5 mots doivent apparaître dans le texte et chaque phrase doit commencer par : « Je t’offre » et la dernière par « Je ne t’offre pas ….. ». Chaque texte s’adresse à la personne à côté d’elle. Ensuite, chaque personne lit son texte et le remet à la personne à laquelle il est destiné. Troisième séquence (mots clefs 2010 : complice – main) Chaque personne écrit son prénom sur un papier, le plie et le met dans un chapeau commun. Ensuite, chaque personne tire un prénom mais le remet dans le chapeau si c’est le sien. Chaque participant doit faire un collage sur une carte destinée à la personne dont il a tiré le prénom dans le chapeau, y mettre quelques mots puis offrir la carte à cette personne. Les personnes qui ne savent pas lire, ni écrire se feront aider par les formatrices pour écrire ces quelques mots. Pour plus d’infos : http://fr.wikipedia.org/wiki/Don_et_contre-don VARIANTE : « Je te donne » A partir du poème de Jean Joubert « Je te donne ce poème » Je te donne ce poème, le mot arbre, le mot maison, et sentier, ruche, rivière, mésange, jardin, lumière, lune et soleil, nuit et jour, étoile, sourire, amour, le mot cœur, le mot caresse. Je te donne la promesse de l'amitié du monde. 9 Consignes : - chaque participant écrit son prénom de façon artistique sur une feuille. La feuille est pliée et mise dans un pot commun (chapeau ou autre contenant), puis tirée au sort par les autres participants – on ne peut pas garder son prénom - lecture du poème de Jean Joubert et écriture d’un poème sur ce modèle pour la personne dont on a tiré le prénom au sort ATELIER 4 : « Autour de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen » (1789) Public : tous niveaux Support : le préambule de la Déclaration et l’article 1er « Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité. » Consigne : dans le Préambule, les participants choisissent des mots qu’ils estiment en rapport avec « moi, nous, les autres ». Exemples : humanité, monde, être humain, homme, vie, femme, universel, contraint, valeur, territoire…. Production : écriture d’un texte à partir de quelques-uns de ces mots choisis en commun ATELIER 5 « Rencontres » Public : tous niveaux Pistes de réflexion : comment en arrive-t-on à se rencontrer ? Comment poser ses limites par rapport aux autres ? De quel espace ai-je besoin pour exister par rapport aux autres ? Où commence l’espace de l’autre ? Qu’est-ce qu’un espace vital ? Qu’est-ce qu’une frontière, une limite, quelles sont les normes de vie en société ? Moyens : disposer d’une grande feuille de papier et de pots de peinture de couleurs différentes. Production : chaque participant commence à peindre sur une partie de la feuille. Les animateurs ne leur donnent pas de consignes précises si ce n’est « vous pouvez peindre ce que vous voulez ». Les participants se gèrent seuls : comment vont-ils définir leur espace de travail ? quelles limites vont-ils poser ? comment appréhendent-ils l’espace de travail du voisin ? Peut-on empiéter dessus ? Faut-il demander ? … A lire à ce sujet, l’atelier d’écriture de Michel et Odette Neumayer : Dans les marges d’Alechinksy, reproduit en partie seulement ici : ATELIER 6 : « Dans les marges d’Alechinsky : en évolution permanente, les relations du centre et de la marge » Public : tous niveaux Phase 3 : L’espace commun (p 138) Consigne n°1 : assemblages et non juxtaposition . Des groupes de 4 se constituent sur la base de la variété, de la complémentarité des productions de la phase 1. puisant dans les matériaux non utilisés de cette même phase, chaque groupe produit à présent son espace commun sur un papier de format raisin (65 x 50) : un premier participant commence sous le regard des autres qui prennent la relève le moment venu. Cet espace sera comme une extension, un croisement des espaces individuels antérieurs. Construire un nouvel espace pour le partager, alors que l’on vient à peine d’investir une « propriété » peut sembler déraisonnable. Mais peut-on laisser chacun s’enfermer dans sa 10 production ? En introduisant le paramètre nouveau de l’élaboration collective – donc négociée – d’un futur espace commun, on permet ainsi aux participants de mesurer combien l’imaginaire de chacun gagne à se frotter à celui des autres et à s’en nourrir. (…) Quelles sont les conditions pour que la fabrication soit productive et fructueuse pour tous ? Que chacun ait non seulement la volonté de participer à l’échange mais encore de valoriser ce qui est mis dans le pot commun, voire de solliciter les autres membres du groupe par des demandes explicites : « Je te fais confiance pour fabriquer ce qui manque puis nous organiserons l’ensemble. » Alors apparaîtront la proximité des expériences et des univers, leur humanité commune. « Qu’il est difficile de partager un espace commun ! Négociations faites d’un mélange entre ordre et chaos. Perdre l’individu pour gagner le groupe. » Yves Nous ne reproduisons ici que la phase 3 p 135 (sur un total de 5 phases). Pour se reporter à la totalité de l’atelier, voir l’ouvrage Pratiquer le dialogue arts plastiques-écriture, Odette et Michel Neumayer, éd Chronique sociale 2005 (disponible au Crapt-Carrli) ATELIER 7 : Ma liberté « Ma liberté s’arrête là où commence celle des autres » Public : tous niveaux Ressources : lecture de la poésie Ma liberté de Maurice Carême ou écoute de la chanson Ma liberté de G. Moustaki. Donner une définition de la poésie : « L’expression de la beauté par l’intermédiaire de mots combinés avec art » Déroulement : 1. Mettre sur la table des photos qui peuvent représenter la liberté : voyages, ange, horizon, sport, oiseau, enfants, prière, bougie, famille, et une feuille blanche pour ceux pour qui la liberté n’est pas représentée par une de ces photos 2. Décrire la photo (ou ce qu’ils mettraient sur la feuille blanche) A quoi fait écho le mot « liberté » ? Trouver des rimes pour ces mots-là. Les noter pour avoir des mots à disposition 3. Ecrire un poème sur le thème « Ma liberté » ATELIER 8 : identités warholiennes Une biographie est considérée comme complète lorsqu’elle rend compte simplement de cinq ou six Moi alors qu’un être humain peut en avoir cinq ou six mille. Virginia Woolf Public : tous niveaux Pistes de réflexion : Une personne voit son identité évoluer au cours de sa vie. Dans quelle mesure est-ce vrai ? Supports : imprimer une planche de portraits d’Andy Warhol (cf Marilyn Monroe ou Che Guevara) Consigne 1 : Comme Andy Warhol le fait par la peinture, décliner l’identité d’une même personne en plusieurs versions par l’écriture. Pour cela, prendre 4 carrés de couleur différente et sur chaque carré, raconter en quelques phrases qui est cette personne, en 11 commençant cependant toujours par la même phrase par exemple : « J’ai 24 ans. Je m’appelle Chris. » puis enchaîner sur ce qui est important pour cette version du personnage à un moment donné de sa vie. Enfin, coller les carrés pour former un seul grand ensemble A4 de quatre couleurs différentes. Consigne 2 : A partir d’une chanson d’Axel Bauer : « Eteins la lumière », choisir 1 version du personnage qu’on vient de créer, et écrire sur son côté sombre Eteins la lumière Montre-moi ton côté sombre Regarde les ombres qui errent Cherche un peu de lumière Tout s’éclaire ATELIER 9 : un voyage initiatique (à la manière d’Henri Michaux) « Je est un autre ». Arthur Rimbaud Dans cet atelier, nous allons découvrir de nouveaux horizons et de nouvelles cultures Public : écriture en construction et avancée • Etape 1 : le départ. Tirer au sort un mode de transport et une raison de départ. Raconter son voyage • Etape 2 : la découverte d’un nouveau peuple Lecture d’un extrait de « Voyage en Grande Garabagne », de Henri Michaux « Les Arnadis : les Arnadis ne sont pas plus importants que les Nijidus. Tous ratatinés. Je mets ensemble les Bévins, les Souvgattes et les Arnavas. Ils se distinguent entre eux, paraît-il. Peut-être. A force d’attention. » Consigne : inventer des lieux et peupler le monde - A partir de lieux existants (villes, régions, pays), inventer de nouveaux noms en découpant les noms de lieux en syllabes et en réarrangeant les syllabes entre elles (mots valises) ex : Strasbourg et Constantine = Strasconstine - dans ces lieux nouvellement baptisés viennent se placer des peuples, une faune, une flore qui sont à nommer. Pour imaginer le nom d’un peuple, chacun dispose d’un carton à compléter : « les Ourg… » « les Mas…. » « les Omo…. » « les Nij…. » « les Eman…. » « les Gari… » « les Roc…. » Production : Vous avez été accepté par la peuplade qui vous a accueilli. Racontez ce qui vous surprend dans leur culture, et comment s’est effectué votre le rite de passage. IV. RESSOURCES COMPLEMENTAIRES a. CHANSONS • Toi et moi, Grégoire • 3 milliards de petits Chinois, et moi et moi et moi, Dutronc • Je m’appelle Emilie Jolie, Philippe Chatel • La fille qui habite chez moi, Benabar • Nous, Hervé Villard • Entre nous, Chimène Badi • Une chanson qui nous ressemble, Jacques Prévert • Les autres, Abd al Malik • Ziggy, un garçon pas comme les autres, Céline Dion • Les Uns contre les autres, Fabienne Thibault 12 b. CITATIONS Autour du « moi » Qui suis-je ? Je suis né (…) Comment ? Pourquoi ? Pourquoi ? Voilà une bonne question… Perec, Je suis né, Le Seuil 1990 Je est un autre. Arthur Rimbaud L'opinion qu'on a de soi est celle qui change le moins. De vous à moi - Anne Barratin L’écriture est un trait d’union entre la naissance et la mort. Christian Zimmermann Le temps marche si vite qu’au moment où je parle Je ne suis déjà plus ce que j’étais avant Jean Tardieu Le moi est haïssable. Pascal, Pensées Une biographie est considérée comme complète lorsqu’elle rend compte simplement de cinq ou six Moi alors qu’un être humain peut en avoir cinq ou six mille. Virginia Woolf J’écris pour me parcourir. Henri Michaux Je souhaite plus que toute autre chose au monde pouvoir remplir une page blanche et sentir arriver cette chose étrange, cet accouchement au bout de mes doigts. Quand on se sent incapable d’écrire, on se sent exilé de soi-même. Harold Pinter Connais-toi toi-même. Socrate Comment faire un soi-même avec de l’autre ? J.P. Vernant Chacun est à soi-même le plus lointain. Nietzsche Autour du « nous » Ecoute le monde entier appelé à l’intérieur de nous. Valère Novarina Nos ancêtres sont nos enfants, par un trou dans le mur nous les regardons jouer dans leur chambre, et ils ne peuvent pas nous voir. Origines - Amin Maalouf Autour des « autres », d’ «autrui » L’homme le plus heureux est celui qui fait le bonheur d’un plus grand nombre d’autres. Diderot Il faut aimer les gens, non pour soi, mais pour eux. Collin d’Harleville Dans ta vie, il faut apprendre à compter ; mais non pas sur les autres. Paul-Jean Toulet, Monsieur du Paur, homme public Les autres, hélas ! C’est nous. Georges Bernanos 13 N'oublie jamais que pour les autres tu es un autre. Gérard Bessette Juger autrui, c'est se juger. William Shakespeare Autrui, pièce maîtresse de mon univers. Michel Tournier - Vendredi ou les limbes du Pacifique La vie n'est rien sans autrui. Koffi Kokora Dans le bonheur d'autrui, je cherche mon bonheur. Pierre Corneille Le langage, c’est une façon de construire une moitié de pont vers les autres. Christian Voltz La société humaine, le monde, l’homme tout entier est dans l’alphabet. L’alphabet est une source. Victor Hugo c. IMAGES 7 milliards d’autres, un projet de Yann Arthus-Bertrand http://www.6milliardsdautres.org/ Exposition organisée en 2009 au Grand Palais de Paris, résultat d’un projet lancé en 2003 par le célèbre photographe Yann Arthus-Bertrand. 6 reporters ont sillonné les 5 continents afin d’en ramener des témoignages filmés, montrant la très grande diversité humaine. Le site présente les interviews audio de ces personnes. 14 d. FILMS Effroyables jardins, de Jean Becker avec Jacques Villeret Lucien, 14 ans, ne comprend pas pourquoi son père, un instituteur sérieux et respecté, se ridiculise dans un numéro de clown amateur. Un jour, le meilleur ami de son père lui raconte qu'à la fin de la guerre, tous deux ont commis un acte de résistance dérisoire, mais qu'ils ont été capturés par les Allemands et jetés avec dans un "cul de basse-fosse" en attendant d'être fusillés... A travers ce récit, Lucien va découvrir la bravoure et la fraternité que son père dissimule derrière son humilité. Festen, de Thomas Vinterberg avec Henning Moritzen Tout le monde a été invité pour les soixante ans du chef de famille. La famille, les amis se retrouvent dans le manoir d'Helge Klingenfelt. Christian, le fils aîné de Helge, est chargé par son père de dire quelques mots au cours du dîner, sur sa soeur jumelle, Linda, morte un an plus tôt. Tandis qu'au sous-sol tout se prépare avec pour chef d'orchestre Kim, le chef cuisinier, ami d'enfance de Christian, le maître de cérémonie convie les invités à passer à table. Personne ne se doute de rien, quand Christian se lève pour faire son discours et révéler de terribles secrets. Intouchable, de Eric Toledano avec François Cluzet A la suite d’un accident de parapente, Philippe, riche aristocrate, engage comme aide à domicile Driss, un jeune de banlieue tout juste sorti de prison. Bref la personne la moins adaptée pour le job. Ensemble ils vont faire cohabiter Vivaldi et Earth Wind and Fire, le verbe et la vanne, les costumes et les bas de survêtement… Deux univers vont se télescoper, s’apprivoiser, pour donner naissance à une amitié aussi dingue, drôle et forte qu’inattendue, une relation unique qui fera des étincelles et qui les rendra… Intouchables. Je vais bien ne t’en fais pas, de Philippe Lioret avec Mélanie Laurent Comme elle rentre de vacances, Lili, 19 ans, apprend par ses parents que Loïc, son frère jumeau, suite à une violente dispute avec son père, a quitté la maison. Loïc ne lui donnant pas de nouvelles, Lili finit par se persuader qu'il lui est arrivé quelque chose et part à sa recherche. Autour de la fraternité, de la solitude, de l’absence, de « nous » de la gémelléité. Joueuse, de Caroline Bottaro avec Sandrine Bonnaire D’après le roman La joueuse d’échec, de Bertina Henrichs. Dans un petit village de Corse, la vie d'Hélène, effacée et discrète, est faite de jours qui s'enchaînent et se ressemblent...Femme de chambre dans un hôtel, elle semble apparemment heureuse avec son mari et sa fille de quinze ans. Tout bascule le jour où, faisant le ménage d'une des chambres de l'hôtel, elle surprend, fascinée, un couple d'américains qui joue aux échecs sur une terrasse. Hélène mettra tout en oeuvre, avec obstination, pour maîtriser les règles des échecs jusqu'à l'excellence. Mais cette métamorphose positive vers une nouvelle liberté ne se fera pas sans modifier profondément ses relations avec sa famille, ses amis et les habitants de village. La journée de la jupe, de Jean-Paul Lilienfeld avec Isabelle Adjani Sonia Bergerac est professeur de français dans un collège de banlieue difficile. Elle vit difficilement la dureté quotidienne des relations avec ses élèves, et est d'autant plus fragilisée par le départ de son mari. Lors d'une répétition de théâtre avec une de ses classes, elle découvre un pistolet dans un sac d'élève. En cherchant à s'en emparer, un coup part et blesse un élève à la jambe. Dans la confusion du moment, elle craque et prend sa classe en otage. La mauvaise rencontre, de Josée Dayan avec Anglade et Jeanne Moreau D’après le roman de Philippe Grimbert « Rien n’aurait dû séparer les deux garçons, croix de bois croix de fer, à la vie à la mort. Il n’y a pas eu de rivalités imbéciles, c’est autre chose qui les a déchirés, quelque chose qui était là depuis le début, mais que personne ne pouvait encore imaginer. Un beau et grand récit de l’intime » La source des femmes, de Radu Mihaileanu avec Leïla Bekhti Cela se passe de nos jours dans un petit village, quelque part entre l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient. Les femmes vont chercher l'eau à la source, en haut de la montagne, sous un soleil de plomb, et ce depuis la nuit des temps. Leila, jeune mariée, propose aux femmes de faire la grève de l'amour : plus de câlins, plus de sexe tant que les hommes n’apportent pas l’eau au village. La vague, de Denis Gansel avec Jürgen Vogel En Allemagne, aujourd'hui. Dans le cadre d'un atelier, un professeur de lycée propose à ses élèves une expérience visant à leur expliquer le fonctionnement d'un régime totalitaire. Commence alors un jeu de rôle grandeur nature, dont les conséquences vont s'avérer tragiques. 15 Les Neiges du Kilimandjaro, de Guédiguian avec Ariane Ascaride et Jean-Pierre Darroussin Bien qu’ayant perdu son travail, Michel vit heureux avec Marie-Claire. Leurs enfants et leurs petits-enfants les comblent. Ils ont des amis très proches. Ils sont fiers de leurs combats syndicaux et politiques. Ce bonheur va voler en éclats avec leur porte-fenêtre devant deux jeunes hommes armés et masqués qui les frappent, les attachent, leur arrachent leurs alliances, et s’enfuient avec leurs cartes de crédit… Leur désarroi sera d’autant plus violent lorsqu’ils apprennent que cette agression a été organisée par l’un des jeunes ouvriers licenciés avec Michel. Les Uns les Autres, de Cornelia Hummel Une crèche, des enfants. Et une caméra parmi eux. Au coeur des interactions expérimentées les uns avec les autres, les uns contre les autres, les uns sans les autres, les uns pour les autres, les uns les autres. Potiche de François Ozon avec Deneuve, Depardieu et Luchini En 1977, dans une province de la bourgeoisie française, Suzanne Pujol est l’épouse popote et soumise d’un riche industriel Robert Pujol. Il dirige son usine de parapluies d’une main de fer et s’avère aussi désagréable et despote avec ses ouvriers qu’avec ses enfants et sa femme, qu’il prend pour une potiche. À la suite d’une grève et d’une séquestration de son mari, Suzanne se retrouve à la direction de l’usine et se révèle à la surprise générale une femme de tête et d’action. Mais lorsque Robert rentre d’une cure de repos en pleine forme, tout se complique… Seul au monde, de Robert Zemeckis avec Tom Hanks Chuck Noland sillonne le monde pour améliorer les performances de son entreprise Fedex et la productivité de ses équipes. Un jour, il quitte Los Angeles à bord d'un petit avion qui s’écrase au-dessus de l’océan pacifique. Il échoue sur une île déserte et pendant quatre ans, il va tenter de s'adapter à cet environnement sauvage en surmontant l'épreuve terrible de la solitude. Toi, moi, les autres, comédie musicale de Audrey Estrougo Gab a une vie rangée : une fiancée, un mariage en préparation, une famille aisée. Leïla fait des études de droit, a un petit frère turbulent, une maman partie trop tôt. Lorsque Gab renverse le petit frère de Leïla, c’est le choc des mondes et le début d’une grande histoire d’amour qui va se heurter violemment à la réalité. Tina, confidente de Leïla est sans papiers et sous la menace d’une reconduite à la frontière.Elle se fait arrêter. Alors que le monde de Leïla s’effondre, Gab est prêt à tout pour elle, même à s’opposer à son père, préfet de police. Toutes nos envies, de Philippe Lioret avec Vincent Lindon Claire, Jeune juge au tribunal de Lyon, rencontre Stéphane, juge chevronné et désenchanté, qu'elle entraîne dans son combat contre le surendettement. Quelque chose naît entre eux, où se mêlent la révolte et les sentiments, et surtout l'urgence de les vivre. Un air de famille, de Cédric Klapisch avec J.P. Bacri Toutes les semaines dans la famille Menard, on se réunit au café dont Henri est le patron et on va manger tous ensemble Aux ducs de Bretagne. Ce soir, qui est pourtant un jour de fête, car c'est l'anniversaire de Yolande la belle-fille, un incident va venir troubler les habitudes. Arlette, la femme d'Henri, est partie une semaine pour réfléchir, ce qui va destabiliser les autres membres de la famille. Va, vis et deviens, de Radu Mihaileanu avec Yaël Abecassis En 1984, des milliers d'Africains de 26 pays frappés par la famine se retrouvent dans des camps au Soudan. A l'initiative d'Israël et des Etats-Unis, une vaste action est menée pour emmener des milliers de Juifs éthiopiens vers Israël.Une mère chrétienne pousse son fils de neuf ans à se déclarer juif pour le sauver de la famine et de la mort. L'enfant arrive en Terre Sainte. Déclaré orphelin, il est adopté par une famille française sépharade vivant à Tel-Aviv. Il grandit avec la peur que l'on découvre son double-secret et mensonge : ni juif, ni orphelin, seulement noir. Il découvrira l'amour, la culture occidentale, la judaïté mais également le racisme et la guerre dans les territoires occupés Welcome, de Philippe Lioret avec Vincent Lindon À Calais, Bilal, jeune migrant kurde sans-papier, tente d'aller en Angleterre pour retrouver sa petite amie kurde et devenir footballeur professionnel. Il fait donc appel à un passeur et embarque à bord d'un poids lourd avec d'autres migrants, mais ils sont repérés et arrêtés par la police. Il décide alors de prendre des cours de natation pour traverser la Manche à la nage. Il se rend à la piscine municipale où il rencontre Simon, un Français médaillé d'or en natation, devenu maître-nageur et vivant difficilement une rupture de couple... 16 e. LITTERATURE et EXTRAITS LITTERAIRES Huis-clos, Sartre Résumé : Trois personnages se retrouvent à leur mort dans une même pièce. Il s'agit de Garcin, journaliste, Inès, employée des Postes et Estelle, une riche mondaine. Ils ne se connaissent pas, viennent de milieux très différents, ne partagent ni les mêmes convictions ni les mêmes goûts : « l'Enfer, c'est les autres ». Cette phrase, qui a valu à Sartre les pires accusations, explique seulement que la vie « se ressent, se perçoit » à travers les autres ; rien ne vaut les individus qui nous font prendre conscience de nous-mêmes, de la triste réalité humaine, mais qui restent nécessaires pour se réaliser. Il avait plu tout le dimanche, Philippe Delerm Résumé : Le sujet de Il avait plus tout le dimanche c'est le il, un il tout proche du on de l'impersonnel et de l'anonyme. Monsieur Tout le monde. Or, Delerm présente son petit personnage terne, Spitzweg sous l'angle de ses particularités. Il opère une sorte de compromis entre la tradition moderne, si l'on peut dire, de l'homme sans qualités et les attributs fixes du personnage du roman psychologique traditionnel. Spitzweg est à la fois tout le monde et personne. Extrait : Monsieur Spitzweg est seul. Ça s’est fait tout doucement. Une jeunesse en Alsace. L’idylle informulée avec Hélène, la fille de la Winstub Necker. Une idylle lourdement supposée par tous les regards du village, et les petites phrases à la boulangerie. Tellement qu’à la fin, Hélène s’est lassée de l’idée trop vieille. Elle aimait bien Arnold Spitzweg, sans plus. Sous les cheveux blonds et fins de son promis, on devinait l’arrondissement futur des traits, la calvitie prochaine. Elle a préféré le grand Wolheber, un fils de vigneron très brun, épaules larges, hanches étroites. Arnold est parti à Paris pour ça aussi. Pas que pour ça. Ça lui plaisait d’être le fils Spitzweg qui travaille à Paris. Puis ses parents sont morts, et plus grand monde à retrouver à la winstub, à l’heure des noix, du vin nouveau. Alors on revient moins souvent, de moins en moins faraud. A Kinzheim, il y a encore une poignée de gens pour lancer : - Arnold ! Comment ça va dans la capitale ! Arnold… Oh ! bien sûr, il est encore capable d’échanger quelques phrases en dialecte. Mais son prénom lui semble drôle, comme un habit d’emprunt qu’on glisserait sur lui. Même en parlant il se sent seul. Monsieur Spitzweg. Journal extime de Michel Tournier «Il y a longtemps que j'ai pris l'habitude de noter non seulement les étapes et incidents de mes voyages, mais les événements petits et grands de ma vie quotidienne, le temps qu'il fait, les métamorphoses de mon jardin, les visites que je reçois, les coups durs et les coups doux du destin. On peut parler de "journal" sans doute, mais il s'agit du contraire d'un "journal intime". J'ai forgé pour le définir le mot "extime".» Michel Tournier La belle amour humaine, Lyonel Trouillot Résumé : Dans une île des Caraïbes, une jeune Occidentale est venue, sur les traces de son père, éclaircir l'énigme aux allures de règlement de comptes qui fonde son roman familial. Au fil de récits qu'elle recueille et qui, chacun à leur manière, posent une question essentielle – "Quel usage faut-il faire de sa présence au monde ?" –, se déploie, de la confrontation au partage, une cartographie de la fraternité nécessaire des vivants face aux appétits féroces de ceux qui tiennent pour acquis que le monde leur appartient. La douleur, Marguerite Duras Résumé : Robert Antelme, époux de Marguerite Duras, vient de rentrer des camps de la mort. Duras raconte ce qui reste d’humain en lui – et ce qui l’est moins, ce qui le sépare des autres, du reste des hommes Extrait : Au commencement le cou faisait un angle droit avec l’épaule. En haut, le cou pénétrait à l’intérieur du squelette, il collait en haut des mâchoires, s’enroulait autour des ligaments comme un lierre. Au travers on voyait se dessiner les vertèbres, les carotides, les nerfs, le pharynx et passer le sang : la peau était devenue du papier à cigarettes. Il faisait donc cette chose gluante vert sombre qui bouillonnait, merde que personne n’avait encore vue. Lorsqu’il l’avait faite on le recouchait, il était anéanti, les yeux mi-clos, longtemps. Pendant 17 jours, l’aspect de cette merde resta le même. Elle était inhumaine. Elle le séparait de nous plus que la fièvre, plus que la maigreur, les doigts désonglés, les traces de coups de S.S. On lui donnait de la bouillie jaune d’or, bouillie pour nourrisson et elle ressortait de lui vert sombre comme de la vase de marécage. (…) Evidemment il avait fouillé dans les poubelles pour manger, il avait mangé des herbes, il avait bu de l’eau des machines, mais ça n’expliquait pas. Devant la chose inconnue on cherchait des explications. On se disait que peut-être là sous nos yeux, il mangeait son foie, sa rate. Comment savoir ? Comment savoir ce que ce ventre contenait encore d’inconnu, de douleur ? (…) Au bout de 17 jours la mort se fatigue. Dans le seau elle ne bouillonne plus, elle devient liquide, elle reste verte, mais elle a une odeur plus humaine, une odeur humaine. (p 73 et suivantes) 17 La petite fille de Monsieur Linh, Philippe Claudel Monsieur Linh, un vieux monsieur, fuit sa patrie - est-ce le Vietnam ? - après la mort de son fils et de sa belle-fille. Il emmène avec lui Sang Diû, sa petite fille, la prunelle de ses yeux, bébé calme et obéissant qui aime que son grand-père lui chante une chanson : 'Toujours il y a le matin / Toujours revient la lumière / Toujours il y a un lendemain / Un jour c'est toi qui seras mère.' Philippe Claudel raconte l'épopée d'un expatrié en France, les conditions pénibles, voire hostiles, auxquelles il est soumis, ses rencontres et les amitiés qui se lient. La préférence nationale, Fatou Diome Résumé : « Le visage de l’emploi » Fatou Diome nous raconte son enfance miséreuse à Niodor, son arrivée en France et ses déboires face au racisme quotidien qu'elle subit. Cette demoiselle d'origine sénégalaise, titulaire d'une licence de lettres modernes, doit faire face aux préjugés de ses différents employeurs. Malgré son niveau d'études, elle ne trouve que des emplois de femme de ménage et subit l'arrogance de ses patrons, une famille vulgaire et sale qui – persuadée que, parce qu’elle est femme de ménage, elle est aussi demeurée – s’amuse à donner à la femme qui vient nettoyer leurs saletés le doux sobriquet de «Cunégonde». Jusqu’au jour où, par hasard, Monsieur croise la jeune femme en question à la bibliothèque et comprend que ses railleries mesquines n’ont pas été perdues pour tout le monde. «Cunégonde» est en DEA de lettres… Extrait : Ses épaules s’affaissèrent, ses traits déformés se figèrent et son visage rouge semblait contenir tout le mauvais vin qu’il avait ingurgité dans sa vie peu raffinée. Il était coloré par la gêne. L’ayant crucifié de mes yeux pendant quelques instants, je lui envoyai mon grand sourire de femme de ménage avant de partir avec mes livres sous le bras. Il me suivit du regard sans bouger. Cette fois, il ne considérait ni ma croupe ni mon décolleté, mais l’étendue de sa bêtise. Dupire venait de comprendre qu’aucune de ses goujateries n’avait échappé à ma cervelle de femme de ménage qu’il supposait peu élastique. La soudure fraternelle, Tahar Ben Jelloun Extrait : Mon premier ami avait un an de plus que moi. Nous n’étions pas au même collège. Nous nous étions rencontrés en été, à Ifrane, où ma tante avait sa résidence secondaire (l’été à Fès est insupportable). Il avait les cheveux blonds, il était mince et élégant. (…) Si je me souviens aujourd’hui de cette amitié, c’est qu’elle fut construite sur un mensonge. D’un an plus âgé, il paraissait plus jeune que moi. Je venais d’entrer en sixième. Quand je lui demandai en quelle classe il était, il me répondit « en cinquième » avec l’air de dire « évidemment ». Et moi, sans réfléchir, je répondis « moi aussi ». J’ai entretenu ce mensonge toute une année. Nous nous écrivions des lettres. Il me parlait des auteurs qu’il lisait en classe et je me précipitais à la bibliothèque française pour emprunter leurs livres, essayant de les lire à mon tour pour soutenir la discussion. Deux étés plus tard, je lui écrivis une longue lettre où j’avouais la vérité. Je n’arrivais plus à supporter les effets de mon mensonge. Je préférais m’en débarrasser. Ce fut la fin de cette amitié. La vie tranquille, Marguerite Duras Extrait : J’existe depuis vingt-cinq années. J’ai été toute petite, puis j’ai grandi et j’ai atteint ma taille, celle-ci que j’ai maintenant et que j’ai pour toujours. J’aurais pu mourir d’une des mille façons dont on meurt et pourtant j’ai réussi à parcourir vingt-cinq années de vie, je suis encore vivante, pas encore morte. Je respire. De mes narines, sort une haleine vraie, moite et tiède. J’ai réussi sans le vouloir à ne mourir de rien. Cela avance avec entêtement, ce qui semble arrêté, en ce moment, ma vie. L’étranger, Albert Camus Résumé : Meursault vit en Algérie française. Il assiste à la veillée funèbre et aux funérailles sans prendre l’attitude de circonstance qu’on attend d’un fils endeuillé. Il ne pleure pas, ne veut pas simuler un chagrin qu'il ne ressent pas. Au cours d’une altercation sur la plage, il tue un jeune arabe. Arrêté et questionné, il ne montre aucun regret. Le procès a lieu et on l'interroge plus sur son comportement lors de l'enterrement de sa mère que sur son meurtre. Le ventre de l’Atlantique, Fatou Diome Extrait 1 : Lettre de son père à Moussa qui a émigré en France : Mon fils, je ne sais pas si tu as reçu mes précédentes lettres, puisque je n’ai toujours pas de réponse de ta part. j’ai vu ta photo, maintenant tu ne portes ni thiaya (pantalon bouffant) ni sabador (boubou), et cela m’inquiète. Ton accoutrement cache-t-il d’autres changements de ta personnalité ? il n’y a point de mutation extérieure sans mutation intérieure. Je prie donc pour que ton âme soit restée aussi pure qu’à ton départ. N’oublie jamais qui tu es et d’où tu viens. Quand je dis cela, je veux dire que tu dois continuer à respecter nos coutumes : tu n’es pas un Blanc. Et, comme eux, tu commences à devenir individualiste. Voilà plus d’un an que tu es en France, et jamais tu n’as envoyé le moindre sou à la maison pour nous aider. Pas un des projets que nous avions fixés à ton départ n’est, à ce jour, réalisé. La vie est dure ici, tes sœurs sont toujours à la maison. Je me fais vieux et tu es mon seul fils, il est donc de ton devoir de t’occuper de la famille. Epargne-nous la honte parmi nos semblables. Tu dois travailler, économiser et revenir au pays. (p 119) 18 Le ventre de l’Atlantique, Fatou Diome Extrait 2 : Ma mémoire est mon identité. Etrangère partout, je porte en moi un théâtre invisible, grouillant de fantômes. Seule la mémoire m’offre sa scène. Au cœur de mes nuits d’exil, j’implore Morphée, mais l’anamnèse m’éclaire et je me vois entourée des miens. Partir, c’est porter en soi non seulement tous ceux qu’on a aimés, mais aussi ceux qu’on détestait. Partir, c’est devenir un tombeau ambulant rempli d’ombres, où les vivants et les morts ont l’absence en partage. Partir, c’est mourir d’absence. On revient, certes, mais on revient autre. Au retour, on cherche, mais on ne retrouve jamais ceux qu’on a quittés. La larme à l’œil, on se résigne à constater que les masques qu’on leur avait taillés ne s’ajustent plus. Qui sont ces gens que j’appelle mon frère, ma sœur, etc . ? Qui suis-je pour eux ? L’intruse qui porte en elle celle qu’ils attendent et qu’ils désespèrent de retrouver ? L’étrangère qui débarque ? La sœur qui part ? Ces questions accompagnent ma valse entre les deux continents. (p 262) Les trois tasses de thé, de G. Mortenson et D. Relin éd.Glénat (récit d’une expérience de vie) Résumé : En 1993, l'alpiniste américain Greg Mortenson se perd en descendant d’une montagne du Pakistan. Il est secouru par les habitants d'un village isolé. Ému par leur accueil et leur dénuement, il promet de revenir pour construire une école. Trois tasses de thé est l'histoire de cette promesse, de sa réalisation et de la façon dont elle a bouleversé la vie de Mortenson, jusqu'à devenir une mission de paix engageant l'image de l'Amérique tout entière. Aujourd'hui, ce sont plus de 160 écoles que Mortenson et son ONG ont bâties entre Pakistan et Afghanistan, avec l'objectif d'offrir, notamment aux filles, une éducation laïque et équilibrée. Moi et les autres, collection Goûter philo, Milan jeunesse Pour décrire sa personnalité, Clara se regarde dans les autres. Elle se regarde dans ses amis, ses parents, ses professeurs, son amoureux. Normal. Comment avoir une idée de ce que l'on est sans les autres? Comment savoir si l'on est gentil, méchant, jaloux, moqueur. si les autres ne sont pas là ? Pour se connaître, on a besoin de passer par les autres. Odette Toulemonde et autres histoire, Eric-Emmanuel Schmitt Extrait : Balthazar (écrivain) parle de son nouveau roman à Odette Toutlemonde : - Cela s’appellera Le Bonheur des autres. J’y raconte le destin de plusieurs personnages qui cherchent le bonheur sans le trouver. S’ils échouent, c’est parce qu’ils ont hérité ou adopté des conceptions du bonheur qui ne leur conviennent pas : argent, pouvoir, mariage valorisant, maîtresses à longues jambes, voitures de course, grand duplex à Paris, chalet à Megève et villa à Saint-Tropez, rien que des clichés. Malgré leur réussite, ils ne sont pas heureux car ils vivent le bonheur des autres, le bonheur selon les autres. (p 181) Robinson Crusoé, de Daniel Defoe Résumé : L’auteur s'est inspiré d'une histoire vraie, celle d'Alexandre Selkirk, marin écossais qui vécut seul sur l'île de Juan Fernandez, au large des côtes chiliennes, pendant quatre ans, à partir de 1705. Pour lutter contre le désespoir et les effets destructeurs de la solitude, le personnage de Robinson s'attache à recréer tout ce qui constitue la civilisation occidentale. Il survit grâce à un travail quotidien. Robinson Crusoé devient tour à tour chasseur, éleveur, jardinier... et 'convertit' Vendredi à la culture occidentale. Un pedigree, Patrick Modiano Extrait : Je suis né le 30 juillet 1945, à Boulogne Billancourt, 11 allée Marguerite, d’un juif et d’une Flamande qui s’étaient connus à Paris sous l’Occupation. J’écris juif, en ignorant ce que ce mot signifiait vraiment pour mon père et parce qu’il était mentionné, à l’époque, sur les cartes d’identités. Les périodes de haute turbulence provoquent souvent des rencontres hasardeuses, si bien que je ne me suis jamais senti un fils légitime et encore moins un héritier. Ma mère est née en 1918 à Anvers. Elle a passé son enfance dans un faubourg de cette ville, entre Kiel et Hoboken. Son père était ouvrier, puis aide-géomètre. Son grand-père maternel, Louis Bogaerts, docker. Il avait posé pour la statue du docker, faite par Constantin Meunier et que l’on voit devant l’hôtel de ville d’Anvers. (…) A Paris, elle habite une chambre, 15 quai de Conti, dans l’appartement que loue un antiquaire de Bruxelles et son ami Jean de B. La première famille française et bourgeoise chez laquelle ma mère sera invitée : la famille de Geneviève Vaudoyer et de son père Jean-Louis Vaudoyer. Geneniève Vaudoyer présente à ma mère Arletty qui habite quai de Conti dans la maison voisin du 15. Arletty prend ma mère sous sa protection. Que l’on me pardonne tous ces noms et d’autres qui suivront. Je suis un chien qui fait semblant d’avoir un pedigree. Ma mère et mon père ne se rattachent à aucun milieu bien défini. Si ballottés, si incertains que je dois bien m’efforcer de trouver quelques empreintes, quelques balises dans ce sable mouvant comme on s’efforce de remplir avec des lettres à moitié effacées une fiche d’état-civil ou un questionnaire administratif. 19 W ou le souvenir d’enfance, Georges Perec Extrait : Deux photos ; La première a été faite par Photofeder, 47 boulevard de Belleville, Paris, 11è. Je pense qu’elle date de 1938. elle nous montre, ma mère et moi, en gros plan. La mère et l’enfant donnent l’image d’un bonheur que les ombres du photographe exaltent. Je suis dans les bras de ma mère. Nos tempes se touchent. Ma mère a des cheveux sombres gonflés par-devant et retombant en boucles sur sa nuque. Elle porte un corsage imprimé à motifs floraux, peut-être fermé par un clip. Ses yeux sont plus sombres que les miens et d’une forme légèrement plus allongés. (…) Ma mère sourit en découvrant ses dents, sourire un peu niais qui ne lui est pas habituel, mais qui répond sans doute à la demande du photographe. J’ai des cheveux blonds avec un très joli cran sur le front (de tous les souvenirs qu me manquent, celui-là est peut-être celui que j’aimerais le plus fortement avoir : ma mère me coiffant, me faisant cette ondulation savante). Je porte une veste (ou une brassière, ou un manteau) de couleur claire, fermée jusqu’au cou, avec un petit col surpiqué. J’ai de grandes oreilles, des joues rebondies, un petit menton, un sourire et un regard de biais déjà très reconnaissables. (p 74) Bandes-dessinées Astérix et Obélix (sur les stéréotypes) f. POESIE Autour du « moi » Anonyme Si… si… si… Si je n’existais pas vraiment ? Si tout cela n’était qu’un rêve dont je me réveillerais un jour en mourant ? Vivre c’est rêver, C’est penser et c’est vouloir, C’est aimer et c’est créer. C’est aussi savoir pourquoi je vis. Jean Ormezzano 20 Tout ça c’est moi Lourde, lourde est ma tête J’existe, c’est vrai, Je me regarde agir, Je me sens respirer, J’entends ma voix, J’ai faim. Je me rends compte que je vis, MOI. J’ai mon nom : MOI... Des cellules par milliards, des os, des muscles, du sang, des organes agissent ensemble pour me faire vivre, MOI. Ma famille, mes amis, m’entourent et m’aiment. Mon lit, mes vêtements, mes trésors sont autour de moi, tout est à sa place. Je suis bien à l’abri, MOI. Ça entend, ça voit, ça sent, ça parle, Ça sait, ça pense, ça imagine, ça pleure dans ma tête. Je mets ma main sur mon front, il est tiède : tout y arrive et tout en part. Je la sens lourde, lourde de cent images, de mille impressions, de dix mille secrets, de cent mille souvenirs. Je sens ma pensée fluide, aller et venir, s’embrouiller ; une idée y tourne et retourne malgré moi. Je veux en retenir une, et hop ! elle s’envole. Des mots, des rêves, des idées folles, des choses douces et d’autres, bêtes… mais bêtes, s’y bousculent. Heureusement, personne ne peut y aller voir, savoir ce qui s’y passe, même le petit doigt de maman. A moi tous mes secrets ! Jean Ormezzano Jean Ormezzano Autour du « nous » 21 Maudit ! Soit le père de l’épouse Du forgeron qui forgea le fer de la cognée Avec laquelle le bûcheron abattit le chêne Dans lequel on sculpta le lit Où fut engendré l’arrière-grand-père De l’homme qui conduisit la voiture Dans laquelle ta mère Rencontra ton père Robert Desnos, Corps et biens, Ed. Gallimard 22 TRISTAN ET YSEULT Moi, Yseult Toi, Tristan Je ne suis plus Tristan Et tu n’es plus Yseult. plus de noms Qui séparent : Une reconnaissance nouvelle un feu nouveau qui brûle ; Une seule âme et une seule pensée Pour la durée de l’éternité ; Un seul cœur en flammes Dans la volupté suprême d’aimer Entre Ce que je pense Ce que je veux dire Ce que je crois dire Ce que je dis Ce que vous avez envie d’entendre Ce que vous croyez entendre Ce que vous entendez Ce que vous avez envie de comprendre Ce que vous croyez comprendre Ce que vous comprenez Il y a dix possibilités qu’on ait Des difficultés à communiquer Richard Wagner Anonyme Autour des « autres », de l’humanité Anonyme 23 Nous sommes comme un bâton planté En pleine mer Qui n’indique rien Ni de la profondeur des eaux Ni de l’éloignement des rives Simplement il est là Debout dans les vagues Peut-être Etait-il un relais nécessaire Pour des oiseaux migrateurs Qui ne passent plus Werner Lambersy, éd Hermaphrodite Eloge de l’autre Celui qui marche d’un pas lent dans la rue de l’exil C’est toi C’est moi Regarde-le bien, ce n’est qu’un homme Qu’importe le temps, la ressemblance, le sourire au bout des larmes l’étranger a toujours un ciel froissé au fond des yeux Aucun arbre arraché Ne donne l’ombre qu’il faut Ni le fruit qu’on attend La solitude n’est pas un métier Ni un déjeuner sur l’herbe Une coquetterie de bohémiens Demander l’asile est une offense Une blessure avalée avec l’espoir qu’un jour On s’étonnera d’être heureux ici ou là-bas. Tahar Ben Jelloun g. VIDEOS, FILMS D’ANIMATIONS SUR INTERNET Clip de Pixar : http://www.youtube.com/watch?v=yJzQiemCIuY Un groupe d’oiseaux accueillent de façon très circonspecte un nouveau venu étranger. Mais finalement, « qui est pris qui croyait prendre ». Un beau matin, film d’animation en ligne de 12 mn http://www.youtube.com/watch?v=SP6fZrxFPMM D'après la nouvelle de Franck Pavloff Matin brun aux éditions Cheynes Film d'animation réalisé à partir des peintures de Solweig von Kleist. Un visage tourmenté... derrière la portière d'un véhicule qui s'éloigne. C'est celui de Fred, qu'on retrouvera en flash back, et qu'on entendra en voix off, commenter ses souvenirs. Dans un café, conversations, télévision. La présentatrice annonce une décision de l'Etat relative aux chiens et aux chats. Les clients parlent des vertus des animaux "bruns". A une table, Fred et son ami Charlie, photographe, échangent des banalités, et aussi qu'ils se sont séparés de leurs animaux domestiques qui n'étaient pas bruns. L'Autre c'est moi, spectacle de l’humoriste Gad Elmaleh (2005) Spectacle centré sur la figure du «blond », l'homme parfait qui n'a aucun souci pour surmonter les aléas de la vie. Le personnage est mis en différentes situations de crise ou de la vie quotidienne (le ski, une cuite… ) En streaming sur Internet : http://www.streamiz.com/video.php?id=102495 Dessins animés : Kirikou h . DIVERS SOCIOLOGIE : Pierre Bourdieu 24 AUTRES CITATIONS : 25 Femme actuelle, déc 98 26 V. REMERCIEMENTS Nous remercions chaleureusement toutes les personnes qui ont contribué à l’élaboration de ce dossier pédagogique, par leur présence aux réunions départementales ou par leurs suggestions à distance : Malika Ahmane , Déborah Babilon, Isabelle Bonnier, Christine Boucher, Solange Désert, Valérie Escalin, Sylviane Fernbach, Annette Fischer, Fabienne Helfer, Anne Hérin, Hamida Imadjadj , Danielle Kempf , Emmanuelle Lanche, Marie-Claude Mayer, Maryse Maret, Marie-Claude Quennedey, Sonia Rete, Nathalie Schimmel, Céline Weigel 27