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DOSSIER
PEDAGOGIQUE
2012
MOI, NOUS,
LES AUTRES
Centre Régional d’Appui Pédagogique et Technique
Centre d’Appui et de Ressources Régional de Lutte contre l’Illettrisme
4 rue de Sarrelouis 67000 STRASBOURG
℡ : 03 88 23 83 23
: 03 88 23 83 24
[email protected]
SOMMAIRE
I.
INTRODUCTION
p2
II.
PHASE D’ECHAUFFEMENT :
JEUX D’ECRITURE ET JEUX DE THEATRE
a. Remue-méninges, boîte à mots
b. Jeux d’échauffement
c. Jeux de théâtre
p4
p5
p6
PROPOSITIONS D’ECRITURE
a. Pistes sans proposition de mise en œuvre spécifique
b. Pistes d’ateliers d’écriture
p7
p8
III.
IV.
V.
RESSOURCES COMPLEMENTAIRES
a. Chansons
b. Citations
c. Images
d. Films
e. Littérature et extraits littéraires
f. Poésies
g. Vidéos, films d’animations sur Internet
h. Divers
p 12
p 13
p 14
p 15
p 17
p 20
p 24
p 24
REMERCIEMENTS
p 27
-1-
I. INTRODUCTION
Le thème de cette année : « MOI, NOUS, LES AUTRES »
Ce thème a été proposé par les animateurs de structures du réseau qui travaillent sur le
terrain et connaissent la sensibilité et les besoins des publics concernés. Il fait aussi
référence à un ouvrage de François Laplantine, anthropologue, qui traite des thèmes de la
différence et de l'altérité. Il permet d’aborder les préoccupations de notre société autour des
questions de représentations, d’identité et de vivre ensemble. En effet, l’hétérogénéité des
publics impliqués dans le Plaisir d’écrire nous amène à penser que le « vivre ensemble » ne
va pas de soi et demande souvent un effort de décentration et de distanciation par rapport à
des stéréotypes. Nous espérons donc que cette thématique sera propice à la découverte de
soi, à la rencontre de l’autre et à celle d’un collectif. Un thème porteur également pour
travailler sur la langue en relation avec la resocialisation et la mobilisation des écrivants en
vue d’une insertion sociale et professionnelle. Il présente également l’intérêt de faire à la fois
un lien avec le thème de la Semaine de la Langue française et de la Francophonie « Dis-moi
dix mots qui te racontent » ainsi qu’avec le thème du Printemps de l’Ecriture « Enfances ».
Par ailleurs, de nombreuses sous-thématiques y sont intrinsèquement liées et sont donc
abordées dans ce dossier pédagogique. A titre d’exemples : l’histoire de vie, la construction
de l’identité, la remise en question, le partage, l’amitié, la communication, la solitude, la
rencontre, le lien, l’ouverture aux autres, la peur de l’inconnu, les discriminations, la
solidarité, la place de l’individu dans la société, la citoyenneté...
« Moi, nous, les autres »
Le « moi » pose la question essentielle de notre identité personnelle. Qui suis-je moi qui
parle ? Il fait écho à ce qu’on est en son âme et conscience, à l’intimité, au domaine du privé,
à l’espace de l’intériorité. C’est aussi ce qu’on accepte de partager avec les autres, la notion
« d’extime » (cf Journal extime de Michel Tournier), mot valise pour intime et extérieur : « le
désir de rendre visibles certains aspects de soi jusque là considérés comme relevant de
l'intimité », Serge Tisseron. Le « moi » représente aussi le fait d’être sujet, d’être acteur de
sa propre vie, d’avoir une réflexion et un sens moral sur le sens de ses actes, tel le roseau
pensant de Descartes : je pense donc je suis. Qui étions-nous à un moment donné de notre
vie, qui sommes-nous à présent, qui serons-nous un jour ? L’identité se décline dès la
naissance et est symboliquement représentée par le nom. Comment t’appelles-tu ? D’où
vient ton nom, que signifie-t-il ? Autrement dit : qui es-tu ? C’est aussi la question de l’identité
au regard du lien avec autrui – je me construis avec, pour, contre, à travers les autres.
Le « nous » représente notre monde privilégié, le couple, la famille, les amis, le quartier, la
communauté. Il rapproche certains individus en les distinguant du reste du monde. Il
appartient domaine de l’inné, ce qui est donné à l’origine : je n’ai pas choisi ma famille ni
mon lieu de naissance, aussi bien qu’au domaine de l’élection personnelle : je choisis mes
amis, mes proches, mon groupe.
Les « autres » peuvent représenter ceux qui existent en-dehors du « moi » et du « nous »,
ceux que je ne connais pas, que peut-être je ne comprends pas, qui peuvent intriguer, faire
peur, mais attirer également. Ils sont ceux que je peux rencontrer, découvrir, avec lesquels je
peux confronter mes idées, ma vision de la vie, mes traditions et ma culture.
A travers le thème de l’identité et du rapport aux autres, écrire devient, selon Christian
Zimmermann, le fil de la vie en mouvement, une empreinte de la pensée et de l’existence. «
En écrivant on projette sa future absence » dit-il. Le trait se termine enfin, comme la vie, par
un point final ou un point d’interrogation. « L’écriture est un trait d’union entre la naissance
et la mort ».
-2-
Moi et Nous – Moi et les autres – Nous et les autres
Cette thématique a été représentée schématiquement de cette façon :
moi
nous
les autres
LIENS
ET
INTERDEPENDANCES
ainsi que de cette manière :
MOI
NOUS
LES
AUTRES
3
II. PHASE D’ECHAUFFEMENT :
JEUX D’ECRITURE – JEUX DE THEATRE
a. REMUE-MENINGES COLLECTIF
MOI
exister – nombril –
construction de l’identité –
intimité – corps – égocentré
– individu – individualisme –
solitude – unique – égoïsme
– remise en question –
expérience de vie – récit de
vie – souvenirs d’enfance –
mémoire – grandir – évoluer
NOUS
être ensemble - force du
groupe – famille – couple –
fratrie – groupe – clan –
communauté – amitié –
partage – ronde – sexualité
– communication – chaleur –
collectif –
LES AUTRES
enrichissement – altérité –
vivre ensemble – l’enfer – le
lien – clichés – nécessité –
main tendue – aide –
curiosité – citoyenneté –
ouverture – écoute – miroir –
regards – multiculturel –
différence – discrimination –
peur de l’inconnu – étranger
en soi – étranger pour les
autres – foule – tolérance –
co-habiter – voisinage –
empathie – acceptation –
éthique – ambivalence
et également :
MOI et NOUS : racines – filiation – héritage biologique, spirituel, culturel, social, historique –
vulnérabilité – fragilité – rencontre
NOUS ET LES AUTRES : communautarisme – l’humanité en soi –solidarité – survie – repli
identitaire – pouvoir - manipulation
MOI, NOUS, LES AUTRES : aller vers l’autre – rencontre – échanges – mouvement –
attitude – actions – société – normes – la place de l’individu dans la société- citoyenneté –
vivre-ensemble – reconnaissance et anonymat – respect d’autrui
AUTRE BOITE A MOTS
MOI : ce qui m’appartient, ce qui m’est personnel, ce qui m’est connu et ce qui m’est
surprenant
Etre solitaire, seul, individualiste, être isolé, l’intimité, être intime avec quelqu’un
Mon être, le centre, jardin secret, mon portrait, qui je suis, se reconnaître, se recentrer, la
construction individuelle, le moi exclusif puis le moi qui s’ouvre vers les autres
NOUS : le couple, le collectif, un ensemble, un groupe connu auquel on s’identifie, même
famille et mêmes valeurs, un groupe auquel on appartient, la fraternité, l’appartenance, la
solidarité, l’alliance, le partage, la chaleur, la richesse, un cercle, la force, le courage, la joie,
une certaine béatitude, un échange, un dialogue, les proches, la famille, les amis, le groupe,
la maison, chez nous, la communauté, le pays, le « on », la fusion, moi et un autre, moi et
les autres
LES AUTRES : ceux qui sont différents, étrangers, inconnus, bizarres, nombreux
Ceux qu’on montre du doigt, qui font peur, un ensemble en dehors de nous, ceux qui nous
enrichissent humainement
Eux, la découverte, l’entraide, l’intégration, le partage, l’amour des autres, l’échange, la
tolérance, l’ouverture, la crainte, un autre moi, le voisin, le quartier, opposition et
4
confrontation, la vie des autres, ici et là-bas : nostalgie, solitude, communication et noncommunication, être de quelque part, les origines, l’exil, les liens avec les autres, la
différence, les autres c’est pas moi, les ragots, les rumeurs, l’influence des uns par rapport
aux autres
b. JEUX D’ECHAUFFEMENT
Faire des listes ou des inventaires
Ce qui est essentiel pour moi - Ce qui me plaît
Ce qui me met en colère - Ce qui me fait rire
J’ai peur de … Je suis heureux quand…
Liste de mes petites manies, de mes fantasmes, liste de mes mensonges, de mes
vantardises, liste des petits riens qui me font plaisir, liste de mes trésors, liste de mes prières
Inventaire de vos poches ou de votre sac
Inventaire heureux de vos saisons
Inventaires de vos sens : je voudrais goûter… je voudrais entendre… je voudrais toucher…
je voudrais voir… je voudrais sentir…
Je ne voudrais pas mourir sans qu’on ait inventé …
Source : Faly Stachak, 350 techniques d’écriture créative, Histoire de listes, p 17 et
suivantes (disponible au Crapt-Carrli)
Variante : choses que l'on aimerait faire et qu'on ne fait plus / choses que l'on aimerait faire
et n'avons jamais fait
A la manière de Xavier de Maistre :
Un voyage autour :
De mon amour
De mon univers
De mon nombril
De ma bibliothèque
De mon lit
De mon tombeau
(cité dans Le Nouveau Magasin d’Ecriture)
Dire qui on est vraiment
« Débranche ton esprit logique qui pense que 1 + 1 = 2. Ouvre ton esprit à la possibilité que
1 + 1 = 48 ou une Mercedes Benz, une tarte aux pommes, un cheval bleu. Ne raconte pas
ton autobiographie avec des faits : «J’ai onze ans. Je suis un garçon. J’habite à Owatonna.
J’ai une mère et un père. »
Dis-moi qui tu es vraiment : « Je suis le givre sur la vitre, le cri d’un jeune loup, un frêle brin
d’herbe. » Oublie qui tu es, disparais dans tout ce que tu regardes – une rue, un verre d’eau,
un champ de maïs. Deviens entièrement chaque émotion que tu ressens, brûle en entier
avec elle. »
Chapitre "Ce que je suis vraiment", Natalie Goldberg, Les Italiques jubilatoires (disponible au
Crapt Carrli)
5
Faire un portrait négatif, à la manière de David Lodge
« Au lieu de compter les moutons, quand je suis éveillé, tôt le matin, je dresse parfois
l’inventaire des choses que je n’ai pas faites.
- Quoi par exemple ?
- Je n’ai jamais fait de ski, ni de surf, je n’ai jamais appris à jouer d’un instrument de musique
ou à parler une langue étrangère ou à faire de la voile ou de l’équitation. Je n’ai jamais
escaladé de montagne ni planté de tente ou pêché un poisson. Je n’ai jamais vu les chutes
du Niagara, je ne suis jamais monté au sommet de la Tour Eiffel et je n’ai jamais visité les
pyramides. »
David Lodge, Le British Museum
c. JEUX DE THEATRE
Animal et machine : le groupe forme des paires. Chaque paire détermine une machine et
un animal. Les paires sont séparées. Machines d’un côté du local et animaux de l’autre.
Chacun ferme les yeux (ou se les bande). Par le bruit uniquement, les paires doivent se
retrouver (l’animateur surveille pour assurer la sécurité si quelqu’un fonce dans le mur)
La bouteille : 2 ou 3 personnes sont situées derrière nous. Arrivera-t-on à se laisser tomber
tout en sachant fort bien qu’elles vont nous rattraper ? Quelle confiance fait-on aux autres ?
Peut-on s’en remettre aux autres quand l’enjeu nous concerne personnellement ?
La grande fresque
Le meneur donne un thème (un thème très concret ou une émotion). Un à un, les élèves se
placent près du mur en adoptant une position originale en fonction du thème. Au signal de
l'animateur, les élèves se placent un à un dans cette fresque en adoptant eux aussi une
position originale. On peut prendre des photos numériques de ces fresques pour les utiliser
pour amorcer une situation de jeu plus tard... D'autant plus que les élèves, étant tous au mur
n'ont pas la chance de voir un résultat.
Le sculpteur
Former des groupes de deux. Une personne joue le sculpteur et l’autre la matière. Distribuer
une image à chaque sculpteur sans la montrer à son camarade. Le sculpteur réalise une
statue avec le corps de son équipier uniquement par la voix. Exemple : « lève le bras, baisse
la tête… ». A la fin, la statue doit avoir la même position que la personne sur l’image donnée.
Le miroir :
Former des groupes de deux. Se placer face à face. « A » joue la personne et « B » le miroir.
Faire le maximum de mouvements, en commençant par les expressions du visage, puis par
des mouvements du corps, mais sans bouger de place. Inverser ensuite les rôles. Pistes de
réflexion autour de ce jeu : lorsque vous étiez le miroir, comment avez-vous pu suivre les
mouvements de la personne en face de vous ? Dans la vie quotidienne, quand avons-nous
besoin de penser à l'autre et pourquoi ?
Miroir synchronisé
Même principe que le jeu du miroir sauf que c’est obligatoirement en mouvement. Fait appel
à l’écoute, au contrôle et à la concentration.
La ficelle
But : écoute des participants
Par groupes de deux. Deux personnes ont un doigt attaché aux extrémités d’une même
ficelle (environs 30 cm). Ils ferment les yeux et bougent, sur place ou non, sans que la corde
soit tendue au point que l’un des deux guide le mouvement ni sans que la corde soit lâche.
6
Le mouvement doit être suivi avec acceptation. Dans un premier temps, afin que l’exercice
soit réalisable, les mouvements devront être extrêmement lents.
Les chaises
Quelques chaises sont mises à disposition au centre du cercle. Chacun à son tour, un
participant va prendre une chaise, ou deux chaises ou davantage, et va les placer dans une
certaine position (face à face, côte à côte, tombées, debout…)
On mémorise les positions des chaises, et après on imagine une situation à partir de ces
positions : qui parle ? A qui ? Pour dire quoi ? Quel est le décor ? …
III. PROPOSITIONS D’ECRITURE
a. PISTES SANS PROPOSITION DE MISE EN OEUVRE SPECIFIQUE
• Autour du mariage : moments particuliers et morceaux choisis – la dot – les préparatifs – la
rencontre – les petits ratés – le trousseau – hier et aujourd’hui … et demain ? – le choix des
cadeaux – les petits inconvénients
• Avant, maintenant et demain
Quand j’étais petit(e), on…
Maintenant, on (ou je) fait ….
Et demain j’aimerais faire …
Liste non exhaustive de thèmes : la cuisine, les déplacements, les fêtes, l’éducation…
• PROPOSITIONS DE FALY STACHAK – 350 techniques d’écriture créative : p 168 et
suivantes
Dans la boîte : souvenirs d’enfance
« Ce fut dans un recoin du grenier qu’il découvrit une boîte de petites fèves des marais
décortiquées de chez Heudebert. La boîte était d’un bleu soutenu, avec une étiquette à
toutes petites lettres fines et l’image d’un centaure à barbe frisée tirant de l’arc. Elle avait
épuisé le sourd et très tenu relent de légumes secs. Elle ne sentait plus que cette odeur de
moisissure qui, à dose impondérable, concourt à l’intérieur honnête… » Jean Follain,
L’Epicerie d’enfance,
Et dans votre boîte aux odeurs d’enfance, qu’allez-vous trouver ?
Le journal intime écrit quand on était ado
Le livre qui nous a marqué enfant …
• Autour des métiers anciens : quel métier aimerais-je exercer ? Pourquoi ? Qu’est-ce qui me
fait rêver dans ce métier ?
7
• Avec une photo : le « hors-cadre »
Dire ce qu’on ne voit pas
Dire ce qu’on entend…
Raconter l’histoire qui se passe autour de cette photo
• Avec une photo de classe :
« En bas à droite c’est moi ». Racontez une journée de l’écolier que vous étiez.
Avec une affiche de film :
Choisir une affiche de film avec plusieurs personnages : un qui soit le centre de l’affiche
(personnage principal), un autre qui puisse représenter une personne proche, et enfin, des
« autres ». Les écrivants se mettent dans la peau d’un des personnages et le font interagir
avec les autres.
• Avec la sculpture ou la peinture
Peintures de Bothero
Sculptures de Giacometti
b. PISTES D’ATELIERS D’ECRITURE – à adapter en fonction du public
ATELIER 1 : « L’autre, c’est qui ? »
Public : débutant
Pistes de réflexion : regarder l’autre, c’est déjà aller à sa rencontre.
Consignes :
- « L’autre, c’est … » : regardez autour de vous et établissez une liste qui commence par
L’autre, c’est …Exemples : « L’autre, c’est Fabienne qui porte un gilet rose avec des fleurs
qui font penser au printemps. L’autre, c’est cette personne qui passe dans le couloir avec
des dossiers sous le bras »
- Qui fait quoi ? imaginer ou décrire quelqu’un qu’on voit dans la rue, ou dans un bureau, ou
dans un café …
- Se dessiner l’un l’autre
ATELIER 2 : « Représentation et perception d’autrui »
Public : débutant
Pistes de réflexion : comment perçoit-on quelqu’un qu’on ne connaît pas ? A quoi cette
représentation est-elle liée ? Dans quelle mesure représente-t-elle la réalité ?
8
Moyens : réaliser de petites cartes avec des portraits de personnes qui montrent des
expressions différentes : les rires, les pleurs, le sérieux, la concentration, etc…. Les portraits
peuvent être tirés du 19è ou du 20è siècle.
Production : chaque écrivant choisit un portrait. Il imagine qui peut être la personne sous
forme d’une carte d’identité.
ATELIER 3 : « Le don et le contre-don »
(atelier mené en 2010 à partir des 10 mots de la langue française et
de la francophonie)
Public : débutant
Pistes de réflexion : se connaître soi, mieux connaître les coécrivants, le partage, le don
Moyens : chocolats type « Quality street », petits papiers découpés,
cartes vierges et images pour collages
1ère séquence : parler de soi à travers un mot et enclencher la
communication entre les différentes personnes
2ème séquence : don et contre-don : offrir des mots
3ème séquence : atelier manuel permettant à un groupe lecteur et à
un groupe non-lecteur de participer et d’offrir des cartes
correspondant à chaque personne
Première séquence (mots clefs 2010 : accueillant – agapes)
Distribuer un chocolat emballé (type « Quality street ») et d’un carré de papier de couleur par
personne. Demander à chaque personne d’écrire un mot qui le caractérise ou qu’il aime
particulièrement. Glisser ce mot dans le chocolat et le mettre dans le panier commun. Faire
tirer à chaque personne un chocolat et compléter la phrase suivante au choix : « Ce mot me
plaît car …… » / « Ce mot ne me plaît pas car …………….. ». Lorsque tous les participants
ont fini d’écrire le mot, chacun lit son papier. La personne qui a écrit le mot dit qui elle est et
pourquoi elle a choisi ce dernier.
Deuxième séquence (mots clefs 2010 : avec – harmonieusement)
Trouver 3 X 3 mots comprenant les sons cho/co/lat (L’orthographe n’a aucune importance,
seuls les sons sont importants). Les écrire sur des petits papiers (une couleur par son) et les
mettre dans un chapeau. Chaque personne tire 5 mots. Si elle tombe sur l’un des siens, cela
n’a aucune importance. Contrainte d’écriture : les 5 mots doivent apparaître dans le texte et
chaque phrase doit commencer par : « Je t’offre » et la dernière par « Je ne t’offre pas ….. ».
Chaque texte s’adresse à la personne à côté d’elle.
Ensuite, chaque personne lit son texte et le remet à la personne à laquelle il est destiné.
Troisième séquence (mots clefs 2010 : complice – main)
Chaque personne écrit son prénom sur un papier, le plie et le met dans un chapeau
commun. Ensuite, chaque personne tire un prénom mais le remet dans le chapeau si c’est le
sien. Chaque participant doit faire un collage sur une carte destinée à la personne dont il a
tiré le prénom dans le chapeau, y mettre quelques mots puis offrir la carte à cette personne.
Les personnes qui ne savent pas lire, ni écrire se feront aider par les formatrices pour écrire
ces quelques mots.
Pour plus d’infos : http://fr.wikipedia.org/wiki/Don_et_contre-don
VARIANTE : « Je te donne »
A partir du poème de Jean Joubert « Je te donne ce poème »
Je te donne ce poème, le mot arbre, le mot maison,
et sentier, ruche, rivière, mésange, jardin, lumière,
lune et soleil, nuit et jour, étoile, sourire, amour,
le mot cœur, le mot caresse.
Je te donne la promesse de l'amitié du monde.
9
Consignes :
- chaque participant écrit son prénom de façon artistique sur une feuille. La feuille est
pliée et mise dans un pot commun (chapeau ou autre contenant), puis tirée au sort
par les autres participants – on ne peut pas garder son prénom
- lecture du poème de Jean Joubert et écriture d’un poème sur ce modèle pour la
personne dont on a tiré le prénom au sort
ATELIER 4 : « Autour de la Déclaration des droits de l’homme et du
citoyen » (1789)
Public : tous niveaux
Support : le préambule de la Déclaration et l’article 1er
« Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits.
Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les
autres dans un esprit de fraternité. »
Consigne : dans le Préambule, les participants choisissent des mots qu’ils
estiment en rapport avec « moi, nous, les autres ». Exemples : humanité,
monde, être humain, homme, vie, femme, universel, contraint, valeur,
territoire….
Production : écriture d’un texte à partir de quelques-uns de ces mots choisis en
commun
ATELIER 5 « Rencontres »
Public : tous niveaux
Pistes de réflexion : comment en arrive-t-on à se rencontrer ? Comment poser ses limites
par rapport aux autres ? De quel espace ai-je besoin pour exister par rapport aux autres ?
Où commence l’espace de l’autre ? Qu’est-ce qu’un espace vital ? Qu’est-ce qu’une
frontière, une limite, quelles sont les normes de vie en société ?
Moyens : disposer d’une grande feuille de papier et de pots de peinture de couleurs
différentes.
Production : chaque participant commence à peindre sur une partie de la feuille. Les
animateurs ne leur donnent pas de consignes précises si ce n’est « vous pouvez peindre ce
que vous voulez ». Les participants se gèrent seuls : comment vont-ils définir leur espace de
travail ? quelles limites vont-ils poser ? comment appréhendent-ils l’espace de travail du
voisin ? Peut-on empiéter dessus ? Faut-il demander ? …
A lire à ce sujet, l’atelier d’écriture de Michel et Odette Neumayer : Dans les marges
d’Alechinksy, reproduit en partie seulement ici :
ATELIER 6 : « Dans les marges d’Alechinsky : en évolution permanente, les relations du
centre et de la marge »
Public : tous niveaux
Phase 3 : L’espace commun (p 138)
Consigne n°1 : assemblages et non juxtaposition . Des groupes de 4 se constituent sur la
base de la variété, de la complémentarité des productions de la phase 1. puisant dans les
matériaux non utilisés de cette même phase, chaque groupe produit à présent son espace
commun sur un papier de format raisin (65 x 50) : un premier participant commence sous le
regard des autres qui prennent la relève le moment venu. Cet espace sera comme une
extension, un croisement des espaces individuels antérieurs.
Construire un nouvel espace pour le partager, alors que l’on vient à peine d’investir une
« propriété » peut sembler déraisonnable. Mais peut-on laisser chacun s’enfermer dans sa
10
production ? En introduisant le paramètre nouveau de l’élaboration collective – donc
négociée – d’un futur espace commun, on permet ainsi aux participants de mesurer combien
l’imaginaire de chacun gagne à se frotter à celui des autres et à s’en nourrir. (…) Quelles
sont les conditions pour que la fabrication soit productive et fructueuse pour tous ? Que
chacun ait non seulement la volonté de participer à l’échange mais encore de valoriser ce
qui est mis dans le pot commun, voire de solliciter les autres membres du groupe par des
demandes explicites : « Je te fais confiance pour fabriquer ce qui manque puis nous
organiserons l’ensemble. » Alors apparaîtront la proximité des expériences et des univers,
leur humanité commune.
« Qu’il est difficile de partager un espace commun ! Négociations faites d’un mélange entre
ordre et chaos. Perdre l’individu pour gagner le groupe. » Yves
Nous ne reproduisons ici que la phase 3 p 135 (sur un total de 5 phases). Pour se reporter à
la totalité de l’atelier, voir l’ouvrage Pratiquer le dialogue arts plastiques-écriture, Odette et
Michel Neumayer, éd Chronique sociale 2005 (disponible au Crapt-Carrli)
ATELIER 7 : Ma liberté
« Ma liberté s’arrête là où commence celle des autres »
Public : tous niveaux
Ressources : lecture de la poésie Ma liberté de Maurice Carême ou
écoute de la chanson Ma liberté de G. Moustaki. Donner une
définition de la poésie : « L’expression de la beauté par
l’intermédiaire de mots combinés avec art »
Déroulement :
1. Mettre sur la table des photos qui peuvent représenter la liberté :
voyages, ange, horizon, sport, oiseau, enfants, prière, bougie,
famille, et une feuille blanche pour ceux pour qui la liberté n’est pas
représentée par une de ces photos
2. Décrire la photo (ou ce qu’ils mettraient sur la feuille blanche) A quoi fait écho le mot
« liberté » ? Trouver des rimes pour ces mots-là. Les noter pour avoir des mots à disposition
3. Ecrire un poème sur le thème « Ma liberté »
ATELIER 8 : identités warholiennes
Une biographie est considérée comme complète lorsqu’elle rend compte simplement
de cinq ou six Moi alors qu’un être humain peut en avoir cinq ou six mille. Virginia
Woolf
Public : tous niveaux
Pistes de réflexion :
Une personne voit son identité évoluer au cours de sa vie. Dans
quelle mesure est-ce vrai ?
Supports : imprimer une planche de portraits d’Andy Warhol (cf
Marilyn Monroe ou Che Guevara)
Consigne 1 : Comme Andy Warhol le fait par la peinture, décliner l’identité d’une même
personne en plusieurs versions par l’écriture. Pour cela, prendre 4 carrés de couleur
différente et sur chaque carré, raconter en quelques phrases qui est cette personne, en
11
commençant cependant toujours par la même phrase par exemple : « J’ai 24 ans. Je
m’appelle Chris. » puis enchaîner sur ce qui est important pour cette version du personnage
à un moment donné de sa vie. Enfin, coller les carrés pour former un seul grand ensemble
A4 de quatre couleurs différentes.
Consigne 2 : A partir d’une chanson d’Axel Bauer : « Eteins la lumière », choisir 1 version du
personnage qu’on vient de créer, et écrire sur son côté sombre
Eteins la lumière
Montre-moi ton côté sombre
Regarde les ombres qui errent
Cherche un peu de lumière
Tout s’éclaire
ATELIER 9 : un voyage initiatique (à la manière d’Henri Michaux)
« Je est un autre ». Arthur Rimbaud
Dans cet atelier, nous allons découvrir de nouveaux horizons et de nouvelles cultures
Public : écriture en construction et avancée
• Etape 1 : le départ. Tirer au sort un mode de transport et une raison de départ. Raconter
son voyage
• Etape 2 : la découverte d’un nouveau peuple
Lecture d’un extrait de « Voyage en Grande Garabagne », de Henri Michaux
« Les Arnadis : les Arnadis ne sont pas plus importants que les Nijidus. Tous ratatinés. Je
mets ensemble les Bévins, les Souvgattes et les Arnavas. Ils se distinguent entre eux,
paraît-il. Peut-être. A force d’attention. »
Consigne : inventer des lieux et peupler le monde
- A partir de lieux existants (villes, régions, pays), inventer de nouveaux noms en découpant
les noms de lieux en syllabes et en réarrangeant les syllabes entre elles (mots valises) ex :
Strasbourg et Constantine = Strasconstine
- dans ces lieux nouvellement baptisés viennent se placer des peuples, une faune, une flore
qui sont à nommer. Pour imaginer le nom d’un peuple, chacun dispose d’un carton à
compléter : « les Ourg… » « les Mas…. » « les Omo…. » « les Nij…. » « les Eman…. » « les
Gari… » « les Roc…. »
Production : Vous avez été accepté par la peuplade qui vous a accueilli. Racontez ce qui
vous surprend dans leur culture, et comment s’est effectué votre le rite de passage.
IV. RESSOURCES COMPLEMENTAIRES
a. CHANSONS
• Toi et moi, Grégoire
• 3 milliards de petits Chinois, et moi et moi et moi, Dutronc
• Je m’appelle Emilie Jolie, Philippe Chatel
• La fille qui habite chez moi, Benabar
• Nous, Hervé Villard
• Entre nous, Chimène Badi
• Une chanson qui nous ressemble, Jacques Prévert
• Les autres, Abd al Malik
• Ziggy, un garçon pas comme les autres, Céline Dion
• Les Uns contre les autres, Fabienne Thibault
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b. CITATIONS
Autour du « moi »
Qui suis-je ? Je suis né (…) Comment ? Pourquoi ?
Pourquoi ? Voilà une bonne question… Perec, Je suis né, Le Seuil 1990
Je est un autre. Arthur Rimbaud
L'opinion qu'on a de soi est celle qui change le moins. De vous à moi - Anne Barratin
L’écriture est un trait d’union entre la naissance et la mort. Christian Zimmermann
Le temps marche si vite qu’au moment où je parle
Je ne suis déjà plus ce que j’étais avant
Jean Tardieu
Le moi est haïssable. Pascal, Pensées
Une biographie est considérée comme complète lorsqu’elle rend compte simplement de cinq
ou six Moi alors qu’un être humain peut en avoir cinq ou six mille. Virginia Woolf
J’écris pour me parcourir. Henri Michaux
Je souhaite plus que toute autre chose au monde pouvoir remplir une page blanche et sentir
arriver cette chose étrange, cet accouchement au bout de mes doigts. Quand on se sent
incapable d’écrire, on se sent exilé de soi-même. Harold Pinter
Connais-toi toi-même. Socrate
Comment faire un soi-même avec de l’autre ? J.P. Vernant
Chacun est à soi-même le plus lointain. Nietzsche
Autour du « nous »
Ecoute le monde entier appelé à l’intérieur de nous. Valère Novarina
Nos ancêtres sont nos enfants, par un trou dans le mur nous les regardons jouer dans leur
chambre, et ils ne peuvent pas nous voir. Origines - Amin Maalouf
Autour des « autres », d’ «autrui »
L’homme le plus heureux est celui qui fait le bonheur d’un plus grand nombre d’autres.
Diderot
Il faut aimer les gens, non pour soi, mais pour eux. Collin d’Harleville
Dans ta vie, il faut apprendre à compter ; mais non pas sur les autres. Paul-Jean Toulet,
Monsieur du Paur, homme public
Les autres, hélas ! C’est nous. Georges Bernanos
13
N'oublie jamais que pour les autres tu es un autre. Gérard Bessette
Juger autrui, c'est se juger. William Shakespeare
Autrui, pièce maîtresse de mon univers. Michel Tournier - Vendredi ou les limbes du
Pacifique
La vie n'est rien sans autrui. Koffi Kokora
Dans le bonheur d'autrui, je cherche mon bonheur. Pierre Corneille
Le langage, c’est une façon de construire une moitié de pont vers les autres. Christian Voltz
La société humaine, le monde, l’homme tout entier est dans l’alphabet. L’alphabet est une
source. Victor Hugo
c. IMAGES
7 milliards d’autres, un projet de Yann
Arthus-Bertrand
http://www.6milliardsdautres.org/
Exposition organisée en 2009 au Grand Palais de
Paris, résultat d’un projet lancé en 2003 par le célèbre
photographe Yann Arthus-Bertrand. 6 reporters ont
sillonné les 5 continents afin d’en ramener des
témoignages filmés, montrant la très grande diversité
humaine. Le site présente les interviews audio de ces
personnes.
14
d. FILMS
Effroyables jardins, de Jean Becker avec Jacques Villeret
Lucien, 14 ans, ne comprend pas pourquoi son père, un instituteur sérieux et respecté, se ridiculise dans un
numéro de clown amateur. Un jour, le meilleur ami de son père lui raconte qu'à la fin de la guerre, tous deux ont
commis un acte de résistance dérisoire, mais qu'ils ont été capturés par les Allemands et jetés avec dans un "cul
de basse-fosse" en attendant d'être fusillés... A travers ce récit, Lucien va découvrir la bravoure et la fraternité
que son père dissimule derrière son humilité.
Festen, de Thomas Vinterberg avec Henning Moritzen
Tout le monde a été invité pour les soixante ans du chef de famille. La famille, les amis se retrouvent dans le
manoir d'Helge Klingenfelt. Christian, le fils aîné de Helge, est chargé par son père de dire quelques mots au
cours du dîner, sur sa soeur jumelle, Linda, morte un an plus tôt. Tandis qu'au sous-sol tout se prépare avec pour
chef d'orchestre Kim, le chef cuisinier, ami d'enfance de Christian, le maître de cérémonie convie les invités à
passer à table. Personne ne se doute de rien, quand Christian se lève pour faire son discours et révéler de
terribles secrets.
Intouchable, de Eric Toledano avec François Cluzet
A la suite d’un accident de parapente, Philippe, riche aristocrate, engage comme aide à domicile Driss, un jeune
de banlieue tout juste sorti de prison. Bref la personne la moins adaptée pour le job. Ensemble ils vont faire
cohabiter Vivaldi et Earth Wind and Fire, le verbe et la vanne, les costumes et les bas de survêtement… Deux
univers vont se télescoper, s’apprivoiser, pour donner naissance à une amitié aussi dingue, drôle et forte
qu’inattendue, une relation unique qui fera des étincelles et qui les rendra… Intouchables.
Je vais bien ne t’en fais pas, de Philippe Lioret avec Mélanie Laurent
Comme elle rentre de vacances, Lili, 19 ans, apprend par ses parents que Loïc, son frère jumeau, suite à une
violente dispute avec son père, a quitté la maison. Loïc ne lui donnant pas de nouvelles, Lili finit par se persuader
qu'il lui est arrivé quelque chose et part à sa recherche. Autour de la fraternité, de la solitude, de l’absence, de
« nous » de la gémelléité.
Joueuse, de Caroline Bottaro avec Sandrine Bonnaire
D’après le roman La joueuse d’échec, de Bertina Henrichs.
Dans un petit village de Corse, la vie d'Hélène, effacée et discrète, est faite de jours qui s'enchaînent et se
ressemblent...Femme de chambre dans un hôtel, elle semble apparemment heureuse avec son mari et sa fille de
quinze ans. Tout bascule le jour où, faisant le ménage d'une des chambres de l'hôtel, elle surprend, fascinée, un
couple d'américains qui joue aux échecs sur une terrasse. Hélène mettra tout en oeuvre, avec obstination, pour
maîtriser les règles des échecs jusqu'à l'excellence. Mais cette métamorphose positive vers une nouvelle liberté
ne se fera pas sans modifier profondément ses relations avec sa famille, ses amis et les habitants de village.
La journée de la jupe, de Jean-Paul Lilienfeld avec Isabelle Adjani
Sonia Bergerac est professeur de français dans un collège de banlieue difficile. Elle vit difficilement la dureté
quotidienne des relations avec ses élèves, et est d'autant plus fragilisée par le départ de son mari. Lors d'une
répétition de théâtre avec une de ses classes, elle découvre un pistolet dans un sac d'élève. En cherchant à s'en
emparer, un coup part et blesse un élève à la jambe. Dans la confusion du moment, elle craque et prend sa
classe en otage.
La mauvaise rencontre, de Josée Dayan avec Anglade et Jeanne Moreau
D’après le roman de Philippe Grimbert
« Rien n’aurait dû séparer les deux garçons, croix de bois croix de fer, à la vie à la mort. Il n’y a pas eu de
rivalités imbéciles, c’est autre chose qui les a déchirés, quelque chose qui était là depuis le début, mais que
personne ne pouvait encore imaginer. Un beau et grand récit de l’intime »
La source des femmes, de Radu Mihaileanu avec Leïla Bekhti
Cela se passe de nos jours dans un petit village, quelque part entre l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient. Les
femmes vont chercher l'eau à la source, en haut de la montagne, sous un soleil de plomb, et ce depuis la nuit des
temps. Leila, jeune mariée, propose aux femmes de faire la grève de l'amour : plus de câlins, plus de sexe tant
que les hommes n’apportent pas l’eau au village.
La vague, de Denis Gansel avec Jürgen Vogel
En Allemagne, aujourd'hui. Dans le cadre d'un atelier, un professeur de lycée propose à ses élèves une
expérience visant à leur expliquer le fonctionnement d'un régime totalitaire. Commence alors un jeu de rôle
grandeur nature, dont les conséquences vont s'avérer tragiques.
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Les Neiges du Kilimandjaro, de Guédiguian avec Ariane Ascaride et Jean-Pierre
Darroussin
Bien qu’ayant perdu son travail, Michel vit heureux avec Marie-Claire. Leurs enfants et leurs petits-enfants les
comblent. Ils ont des amis très proches. Ils sont fiers de leurs combats syndicaux et politiques. Ce bonheur va
voler en éclats avec leur porte-fenêtre devant deux jeunes hommes armés et masqués qui les frappent, les
attachent, leur arrachent leurs alliances, et s’enfuient avec leurs cartes de crédit… Leur désarroi sera d’autant
plus violent lorsqu’ils apprennent que cette agression a été organisée par l’un des jeunes ouvriers licenciés avec
Michel.
Les Uns les Autres, de Cornelia Hummel
Une crèche, des enfants. Et une caméra parmi eux.
Au coeur des interactions expérimentées les uns avec les autres,
les uns contre les autres, les uns sans les autres, les uns pour les autres,
les uns les autres.
Potiche de François Ozon avec Deneuve, Depardieu et Luchini
En 1977, dans une province de la bourgeoisie française, Suzanne Pujol est l’épouse popote et soumise d’un riche
industriel Robert Pujol. Il dirige son usine de parapluies d’une main de fer et s’avère aussi désagréable et despote
avec ses ouvriers qu’avec ses enfants et sa femme, qu’il prend pour une potiche. À la suite d’une grève et d’une
séquestration de son mari, Suzanne se retrouve à la direction de l’usine et se révèle à la surprise générale une
femme de tête et d’action. Mais lorsque Robert rentre d’une cure de repos en pleine forme, tout se complique…
Seul au monde, de Robert Zemeckis avec Tom Hanks
Chuck Noland sillonne le monde pour améliorer les performances de son entreprise Fedex et la productivité de
ses équipes. Un jour, il quitte Los Angeles à bord d'un petit avion qui s’écrase au-dessus de l’océan pacifique. Il
échoue sur une île déserte et pendant quatre ans, il va tenter de s'adapter à cet environnement sauvage en
surmontant l'épreuve terrible de la solitude.
Toi, moi, les autres, comédie musicale de Audrey Estrougo
Gab a une vie rangée : une fiancée, un mariage en préparation, une famille aisée. Leïla fait des études de droit, a
un petit frère turbulent, une maman partie trop tôt. Lorsque Gab renverse le petit frère de Leïla, c’est le choc des
mondes et le début d’une grande histoire d’amour qui va se heurter violemment à la réalité. Tina, confidente de
Leïla est sans papiers et sous la menace d’une reconduite à la frontière.Elle se fait arrêter. Alors que le monde de
Leïla s’effondre, Gab est prêt à tout pour elle, même à s’opposer à son père, préfet de police.
Toutes nos envies, de Philippe Lioret avec Vincent Lindon
Claire, Jeune juge au tribunal de Lyon, rencontre Stéphane, juge chevronné et désenchanté, qu'elle entraîne
dans son combat contre le surendettement. Quelque chose naît entre eux, où se mêlent la révolte et les
sentiments, et surtout l'urgence de les vivre.
Un air de famille, de Cédric Klapisch avec J.P. Bacri
Toutes les semaines dans la famille Menard, on se réunit au café dont Henri est le patron et on va manger tous
ensemble Aux ducs de Bretagne. Ce soir, qui est pourtant un jour de fête, car c'est l'anniversaire de Yolande la
belle-fille, un incident va venir troubler les habitudes. Arlette, la femme d'Henri, est partie une semaine pour
réfléchir, ce qui va destabiliser les autres membres de la famille.
Va, vis et deviens, de Radu Mihaileanu avec Yaël Abecassis
En 1984, des milliers d'Africains de 26 pays frappés par la famine se retrouvent dans des camps au Soudan. A
l'initiative d'Israël et des Etats-Unis, une vaste action est menée pour emmener des milliers de Juifs éthiopiens
vers Israël.Une mère chrétienne pousse son fils de neuf ans à se déclarer juif pour le sauver de la famine et de la
mort. L'enfant arrive en Terre Sainte. Déclaré orphelin, il est adopté par une famille française sépharade vivant à
Tel-Aviv. Il grandit avec la peur que l'on découvre son double-secret et mensonge : ni juif, ni orphelin, seulement
noir. Il découvrira l'amour, la culture occidentale, la judaïté mais également le racisme et la guerre dans les
territoires occupés
Welcome, de Philippe Lioret avec Vincent Lindon
À Calais, Bilal, jeune migrant kurde sans-papier, tente d'aller en Angleterre pour retrouver sa petite amie kurde et
devenir footballeur professionnel. Il fait donc appel à un passeur et embarque à bord d'un poids lourd avec
d'autres migrants, mais ils sont repérés et arrêtés par la police. Il décide alors de prendre des cours de natation
pour traverser la Manche à la nage. Il se rend à la piscine municipale où il rencontre Simon, un Français médaillé
d'or en natation, devenu maître-nageur et vivant difficilement une rupture de couple...
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e. LITTERATURE et EXTRAITS LITTERAIRES
Huis-clos, Sartre
Résumé :
Trois personnages se retrouvent à leur mort dans une même pièce. Il s'agit de Garcin, journaliste, Inès, employée
des Postes et Estelle, une riche mondaine. Ils ne se connaissent pas, viennent de milieux très différents, ne
partagent ni les mêmes convictions ni les mêmes goûts : « l'Enfer, c'est les autres ». Cette phrase, qui a valu à
Sartre les pires accusations, explique seulement que la vie « se ressent, se perçoit » à travers les autres ; rien ne
vaut les individus qui nous font prendre conscience de nous-mêmes, de la triste réalité humaine, mais qui restent
nécessaires pour se réaliser.
Il avait plu tout le dimanche, Philippe Delerm
Résumé : Le sujet de Il avait plus tout le dimanche c'est le il, un il tout proche du on de l'impersonnel et de
l'anonyme. Monsieur Tout le monde. Or, Delerm présente son petit personnage terne, Spitzweg sous l'angle de
ses particularités. Il opère une sorte de compromis entre la tradition moderne, si l'on peut dire, de l'homme sans
qualités et les attributs fixes du personnage du roman psychologique traditionnel. Spitzweg est à la fois tout le
monde et personne.
Extrait :
Monsieur Spitzweg est seul. Ça s’est fait tout doucement. Une jeunesse en Alsace. L’idylle informulée avec
Hélène, la fille de la Winstub Necker. Une idylle lourdement supposée par tous les regards du village, et les
petites phrases à la boulangerie. Tellement qu’à la fin, Hélène s’est lassée de l’idée trop vieille. Elle aimait bien
Arnold Spitzweg, sans plus. Sous les cheveux blonds et fins de son promis, on devinait l’arrondissement futur des
traits, la calvitie prochaine. Elle a préféré le grand Wolheber, un fils de vigneron très brun, épaules larges,
hanches étroites.
Arnold est parti à Paris pour ça aussi. Pas que pour ça. Ça lui plaisait d’être le fils Spitzweg qui travaille à Paris.
Puis ses parents sont morts, et plus grand monde à retrouver à la winstub, à l’heure des noix, du vin nouveau.
Alors on revient moins souvent, de moins en moins faraud. A Kinzheim, il y a encore une poignée de gens pour
lancer :
- Arnold ! Comment ça va dans la capitale ! Arnold… Oh ! bien sûr, il est encore capable d’échanger quelques
phrases en dialecte. Mais son prénom lui semble drôle, comme un habit d’emprunt qu’on glisserait sur lui. Même
en parlant il se sent seul. Monsieur Spitzweg.
Journal extime de Michel Tournier
«Il y a longtemps que j'ai pris l'habitude de noter non seulement les étapes et incidents de mes voyages, mais les
événements petits et grands de ma vie quotidienne, le temps qu'il fait, les métamorphoses de mon jardin, les
visites que je reçois, les coups durs et les coups doux du destin. On peut parler de "journal" sans doute, mais il
s'agit du contraire d'un "journal intime". J'ai forgé pour le définir le mot "extime".» Michel Tournier
La belle amour humaine, Lyonel Trouillot
Résumé : Dans une île des Caraïbes, une jeune Occidentale est venue, sur les traces de son père, éclaircir
l'énigme aux allures de règlement de comptes qui fonde son roman familial. Au fil de récits qu'elle recueille et qui,
chacun à leur manière, posent une question essentielle – "Quel usage faut-il faire de sa présence au monde ?" –,
se déploie, de la confrontation au partage, une cartographie de la fraternité nécessaire des vivants face aux
appétits féroces de ceux qui tiennent pour acquis que le monde leur appartient.
La douleur, Marguerite Duras
Résumé : Robert Antelme, époux de Marguerite Duras, vient de rentrer des camps de la mort.
Duras raconte ce qui reste d’humain en lui – et ce qui l’est moins, ce qui le sépare des autres, du reste des
hommes
Extrait :
Au commencement le cou faisait un angle droit avec l’épaule. En haut, le cou pénétrait à l’intérieur du squelette, il
collait en haut des mâchoires, s’enroulait autour des ligaments comme un lierre. Au travers on voyait se dessiner
les vertèbres, les carotides, les nerfs, le pharynx et passer le sang : la peau était devenue du papier à cigarettes.
Il faisait donc cette chose gluante vert sombre qui bouillonnait, merde que personne n’avait encore vue. Lorsqu’il
l’avait faite on le recouchait, il était anéanti, les yeux mi-clos, longtemps.
Pendant 17 jours, l’aspect de cette merde resta le même. Elle était inhumaine. Elle le séparait de nous plus que
la fièvre, plus que la maigreur, les doigts désonglés, les traces de coups de S.S. On lui donnait de la bouillie
jaune d’or, bouillie pour nourrisson et elle ressortait de lui vert sombre comme de la vase de marécage. (…)
Evidemment il avait fouillé dans les poubelles pour manger, il avait mangé des herbes, il avait bu de l’eau des
machines, mais ça n’expliquait pas. Devant la chose inconnue on cherchait des explications. On se disait que
peut-être là sous nos yeux, il mangeait son foie, sa rate. Comment savoir ? Comment savoir ce que ce ventre
contenait encore d’inconnu, de douleur ? (…) Au bout de 17 jours la mort se fatigue. Dans le seau elle ne
bouillonne plus, elle devient liquide, elle reste verte, mais elle a une odeur plus humaine, une odeur humaine. (p
73 et suivantes)
17
La petite fille de Monsieur Linh, Philippe Claudel
Monsieur Linh, un vieux monsieur, fuit sa patrie - est-ce le Vietnam ? - après la mort de son fils et de sa belle-fille.
Il emmène avec lui Sang Diû, sa petite fille, la prunelle de ses yeux, bébé calme et obéissant qui aime que son
grand-père lui chante une chanson : 'Toujours il y a le matin / Toujours revient la lumière / Toujours il y a un
lendemain / Un jour c'est toi qui seras mère.' Philippe Claudel raconte l'épopée d'un expatrié en France, les
conditions pénibles, voire hostiles, auxquelles il est soumis, ses rencontres et les amitiés qui se lient.
La préférence nationale, Fatou Diome
Résumé : « Le visage de l’emploi » Fatou Diome nous raconte son enfance miséreuse à Niodor, son arrivée en
France et ses déboires face au racisme quotidien qu'elle subit. Cette demoiselle d'origine sénégalaise, titulaire
d'une licence de lettres modernes, doit faire face aux préjugés de ses différents employeurs. Malgré son niveau
d'études, elle ne trouve que des emplois de femme de ménage et subit l'arrogance de ses patrons, une famille
vulgaire et sale qui – persuadée que, parce qu’elle est femme de ménage, elle est aussi demeurée – s’amuse à
donner à la femme qui vient nettoyer leurs saletés le doux sobriquet de «Cunégonde». Jusqu’au jour où, par
hasard, Monsieur croise la jeune femme en question à la bibliothèque et comprend que ses railleries mesquines
n’ont pas été perdues pour tout le monde. «Cunégonde» est en DEA de lettres…
Extrait : Ses épaules s’affaissèrent, ses traits déformés se figèrent et son visage rouge semblait contenir tout le
mauvais vin qu’il avait ingurgité dans sa vie peu raffinée. Il était coloré par la gêne. L’ayant crucifié de mes yeux
pendant quelques instants, je lui envoyai mon grand sourire de femme de ménage avant de partir avec mes livres
sous le bras. Il me suivit du regard sans bouger. Cette fois, il ne considérait ni ma croupe ni mon décolleté, mais
l’étendue de sa bêtise. Dupire venait de comprendre qu’aucune de ses goujateries n’avait échappé à ma cervelle
de femme de ménage qu’il supposait peu élastique.
La soudure fraternelle, Tahar Ben Jelloun
Extrait :
Mon premier ami avait un an de plus que moi. Nous n’étions pas au même collège. Nous nous étions rencontrés
en été, à Ifrane, où ma tante avait sa résidence secondaire (l’été à Fès est insupportable). Il avait les cheveux
blonds, il était mince et élégant. (…) Si je me souviens aujourd’hui de cette amitié, c’est qu’elle fut construite sur
un mensonge. D’un an plus âgé, il paraissait plus jeune que moi. Je venais d’entrer en sixième. Quand je lui
demandai en quelle classe il était, il me répondit « en cinquième » avec l’air de dire « évidemment ». Et moi, sans
réfléchir, je répondis « moi aussi ». J’ai entretenu ce mensonge toute une année. Nous nous écrivions des lettres.
Il me parlait des auteurs qu’il lisait en classe et je me précipitais à la bibliothèque française pour emprunter leurs
livres, essayant de les lire à mon tour pour soutenir la discussion. Deux étés plus tard, je lui écrivis une longue
lettre où j’avouais la vérité. Je n’arrivais plus à supporter les effets de mon mensonge. Je préférais m’en
débarrasser. Ce fut la fin de cette amitié.
La vie tranquille, Marguerite Duras
Extrait :
J’existe depuis vingt-cinq années. J’ai été toute petite, puis j’ai grandi et j’ai atteint ma taille, celle-ci que j’ai
maintenant et que j’ai pour toujours. J’aurais pu mourir d’une des mille façons dont on meurt et pourtant j’ai réussi
à parcourir vingt-cinq années de vie, je suis encore vivante, pas encore morte. Je respire. De mes narines, sort
une haleine vraie, moite et tiède. J’ai réussi sans le vouloir à ne mourir de rien. Cela avance avec entêtement, ce
qui semble arrêté, en ce moment, ma vie.
L’étranger, Albert Camus
Résumé : Meursault vit en Algérie française. Il assiste à la veillée funèbre et aux funérailles sans prendre
l’attitude de circonstance qu’on attend d’un fils endeuillé. Il ne pleure pas, ne veut pas simuler un chagrin qu'il ne
ressent pas. Au cours d’une altercation sur la plage, il tue un jeune arabe. Arrêté et questionné, il ne montre
aucun regret. Le procès a lieu et on l'interroge plus sur son comportement lors de l'enterrement de sa mère que
sur son meurtre.
Le ventre de l’Atlantique, Fatou Diome
Extrait 1 :
Lettre de son père à Moussa qui a émigré en France :
Mon fils, je ne sais pas si tu as reçu mes précédentes lettres, puisque je n’ai toujours pas de réponse de ta part.
j’ai vu ta photo, maintenant tu ne portes ni thiaya (pantalon bouffant) ni sabador (boubou), et cela m’inquiète. Ton
accoutrement cache-t-il d’autres changements de ta personnalité ? il n’y a point de mutation extérieure sans
mutation intérieure. Je prie donc pour que ton âme soit restée aussi pure qu’à ton départ. N’oublie jamais qui tu
es et d’où tu viens. Quand je dis cela, je veux dire que tu dois continuer à respecter nos coutumes : tu n’es pas
un Blanc. Et, comme eux, tu commences à devenir individualiste. Voilà plus d’un an que tu es en France, et
jamais tu n’as envoyé le moindre sou à la maison pour nous aider. Pas un des projets que nous avions fixés à ton
départ n’est, à ce jour, réalisé. La vie est dure ici, tes sœurs sont toujours à la maison. Je me fais vieux et tu es
mon seul fils, il est donc de ton devoir de t’occuper de la famille. Epargne-nous la honte parmi nos semblables.
Tu dois travailler, économiser et revenir au pays. (p 119)
18
Le ventre de l’Atlantique, Fatou Diome
Extrait 2 :
Ma mémoire est mon identité. Etrangère partout, je porte en moi un théâtre invisible, grouillant de fantômes.
Seule la mémoire m’offre sa scène. Au cœur de mes nuits d’exil, j’implore Morphée, mais l’anamnèse m’éclaire et
je me vois entourée des miens. Partir, c’est porter en soi non seulement tous ceux qu’on a aimés, mais aussi
ceux qu’on détestait. Partir, c’est devenir un tombeau ambulant rempli d’ombres, où les vivants et les morts ont
l’absence en partage. Partir, c’est mourir d’absence. On revient, certes, mais on revient autre. Au retour, on
cherche, mais on ne retrouve jamais ceux qu’on a quittés. La larme à l’œil, on se résigne à constater que les
masques qu’on leur avait taillés ne s’ajustent plus. Qui sont ces gens que j’appelle mon frère, ma sœur, etc . ?
Qui suis-je pour eux ? L’intruse qui porte en elle celle qu’ils attendent et qu’ils désespèrent de retrouver ?
L’étrangère qui débarque ? La sœur qui part ? Ces questions accompagnent ma valse entre les deux continents.
(p 262)
Les trois tasses de thé, de G. Mortenson et D. Relin éd.Glénat (récit d’une expérience de
vie)
Résumé : En 1993, l'alpiniste américain Greg Mortenson se perd en descendant d’une montagne du Pakistan. Il
est secouru par les habitants d'un village isolé. Ému par leur accueil et leur dénuement, il promet de revenir pour
construire une école. Trois tasses de thé est l'histoire de cette promesse, de sa réalisation et de la façon dont elle
a bouleversé la vie de Mortenson, jusqu'à devenir une mission de paix engageant l'image de l'Amérique tout
entière. Aujourd'hui, ce sont plus de 160 écoles que Mortenson et son ONG ont bâties entre Pakistan et
Afghanistan, avec l'objectif d'offrir, notamment aux filles, une éducation laïque et équilibrée.
Moi et les autres, collection Goûter philo, Milan jeunesse
Pour décrire sa personnalité, Clara se regarde dans les autres.
Elle se regarde dans ses amis, ses parents, ses professeurs, son amoureux.
Normal. Comment avoir une idée de ce que l'on est sans les autres?
Comment savoir si l'on est gentil, méchant, jaloux, moqueur. si les autres ne sont pas là ?
Pour se connaître, on a besoin de passer par les autres.
Odette Toulemonde et autres histoire, Eric-Emmanuel Schmitt
Extrait : Balthazar (écrivain) parle de son nouveau roman à Odette Toutlemonde :
- Cela s’appellera Le Bonheur des autres. J’y raconte le destin de plusieurs personnages qui cherchent le
bonheur sans le trouver. S’ils échouent, c’est parce qu’ils ont hérité ou adopté des conceptions du bonheur qui ne
leur conviennent pas : argent, pouvoir, mariage valorisant, maîtresses à longues jambes, voitures de course,
grand duplex à Paris, chalet à Megève et villa à Saint-Tropez, rien que des clichés. Malgré leur réussite, ils ne
sont pas heureux car ils vivent le bonheur des autres, le bonheur selon les autres. (p 181)
Robinson Crusoé, de Daniel Defoe
Résumé : L’auteur s'est inspiré d'une histoire vraie, celle d'Alexandre Selkirk, marin écossais qui vécut seul sur
l'île de Juan Fernandez, au large des côtes chiliennes, pendant quatre ans, à partir de 1705. Pour lutter contre le
désespoir et les effets destructeurs de la solitude, le personnage de Robinson s'attache à recréer tout ce qui
constitue la civilisation occidentale. Il survit grâce à un travail quotidien. Robinson Crusoé devient tour à tour
chasseur, éleveur, jardinier... et 'convertit' Vendredi à la culture occidentale.
Un pedigree, Patrick Modiano
Extrait : Je suis né le 30 juillet 1945, à Boulogne Billancourt, 11 allée Marguerite, d’un juif et d’une Flamande qui
s’étaient connus à Paris sous l’Occupation. J’écris juif, en ignorant ce que ce mot signifiait vraiment pour mon
père et parce qu’il était mentionné, à l’époque, sur les cartes d’identités. Les périodes de haute turbulence
provoquent souvent des rencontres hasardeuses, si bien que je ne me suis jamais senti un fils légitime et encore
moins un héritier.
Ma mère est née en 1918 à Anvers. Elle a passé son enfance dans un faubourg de cette ville, entre Kiel et
Hoboken. Son père était ouvrier, puis aide-géomètre. Son grand-père maternel, Louis Bogaerts, docker. Il avait
posé pour la statue du docker, faite par Constantin Meunier et que l’on voit devant l’hôtel de ville d’Anvers. (…) A
Paris, elle habite une chambre, 15 quai de Conti, dans l’appartement que loue un antiquaire de Bruxelles et son
ami Jean de B. La première famille française et bourgeoise chez laquelle ma mère sera invitée : la famille de
Geneviève Vaudoyer et de son père Jean-Louis Vaudoyer. Geneniève Vaudoyer présente à ma mère Arletty qui
habite quai de Conti dans la maison voisin du 15. Arletty prend ma mère sous sa protection.
Que l’on me pardonne tous ces noms et d’autres qui suivront. Je suis un chien qui fait semblant d’avoir un
pedigree. Ma mère et mon père ne se rattachent à aucun milieu bien défini. Si ballottés, si incertains que je dois
bien m’efforcer de trouver quelques empreintes, quelques balises dans ce sable mouvant comme on s’efforce de
remplir avec des lettres à moitié effacées une fiche d’état-civil ou un questionnaire administratif.
19
W ou le souvenir d’enfance, Georges Perec
Extrait : Deux photos ; La première a été faite par Photofeder, 47 boulevard de Belleville, Paris, 11è. Je pense
qu’elle date de 1938. elle nous montre, ma mère et moi, en gros plan. La mère et l’enfant donnent l’image d’un
bonheur que les ombres du photographe exaltent. Je suis dans les bras de ma mère. Nos tempes se touchent.
Ma mère a des cheveux sombres gonflés par-devant et retombant en boucles sur sa nuque. Elle porte un
corsage imprimé à motifs floraux, peut-être fermé par un clip. Ses yeux sont plus sombres que les miens et d’une
forme légèrement plus allongés. (…) Ma mère sourit en découvrant ses dents, sourire un peu niais qui ne lui est
pas habituel, mais qui répond sans doute à la demande du photographe.
J’ai des cheveux blonds avec un très joli cran sur le front (de tous les souvenirs qu me manquent, celui-là est
peut-être celui que j’aimerais le plus fortement avoir : ma mère me coiffant, me faisant cette ondulation savante).
Je porte une veste (ou une brassière, ou un manteau) de couleur claire, fermée jusqu’au cou, avec un petit col
surpiqué. J’ai de grandes oreilles, des joues rebondies, un petit menton, un sourire et un regard de biais déjà très
reconnaissables. (p 74)
Bandes-dessinées
Astérix et Obélix (sur les stéréotypes)
f. POESIE
Autour du « moi »
Anonyme
Si… si… si…
Si je n’existais pas vraiment ?
Si tout cela n’était qu’un rêve
dont je me réveillerais un jour en
mourant ?
Vivre c’est rêver,
C’est penser et c’est vouloir,
C’est aimer et c’est créer.
C’est aussi savoir pourquoi je vis.
Jean Ormezzano
20
Tout ça c’est moi
Lourde, lourde est ma tête
J’existe, c’est vrai,
Je me regarde agir,
Je me sens respirer,
J’entends ma voix,
J’ai faim.
Je me rends compte que je vis, MOI.
J’ai mon nom : MOI...
Des cellules par milliards, des os, des
muscles, du sang, des organes agissent
ensemble pour me faire vivre, MOI.
Ma famille, mes amis, m’entourent et
m’aiment.
Mon lit, mes vêtements, mes trésors sont
autour de moi, tout est à sa place. Je suis bien
à l’abri, MOI.
Ça entend, ça voit, ça sent, ça parle,
Ça sait, ça pense, ça imagine, ça pleure dans
ma tête.
Je mets ma main sur mon front, il est tiède :
tout y arrive et tout en part.
Je la sens lourde, lourde de cent images, de
mille impressions, de dix mille secrets, de cent
mille souvenirs.
Je sens ma pensée fluide, aller et venir,
s’embrouiller ; une idée y tourne et retourne
malgré moi. Je veux en retenir une, et hop !
elle s’envole.
Des mots, des rêves, des idées folles, des
choses douces et d’autres, bêtes… mais
bêtes, s’y bousculent.
Heureusement, personne ne peut y aller voir,
savoir ce qui s’y passe, même le petit doigt de
maman.
A moi tous mes secrets !
Jean Ormezzano
Jean Ormezzano
Autour du « nous »
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Maudit !
Soit le père de l’épouse
Du forgeron qui forgea le fer de la cognée
Avec laquelle le bûcheron abattit le chêne
Dans lequel on sculpta le lit
Où fut engendré l’arrière-grand-père
De l’homme qui conduisit la voiture
Dans laquelle ta mère
Rencontra ton père
Robert Desnos, Corps et biens, Ed. Gallimard
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TRISTAN ET YSEULT
Moi, Yseult
Toi, Tristan
Je ne suis plus Tristan
Et tu n’es plus Yseult.
plus de noms
Qui séparent :
Une reconnaissance nouvelle
un feu nouveau qui brûle ;
Une seule âme et une seule pensée
Pour la durée de l’éternité ;
Un seul cœur en flammes
Dans la volupté suprême d’aimer
Entre
Ce que je pense
Ce que je veux dire
Ce que je crois dire
Ce que je dis
Ce que vous avez envie d’entendre
Ce que vous croyez entendre
Ce que vous entendez
Ce que vous avez envie de comprendre
Ce que vous croyez comprendre
Ce que vous comprenez
Il y a dix possibilités qu’on ait
Des difficultés à communiquer
Richard Wagner
Anonyme
Autour des « autres », de l’humanité
Anonyme
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Nous sommes
comme un bâton planté
En pleine mer
Qui n’indique rien
Ni de la profondeur des eaux
Ni de l’éloignement des rives
Simplement il est là
Debout dans les vagues
Peut-être
Etait-il un relais nécessaire
Pour des oiseaux migrateurs
Qui ne passent plus
Werner Lambersy, éd Hermaphrodite
Eloge de l’autre
Celui qui marche d’un pas lent dans la rue de
l’exil
C’est toi
C’est moi
Regarde-le bien, ce n’est qu’un homme
Qu’importe le temps, la ressemblance, le
sourire au bout des larmes
l’étranger a toujours un ciel froissé au fond
des yeux
Aucun arbre arraché
Ne donne l’ombre qu’il faut
Ni le fruit qu’on attend
La solitude n’est pas un métier
Ni un déjeuner sur l’herbe
Une coquetterie de bohémiens
Demander l’asile est une offense
Une blessure avalée avec l’espoir qu’un jour
On s’étonnera d’être heureux ici ou là-bas.
Tahar Ben Jelloun
g. VIDEOS, FILMS D’ANIMATIONS SUR INTERNET
Clip de Pixar : http://www.youtube.com/watch?v=yJzQiemCIuY
Un groupe d’oiseaux accueillent de façon très circonspecte un nouveau venu étranger. Mais finalement, « qui est
pris qui croyait prendre ».
Un beau matin, film d’animation en ligne de 12 mn
http://www.youtube.com/watch?v=SP6fZrxFPMM
D'après la nouvelle de Franck Pavloff Matin brun aux éditions Cheynes
Film d'animation réalisé à partir des peintures de Solweig von Kleist. Un visage tourmenté... derrière la portière
d'un véhicule qui s'éloigne. C'est celui de Fred, qu'on retrouvera en flash back, et qu'on entendra en voix off,
commenter ses souvenirs. Dans un café, conversations, télévision. La présentatrice annonce une décision de
l'Etat relative aux chiens et aux chats. Les clients parlent des vertus des animaux "bruns". A une table, Fred et
son ami Charlie, photographe, échangent des banalités, et aussi qu'ils se sont séparés de leurs animaux
domestiques qui n'étaient pas bruns.
L'Autre c'est moi, spectacle de l’humoriste Gad Elmaleh (2005)
Spectacle centré sur la figure du «blond », l'homme parfait qui n'a aucun souci pour surmonter les aléas de la vie.
Le personnage est mis en différentes situations de crise ou de la vie quotidienne (le ski, une cuite… ) En
streaming sur Internet : http://www.streamiz.com/video.php?id=102495
Dessins animés : Kirikou
h . DIVERS
SOCIOLOGIE : Pierre Bourdieu
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AUTRES CITATIONS :
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Femme actuelle, déc 98
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V. REMERCIEMENTS
Nous remercions chaleureusement toutes les personnes qui ont contribué à
l’élaboration de ce dossier pédagogique, par leur présence aux réunions
départementales ou par leurs suggestions à distance :
Malika Ahmane , Déborah Babilon, Isabelle Bonnier, Christine Boucher,
Solange Désert, Valérie Escalin, Sylviane Fernbach,
Annette Fischer, Fabienne Helfer, Anne Hérin,
Hamida Imadjadj , Danielle Kempf , Emmanuelle Lanche,
Marie-Claude Mayer, Maryse Maret,
Marie-Claude Quennedey, Sonia Rete,
Nathalie Schimmel, Céline Weigel
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