Impact des évolutions de la réglementation bancaire sur

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Impact des évolutions de la réglementation bancaire sur
David Benamou
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Le système bancaire danois
Le Danemark est un pays assez fortement bancarisé mais dont le marché reste principalement
domestique. Les banques danoises, à l’exception de la plus importante d’entre elles, Danske Bank, sont
quasiment exclusivement implantées dans leur pays d’origine et les banques étrangères sont peu
implantées au Danemark.
Le marché danois est assez concentré. Avant la crise, les cinq plus grands établissements détenaient
82% du marché et les deux principales banques (Danske Bank et Nordea) réalisaient presque 60% des
prêts. Ces banques bénéficiaient de la richesse de la population danoise et présentaient un profil de
risque satisfaisant : elles étaient bien capitalisées, avaient des revenus diversifiés, disposaient d’un
excellent accès au financement sur les marchés de capitaux et étaient contraintes à appliquer des règles
de provisionnement ex-ante très rigoureuses.
Malgré cela, la crise financière a touché le pays durement et a révélé ce qui constitue la faiblesse d’un
système très renfermé sur lui-même. En effet, les banques danoises réalisaient près de 60% de leur
activité de crédit avec du financement immobilier qui était refinancé sur l’un des plus vieux marchés
obligataires de la planète : le marché des obligations hypothécaires danoises, le second par la taille en
Europe (après le marché allemand). L’extrême stabilité de ce marché a conduit les banques à privilégier
le refinancement à court terme, moins cher, avec la quasi-certitude de pouvoir refinancer chaque
échéance. Avec la crise, la chute du marché immobilier et le gel des marchés de capitaux, les banques
danoises se sont trouvées en grande difficulté.
D’octobre 2008 à septembre 2010, l’Etat danois est intervenu massivement, mais de manière sélective.
Le Danemark s’est alors retrouvé dans le rôle de « Beta testeur » des nouvelles règlementations
financières européennes. En effet, le gouvernement a tout d’abord choisi de laisser quelques
établissements (de taille modeste) faire faillite, ce qui n’est quasiment pas arrivé ailleurs en Europe.
Poursuivant dans cette logique, qui visait à réduire l’aléa moral, le gouvernement a ensuite instauré en
octobre 2010 une loi imposant le bail-in, c’est-à-dire des pertes automatiques imposées par le régulateur
bancaire aux créanciers des banques en cas de recapitalisations publiques. Des tensions extrêmes en ont
résulté sur les marchés de capitaux et les conséquences ont été dévastatrices : à peine quelques mois
plus tard, Amagerbanken et Fjordbank se sont trouvées dans l’impossibilité de se refinancer et ont déposé
le bilan. C’est pourquoi, en septembre 2011, les autorités danoises ont mis en place une nouvelle
législation, censée compléter le bail-in mais qui, en pratique, est venue s’y substituer et qui permet la
consolidation d’entités défaillantes par des entités solvables, le cas échéant après compensation et
séparation en bad bank, good bank. Cette législation a été utilisée dans le cas de Max Bank qui a été
coupée en deux pendant le week-end du 8 au 10 octobre 2011, une partie étant transférée à une
structure publique, le solde ayant été vendu à une banque régionale, le tout sans haircut pour les
créanciers seniors.
Si le Danemark a pu se permettre d’être aussi innovant dans la gestion des difficultés rencontrées par
ses petites banques, c’est aussi en raison de la santé retrouvée de ses grands établissements, ou du
moins de la confiance retrouvée auprès des investisseurs. Le pays a en effet bénéficié de la crise de la
zone euro puisqu’il n’est pas membre de la zone (malgré une parité de change) et est considéré comme
un safe haven par les investisseurs internationaux.
Document non contractuel, strictement limité à l’usage privé du destinataire, les informations fournies dans ce document proviennent de sources dignes de foi mais
ne peuvent être garanties. Les appréciations formulées reflètent notre opinion à la date de publication et sont donc susceptibles d’être révisées ultérieurement.
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Le système bancaire danois
Les banques danoises ont pu donc maintenir leur modèle : fin 2010, elles avaient le ratio prêts/dépôts
le plus élevé de l’Union européenne (près de 300%), essentiellement car elles privilégient toujours
l’émission des obligations hypothécaires (covered bonds) aux dépôts. La réforme des ratios de liquidité
actuellement en discussion dans le cadre de Bâle III est donc cruciale pour le Danemark car elle remet
en cause leur business model. C’est donc sans surprise que le lobby danois se fait pleinement entendre sur
ces questions (non sans une certaine logique, car le marché des covered bonds danois a effectivement
mieux résisté que l’immense majorité des marchés obligataires).
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