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StreetPress.com, le magazine urbain présente
À LA PÊCHE AUX MORTS DANS LES CANAUX PARISIENS LES GENS DU CANAL
LE PETIT ROYAUME SOLIDAIRE DU COMPTOIR GÉNÉRAL LE GUIDE DU CANAL
DE BASTILLE À PANTIN, CANAL SAINT-MARTIN ET CANAL DE L’OURCQ
RTS
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DU COMP
Ils produisent les films qu’ils vont voir, ils leurs concoctent
des cocktails et leurs offrent des espaces de travail. En
jouant la carte de l’économie solidaire, le promoteur
immobilier propriétaire du Comptoir Général, est devenu
un incontournable du Paris bobo.
LES CHIFFRES
2 MÈTRES 50 La profondeur maximum
du canal Saint-Martin
OCTOBRE 2015
Date à laquelle sera vidé
le canal Saint-Martin
pour être nettoyé
12
Le nombre de quilles
pour jouer au Mölkky
5
33 Le nombre de personnes
que Julien, conducteur
de la navette MK2,
a sauvées de la noyade.
Le nombre de longs-métrages
tournés au bord du canal
depuis 2002
10
Nombre de pissotières
tout au long du canal
25
Nombres de péniches habitables
du bassin de la Villette
Il s’en souvient comme
si c’était hier : « Je suis arrivé à
14h15 précises, au début de mon
service. Et là, tu vois, là, sous
le pont, à 50 mètres, le cadavre
était là ! Une arme à la main ! » Les
yeux pétillants, Nadim est intarissable quand il s’agit de raconter à
ses collègues agents de sécurité,
regroupés en petit cercle autour
de lui, cet après-midi de l’été
2012 où il a vu un cadavre. Sur
les berges du canal Saint-Denis,
en dessous du pont de l’avenue
Corentin Cariou, c’est un corps
sans vie, la tête défoncée à cause
d’une balle de pistolet, qui gît au
milieu des mauvaises herbes et
des détritus. Boîte à ultra-violets,
appareil photo, uniformes : depuis
son poste sur un petit embarcadère en face de la scène du crime,
Nadim, la quarantaine tout en
muscles, ne rate pas une miette
du ballet de la police scientifique,
façon NCIS. « La boîte à ultra-violets, ça sert à repérer les traces
de sang », annonce-t-il avec
l’aplomb du celui qui sait. Avant
de se faire couper par un collègue
à l’accent antillais haut-perché :
« Mais tu parles de quel cadavre ?
Le suicidé ou le bâillonné ? »
LÉGENDES URBAINES LES 3 DEMIS
LES MOINS CHERS
2.7€
2.6€
Le 61
Le Valmy
2.7€
Le
Bastringue
Des cadavres dans le canal ?!
Au centre commercial « le Millénaire », situé entre le canal
Saint-Denis et le bassin d’Aubervilliers, des histoires de corps en
putréfaction ou de cadavres qui
flottent, les agents de sécurité en
sortent comme un magicien fait
jaillir des lapins de son chapeau.
« Moi, j’en ai vus 5 depuis que j’ai
commencé en 2011 ! » s’amuse le
doyen de l’équipe, tandis qu’un
matelot, lunettes de soleil vissées sur le pif, se demande s’il
doit croire ou non cette rumeur
de « la prostituée cimentée » qui
circulait lors de son arrivée sur le
site il y a 2 ans :
« Ils avaient cimenté une prostituée vivante dans une bassine ! Et
quand le ciment était sec, ils l’ont
mise à l’eau et elle a coulé ! »
Guy Georges appréciera…
PÊCHE AU GROS Plus véridique, l’histoire de
William, jeune métis avec des
frisettes sur le crâne. Il était là
quand, à l’hiver 2013, devant
l’entrée du centre commercial,
le cadavre d’un homme a été
repêché… pieds et poings liés.
Le matelot, qui travaille sur la
navette qui relie le métro Corentin Cariou au « Millénaire », se souvient de ce début d’après-midi.
Alors qu’il
s’approchait du
quai, un vigile
a ordonné au
bateau de faire
demi-tour.
Denis qui concentre 20 cadavres
au total. C’est l’année 2011 qui a
été la plus morbide avec 13 corps
retrouvés dans tout le réseau. La
majorité des corps sont découverts par des agents d’entretien
de la ville.
SUICIDES ET SDF Principalement, il s’agirait de
suicides. « L’hiver venu, quand
l’eau est froide et que les gens
se sentent
seuls, ils
se jettent
d e p u i s
les ponts.
Ou même
depuis les
berges »,
croit savoir
un fonctionnaire
du service des canaux. Réussir
son coup dans la mer d’huile des
canaux franciliens ne serait pas
impossible : « Croyez-moi que si
en plus, ils prennent des médicaments, on ne peut pas en réchapper ! »
« ON ENTENDAIT
LES OS QUI CRAQUAIENT
QUAND LES POMPIERS
L’ONT SORTI
DU BASSIN « “ Ne faites pas
de remous !”
qu’il criait.
Il avait vu un
corps flotter, mais qui venait de
recouler dans le bassin. On avait
peur de se le prendre dans les
hélices. »
Un des collègues de William a
« des remontées de vomi » quand
il repense à « ce corps tout blanc
et tout gonflé qui devait être sous
l’eau depuis au moins 3 jours » :
« On entendait les os qui craquaient quand les pompiers l’ont
sorti du bassin à l’échelle. »
CHIFFRES Depuis 2010, le service des
canaux de la ville de Paris tient
le décompte des corps repêchés
dans les canaux de la région Îlede-France : il y en a eu 39. « Mais
ce ne sont que ceux dont on est
mis au courant », insiste un fonctionnaire pour qui ce chiffre est
« sous-évalué ». La brigade fluviale, elle, ne souhaite pas communiquer sur le sujet.
D’après le décompte municipal,
entre 2010 et 2014, 12 morts
violentes ont eu lieu dans les
canaux de Paris intra-muros. Le
bassin de la Villette et l’écluse
n°1 du canal Saint-Denis se disputent la première place, avec
chacun 3 cadavres repêchés. En
banlieue, big up au canal Saint-
» Gilbert Grinstein, le commissaire
de police du 10e arrondissement,
la juridiction du canal Saint-Martin, s’inquiète, lui, des « gens
alcoolisés » qui tombent dans les
eaux froides. Et qui parfois n’en
réchappent pas :
« L’année dernière, c’est un SDF
polonais qui s’est noyé. Il était
complètement saoul et avait
roulé dans le canal. En plein hiver,
il n’y avait personne sur les berges
pour le secourir. »
Une histoire tragique qui semble
tristement banale puisqu’à l’été
2012 au centre commercial « le
Millénaire », c’est un SDF indopakistanais qui est « tombé à pic »
dans les eaux verdâtres du bassin.
Un agent de sécurité qui a assisté
à la scène raconte :
« On l’avait vu 10 fois, 15 fois,
bourré avec ses amis. On lui disait
de faire attention. Mais là, il a trébuché. Il devait vraiment être bien
raide, parce qu’il est tombé dur. »
Le clochard coule et personne ne
plonge pour essayer de lui sauver
la vie.
NOUVEAU DÉTECTIVE Certains corps repêchés dans
les canaux parisiens défrayent
la chronique. Comme pour l’affaire du « tueur de l’Ourcq »,
jugée en septembre 2008. Cyril
Koskinas, 24 ans à l’époque des
faits, attache deux femmes avec
sangles, cordes et menottes, puis
les bâillonne avec un godemiché.
Le jeune homme filme ses victimes qui s’étouffent, tout en se
masturbant. Avant de les pousser
dans le canal, encore vivantes.
Autre meurtre, même canal. En
2003, un agent d’entretien du
service des canaux de la mairie
de Paris tombe sur une voiture à
demi immergée à quelques mètres
de l’écluse de Sevran. Dedans,
les pompiers découvrent le corps
d’un jeune homme lardé de coups
de couteau. En 1986, l’assèchement du canal de l’Ourcq permettra aussi de retrouver le cadavre
d’une femme ligotée dans le
coffre d’une voiture.
Mais cacher un corps dans un
canal, le journaliste spécialiste
des faits divers, Serge Garde,
ne le recommanderait pas.
« Lorsque la mort est installée,
il y a des réactions chimiques.
Et il va y avoir de la fermentation. Pschitt ! Si le corps n’est pas
lesté, le cadavre remonte ». Et le
commissaire Grinstein d’ajouter :
« Un noyé, il tombe plutôt à pic.
Au début, il dérive entre les eaux
mais il remonte très vite, et souvent près de l’endroit où il est
tombé ». Et s’il se souvient de
l’assassinat en février 2013 d’un
jeune homme d’origine pakistanaise dont le corps a été repêché
quai de Valmy, il tient à relativiser :
« Finir sur les grilles d’une écluse :
il n’y a que dans les romans de
Simenon qu’on voit ça ! »
Robin d’Angelo
Photo : Benjamin Barda
La porte de Clignancourt, son
marché aux puces, son KFC et…
sa gare Ornano désaffectée.
C’est ici qu’a ouvert le nouveau
hot spot du Paris branché. Sur les
quais de la station abandonnée,
la Recyclerie distribue des bagels
bio à des Parisiens écolo-friendly
venus découvrir cette portion de
la petite ceinture réaménagée en
jardin. De quoi donner des airs de
canal Saint-Martin à la très ghetto
porte de Clignancourt.
Après le Comptoir Général inauguré il y a 3 ans dans le 10e arrondissement quai de Jemappes,
c’est le dernier projet à la mode
porté par la holding C Développement. Salles de concerts, brasseries, espaces de coworking ou
maisons des associations : c’est en
fait un joli petit royaume qu’est
en train de bâtir C Développement avec ses partenaires. Avec
une marque de fabrique : cibler
les « bobos » en proposant un
mode de consommation vertueux.
BAR À BOBOS C’est le vaisseau amiral de C Développement à Paris : un immense
bar à proximité du canal SaintMartin. Depuis 3 ans, le Comptoir
Général propose à ses clients des
cocktails bio à base de jus de
bissap ou de fruit de la passion,
dans une déco faite exclusivement avec des matériaux « écoresponsables ». Un concept qui
cartonne puisque le vendredi et
le samedi soir, il faudra faire la
queue si vous voulez profiter de
l’ambiance tropicale du bar.
« Les bobos ont un avantage :
ils s’intéressent à la solidarité
et sont prêts à consommer de
manière vertueuse », analyse Frédéric Robert, le directeur général
de C-Développement, qui tient à
rappeler que son « bar ne vend pas
de Coca-Cola. »
PARIS-BRAZZAVILLE Au Comptoir Général, qui reproduit une atmosphère africaine,
une partie des bénéfices du bar
sont réinvestis dans des projets
relevant de l’économie solidaire :
la privatisation de l’espace au
rabais pour des associations et
du sponsoring de petits artistes
africains. Comme Papa Kourand,
un musicien congolais de 75 ans
dont la notoriété n’était pas sortie des maquis de
Brazzaville. La
boîte s’est chargée de lui faire
son site web et
une sympatoche
campagne de pub.
Frédéric Robert,
qui reçoit dans
la mezzanine du
Comptoir Général, d’y aller cash :
GENTIL PATRON L’économie sociale et solidaire,
c’est le crédo de C-Développement. Son
fondateur :
Olivier Laffon, un multimillionnaire
de 67 ans,
atteint de la
maladie de
Parkinson. Ce
promoteur
immobilier a fait sa fortune en
participant aux projets de BercyVillage ou de Vélizy 2. Mais il y a
dix ans, à la suite d’une opération
qui aurait pu le laisser sur le carreau, le businessman décide de
monter des projets qui, à la place
de rapporter de l’argent, ont un
impact social.
« ON FAIT
LE MOJITO LE PLUS
CHER POSSIBLE POUR
LES BOBOS « On fait le mojito le plus cher
possible pour les bobos et la
totalité des bénéfices est utilisée pour faire du développement
d’artistes. »
Chiffre d’affaires par soir pour le
bar : entre 10.000 et 20.000 euros.
AGNÈS B. Au printemps 2014, c’est « une
sorte de Comptoir Général mais
dans un esprit ressourcerie » qui
a ouvert Gare Ornano. Le lieu
est géré par un partenaire : Stéphane Vatinel, serial-entrepreneur spécialisé dans les lieux
hype comme la Machine du
Moulin Rouge et fondateur de
Glazart.
Frédéric Robert détaille le
business-model pour le spot :
« On a un atout : 3 millions de
touristes qui chaque dimanche
vont aux puces, le plus grand
marché d’antiquités au monde.
Les puces de Saint-Ouen, ce
n’est pas Montreuil ! A moins de
1.500 euros, il n’y a pas grandchose ! L’idée, c’est de capter
cette population. »
Objectif côté « économie solidaire » : que « les bobos », après
avoir fait leurs emplettes aux
puces, passent voir le monsieur
« répare-tout » de la ressourcerie pendant leur brunch.
« On pourra rapiécer ses pantalons
Agnès B. Ce qui évitera d’acheter de nouveaux vêtements venus
d’Asie qui font augmenter votre
empreinte carbone. »
»
Son premier bébé : une « maison des associations solidaires »
ouverte en 2007 dans un immeuble
de 2.500 m2 du 13e arrondissement. Le gentil promoteur y
loue des salles de réunion à prix
cassé à des associations. L’espace
atteint l’équilibre financier en
faisant payer plein pot les entreprises lucratives.
Aujourd’hui, C Développement
est une holding qui a des billes
dans une petite dizaine de lieux.
Les bureaux sont à l’étage du
Comptoir Général.
PETIT EMPIRE Mais pour la holding, la définition
de ce qui est solidaire est éclectique. Le promoteur possède le
café-resto L’Âge d’Or, l’espace
de coworking La Ruche ou encore
Commune Image, un complexe
audiovisuel qui mutualise ses salles
de travail pour différentes boîtes
de prod’. Sans compter la salle de
concert le Divan du monde.
Olivier Laffon a aussi impulsé
l’ouverture du Pavillon des canaux
sur le bassin de la Villette. Avant
de refiler le bébé à son partenaire
Stéphane Vatinel. Le concept :
« un coffice » pour « sans bureau
fixe ». Comprendre un lieu où des
travailleurs freelances peuvent
venir bosser, le tout en profitant
de l’atmosphère d’un bar trendy.
Quelques semaines après son
ouverture sur le bassin de la
Villette, le Pavillon des canaux,
décoré par des street artistes et
des tatoueurs, se fait déjà allumer. Sur une des façades du bâtiment, des tags hostiles ont été
écrits au marqueur dégueulasse :
« La gentrification m’a tuer » et
« Crève graphiste ».
ENQUÊTES | LIEUX | GENS
BUSINESS IS BUSINESS « La culture c’est une forme de
solidarité ! Un café-philo comme
l’Âge d’Or, c’est quelque chose
de collectif, de gratuit et qui n’a
pas de modèle économique. Tout
est solidaire chez nous ! », insiste
Frédéric Robert quand on pointe
l’ambiguïté du modèle économique de ses établissements, pas
spécialement bon marché et à
l’impact social parfois limité.
Le directeur général d’expliquer
que son entreprise ne fait pas du
« caritatif », ni du « mécénat »,
mais doit bien gagner de l’argent
pour investir ses bénéfices dans
« des projets éthiques ». Dans leur
espace de coworking La Ruche, à
destination des jeunes entrepreneurs spécialisés dans l’économie
sociale et solidaire, le prix par
mois pour un poste de travail est
de 450 euros. Cher mais nécessaire
pour faire fonctionner le lieu.
Quant à l’argent du Comptoir
Général, il a servi à financer le
film Staff Benda Billili, son projet le plus abouti. Sorti en salle,
ce documentaire sur la rumba
congolaise avait fait un joli petit
carton. Mais encore une fois un
biz « solidaire » un peu ambigu,
puisque le producteur du film
Yves Chanvillard est le filleul du
millionnaire Olivier Laffon.
Robin d’Angelo Photo : Michela Cuccagna
Ne pas jeter sur la voie publique
Depuis 2010, plus de 30 cadavres ont été repêchés dans
les canaux de la région parisienne. De quoi alimenter les
légendes urbaines à propos d’un tueur sadique.
O
N
S
E
MOHAMADOU,
« LE BLACK
FISHERMAN »
LIEUX REMARQUABLES
A - Cork and Cavan
D - Artazart
B - Chez Prune
E - Point Ephémère
H - Péniche Antipode
K - Bellerive
Q - Bar Ourcq
C - Le Comptoir général
F - 25° Est
L - Cabaret Sauvage
J - Bastringue
O - Trabendo
P - le Valmy
R - Péniche Demoiselle
PING
PÉTANQUE
SLACK
WORK OUT
3
Olivier, 37 ans, dont 25 passés
avec un disque. Mais tout n’est
pas rose dans la vie des deux
champions. Au début de l’été, la
mairie a installé une pissotière au
milieu de leur aire de jeu. « Ça pue
et le frisbee peut tomber dedans ».
C’est une tradition de la communauté juive du 19e arrondissement.
Lors du premier après-midi de Roch
Hachana, le nouvel an juif, plus
d’un millier de juifs religieux se
donnent rendez-vous au bassin de
la Villette pour purifier leur âme.
« L’eau est un symbole de pureté et
l’idée c’est d’y jeter nos pêchés »,
décrypte Feiga Lubecki, chroniqueuse à la Sidra de la semaine, le
fanzine des orthodoxes loubavitch.
PÊCHE
Pour accomplir le rite, les plus
pratiquants secouent les franges
de leur talith katan, qu’ils portent
sous leur chemise, au-dessus du
ALIMENTATION
ÉPICERIE
STREETPRESS PRÉSENTE LE GUIDE DU CANAL
4
Deux fois par semaine depuis 12
ans, Olivier et Michaël font le
show avec leur frisbee, rue Beaurepaire. Le frisbee version street ?
Des jongles, des rebonds sur les
murs et des courbes façon boomerang. « Quand il y a des filles qui
passent, t’es content ! », rigole
Lucas, 20 ans et déjà des gros biscotos, est en pleine traction : « Ici, c’est
le meilleur endroit de Paris pour bosser. » Son but : tenir des figures de
street work out. Les adeptes de cette muscu des rues utilisent le mobilier
urbain pour faire le show. Sur les barres du canal, les meilleurs crews
s’entraînent, comme la Punishment Team du rappeur MC Jean Gab’1.
a jamais eu un black ! » Le goût
de la pêche, il l’a pris à 7 ans en
regardant Histoires Naturelles sur
TF1 avec son papa. Depuis, « Black
Fisherman » a sorti la plus belle
prise de l’histoire du bassin : un
silure d’1m70 et de 37 kilos.
PURIFIEZ VOTRE ÂME
AU BASSIN DE LA
VILLETTE POUR
ROCH HACHANA
OLIVIER &
MICHAËL,
ROIS DU FRISBEE
2
Avec sa canne à pêche et son
bagou, Mohamadou squatte tous
les étés le bassin de la Villette.
Sa passion : la pêche. Un hobby un
peu étonnant pour un jeune issu
des cités du 19e et d’une fratrie
de 10 enfants. « De toute l’histoire de la pêche au canal, il n’y
SPOTS ACTIVITÉS
BASKET
1
1
G - StreetPress
I/I* - MK2 Seine/Loire
LE QG DU STREET
WORK OUT
À PARIS
Directeur de la publication : Johan Weisz | Rédacteur en chef : Robin D'Angelo
Ont contribué à ce numéro : Elsa Bastien, Mathieu Molard, Jacques Torrance
Crédits photos : Couv' par Benjamin Barda – Michela Cuccagna, Thibaud Delavigne,
Mathieu Molard, Francisco Gonzalez Flickr CC BY, D&S McSpadden Flickr CC BY
Maquette : Agence Klar
bassin. Les autres se contentent d’y
vider leurs poches. Mais attention !
« C’est un symbole, on ne jette rien
du tout à l’eau. S’ils drainent le
canal, ils ne trouveront pas grandchose ! » se marre Mme Lubecki, 63
ans et maman de 12 enfants.
Partenariats : Mathieu Bardeau [email protected]
Street Press SAS - 69 rue Armand Carrel 75019 Paris - RCS 522 306 505 | Imprimé à
12.000 exemplaires par Baugé imprimeur (37160)
La cérémonie fait office de rattrapage pour ceux qui ont manqué
la sonnerie du chofar qui marque
le début de Roch Hachana, à la
fin du mois de septembre. Le 19e
arrondissement, doté d’une grosse
vingtaine de synagogues, est l’un
des plus grands quartiers juifs
d’Europe.
Retrouvez-nous sur www.streetpress.com
LE QUAI 17,
LE CLUB LIBERTIN
KEBAB
RESTAURATION
PIZZA
CHINOIS
Gare du Nord
5
Rue
M
8 à 8 : 49 rue de la grange aux belles
Carrefour city : 31 rue des vinaigriers
Franprix : 2 rue Beaurepaire
U express : 64 quai de Jemmapes
Monop’ : 3 rue de Marseille
« T’ES AVEUGLE OU QUOI ?!
JE SUIS VACHEMENT PLUS
PRÈS DU COCHONNET ! »
M
Gare du Nord
Bernard, ancien restaurateur de 66
ans reconverti dans l’échangisme,
vous attend du mardi au samedi à la
porte du Quai 17. Les atouts de son
club libertin : une table de gynéco
« PAS MAL LUI. ATTENDS,
JE REGARDE SI JE LE TROUVE SUR TINDER. »
et
Riqu
POINTS DE VENTE 8.6 :
La chapelle
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Hôpital
St-Louis
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« NON DÉSOLÉ, JE N’AI PAS DE MONNAIE »
« EN BAS DE CHEZ MOI,
ILS FONT LE MEILLEUR BURGER DE PARIS »
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Porte
de Pantin
« MAIS LÀ ! A CÔTÉ DU BANC !
ÇA FAIT 5 MINUTES QUE JE LÈVE LE BRAS ! »
Bd. de la Villette
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A
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Pantin
Parc de la Villette
« EXCUSEZ-MOI,
VOUS AVEZ UN TIRE-BOUCHON ? »
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Rue Bichat
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Rue de Crimée
Château-Landon
Gare de l'est
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Gare de l'est
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Louis Blanc
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Cité des sciences
et de l'industrie
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« PUTAIN ! J’AI PLUS DE PLACE
POUR POSER MON VÉLIB’ ! »
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Rue d
Av. de
et « une boîte à trous ». « Par contre
les clients viennent avec leurs sextoys », prévient le gérant. L’entrée est gratuite pour les couples
de 21h à 22h. On dit merci qui ?
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Buttes-Chaumont
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Hoche
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Alib
« TU PENSES QU’ON PEUT ENCORE
ENTRER AU ROSA BONHEUR ? »
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République
LES MAGASINS
GÉNÉRAUX : DU
GRAFF VANDALE AUX
GÉANTS DE LA COM’
Goncourt
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M
LA VACHE BLEUE,
ATELIER D’ARTISTES
BUCOLIQUE
6
Veste à franges, chapeau de
cowboy et bottes à semelles
compensées : difficile de rater
Flowerman. Avec son vélo et sa
guitare, le géant arpente les quais
pour donner ses CD, avec une
rose en cadeau. Musicalement,
sa folk chamanique est entrecou-
Plantes grimpantes, tables de jardin et totems en bois : les artistes de l’association la Vache Bleue ont la belle vie dans leur patio.
Sous les rails de la Petite Ceinture, une quinzaine d’artistes ont aménagé
des ateliers sous les anciennes voûtes de la SNCF. Passez voir s’il n’y pas une
expo. Au pire, ils seront ravis de vous faire une visite.
0
RÈGLE PÉTANQUE 50 CM
10
Des bâches ont recouvert les
graffitis et des palissades ont été
érigées pour interdire l’accès au
bâtiment. Les Magasins Généraux
de Pantin s’apprêtent à accueillir
des bureaux pour pubards, des
résidences pour classes moyennes
et même un port de plaisance.
Pyrénées
SHÉGUÉ,
LE STYLISTE
QUI HABILLE LE 19E
LITTLE KABOUL
AU JARDIN
VILLEMIN M
8
7
Shegué, c’est l’homme aux multiples casquettes du canal. Celles
qu’il vend sous sa marque de fringues Offensive C.REEL. Mais aussi
celle d’acteur, kalachnikov en
main dans Banlieue 13. Ou de producteur de son frère, le rappeur
XV Blackara. Autant de projets
pée de mugissements de lions ou
de barrissements d’éléphants.
D’ailleurs, Flowerman a la fibre
écolo : « Chaque jour je fais des
kilomètres et je remarque qu’il y
a peu de végétation aux balcons.
J’aimerais que les gens plantent
plus pour absorber la pollution. »
20
11
Ce sont près de 170 policiers qui
débarquent le 23 juin dernier au
petit matin pour perquisitionner
plusieurs appartements de la cité
Reverdy. La cible des stups : un spot
de deal de crack en place depuis
2007. Au pied d’une tour, cigarette au bec, un ancien revendeur
raconte :
« On avait jusqu’à 200 clients par
jour. Le business était géré par 5
personnes et il y avait tout le temps
du boulot pour des guetteurs. »
10
Belleville
FLOWERMAN,
L’APACHE À
BICYCLETTE
GUERRE CONTRE LE
CRACK AU BASSIN DE
LA VILLETTE
M
Place
des fêtes
montés à la force de ses gros bras :
il dessine et découpe lui-même
ses vêtements. La vente, elle se
fait à la tchatche sur un coin de
trottoir ou sur son stand au Point
Éphémère. Son rêve : ouvrir une
boutique et raccrocher de la sécu
du 25 Degré Est, son autre job.
Mais avant de devenir un îlot de
richesse dans le 9-3, ces entrepôts
abandonnés étaient un temple
de la bombe. De 2006 à 2013,
tout ce que Paris compte comme
graffeurs vient profiter de ce spot
gigantesque à l’esthétique apocalyptique. « Au début on a failli
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« Tous les Afghans de Paris connaissent le jardin Villemin ! » s’amuse
Ali, réfugié de 22 ans. À une époque le square a accueilli un camp
de migrants. C’est aussi là que les passeurs donnaient rendez-vous.
Aujourd’hui, c’est resté un point de rencontre. En France depuis 6 ans,
Ali y retrouve toujours ses amis. Sur les pelouses ou parfois au city stade.
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mourir ! » se souvient Da Cruz, un
street artiste habitué des lieux.
« Il y avait des pierres qui nous
tombaient dessus, on devait se
trimbaler les échelles, les pots de
peintures. » En 2016, la world company de la
com’ BETC investira une bonne
partie du bâtiment. Les communicants ont modélisé l’ancien
temple et ses graffitis en 3D. Ils
ont aussi découpé des murs pour
récupérer les plus belles fresques.
Un exercice de communication
interne pour valoriser leur déménagement en Seine-Saint-Denis. À une centaine de mètres de là, la
rotonde Stalingrad. Avec ses renfoncements qui permettent de s’isoler,
la place a longtemps fait office de
crackhouse à ciel ouvert dans les
rues de Paris. Mais au début des
années 2000, le bassin de la Villette
bénéficie d’un plan d’aménage-
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ment de la ville de Paris : les cinémas MK2 s’installent à deux pas de
la Rotonde. Puis en 2010, c’est un
restaurant qui ouvre dans l’ancien
bâtiment des douanes, au centre de
la place.
La population de junkies cadre mal
avec la valorisation du quartier. Mais
le trafic ne disparaît pas pour autant.
Cité Reverdy, les transactions se
déroulaient dans le petit parc attenant, tandis que la came était stockée dans une voiture garée dans le
parking souterrain. Un appartement
en rez-de-chaussée servait à la préparation de la drogue : un mélange
de cocaïne et de bicarbonate de
soude. La descente de police n’a pas
résolu le problème. Un habitant de
l’avenue Jean Jaurès se plaint toujours de la présence de crackheads
dans le hall de son immeuble.