Les jeux concurrentiels avant la fusion

Transcription

Les jeux concurrentiels avant la fusion
Fudenberg et Tirole (1984)
‰ Contexte
Le marché français de la TV
satellite à accès payant
ƒ
‰ Point
ƒ
:
un monopole en place, face à des entrants potentiels, peut investir en
capital avant la phase d’entrée
de départ :
idée classique que les firmes sont incitées à surinvestir en capital (par ex.
pour réduire leurs coûts) pour empêcher l’entrée de concurrents
‰ Mais
dans certains cas le sur-investissement
devient un handicap stratégique :
Bertrand Quélin
[email protected]
ƒ
ƒ
1
© Bertrand Quélin - Groupe HEC
effet « fat cat » :
9 une fois les concurrents entrés, l’entreprise en place peut être incitée
à réagir moins agressivement
Au contraire, effet « lean and hungry look » :
9 investir peu en première période peut aider l’entreprise en place à
avoir l’air agressive
Fudenberg et Tirole (1984)
Fudenberg et Tirole (1984)
‰ Taxonomie
ƒ
ƒ
ƒ
ƒ
‰ Le
des investissements stratégiques
ƒ
Fat cat :
9 sur-investissement afin d’accommoder l’entrée en réduisant la concurrence
après l’entrée
Puppy dog :
9 sous-investissement pour accommoder l’entrée
Lean and hungry look :
9 sous-investissement afin d’accroître la concurrence après l’entrée (pour
empêcher et/ou réagir à l’entrée)
Top dog :
9 sur-investissement pour empêcher et/ou réagir à l’entrée
© Bertrand Quélin - Groupe HEC
ƒ
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© Bertrand Quélin - Groupe HEC
choix de la stratégie de la firme en place varie :
Selon que l’investissement rend la firme en place +/- agressive en cas d’entrée
9 Effet « goodwill » :
• l’investissement initial rend la firme en place moins agressive après
l’entrée
– ex : investissement qui donne une demande captive à la firme en place
9 Effet « learning by doing » :
• l’investissement initial réduit les coûts de la firme en place et la rend plus
agressive
Selon la pente des fonctions de réaction du jeu de concurrence
9 Concurrence en prix :
• fonction de réaction croissante
9 Concurrence en quantités :
• fonction de réaction décroissante
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Les configurations
Effet de
tough
l’investissement
de la firme en
place (incumbent)
Fonction de
A : puppy dog
réaction
D : top dog
croissante
A : fat cat
D : Lean and hungry
look
Fonction de
réaction
décroissante
A : lean and hungry
D : Lean and hungry
look
A : top dog
D : top dog
Fudenberg et Tirole (1984)
soft
‰ Exemple
ƒ
ƒ
ƒ
1 : publicité/promotion et « goodwill »
Publicité (informative) et promotion
Etape 1 : le monopole en place investit en publicité/promotion
9 au coût A(K) ;
9 Il atteint la part K1 de la demande, qui lui restera fidèle en période 2
(« goodwill »)
Etape 2 : concurrent décide ou non d’entrer
9 S’il entre, il n’a accès qu’à une partie de la demande
9 Hypothèse de marché couvert (ou de clientèle captive)
9 Il n’y a pas de discrimination possible en prix entre clients captifs ou non
9 Facteur d’escompte δ
9 Fonctions de profit concaves, croissantes en prix du concurrent
A : dans l’objectif d’accommoder l’entrée
D : dans l’objectif de s’opposer à l’entrée (« deterrence »)
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La chaîne de monopoles
Fudenberg et Tirole (1984)
‰ Goodwill
ƒ
ƒ
ƒ
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:
Effet direct de K1 sur le profit de la firme 2 :
9 < 0 car diminue la taille de la demande
Effet indirect de K1 sur le profit de la firme 2 :
9 > 0 car augmente le prix de 1 à la deuxième étape (« fat cat effect »)
Effet global : ça dépend
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La double marginalisation
(Spengler, 1950)
La double marginalisation (2)
‰ Demande
‰ Jeu
coût c
P
ƒ
w
ƒ
Etape 1 : P fixe le prix de gros w
Etape 2 : D fixe le prix de détail p
‰ La
coût γ
D
: D(p) = 1 - p
:
fonction du distributeur :
Max ( p − w − γ )(1 − p ) ⇒ p =
p
p
‰ La
Consommateurs
P : producteur
D : distributeur
w : prix de gros
p : prix de détail
fonction du producteur :
Max ( w − c )( 1 −
w
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Π
P
des firmes :
(1 − γ − c ) 2
,Π
=
8
‰ Comparaison
D
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La double marginalisation (4)
‰ Conséquence
(1 − γ − c ) 2
=
16
ƒ
ƒ
avec une firme intégrée
verticalement :
ƒ
:
Double externalité non internalisée
‰ Leçon
1+ c + γ 3 + c + γ
≤
2
4
(1 − γ − c ) 2 (1 − γ − c ) 2 (1 − γ − c ) 2
Πi =
≥
+
4
8
16
:
Le surplus des firmes diminue à cause de la double marginalisation
Le surplus des consommateurs aussi, car le prix final augmente
‰ Explication
p *i =
1+ w +γ
1−γ + c
3+γ + c
)⇒ w =
, p* =
2
2
4
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La double marginalisation (3)
‰ Profits
1+ w + γ
2
économique :
‰«
Qu’est ce qui est pire qu’un monopole? Plusieurs
monopoles en chaîne »
‰ Profit
de la firme intégrée > Somme des
profits des 2 firmes
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Les remèdes :
les restrictions verticales
‰ Contrats
permettant de rétablir l’efficacité
verticale
‰ Exemples : remèdes à la double marginalisation
Franchise (tarif binôme): T(q)=F+wq
Prix de revente imposé
9 Prix plafond
9 Quotas
Du point de vue du consommateur, ces restrictions verticales rétablissent le
prix optimal ;
Du point de vue des entreprises, elles augmentent la somme des profits ;
du point de vue du principal, il récupère tout le profit (problème pour l’agent)
9
9
ƒ
ƒ
ƒ
‰ Ces
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restrictions améliorent le surplus social
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