Dossier de presse - Théâtre de l`aquarium

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Dossier de presse - Théâtre de l`aquarium
BOURREAUX D’ENFANTS !
MODESTE PROPOSITION... d’après Jonathan Swift, mise en scène François Rancillac
L’HOMME QUI RIT d’après Victor Hugo, mise en scène Christine Guênon /////////////
LA PLUIE D’ÉTÉ d’après Marguerite Duras, mise en scène Lucas Bonnifait /////////
NOTRE AVARE d’après L’Avare de Molière, mise en scène Jean Boillot ///////////////
Tél. 0 1 4 3 7 4 9 9 6 1
t h e a t re d e l a q u a r i u m . co m
DOSSIER
DE PRESSE
DU 19 MARS AU 5 AVRIL, CHAPITRE 1 : MODESTE PROPOSITION... suivi de L’HOMME QUI RIT / DU 9 AU 28 AVRIL, CHAPITRE 2 : LA PLUIE D’ÉTÉ suivi de NOTRE AVARE
!
Productions Modeste proposition… Théâtre de l’Aquarium, La Comédie de Saint-Étienne – CDN / L’homme qui rit Théâtre de l’Aquarium, Cie Chaos vaincu / La pluie d’été aide à la diffusion Arcadi - Le Club de la Vie inimitable, co-réalisation
La Loge / Notre Avare NEST - CDN de Thionville-Lorraine, coproduction Cie La Spirale - Jean Boillot, le TAP-Théâtre-Auditorium de Poitiers / Le Théâtre de l’Aquarium est subventionné par le Ministère de la Culture et de la Communication
(Direction Générale de la Création Artistique), avec le soutien de la Ville de Paris et du Conseil Régional d’Île-de-France / licences 1033612-1033613-1033614 / Théâtre de l’Aquarium La Cartoucherie – route du champ de manoeuvre – 75012 Paris
Photo installation et design
PASCAL COLRAT assisté de Laëtitia Lamblin et Mélina Faget
19 mars > 28 avril 2013
De Molière à Duras, l’enfance comme miroir de notre société
Travaillant à cette programmation de l’Aquarium autour des questions de transmission et de filiation, avec les
affres afférents que vous pouvez imaginer*, je me suis retrouvé à un moment devant plusieurs propositions
toutes aussi différentes qu’excitantes, mais ayant toutes en commun d’être inspirées de textes non-théâtraux
(hormis Notre Avare - et encore : l’original de Molière est là aussi adapté comme s’il s’agissait plus d’un
roman familial qu’une pièce en cinq actes), d’être des formes courtes (entre 45 mn et 1h10), techniquement
très légères et proposant une relation immédiate avec le public. D’où l’idée de proposer aux spectateurs d’en
découvrir deux par soir (dans nos deux salles), séparées par un entracte. Et d’imaginer un titre générique
pour l’ensemble, « Bourreaux d’enfants ! » (expression qu’on peut lire dans les deux sens…).
Comme un petit voyage à travers des formes et des écritures complètement différentes, ayant toutes en
commun, outre la brièveté, la légèreté technique, le souci de mettre en avant une écriture venue d’une
matière non-théâtrale et le souci de la relation au public, d’avoir l’enfance en leur cœur. Non que ce soit des
spectacles sur l’enfance. Mais parce qu’elles interrogent toutes à leur manière la place de l’enfant dans notre
société, ou plutôt : qu’elles questionnent notre société à travers le regard qu’elle pose sur ce qui est en son
sein le plus fragile et le plus prometteur à la fois : sa jeunesse.
Entre la comédie de Molière écrite en 1668, le célèbre pamphlet politique de Swift (qui date de 1729),
l’immense roman philosophique d’Hugo (1868) et le roman si délicat de Duras (1990), notre Europe a certes
beaucoup changé. Pourtant, que ce soit dans sa famille ou dans la société en général, l’enfant y reste
immanquablement la cible de toutes les violences, de tous les désarrois intimes et/ou politiques. Parce qu’il a
le malheur de naître dans un milieu trop pauvre (cf Swift), trop pingre (cf Molière) ou trop riche (cf Hugo), il
subit de plein fouet, dans son âme et dans sa chair, le joug des névroses de ses parents, de ses pairs adultes.
Parce qu’il a la vertu d’être trop différent (cf Duras), il renvoie le monde à ses propres contradictions, à ses
propres impasses.
Qu’il soit bouc émissaire ou catalyseur, l’enfant est donc notre miroir à tous, toujours si fragile mais chaque
fois si pertinent. Celui qui étymologiquement « ne parle pas » provoque paradoxalement la parole, libère la
pensée, remet de l’air et du mouvement là où nous nous étouffons nous-mêmes, là où nous enfermons entre
les quatre murs de l’impuissance, du renoncement, de la peur.
L’enfant est assurément l’avenir de l’homme. Pour autant que l’homme ne l’ait pas tué avant.
F. Rancillac
*Pour information, la « marge artistique » annuelle de l’Aquarium (pour construire une saison de 4 ou 5 spectacles et produire un spectacle de votre
serviteur) est d’environ 70 000€… C’est-à-dire presque rien. Même si chaque accueil se fait (hélas !) sur le mode de la co-réalisation (partage de la
recette), l’Aquarium s’engage malgré tout envers les compagnies accueillies en leur assurant un minimum garanti de 10 000€ sur sa part de recette, la
prise en charge des frais de montage et démontage technique, les salaires d’un régisseur, de l’attachée de presse-maison (Catherine Guizard), du
graphiste-maison (Pascal Colrat), et d’une petite diffusion de notre communication sur les couloirs de métro (honteusement chers !), dans les
boutiques, etc. Chaque accueil nous coûte donc environ 35000€. Ce qui implique que, dès le troisième accueil, l’Aquarium ne gère plus que du déficit et
prie pour que les recettes soient à la hauteur de la situation. Ce qui implique que le metteur en scène que je suis part de zéro pour lancer ses propres
spectacles et ne dépend plus que des coproductions et pré-achats éventuels en province pour monter ses productions. Et comme le contexte général
du spectacle vivant est difficile partout…
Le cycle « Bourreaux d’enfants », avec ses quatre spectacles techniquement légers et sa communication commune, correspond donc pour nous grosso
modo aux mêmes charges qu’un gros accueil : ruse de sioux pour offrir aux spectateurs plus de propositions avec toujours aussi peu de moyens !
Moyens qui seront sans doute considérablement diminués dès la saison prochaine avec le gel annoncé par l’Etat (qui nous retirera au minimum
40 000€) et « l’impossibilité » réitérée du Ministère de la Culture d’accompagner plus fortement la survie de l’Aquarium (en l’absence de toute aide au
fonctionnement de la Ville de Paris, grande absente de la Cartoucherie, pourtant propriétaire des lieux ! C’est encore une autre histoire…).
« BOURREAUX D’ENFANTS ! » Chap. 1
19 mars > 28 avril 2013
2 spectacles courts à la suite du mardi au samedi à 20h30, dimanche à 16h
Chap.1
> du 19 mars au 5 avril 2013
Modeste proposition concernant les enfants des
classes pauvres
d’après Jonathan Swift
adaptation et jeu David Gabison,
mise en scène François Rancillac
Comment gérer la pauvreté grandissante de nos
populations ? En commercialisant la chair de leurs
bébés, qui procurera aux classes aisées une nourriture
recherchée. Les mendiants polluent nos rues ?
Étiquetons les nationaux et chassons les autres à la
mer. Etc : la démonstration, chiffres à l’appui, est sans
faille, aussi économique qu’efficace ! Pourquoi alors
hésiter ?... Ce pamphlet de 1729 n’en finit hélas pas de
faire rire… jaune !
L’homme qui rit
d’après le roman de Victor Hugo
adaptation, mise en scène et jeu Christine Guênon
Le misanthrope Ursus recueille dans sa roulotte deux
enfants abandonnés dans le froid et la neige : une petite
fille aveugle, et un garçon horriblement défiguré par des
trafiquants d’enfants : Gwynplaine, au visage tailladé
d’un rictus ineffaçable, devient rapidement le célèbre
« Homme qui rit », vedette incontestée des foires de la
vieille Angleterre… jusqu’au jour où il apprend qu’on
l’attend à la Chambre des Lords !...
durée 1h
durée 50mn
suivi de
Chap. 2
> du 9 au 28 avril 2013 (relâche exceptionnelle jeudi 11 avril)
La pluie d’été
Notre Avare
d’après le roman de Marguerite Duras
adaptation et mise en scène Lucas Bonnifait
d’après L’Avare de Molière
recomposition et mise en scène Jean Boillot
Une famille modeste de sept enfants, à Vitry-sur-Seine :
Ernesto et les « brothers et sisters ». Un jour, le petit
Ernesto réalise qu’il sait lire alors qu’il n’a jamais
appris. Il décide de ne plus aller en classe puisque « à
l’école, on m’apprend des choses que je sais pas. »
Cette connaissance paradoxale perturbe. Pas ses
parents, conquis, mais Monsieur l’instituteur…
On connaît L’Avare : Harpagon et sa phobie de la
dépense, son refus de transmettre. Et ses enfants, que
ce tyran de père empêche d’aimer ailleurs, de se
construire. Notre Avare, ce sont les mots de Molière,
mais dix ans après : Élise, Cléante, Valère et Marianne
se retrouvent pour un anniversaire. Harpagon a beau
être mort, il les hante toujours : ils ne pourront
s’empêcher d’évoquer la folie d’alors, de se rejouer ce
père disparu, et de réaliser combien il les a décidément
marqués à vie…
durée 1h05
suivi de
durée 1h30
> Tarifs du Cycle Bourreaux d’enfants ! (1 soirée/2 spectacles) : 15€ > offre exceptionnelle du 19 au 24 mars
et du 9 au 14 avril / 40€ > à 2, c’est mieux ! (soit 20€ la soirée par personne) / 25€ plein tarif, 40€ en duo, 20€
moins de 30 ans, collectivités, demandeurs d’emploi, 15€ étudiants et scolaires
theatredelaquarium.com
La Cartoucherie- route du champ de manœuvre 75012 Paris / réservations : 01 43 74 99 61 - du mardi au samedi de 14h à 19h
2 générales de presse
Contact presse Catherine Guizard
01 48 40 97 88 & 06 60 43 21 13
[email protected]
Chap. 1 > mardi 19 mars à 20h30
Chap. 2 > mardi 9 avril à 20h30
« BOURREAUX D’ENFANTS ! » Chap. 1
19 mars > 5 avril 2013
Modeste proposition concernant les enfants des classes
pauvres, et autres pensées sur divers sujets moraux et
divertissant d’après Jonathan Swift
projet et adaptation de David Gabison
mise en scène François Rancillac
« Le rire de Swift se dresse et résonne face à
l’obscénité et à l’horreur du monde. »
Julien Green
scénographie Jacques Mollon et François Rancillac,
portrait de Swift François Fontaine
régie générale Jord Le Dortz
avec David Gabison
Le spectacle est composé des textes suivants de Jonathan Swift :
- Méditation sur un manche à balai, 1704
- Pensées sur divers sujets moraux et divertissants, 1706
- Bref exposé sur l’état de l’Irlande, 1728
- Modeste proposition concernant les enfants des classes pauvres, 1729
- Projet de distributions d’insignes distinctifs aux mendiants, traduction Émile Pons (Ed. Gallimard), 1737
production Théâtre de l’Aquarium, Comédie de Saint-Étienne/CDN
L’homme qui rit
> suivi de
d’après le roman de Victor Hugo / adaptation, mise en scène et jeu Christine Guênon
Un pamphlet anti-néolibéral de… 1729
« Il faut prendre l’argent là où il se trouve, c’est à dire chez les pauvres.
Bon d’accord, ils n’ont pas beaucoup d’argent, mais il y a beaucoup de pauvres. »
Alphonse Allais
La société va mal, tout le monde le dit, ça doit donc être vrai. Mais qui ose vraiment prendre à bras le corps les
problèmes criants de la pauvreté (si visible dans nos rues), de la malnutrition des couches populaires (source de toutes
les délinquances), de la surpopulation dans les mégapoles (berceau de toutes les violences) ? La police est débordée et
nos gouvernants haussent les épaules… Un seul homme, philanthrope et courageux, a pris sur lui de réfléchir aux maux
de nos sociétés le plus rationnellement possible, et lui seul, a su pour la première fois proposer des solutions radicales,
efficaces et salutaires : les enfants de chômeurs sont trop nombreux ? Mangeons-les ! Les SDF polluent nos rues ?
Étiquetons-les, avec interdiction de sortir aux heures de pointe ! Et ainsi de suite, tout est à l’avenant : c’est simple,
réaliste, économique et hygiénique. Ah, si seulement nos hommes politiques pouvaient en prendre de la graine, et
s’inspirer des modestes mais géniales «propositions» du docte révérend Jonathan Swift !…
Écrivant en 1729 ce pamphlet pour dénoncer l’insupportable apartheid que subissait alors le peuple irlandais
(véritablement promis à l’éradication par Cromwell), l’auteur du célébrissime Voyages de Gulliver ne pensait
évidemment pas que la logique poussée ici à l’extrême par pure provocation, pourrait un jour devenir (presque)
réalité… Prophétique malgré lui, le rire noir de Swift sonne hélas jaune aujourd’hui… Comme un appel à notre
lucidité constante contre tous les systèmes qui confondent humains et quantités numériques ; comme un appel à
la résistance contre tous les programmes politiques fondés sur la démagogie, la haine et le rejet de l’autre,
oubliant au passage que la dignité de tous et notamment des plus fragiles, est la condition sine qua non du respect
de la dignité de chacun.
François Rancillac
« Il est bon que les prédicateurs soient affirmatifs :
qui veut imposer ses idées et ses raisons à la multitude convaincra d’autant plus
qu’il aura l’air plus convaincu lui-même. »
J. Swift
Tout cela est-il bien sérieux ?
« Le génie se reconnaît à ceci : le monde entier se ligue
contre lui… ». C’est par ces mots que notre homme ouvre sa
conférence, navré de se voir une fois de plus si mal accueilli,
relégué dans une sorte de réduit où s’entassent de vieux
journaux et un mobilier de rebut. Mais qu’importe ! Il passera
dessus cette énième vexation, persuadé que la bonne parole
germera même dans le désert.
Car notre homme est un philanthrope, absolument convaincu
du bien-fondé de ses propositions : il veut sauver le monde, il
veut enfin apporter des réponses concrètes, rationnelles aux
maux de l’humanité, à la détresse des hommes. Il sait ses
solutions aussi efficaces que révolutionnaires, mais il sait
également que ses arguments ont beau être imparables, ils
devront affronter la paresse intellectuelle, la fausse bonne
conscience, les préjugés. Notre philanthrope est donc aussi
un militant, un soldat de la vérité, armé d’arguments,
d’exemples, de chiffres : c’est un orateur convaincu de dire le
vrai et se dépensant pour être convainquant. Et pourquoi ne
faudrait-il pas le croire, puisqu’il dit vouloir notre bien ?
Swift a le chic de saisir au mot la rouerie du
discours politique pour la retourner contre lui. Avec
le plus grand sérieux, il use de son argumentaire,
de son autorité, de sa rhétorique un tantinet
professorale et condescendante, pour faire passer
sur le ton de « l’évidence » et du « bon sens »
réaliste les pires solutions qui soient. Il pousse à
bout la logique de haine sociale à l’œuvre derrière
une façade pseudo-humaniste, pour en dénoncer par
l’absurde l’horreur et l’inhumanité absolue.
En 1729, Swift s’attaquait évidemment à la politique
génocidaire de l’Angleterre d’alors, bien décidée à
éradiquer la race irlandaise toute entière (pour
répondre sans doute aux massacres des protestants
dans l’Europe catholique). Hélas, la violence politique
n’a pas fléchi avec le temps, et l’ironie de cette
Modeste proposition résonne de plus en plus
terriblement, à l’heure où il n’est décidément pas
bon d’être pauvre sur cette terre…
Jonathan Swift
La première moitié du XVIIIe siècle a de grands écrivains. Aucun ne
fut plus grand que Swift. Il a donné à la polémique et à la satire la
force du génie, il a témoigné dans quelques grandes querelles et
quelques grands moments de la politique anglaise ; il a parlé pour
l’Irlande et il a parlé pour lui-même. Comment, au travers des
œuvres, définir son génie ? Par la lucidité, d’abord. Une lucidité à
base d’amertume, de sévérité pour soi-même et pour l’homme,
d’ambition déçue aussi : il avait soif de puissance et aurait voulu
recevoir ce qu’il n’a pas reçu. Cette lucidité, ce sens critique dont
la racine se découvre dans le sursaut d’un esprit blessé,
insatisfait, servent à la dénonciation des fausses valeurs : tout ce
qui n’est pas honnête, rationnel, vrai, juste, dans la politique, la
morale, la littérature, la religion, les rapports humains. Il n’aime
pas la logique – artificielle – ni la science – trompeuse - ; il refuse
toute convention, frappe de la même main (que l’intérêt peut
parfois conduire bien sûr) à sa droite et à sa gauche.
Né à Dublin le 30 novembre 1667, Jonathan Swift est orphelin de
père et ses oncles pourvoient à son éducation. Après une
formation universitaire à Dublin (1681-1688), il quitte l’Irlande et
va rejoindre sa mère établie dans le comté de Leicester. Il devient
secrétaire de William Temple, membre du Parlement et diplomate
très en vue. Swift vécu 10 ans chez ce protecteur.
Ces nouvelles fonctions lui permettent de poursuivre ses études
de théologie. Elles s’achèveront en 1692 par un doctorat. Jonathan
Swift est alors nommé pasteur à Kilroot, près de Belfast (1694). Il
n’y reste que quelques mois et repart pour Moon Park, où habite
Sir Temple.
En 1701, il publie son premier pamphlet politique, Discours sur
les luttes et les dissensions entre nobles et gens communs à
Athènes et à Rome, ouvrage dans lequel il prend nettement
position pour les Wighs. La politique l’attire de plus en plus. Il fait
de longs séjours à Londres et entre en rapport avec certains chefs
politiques Wighs. Puis il devient pour le gouvernement Tory un
conseiller écouté. Collaborant à l’Examiner, de 1711 à 1714, il
prépare « l’opinion à la paix » avec la France. Doyen de la
Cathédrale de St Patrick (1713), il n’accède pas à l’évêché : Le
conte du tonneau avait déplu à la Reine Anne. Swift y attaquait
aussi bien les anglicans que les dissidents ou les catholiques
romains. La chute des Tories en 1714 rend définitif son exil en
Irlande. Dès lors, il défend âprement son pays et publie un nombre
important d’ouvrages politiques dont Modeste Proposition au sujet
des enfants pauvres, (1729) jusqu’à sa mort en 1745.
Par le poste qu’il occupait à Dublin, Swift fut à même de jouer un
rôle important et il eut vite fait de conquérir l’estime puis
l’admiration des Irlandais. Non seulement il sut administrer St
Patrick avec intelligence et énergie, mais aussi – il avait des droits
et des devoirs de magistrat sur toute une partie de la population
qui logeait aux abords de la cathédrale – s’attirer la
reconnaissance de beaucoup d’humbles familles. Avec celles-ci, il
eut sous les yeux la misère irlandaise ; il tenta de la comprendre,
d’en trouver les causes, pour la soulager.
Extrait de l’Encyclopédie Universalis
Bibliographie en quelques titres >
1733 : L’art du mensonge politique (J. Million, 1993) Les bonnes manières (Griot, 1989)
1704 : Le conte du tonneau : contenant tout ce que les arts et les sciences ont de plus sublime et de plus mystérieux (Ressouvenances, 1987)
1726 : Les voyages de Gulliver (Gallimard, Folio, 1976) ; Voyage à Lilliput : premier voyage de Gulliver (Gallimard, Edition spéciale, 1991) ;
Deuxième voyage de Gulliver : voyage à Brobdingnag, (Gallimard, Edition spéciale, 1991)
1729 : Propositions, résolutions et prédictions : opuscules humoristiques,(Circé, collection Libelles, 1992)
1740 : Le Grand Mystère ou l’art de méditer sur la garde-robe (Instant perpétuel, 1999)
1745 : Instructions aux domestiques (Mille et une nuits, 1998)
La Mécanique de l’esprit, Editions de Paris 1995, Œuvres complètes, Gallimard, La Pléiade, 1988
François Rancillac
Cofondateur en 1983 (avec Danielle Chinsky) de la compagnie « le Théâtre du Binôme », François Rancillac a mis en scène des auteurs
aussi divers et variés que Racine, Christian Rullier, JMR Lenz, Noëlle Renaude, Corneille, Jean-Luc Lagarce, Jean Giraudoux, Rostand,
Jean-François Caron, Molière, Olivier Py, Jean-Pol Fargeau, Marie Balmary… De 1991 à 1994, François Rancillac a été également
directeur artistique du Théâtre du Peuple de Bussang (il en est actuellement président).
De 2002 à 2009, il dirige avec Jean-Claude Berutti La Comédie de Saint-Étienne/centre dramatique national. Dans ce cadre, il met en
scène notamment Kroum, l’ectoplasme de Hanokh Levin, Modeste proposition… d’après Jonathan Swift, Une jure, l’autre pas d’après
Marc-Alain Ouaknin, Projection privée de Rémi de Vos, Les Sept contre Thèbes d’Eschyle, Biedermann et les incendiaires de Max
Frisch, Cinq clés de Jean-Paul Wenzel, Papillons de nuit de Michel Marc Bouchard, Music Hall et Retour à la citadelle de Jean-Luc
Lagarce, Zoom de Gilles Granouillet et Nous, les héros de Jean-Luc Lagarce (en russe, au Théâtre Tuz d’Ekaterinbourg).
En mars 2009, François Rancillac est nommé à la direction du Théâtre de l’Aquarium, à la Cartoucherie (Paris). Il ouvre la saison 20092010 avec Zoom de Gilles Granouillet. Il y met en scène Le bout de la route de Jean Giono en janvier 2010 et Giono sur la route d’après
les Entretiens de J. Giono avec J. Amrouche (2010), Le roi s’amuse (d’abord créé en juin 2010 au Château de Grignan), De gré de forces
d’après le « Discours de la servitude volontaire » d’Étienne de La Boétie (2010), Détours d’après « Suite vénitienne » de Sophie Calle
(2011), Le tombeau de Molière de Jean-Claude Berutti et les musiques de Marc-Antoine Charpentier pour « Le malade imaginaire » de
Molière (2012), Mon père qui fonctionnait par périodes culinaires et autres d’Elizabeth Mazev (2012), Nager/cueillir de Gilles
Granouillet (2012 – pour les Théâtrales/Charles Dullin). En janvier 2013, il a mis en scène Ma mère qui chantait sur un phare de Gilles
Granouillet.
David Gabison
Après des études de théologie protestante, David Gabison sombre dans le théâtre et part à Berlin se former au sein du Berliner Ensemble. De retour en France, il accompagne toute l’aventure du Théâtre de Gennevilliers, aux côtés de Bernard Sobel, de 1969 à 1990. Il joue également dans des mises en scène d’Yvon Davis, Jacques Lassalle, Georges Wilson, Roger Blin, Marcel Maréchal, Antoine Vitez, Hans Peter Cloos, Bruno Bayen, Michel Didym, Michel Dubois, Anne-­‐Marie Lazarini, Jean-­‐Yves Lazennec,… Au cinéma, il a tourné entre autres sous la direction de Jean-­‐Claude Brialy, Roman Polanski, Coline Serreau, Claude Chabrol, Bertrand Blier, Jacques Rouffio, Philippe de Broca, André Cayatte, Patrice Chéreau, Georges Lautner, Claude Lelouch, Jacques Demy, Bruno Bayen, Nagisa Oshima, Yves Robert, Claude Pinoteau, Arnaud Desplechin, Bruno Podalydès, Roland Joffé, Chris Nahon... Il a également tourné en langue allemande avec Egon Gunther, Hayo Giese, Volker Schlöndorff,… « BOURREAUX D’ENFANTS ! » Chap. 1
19 mars > 5 avril 2013
L’Homme qui rit d’après le roman de Victor Hugo
« Le comique exige, pour
produire tout son effet, quelque
chose comme une anesthésie
momentanée du cœur. »
Bergson
adaptation, mise en scène et jeu Christine Guênon
adaptation, mise en scène et jeu Christine Guênon
assistée de Laure Guillem, lumières Dominique Fortin
régie générale Jord Le Dortz
Remerciements à Ludovic Longelin
production Cie Chaos vaincu, Théâtre de l’Aquarium
Au départ, je voulais faire un spectacle drôle et puis je n’ai pas réussi, quoique…
Je pensais à Chaplin, j’avais des images de films, je pensais à Gabin, au cinéma expressionniste allemand. Je voulais
faire rire avec les appétits humains les plus sombres. J’imitais pour saisir où ils étaient allés. Cela m’a nourri. Et en
abandonnant peu à peu l’imitation j’ai trouvé mon propre chemin. Mon rire. »
C’est l’histoire d’un enfant qu’on a mutilé. Les
Comprachicos lui ont collé sur le visage un rire
magistral et monstrueux, irrésistible et pétrifié,
dont personne ne se dérobe, et qui produit l’éclat
de rire foudroyant. Un chef d’œuvre d’hommes
pour les hommes, réalisé à des fins politiques,
car la raison d’état a ses raisons que la raison
ignore…
« Je représente l’humanité telle que ses maîtres
l’ont faite. L’homme est un mutilé. Ce qu’on m’a
fait, on l’a fait au genre humain. On lui a déformé
le droit, la justice, la vérité, la raison,
l’intelligence comme à moi les yeux, les narines
et les oreilles. Comme à moi, on lui a mis au
cœur un cloaque de colère et de douleur, et sur
la face un masque de contentement ».
Gwynplaine, L’homme qui rit,
Victor Hugo.
J’ai choisi quatre figures :
Ursus, le bateleur misanthrope qui recueille Gwynplaine, l’enfant
défiguré et Déa l’enfant trouvée. Et puis aussi les méchants
Comprachicos, et le narrateur, la voix du poète. Je les esquisse, je
les dessine, je les incarne, je les entrevois, sans prévenir je passe
de l’un à l’autre pour provoquer le public dans son écoute, qu’il
vienne à moi comme je vais à lui.
Un acteur en travail, un public en travail, pour regarder ensemble
ce que nous raconte le roman, hier comme aujourd’hui : Qu’est-ce
que ça veut dire que vivre ensemble ?
Alors je pose sur mon visage le rire de Gwynplaine et il n’y a plus
qu’à écouter…
« Je parlerai pour tous les taciturnes désespérés. Je traduirai les
bégaiements, les grondements, les hurlements, les murmures,
les plaintes mal prononcées et tous ces cris de bêtes qu’à force
d’ignorance et de souffrance on fait pousser aux hommes. »
Ursus,
c’est le plus beau des personnages
et selon moi le véritable héros de
cette épopée hugolienne. C’est le
bon, le vrai, le juste, un vagabond
n’ayant pour ami et pour compagnon
qu’un loup. C’est par lui et avec lui
que nous marchons dans l’histoire
sans fin du rapport entre les
puissants et les exclus. La regarder
avec le rire philosophe du
saltimbanque, qui ne change rien,
qui peut-être ne sert à rien, mais qui
est essentiel à l’humanité. C’est
tentant pour un acteur…
« Ursus était un misanthrope et pour
souligner sa misanthropie il s’était
fait bateleur.
Christine Guênon
Mon Hugo
C’est en avril 2009, à Boulogne-sur-Mer, après avoir
joué Roi Lear. Ludovic Longelin, qui nous a
programmés, fait part de son désir d’inviter trois
comédiens qui s’empareront d’un texte non théâtral…
« L’homme qui rit », je réponds, « Victor Hugo, l’Homme
qui rit, je vais jouer L’homme qui rit, toute seule. »
sa peau le rire comme on marque le bagnard,
l’étranger, le juif, le pauvre. « Ris mon garçon car tu
riras toujours ».
Es-tu celui qui rit ou celui qui fait rire ? Ris-tu de ce que
l’on t’a fait ou de ceux qui te regardent ? Es-tu le seul à
ne pas rire ? Car l’homme qui rit est peut-être la force,
le pouvoir, la tradition, l’impunité, car son seul lot de
consolation c’est son rire.
Et voilà, c’était parti. Un roman que j’ai lu, il y a vingt ans
et que je n’ai jamais pu oublier. Un roman politique,
philosophique, historique. De la poésie pure au service
de l’intelligence.
On force l’homme à rire du monde qu’il s’est fabriqué, à
rire des vérités toujours blessantes, des espoirs vains et
on lui oppose comme seul contrepoint, l’amour, seule
vérité peut-être sincère de cette humanité riante, mais
l’amour est aveugle.
L’homme qui rit, un titre aussi.
Puissant, énigmatique, émouvant comme peut l’être
celui du film d’un autre Victor, Sjöström celui-là, un des
pères du cinéma suédois des années 20, considéré par
Chaplin comme le meilleur réalisateur du monde…
L’homme est forcé de rire.
Et comme on ne goûte pas le comique si l’on est isolé,
que pour le comprendre il faut le replacer dans son
milieu naturel qui est la société, je le pose sur scène, au
théâtre, devant nous.
« Larmes de clown ».
Le clown pleure, l’homme rit.
Qui est l’homme qui rit ? De quoi rit-il ? Est-ce
Gwynplaine, cet enfant de deux ans qu’on a défiguré afin
qu’il porte sur son visage le rire éternel. On marque sur
Merci Victor…
C’est un vieil homme notre Totor quand il écrit l’homme qui rit…
Certain, bien moins talentueux au XIXe et oublié aujourd’hui, a osé dire qu’il coûte de le lire et qu’il pourrait déshonorer
intellectuellement la vieillesse d’un homme qui n’a pas su se taire à temps… Pour Dumas, c’est un souffle surhumain,
pour Claudel, le chef-d’œuvre de Victor Hugo et j’aime Claudel d’aimer cette œuvre…
C’est mon livre et je dépose un geste sur scène car je suis saltimbanque, je ne suis qu’une voix qui encourage à la
lecture… Les chanceux qui ne l’ont pas lu, les heureux qui veulent y retourner.
Christine Guênon
« Cela se passait il y a 300 ans, du temps que les
hommes étaient un peu plus des loups qu’ils ne le sont
aujourd’hui, pas beaucoup plus. »
VICTOR HUGO (1802-1885)
L'enfance de Victor Hugo est traversée de scènes qui peupleront
l'imagination du poète, du dramaturge et de l'homme politique :
en Italie, les suppliciés, pendus aux arbres, en Espagne les morts
de la révolte contre l'armée impériale cruelle, l’exécution de son
oncle pour sa participation à une tentative de coup d'État…
En 1829, paraissent Les Orientales et Le Dernier Jour d'un
condamné qui dit l'horreur de la peine de mort… Le poète et le
moraliste subsisteront en Hugo jusqu'à la fin de sa vie. Les
Misérables (1862) dénonceront la fatalité sociale qui pèse sur les
épaules de l'humanité. La révolution de 1830 va engager
l'évolution politique de Victor Hugo. Monarchiste par fidélité à sa
mère, il bénéficie des faveurs du régime et est reçu à l'Académie
française en 1841, nommé pair de France en 1845.
La révolution de 1848 voit Hugo toujours incertain. Républicain de
principe, il se rallie à Louis-Napoléon. Mais peu à peu, son
opposition devient irréductible et il se range résolument aux côtés
des ouvriers qui subissent la répression sanglante de l'armée. Au
lendemain du coup d'État, le 2 décembre 1851, qui fait de LouisNapoléon Bonaparte l'empereur des Français, il doit prendre le
chemin de l'exil. De retour en France en 1870 et siégeant à
l'Assemblée, il est un homme seul qui affirme : "Je suis de ceux
qui pensent qu'on peut détruire la misère". Il a de grands projets
qu'il n'aura pas le temps de faire aboutir: "Abolition de la peine de
mort - Abolition des peines infamantes et afflictives - Réforme de
la magistrature - Actes préparatoires des États-Unis d'Europe Instruction gratuite et obligatoire - Droits de la femme". Il avait
écrit pour l'éternité et donné à penser à notre siècle.
Christine Guênon
Après des études au Théâtre des Quartiers d’Ivry, sous le regard de Catherine Dasté et Françoise Gerbaulet, puis à l’Espace Acteur sous celui
de Guy Shelley et Michel Cerda, elle travaille sous la direction de Michel Cerda, Nicolas Lormeau (de la Comédie Française), Daniel Soulier,
Jean-Christian Grinevald, Thierry Atlan, Sophie Renauld, Elisabeth Chailloux, Marc Paquien, Omar Porras.
Elle est également Suzanne, la sœur, dans Le pays Lointain de Jean-Luc Lagarce monté par François Rancillac (2001), Christine dans
Mademoiselle Julie mis en scène par Jacques Falguière (2006).
En 2007, elle joue dans Retour à la citadelle de Jean-Luc Lagarce, mis en scène par François Rancillac (Théâtre des Abbesses), puis L’Affiche
de Philippe Ducros, mise en scène par Guy Delamotte à Caen puis au Tarmac de La Villette, en octobre 2009. En 2008, elle joue dans son Roi
Lear 4/87 d’après Shakespeare, mis en scène Antoine Caubet. En 2010, elle adapte et joue L’Homme qui rit de Victor Hugo présenté pour la
première fois au Théâtre de l’Aquarium à l’occasion de représentations exceptionnelles, et en parallèle au spectacle de François Rancillac Le
Roi s’amuse du même auteur. En 2011, François Rancillac la met en scène dans Détours d’après « Suite vénitienne » de Sophie Calle.
« BOURREAUX D’ENFANTS ! » Chap. 2
9 > 28 avril 2013
La pluie d’été d’après le roman de Marguerite Duras
adaptation et mise en scène Lucas Bonnifait
lumière Alice Versieux et Karl-Ludwig Francisco, son Sébastien Rouiller
musiques Cheree - Suicide, vidéo Jean-Baptiste Saurel
avec Jean-Claude Bonnifait, Ava Hervier et Raouf Raïs
production Le Club de La Vie Inimitable / co-réalisation La Loge, avec l’aide à la diffusion Arcadi
Après un long silence dû à la maladie, Marguerite Duras publie en 1990 le roman La pluie d’été, qu’elle situe à Vitry.
C’est déjà là qu’elle avait tourné son dernier film en 1984, Les enfants, dont ce roman est issu.
Elle y raconte l’histoire d’une famille de Vitry-sur-Seine. Un père et une mère immigrés et leur sept enfants : Ernesto,
Jeanne, les brothers et les sisters. Un jour, Ernesto trouve un livre brûlé et découvre qu’il sait lire alors qu’il n’a jamais
appris. Il va à l’école mais très vite il décide de ne plus y aller parce que, dit-il : « (…) À l’école on m’apprend des
choses que je sais pas. »
Cette connaissance interroge, inquiète, perturbe. À force de comprendre sans apprendre, le petit garçon sait beaucoup…
Ce texte émouvant nous parle d’histoires d’amours : amour de l’autre, du savoir, de la croyance. Ernesto croit en quelque
chose qu’il ne peut pas nommer, c’est peut-être dieu ou autre chose ou le savoir, ce n’est pas important. Jeanne, la
sœur, croit en Ernesto. Les parents ne croient plus en rien si ce n’est en leurs enfants, et aussi et surtout, en leur passé.
Les brothers et les sisters croient en leur jeu…
Autour d’eux, la société et tout ce qui la fait tenir : Dieu, l’éducation, la famille, la culture…
Lucas Bonnifait
Notre Avare
> suivi de de
d’après L’Avare de Molière, recomposition et mise en scène Jean Boillot
En toute intimité
Parfois, souvent, des choses m’échappent : telle
discussion, tel sujet, telle démonstration.
Cette disposition aux choses, que l’on pourrait appeler
naïve, est devenue un moteur dans mon travail.
En effet le texte, et ici, La Pluie d’été, me semble être
envisageable comme une matière que l’on ne
comprend pas mais qui tente malgré tout et surtout
malgré nous de nous raconter quelque chose, comme si
nous n’étions que des passeurs, des révélateurs.
Je ne sais toujours pas pourquoi ce texte m’obsède, je
n’ai pas de réponse, je ne sais pas, je voudrais savoir.
C’est l’éternelle question. La Pluie d’été, pour moi, parle
de ça, du savoir. Toutes les formes de savoir. Je me
rends compte qu’avec ces éléments, j’y trouve ma façon
d’appréhender une forme de recherche théâtrale.
La disposition de la salle est quadri-frontale et la
lumière est pratiquement un plein feu.
L’espace est vide, seuls quelques accessoires : des
bancs pour le public et sur lesquels sont aussi installés
les comédiens, des briques au fond contre un mur, on
peut voir aussi un sac de pommes de terre et, si on est
très observateur, des allumettes et un couteau.
Les acteurs au début lisent, ils font partie du public, ils
semblent ne pas savoir ce qu’ils vont jouer ; supposer le
hasard, le discontinu, que l’on entre dans le récit à leur
rythme, à mesure que le texte se déroule.
Le rapport aux spectateurs est volontairement très
intime, sans quatrième mur, je veux jouer sur la grande
proximité que crée cette disposition et cette simplicité
apparente, que je préfère appeler épure, afin que le
spectateur ne se sente pas complètement passif. En
effet, grâce à cette disposition et cette ambiance, le
spectateur doit se sentir intégré au rituel qui est en train
de se mettre en place et partie prenante de
l’atmosphère.
Ce rituel a pour seul but d’essayer de raconter à
nouveau le mythe et La Pluie d’été n’est rien d’autre
qu’un mythe.
Ce spectacle est un basculement de la non-théâtralité
vers le mythe, le spectacle commence comme un nonévènement et opère ce glissement insidieux vers le
sacré.
Nous partons ici du banal, du quotidien en s’appuyant
sur le texte : des gens lisent, commencent à se
répondre, peut-être sont-ils des acteurs, et ils finissent
par emporter les spectateurs dans un tourbillon
sensitif et esthétique.
L’enjeu de ce spectacle se trouve ici, à l’endroit très
fragile et éphémère que constitue ce basculement, le
jeu des acteurs, la scénographie, l’esthétique, le
développement narratif et toute la dramaturgie sont
sous-tendus par cet objectif.
Lucas Bonnifait
Marguerite Duras
(1914 – 1996) est écrivaine et cinéaste. Son œuvre se distingue par sa diversité et sa modernité qui renouvelle le genre romanesque et
bouscule les conventions théâtrales et cinématographiques, ce qui fait de Marguerite Duras une créatrice importante, mais parfois
contestée, de la seconde moitié du XXe siècle. En 1950, elle est révélée par un roman d'inspiration autobiographique, Un barrage
contre le Pacifique. Associée au mouvement du Nouveau Roman, elle publie ensuite régulièrement des romans qui font connaître sa
voix particulière avec la déstructuration des phrases, des personnages, de l'action et du temps et ses thèmes comme l'attente,
l'amour, la sensualité féminine ou l'alcool : Le Marin de Gibraltar (1952), Les Petits Chevaux de Tarquinia (1953), Moderato Cantabile
(1958), Le Ravissement de Lol V. Stein (1964) ou Le Vice-Consul (1966) et Yann Andréa Steiner (1992), dédié à son dernier compagnon
Yann Andréa, écrivain, qui après sa mort deviendra son exécuteur littéraire. Elle rencontre un immense succès public avec L'Amant,
Prix Goncourt en 1984, autofiction sur les expériences sexuelles de son adolescence dans l'Indochine des années trente, qu'elle
réécrira en 1991 sous le titre de L'Amant de la Chine du Nord. Elle écrit aussi pour le théâtre, souvent des adaptations de ses romans
comme Le Square paru en 1955 et représenté en 1957. Pour le cinéma, elle écrit en 1959 le scénario et les dialogues du film d'Alain
Resnais Hiroshima mon amour dont elle publie la transcription en 1960. Elle réalise elle-même des films originaux comme India Song,
en 1975, ou Le Camion en 1977.
Lucas Bonnifait
Après des études d’arts appliqués au Lycée de Sèvres, il suit une formation de comédien au Conservatoire du Xe arrondissement avec
Michelle Garay en 2004/2006, puis au conservatoire du XVIe arrondissement avec Stéphane Auvray-Nauroy en 2006/2007.
En 2005, il joue au Théâtre du Rond-Point sous la direction de Pippo Delbono dans le cadre de son spectacle Enrico V. En 2008, il
effectue une résidence à la Chartreuse sous la direction de Christophe Lemaître, autour d'un texte de Christophe Pellet intitulé Erich
Von Stroheim, s’en suive une série de lecture au Théâtre Gérard Philipe de Saint-Denis. Il joue également au Théâtre du Marais et au
Théâtre des bouffes du Nord dans Le Saperleau.
Il est à l’initiative de Cabaret Martyr , spectacle qui se joue depuis le mois de novembre 2007 dans différents lieux et il fonde sa
compagnie « Le club de la vie inimitable » en résidence à La Loge. Avec elle, il prépare une série télé déclinée de l’univers du
spectacle Cabaret Martyr, réalisée par Jean-Baptiste Saurel et produite par Christophe Offenstein (Podenko).
En novembre 2009, il crée à La Loge, son premier spectacle, 20 ans et alors !, d’après des textes de Don Duyns et des textes originaux,
avec la complicité de Natalie Beder.
Il a également joué dans différents téléfilms, courts et longs-métrages, dont Ma vraie vie à Rouen réalisé par Olivier Ducastel et
Jacques Martineau, Kennedy et Moi réalisé par Sam Karmann, ainsi que dans Un mariage, Le Coucou et Faire avec de Philippe Lasry,
dont il est co-auteur.
Jean-Claude Bonnifait
« Enfant, le guignol me faisait peur, mais quand c’était fini je voulais que ça recommence ; le cirque aussi, surtout les clowns et les
tigres qui sautent dans les cerceaux en flammes. Même chose pour le théâtre ; et finalement je suis acteur, ça et là, vaille que vaille…
En 1998, je joue un kuroko, personnage neutre issu du théâtre nô, dans une création de Maurice Béjart : Casta diva. Ensuite tout s’est
déployé, coloré : les créations de textes de Sam Shepard mis en scène par Robert Cordier. Un travail artistique sur plusieurs années
avec Joël Dragutin au Théâtre 95 (Cergy), dont La baie de Naples, Une envie de tuer sur le bout de la langue écrit et créé par l’auteur
Xavier Durringer /Quoi l’amour mis en scène par Adel Hakim au Théâtre des quartiers d’Ivry / Phaedra’s love de Sarah Kane mis en
scène par Renaud Cojo /Richard III, création du Panta Théâtre de Caen /Comment j’ai mangé du chien d’Evgueni Grichkovets et La
villégiature mis en scène par Patrick Haggiag /Le roi Lear mis en scène par Jean-Claude Fall /Scanner, une création de David Ayala au
TGP St-Denis. Quelques rôles à la télévision :Tropiques amers réalisé par Jean-Claude Flamand-Barny /L’école du pouvoir réalisé par
Raoul Peck… »
Ava Hervier
Diplômée du cours Florent et titulaire d'un DEA d'histoire du cinéma, elle intègre en 2005-2008 le Conservatoire du 16e arrondissement
de Paris. Elle joue en 2006 dans le Cabaret Réaliste au Théâtre du Rond-Point sous la direction d’Yves Pignot et se produit dans Le
Saperleau de Gildas Bourdet - qu’elle a co-mis en scène - au Théâtre du Marais et au Théâtre des Bouffes du Nord (2008-2009). En
2008, elle crée son spectacle Ava's Verden au Théâtre de l’Etoile du Nord, accompagnée et assistée par Pit Spector et Lucas Bonnifait,
qu’elle joue par la suite au Divan du Monde, à la Bellevilloise, à La Loge Théâtre…
En 2009, elle crée avec 2 danseuses L’An 2 (Association Mâ/Spedidam/Ville de Lyon/Scène Nationale de Cavaillon), qu’elle joue à Lyon
puis à Paris à La Loge. Membre fondateur du Cabaret Martyr dans lequel elle joue et chante, elle est également compositrice et
chanteuse du groupe de rock « Lipstick Std ».
Au cinéma et à la télévision, elle incarne plusieurs rôles sous la direction d’Hélène Guétary (Le Solex ) et du réalisateur anglais Steven
Eastwood (The end). Elle se produit régulièrement dans les performances de l’artiste Chloé Quenum.
Elle prépare une série de pilotes du Cabaret Martyr pour la télévision, réalisée par Jean-Baptiste Saurel et produite par Christophe
Offenstein (Podenko).
Raouf Raïs
Après des études de lettres modernes, il suit une formation avec Stéphane Auvray-Nauroy au Conservatoire du 16e arrondissement de
Paris entre 2002 et 2005. En 2004, il joue dans Les joyeuses commères de Windsor au festival « In Situ » de Carqueiranne, mise en
scène par Laurent Zivéri. Il travaille sous la direction d’Eram Sobhani dans L’Espèce humaine d’après Robert Antelme, de Cédric Orain
dans Le Mort d’après Georges Bataille, au sein du festival « À Court de Forme » en avril 2006 au Théâtre de l’Étoile du Nord. Le Mort
est repris en février 2009 au Théâtre de la Bastille à Paris et au Théâtre Garonne à Toulouse. Il joue aussi en 2007/2008 dans des
mises en scène de Christelle Larra pour Gibier du temps de Gabily et de Patrice Riera et Jean-Antoine Marciel pour L’Amour de
Phèdre et Purifiés de Sarah Kane au Lavoir Moderne Parisien. Il effectue divers stages, avec Jean-Michel Rabeux sur le tragique ou
Fabio Pacchioni sur Shakespeare.
Il met en scène Fallait rester chez vous... d'après Rodrigo Garcia en janvier 2006 au Théâtre Méditerranée à Toulon, Outrage au public
de Peter Handke en mai 2007 à l’Espace Beaujon et L’Espace du dedans d’Henri Michaux en février 2009 à l'Etoile du nord. En
septembre 2009, il fonde avec Charlotte Jeanmonod le Collectif Hubris en résidence à La Loge à Paris.
« BOURREAUX D’ENFANTS ! » Chap. 2
9 > 28 avril 2013
Notre Avare d’après Molière
Re-création 2010
adaptation et mise en scène Jean Boillot
dramaturgie Christophe Triau, scénographie et costumes Laurence Villerot
avec Serge Brincat, Philippe Lardaud, Isabelle Ronayette, Stéphanie Schwartzbrod,
production NEST – CDN de Thionville-Lorraine, coproduction La Spirale - Compagnie Jean Boillot, le TAP - Scène
Nationale de Poitiers
« Vous ne connaissez pas encore le seigneur Harpagon.
En un mot, il aimait l’argent… »
L’Avare : Harpagon et sa célèbre cassette. Mais aussi l’histoire des enfants d’Harpagon, aux prises avec ce père tyrannique pour
pouvoir vivre leurs amours - pour pouvoir vivre, tout court. Notre Avare, c’est celui d’Élise, Cléante, Valère et Marianne : le temps a
passé, Harpagon est mort, mais il est à nouveau convoqué par le récit théâtral qu’en font les quatre jeunes gens à nouveau réunis.
Rejouant devant le public ce moment crucial de leur histoire - la pièce de Molière -, faisant revivre ce père disparu et leur passé
commun, leurs différents points de vue se confrontent. Affleurent les pulsions et les non-dits de leurs relations et, à travers eux, le
poids de l’héritage de cette figure paternelle écrasante.
Une aventure qui continue… Dès la création du Notre Avare (été 2003), nous avions convenu avec les acteurs que ce spectacle nous
accompagnerait, que nous vivrions ensemble, aussi longtemps que possible. Ma prise de fonction au Centre Dramatique National de
Thionville nous permet de reprendre Notre Avare une nouvelle fois et de l’ajuster à ce que nous sommes devenus.
Voilà donc nos « quatre Amoureux » de retour. Ils ont un peu vieilli, mais ce sont les mêmes (certains ont eu des enfants, se sont
séparés)… Le théâtre les fait se retrouver encore une fois, pour refaire vivre et mourir Harpagon devant nos yeux.
Pas d’ambiguïté, c’est le texte de Molière que nous rejouerons.
Mais nous avons choisi de le jouer selon le point de vue des quatre amoureux. C'est-à-dire qu’il n’y a qu’eux sur le plateau, pour
évoquer et refaire vivre sous nos yeux la maisonnée de leur enfance. Harpagon n’est pas là. Ou plutôt, il est omniprésent, au travers de
leurs récits ou de leurs jeux. La pièce se reconstruit au fil des quatre témoignages, constituant un portait d’Harpagon à quatre voix.
Forme légère, Notre Avare est une pièce qui peut s’adapter à beaucoup de situations. L’élément technique est allégé au maximum
pour nous permettre d’aller au-devant du public où qu’il se trouve.
Jean Boillot
janvier 2010
Remake théâtral à 4 voix
« Il m'a semblé nécessaire, montant une adaptation de
L'Avare, de nous placer d'emblée dans une contrainte
formelle qui nous oblige à renouveler le langage
scénique. Les quatre acteurs devront jouer leur
personnage : Cléante, Élise, Valère ou Marianne. Mais ils
devront aussi raconter le comportement de leur
entourage, à commencer par celui d’Harpagon,
personnage principal de la pièce, bien que
corporellement absent. Ainsi, nous déplacerons le
théâtre où l’on joue un personnage, vers le récit où l’on
raconte des comportements. Ainsi, un acteur pourra
jouer un ou plusieurs personnages, ou bien raconter à
lui seul une scène…
Le chiffre de quatre acteurs pourrait correspondre aux
quatre humeurs qui dosées différemment selon les
personnes donnent leur tempérament : ainsi pourraiton retrouver un bilieux, un sanguin, un flegmatique ou
un mélancolique, dont les comédies de Molière
regorgent. Il s'agira effectivement d'une étude de la
psyché…
Cela me permet surtout de centrer Notre Avare sur
l'histoire des quatre amants, l'histoire du désir qui
sourd dans cette pièce. C'est la sphère des rapports
intimes qui m'intéresse, celle des amants et celle des
parents (frère/sœur ou enfant/père).
Les personnages du quatuor amoureux trouvent ici une
« épaisseur ». Molière y fouille la confusion des
sentiments et les multiples mouvements de l'amour, il y
fait preuve d'une grande finesse d'observation et rend
le
drame
« vivants »
ses
amants, inventant
psychologique.
Les autres personnages sont d'une étoffe différente : ils
sont prisonniers de leur « caractère », des quelques
traits simplifiés qui caractérisent l'univers traditionnel
de la farce. Au plus pourrions-nous dire qu’ils sont
enfermés dans leurs pulsions.
La fin de la pièce voit intervenir le romanesque :
personnages et situations y retrouvent une dimension
artificielle, êtres de papier sorti d’un roman picaresque,
dans une conclusion factice et vertigineuse. Ce mélange
de registres où le drame réaliste côtoie la farce et le
roman, rend la pièce instable et inquiétante comme un
cauchemar.
Il y a de l'onirique qui rapproche la pièce d'un rêve, c'est
à dire d'un espace où s'expriment l'inconscient et le
désir. Usurpation, ubiquité, amour monstrueux
(jeune/vieux ; laid/beau ; sincère/acheté…), aliénations
en tous genres, parricide, infanticide, vieux devenu
jeune, jeunes devenus vieux, richesse devenue
pauvreté… Un univers paranoïaque où nos angoisses
prennent le visage des êtres les plus proches.
La mémoire… Nos quatre amoureux peuvent jouer avec
le temps du récit de leur vie comme bon leur semble.
Chacun est le spectateur de sa propre vie et de la vie de
l’autre. Jusqu'au moment où ils vont redevenir acteurs :
signe du retournement propre à tout récit, où raconter
c'est revivre ; signe que nous sommes dans l'espace de
la mémoire qui est si proche de celui du fantasme et du
désir. Nous qui croyons jouer, sommes joués par des
forces enfouies qui ne demandent qu'à surgir. Harpagon
n'est pas mort : il est indissociable d'eux.
Notre Avare est une tentative de "théâtre naturel" (le
mot est de Brecht). Il s’agit d'un mode de récit théâtral
que chacun produit quotidiennement quand on doit
raconter un événement à une table de bistrot, par
exemple ; pour camper une personne, on utilise une
expression typique, un geste, une intonation que l'on a
soigneusement choisie, quatre bouts de sucre pour
figurer un espace ; on passe alternativement du style
indirect au style direct, du récit des faits à l’incarnation
des personnages…
Nos quatre jeune gens vont nous dire et jouer comment
ils ont voulu se marier ; comment ils ont découvert les
multiples visages d'Harpagon, le père ; comment ils ont
tenté de se libérer de sa tyrannie ; comment cette
société de Géronte se nourrit de ses enfants et
réciproquement ; comment la folie mortifère
d’Harpagon s’est propagée dans toute la maison,
contaminant les valeurs, la morale, la vertu, l'honnêteté
et l’amour ; comment elle s'est développée chez chacun,
les poussant au mensonge, au vol, au suicide, au
parricide. Et comment ces événements les ont laissés et
les laissent encore aujourd'hui, face à l’absence de
vérité morale, ébahis, blessés. »
Jean Boillot
« Dans Notre Avare, nous avions escamoté le personnage d’Harpagon pour interroger ce qui restait aux quatre amoureux
une fois qu’il avait disparu et travailler ainsi sur les notions d’héritage et de mémoire : Harpagon est parti, mais le
souvenir de sa présence est convoqué par le truchement de la révocation théâtrale qu’en font Cléante, Marianne, Élise et
Valère. Nous ne jouions rien d’autre que le texte de la pièce de Molière, et dans l’ordre des scènes — simplement, il était
devenu récit, et Harpagon apparaissait à travers le point de vue de ces quatre jeunes gens qui, comme un petit collectif
partageant des souvenirs communs mais pouvant aussi s’opposer sur des perceptions et des interprétations différentes,
se remémorent les moments essentiels de leur vie sous la tutelle de cette figure paternelle écrasante, et constituent
ainsi comme un portrait d’Harpagon à quatre voix.
Le récit tournait au règlement de compte, le théâtre au psychodrame, les pulsions et les non-dits surgissaient. Le
grossissement du trait et l’incarnation de la pathologie et de la schizophrénie d’Harpagon leur faisaient inventer une
figure polyphonique folle qui était de l’ordre du fantasme. C’était aussi l’héritage : celui de la violence d’Harpagon qui a
déteint sur ses enfants. »
Extrait du commentaire scénique de L’Avare par Jean Boillot
pour le volume Le théâtre du XVIIe siècle de l’Anthologie de L’Avant-scène (2009)
Molière
(1622- Paris/1673)
Fils d’un tapissier, il fait ses études chez les jésuites avant d’aller étudier le droit à Orléans. Avec Madeleine Béjart, il crée l’Illustre-Théâtre qui est un
échec en raison de dettes. En août 1645, il est même emprisonné. Les problèmes financiers qu’ils rencontrent font alors partie intégrante dans sa vie.
Cette même année, il quitte Paris pour la province. Il y restera treize ans. En 1658, il revient à Paris pour jouer Nicomède et Le Dépit amoureux devant
le roi. C’est la pièce Les Précieuses ridicules (1659) qui lui apporte la célébrité. Molière obtient du roi la salle du Petit-Bourbon puis celle du PalaisRoyal (à partir de 1660) où il remporte de nombreux succès en tant qu’auteur, acteur et directeur de troupe.
À partir de 1665, les premiers signes de sa maladie apparaissent. Ils restent éloignés de la scène jusqu’en 1666. Sa « fluxion de poitrine » le ronge et
affecte son physique. Les nombreuses rivalités qu’il subit tout au long de sa vie, dues à son talent et son succès, l’inspirent. En 1668, il écrit et met en
scène L’Avare, pièce basée sur le personnage d’Harpagon, vieillard malade, pingre et méfiant de tous. Il aborde pour la première fois le sujet de la
maladie et de la mort comme faisant partie intégrante de la vie des hommes au XVIIe siècle.
Jean Boillot
Né en 1970, à Rennes, il étudie la musique et plus particulièrement la harpe pendant douze années. À 18 ans, il choisit le théâtre. Il fait
ses études d'acteur à l'Atelier du Théâtre de la Criée (Marseille), à la London Academy of Music and Dramatic Art (Londres) puis au
Conservatoire National Supérieur d'Art Dramatique (Paris). Il étudie la mise en scène à l'Institut National Supérieur des Arts du
Spectacle (Bruxelles) puis à l'Institut Nomade de la Mise en Scène, avec Lev Dodine (Théâtre du Maly, Saint Petersbourg) et Manfred
Karge (Ernst Busch Schule, Berlin).
En 1995, il fonde sa compagnie, La Spirale. Jean Boillot a été metteur en scène associé avec le Théâtre Gérard Philipe de Saint Denis
(CDN) et directeur artistique de Court Toujours (de 1999 à 2008), festival de la forme brève dans la création contemporaine de Poitiers.
Il a été professeur associé à l'Université de Paris X-Nanterre, où il a enseigné la pratique du jeu et de la mise en scène.
Depuis janvier 2010, il dirige le CDN de Thionville-Lorraine. En mai 2011, il a présenté au Théâtre de l’Aquarium, son spectacle Le
Sang des amis de Jean-Marie Piemme .
Philippe Lardaud
Comédien, né en 1971 à Lyon. Il entre en 1990 à l’Ensatt, puis en 1992 au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique. À sa
sortie en 1996, il travaille, entre autres, avec Jacques Nichet, Jean-Pierre Rossfelder et Jacques Lassalle sous la direction de qui il
joue Pirandello, Labiche, Molière et Jon Foss. Il a joué dans de nombreuses mises en scène de Jean Boillot, dont Le Decameron
d’après Boccace, Monsieur Farce d’Olivier Chapuis, le Balcon de Jean Genet, Coriolan de Shakespeare, Notre Avare d’après Molière,
Les Métamorphoses d’après Ovide et Le Sang des Amis de Jean-Marie Piemme. Il a également participé à l’aventure que Christophe
Maltot a engagé avec la compagnie Articule au TGP-Orléans en jouant : Inconnu à cette adresse de Kressmann Taylor, Les hommes
désertés de Randal Douc et La quittance du Diable d’Alfred de Musset.
Il signe avec Un roi sans divertissement sa première mise en scène. Il a depuis co-mis en scène, avec Fred Cacheux et David Martins,
un spectacle jeune public intitulé Mammouth toujours. Il est également professeur de voix parlée et syntaxe au conservatoire
d’Orléans.
Isabelle Ronayette
Formée à l’École Régionale d’Acteurs de Cannes puis au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique de Paris, elle a joué dans
la plupart des spectacles de Jean Boillot (Le Décaméron, Rien pour Pehajuo, Notre Avare, Coriolan, Le Sang des amis, No Way
Veronica, Malraux remix), ainsi que pour Frank Hoffman, Romain Bonnin, Laurent Laffargue, Jacques Nichet, Hans-Peter Cloos.
Également metteure en scène, elle a monté des textes d’Armando Llamas, Marc-Michel Bouchard, Alfred de Musset, José Pliya, et
récemment L’Arriviste de Stig Dagerman (Scène Nationale de Poitiers, Filature de Mulhouse).
Stéphanie Schwartzbrod
Elle a suivi, de 1986 à 1988, la formation de l’école du Théâtre National de Chaillot dirigée par Antoine Vitez puis, de 1988 à 1991, celle
du Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique.
Au théâtre, elle a notamment travaillé avec Michel Didym, Charles Berling, François Rancillac, Stanislas Nordey, Gilbert Rouvière,
Bernard Sobel, Stuart Seide, Yves Beaunesne, Frédéric Fisbach, Olivier Werner, Jacques Nichet, Arthur Nauziciel dans Le Malade
Imaginaire de Molière, Élisabeth Chailloux dans Sallinger de Bernard-Marie Koltès, Philippe Eustachon, Daniel Jeanneteau, Maria
Zachenska, Nicolas Struve...
Au cinéma, elle a travaillé avec Jacques Rivette dans Haut bas fragile, Lorraine Groleau dans Pas sages et Luc Pagès dans À + Pollux.
AUTOUR DU SPECTACLE
> RENCONTRES AVEC LES ÉQUIPES ARTISTIQUES
vendredi 22 mars (pour le Chap. 1) et 12 avril (pour le Chap. 2) à l’issue de la soirée (entrée libre)
> 2 CAFÉS-CONCERTS proposés par LE QUATUOR À CORDES LEONIS en résidence à l’Aquarium :
Impressionnisme > Maurice Ravel - Quatuor en fa / Claude Debussy - Quatuor en sol mineur
« Au nom des dieux de la musique et du mien, ne touchez à rien de ce que vous avez écrit de votre
quatuor à cordes ». C’est ainsi que, dix ans après avoir composé son unique quatuor, Claude Debussy
s’exprima après avoir entendu la première du Quatuor en fa de Ravel. Tel Janus aux deux visages, le
Quatuor en sol de Debussy semble regarder ses pairs tandis que le Quatuor en fa de Ravel se tourne
résolument vers l’avenir, ayant trouvé sa voie.
> en prélude à Modeste proposition… de Jonathan Swift, mise en scène de François Rancillac suivi de L’homme qui rit
de Victor Hugo, mise en scène de Christine Guênon : dans le cadre du cycle « Bourreaux d’enfants ! Chap.1 »
(19 mars - 5 avril 2013)
samedi 30 mars à 18h :
L’amour romantique > Johannes Brahms - Opus 51 n°2 / Robert Schumann - Opus 41 n°3
À la page du 30 septembre 1853, Robert Schumann note dans son journal intime, comme un simple
rendez-vous à ne pas oublier: « Herr Brahms de Hamburg ». Le lendemain, il écrit à la page d’après :
« Visite de Brahms, un génie ! ». Comment imaginer ce fabuleux trio, Clara, Johannes et Robert, se
réunissant chaque jour, jouant, écoutant, commentant dans une irrésistible émulation. De cette union
naîtront trois quatuors chez Schumann, cadeau d’anniversaire fait à sa femme et trois quatuors chez
Brahms dont les deux premiers furent créés en privé devant Clara Schumann.
> en prélude à La pluie d’été de Marguerite Duras, mise en scène de Lucas Bonnifait suivi de Notre avare de Molière
mise en scène de Jean Boillot : dans le cadre du cycle « Bourreaux d’enfants ! Chap. 2 »
(9 - 28 avril 2013)
samedi 20 avril à 18h :
Tarifs
> Soirée café-concert + « Bourreaux d’enfants ! » Chap.1 ou 2 : 35€ ou 2 Tickets-Théâtre(s) / 25€ étudiants et scolaires
> Concerts du Quatuor Leonis : 15€ / 12€ Ticket-Théâtre(s), moins de 30 ans, demandeurs d’emploi, collectivités / 10€
étudiants et scolaires
> PROJECTION AU CINÉMA LE VINCENNES (30 av. de Paris, M° Château de Vincennes) de 2 films
§
Yoyo réalisé par Pierre Etaix – 1965 / 92mn 1925 : un milliardaire s'ennuie dans une immense demeure. Au passage d’un cirque, il reconnaît en l'écuyère la seule
femme qu'il ait jamais aimée et apprend qu'il est le père du jeune garçon clown, Yoyo. La crise de 1929 éclate. Le jeune
homme rejoint sa petite famille et tous les trois partent sur les routes comme cirque ambulant. Le petit garçon devient le
clown Yoyo. Après la Seconde Guerre mondiale, Yoyo devient producteur de spectacles et rénove la belle demeure de son
père dont il a toujours rêvé. Il n'y trouvera finalement pas son bonheur et repartira sur les routes. Un hommage aux films
muets de Buster Keaton de Max Linder et à Chaplin…
Discussion à l’issue de la projection avec la metteure en scène Christine Guênon
lundi 11 mars à 20h30
§
Nathalie Granger réalise par Marguerite Duras – 1972 / 83mn
Une jolie maison au fond d’un parc, dans les Yvelines. Une fois son mari et ses enfants partis,
Isabelle y est seule avec son amie et les heures s’écoulent lentement. Elle s’inquiète de la violence
que sa fille Nathalie manifeste à l’école, mais ne supporte pas l’idée de l’envoyer en pension.
Discussion à l’issue de la projection avec le metteur en scène Lucas Bonnifait
lundi 15 avril à 20h30
> Tarifs réduits pour les spectateurs respectifs dans l’un et l’autre lieu).
PRATIQUE
TARIFS
> « Bourreaux d’enfants ! » Chap. 1 ou Chap. 2
15€ > offre exceptionnelle du 19 au 24 mars et du 9 au 14 avril
(relâche exceptionnelle jeudi 11 avril)
40€ > à 2, c’est mieux ! (soit 20€ la soirée par personne) 25€ plein tarif
20€ moins de 30 ans, collectivités, demandeurs d’emploi
2 Ticket-Théâtre(s),
15€ étudiants et scolaires
ABONNEMENT : 4 spectacles 48€, soit 12€ le spectacle
> Soirées café-concert + « Bourreaux d’enfants ! » Chap. 1 ou Chap. 2 : 35€ moins de 30 ans, demandeurs d’emploi, collectivités / 3 Tickets-Théâtre(s) / 25€ étudiants et scolaires
> Cafés-concerts du Quatuor Leonis :
15€ / 12€ moins de 30 ans, demandeurs d’emploi, collectivités / 1 Ticket-Théâtre(s) / 10€ étudiants et
scolaires
RÉSERVATIONS
par téléphone au 01 43 74 99 61 (service gratuit)
du mardi au samedi de 14h à 19h
THÉÂTRE DE L’AQUARIUM | La Cartoucherie | route du champ de manœuvre | 75012 Paris
ACCÈS
en métro
station château de Vincennes (ligne 1) + navette gratuite Cartoucherie
(pendant une heure à l’aller et au retour)
ou bus n°112 (zone 3)
en voiture
sortie Porte de Vincennes, direction Parc Floral puis Cartoucherie
parking gratuit sur le site de La cartoucherie
PROCHAIN SPECTACLE
Les tentations d’Aliocha
d’après Les frères Karamazov de Fiodor Dostoïevski
10 > 24 mai
mise en scène Guy Delamotte
adaptation Véro Dahuron et Guy Delamotte
décor Jean Haas, costumes Cidalia Da Costa, lumière Fabrice Fontal, vidéo Laurent Rojol,
son Jean-Noël Françoise, régie générale Kévin Paniez
avec Véro Dahuron, David Jeanne-Comello, Anthony Laignel, Gilles Masson, Timo
Torikka, Catherine Vinatier
Et la participation de Piotr Semak du Théâtre Maly de Saint-Petersbourg et de Laura
Malmivaara du Théâtre Kom d’Helsinki
Il y a ce père impossible, à la fois tyran et bouffon, travaillé par l’amour des femmes et de Dieu et que l’on retrouve mystérieusement
assassiné… Il y a ses fils qui se soupçonnent mutuellement, tandis que leurs amantes tentent malgré eux de les sauver... Il y a aussi ce
saint moine, père spirituel adoré des Karamazov, mais dont le cadavre se mettra à puer : preuve scandaleuse que le prêtre avait en fait
gravement péché !... Alors la foi chancelle, la justice s’effondre et c’est un cri de désespoir jeté à la face du ciel avec le silence pour
toute réponse.
Dernier chef d’œuvre de Dostoïevski, Les Frères Karamazov imbrique magistralement histoires d’amour, intrigue policière et réflexion
métaphysique : quel est ce dieu qui nous fit libres et donc sujets à la tentation, et donc potentiellement criminels ? Fascinés par le
grand maître russe (ils en sont à leur quatrième adaptation !), Véro Dahuron et Guy Delamotte ont rêvé ce qu’aurait pu être le projet
annoncé par Dostoïevski d’écrire une suite aux Karamazov à travers la figure du plus jeune frère, Aliocha : Aliocha le pur, promis à la
prêtrise et qui, de tentations en désillusions, reniera tout pour virer terroriste ! Ils ont donc retraversé le roman à cette aune pour en
extraire la matière de ce spectacle flamboyant, à la poursuite d’Aliocha et de ses frères, pieds nus dans la neige devant la fosse
mortuaire du père, sous un ciel insupportablement vide…
Depuis 1991, Guy Delamotte co-dirige avec Véro Dahuron le Panta-Théâtre, espace de recherche et de création théâtrale et centre de
ressources des écritures contemporaines implanté à Caen, où il met en scène Koltès, Cormann, Le Clézio, Durif, Genet, Tchekhov,
Dostoïevski, Kermann, Duras, Shakespeare… et plus récemment Zinnie Harris (Plus loin que loin), Philippe Malone (BLAST), Phlippe
Ducros (L’Affiche), Ça déchire ! (commande à 5 auteurs), Frédéric Sonntag (Soudaine timidité des crépuscules), et des projets conçus
avec Véro Dahuron : Frida Kahlo et Corpus_Tina M (d’après Tina Modotti). Le Panta-Théâtre a déjà présenté à l’Aquarium Palais
Mascotte d’Enzo Cormann (1993) et Les Démons d’après Dostoïevski (1998).
Le Panta-Théâtre est conventionné par le Ministère de la Culture et de la communication – DRAC de Basse-Normandie, le Conseil
Régional de Basse-Normandie, le Conseil Général du Calvados – ODACC, la Ville de Caen. Avec le soutien de l’ONDA et de l’ODIANormandie.
SAISON 2012/2013
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Le Théâtre de l’Aquarium est subventionné par le Ministère de la Culture et de la Communication (Direction Générale de la Création
Artistique), avec le soutien de la Ville de Paris et du Conseil Régional d’Île-de-France licences 1033612-1033613-1033614