Association et répartition de clientèle entre orthophonistes par
Transcription
Association et répartition de clientèle entre orthophonistes par
Association et répartition de clientèle entre orthophonistes par Maude Seret-Premier, Juriste de la FNO Lʼassociation entre plusieurs orthophonistes entraîne exclusivement la mise en commun des moyens matériels nécessaires à lʼexercice de la profession, mais n'emporte pas pour autant la mise en commun de la clientèle, le cas échéant, les associés se trouveraient alors dans le cadre de la société civile professionnelle de fait, avec mise en commun des honoraires. Plusieurs procédés permettent de régir lʼassociation, soit lʼadhésion à un contrat dʼexercice en commun, soit la constitution dʼune Société Civile de Moyens. Tout d'abord, cette association doit se réaliser entre plusieurs orthophonistes ayant le même statut et ayant essentiellement le même rapport avec la clientèle (par exemple, un orthophoniste titulaire et un orthophoniste collaborateur nʼont pas le même statut). Il faut donc mettre en place cette égalité de situation lorsque lʼassociation ne se fait pas entre deux professionnels sans clientèle : il sʼagit alors de lʼintégration. Lʼorthophoniste intégré (généralement le collaborateur), va accéder à la propriété dʼune partie du droit de présentation à clientèle du titulaire et bénéficiera de toute l'infrastructure du cabinet, en versant à ce dernier une indemnité dʼintégration. L'indemnité versée en contrepartie du droit de présentation à clientèle se calcule, selon lʼusage de la profession dʼorthophoniste, en affectant à la moyenne des chiffres dʼaffaires annuels des trois dernières années du titualire (ligne AG de la 2035), un coefficient correcteur variant de 20 à 40 %. Une fois le produit obtenu, le futur associé versera la 1/2 de ce montant à son titulaire (dans le cadre dʼune association à 2). Cependant, le vendeur ne peut pas garantir que, tout au long de lʼassociation, le volume dʼactivité transmis sera le même. Avec lʼintégration, le titulaire sʼengage uniquement à présenter son collègue à ses patients et à ses interlocuteurs (par exemple les prescripteurs) comme étant son associé et il sʼoblige à faire tout ce qui est lui est possible pour permettre au nouvel associé de développer sa propre clientèle ; le nouvel associé nʼétant pas certain de conserver le même volume dʼactivité que celui qui a servi de base au prix de la cession. Ainsi, lʼacquéreur devra également fournir des efforts pour se faire connaître et accroître ainsi sa propre clientèle. Pour cette raison, les associés ont tout intérêt à régir leurs rapports professionnels par le biais dʼun contrat (soit le Règlement intérieur de SCM soit le Contrat dʼexercice en commun) dans lequel un article sur la répartition de clientèle pourra diminuer le risque pour lʼintégré comme pour le titulaire de perdre trop dʼactivité. La clientèle étant individuelle à chaque praticien, la clause de répartition concerne la clientèle non-nominative qui se présente au cabinet. En effet, dans la pratique, deux types de patients peuvent se présenter au cabinet commun : tout dʼabord ceux qui connaissent déjà lʼun des orthophonistes (bouche à oreille, prescripteur,…) et ceux qui viennent au cabinet sans avoir été auparavant dirigés vers lʼun ou lʼautre des orthophonistes. Par lʼintermédiaire du contrat, les associés peuvent décider des modalités de répartition de cette clientèle. Il faut donc rester vigilant sur les termes employés dans cette clause car, si elle nʼest pas assez précise, elle pourra alors concerner la clientèle globale venant au cabinet, et donc par voie de conséquence la clientèle propre à chaque orthophoniste, ce qui entraînera par la suite des discussions sur la nécessité de fournir des efforts pour développer la patientèle. La répartition de cette clientèle " anonyme" et des frais communs, doivent correspondre respectivement avec lʼinvestissement réalisé par lʼintégré quand il est entré dans le cabinet (1/2 ; 2/3 ; 4/5, avec lʼutilisation des locaux - temps de présence, superficie des bureaux…-). Il est en effet normal que le nouvel associé cherche à protéger au minimum son investissement. En effet, vous ne devez pas oublier que vous exercez une profession " indépendante ". Et par conséquent, vous devez présenter et " vendre " votre outil de travail. Il nʼy a que le remplacement et la collaboration qui vous permettent de travailler avec la clientèle dʼun autre orthophoniste mais dans ce cas vous ne supportez pas les effets de cette patrimonialité. En conclusion, vous devez garder à lʼesprit que même lorsque vous êtes en association avec un confrère vous vous faites concurrence et il vaut mieux prévoir dès le début de lʼassociation la manière dʼéviter les éventuels conflits qui pourraient survenir en disposant dʼun contrat écrit organisant votre association.