La chasse est ouverte

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La chasse est ouverte
SOCIÉTÉ
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LE MATIN • LUNDI 19 JUILLET 2010
EXPRESS
Les centres d’appels sont
devenus une véritable attraction
pour les jeunes qui cherchent un
boulot en été. Ph. Mechouary
LES CLÉS n
Sites Web
- Beaucoup de sites
d’emploi offrent des
postes de travail pour
les jeunes qui souhaitent travailler en été.
Un plus sur le CV
- Une expérience de
travail est toujours un
plus sur le CV. Elle permet également d’avoir
un aperçu du monde de
travail.
Gagner plus
- Les travaux qui demandent « un savoir »
comme la maîtrise d’une
langue étrangère sont
en général plus rémunérateurs.
Jobs d’été
La chasse est ouverte
Qui dit été, dit
vacances. Mais
beaucoup de jeunes
préfèrent en profiter pour gagner de
l’argent.
Hajjar EL HAITI*
E
nfin les vacances. Si
quelques-uns les attendaient pour se reposer,
voyager, bronzer… d’autres
les attendaient pour retrousser les manches et se lancer
à la recherche d’un travail.
Beaucoup de jeunes trouvent
que l’été est la période idéale
pour trouver un travail et renflouer leurs finances. «J’attendais mes 16 ans impatiemment pour avoir ma Carte
d'identité nationale (C.I.N)
et me lancer à la recherche
d’un travail en été. Et maintenant, cela fait trois ans que
je travaille tout l’été avec ce
restaurant. Je me souviens
encore de mon premier salaire, j’en étais si fière», lance
Aïcha, une ado de 18 ans.
Les jobs d’été répondent à
des impératifs différents et
chacun a ses raisons pour
"s'emmerder" en été alors que
d'autres profitent de leur vacances: Devenir indépendant,
se payer de superbes vacances,
financer les études, s’acheter
de belles fringues, acquérir
une expérience dans le monde
du travail … Si pour certains,
c’est un moyen de gagner de
l’argent de p o c he , p o ur
d’autres c’est une nécessité.
Dans des restaurants, dans
des centres d’appel, dans des
boutiques, avec des traiteurs,
dans des magasins, bricoleurs,
maîtres nageurs, gardiens de
voitures… tout est bon pour
se faire des économies et tout
le monde s’y met, garçons et
filles. «Depuis mes 15 ans, je
travaille avec «Abidat rma»
pendant l’été. C’est amusant
et ça me rapporte beaucoup
d’argent», affirme Abdelilah,
un étudiant de 22 ans. Quand
à Jinane, 20 ans, étudiante
aussi en management, elle a
vécu l’année dernière sa première expérience de travail
dans un centre d’appel. «En
deux mois seulement, j’ai
gagné 9.000 DH. Je me suis
payée une belle escapade et
j’ai gardé le reste. Cette année
je compte bien refaire la même
chose». Les centres d’appel
sont devenus une véritable
attraction pour les jeunes qui
cherchent un boulot en été. Ils
sont traités comme des salariés permanents. Les centres
leur proposent des salaires «
intéressants », des avantages
sociaux (CNSS, CIMR, assurance maladie) et un contrat
de travail de durée déterminée. La seule condition pour
travailler dans la plupart des
centres d’appel est de maîtriser parfaitement la langue de
Molière vu que les télé-conseillers traitent en général
avec des clients français.
«Après l’examen du baccalauréat, le nombre de personnes
qui postule chez nous augmente de plus de 50%. Et effectivement, presque tous sont
des jeunes étudiants qui souhaitent travailler pendant
l’été. Quelques uns partent
après un ou deux mois.
D’autres restent», affirme Olivier, recruteur d’un centre
d’appel à Casablanca. Quelques enseignes internationales
en restaurations rapides proposent également les mêmes
avantages sociaux et un
contrat de durée déterminée.
Mais le salaire est beaucoup
moins intéressant. Les étudiants intérimaires sont payés
à l'heure et le travail est plus
fatiguant. Bien que les conditions ne soient pas évidentes,
beaucoup de jeunes s’y lancent. «Chaque été, c’est la
même chose. Nous recevons
beaucoup de CV et de demandes d’emploi, essentiellement
de la part des jeunes étudiants.
Nous ne pouvons pas embaucher tout le monde bien sûr,
mais nous prenons plusieurs
parmi eux parce que nous en
avons besoin. L'été représente
pour nous la haute saison.
Nous avons donc besoin de
main d'œuvre supplémentaire.
Aussi, plusieurs de nos employés aiment partir en congé
pendant cette période et nous
devrons donc les remplacer.
Les étudiants qui désirent
continuer à travailler chez
nous peuvent le faire. Nous
nous mettions d’accord avec
eux à propos de l’emploi du
temps et ils sont les bien
venus», explique Mohamed,
gérant d’une enseigne internationale de la place.
D’autres choisissent de travailler pour leur propre
compte. C'est le cas de Mehdi
qui travaille comme gardien
de voitures. Il gagne entre 100
et 300 dirhams par jour et il
en est très satisfait. Sa mère
par contre est inquiète. Elle a
constaté un grand changement chez son fils depuis qu’il
a commencé à travailler. «
Certes, il est plus indépendant
qu’avant, plus mûre et plus
courageux, mais je crains que
ce job ne le détourne de ses
études. S’il gagne beaucoup
d’argent. Peut être qu’il s'habituerait à cette situation et
négligerait ces études. Bien
sûr après, il s'en mordra les
doigts, mais ce sera trop tard»,
confie-t-elle. Travailler en été
est une expérience enrichissante, tant qu’elle ne s'éloigne
pas de ses objectifs premiers.
Sarah, 21 ans, a commencé à
travailler depuis l’été dernier
dans un salon de coiffure. Elle
gagne 500 dirhams par semaine en plus des pourboires.
«Au début, c’était pour passer
l’été mais par la suite, j’ai préféré être réaliste. Continuer
mes études serait une perte de
temps. Je n’ai pas envie de rejoindre le club des diplômés
chômeurs. Maintenant que j’ai
appris un métier qui me garantit un salaire, je suis satisfaite. Tout ce que j’attends
c’est le prince charmant»,
avance-t-elle.
Selon les témoignages de
plusieurs jeunes, les études
supérieures ne garantissent
pas toujours la réussite. Une
réalité qui pousse beaucoup
de jeunes à abandonner leurs
études pour un boulot. "Quand
le choix du travail est une décision mûrement réfléchie, il
est facile de trancher. En revanche, si les études sont
abandonnées pour la simple
raison d’avoir pris goût à l’argent, sans penser vraiment à
ce qu’on sacrifie, le choix peut
être catastrophique", souligne
le père d'un jeune qui travaille
chaque été, et depuis plusieurs
saisons, pour un centre d'appel. Si les conditions sont
bonnes, les jobs d’été sont en
général une expérience importante dans la vie d’un jeune.
Ils permettent d’acquérir le
sens de la responsabilité et
l’autonomie, qui sont la clé de
la réussite dans le monde professionnel. Ils permettent aux
jeunes de savoir que "l’argent
ne tombe pas du ciel". n
* Journaliste stagiaire
âge minimum de travail au Maroc
L’âge minimum d’admission au travail a été fixé par le
code marocain à 15 ans, au
lieu de 12 ans dans l’ancienne législation. Les mineurs
ne peuvent être admis ni
être employés avant l’âge de
15 ans .
Il n’y a donc pas d’exception à cette règle parce
qu’elle est d’ordre public. Il
est également interdit de
confier aux mineurs de
moins de 18 ans des travaux
comportant des risques sur
leur vie leur santé ou leur
moralité.
Le secteur agricole est le
secteur qui emploi le plus de
mineurs. Au cas où un
employeur emploi un
mineur de moins de 15 ans,
l’inspecteur de Travail peut
dresser un PV dont l’amende
est fixée de 25.000 à 30.000
dirhams. La récidive est passible d’une amende portée
au double, et/ou d’un
emprisonnement de six à
trois jours.
Fès
Journée de sensibilisation
Mariage collectif de 101 couples
n "L'association Aouraba de la lutte contre la pau-
vreté et la vulnérabilité" organise, du 19 au 22 juillet à
Fès, son premier festival de mariage collectif au profit
de cent couples issus de familles défavorisées.
Conçu autour des valeurs de solidarité, de cohésion
sociale et de réhabilitation de la mémoire collective, ce
festival se veut ainsi une occasion pour promouvoir la
solidarité socio-économique et revisiter l'histoire et les
traditions de mariages locales de la cité Idrisside, ont
souligné les organisateurs, lors d'un point de presse
tenu jeudi dernier à Fès. Le festival, premier du genre
au niveau de Fès et sa région, intervient dans le cadre
d'une solide coopération entre citoyens, élus, autorités
locales et acteurs associatifs, autour de valeurs sociales fondamentales qui demeurent un très fort symbole
de l'unisson et de partage, a tenu à préciser la présidente de l'association, Fatema Tarek. Cet événement
social est organisé à l'occasion du 11e anniversaire de
l'intronisation de S.M. Mohammed VI.
Implication des femmes élues
dans les instances locales
n Une journée de sensibilisation sur l’implication des
femmes élues dans les instances locales, se tiendra le
22 juillet à Fès, à l’initiative de la direction générale des
collectivités locales (DGCL) et de l’Agence américaine
pour le développement international (USAID). Cette
journée qui s’inscrit dans le cadre du nouveau “Programme de la gouvernance locale” (PGL-Maroc), vise
entre autres à informer sur la stratégie de la DGCL en
matière de soutien aux femmes élues et à lancer un
diagnostic sur leur exercice effectif dans les instances
locales, et ce, en vue de favoriser leur participation à
la vie des collectivités locales. D’une durée de quatre
ans (2010-2014), le PGL soutenu par l’USAID et mis en
œuvre par RTI (Research Triangle Institute), contribue
au renforcement des capacités des collectivités locales
pour améliorer la gestion des services dédiés aux citoyens, avec une attention spécifique envers les femmes
et les jeunes, indique l’USAID dans un communiqué.