Vita Sackville West Le Diable à Westease

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Vita Sackville West Le Diable à Westease
Vita Sackville-West Le Diable à Westease Editions Autrement 2014 205p.
Vita Sackville-West est l’une des ces personnalités
dont raffolent les Anglais et qui suscite la curiosité
des Français. Héritière d’une prestigieuse lignée
aristocratique, poétesse reconnue, horticultrice hors
pair et dont témoignent les jardins de Sissinghurst
dans le Kent, (véritables joyaux de l’art anglais du
jardin) amante de Virginia Woolf, sa vie se prête
au roman. Elle a aussi abondamment publié, et
parmi toute sa production « All passion spent »
(Toute passion abolie) de 1931 est son roman le
plus connu.
Le Diable à Westease est une œuvre tardive
puisqu’elle date de 1947. Elle vient d’être publiée
pour la première fois en France, traduite par Micha
Venaille. D’une lecture extrêmement facile, ce
roman s’inscrit dans la grande tradition du
whodunnit anglais dont Agatha Christie, parmi
d’autres, a rendu les charmes universels.
Récemment démobilisé (l’intrigue se déroule au sortir de la Second guerre mondiale) le jeune
Roger Liddiard décide de s’installer au fin fond de la campagne anglaise. Un petit héritage, la
publication d’un roman à succès lui assurent l’indépendance et la possibilité d’acheter un
moulin dans un petit village aux charmes idylliques, véritable carte postale que SackvilleWest se plait à décrire :
« De la pierre grise typique de la région, les toitures de lauzes, à demi envahies de lichens,
une architecture modeste et digne qui évoquait les siècles passés, où l’on considérait comme
un devoir de doter de moulures et de pignons jusqu’aux plus humbles demeures. Des cottages
centenaires. Des habitations qui n’étaient pas seulement des boîtes destinées à s’abriter de la
pluie, pas à procurer du bien-être à leur à leurs hôtes et du plaisir aux passants. C’était un
microcosme de vie sociale : les maisons habitées par le petit peuple, ou les commerçants,
l’église avec sa tour carrée, le presbytère, près d’elle, l’école, plus moderne mais toujours en
pierre grise, et au bout de la rue, une demeure plus imposante, sans doute le manoir »
Mais l’on sait depuis Sherlock Holmes que ce sont dans ces villages paisibles que les crimes
les plus odieux se commettent, que c’est là que le Diable prépare et exécute ses actions les
plus violentes. Le roman de Vita Sackville-West ne manque pas à cette veine que tant d’autres
romanciers britanniques ont eux aussi exploitée.
C’est tout d’abord l’assassinat du pasteur du village, homme docile et sans histoire, puis la
disparition d’un étrange professeur avec qui le héros s’était lié. Il y a enfin un inquiétant
peintre qui fait figure de coupable idéal. Il y a chez lui le beau geste du crime gratuit cher à
André Gide mais aussi la personnalité d’un Jekyll et d’un Hyde.
Une empreinte laissée sur une vieille pièce de monnaie permettra à Roger Liddiard de
découvrir le criminel (notre perspicacité nous l’avait découvrir dès la moitié du livre) et ce
faisant d’innocenter la fille du pasteur soupçonnée du crime de son père.
Ce court roman se lit rapidement. Il donnera quelques heures de bonheur à ceux qui ont fait
des romans policiers britanniques à l’ancienne leur met favori.
Bernard Sasso